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Introduction :

Le passage présenté est extrait du roman "Bel Ami" de Guy de Maupassant, publié en 1885. Ce texte
nous présente le personnage principal, Georges Duroy, qui sort d'un restaurant où il a dépensé
presque toute sa monnaie. Duroy est décrit comme un bel homme avec une allure militaire, qui attire
le regard des femmes présentes. Cependant, malgré son apparence élégante, il est confronté à des
difficultés financières, ce qui le force à reconsidérer ses habitudes de vie et à se contenter de repas
moins coûteux. L'auteur nous offre donc une description détaillée de ce personnage et de son
environnement social, tout en suggérant les problèmes auxquels il doit faire face.

I- Un incipit traditionnel et vivant.

a) Les repères spatio-temporels.

- L’action se déroule à Paris : « rue Notre-Dame-de-Lorette », « ChampsElysées », « avenue du Bois-


de-Boulogne ». George Duroy suit parcours qui le mène des environs des gares du Nord et Saint-
Lazare au XVIème arrondissement actuel.

- Action centrée sur l’Ouest parisien

- Les faits semblent se dérouler à une époque contemporaine de celle de l’auteur, dans le Paris des
grands boulevards.

-De multiples indications temporelles nous précisent la saison « 28 Juin », donc en été, et le moment
de la journée, « soirées d’été », nuit étouffante ».

b) La présentation du personnage principal.

-Esquisse d’un portrait physique : homme attirant, « joli garçon », dégageant de la confiance, «
cambre sa taille », « poitrine bombée ».

- son ancien métier est aussi évoqué : « ancien sous-officier », « soldat tombé dans le civil ».

- début aussi d’une description morale : son caractère séducteur, « Les femmes avaient levé la tête
vers lui », « désir […] d’une rencontre amoureuse ».

-Enfin, insistance sur son statut financier précaire : relative pauvreté, choix obligatoire entre
déjeuners et dîners, il compte son argent « trois francs quarante pour finir le mois ».

c) Un incipit vivant.

- Le début est in media res : verbes d’action au passé simple (temps de l’action brève, délimitée), «
sortit », « parvint », « s’arrêta »…

-le personnage est en mouvement : « Il marchait », « Lorsqu’il fut sur le trottoir », « il se mit à
descendre ».

-Evocation de l’intrigue à venir avec la répétition de sa pauvreté, et de sa beauté physique, de


l’attrait qu’il exerce sur les femmes. L’auteur laisse à penser qu’il utilisera la séduction pour se sortir
de sa situation précaire.
II- Un incipit réaliste.

a) Un extrait avec de nombreux détails.

Date exacte : « 28 Juin »

. Précision chiffrée et précise sur l’argent : « trois francs quarante », « vingtdeux sous », « un franc
vingt centimes », « soixante francs ».

De même quand il évalue ses options : « deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners
».

De nouveau, accent mis sur la réalité et la précision des lieux : « NotreDame-de-Lorette »…. Lieux qui
existent à Paris. Cheminement crédible, réaliste de Duroy dans la ville.

b) Des descriptions réalistes.

- le deuxième paragraphe est constitué d’une seule longue phrase avec une accumulation pour
décrire son attitude : « il cambra sa taille, il frisa sa moustache….,, et jeta un regard ». Le réalisme de
cette première description tient aussi au complément circonstanciel de manière « d’un geste
militaire et familier », ou encore à la comparaison « comme des coups d’épervier ».

-le troisième paragraphe teint encore en une seule phrase, avec une gradation, qui rappelle l’intérêt
du réalisme pour la position sociale, les statuts sociaux au XIX ème siècle : « trois petites ouvrières,
une maîtresse de musique », « deux bourgeoises ».

- le cinquième paragraphe s’attarde sur sa démarche avec une nouvelle comparaison « comme s’il
venait… », et surtout une précision très pointue sur son chapeau : « Il inclinait légèrement sur
l’oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi ».

- Le paragraphe suivant dessine le visage de Duroy : accumulation « Grand, bien fait, … au milieu du
crâne ». Comparaison finale dans le paragraphe pour bien imaginer le personnage : « il ressemblait
bien au mauvais sujet des romans policiers ».

c) Un regard réaliste sur Paris.

- Personnification des égouts pour mettre en avant la puanteur de la ville : « Les égouts soufflaient
par leur bouche de granit leurs haleines empestées ». Insistance sur cette infection odorante : « les
miasmes infâmes ». Impression d’un enfer d’odeurs insupportables.

- A cette sensation désagréable se rajoute la suffocation par la chaleur : « chaude comme une étuve
», personnification « paraissait suer ».

- Les habitants eux-aussi subissent cet environnement : « les passants allaient d’un pas accablé ».

-description péjorative de Paris, loin des clichés de la ville Lumière, ou de la ville romantique souvent
véhiculés.

Conclusion :
En somme, ce passage de "Bel Ami" de Guy de Maupassant nous offre une intéressante introduction
au personnage de Georges Duroy, ainsi qu'à l'atmosphère sociale et économique de son époque.
Duroy est présenté comme un homme charmant et élégant, mais également en difficulté financière,
ce qui le force à reconsidérer ses choix de vie. Cette description soulève des questions sur les choix et
les sacrifices que les individus doivent faire pour s'intégrer dans la société et réussir dans la vie. En
outre, la manière dont Duroy marche dans la rue, avec une attitude de défi envers les autres
passants, reflète une tension sociale et économique plus large, où la compétition pour le succès peut
créer une atmosphère de conflit. Ainsi, ce passage offre une introduction intrigante et évocatrice au
personnage de Duroy et aux thèmes plus larges explorés dans le roman.

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