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CHAPITRE PREMIER
La forme urbaine:
ART. 28. - Les constructions devront, en outre, Eraminons ensuite un plan comme celui de Mi-
s'inscrire dans un gabarit de rue et dans un gabarit rande (Gers). Il répond aussi strictement que Mont
de mitoyenneté déjinis ci-après. pazier à la définition de l'échiquler et rappelle d'aussi
Gabarit de rue. - En bordure des voies publiques près une maison centrale. Mais si la mélopée est la
et privées, le gabarit de construction, placé sur l'ali. méme, le rythme change. Des carrés se substituent
aur rectangles et l'allure de l'ensemble est modifiée.
gnement ou limite de la voie, est comnposé d'une La ville fut fondée en 1285, par Eustache de Beau-
verticale surmontée d'une oblique s'élevant vers l'in-
térieur de l'immeuble et inclinée à 45° par rapport marchais, représentant le roi de France, et par le
comte Bernard dAstarac. Le site - la vallée de la
à l'horizontale. Baise laissait aux créateurs une liberté de, dessin
La hauteur de. la verticale est égale à la largeur dont ils n'ont pas usé. Remarquons seulement la
règlemenlaire de la voie, sans pouvoir dépasser: discordance entre l'axe des rues et le tracé des rem-
Vingt mètres dans les zones d'habitations
collec- parts: ceur-ci interrompent arbitrairement un qua
industrielles et mictes de la classe A; drillage, qui aurait pu se répéter à l'infini. A Mont
les zones
tives,
les mêmes zones de la pazier, les îlots conservaient encore une certaine per-
Dir-huit mètres dans
sonnalité,; ici, c'est l'identité absolue. Le nombre
classe B; seul est maitre.
mètres dans les mémes zones de la
Quatorze
Nous saisiss ons, dans ces deur exemples, l'unique
classe C;:
Douze mètres dans les zones d'habitations
indivi- variante que puisse comporter le plan
la proportion différente des blocs d'habitations.
en échiquier:
Avec
duelles et les zones non affectées des classes
A et B;
les lignes droites et des angles droits, on peut faire
individuel-
Dix mètres dans les zones d'habitations des carrés ou des rectangles. Le nombre des com-
les non affectées de la classe C, ainsi binaisons est infini en théorie, mais beaucoup plus
les et zones
de la classe D. restreint en pratique. Surtout il' n'évite par l'acca
que dans toutes les zones
Gabarit de mitoyenneté. - Sur les lignes sépara- blante impression de monotonie; il ne rend pas la
tives de propriétés; le gabarit est de même formne vie à un cadavre... (2).
que le gabarit de rue.
La verticale a pour hauleur le marimum de hauteur Nos épures nous ont conduit à ceci:
les distinc-
de la verticale du gabarit de rue, suivant
tions de zones el de classes de l'alinéa précédent... (1) Ihabitant de la ville, en tant que piéton, dispose
lche Ujutuc
FiG. 1. Le village Kabyle- dont la tradition remonte à la plus haute antiguitéest le plus remarquable exempleà
site simple mimétisme. La tradition n'est point perdue et les « bidonvilles» continuent
d'adaptation au par
sétablir naturellement sur des pentes
bosses ou des et
à offrir une unité architeeturale remarquable sur des sites
naturels salubres.
de tout le sol urbain. Le sol de lu ville est formé Par une porte de maison entrent 2.700 personnes.
de parcs. La ville est un parc ininterrompu. Jamais D'ailleurs, si l'on veut bien, les maisons ont perdu
un piéton ne rencontrera l'auto; les autos sont quel1 leur acception habituelle. Ce sont des immeubles
sans solution de continuité, un ruban qui se déploie
que part, en l'air, passant derrière les frondaisons sans rupture dans la ville. Les rues intérieures sont
des arbres. (Nous nous expliquerons.)
L'habitant quí possède une auto la irouve garée au dedans. Les autostrades sont dehors; où cela est
bas de son ascenseur. Celui qui veut prendre un tari utile, elles passent au travers des maisons. Les mai-
n'a jamais à faire plus de 100 mèlres à pied en n'im- sons n'obstritent pas le sol. Elles sont sur pilotis. Le
porte quel endroit de la ville de résidence, Lorsqu'il sol est libre entièrement, ete. (3)
rentre chez lui, il trouve jour et nuit des ascenseurs L'Etre urbain, c'est-à-dire l'Essence et sa traduc-
conduits par des liftiers spécialisés, tion formelle: la Forme
De la porte de son ascenseur, le plus long trajet Paris participe de ce dynamisme général. 1 gran-
qu'il puisse faireà pied sera d moins de 100 mètires, dit, s'étend au delà de chacun de ses ponts. Au
dans un corridor qui est une rue intérieure. Les xr siècle, des marchands se sont élablis vers la
rues de la ville, dehors (les chaussées), sont réduites principale porte de la ville - la Porte de Paris.
d'une manière saisisscunte. Nous le verrons prochaine ainsi qu'on continuera à désigner ce lieu-situee
aut débouché du pont du grand bras, sur la rive
ment. La plupart des rues de la ville ont passé à droile, et que protégeait un château-fort: le Cht-
l'intérieur des maisons: elles sont 12 ou 15 super-
telet. A l'ombre de ce dernier, s'offre à nous, au
posées, allant jusqu'å 47 mètres de hauteur au-dessus
du sol de la ville, S'il le faut, l'agent de XIr siècle, le commerce du poisson d'eau douce,
la pair
aura quitté pour toujours lancienne rue du soleil de la viande et du pain, tandis que les changeurs
ou de la pluie, des bourrasques et de la cohue: il sont localisés dans les boutiques bordant le pont,
surveillera les rues intérieures. Ces rues intérieures
sont dans les maisons. (3) La Ville Radieuse, par Le Corbusier.
URRAIE E1,ETRE URBAIN
LA FORME
Cliché Ofalac.
FIG. 2. U u site remarquable, l'ancienne ConSTANTINE, rocher bordé par le ravin du kummel, nécessite pour ses
accès des viadues qui en soulignent le caractère (cf. note 10, page 6).
H H -LHTLELI LHEI n
H+
EHHHa-TI
X
le
enlre eur Dans l'exemple choisi, on trouve à la fois
tion du milieu, ne sauraienl entrelenir entre lhygiène et la spéculation
piteux compromis
des rapports égaux. (4) citations. qu'est le dangereux gabarit sur mitoyen», déve-
et la
L'opposition entre les trois premières simpliste conception de classe traduisant un
file de que lon peut
empruntées aux chefs de
ce
loppement « en tache d'huile » dont
nous avons
«l'urbanisme formel» et la dernière, dueP montré tous les méfaits pour la région pari-
appeler. humaniste ou de « l'urba-
au fondateur de l'école sienne (5).
nisme essentiel », suffit à poser clairement le pr0
Dans le second cas, l'auleur, historien de l'art,
blème.
tendance for- ayant posé principe (6) qu'il ne voulait
comme
Certes, dans les trois premières, la
considérer « qu'un des multiples visages de la cité
».
maliste se rencontre à des degrés bien divers.
tant qu'æuvres d'art
Dans le premier cas, il parait diffcile de régle- étudier les plans de villes en
de lhistoire
menter administrativement autre chose que la c0 pour établir « un nouveau chapitre Ur.
l'art: l'Histoire de l'Architecture
quille architecturale. générale de de
baine », on ne peut évidemment lui faire grief
Sans doute, mais entre, d'une part, la réglemen- unitive de l'urba-
ne pas développer la conception
tation par zone qui a été jusqu'ici appliquée et ne d'art ou
nisme. Par malheur, nombre de eritiques
fait que matérialiser la lutte des classes, et, d'autre ont été
de lecteurs, ignorant les prémisses posés,
part, l'adaptation aux groupes sociaux constitutifs
de la population urbaine qui permet l'épanouisse-
ment du citadin dans sa communauté, il y a toute d'lrbanisme Appliqué. P. s. P.. p. 170.
la différence qui sépare lidéologie des technocrates
5) Vingt ans
phie occidentale n'éerit-il pas « Volon- MAGDeBURG-sUR-E1.BE en 1632. D'apr s Inigo Triggs.
tiers nous nous laissons prendre par une F. 5.
cathédrale comme celle de Chartres... mais Town Planning, Past, Present and Possible (1909-1911). Les rues
d'être, u n e
le monde esthétique ne prend jamais mieux sont perpendiculaires à la rivière qui est la raison
les églises sont
conscience de lui-méme que dans les mo- seule grande voie est parallèle à celle-ci. Toutes
ments enchantés du prélude amoureusement orientées. Telle estl'adaptation souple du tracé en damier par
le moyen àge. Comparer avec la Nouvelle-Orléans.
déerit par M. Paul Valéry : Point de chose
plus vivante au regard qu'une boite de
couleurs ou une palette chargée.. Je ne
trouve à lui comparer que le chaos fourmillant de des prinmes haut dressés, puis des vilebrequins cou-
sons purs et lumineux qui s'élève d'un orchestre quand chés, sans se douter qu'il ne s'agit là que d'un
beau
il s'arrëte et semble réver avant le commencement >. décor planté et non d'un être urbain. Ses ingénieuses
Nous sommes fixés. Le Corbusier n'est pas le seul de cet
avis. Un monument où l'intelligence ruisselle sur toutes
explications à posleriori n'y changeront rien.
L'erreur générale est d'assimiler la ville, forme
les pierres, s'efface, pour le moderne, devant un bloc
de couleurs ou de sons dépourvus de sens. La barbarie dynamique, aux formes statiques de la plastique
des intellectuels atteint bien ici la perfection. (Cf. Ray- sculpturale.
moud Charmet dans l'Avenir de la Science). (Présenees.) Mais, dirait Henri Focillon, toute euvre d'art
est à la fois forme et contenu.
La ville est une euvre d'art d'un caractère parti-
culier en ce sens qu'elle n'est pas sauf pour les
villes eréées de toutes pièces, qui sont des excep-
tions (8)- une eréation d'artiste. mais un ensem:
ble auquel ont coopéré des générations
d'habitants, qui ont dù s'accommoder
plus ou moins de ce qui existait avant
elles. Sous l'effet de la succession ind
finiment changeante des ètres qui l'ha-
bitent, qui la font et refont, elle est un
perpétuel devenir; elle ne se ramène nul-
lement à son plan, schma graphique.
ni même à l'ensemble des ereux et des
pleins architecturaux qui la définissent.
Ce plan, ces ereux et ces pleins ne sont
que les manifestations extérieures d'exis-
tence d'un ètre collectif, chez qui la vie
NEW ORLEANS est entretenue par la substitution des
générations les unes aux autres. C'est la
connaissance de ces ètres collectifs qui
importe avant tout.
mythe de la Cosmogonie polynésienne qui nous ap- Or, tout le dranie de l'urbanisme actuel consiste
prend qu'un Dieu ne devient Dieu qu'au moment dans le divorce exislant entre des formes
où il devient forme. « C'est vrai, mais il est vrai urbaines,
enduques ol pesantes, el Fetre en prestigieux renou-
aussi qu'au moment où il devient forme, il conm- vellemen
mence de mourir » (9).
Pour les créations urbaines, l'agonie divine est Comme a jornie urbainc acluelle, sur laquelle se
plus ou moins lente suivant que la fornme neuve basent innprudeiument rop d'urbanistes, n'exprimne
créée erprime plus ou moins bien le sens de lévo- nullennen: lévotution interne, une telle base ne per.
lution interne immédiate, suivant aussi que l'évolu met aucIle dajpialicn de la ville à cet irrésistible
tion à venir sera plus ou moins rapide et que cette écialemei e regroupement de la matière urbaine
forme pourra plus ou moins bien s'y adapter. qui doiirvir ie support au monde nouveau.
(9) 1'Esprit des Formes. et urriv és a difíérentS degrés d'évolution, nous avons
proposé une extension stellaire dont les habitations, de
(10) La forme autonomiste, celle qui économise la
différent.s rarecières, s'ttageront comme les stratifications
loture, qui présente la plus petite frontière, le minimum
du sitc. il'aiileurs, ce site, économiquement, technique-
de contact avec l'extérieur, la forme close par excellence,
meni ct piastiquement, conduit à cette traduction des
c'est
le cercle qui, mathématiquement, permet la plus nécessités 3ociales : bâtiments horizontaux, lourds sur le
grande surface pour le plus petit périmètre. C'est pourquoi
plateau ot légers sur les pentes, voies suivant les courbes
lo rocher convenait à l'antique Cirta.
de niveau, bàtiments hauts sur le plateau pour exalter
P'ar contre, la forme qui présente le plus long péri-
le site et bas dans la plaine pour ne point obstruer la
mètre, les plus grandes possibilités de contact avec l'ex-
vue de ceux qui sont derrière, etc.
téricur pour la plus petite surface, c'est évidemment
la ligne, le ruban étroit. C'est pourquoi pour l'extensioon C'est pourquoi le site de Constantine : le rocher et
de Constantine, capitale de la petite Kabylie, qui doit l'étoile des croupes qui y aboutissent, offre, d'une part,
devenir un lieu de fusion entre les Occidentaux, les le site défensif type, et le site d'échanges et d'intégra-
Arabes et les Kabyles de différentes couches sociales tion type.
modernes.
Lesport dans les immeubles
FIG. 6. D'après Town and Country Planning.
-
L'obsession de la terrasse-jardin !