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DE L'URBANISME -
DU MÊME AUTEUR
(Ouvrages non épuisés)
CULTURE
LA «ROME DE MUSSOLINI », couronné par l'Académie
des Beaux-Arts, 1936 (Massin, éd.), vol. 18x23.
L'URBANISME, 1947 (2e édition, 15e mille, Presses Univer-
sitaires, Collection Que Sais-je ?), vol. II,5 X 17,5.
LE NOUVEL URBANISME, 1948 (Vincent, éd.), vol. 23 X28.
MISSION DE L'URBANISME. 1950 (Editions Ouvrières),
vol. 14X19.
DEMAIN, C'EST L'AN 2,000 ! Préface de Gabriel Marcel,
1952 (Pion, éd.), vol. .14XI9.
TECHNIQUE
PROBLÈMES D'URBANISME, 1948 (2e édition, Dunod,
éd.), vol. 22X27, traduit en japonais.
PIERRE SUR PIERRE, 1946 (Vincent, libraire), vol.
23 X28.
PETIT GLOSSAIRE DE L'URBANISTE, en six langues,
1948 (Vincent, éd.), vol II,5 X 14.
EN PRÉPARATION : '
LES SOURCES DU GRAND ART : L'HOMME, LA FEMME
ET LE SACRE.
JE DORS, MAIS MON CŒUR VEILLE...
NAISSANCE
ET
MÉCONNAISSANCE
DE
L'URBANISME
PARIS
PAR
GASTON BARDET
DIRECTEUR DES ÉTUDES DE L'INSTITUT SUPÉRIEUR
ET INTERNATIONAL D'URBANISME APPLIQUÉ
S. A. B. R. I.
i, Rue de Fleurus — PARIS (6°)
19 5 1
In Memoriam Marcel Poëte
Cet ouvrage répond à un souhait de Marcel Poëte.
Marcel Poëte est né le 10 octobre 1866 à Rougemont (Doubs).
Ayant perdu' sa mère à l'âge de 12 ans, il demeura toujours
replié sur lui-même. Dispensé, étant enfant, de jouer à la
récréation, il resta un méditatif, indifférent à la moindre action
physique. Partout où il est passé, il a créé un cloître autour
de lui.
Dès ses études secondaires, faites chezles «Frères de Marie »,
à Besançon, il fut attiré vers l'histoire « par le drame qui
compose la vie des hommes, sous l'effet de la vive impression'
que lui avait causée la lecture des œuvres d'Augustin Thierry
et la leçon de l'existence de cet historien voué à la science ».
Le directeur du collège, à qui il avait demandé la permission
de lire ces ouvrages, lui répondit : «Marcel, attention, vous y
perdrez votre âme ». Effectivement, à la lecture des interpré-
tations positivistes de l'histoire, il perdit la fine pointe de son •
âme qu'il ne retrouva qu'à la fin de sa vie.
Admis à l'École des Chartes, en 1886, il devint succes-
sivement-Bibliothécaire à Bourges, où la beautéde la cathédrale
le marqua profondément, puis à Besançon où il-resta sept ans.
L'admirable collection de gravures, relevés d'architecture et
œuvres d'art de cette bibliothèque, lui permit d'acquérir une
exceptionnelle éducation visuelle qui colorera tous ses écrits.
L'année 1903 allait changer profondément sa vie. D'une
Part, ce fut le coup de foudre. Il se maria, entra dans une
famille de hauts magistrats et de relations extérieures, aussi
éloignée que possible de son genre de vie, ce qui le conduira à
se concentrer encore davantage dans ses recherches. D'autre
part, le jour même de la cérémonie, on lui offrit un nouveau
poste, celui de Directeur de la Bibliothèque des Travaux Histo-
riques de la Ville de Paris, sise en l'hôtel Lepelletier de Saint-
Fargeau.
Et ce fut un nouveau coup de foudre, pour Paris cette fois,
qui allait devenir le centre de ses idées et de son activité jusqu'à
la fin de ses jours.
Dès son arrivée, il ne se contenta pas du travail obscur de la
bibliothèque, il créa immédiatement, un cours d'Introduction
à l'Histoire de Paris (1), cours qui devint, en 1906-07, le
Séminaire d'Histoire de Paris et fut transformé en 1914,
par la ville, en une Chaire d'Histoire de Paris à l'École
Pratique des Hautes Études, à la Sorbonne, où il continua
son enseignementjusqu'à l'épuisement deses forces, c'est-à-dire
en'1948.
Sous son impulsion, la Bibliothèque de la Ville de Paris,
allait connaître une nouvelle vitalité. A partir de 1907, une
remarquableséried'expositionsfut organisée29,'ruedeSévigné,
parmi lesquelles il faut noter en particulier :
—En 1910, les Transformations de Paris sous le Second
Empire ;
-—En 1911, Paris durant l'époque classique;
—En 1919, l'Expression monumentale du triomphe à
Paris, etc.
Il fit, à cette époque, connaissance de Patrick Geddes, «le
vieil explosif », exposant lui aussi ses propres recherches et
qui, malgré une totale différence de caractère,fut l'homme qui
joua, en Angleterre, le même rôle que Marcel Poëte dans son
propre pays.
De l'histoire de Paris, Marcel Poëte passa à l'histoire des
villes en général, et, en 1916, put faire transformer la simple
Bibliothèque Historique de la Ville de Paris en Institut
d'Histoire, de Géographie et-d'Économie urbaine, qui allait
couronner ses efforts en vue d'élargir les études sur Paris et
d'étendre les recherches urbaines à toutes les villes. Hélas!àsa
retraite (en 1933), cetInstitut fut suppriméetl'hôtel Lepelletier
de Saint-Fargeau retrouva sa nonchalance.
Le grand préfet Delanney avait déjà fait entreprendre et
publier les « Enquêtes sur l'Extension de Paris » (2). Il
suggéra auPréfet de créer un «Serviced'observationcliniquede
■l'agglomération parisienne »lui permettant au moyende fiches
périodiques et de graphiques, de surveiller les spasmes de cet
être urbain gigantesque. La décision était prise et Marcel Poëte
devait prendre la direction de ce service, lorsque M.Delanney,
trop avisé donc dangereux, fut nomméambassadeur au Japon.
Si ce service avait fonctionné, on peut aisément imaginer
l'ordre suivant lequel l'agglomération parisienne aurait pu
évoluer, aulieu duchaosactuel.
L'hôtel Lepelletier de Saint-Fargeau fut encore le berceau
del'enseignementdèl'urbanisme enFrance. C'estlà ques'ouvrit
tout naturellement, en 1917, l'École d'Art Public due à la
collaboration de techniciens franco-belges, —collaboration qui
devait se retrouver,trente ans après, lors dela créationdenotre
Institut Supérieur et International d'Urbanisme Appliqué
. Marcel
à Bruxelles,
Poëte. dont la première promotion porte le nom- de
CetteÉcoled'Art Public dut émigrerrapidement pour laisser
la place à l'École de Hautes Études Urbaines, fondée sur
l'initiative d'Henri Sellier et qui, en devenant l'actuel Institut
d'Urbanisme de l'Université de Paris, fut rattachée à cette
Université en 1930.
Là encore, Marcel Poëte, qui avait établi toutes les bases et
les articulations de l'enseignement, aurait dû en prendre la
direction... C'eut ététrop beau. La politique jouant, cet Institut
n'eut jamais quedes directeu.rs administratifs, pas de directeur
d'études pouvant faire la synthèse et la coordination entre lès
professeurs.
Après avoir établi un cours inégalable sur l'Évolution des
villes, il fut mis à la retraite de cet enseignement, en 1937.
Nous retrouvons encore Marcel Poëte, lors de la création, en
1938, de notre Atelier Supérieur d'Urbanisme Appliqué, à "
Paris, où il vint nous inciter à trouver des représentations
graphiques de la vie urbaine. Durant le premier hiver de la
«drôle de guerre », il fit son dernier cours sur l'urbanisme,
lequelfutpubliédansnotrepetitbulletindeguerreLesNouvelles
de l'Atelier.
Apart toutes ses activités professorales, Marcel Poëte entre-
prit, en 1906 et 1908, deux grandes tournées de conférences
. aux Etats-Unis. Il fut d'ailleurs, durant plusieurs années,
trésorier de l'Institut Français de New-York. Il fit encore
une tournée de conférences en Suède.
' Pendant qu'il dirigeait l'Institut d'Histoire, de Géographie
et d'Économie"urbaines, il écrivit son ouvrage monumental
Une Vie de Cité (3) qui fut couronné par le « Grand Prix
Berger » de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres,
en 1937... Outre une dizaine de publications sur Paris, il
mit au point deux ouvrages essentiels pour la connaissance
de sa pensée, Introduction à l'Urbanisme (Boivin, 1928),
reproduisant une partie de son cours sur l'Évolution des
Villes, et Paris, son évolution créatrice (Vincent, 1938) don-
nant le ton de sa synthèse à l'époque.
Il laisse plusieurs manuscrits intitules, l'un Le retour à la
source familiale, l'autre, Paris, sa vie propre, l'homme dans
la cité. D'historien et sociologue, il devint de Plus en plus, en
s'approfondissant, psychologue et c'est ainsi que, parti de
l'âme collective, il finit par retrouver l'âme individuelle, dont
lemoindremouvementdecharitévautplus quetouslesunivers...
Nous comprenons ainsi son évolution psychologique. Parti
del'histoire pure, renouveléepar Fustel deCoulangeetMichelet,
et de la géographie humaine, étudiée à l'école de Vidal de
la Blache, il s'enrichira peu à peu de l'histoire agricole, l'éco-
nomie politique,. la sociologie, la psychologie, la biologie, et
la philosophie bergsonniennl. Ses écrits, d'une admirable,
prose imagée et poétique, sont peu à peu devenus plus denses.
C'était l'homme de quelques phrases par jour. Aussi sa phrase
s'est-elle allongée, pour multiplier les incidentes. Il est arrivé
au point où la vision des faits dans leur totalité, avec leurs
inter-actions, rend la prose inapte à traduire la réalité.
L'antiquité résolvait ses synthèses aie moyen de symboles.
C'est pourquoi nous avons dû établir des schémas rendant
sensibles aux yeux « les mouvements de la vie organique de
Paris, au cours des âges, en dégageant les éléments de vie
organique et psychique de cette cité ». Il avait d'ailleurs expé- .
rimenté ce moyen d'explication —utilisant le facteur durée —
dans ses deux films sur Paris, de 1935.
Les deux dernières années de sa vie, il ne cessait de méditer
sur le Christ des Pèlerins d'Emmaüs, de Rembrandt, —cette
figure, douloureuse, émaciée, aux yeux qui restent agrandis
après la descente aux Enfers et si pleine d'infinie pitié pour
les hommes, sur laquelle notre ami Raoul Villedieu a écrit de
si belles pages.
Et il s'enfonça doucement, pas à pas, vers la Paix. Vers la
fin, il fut frappé de,paralysie. Il ne pouvait plus communiquer
avec nous qu'en nous pressant faiblement la main. Enfin, il
entra dans sa vie nouvelle, au seuil de la Semaine Sainte,
le 4 avril 1950.
Le sens de la mesure.
Le seigneur Léone Battista Alberti (1404-1472), gentil- .
homme florentin, arrive vers trente ans à prendre conscience
de sa vraie vocation. Frappé par la beauté des monuments
antiques, il se convainc que l'architecture d'une cité est
le signe visible de sa grandeur. Aussi écrit-il son De re
cedificatoria en dix livres. L'oeuvre est divulguée en 1452 ;
la première édition, en latin, date de 1485, la traduction
française de Jean Martin paraît au siècle suivant, en 1553,
peu après la mort du traducteur. Signalons que les citations
d'Alberti quenousferons sont empruntéesà cette traduction.
Alberti, homme du «quattro cento », reste profondément'
engagé dans le Môyen âge. Il en garde la prudence, le bon
sens,lesensdes«racines».«Il sedonnapourtâched'assembler,
avec la patience avisée de l'architecte, les matériaux de
l'expérience en vue de ce chef-d'œuvre d'équilibre que
fut sa pensée »(33).
Il se place à côté de Brunellesco pour l'influence considé-
rable qu'il exerça sur sa génération, peut-être moins par
l'importance des monuments qu'il édifia, du caractère
si nettement romain de ses constructions, que par son œuvre
théorique. Ce théoricien était un grand érudit ; il n'en faut
commepreuve quela multiplicité des exemples del'antiquité
qu'il donne dans la plupart de ses chapitres. C'était un
humaniste distingué, «le produit le plus brillant et l'image
la plus nette de son temps » (34). Mais, comme son pays
florentin, il avait la mesure, l'équilibre, la grâce. Bien que
novateur, il n'est point révolutionnaire. Il se garde bien de
faire table rase du passé immédiat (35). A la façade de
Sainte-Marie Nouvelle, tout en superposant — pour la
première fois —des pilastres d'un goùt délicat, il respecte
l'architecture de marbre àlaquelle ondevait déjà, àFlorence,
le Dôme, leBaptistère et le Campanille de Giotto. Demême,
hors dela reconstruction de l'église San Francesco à Rimini,
il prend soin de ne pas jeter à bas l'œuvre de ses prédéces-
seurs, secontentant d'y ajouter la sienne, commeunmanteau
sur la pierre nue.
Cet humaniste fut un vrai philosophe ; il eut, dans son âge
mûr, la réputation d'un sage (n'a-t-il pas été conseiller du
pape Eugène IV). Massaini l'appelait «un nouveau Socrate ».
Il citait sans cesse «les escrits des philosophes », car il avait
excellement compris que l'architecture était avant tout au
service de l'homme.
Il n'hésitait pas à le souligner «soit que l'on deffinisse les
bastimens avoir esté faictz pour le besoing de la vie humaine,
la commodité des usages ou la volupté des saisons : si fault
il dire que la principale intention a ester pour y loger les
hommes »(36).
Il n'oubliera jamais les trois principes-clefs : la nécessité
de la vie, la commodité de l'usage, le Plaisir selon les saisons
du temps, et que ces trois principes doivent s'équilibrer pour
l'abridel'homme. «L'hommeest népourservirl'homme»(37).
Il se gardera de réduire l'architecture à la commodité,
à l'adaptation à une fin, au fonctionnalisme. Mais il se
gardera tout autant de la réduire à la volupté, au plaisir
des yeux suivant les éclairages et les saisons, à l'art pour
l'art, au formalisme. Quant à la construction, il sait que
«tout l'art de bien et raisonnablement bastir consiste en
lineaments et structure. Or toute la force et effet d'iceulx
ne tend à autre fin qu'à donner une voye droite et absolue
pour bien assembler les traictz et angles qui désigne le
pourpris ou parterre d'un Edifice »(38). Il ne tombe ni dans
le constructivisme, ni dans le structuralisme. Forme, fonc-
tion, structure —ou beauté, utilité, solidité, comme dirait
Vitruve —s'équilibrent chez lui en une synthèse parfaite.
Et cet équilibre se retrouve non seulement dans sa pensée,
mais dans ses œuvres. Quoi de plus franchement structuré,
qui réponde mieux à sa fonction, tout en constituant un
brillant frontispice, que le porche de l'église Saint-André
à Mantoue par exemple ?
Les Principes d'Art urbain.
Nourri de Vitruve, il l'avait magnifiquement assimilé
grâce à sa grande connaissance des civilisations méditer-
ranéennes antiques. Son Traité d'architecture serait à
analyser dans le détail. Contentons-nous d'en souligner
quelques passages.
Tout d'abord, avant de bâtir, il se pose la question où
bâtir où ne pas bâtir ? «Savoir où ne pas construire »est
l'essence même de l'urbanisme, disait le pionnier Robert
de Souza.
FIG.6 DÉMONSTRATION
DU' NETROUVAILLEDUCAPITAINEJACOMOCASTRIOTTO
TirédeDelaFort
ifi
c
unpavi aziloonnededel
colamcitta
man(d1e5m
55e)n,ta.vecaucentre
Dès son premier livre, Vitruve traite :
Chap. 4. «De la région, puis du ciel, de l'air, du Soleil
et des ventz qui rendent ledict air bon ou mauvais. »(Cette
question des vents étant primordiale pour tous ceux qui
traitent des villes méditerranéennes.)
Chap. 5. «Quelle région est la plus commodepour y-bastir
des edifices ; et queles aussi ne l'est pas tant ? »
Chap. 6. «Par quelz indices et conjectures doit estre
v esprouvee la commodité d'un pays. Conjectures par les
animaux,
deroches.»par les edifices, par les arbres, par les pierres
Chap. 7. « De certaines commoditez et incommoditez
occultes
doit biendes regions,»contrées et climats dont l'homme sage se
informer.
Il s'occupe ensuite dela «partition del'aire »,lesarchitectes
diraient dela «distribution en plan »,et les urbanistes actuels
dela «partition de l'espace ». ^
Il souligne le caractère fonctionnel des différentes parties
de la ville qui «suyvant -le dict des philosophes n'est autre
chose qu'une grande maison ». Cesdifférentes parties doivent
être heureusement localisées ; car s'il y a «quelques cas de
failly par la négligence ou incuriosité du conducteur de
l'œuvre, ne sera-ce pas assez pour amoindrir la louenge et
dignité du bastiment »?.
Il en conclut, « qu'il ne fault seulement arrester aux
pourtraictz des plattes formes qui s'en trassent sur le papier,
mais faire dresser un modelle d'aix de bois, papier, ou autre
chose propre, au moyen de quoy se puissent veoir au naturel
les figures et proportions detoutes les parties :lequel modelle
sera communiqué à gens expertz pour avoir leur opinion
la-dessus : afin que l'ouvrage accomply l'entrepreneur ne
tombe en repentaille ».
«C'est aussi une chose admirable que tous hommes tant
ignorans que bien entendus sentent incontinent, par instinct
denature, s'il n'y a rien debonoudemauvaisentous artifices
qui leur sont présentez. Mais la veue en cet endroit a beau-
coup plus d'efficace que tous les autres sentiments : et
de là vient que si une besongne est mise en évidence, et
l'ong y treuve la moindre faulte du monde, en quelque chose
de trop court, ou trop long, cela esmeut subitement les
affections des personnes à desirer correction...
«Voyla pourquoy toujours me plaira l'ancienne coutume
de ceulx qui vouloient raisonnablement édifier, lesquelz ne
s'arrestoient aux pourtraictz de platte peincture, ains
faisoient faire des modelles de bois, ou autre matière appro-
priée, au moyen dequoy ils povoient veoir comment tout
l'ouvrage devoit succéder enchacune de cesparties, ensemble
ses proportions et mesures, puis s'en conseilloient aux
expertz, et examinoient plusieurs foistoutes lesparticularitez
occurentes, avant que mettre la main à la besongne, qui
requiert plus de soing et de dépense qu'il n'est advis à
beaucoup de personnes ».
Il condamne « l'ignorant qui, par ambition malicieuse
taschera d'attirer les yeux du regardans »par «un modelle '
fardé, ou embelly des brouilleries de peinctures » (39).
« J'aimerois mieulx (quant à moy) un modelle simple,
nu, outout seulement qu'esbauché, qu'un qui seroit curieuse-
ment perfect, poly, et mignoté jusques au bout, pourveu
qu'on ycogneutle gentil entendement del'inventeur plustôt
que la bonne main de l'ouvrier. Oril y a tele différence entre
unArchitecteet un peintre quel'un s'estudie demontrer sur
une table, par lignes, umbres et angles raccourcy, les choses
commeelles sont en-apparence : mais l'Architecte, ne faisant
compte de cela, les faict veoir depuis le fondement jusques
au comble, en la forme et la manière qu'elles doivent
être ».
«Davantage il faict entendre les largeurs et haulteurs tant
des fronts que des costez au moyen de certaines lignes
véritables, et non par angles tirez en apparence perspective,
comme celluy qui veult représenter ces choses tout aussi
qu'ela
sur llesraison.
doivent» être, par vraiz compartissement fondez
Il rappelle ainsi que c'est «l'instinct de nature »qui nous
fait, par sympathie, sentir ce qui est beau et ce qui est laid ;
que la vue est le seul critère, et non tous les raisonnements
ou discours.
Son goût pour les maquettes est d'autant plus naturel
qu'il est unnovateur, et quil éprouva certainement lui-même
le besoin de construire une maquette de ce fameux porche
de Saint-André où il emploie, pour la première fois depuis
les Romains, des proportions d'Arc de Triomphe. Retenons
également que c'était une ancienne coutume —qu'il oppose
« aux brouilleries de peinctures »et cela nous permet de
supposerqu'au Moyenage,les modèles réduits, les maquettes
—dont la tradition se continuera par les chefs-d'œuvres des ■
«Compagnons du Tour de France »—servaient àcesmises
en place siàremarquables
attribuons l'inconscient !que, faute d'autres preuves, nous
Mais s'il affirme que la raison doit régner, il n'oubliera pas
de rappeler peu après que « la subtilité de la nature est
inimitable », en faisant un croquis de «l'Herbe appelée
quintefeuille », dont les nervures dépassent tout ce que peut
faire l'ingéniosité humaine.
Aulivre IV, traitant du site dela ville, il rappelle qu'il n'y
apoint derègles générales, qu'il n'y a quedes casparticuliers,
et quechacunmériteuneobservationattentive, «conjoncture»
et jugement. Sacomparaison des avantages dela meret dela
montagne est l'expression d'un bon sens pratique qui
: ses
l'apparente à Dürer,
abondantes et que
citations ne parviennent
de Platon pas à masquer
ou d'Aristote.
Le site une fois choisi suivant «les régions, le ciel, l'air,
le soleil et les vents», etc., il est besoin que le circuit d'une
ville et la distribution de ses parties soient changées selon la
diversité des lieux. «On ne saurait faire sur une montagne
le traict d'un pourpris de murailles à sonchoix, rondou carré,
ou de telle forme qui viendroit bien en fantaisie, comme on
faict bien enpays plat ».
C'est cette fantaisie qui se débridera lorsqu'au début de v
l'art des fortifications on croira nécessaire d'abandonner
les hauteurs pour les marécages.
Mais cette adaptation au site ne suffit pas. Il faut prévoir
l'matériels.
avenir et penser en outre aux échanges intellectuels et
« J'aimerois mieulx, quant à moy, que ma ville peult
contenir le nombre de ses citoyens quand ils viendront à
s'augmenter que si elle étoient trop serrée, sans avoir moyen
de les loger. Encores fault-il considérer que la cité ne se doit
faire seulement pour la nécessité et commodité des logis,
mais aussi doit être disposée en sorte qu'il y ait de très
plaisantes et honnestes places, les unes desquelles servent
pour les assemblées du peuple à communiquer et deviser
ensemble apres avoir chacun donné ordre à ses affaires
civilz et domestiques ; les autres pour y veoir courir à qui
mieulx tant les gens que les bestes ; autres pour le jardinage ;
autre peur pormenoers ; autres pour nager et se baigner et
semblables recréations et passetemps ».
Ceci nous fait prévoir une cité d'une belle étendue, avec de
nombreux espaces libres, nus ou plantés.
Pour bien comprendre le sens de son œuvre, il faut suivre
le mouvement dialectique de sa pensée. Tout d'abord, il est
frappé par la laideur et les défauts du monde, et il imagine
par contraste un monde parfait, au sujet duquel il accumule
les citations. Il veut par exemple avoir, àla fois, lesavantages
dela plaine et dela montagne. Danscertains cas, la résolution
de l'antinomie est possible : tel celui d'un site offrant une
butte sur une vaste plaine. Mais, le plus souvent, ces jalons
posés, il retourne au réel pourychercher, non plusleserreurs,
le mal, mais les possibilités de bien, de perfection qui y sont
incluses ; et il conclut : «Et s'il est impossible que nous
obtenions tout justement cela, suivant nos désirs, nous
pourvoierons ainsi au nécessaire. »
S'il est philosophe, il est aussi architecte, c'est-à-dire
constructeur, il bâtit pierre par pierre. Il se rend compte
queles réformes peuvent être conçues par la pensée exigeante
du théoricien, mais que seuls les conseils du praticien auront
chance del'ébaucher.
C'est pourquoi la pensée d'Alberti est une des sources les
plus vivifiantes et les plus constructrices que nous
connaissions.
Il faut soigneusement distinguer ce qui n'est chez lui que
citation d'érudit et ce qui constitue les vrais conseils de
l'auteur. Ainsi, s'il rappelle la nécessité de diviser la ville en
quartiers —en s'appuyant sur la mathématique platoni-
cienne —il ajoute aussitôt ses propres conseils (40).
«Platon voulait que ce pourpris contenu au champ de la
situation, feult divisé en douze ordre, en chacune desquelles
il désiroit un Temple : et moyje veuil pardessus sa constitu-
tion qu'on y adjouste des carrefours aysez, des sieges a
playder pour juges subalternes, lieux à tenir munitions,
places assez'spacieuses pour exerciter la jeunesse, mesmes
où l'on puisse jouer des jeux, et tels autres commoditez
requises. »
Il insiste fortement sur les «commoditez »qui permettent
de bien peupler une ville. «Quant les commoditez dessus
spécifiées se treuvent en une ville, les voysins s'y viennent
d'eulx mesme très volontiers habituer, comme aussi font
ceulx de loingtains pays, par especial quand ilz estiment
yavoir abondammentet àbonmarchétouteslesnecessitez de
la vie, avecla fréquentation desgensdebien. Maisle principal
ornement de la ville sera que les chemins soient bien aisez,
les places des marchez amples et spacieuses, la situation
bonne de tous les édifices tant publiques que particuliers,
au long des rues et ruelles, mesmes le tout faict si conformé-
ment et par si bonne disposition que l'on n'y treuve peu ou
point à redire, si que chacun ayt son usage, dignité et
commodité, au moyen de la bonne distribution et artifices
des ouvrages. Car (à la vérité) si tout n'y va par ordre,
il n'y aura rien qui se montre aisé, agréable, n'y digne d'estre
seulement regardé. »
Toutefois, l'attitude d'Alberti vis-à-vis des localisations
sociales, du zoning des fonctions dirions-nous, est beaucoup
' plus une consécration des classes sociales que des nécessites
professionnelles.
Il admire le système des castes «de la République des
Indiens »: «Les Egyptiens ont toujours attribué le premier
point d'honneur aux prestres, le second aux Roys et gouver-
neurs, puis le troysieme aux gens de Guerre et à la diverse
multitude, entre laquelle estoient compris les Laboureurs,
Pasteurs de bestes, Artisans de tous mestiers, et encore
(comme dit Herodote) les Mercenaires et les Mariniers.
«Il semble qu'Aristote n'ait voulu reprouver ceulx qui ont
séparé d'avec la trouppe confuse, les personnes dignes et
venérables, qui peuvent ayder de conseil, et présider en
magistraz, et administrer les offices de judicatures, mesmes
qui ont laissé le communpeuplepartyenlaboureursmechani-
ques, marchans, gagne deniers, gens de cheval, pietons et la
trouppe suivante le faict de la Marine. Aussi à dire vray, il
appert, par le tesmoignage de Diodore-le-Sicilien, que la
Republique des Indiens n'estoit gueres esloignée de cette
constitution : Car on la vouloit veoir distribuée en Prestres,
Laboureurs, Pasteurs, Artisans, Soldatz, Ephores ou Super-
intendants, qui présidoient aux affaires publiques (41). »
Et l'on se demanderait même s'il ne serait pas Drêt à
servir aussi aisément que leBon Prince, le Tyran, pour lequel
il nous donne un schéma de ville, si l'on ne connaissait son
attitude lors de la persécution des Humanistes, ses «Entre-
tiens de Camaldule »et son «Traité de la Tranquillité de
l'âme ».
Il fait remarquer tout d'abord que « quelques antiques
ont laissé en escrit, que jamais une ville divisée par nature,
à savoir de rivière passant à travers, ou de plusieurs collines.
qui s'y eliévent, ou teles choses, n'est sans discorde entre les
citoyens. Mais pour y donner bon remède, ceulx là disent
que si l'une des parties est située en plaine, et l'autre en
costau, onles doit séparer par une bonne closture demuraille
entre deux. Toutesfois je n'estime point que cela doivent se
faire en ligne diamétrale, ains comme qui vouldroit enfermer
un cercle dans autre : à cause que les riches qui se délectent
à tenir grans pourpris, sortiront volontiers de la ceincture
intérieure pour venir à celle du dehors »(42).
S'il préconise la ségrégation en temps de crise, il pressent
toutefois la nécessité de l'interpénétration sociale afin,
dit-il, que « la lâche troupe de Gnato, à savoir boucher,
patissier, charcutier, cuisinier et semblable apporteront
plus d'assurance et moins de souspeçon, estant ainsi apar
eulx, que si les principaulx manans de la ville n'estoient
d'eulx separez »(43).
Ceciest loin évidemment dela fusion générale envue d'une
vie communautaire que réalisait le Moyea âge et que
recherchent à nouveaules urbanistes contemporains.
A propos de cette ville du tyran, notre Italien montre
ses connaissances de l'antiquité méditerranéenne. Il conçoit
que «la forteresse ne sera point enclose dans la ville ny
aussi toute séparée »mais la ville disposée de façon à former
un «grand C»qui se referme sur «un petit o»(44). Il donne
d'ailleurs ceschéma, qui rappelle les villes chaldéennes, voire
chinoises, et l'on pourrait croire qu'il va recommander des
villes circulaires.
Maispour illustrer son texte, il donne, sans légende, le plan
d'une ville en carré ! Carré, tout au moins à première vue,
car chaque côté du carré est formé de deux obliques très
tendues, faisant entre elles un angle de 170°, afinsans doute
de répondre à la prescription vitruvienne : faire l'enceinte
toujours polygonale, mais sans angle sortant !
Demême, il va nous vanter la forme circulaire et hexago-
nale pourles temples. «Onenvoit par les choses qu'ordinaire-
ment nous produit la nature, qu'elle se délecte surtout de la
forme ronde. Et qu'ainsi soit voyez le globe de la terre,
les Etoiles et planettes, les arbres, les Animaux, leurs
repaires et autres teles particularitez : toutes ont este faites
rondes pour son plaisir. Encore voyons nous aussi qu'elle
se réjouit de la figure hexagonale ou à six faces et cela
par les mouches à miel, par les freslons et toutes autres
bestioles de leur espèce ».
Mais en revanche il donne un temple carré en modèle
avec de petites absides circulaires, et plus loin plusieurs .
planches sur un plan basilical.
Onlevoit doncsans cesse chercher à échapperaux théories
qu'il professe ou qu'il rappelle, pour revenir aux modèles
romains.
Des voies et places.
AlorsqueVitruve passait tout à fait soussilencel'établisse-
ment des voies d'accès et des circulations intérieures, la
disposition des égouts et des ponts, et lesinstallations pure-
ment utilitaires, Alberti estime que «le chemin passant »
doit «estre ordonné tant pour la commodité des habitans du
pays que' pour les étrangers qui vont et viennent »(45),
et tout son chapitre 6 du livre VIII est consacréaux «prin-
cipales voyes d'une ville et pour faire que les portes, portz,
pontz, arches, carrefours et marchés, soient ornez comme
il appartient », et il souligne la hiérarchie fonctionnelle à
respecter.
Dans une ville «il y a des passages les uns plus dignes
que les autres, qui de leur naturel peuvent être aussi bien
dedans la ville que dehors, comme sont ceulx qui condui-
sent au temple, à la basilique ou Maison Royale, au lieu
commun pour les spectacles et leurs semblables. A cette
cause
s'ensuitj'e»n: parleroy avant toute œuvre, et en diroy ce que
«Certainement ce sera une bien grande parure pour les
quarrefours et marchés, si enl'un et en l'autre, il y a quelque
beau portique, où les voysins se puissent assembler après
mydi, pour prendre un peu de passetemps ou bien pour
convenir ensemble de leurs négoces : et d'avantage il en
viendra ce bien que la jeunesse étant emmy la place pour
, jouer, se contiendra modestement pour la présence des
vieillars, qui luy sera en tel révérence, que toute la licence
effrenée de l'aage impétueux et prompt à mal n'y auront
point de lieu pour lors ».
«Quant aux marchez, il est besoing que l'un soit pour les
orfèvres, l'autre pour les maraicheres, l'autre pour les
bouchers, l'autre pour les vendeurs de bois, et ainsi des
autres besongnes : auxquelz marchez sont cleuz certains
lieux en une ville, et à chacun d'iceulx ses péculiers orne-
mens. Mais il fault que par dessus tous les autres cestuy là
de l'argenterie ou orfèverie soit le plus honnorable » (46).
Citons encore deux observations : l'une sera reprise
commebase par tous les hygiénistes modernes : «Je conseille
qu'il n'y ait maison où le soleil ne batte à quelque heure
du jour : ce faisant, jamais n'y aura faultedebon air », ce qui
interdit les «voyes trop etroistes »; l'autre nous révèle l'ori-
gine du sens unique. Sur la voie venant du port d'Ostie
à Rome, pour faire «passer grand nombre d'hommes arri-
vants d'Egypte, d'Afrique, de Libye, des Espagnes, de
Germarie, et des Isles avec innumérable marchandise, l'on
feit faire le chemin double, et mettre sur le mylieu une filière
de pierres levées de bout à la hauteur d'un pied, pour servir
comme d'une borne, à ce que les uns peussent aller d'un
costé, et les autres venir de l'autre, sans se donner
empeschement »(47).
Ainsi nous retrouvons sans cesse la synthèse dans les
propositions d'Alberti. Alors queles places «pour donner plus
de grâce à la ville »devront constituer ses ornements particu-
liers (voluptas), il se garde d'en faire un simple motif de
décor comme dans les Monuments à la Gloire de Louis XV.
Ses places doivent exprimer leurs fonctions urbaines qui sont
multiples (commoditas) ; elles seront plus ou moins «honno-
rables »suivant la hiérarchie de ces fonctions.
Onne saurait à aucunmoment imaginer qu'il recommande !
le tracé radio-concentrique.
Traitant longuement des voies au chapitre 5 du Livre IV,
il déclare qu'à la vérité son «advis est qu'il fault que la voye
militaire se face en telle sorte qu'elle soit sans empeschement
ou encombre, droitte, et le plus seure que possible sera ».
Maisil ajoute aussitôt :«Dansla ville sera bien séantqu'aussi
le chemin n'y voize tout droict, mais à la mode des rivières,
tournoient doucement tantost vers un costé, tanstot vers
l'autre,- en plusieurs destours : Car oultre ce que là où ce
chemin semblera être plus long, la fera il estimer la ville
plus grande et magnifique : aussi de faict cela donnera bonne
grace, mesme sera très commode et aisé à l'usage, et proffi-
table aux occurences que le temps et la nécessité peuvent
apporter. Je vous prie, considérez combien la veue en sera
plus
d' contente,
édifices ? » si à chacun pas vous voyez nouvelles formes
Il précise même qu'à l'entrée des villes on peut trouver
sinon unlabyrinthe, tout au moins «certaines petites ruelles,
non pas estendues en longueur, mais aboutissantes- à la
première traverse, et que celles là ne servent de passages
communs, ains soient plustot pourentrer en quelquesmaisons
opposites ».
Après avoir admis et même recommandé l'existence des
voies sinueuses (et non circulaires) et des ruelles, il pense
néanmoins que, pour les voies qui ne sont point encore
militaires, il y aura tout avantage à les faire elles aussi
droites, «si on les tire droit au cordeau, pour les rendre
accordantes au coingz des parois et aux parties des édifices,
elles s'en montreront tant plus belles ».
D'ailleurs dans son chap. 6 du Livre VIII, il distingue,
si l'on peut dire, la rue — à fonction monumentale — du
chemin —à fonction pratique —:«Quand est à la maistresse
rue de la ville, il fault (qui veult bien faire) qu'elle soit propre-
ment pavée, nette au possible, accompagnée de portiques,
à façon toute égale, et que toutes maisons des deux costez
ne saillent oultrent l'une l'autre, ainsi tiennent reng tout
droit, suyvant la règle et le cordeau. Les parties d'icelle rue
qui méritent le plus avoir beaux ornemens, sont celles cy :
le pont, le quarrefour, le spectacle ou théâtre, qui n'est
quant à luy autre chose qu'une place commune ceincte de
grans degrez pour l'aysance de peuple en regardant les
jeux »(cf. fig. 23).
Il commence à décrire le pont «tout aussi large que la rue »,
puis passe aux carrefours et. marchés. Ceux-ci « diffèrent
sans plus en étendue : et qu'ainsi soit, icelluy quarrefour
n'est qu'une petite voye commune, où Platon ordonnoit
qu'on y feist des espaces, si que les nourrices y peussent
~mener esbattre leurs enfans, chose que je croy qu'il faisoit
afin qu'iceulx enfans deveinsent plus robustes par l'usage de
l'air, et pareillement que les nourrices, par convoytise de
gloire, feussent plus propres et plus nettes, mesmes faillissent
moins à leur devoir, pour estre exposées à la veue d'une
infinité de contrerouleuses ».
Et continuant ces conseils tantôt esthétiques, tantôt
hygiéniques (48), tantôt moraux (où l'on retrouve l'auteur
de «la Famille »), il ajoute :
«Pour tout certains ce qui décore pour le plus les marchez
et les quarrefourz, sont les arcades mises à l'embouchures
des plus communs passages, et n'est l'archade autre chose
qu'une porte toujours ouverte. »
La grande qualité d'Alberti c'est son humanisme, son sens
de l'équilibre entre le beau et l'utile, entre la volulptas et la
commoditas.
S'il traduit les aspirations de son époque vers une esthé-
tique urbaine faite d'un retour aux formules de l'antiquité,
il ne perd point les acquis du Moyen âge : localisation des
fonctions, des commerces et des quartiers, recherche des effets,
sinon sur le tas du moins sur maquettes, valeur de la rue
courbe, etc.
, C'est à partir de lui que va se creùser le fossé, que la
systématisation va entrer en jeu, que «l'Art divorce d'avec
la Vie »par l'importation des styles d'imitation.
D'Amérique, le délicat finlandais Eliel Saarinen a démontré
ce processus. «Jadis, le maître d'oeuvre avait le sens des
•
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SUR LES PRESSES DE
L'IMPRIMERIE MELLOTTÉE
A CHATEAUROUX (INDRE)
EN J A N V I E R 1 9 5 2
DÉPÔT LÉG. Ier TRIM. 1952
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