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J.-L. PONCET
M. KOSSOWSKI
P. TRAN BA HUY
B. FRACHET
PATHOLOGIE
PRESSIONNELLE EN ORL
PATHOLOGIE PRESSIONNELLE
EN ORL
2007
Société Française d’Oto-rhino-laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou
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La loi du 11 mars 1957, n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions stricte-
ment réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d’autre part, que les analyses et courtes ci-
tations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l’auteur ou de ses ayants-droits ou ayants-causes, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par
quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivant du Code Pénal.
ISBN : 2-916287-24-8
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PATHOLOGIE PRESSIONNELLE
EN ORL
Jean-Luc PONCET - Michel KOSSOWSKI - Patrice TRAN BA HUY - Bruno FRACHET
AUPY Barbara
BALLESTER Michel
BALTAZART Bruno
BARBEROT Jean-Paul
BARNABE Dominique
BERTIN Georges
BIZEAU Alain
BONNE Loïs
BRICHE Thierry
CASTERAN Jean-Marc
CHOLLET Olivier
CLEMENT Philippe
CONESSA Claude
DANCER Armand
DENHEZ Franck
FLORENTIN Jean-Luc
GAL Michel
GAUTHIER Jérôme
JOB Agnès
LE PAGE Pierre
LOUGES Pierre
MAGNAN Pascal
MINICONI Pierre
MOULIN Annie
NAZ Pierre
NOTTET Jean-Bertrand
POIRIER Jean-Louis
PONCET-WALLET Christine
PONS Yohann
PRUNET Didier
RAYNAL Marc
ROGUET Eric
SALF Eric
SAUVAGET Elisabeth
SUC Benoit
TALFER Serge
TOMASI Michel
TRENDEL Dominique
VAILLANT Pierre-Yves
VERDALLE Pierre
VORMES Emilie
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AUPY Barbara. Assistante des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées du VAL-DE-GRACE. PARIS
BALTAZART Bruno. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées Robert PIQUE. BORDEAUX
BARBEROT Jean-Paul. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie
Cervico-Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées LEGOUEST. METZ
BARNABE Dominique. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie
Cervico-Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées Robert PIQUE. BORDEAUX
BERTIN Georges. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées CLERMONT TONNERRE. BREST
BIZEAU Alain. Spécialiste des hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital d’Instruction des Armées Sainte Anne. TOULON
BONNE Loïs. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital d’Instruction des Armées CLERMONT TONNERRE. BREST
BRICHE ierry. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées PERCY et Centre Principal d’Expertises Médicales du
Personnel Navigant. CLAMART
CHOLLET Olivier. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées Robert PIQUE. BORDEAUX
CLEMENT Philippe. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées du VAL de GRACE. PARIS
CONESSA Claude. Professeur Agrégé du Val de Grâce. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées du VAL de GRACE. PARIS
DENHEZ Franck. Chirurgien Dentiste des Hôpitaux des Armées. Hôpital d’Instruction des Armées
PERCY. CLAMART
FLORENTIN Jean Luc. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie
Cervico-Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées CLERMONT TONNERRE. BREST
GAL Michel. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital d’Instruction des Armées LAVERAN. MARSEILLE
GAUTHIER Jérôme. Assistant des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées PERCY. CLAMART
LE PAGE Pierre. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervicofaciale.
Hôpital d’Instruction des Armées PERCY et Centre Principal d’Expertises Médicales du Personnel
Navigant. CLAMART.
MOULIN Annie. Laboratoire de Neurosciences et des Systèmes Sensoriels. CNRS 5020. LYON
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PONCET Jean-Luc. Professeur Agrégé du Val de Grâce. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale du VAL de GRACE. PARIS
PONS Yohann. Assistant des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital d’Instruction des Armées DESGENETTES. LYON
PRUNET Didier. Spécialiste des hôpitaux des Armées. Service ORL. Centre Principal d’Expertises
Médicales du Personnel Navigant. Hôpital d’Instruction des Armées PERCY. CLAMART
RAYNAL Marc. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervicofaciale.
Hôpital d’Instruction des Armées PERCY et Centre Principal d’Expertises Médicales du Personnel
Navigant. CLAMART
ROGUET Eric. Spécialiste des hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurugie Cervico-
Faciale. HIA du VAL DE GRACE. PARIS
SALF Eric. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervicofaciale.
Hôpital d’Instruction des Armées LEGOUEST. METZ
SUC Benoit. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital d’Instruction des Armées DESGENETTES. LYON
TALFER Serge. Chef de Clinique des hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurugie
Cervico-Faciale. HIA du VAL DE GRACE. PARIS
TOMASI Michel. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées LAVERAN. MARSEILLE
TRAN BA HUY Patrice. Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital LARIBOISIERE. PARIS
TRENDEL Dominique. Assistant des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées CLERMONT TONNERRE. BREST
VAILLANT Pierre-Yves. Spécialiste des Hôpitaux des Armées. Service d’ORL et de Chirurgie
Cervico-Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées CLERMONT TONNERRE. BREST
VERDALLE Pierre. Professeur Agrégé du Val de Grâce. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-
Faciale. Hôpital d’Instruction des Armées Sainte Anne. TOULON
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SOmmAIRE
Pathologie pressionnelle en ORL
J.-L. Poncet, M. Kossowski, P. Tran Ba Huy, B. Frachet
XII
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SOMMAIRE
XIV
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PRéfAcE
Médecin Général Inspecteur P. Buffe
Professeur Agrégé du Val-de-Grâce
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XVI
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INTROducTION
M. Kossowski, J.-L. Poncet
a pathologie pressionnelle en ORL regroupe deux entités qui seront développées dans
L ce rapport.
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XVIII
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Première partie
Les traumatismes
pressionnels
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Chapitre I
Historique de
la médecine de
la plongée,
médecine aéronautique et
des connaissances sur
les effets des bruits
impulsionnels et des blasts
J.-P. Barberot, E. Salf
Paracelse, au XVIe siècle, est le premier à dire que l’acouphène apparaît du fait d’un bruit exces-
sif, alors que Du Vernay en 1683, dans son précurseur « traité de l’organe de l’ouïe » pense que
l’oreille interne, soumise à un bruit extérieur stimulant, produit l’acouphène, assimilée à une va-
riante du fonctionnement normal.
Les canonniers de l’Empire sont restés célèbres par leurs habitudes prophylactiques de tirer au
canon de Gribeauval, la bouche ouverte, pour équilibrer les pressions, diminuant le risque de s’as-
sourdir.
La pathologie pressionnelle traumato-sonore n’a fait que suivre depuis, l’évolution technolo-
gique plus ou moins traumatisante des armes réglementaires (le canon de 75 et son frein de
bouche, le Famas et son onde carrée de pression de crête), ou de chasse, sans oublier les instru-
ments de musique (cuivres, vents, percussions et électro-acoustiques), en concert ou enregis-
trés, amplifiés, diffusés par des procédés mécaniques, électriques, électromagnétiques,
électroniques et numérisés.
Le feu Grégeois (du latin graecus : Grec) est inventé par le chimiste Callinicus originaire d’Heliopo-
lis en Syrie vers 670. Il est constitué de naphte, de salpêtre, de soufre et de bitume. C’est un mélange
inflammable qui brûle même au contact de l’eau.Il produit une explosion très bruyante et une épaisse
fumée.
Cette invention fut capitale pour la survie de l’Empire Byzantin. Son usage est alors exclusivement
maritime (Fig. 3). Les navires Byzantins étaient redoutés, on leur donnait le nom de vaisseaux
porte-feu ou pyrophores. Un tube en plomb ou en cuivre acheminait le liquide jusqu’à la proue
d’où une gueule de lion ou un quelconque autre animal monstrueux arrosait l’ennemi de
flammes. Ce sont là les fameux « siphons » mentionnés par les chroniqueurs des guerres du
moyen âge oriental. Cette découverte vint à point nommé pour résister aux Omeyyades lors du
siège de Constantinople de 674-678. C’est elle entre autre qui permit à Constantin IV de re-
pousser l’assaillant et de prolonger la vie de l’Empire de quelques siècles.
En 1204 l’armée des Croisés met le siège devant Constantinople et enlève la ville,ruinant du même
coup le monopole grec relatif à l’utilisation du salpêtre. Or à cette époque, au début du XIIIe siè-
cle et indépendamment de ces événements, les Arabes à leur tour voient arriver chez eux la ré-
vélation des propriétés du salpêtre et de la poudre noire, toujours en provenance de Chine avec
laquelle ils entretiennent des relations depuis le VIIIe siècle. Immédiatement ils s’empressent de
les mettre en œuvre pour soutenir leurs conflits. Mais alors que les Byzantins réservaient le feu
grégeois presque exclusivement aux affrontements navals, les Arabes sauront l’utiliser dans les
batailles terrestres, notamment lors des Croisades, sous toutes ses formes possibles et imagina-
bles, souvent de façon plus spectaculaire que franchement « vulnérante ». Les Arabes, certaine-
ment les meilleurs alchimistes de l’époque, s’intéressent de très près à une fabrication soignée et
l’on pourrait dire scientifique de la poudre noire. Ils vont ainsi la porter à un degré de perfection
qu’elle restera sensiblement inchangée pendant plus de 500 ans.Leur démarche,pragmatique mais
très habile, inspirée par les préceptes de l’alchimie d’Alexandrie, consiste à n’employer que des
composés rigoureusement purifiés sinon purs. C’est principalement la préparation et la purifi-
cation du nitrate de potassium à partir du salpêtre brut qui représente l’avancée la plus specta-
culaire. Il s’agit d’un travail admirable pour l’époque qui prouve, s’il en était encore besoin, la pré-
cellence des Arabes du XIIIe siècle en matière de chimie. Grâce à lui la voie est désormais
ouverte à la réalisation de poudres non plus lentes mais vives, c’est-à-dire de véritables explosifs
déflagrants pouvant propulser des projectiles à grande vitesse dans un tube, ce que l’on appelle
pour cette raison des explosifs balistiques. C’est le début de l’artillerie de campagne.
Au fil des siècles l’évolution des armes tient d’une part à l’amélioration du système de lancement,
d’autre part au perfectionnement des projectiles et des systèmes de mise à feu.
Quand et par qui fut tiré le premier coup de canon ? Sûrement par un Arabe à la fin du XIIIe siè-
cle. Vraisemblablement par Abou-Yousouf, sultan du Maroc, en 1275. L’arme, simple tube en
bois (madfoa) lançait une grosse flèche.
Dans l’occident chrétien, le canon commence à se faire entendre en 1324 lors des sièges de Metz et
de La Réole.Il est utilisé par les assiégés dans le premier cas et les assiégeants dans le second,chaque
fois avec succès. A partir de cette date il s’associe progressivement et étroitement à l’histoire des
conflits armés au point d’en devenir le symbole.
La poudre noire déflagrante commence également à s’illustrer par une série d’explosions acciden-
telles qui reviendront avec une triste régularité, et jusqu’à nos jours avec les dépôts pour feux d’ar-
tifice en particulier.Le premier sinistre mémorable concerne la ville de Lubeck en 1360 et pulvérise
tout un quartier.Grenelle en 1794 fera plus d’un millier de morts.Dès le XIVe siècle,tout convoi de
poudre doit être précédé d’un drapeau noir afin d’inviter les populations à s’éloigner.
Ainsi, la poudre noire permit, grâce au gaz produit par la déflagration de propulser un projectile
dans un tube.La bombarde est née durant la guerre de cent ans.Elle lançait des projectiles de pierre
ou de fer.La distance de tir était faible avec une cadence limitée,ce qui la rendait plus effrayante que
réellement vulnérante. Les premiers canons étaient construits d’une manière analogue aux ton-
neaux avec des pièces de fer forgé tenues ensemble par des cerclages en fer ou parfois en cuir. Ces
tubes étaient parfois sujets à des éclatements inopinés souvent fatals pour les utilisateurs.
A la fin du moyen âge, l’artillerie de siège devient si efficace qu’il fallut repenser les techniques
de fortification.
Peu à peu, l’évolution de la métallurgie permet de construire des pièces plus solides avec l’arri-
vée du cuivre puis de l’acier autorisant une propulsion plus importante. Ces pièces évoluent éga-
lement dans le domaine de la mobilité et de la maniabilité, l’artillerie de siège laissant place peu
à peu à l’artillerie de campagne.
Distance de tir, cadence, mobilité ne cessent dès lors d’évoluer en même temps que la capacité
vulnérante des projectiles. Les premiers d’entre eux, en pierre laissèrent la place au milieu du
XVe siècle à des projectiles en fer battu, plus résistants et plus tard à des projectiles eux-mêmes
porteurs d’une charge explosive qui révolutionnèrent les techniques de combat.
Figure 4.
Ainsi, sous Louis XIII apparaissent les mortiers lançant un projectile explosif sphérique (Bombe)
dont l’utilisation n’est pas sans risques, la mise à feu du mortier et de la bombe devant se faire de
façon décalée par un seul et même homme.
Le règne de Louis XIV est marqué par une utilisation accrue de l’artillerie sous diverses formes,
parfois avec une certaine confusion mais sans évolution technologique notable.
Il fallu attendre l’apparition du Canon de Gribeauval, du nom de son inventeur pour observer
des améliorations significatives notamment avec une diminution du vent du boulet et une uti-
lisation plus rationnelle des charges de poudre. La cadence de tir est notablement accélérée, ce
qui contribue à la victoire Française de Valmy (Fig. 4). Ces canons à âme lisse vont marquer l’his-
toire de l’artillerie pendant plus d’un siècle.
Napoléon Ier fut l’un des premiers stratèges militaires à concevoir ses plans de bataille autour de
l’utilisation de l’artillerie, ce qui fut déterminant lors de la victoire d’Austerlitz (1805).
Le second empire, sous la houlette du Prince Louis Napoléon est une ère de progrès balistiques
significatifs. Le comité d’Artillerie, présidé par le Général de la Hitte (1859) propose un système Figure 5.
à canon rayé, qui se charge toujours par la bouche dont l’obus oblong (et non
plus sphérique) comprend des ailettes qui prennent les rayures. Ces pièces ont
un tir réglé pour 3 000 mètres. Trois sortes de projectiles peuvent être tirés :
l’obus ordinaire, l’obus à balles, la boîte à mitraille (Fig. 5).
Ce n’est qu’après la guerre de 1870 que l’artillerie vit son matériel se perfec-
tionner par l’adoption successive du canon de Reffye en bronze se chargeant
par la culasse (1873). Parallèlement, les projectiles évoluent vers une forme cy-
lindro-ogivale et de nombreuses études sont entreprises dans divers domaines :
métal des parois, chemises de plomb ou ceintures de cuivre, obus à fragmenta-
tion systématique, obus à parois multiples, obus à balles. Tous ces travaux
conduisent à l’adoption en 1875, d’un canon de 95 mm dû au colonel de Lahitolle. Dès 1877, des
canons de 80 mm et de 90 mm dus au colonel de Bange lui succèdent complétés par divers ma-
tériels de montage (pièce de 80 mm),de siège, de place, de côtes. Les matériels développés durant
cette décennie seront, pour la plupart, encore en service sous une forme ou une autre durant le
premier conflit mondial. Les projectiles seront progressivement adaptés aux contraintes des
conflits les plus récents.
La poudre noire a donc évolué au cours des siècles grâce aux travaux de chimistes éminents parmi
lesquels on peut citer Lavoisier et Berthollet qui permirent une utilisation plus efficace et plus sûre.
Au XIXe siècle, d’autres substances explosives apparaissent. Ainsi, la célébrité et la fortune d’Al-
fred Nobel se fonda non sur la découverte de la nitroglycérine, déjà mise en évidence avant lui
(SOBRERO en 1846) mais sur la préparation à partir de cette molécule nitrée d’un explosif uti-
lisable, la dynamite, dont l’utilisation fut davantage civile que militaire et servit largement les des-
seins de l’industrialisation.
Profitant des découvertes scientifiques du XXe siècle, l’évolution de la puissance de feu n’a cessé
de croître de façon très rapide depuis le premier conflit mondial avec la fabrication de systèmes
d’armes constamment plus perfectionnés tant dans le domaine de leur rayon d’action que de celui
de leur effet vulnérant faisant évoluer par là même les techniques et stratégies de combat.
En 1797, Klingert met au point le premier véritable scaphandre, veste et pantalon de cuir étanche,
lesté, muni d’un casque à hublots où arrivent un tuyau y injectant de l'air et un autre pour l'ex-
piration. Grâce à cet équipement, des hommes peuvent marcher au fond des mers. Son inven-
tion connaît un grand succès (Fig. 11).
Figure 11.
En 1808 Friedrich von Drieberg développe son appareil « Triton », utilisant une réserve d'air
dans le dos, reliée à la surface par un tuyau, air régénéré à la surface.
L’allemand Auguste Siebe, va améliorer ce système jusqu'à obtenir ce « scaphandre » encore uti-
lisé de nos jours sous le nom de « pieds lourds », à partir de la cloche de Denis Papin, réduite à
la taille d'un homme. Le plongeur lesté doit cependant rester absolument vertical. En 1819, il ré-
duit la cloche à une soupière et place les plongeurs dans un vêtement mono pièce étanche et
descendant jusqu'à la taille. Une veste de cuir est fixée à un masque métallique dans lequel l'air
maintient le niveau sous le menton du plongeur. Cependant, le plongeur doit encore rester à la
verticale.
En 1823 l’anglais Charles A. Dean brevète un casque à fumée, conçu pour les pompiers, que s’ap-
proprièrent les plongeurs car il tient sur la tête grâce à des plombs, les obligeant à se tenir bien
droit. Autour de 1830, les frères Dean consultent Siebe et améliorent conjointement leurs pro-
duits qui tiennent au sec le plongeur permettant de travailler sous l’eau au renflouage des navires.
En 1832, Tabarie, à Montpellier puis Junod en 1834 construisent des chambres pressurisée à 3-
4 bars pour soigner la maladie pulmonaire dominante, la phtysie. En 1836-37, Pravaz construit
à Lyon une chambre à 12 places. En 1836, parait « How to », le premier manuel de plongée de l’his-
toire, par Charles Dean.
En 1837 Seab dessine une «peau de bouc» englobant tout le corps, raccordée au casque. Le plon-
geur peut se déplacer sans perdre son gaz vital en chassant l’excédent d’air par une purge.
Les cloches de plongée en acier remplacent celles en bois plombé, sont plus grandes, multiplaces,
deviennent cubiques vers 1840. Jusqu’à 12 hommes y travaillent toute la journée construisant des
ports, des fondations de phares, des quais ou renflouant des cargaisons d'épave. A cette époque,
une nouvelle maladie frappe les travailleurs sous-marins sous forme de maux divers : paresthé-
sies, saignements, gêne respiratoire, paralysie totale ou partielle, mort inexpliquée. Le mal des
caissons est apparu.
L’exposition Universelle de Paris 1855 parait le stimulus commun à deux technologies qui vont
se rencontrer enfin. Joseph Cabirol présente cette année là son scaphandre qui suscite un grand
intérêt. Le casque, doté de quatre hublots, dispose d'un double système de sécurité, un pour l'ar-
rivée d’air, assurée par un tuyau, fixé près de l'oreille droite, une soupape permettant
une régulation manuelle, et un autre partant de la bouche dit « sifflet ». Cette combi-
naison connaît un grand succès du fait de démonstrations publiques avec des plongées
jusqu’à 45 mètres (Fig. 12).
Le Docteur Eugène Bertin publie la même année à Paris : « bain d’air comprimé », où
il décrit une chambre pressurisée cylindrique verticalisée en acier riveté, munie de fe-
nêtres, d’accès de plein pied, premier dessin des chambres thérapeutiques hyperbares.
Il est bientôt suivi par le Docteur Georg von Liebig, fils du célèbre chimiste qui
Figure 12. construira avec les Mack père et fils, entre 1858 et 1866, des chambres pneumatiques à Bad-Rei-
chenhall, chambres qui fleurissent aussi au Canada (1860) et aux USA (1861).L’aventure se pour-
suivra jusqu’en 1925 à Bad-Reichenhall avec le célèbre « Dianabad » accueillant jusqu’à 64
personnes dans cinq chambres distinctes et le spa sanatorium alfried de 56 places.
Vers 1875, en Italie, Carlo Forlanini est le premier à positionner horizontalement de luxueuses
chambres hyperbares, ancêtres de nos caissons.
Entre 1866 et 1873, Benoît Rouquayrol et Auguste Denayrouze fabriquent un nouvel équipement
avec un système d'alimentation en air dans lequel le plongeur respire grâce à un régulateur à
gaz (1864) qui lui fournit de l'air à pression ambiante et sur demande. C’est déjà le détendeur de
Cousteau et Gagnan de 1938. Pesant autour de 90 kg, ce scaphandre, stable, muni d’un large
casque à hublots avec liaison téléphonique et de semelles de plomb, inaugure l’époque des « Pieds
lourds » ou SCUBA ("Self-Contained Underwater Breathing Apparatus") dont nous avons l’image
gravée dans nos mémoires avec « Le trésor de Rakham le Rouge » de Georges Rémi (Hergé) et
qui dura jusqu’au milieu du XXe siècle.
En 1876,Daniel Kelly,dépose à Chicago le brevet d’une chambre hyperbare incluant latéralement
un sas à double entrée pour faire passer un traitement médical.
Paul Bert (1833-1886), professeur de physiologie à la faculté des sciences de Paris, démontra la
toxicité de l’oxygène hyperbare sur l’organisme et suggéra d’utiliser l’oxygène pur à la pression at-
mosphérique. Ses expériences de physiologie expérimentale (1877-1878) sur l’animal confronté
à la pression barométrique sont restées célèbres. Elles vont lui permettre de s’attaquer à la mala-
die des caissons qui touche les hommes restés trop longtemps sous l’eau, lors de la construction
des ponts et des tunnels dans leurs caissons étanches. En 1878, il en explique les causes : la toxi-
cité de l’oxygène hyperbare, la toxicité de l’air hyperbare respiré trop longtemps liée à la dissolu-
tion de l’azote dans les tissus et sa restitution sous forme de bulles à la décompression. Il conseille
le premier à regagner lentement la surface et à placer les accidentés dans les caissons de recom-
pression à l’oxygène pur. L’idée est bonne mais l’utilisation du seul oxygène pur explique les acci-
dents nombreux dus à cette méthode princeps.
Dès 1879, le chirurgien Fontaine invente la chambre hyperbare mobile favorisant la prise en
charge rapide des accidentés.
L’ingénieur Anglais C.W. Moir en 1885 note 2 % de morts par mois à New York pour la réalisa-
tion du tunnel sous la Hudson river. Une chambre de recompression sur site fait chuter les décès
à 0,1 % par mois.
En 1895, les caissons hyperbares deviennent multiplaces.
Entre 1896 et 1907, John Scott Haldane (1860-1936), un physiologiste anglais, reprend les ex-
périences de Paul Bert. Etudiant le « mal des caissons » il est l’un des premiers à mettre en évi-
dence la formation de bulles d’azotes dans les tissus et les vaisseaux durant les plongées à satu-
ration. Il détermine que le plongeur doit faire un palier à chaque fois que la pression qu'il subit en
remontant est divisée par deux. C’est le principe de toutes les tables de décompression depuis lors.
Le travail est limité à - 65 mètres et les palliers sont effectués de 3 mètres en 3 mètres, de
- 24 mètres de profondeur à - 3 mètres. En 1905, il est à la tête d’une équipe de scientifiques
qualifiés et d’officiers anglais travaillant sur la recompression des plongeurs et le sauvetage des
sous mariniers, nouvelle catégorie de victimes potentielles, depuis l’invention du sous-marin par
l’américain Robert Fulton (1800),dont Bonaparte ne voulut pas,jusqu’au célèbre sous-marin élec-
trique français de Gustave Zédé (le Gymnote) en 1888, père des suivants.
Dès 1907, les marines occidentales adoptent la table de Haldane. Avec celle-ci, la plongée devient
plus sûre donc accessible à un plus grand nombre,avant de se démocratiser grâce au système d’Yves
Le Prieur (1933), au détendeur « Aqualung » de J. -Y. Cousteau et E. Gagnan (1938) et au recycleur
DM 40 de Draeger. Les bouteilles de plongée et les caissons hyperbares deviennent deux des
fleurons de Dräger-Werke à Lübeck (1913) et de bien d’autres.
La plongée sous marine civile naquit en 1946 quand Cousteau commercialisa son invention et
la fit connaître par ses films (« Le monde du silence » 1954) et ses émissions documentaires télé-
visées. L’ère de la plongée loisir est arrivée avec la modernisation du matériel, rendant son usage
plus aisé. L’émergence de la plongée profonde aux mélanges au-delà de 100 mètres, pour le génie
civil et militaire, a conduit à une deuxième phase de démocratisation : celle des mélanges tels que
le Nitrox et le Trimix qui ont encore enrichi les possibilités de pathologie pressionnelle sous ma-
rine qu’avaient inauguré les accidents de décompression résultant de l’application de la loi de
Henry.
Le père jésuite José de Acosta décrit dès 1590 l’effet nocif de l’altitude dans les
Andes et attribue déjà le « mal des montagnes » à la raréfaction de l’air.
Le succès de la première ascension de ballon à air chaud des frères Montgolfier,
papetiers à Annonay, rayant le ciel des Ardéchois, le 5 juin 1783, entraîna un vif
désir de réaliser des vols humains.Le 19 septembre 1783,la montgolfière « le Ré-
veillon » emportant des animaux est la première expérience de physiologie aé-
ronautique.
Ce fût le physicien Messin Pilâtre de Rozier qui revendiqua l’honneur d’être le
premier aéronaute, en ballon captif le 15 octobre 1783 et en ballon libre, avec le
marquis d’Arlandes comme passager, le 21 novembre 1783, atteignant 100 m.
Toujours en 1783, Lenormand, avec la même folie, se jette d’une tour de Mont-
pellier avec un grand parapluie déployé, mais c’est André - Jacques Garnerin
qui expérimentera 14 ans plus tard le premier parachute, en se jetant d’un bal-
lon, de 1 500 m d’altitude, le 22 octobre 1797 (Fig. 13). Un des rêves tricente-
naires de Léonard de Vinci était accompli.
A la même époque, les frères Robert avaient construit un ballon à hydrogène
Figure 13.
sous la direction du physicien Charles. Ce dernier exécuta lui même une as-
cension le 1er décembre 1783, atteignant environ 2 700 mètres, altitude bien plus élevée que celle
atteinte par Pilâtre de Rozier. Il fut le premier à souffrir d’une otite barotraumatique, et attribua
avec justesse les douleurs ressenties à l’expansion de l’air en altitude.
L’année suivante, le français Blanchard construisit en Grande-Bretagne un ballon à hydrogène
similaire à celui des frères Robert. Un médecin américain, le docteur Jeffries exécuta deux as-
censions avec lui. Au cours de leur deuxième voyage, le 7 janvier 1785, ils exécutèrent la pre-
mière traversée de la Manche, de Douvres à Calais.
Pilâtre de Rozier et son ami Romain, voulant rééditer cette traversée, construisirent un ballon
mixte, à hydrogène et à air chaud, espérant ainsi régler plus facilement la force ascensionnelle. Ils
partirent de Boulogne le 15 juin 1785. Malheureusement, à une altitude de 1 000 mètres, le bal-
lon s’enflamma.Le premier aéronaute devint ainsi également la première victime de cette activité.
D’année en année, les altitudes atteintes augmentent. Au début de 1800, Robertson atteint
6 550 mètres à Hambourg et fait un récit des troubles qu’il ressentit. En 1804, Gay-Lussac et Biot
éprouvèrent aussi des malaises dus à l’hypoxie, au cours d’une ascension à 7 016 mètres, record
pour l’époque. Ils les décrivirent sous le terme de « mal de ballon ». Mais c’est Glaisher qui fit l’une
des meilleures descriptions des troubles hypoxiques dans son livre « Travels in the air » publié
en 1781.
En 1863, le docteur Jourdanet, après une série d’expéditions en montagne, arriva à la conclusion
que les troubles dus à l’altitude sont entraînés par un seul facteur : la baisse de la pression d’oxy-
gène, et introduit le terme d’anoxémie. Il proposa à son ami Paul Bert, qui s’intéressait depuis
longtemps à la physiologie de la respiration et à l’action de la pression barométrique, une étude
conjointe sur ces problèmes. Jourdanet s’est attaché à l’étude clinique des variations de pression et
de ses effets à long terme sur les populations vivant en altitude. Paul Bert a étudié en laboratoire
l’action des variations de la pression barométrique sur l’homme et l’animal. Les travaux de Jour-
danet parurent en 1875 sous le titre « Influence de la pression de l’air sur la vie de l’homme, climats
d’altitude et climats de montagne ». Les travaux de Paul Bert parurent en 1 878 sous le titre (o.c.)
« La pression barométrique ». Ce dernier ouvrage, qui comporte 1178 pages, est le premier mo-
nument de médecine aéronautique. Il est universellement reconnu que Paul Bert fut le premier
à établir les mécanismes des troubles dus aux variations de pression barométrique : dépression
atmosphérique et hypoxie, aussi bien qu’atmosphère hyperbare et hyperoxie. C’est pourquoi ce
grand physiologiste est considéré conjointement comme le père de la médecine aéronautique et
de la médecine hyperbare.
Son activité de médecin de l’air est bien illustrée par sa collaboration avec Crocce, Spinelli et
Sivel. Il les fit monter en caisson à dépression à l’altitude de 7 000 mètres et leur apprit à utiliser
l’inhalation d’oxygène pour se protéger de l’hypoxie. Ils effectuèrent ensuite, le 22 mars 1874, une
ascension à bord de « L’Etoile polaire », jusqu’à 7 300 mètres d’altitude, efficacement protégés par
l’inhalation des mélanges air-oxygène mis au point par Paul Bert. Un peu plus tard, le 15 avril
1875, accompagnés de Tissandier, ils entreprirent une autre ascension à bord du « Zénith ». Paul
Bert les avait avertis par lettre de l’insuffisance de leurs réserves d’oxygène. Mais, en raison de sa
planification, ils ne purent différer l’ascension. Ignorant le caractère insidieux de l’hypoxie, ils dé-
cidèrent d’attendre le dernier moment pour respirer de l’oxygène, afin de l’économiser. Cette dé-
cision devait leur être fatale. Tissandier a fait une narration célèbre de la catastrophe, où il décrit
de façon précise et dramatique les différents troubles qui précédèrent sa perte de connaissance
à 8 000 mètres d’altitude. Le ballon avait atteint 8 600 mètres environ.
L’inhalation d’oxygène comme moyen de protection contre l’hypoxie fut universellement adop-
tée. L’allemand Berson put ainsi atteindre 9 100 mètres en 1894.
Le physiologiste viennois Herman von Schrötter, qui était passionné par la physiologie de la
haute altitude, poursuivit les travaux de Paul Bert. Dès 1901, il conseillait l’utilisation de masques
au lieu de tubes, et calculait que la respiration d’oxygène pur ne permettait pas de dépasser l’al-
titude de 12 500 mètres. Pour aller au delà, il recommandait la construction de cabines étanches,
qui ne furent utilisées que trente ans plus tard par le professeur Piccard qui atteint en 1932 l’al-
titude de 16 201 mètres devenant ainsi l’homme le plus haut du monde.
Figure 14. L'avion III de
La « Chauve-Souris » s’envole : le développement de la médecine Clément Ader (1841-1925).
aéronautique
L’ère du plus lourd que l’air s’ouvrit réellement en 1897, avec l’avion III (Fig.
14),pour Clément Ader qui quitte le sol du plateau de Satory sur quelques
mètres,puis par le vol historique des frèresWright,le 17 décembre 1903,qui
parcourent 70 m au ras du sol, en 12 s sur le « Flyer ».
De 1903 à 1914, les records d’altitude se succédèrent rapidement. En 1913,
Legagneux atteint 6 100 m. L’allemand Œlerich atteint 8 150 m en 1914.
Les médecins ne restent pas étrangers aux progrès de l’aviation. En 1907,
Naquet fait paraître un petit opuscule sur la physiologie et l’hygiène des
aviateurs. En 1909, Flemming, en Allemagne, se penche sur la prévention
et le traitement dans les accidents d’avions.
Les bases de la Médecine Aéronautique sont par conséquent posées
lorsque, en 1914, éclate la première guerre mondiale.
Au cours des vingt années qui séparent la première et la deuxième guerre mondiale, l’aéronau-
tique connaît un essor remarquable notamment avec la naissance et le développement des Com-
pagnies aériennes qui assurent le transport du courrier, puis celui des passagers. Une telle
progression de l’aéronautique ne pouvait s’effectuer sans la collaboration des médecins et des
physiologistes.
En 1921, est créée le laboratoire d’études médico-physiologiques de l’aéronautique militaire, di-
rigé par Jean Beyne, futur médecin général, auquel sont rattachés les centres d’examens médicaux
du personnel navigant (CEMPN).
En 1936, sont réalisés des caissons à dépression mobiles.
Les expériences de physiologie en avion, se heurtent à des difficultés. En effet, en vol, tous les fac-
teurs nocifs interviennent, et il est impossible d’en faire la part respective dans les phénomènes
observés. D’où la nécessité de recréer au sol, dans des conditions bien contrôlées, les différents
facteurs d’ambiance. C’est ce qui est réalisé par les caissons à dépression, les caissons climatiques,
les centrifugeuses humaines.Au cours de cette période, l’action de l’altitude sur l’organisme reste
une des préoccupations majeures. Les chercheurs s’intéressent aux troubles provoqués par la
variation de pression barométrique dans son ensemble, sur les gaz dissous (aéroembolisme) et
sur les gaz contenus dans les cavités closes et semi-closes de l’organisme (les barotraumatismes).
Les études des effets de l’hypoxie sur l’organisme ont montré que, pour éviter les troubles qu’elle
provoque, il est nécessaire de s’opposer à la baisse de la pression partielle de l’oxygène dans les
gaz inspirés. L’une des méthodes consiste à maintenir la pression barométrique régnant dans la
cabine à une valeur suffisante pour éviter l’hypoxie. Comme von Schrötter l’avait conseillé dès
1901, on peut envisager une cabine étanche. Mais il est difficile d’obtenir une étanchéité absolue.
On se tourna donc vers la cabine pressurisée. Un compresseur prélève de l’air extérieur et une
Figure 15. Lockheed XC-35. soupape maintient la pression désirée dans la cabine. Le premier avion à cabine pressurisée opé-
rationnel, le Lockheed XC 35, vola en
1939 (Fig.15). Les données physiolo-
giques nécessaires à sa construction fu-
rent étudiées en 1937 et 1938 par H.
Armstrong et J. Heim. Le risque principal
de la cabine pressurisée est sa dépressuri-
sation rapide, voire explosive, par exemple
en cas de rupture d’un hublot. Les pre-
mières recherches sur les effets de telles
décompressions sur l’organisme furent
entreprises en France, en 1939, par P. Ber-
geret, P. Garsaux et leurs collaborateurs.
Le procédé expérimental utilisé par ces
auteurs, et qui consiste à provoquer une communication quasi instantanée entre deux caissons
à dépression, par la rupture d’une membrane de cellophane tendue entre les deux, est encore
employée de nos jours. L’autre méthode consiste à maintenir seulement la pression partielle de
l’oxygène. On peut enrichir en oxygène soit l’atmosphère de la cabine, soit les gaz inspirés four-
nis par un inhalateur. La suroxygénation de l’atmosphère de la cabine fut effectivement tentée,
mais rapidement abandonnée en raison des risques d’incendie qu’elle comporte. La protection
contre l’hypoxie par l’inhalation d’oxygène a ses limites. Même lorsque l’on respire de l’oxygène
pur, on arrive au seuil d’apparition des troubles hypoxiques vers 12 000 mètres. Pour atteindre
des altitudes plus élevées, en l’absence de cabine pressurisée, la seule solution envisageable était
l’utilisation de scaphandres aériens. Aux Etats-Unis,Wiley Post en fit construire un et aurait at-
teint 15 000 mètres en avion, en 1934. Un équipement similaire permit à l’anglais F.Adams d’at-
teindre 16 440 mètres en 1937, et à l’italien Pezzi de remporter, en 1938, le record d’altitude en
volant à 17 083 mètres. Tous ces scaphandres, en raison des techniques de l’époque, étaient in-
confortables et réduisaient considérablement la mobilité.
Les barotraumatismes au niveau des oreilles ou des sinus, si fréquents en aéronautique, firent l’ob-
jet de nombreuses mises au point. Mais ce qui marque l’évolution des études sur l’altitude à cette
époque, c’est l’intérêt porté à l’aéroembolisme. On connaissait depuis longtemps la maladie des
caissons, mais l’idée que ces phénomènes pouvaient apparaître lors du passage de la pression at-
mosphérique normale au sol à une pression diminuée en altitude n’avait guère retenu l’attention.
Les premiers travaux sont dus surtout à Jongbloed, W. Boothby, R. Lovelace et O. Benson. H.
Armstrong introduisit en 1939 le terme d’aéroembolisme.
Pendant la guerre 1939-1945, la grande majorité des avions n’étaient pas pressurisés. Les vols
au-dessus de 9 000 mètres entraînèrent donc d’assez nombreux cas d’aéroembolisme. Les cas
mortels furent rares, mais l’apparition des manifestations d’aéroembolisme entraînèrent souvent
des arrêt de missions. En raison de l’importance militaire des vols à haute altitude, des pro-
grammes d’études approfondies furent établis en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-
Unis. Un effort considérable fut entrepris pour sélectionner par des tests au caisson à dépression
le personnel le plus apte à exécuter ces vols. Ce programme permit une étude très complète du
problème, mais non sans risques. M. Adler a relevé en 1950, 150 cas de collapsus neuro-circula-
toires graves, ayant entraîné sept décès pour un million de montées fictives au caisson à dépres-
sion.
Le développement de la pressurisation-cabine amena les chercheurs à continuer et compléter les
recherches de 1939 sur l’action directe d’une décompression rapide sur l’organisme. Ce sont sur-
tout les effets de l’expansion brutale des gaz contenus dans les poumons qui retinrent l’attention
mais les cavités aériennes de la face et du crâne ne furent pas oubliées.
C’est à F. Violette que revient le mérite d’avoir établi à la fois la meilleure équation de décom-
pression et des critères de sécurité encore utilisés dans l’industrie aéronautique. Grâce aux pro-
grès technologiques,les incidents de pressurisation sont heureusement devenus exceptionnels de
nos jours. Par ailleurs, cette méthode de protection, efficace vis-à-vis de l’hypoxie et de l’aéroem-
bolisme, permet de nos jours de voyager à de confortables altitudes-cabines de 1 500 à 2 500 m.
Il ne faut pas négliger les autres types d’appareils. En ce qui concerne les hélicoptères, la com-
paraison des records d’altitude établis entre 1937, à 2 439 m et 1966 à 10 984 mètres, est parlante.
•
Chapitre II
Les traumatismes
acoustiques
II.1. Bases physiques
P. Naz, A. dancer
L'estimation des risques auditifs dépend des caractéristiques de la source mais aussi de la
propagation du signal acoustique entre la source et le récepteur (avec en premier lieu la
distance), du milieu d'écoute (réflexions, réverbération, …), et du port éventuel d'équipe-
ments de protection acoustique (bouchons, casque, …).
La grande variabilité du comportement auditif inter individus, des sources de bruit, du mi-
lieu de propagation rend difficile tout approche déterministe. Les approches statistiques
sont donc tout naturellement privilégiées et les critères réglementaires évoqués visent à
protéger x % de la population exposée.
Les conséquences du bruit sont de deux types : auditives et non auditives. Les premières
consistent généralement en des lésions auditives suite à l'exposition à des hauts niveaux
de bruit. Le risque de pertes auditives directes est principalement lié au monde du travail
(usines, chantiers, armée) ou à certaines activités de loisirs (discothèques, tir, feux d'artifice).
Les conséquences non auditives proviennent de tous les autres bruits de l'environnement
dont les niveaux et les temps d'expositions sont plus faibles (circulation, bruits internes à
l'habitation, bruits de voisinage). Elles peuvent se manifester sous forme de troubles psy-
chiques, sociaux ou physiques :
- effets physiques : lésions auditives ;
- effets psychologiques : gêne, stress, troubles du sommeil ;
- effets sociaux : difficulté de communication ;
- effets économiques : coût des soins et des indemnisations, perte de productivité ou de
performance opérationnelle.
Ce document constitue un état des connaissances scientifiques traitant des effets lésion-
nels auditifs. Il s'appuie sur les travaux effectués par l'ISL [1 à 3], par le COBRAM (comité
bruit d'armes), et par d'autres laboratoires dans le cadre de travaux de l'OTAN [4 à 5].
Pression Signal
atmosphérique acoustique
Temps
l'audible à grande distance (Fig 3). Les risques induits par l'usage d'une source acoustique (en
terme d'aspect lésionnel, de gêne, … ) seront donc toujours à rapporter à une distance d'usage.
La sensation sonore en fonction de l’intensité est représentée dans le tableau I.
Tableau I : exemple de niveaux sonores associés à des sources
de bruit continu
50 Modéré Bureau
Figure 4 : seuil d’audition pour écoute binaurale en champ libre (ISO226) et inverse de la courbe
de pondération « A ».
Fréquence (Hz)
Figure 8 : exemple de signal réel (pression enregistrée lors d’un tir de mortier)
1 kg d’explosif à 10 m 11 4,1
Missile AT 10 4
dues à une atteinte de l'oreille interne. Par contre il n’est pas certain que le risque augmente en
ce qui concerne le tympan lui-même ou encore pour les lésions pulmonaires ou gastro-intesti-
nales (pour des impulsions correspondant à des charges importantes). Le pic de surpression qui
est à l’origine de ces lésions « importantes » est le pic le plus important, qui correspond souvent à
la première onde de choc et qui n’est pas forcement modifié en espace clos.
Références
[1] Dancer A. Le Traumatisme Acoustique. Médecine/Sciences, 1991 ; 7 : 57-367
[2] Dancer A. Military studies of temporary threshold shi on protected and unprotected ears following impulse noise expo-
sure.National Hearing Conservation Conference, University of Kentucky 1992;97-102,
[3] Dancer A, Hamery P, Brom G, de Mezzo S. Dosimétrie pratique des bruits d’armes
[4] Effects of Impulse Noise, Research Study Group on the Effects of Impulse Noise (AC/243, Panel 8/RSG.6, D/9), Final Report,
NATO Brussels, Feb. 1987
[5] Richmond D, Damon E. Biomedical effects of impulse noise. Fortifikatorisk Notat NR 209/93 Sept. 1993.
[6] Probst G. Evaluation de l’audition des jeunes Français. Juillet 2000, Institut Universitaire de Médecine du Travail de Lyon
[7] Dancer A. Normes d’exposition aux bruits. Comité Consultatif de Santé des Armées : « Les effets des bruits en milieu mili-
taire », 1997, 48-78
[8] Recommandation relative à l’évaluation physioacoustique du pouvoir lésionnel des bruits, DTAT (Direction des Arme-
ments Terrestres), Mai 1983
[9] Dancer A. Status and shortcomings of military noise standards.in: Noise-Induced Hearing Loss, Eds. A. Dancer, D. Hender-
son, R. Salvi and R.P. Hamernik, Mosby Year Book, Philadelphia and Toronto, 1991
[10] MIL-STD-1474D [1997]. Department of Defense. Design criteria standard: Noise limits, AMSC, A7245.
[11]Dancer A, Franke R. Hearing Hazard from Impulse Noise: a comparative study of two classical criteria for weapon noises
(Pfander criterion and Smoorenburg criterion) and the LAes8 method. Acta Acustica, 1995, 539-547
[12] Chan PC.Evaluation of Impulse Noise Criteria Using Human Volunteer data. International Military Noise Conference, Bal-
timore, Maryland, USA, April 24-26, 2001
[13] Dancer A. Proposal for a new Damage Risk Criterion for Impulse Noise. International Military Noise Conference, Balti-
more, Maryland, USA, April 24-26, 2001
[14] Price D, Kalb J. Auditory Hazard Assessment Algorithm. A.P.G. (www.arl.army.mil/hred/AHAAH)
[15] Consignes et instructions relatives à l’enregistrement et à l’exploitation des bruits d’armes et des bruits de détonation, ISL,
WTD 91, DGA/ETBS, 10/04/1995
[16] International Test Operations Procedure (ITOP) 4-2-822, 25 September 2000. FR/GE/UK/US Elektronic Measurement of
Airblast Overpressure
[17] ISO 1999, Acoustics - An Estimation of Noise-Induced Hearing Impairment [2nd edition, 15/01/1990]
[18] Directive 2003/10/CE du Parlement Européen concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à
l'exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (bruit), 6 février 2003
[19] Technical Notice: Environmental Noise (http://www.bksv.com)
[20] Lignes isosoniques normales (Norme ISO 226:2003)
II.2. Physiopathologie de
la surdité liée au bruit
M. Tomasi, M. Gal
L’exposition, accidentelle ou non, aux bruits continus (concerts, bruits industriels) et/ou
aux bruits impulsionnels uniques (bruits d’armes) ou répétés (bâtiment, industrie) peut
mettre en péril l’audition et être responsable de lésions définitives de l’oreille interne,
même pour une exposition unique. Les mécanismes lésionnels différent selon le type de
bruit et sont de deux types: mécaniques et métaboliques. Les lésions mécaniques sur-
viennent lorsque les mouvements de la membrane basilaire sont excessifs et dépassent
les possibilités physiologiques entraînant le détachement des cils de la membrane tecto-
riale, des lésions ciliaires, des ruptures membranaires. Les lésions métaboliques survien-
nent par plusieurs mécanismes :
- flux ioniques de potassium ou de calcium ;
- ischémie/reperfusion ;
- excitotoxicité par excès de libération de glutamate et production de radicaux libres dé-
bordant les capacités antioxydantes.
Tous ces mécanismes lésionnels conduisent à la mort cellulaire plus ou moins rapidement
par nécrose et/ou apoptose. Le rôle respectif de ces différents mécanismes lésionnels selon
le type de bruit traumatisant est inconnu. Classiquement les bruits impulsionnels sont
pourvoyeurs de lésions mécaniques [41] mais la découverte d'exacerbation lésionnelle
post traumatique est en faveur de lésions métaboliques secondaires quel que soit le type
de bruit traumatisant [37].
Ces traumatismes sont responsables de surdité, de troubles de la compréhension et/ou
d’acouphènes, ces derniers étant souvent très mal acceptés par les patients.
Enfin ces troubles seront à l’origine de pensions d’invalidité conséquentes, tant civiles que
militaires.
Figure 1 :
A : Section transversale d'un organe de Corti normal. Les zones de vulnérabilité aux sons forts sont marquées en rouge.
B : Photographie au microscope électronique à balayage de stéréocils d'une cellule ciliée externe normale.
C et D : Photographies au microscope électronique à balayage de stéréocils d'une cellule ciliée externe après exposition au bruit.
E : Piliers de Corti externes normaux.
F: Piliers de Corti externes 15 minutes après exposition à un bruit impulsionnel.
G : Jonction cellule ciliée interne- fibre nerveuse auditive normale.
H : Forme extrême de pathologie induite par l'acide Kainique identique à l'excitotoxicité induite par le bruit.
I : Capillaire normal de la strie vasculaire.
J : Un canal avasculaire.
d'après: Henderson: Ear Hear, Volume 27(1). February 2006.1-19
neurones suppléant les CCI. Une dégénérescence rétrograde des neurones cochléaires peut
être due à une lésion irréversible des dendrites afférents associés aux CCI. Cette conclusion
semblait logique pour Rask-Andersen mais une autre étude [115] a montré que les fibres af-
férentes des CCE étaient démyélinisées et supplées par un nombre relativement restreint de
fibres auditives. De plus certaines études expérimentales [24] ont mis en évidence le fait que
la perte des CCE entraînait un effet limité sur la dégénérescence rétrograde des neurones
cochléaires afférents mais que cela pouvait induire une dégénérescence rétrograde des fibres
efférentes.
Introduction
En 1993, Dancer [15] a montré que l’oreille interne, au sein du système auditif est la plus sen-
sible aux bruits puissants continus ou impulsionnels. A l’intérieur de celle-ci se trouvent les
structures sensorielles qui transforment les stimulations acoustiques en influx nerveux et qui
peuvent être détruites très rapidement.
En 1984, Hamernik [35] a étudié l’organe de Corti de chinchillas exposés à un bruit impul-
sionnel de 160 dB SPL. Il existait une complète séparation, sur une zone de 5 à 7 mm, entre les
cellules ciliées externes, les cellules de Deiters, les cellules de Hensen et la membrane réticulaire.
Quant aux cellules ciliées internes de la même zone, elles ne présentaient pas d’anomalie.
L’étude des lésions mécaniques de l’oreille interne par traumatisme sonore passera donc en
revue les différents éléments anatomiques de cette structure.
grandeur. Ces déplacements excèdent donc la résistance mécanique des structures et condui-
sent à leur destruction : le traumatisme sonore est alors dans ce cas d’origine purement mé-
canique.
Bohne [4] a mis en évidence des discontinuités de la lame réticulaire après stimulations
acoustiques, déchirures qui peuvent être responsables de troubles intermittents de la fluidité
du liquide labyrinthique, de relargage d’endolymphe, riche en potassium, dans la cortilymphe
aggravant la dégénérescence des cellules sensorielles. Ces conditions peuvent impliquer
qu’une zone lésée par le bruit, sans CCE ni cellules de soutien puisse être plus vulnérable
aux stimulations acoustiques et vibrations mécaniques excessives. Ceci peut-être dû, non
seulement à une réduction des résistances intercellulaires dans la lame réticulaire, mais éga-
lement à une diminution de la stabilité et de la rigidité de tout l’organe de Corti, résultat
d’une perte des cellules ciliées et des cellules supports.
Certains auteurs se sont intéressés aux propriétés mécaniques des CCE et des stétéocils lors
de l’exposition traumatosonore. Selon Saunders [110] leur rigidité serait modifiée à la suite
d’une sur-stimulation acoustique. Liberman [63] a mis en évidence le fait que dans la fatigue
auditive, il existait, sur le plan anatomique, une diminution de la longueur des cils, phéno-
mène réversible avec le repos auditif. Pickles [91] a étudié les connections entre les stéréo-
cils et a émis l’hypothèse de leur intervention dans les processus de transduction, la rupture
de ces connections après TSA ayant été constatée au microscope électronique. De ce fait il
existerait une diminution des contraintes responsables de l’ouverture des canaux ioniques,
donc une diminution du nombre de canaux actifs, donc de la dépolarisation des cellules.
Enfin concernant la résistance des cils aux contraintes mécaniques, sur le plan physique on
sait qu’au-delà d’une certaine limite la relation entre l’allongement et la contrainte devient
non linéaire, puis la rupture de la structure intervient. Il est probable que pour les cils, il en
est de même, ainsi pour des bruits impulsionnels et /ou très élevés une seule déflexion dé-
passant la limite de rupture serait suffisante pour détruire la structure. En revanche, pour
des stimulations sonores moindres, la limite d’élasticité n’étant pas atteinte, ce seraient la
durée et la répétition des expositions qui amèneraient à des ruptures par fatigue [14].
Plus récemment en 2006, Henderson et al. [43] ont réalisé une synthèse des lésions méca-
niques de l’oreille interne exposée au bruit :
La figure 1A est un schéma de l’organe de Corti montrant les points de vulnérabilité les plus
importants en rouge, les stéréocils étant représentés sur la figure 1B.
La figure 1C montre que les stéréocils peuvent être détruits, fusionnés , ou que leur extrémité
peut être couchée, fracturée comme l’ont décrit de nombreux auteurs [62,117]. De plus, la di-
minution de la perméabilité des canaux de transduction protéiques dans la membrane cel-
lulaire enveloppant les stéréocils est responsable d’une diminution de la réactivité mécano-
électrique des cellules cochléaires [86].
Les extrémités des stéréocils des CCE peuvent être également déplacées de leur point d’in-
sertion sur la membrane tectoriale, responsable d’une perte de sensibilité. Les TTS seraient
partiellement la conséquence des lésions puis de la réparation des stéréocils.
Sur le plan mécanique et histologique, les cellules ciliées externes (CCE) seraient les plus
sensibles aux traumatismes sonores et les premières détruites [15], les plus fragiles étant
d’abord les plus externes. Les cellules ciliées internes sont relativement protégées des lésions
mécaniques car leur stimulation dépend du fonctionnement des cellules ciliées externes. En
effet, les CCE ont pour rôle d’ amplifier sélectivement les vibrations mécano-acoustiques près
du seuil, d’un facteur 100 environ, soit 40 dB grâce à leur capacité de contraction rapide, et
de permettre ainsi l’excitation des CCI. Pour une fréquence donnée, responsable de la vibra-
tion en phase d’une portion de membrane basilaire, seules quelques cellules ciliées externes
se contracteront à la fréquence du son stimulant, induisant un mouvement liquidien dans la
lymphe subtectoriale et donc la stimulation des cellules ciliées internes. Lorsque les CCE et
leurs stéréocils sont lésés, la stimulation des cellules ciliées internes (CCI) ne se fait plus que
par l’intermédiaire des seuls mécanismes passifs, d’où leur relative préservation aux lésions
mécaniques. Cliniquement ceci se traduira par une élévation des seuils de l’ordre de 40 dB,
une perte de sélectivité fréquentielle, des phénomènes de recrutement et des troubles de
compréhension dans le bruit [14].
Un autre élément surprenant est rapporté par Rask-Andersen, montrant des changements
notables au niveau des cellules de support. En dépit d’une importante ou totale perte des
CCE, les cellules de Deiters sont préservées. Les fibres efférentes et afférentes semblent asso-
ciées aux cellules de Deiters, qui peuvent obtenir une suppléance trophique ou un support
métabolique plus important par dégénérescence rétrograde. Une autre explication pourrait
être que les fibres nerveuses cheminent sur de longues distances en spirale avant de réaliser
des synapses au niveau des CCE. Enfin Nadol et Burgess [71] ont évoqué l’hypothèse selon
laquelle un certain nombre de neurones pourraient innerver les cellules de Deiters. De même
les fibres basales, qui représentent les suppléances afférentes des CCE, peuvent être observées,
associées aux piliers externes. Ces découvertes avalisent donc les travaux de Susuka [114] en
faveur d’une corrélation entre la préservation des fibres nerveuses radiales au niveau de la
lame spirale et la présences des piliers et des cellules de Deiters. De ce fait Rask-Andersen
[105] émet l’hypothèse que les nerfs puissent être significativement lésés alors que les cellules
de support ne le sont pas.
Selon Henderson [41], la cochlée étant un analyseur mécanique qui code les fréquences en
une organisation tonotopique, sa structure mécanique et son impédance sont primordiaux
afin de maintenir la représentation fidèle des vibrations sonores le long de la partition coch-
léaire.
Des lésions des cellules piliers ont été observées après des bruits impulsionnels et après des
expositions à de hauts niveaux de bruits industriels. La perte des cellules piliers intervient sur
l’impédance locale des vibrations. En conséquence les vibrations mécaniques de l’organe de
Corti peuvent être perturbées par la perte de piliers [108]. De plus la perte de ces piliers peut
également contribuer à une perte de CCE.
Lésions vasculaires
La cochlée est richement vascularisée au niveau du ganglion spiral et le long du mur latéral
(strie vasculaire et ligament spiral). Les bruits puissants peuvent entraîner un œdème brutal
de la strie vasculaire, œdème qui est associé à une perte des cellules intermédiaires de la strie
vasculaire [121]. L’œdème se résorbe progressivement mais la perte des cellules intermédiaires
est irréversible [47]. Aussi la taille globale de la strie vasculaire diminue à long terme, résultat
de l’exposition au bruit.Associée aux lésions de la strie vasculaire, existe une réduction des po-
tentiels endocochléaires [53].Après des expositions aux bruits puissants, les modifications des
potentiels endocochléaires peuvent être permanentes mais sont nettement localisées au ni-
veau des zones de lésions des CCE et des stéréocils. Ces changements, même s’ils sont défini-
tifs, ne semblent pas avoir un impact majeur sur les surdités liées au bruit [47].
En partie associée avec la lésion des vaisseaux du mur latéral, l’exposition à un haut niveau
de bruit peut être responsable d’une réduction du flux sanguin cochléaire. L’ampleur des
effets du bruit sur ce flux apparaît être largement influencée par la durée et l’intensité de l’ex-
position au bruit [52, 61, 90, 93, 112, 125]. Toute réduction de la vascularisation cochléaire,
même si elle est transitoire, peut entraîner des lésions vitales du tissu cochléaire. La figure 1I
montre un paquet capillaire normal avec des hématies. Après une exposition au bruit, les ca-
pillaires de la strie vasculaire peuvent paraître vides.Après plusieurs jours, certains, parmi ces
capillaires lésés, peuvent dégénérer laissant des canaux dévascularisés. La diminution de la
vascularisation cochléaire peut être un facteur de surdité liée au bruit.
Lésion métaboliques
En cas de sur-stimulation liée à l'excès de bruit, la dépolarisation post synaptique est pro-
longée ce qui libère l'ion Mg2+ qui bloquait le récepteur NMDA. Ce récepteur possède une
cinétique lente, une forte perméabilité au calcium et est responsable de l'excitotoxicité. Sa
stimulation excessive conduit à une entrée massive de calcium intracellulaire à l'origine d'une
cascade d'évènements métaboliques incluant déséquilibre ionique, formation de ROS et NO,
activation d'endonucléases et altérations mitochondriales avec chute de la production d'ATP
et destruction cellulaire par nécrose et/ou apoptose (Fig. 3).
Après un traumatisme sonore ou une ischémie se produit une phase aiguë d'excitotoxicité sur
les dendrites des neurones de type 1: le bouton dendritique éclate et quelques reliquats de
membrane postsynaptique subsistent. La terminaison efférente est intacte. Dès le premier
jour après le choc excitotoxique, des filopodes recontactent la cellule ciliée interne. 5 jours
après le choc excitotoxique, la dendrite a repoussé, la synapse est normale et le potentiel coch-
léaire a récupéré [96, 102]. Des chocs excitotoxiques répétés peuvent dégrader ce mécanisme
de régénération et entraîner la destruction du neurone ganglionnaire. Après de fortes expo-
sitions sonotraumatiques, on retrouve une dégénérescence rétrograde des fibres nerveuses af-
férentes du VIII, une destruction des cellules du ganglion spiral et un changement
morphologique des voies auditives centrales [70].
Les radicaux libres dérivés de l'oxygène font partie d'une vaste classe de molécules oxygénées :
(Reactive Oxygen Species : ROS). Les radicaux libres sont des molécules qui possèdent un
électron non apparié dans une orbitale et sont capables d'extraire un électron des molécules
voisines pour combler la vacance de leur orbitale. Les radicaux libres sont les sous produits
des réactions d'oxydation et de réduction. Ces molécules ont une forte capacité d'interac-
tion en captant des électrons de molécules stables qu'elles peuvent ainsi déstabiliser. Les ra-
dicaux libres provoquent des dégâts cellulaires et tissulaires, particulièrement sur les
protéines, les lipides et l'ADN. La réduction de l'oxygène moléculaire en eau fait appel à des
réactions d'oxydo-réduction qui donnent naissance à des composés radicaux libres inter-
médiaires. La phosphorylation oxydative a lieu dans les mitochondries où les radicaux li-
bres sont fortement liés. Certaines molécules (tel le peroxyde d'hydrogène entrant dans la
catégorie des ROS) peuvent générer des radicaux libres très actifs.
Principaux radicaux libres impliqués dans le stress oxydatif :
- Anion superoxide (O2-) : oxygène moléculaire possédant un électron additionnel non ap-
parié. Il peut être transformé en radicaux hydroxyl ou peroxynitrite beaucoup plus actifs.
- Peroxyde d'hydrogène (H2O2) : ROS peu puissant mais qui peut être converti en dangereux
radical hydroxyl.
- Radical hydroxyl (OH•) : ROS très puissant qui apparaît dans les réactions entre le peroxyde
d'hydrogène et les molécules d'ions ferreux (Fe3+) : réaction de Fenton. Les cations d'ions fer-
reux sont présents dans les cellules et peuvent, à la mort cellulaire, diffuser dans les espaces
extra cellulaires générant des radicaux hydroxyl (Tab. 1).
- Peroxynitrite (ONOO°¹ˉ) : puissant oxydant produit d'une réaction entre l'anion superoxide
et l'oxyde nitrique (NO°) endogène. Le peroxynitrite est cytotoxique et oxydant pour les ré-
sidus méthionine, les thiols et les thio éthers. Il forme avec la superoxyde dismutase (SOD)
un intermédiaire de type nitronium qui nitrate les résidus tyrosine et peut léser les récepteurs
tyrosine kinases.
Tableau 1 : schéma montrant la formation de radicaux libres actifs à partir de réactions impliquant divers ROS :
Mitochondrie Fe+² Fe³+ OH° + OHˉ Haber et Weiss proposaient l'équation suivante:
Cycle de Krebs (réaction de Fenton) H2O2 + Fe2+ ===> Fe3+ + °OH + OH- (1)
e SOd La régénération de Fe2+ fut confiée à l'anion superoxyde qui réduit
Ο2 Ο2°ˉ H2O2 Fe3+.
Réactions + Ο2°ˉ Ο2 + OH° + OHˉ Pour les générations de chercheurs suivantes, l'équation (1) devien-
Enzymatiques (réaction d'Haber Weiss) drait la réaction de Fenton.
Le cycle de Fenton : H2O2 est réduit par le fer ferreux, libérant OH°.
Fe3+ est réduit en Fe2+ par l'anion superoxyde, et le cycle continue.
Dans les mitochondries : le superoxyde est une molécule intermédiaire qui intervient dans le cycle de KREBS et la chaîne de transport des électrons. dans
le fonctionnement normal, ces molécules sont rapidement neutralisées et converties en O2, CO2 et H2O. En condition d'hyperactivité métabolique les mo-
lécules de superoxyde peuvent passer dans le cytoplasme et s'accumuler dans la cellule.
Des réactions enzymatiques : la xanthine oxydase et NAdPH oxydase catalysent les réactions des ions hydronium (H˙) avec l'oxygène moléculaire (O2) en
créant des anions superoxydes.
L'ischémie\reperfusion : durant une période d'ischémie, les cellules en déficit d'oxygène sollicitent le métabolisme mitochondrial produisant l'accumula-
tion de superoxyde. A la restitution du flux sanguin (reperfusion), l'arrivée de grande quantité d'oxygène conduit à la formation de plus en plus de super-
oxyde et à des interactions O2 et superoxyde produisant des ROS.
L'excitotoxicité : l’hyperproduction de glutamate entraine un hypermétabolisme aérobie oxydatif dans les mitochondries et donc la formation de super-
oxyde qui réagit avec le monoxyde d'azote (NO).
Les flux ioniques : l'entrée massive de calcium résultant de micro lésions cellulaires mécaniques ou de l'atteinte des protéines régulatrices du calcium ac-
tive des cascades moléculaires comportant l'activation de la phospholipase A2, de la xanthine oxydase avec formation de superoxyde et de monoxyde
d'azote (NO) et ses dérivés par activation de la calmoduline et de la NO synthase (NOS).
Catalase
La superoxyde dismutase (SOD) : C'est le premier et le plus important des La vitamine E : Le principal est l'α tocopherol. Elle est liposoluble et locali-
antioxydants. Il existe trois métalloenzymes qui catalysent la dismutation de sée dans les membranes biologiques à la surface des lipoprotéines. Elle s'op-
l'anion superoxyde (Ο2˙ˉ) : pose à la réaction en cascade de peroxydation lipidique et à la destruction
- SOD1 (Cuzn-SOd) cofacteur cuivre zinc, homodimérique, cytosolique. des membranes cellulaire.
- SOD2 (Mn-SOd) cofacteur manganèse, homotétramérique, dans la mito-
chondrie. Glutathion (GSH) : tripeptide formé de glycine, cystéine et glutamate.
- SOD3 (Ec-SOd) extracellulaire, homotramérique, présentant une affinité - β carotene
pour l'héparine. - Retinol
- Oligo-éléments (Se, Cu, zn)
Glutathion peroxydase (GPX) : localisée dans le cytosol et la matrice mito- - Acide urique (métabolisme des purines)
chondriale. Responsable de la dégradation des peroxydes organiques et du - Composés à groupement thiol (-SH)
peroxyde d’hydrogène. Son cofacteur est le sélénium. - Vitamine C
• Autres :
Les mitochondries sont des organites intra cellulaires qui sont responsables de la production d'énergie
grâce à des réactions de phosphorylation oxydative qui consomment du glucose et de l'oxygène. Le pro-
cessus se déroule en trois phases. dans chaque phase des molécules d'adénosine diphosphate (AdP) ont
un troisième phosphate ajouté produisant de l'adénosine triphosphate (ATP). Chaque addition de phos-
phate est appelée phosphorylation. Ce processus stocke une grande quantité d'énergie dans chaque mo-
lécule d'ATP. La conversion d'ATP en AdP par perte d'un phosphate libère cette énergie pour le
fonctionnement de la cellule.
2) le cycle de Krebs : une série de réactions utilise les électrons du pyruvate pour produire de l'ATP à partir d'AdP et des molécules de NAdH à haute énergie.
3) La chaîne transporteuse d'électrons : étape finale de la respiration où l'état d'énergie des électrons du NAdH est réduit dans une suite de réactions
avec des molécules intermédiaires. de nombreuses molécules d'ATP sont produites. L'anion superoxide (dérivé d'une molécule d'oxygène) est un trans-
porteur intermédiaire d'électrons. Une production excessive de superoxide à partir de la chaîne de transport d'électrons survient lorsque les réactions de-
viennent inefficaces par excès de demande métabolique dans la mitochondrie ou par carence en oxygène.
L'apoptose peut être déclenchée par fixation d'un ligand à des récepteurs cellulaires spécifiques (JNK ou Src PTK par exemple) soit par des agents ex-
ternes ou internes générateurs de stress cellulaires ou de lésions mitochondriales (ROS par exemple). La mitochondrie joue un rôle essentiel dans ce
processus.
L'apoptose fait intervenir une succession de réactions enzymatiques qui mettent en jeu une cascade de caspases jusqu'au niveau du noyau où une en-
donucléase est activée et provoque la dégradation de l'AdN. A chaque étape, de nombreux mécanismes de régulation interviennent pour freiner ou ac-
e. tiver ces processus. La perméabilisation de la membrane externe de la mitochondrie entraîne la libération de cytochrome c de l'espace inter membranaire
de la mitochondrie vers le cytosol. Le cytochrome c se lie avec plusieurs protéines et la procaspase 9 pour former l'apoptosome . Ce complexe activé va
s acquérir une fonction enzymatique et activer les autres caspases à l'origine de la cascade enzymatique aboutissant aux différents substrats de l'apop-
- tose (dégradation des lipides membranaires, des protéines et de l'AdN). Ce processus d'activation de la voie finale des caspases à partir de la mito-
- chondrie dure environ 10 minutes mais la mort cellulaire par apoptose demande plusieurs heures [32].
La mort cellulaire peut survenir par deux processus différents : la nécrose et /ou l'apop-
tose.
La nécrose est un mécanisme passif survenant après une forte agression cellulaire méca-
nique ou chimique. Il se produit un œdème cellulaire avec rupture de la membrane plas-
mique et dissémination du contenu de la cellule entraînant une inflammation des tissus
environnants.
L'apoptose est un mécanisme actif consommant de l'énergie et très bien régulé. Elle met en
jeu l'activation d'une famille d'enzymes spécifiques : les caspases. Les caspases sont des en-
zymes appartenant à la famille des protéases spécifiques des cystéines-aspartates (Cysteine as-
partate specific proteinase).
A l'inverse de la nécrose, la cellule apoptotique subit une condensation avec conservation de
sa membrane plasmique intacte, une fragmentation avec formation de corps apoptotiques et
nécrose secondaire. La cellule apoptotique se détache de ses voisines sans réaction inflam-
matoire et sans dommage aux tissus environnants. L'apoptose se caractérise aussi par l'ex-
position à la surface de la membrane de phosphatidylsérines qui déclenche la phagocytose
par d'autres cellules.
L'exposition sono traumatique est associée à la libération de cytochrome c des mitochondries
et à l'activation des caspases (cf. Fig.4) [50]. D'autres signaux intrinsèques tel l'hyperproduc-
tion de ROS et des signaux extrinsèques comme la perte des jonctions cellulaires, des facteurs
toxiques solubles péri cellulaires, peuvent déclencher l'activation des caspases. Des récepteurs
spécifiques de l'apoptose, sensibles au stress cellulaire, sont stimulés par l'exposition à un bruit
traumatisant : c-Jun NH2-terminal kinase (JNK) [92, 122] et Src protein tyrosine kinase sen-
sible également à la perte d'attachement cellulaire [28,49] et au stress métabolique [38].
La mort des cellules ciliées est constatée jusqu'à 30 jours après exposition sonotraumatique
[4, 36].
L'exposition à un bruit intense déclenche simultanément les deux mécanismes de mort cel-
lulaire des cellules ciliées externes dans la cochlée. L'apoptose est le mécanisme prépondé-
rant au stade précoce (J 1) tandis que les jours suivants ( J 4 à J 30) les lésions nécrotiques et
apoptotiques sont équivalentes [129].
Les bruits impulsionnels, peuvent entraîner des lésions de la cochlée par l’intermédiaire d’un
traumatisme mécanique direct, de la même façon que les situations pathologiques décrites
plus haut. Selon l’intensité des bruits impulsionnels, l’organe de Corti peut se déchirer par
rupture de la membrane basilaire. Les piliers et les cellules de Hensen peuvent être détruits,
ou leur contribution structurelle dans l’organe de Corti compromise. De plus les jonctions
cellulaires entre les cellules ciliées, les cellules de Deiters et les cellules de Hensen peuvent être
détruites [36]. Encore plus intéressant, les lésions des cellules ciliées, immédiatement après
l’exposition au bruit impulsionnel, peuvent être relativement minimes, mais ensuite s’ag-
graver durant une période de 2 à 30 jours après l’exposition au bruit. La raison du dévelop-
pement prolongé des lésions a été attribuée à un nombre important de phénomènes
pathologiques, dont l’entrée d’endolymphe par l’intermédiaire des trous de la lame réticu-
laire, vers la corticolymphe où baignent les CCE [1,4].
Sendowski [111] a également étudié histologiquement les cochlées de cobayes exposés aux bruits
impulsionnels. La gravité des lésions est variable et s’échelonne de quelques pertes de CCE jusqu’à
disparition complète des 4 rangées de cellules ciliées. Quelque soit le niveau lésionnel, les CCI
sont toujours mieux préservées que les CCE, avec parfois une disparition totale des CCE sans
atteinte des CCI. Enfin des zones très lésées peuvent côtoyer des zones qui le sont beaucoup
moins. En microscopie électronique, dans les zones où les CCE ont été détruites et où per-
sistent les CCI , il existe des touffes ciliaires anormales, avec des cils en partie fusionnés et des
ponts intercellulaires rompus. Enfin les zones gravement atteintes sont le siège de lésions des
cellules de soutien. Sendowski évoque plusieurs raisons pouvant expliquer le fait que les CCI
soient plus épargnées que les CCE dans le cadre des bruits impulsionnels : les CCI sont mieux
enveloppées par les cellules de soutien, positionnées centralement par rapport aux CCE, donc
moins soumises aux oscillations liées au bruit, et leurs cils ne sont pas amarrés dans la mem-
brane tectoriale.
Bruits industriels
Rask-Andersen [105] a étudié une portion de cochlée humaine exposée aux bruits industriels
et a montré qu’une grande majorité de CCE étaient détruites, mais seulement quelques CCI.
Les cellules de Deiters et les piliers étaient présents mais les piliers externes en collapsus. Ces
cellules étaient physiquement liées avec de nombreux neurones intègres ce qui peut laisser
supposer que ces cellules ne vont pas dégénérer en dépit de la diminution des cellules ciliées.
Dans la zone étudiée, 45 % des fibres nerveuses étaient démyélinisées et la structure du gan-
glion spiral suppléant la zone lésée apparaissait normale avec une perte minimale de petites
et grandes cellules ganglionnaires. Enfin, la lame réticulaire présentait des déchirures, sug-
gérant qu’il existe une résistance moindre aux impacts mécaniques. Ceci peut être important,
considérant que le risque de lésions induites par le bruit, telles des ruptures, peut causer des
relargages de liquide labyrinthique riche en potassium dans l’organe de Corti et léser da-
vantage les cellules sensorielles.
Le bruit peut léser la plupart des populations cellulaires de la cochlée, mais les CCE sont les
plus atteintes. Les CCE du tour basal de la cochlée sont les plus vulnérables et sont détruites
en premier lieu, même lors d’une exposition à une large bande sonore. Sur le plan fonction-
nel, la perte des CCE est responsable d’une élévation des seuils de l’audition (élévation de
40 à 60 dB lorsque seules les CCE manquent). Le modèle classique de perte récente de l’au-
dition est un scotome de 30 dB centré sur le 4 000 Hz, conséquence d’une lésion des CCE.
Toutefois, en cas d’expositions plus sévères, cela aboutit à la mort des CCI , une diminution
des fibres nerveuses auditives et des lésions de la strie vasculaire.
L'hypoxie accroît la perte auditive sur toutes les fréquences au-dessus de celles du bruit trau-
matisant [10].
Le tabagisme constitue un facteur de risque potentialisant la perte auditive liée au bruit dans
les études épidémiologiques [5, 26, 124].
Le cyanide d'hydrogène [22] et l'acrylonitrile [23] potentialisent la perte auditive liée au
bruit.
Le toluène, utilisé dans les peintures,[57] et le monoxyde de carbone [21] aggravent la perte
auditive liée au bruit.
L'hypothermie [44] et l'acclimatation préalable à la chaleur [87] ont un effet protecteur sur
la perte auditive liée au bruit alors que l'hyperthermie l'aggrave [44].
Le déficit en magnésium augmente la perte auditive liée au bruit chez l'homme [56], sur des
animaux exposés à un bruit continu [54] ou impulsionnel répétitif [19].
Le déficit en magnésium accroîtrait la perméabilité des canaux calciques des cellules ciliées
avec pour conséquences afflux de calcium, augmentation de libération de glutamate dans la
fente synaptique et hyper stimulation des récepteurs NMDA des fibres nerveuses [8].
Le rôle protecteur du système efférent sur la perte auditive liée au bruit chez l'homme a été
mis en évidence depuis longtemps [11]. Le système efférent a un effet tonique sur l'organe de
Corti, son activation réduit la réponse du nerf cochléaire [123]. Le système efférent latéral
inhibe l'activité du neurone afférent sous la cellule ciliée interne et le protège des effets de
l'excitotoxicité [29, 30]. Mais ce n'est que récemment que l’action du système efférent dans
le conditionnement au bruit a pu être démontrée. Le conditionnement sonore (exposition
préalable à un bruit non traumatisant) augmente l’activité de la tyrosine hydroxylase (en-
zyme clé pour la synthèse de dopamine) dans les neurones efférents latéraux sous la cellule
ciliée interne et protège du traumatisme sonore. [73]. Il existe une modulation centrale dans
l'olive supérieure latérale et les régions péri-olivaires [74].
L'effet aggravant du système sympathique sur la perte auditive liée au bruit a été montré par
plusieurs auteurs. Il existe une modification de la sensibilité cochléaire au traumatisme so-
nore lors de l'anesthésie ou d'une sédation.[31,48]. L' activation du système sympathique se-
rait responsable de l'altération du flux sanguin cochléaire. La sympathectomie chimique ou
chirurgicale réduit la susceptibilité au bruit [46] augmente le flux sanguin cochléaire et ré-
duit le TTS [45].
Modèle central
Une perte auditive après traumatisme sonore produit des changements dans le cortex audi-
tif qui sont supposé induire un acouphène [77,109]. Les neurones ayant une fréquence ca-
ractéristique dans la zone fréquentielle de la perte auditive acquièrent une fréquence
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Incidence et anamnèse
La population militaire est particulièrement exposée aux TSA, notamment lors des tirs et
des exercices d’entraînement [9, 21, 35]. Malgré la généralisation de mesures de prévention
individuelle, la fréquence de ces accidents cochléaires reste élevée dans l’armée française avec
plus de 1 000 cas déclarés par an en 2004 et 2005. Rapportée à l’effectif total de la population
militaire, l’incidence des TSA dépasse 3 cas par an pour 1000 personnels [45]. Une arme à
feu est en cause dans plus de 84 % des cas [45].
Dans la population civile, les circonstances traumatisantes apparaissent plus variées, bien
qu’aucune donnée épidémiologique précise ne permette d’évaluer la fréquence des TSA. L’em-
ploi d’armes à feu avec la pratique de la chasse, du tir sportif, du ball-trap, l’utilisation de pé-
tards, voire d’artifices pyrotechniques, demeurent des étiologies bien connues. Mais chez les
sujets jeunes, la musique amplifiée (discothèques, concerts en salle ou en extérieur) semble
être souvent mise en cause. Les concerts rock ou pop sont responsables des deux tiers des
TSA par exposition à des niveaux élevés de musique amplifiée [25]. Les enfants sont égale-
ment concernés par les TSA avec notamment l’usage de pétards et de jouets simulant des
armes à feu dont les effets sur l’audition sont comparables à ceux observés chez l’adulte avec
des armes réelles [40].
Signes fonctionnels
Les acouphènes
Ils sont quasi-constants dans les TSA et représentent le symptôme d’appel majeur [27, 28, 41,
43]. Ils sont décrits comme de timbre aigu et sont volontiers continus du moins initialement
après le traumatisme, pouvant devenir intermittents secondairement. Leur intensité, lorsqu’elle
est chiffrable, varie de 5 à 15 dB et a tendance à diminuer avec le temps [41]. Ils sont masqués
II.3 - ASPECTS CLINIqUES - II.3.1 - TRAUMATISMES SONORES AIGUS - J-B. NOTTET, A. MOULIN, A. JOB 51
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:20 Page 52
par des sons purs et siègent préférentiellement vers la fréquence 4 kHz ou au-delà, selon le
spectre lésionnel du bruit traumatisant. Ainsi, lors d’un TSA par FAMAS (Fusil d’Assaut de la
Manufacture d’Armes de Saint-Étienne), en dotation dans l’armée française, les acouphènes
post-traumatiques siègent dans 75 % des cas au-delà du 4 kHz avec une répartition égale entre
6 et 8 kHz [41]. Ces acouphènes sont plus souvent unilatéraux avec une prédominance gauche
[23, 27, 28, 41]. S’ils sont associés, dans la majorité des cas, à une hypoacousie, ces acouphènes
aigus constituent le seul symptôme d’un TSA dans environ 5 à 8 % des cas [27, 42, 43]. Ces
acouphènes post-traumatiques représentent la plainte dominante initialement et bien sou-
vent la séquelle la plus invalidante secondairement [41].
L’hypoacousie
Apparue immédiatement après le TSA, elle peut ne constituer qu’une gêne accessoire, com-
parativement aux acouphènes. Parfois, l’hypoacousie n’est pas signalée par le patient et l’in-
terrogatoire doit la rechercher systématiquement. L’hypoacousie, qui peut être unie ou
bilatérale, se traduit souvent par une impression d’oreille « bouchée » ou « cotonneuse » ou
une gêne caractérisée par un trouble de l’intelligibilité en environnement bruyant. La fré-
quence de l’atteinte bilatérale diminue avec l’augmentation du taux de protection auditive [11,
26, 42]. Lorsque l’hypoacousie est unilatérale, elle concerne plus volontiers l’oreille gauche [11,
27, 28, 42, 43]. Pour expliquer cette latéralité auditive périphérique, la théorie du cône d’ombre
où l’oreille droite du tireur, majoritairement droitier, est protégée par la position du fusil à l’épau-
lée, tend à être battue en brèche puisque la prédominance de l’atteinte de l’oreille gauche existe
également chez les tireurs épaulant à gauche et ayant un œil directeur à gauche [15]. L’atteinte
prédominante de l’oreille gauche est également retrouvée chez les pilotes d’aéronefs mili-
taires pour lesquels l’exposition sonore est symétrique [37].
Ces signes fonctionnels, que ce soit l’hypoacousie ou les acouphènes, peuvent s’estomper en
quelques minutes ou quelques heures et c’est souvent leur persistance qui amène le patient
à consulter.
Il peut s’agir d’une instabilité passagère et brève par effet Tullio, de céphalées mal systéma-
tisées, voire d’une asthénie, d’une fatigabilité intellectuelle, d’une anxiété ou encore de trou-
bles visuels. La situation de stress induite par le TSA comporte elle aussi ses propres
symptômes : tachycardie, polypnée, poussée tensionnelle et vasoconstriction périphérique.
Ces manifestations neurovégétatives régressent spontanément et rapidement [36].
II.3 - ASPECTS CLINIqUES - II.3.1 - TRAUMATISMES SONORES AIGUS - J-B. NOTTET, A. MOULIN, A. JOB 53
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:20 Page 54
que pour l’oreille controlatérale. Pour Balatsouras et al. [3], l’étude des hautes fréquences
n’apporte pas d’information supplémentaire par rapport à l’audiométrie tonale réalisée
jusqu’à 8 kHz. On s’abstiendra, du moins dans les premiers jours d’évolution, de compléter
ce bilan audiométrique par la réalisation d’une impédancemétrie ou de potentiels évoqués
auditifs, examens susceptibles, au stade précoce, d’aggraver le traumatisme cochléaire.
Lorsque les acouphènes ont régressé et que la perte auditive s’est stabilisée, l’audiométrie
vocale trouve toute sa place pour apprécier les troubles de l’intelligibilité. A distance, une
audiométrie vocale dans le bruit, en montrant l’effondrement des scores, permet d’appréhender
les difficultés sociales et professionnelles ressenties par le patient.
Aspects évolutifs
La disparition de tous les symptômes en quelques minutes ou quelques heures relève de lé-
sions cochléaires réversibles avec élévation temporaire des seuils (Temporary reshold Shi
des Anglo-saxons ou TTS). Cette éventualité est vraisemblablement sous évaluée car, bien Fig
aud
souvent, la récupération auditive survient spontanément, par exemple après une nuit de repos l’ac
au calme (Fig. 3), et en l’absence de toute prise en charge médicale. (J4
Dans les TSA sévères, il existe à côté des lésions réversibles, des lésions irréversibles sources
d’une élévation permanente des seuils (Permanent reshold Shi ou PTS). La part respec-
tive de ces deux types de lésions étant très variable d’un traumatisme sonore à l’autre et d’un
patient à l’autre, l’évaluation précoce du pronostic s’avère très difficile. La part de récupéra-
tion auditive rapidement réversible serait de l’ordre de 20 dB [6]. L’existence d’une récupéra-
tion spontanée précoce après TSA est considérée comme très probable [32, 33]. Cette
récupération spontanée est soupçonnée sur l’importance de la perte auditive initiale et sur-
tout sur l’évolution des seuils auditifs dans les 72 premières heures [32]. En effet, sur le plan
évolutif et de façon schématique, les fréquences graves, voire moyennes, récupèrent très pré-
cocement jusqu’à la coupure de la courbe audiométrique, une ou plusieurs des fréquences si-
tuées juste après la coupure de la courbe récupèrent dans un deuxième temps, tandis que
persistent souvent un scotome centré sur les fréquences aiguës où les chances de remontée
des seuils auditifs sont plus faibles au-delà des premiers jours d’évolution (Fig. 4). Ainsi, dans
les premières heures et les tous premiers jours suivant un TSA, l’évolution des seuils auditifs
est dynamique et l’amplitude potentielle de la récupération auditive apparaît, en partie, condi- Fig
Rem
tionnée par le délai écoulé depuis l’accident. En effet, plus l’on s’éloigne du traumatisme ini- jus
tial, plus les chances de récupération diminuent, l’essentiel de la récupération auditive se ent
J15
produisant dans les 3 ou 4 premiers jours d’évolution d’un TSA [11] (Fig. 5).
Lorsque la récupération auditive est incomplète après la première semaine d’évolution, le
risque de séquelles ultérieures, à type de déficit auditif permanent et/ou d’acouphènes, ap-
paraît non négligeable. Au-delà de quelques jours d’évolution, la persistance des acouphènes
est constatée dans 55 % des cas par Suc et al. [42], dans près de 40 % des cas par Mingou-
taud et al. [26] et dans un cas sur deux par Giroult [11]. Environ un mois après TSA survenu
sans protection, les signes fonctionnels qui persistent sont : surdité accompagnée d’acou-
phènes dans 32 % des cas, acouphènes seuls dans 29 % des cas et surdité isolée dans 12 % des
Figure 2. Traumatisme sonore aigu gauche par arme à feu (chute de la protection Figure 3. Traumatisme sonore aigu droit par arme à feu avec protection audi-
auditive au cours d’un exercice de tir). Audiogramme initial réalisé 4 heures après tive mal positionnée. Audiogramme initial réalisé en fin d’après midi, 5 heures
l’accident (J0). Evolution des seuils auditifs le lendemain (J1), 4 et 25 jours plus tard après l’accident (J0). Après une nuit de repos, récupération auditive et disparition
(J4 et J25). Persistance des acouphènes à distance. des acouphènes à J1.
Figure 4. Traumatisme sonore aigu gauche par arme à feu survenu sans protection. Figure 5. Evolution des seuils audiométriques dans les 18 premiers jours suivant
Remontée des seuils auditifs entre J0 et J1 sur les fréquences graves et moyennes un traumatisme sonore aigu [11]. durant cette période, l’essentiel de la récupé-
jusqu’à la coupure de la courbe audiométrique (1,5 kHz), puis remontée des seuils ration auditive s’effectue entre le 1er jour (J1) et le 4ème jour (J4).
entre J1 et J3 sur la fréquence située juste après la coupure de la courbe (2 kHz). A
J15, persistance des acouphènes et d’un scotome centré sur 3 et 4 kHz.
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cas [24]. Pour Mrena et al. [28], plusieurs semaines après l’accident, l’atteinte des seuils au-
ditifs persiste dans 22,5 % des cas tandis que les acouphènes post-traumatiques sont tou-
jours présents dans plus de 30 % des cas, ce taux ne diminuant que très peu dans les mois
suivants. Plus à distance de l’accident, 45 % des patients présentent des séquelles (perte au-
ditive, acouphènes ou association des deux) et parmi ceux qui ont été exposés à une seule dé-
tonation, plus d’un tiers présentent des séquelles auditives à terme [28].
Après TSA par armes à feu, l’évolution des acouphènes post-traumatiques n’est pas toujours
corrélée à celle des seuils auditifs. Les acouphènes persistant à distance ne sont associés à
une surdité que dans 87 % des cas [27]. L’importance de la perte auditive initiale, consécu-
tive à un TSA, ne semble pas influencer l’évolution des acouphènes [24, 42] et, après traite-
ment, la disparition des acouphènes n’est pas significativement liée à l’amélioration des seuils
audiométriques [11, 23]. Ce décalage évolutif entre surdité et acouphènes est constaté éga-
lement lors de TSA par exposition à la musique amplifiée [25]. Dans de tels cas, le risque de
surdité permanente semble faible comparativement au risque d’acouphènes persistants [25].
En effet, alors qu’une amélioration des seuils auditifs est observée chez tous les patients, les
acouphènes ne disparaissent que chez seulement un tiers d’entre eux [25].
A terme, l’acouphène post-traumatique est beaucoup plus handicapant et gênant qu’une perte
auditive modérée et définitive [2, 23]. Plusieurs mois après TSA, les acouphènes représentent
le problème le plus important pour un tiers des patients, un problème équivalent à la perte
auditive pour le second tiers et un problème moins important que la surdité dans le dernier
tiers [27].
Facteurs pronostiques
Circonstances de survenue
L’importance de la perte auditive initiale, spécialement sur les fréquences aiguës, est de mau-
vais pronostic pour l’avenir auditif du patient traumatisé sonore [11, 13, 30]. Egalement,
l’existence d’acouphènes initiaux, même transitoires, dans l’oreille controlatérale au trauma-
tisme sonore, est un facteur de gravité pour l’oreille traumatisée [11]. L’histoire naturelle du
TSA qui s’accompagne, du moins initialement, d’une part non négligeable de récupération
spontanée est toujours à prendre en compte dans l’évaluation du pronostic, même après trai-
tement adapté [22, 23]. Pour Pilgramm et Schumann [33], la récupération spontanée est pro-
bablement survenue lorsque, 24 heures après le TSA, la perte auditive n’excède pas 40 dB ou
lorsque les seuils auditifs sont remontés de 20 dB. Du fait de cette récupération spontanée pré-
coce, toute perte auditive n’a pas le même pronostic selon qu’elle correspond à un trauma-
tisme sonore survenu le jour même, la veille ou à fortiori plusieurs jours auparavant (Fig. 6).
Ce biais évolutif précoce doit toujours être pris en compte dans l’évaluation de l’efficacité de
toute thérapeutique. Egalement, l’évolution des seuils auditifs dans les premiers jours suivant
un TSA constitue un facteur pronostic en soi. Ainsi, l’absence de toute élévation des seuils
entre deux audiogrammes pratiqués dans les 3 ou 4 premiers jours d’évolution d’un TSA
laisse prévoir une absence de récupération complète (Fig. 7). Parfois, la faible récupération
audiométrique peut être expliquée par l’existence d’une perte auditive connue ou pas et an-
térieure au traumatisme sonore, ce qui souligne l’intérêt de disposer d’un audiogramme de
référence.
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Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:20 Page 58
Figure 6. Traumatisme sonore aigu gauche survenu dans les mêmes circonstances Figure 7. Traumatisme sonore aigu gauche par arme à feu survenu après tir
(arme à feu, sans protection) chez deux patients ayant bénéficié du même proto- d’une seule cartouche, sans protection. Très faible récupération auditive entre
cole thérapeutique. La perte auditive initiale du patient B.I., bien que sévère, n’est J1, J4 et J60. Persistance des acouphènes.
pas péjorative car elle est constatée seulement 3 heures après l’accident (J0). Par
contre, la perte auditive du patient L.A., constatée 3 jours après l’accident (J3), bien
que moins importante, est de plus mauvais pronostic, comme l’atteste l’évolution.
Figure 9. Traumatisme sonore aigu bilatéral par musique amplifiée (concert rock). Persistance des acouphènes et de l’hypoacousie après une nuit de repos.
Premier audiogramme réalisé 11 heures après la fin du concert (J1). A J1, présence de produits de distorsion acoustiques (P+) à droite sur 1 ; 1,5 ; 2 ; 3 et
6 kHz et à gauche sur 1 ; 1,5 ; 2 ; 3 ; 4 et 6 kHz. disparition des acouphènes à J2 et normalisation des seuils auditifs à J4.
Figure 10. Traumatisme sonore aigu droit par arme à feu sans
protection auditive. A J1, la présence des produits de distorsion
acoustiques (P+) sur 2 ; 3 ; 4 et 6 kHz est de bon pronostic. dis-
parition des acouphènes et récupération audiométrique dès J3.
La précocité de prise en charge et de mise en route du traitement est un facteur pronostique es-
sentiel de la récupération auditive [11, 13, 18, 23, 42, 44]. Les patients ayant bénéficié d’un trai-
tement précoce dans les 48 premières heures ont de façon significative de meilleurs seuils
auditifs une semaine après le traumatisme sonore que ceux qui n’ont eu aucun traitement du-
rant les sept premiers jours [44]. Le nombre de jours écoulés avant le début du traitement sem-
ble être le facteur majeur conditionnant le résultat auditif et les chances de récupération auditive
complète sont d’autant plus grandes que le traitement est institué précocement [13]. En fait, il
est difficile, rétrospectivement, de dire si l’amélioration auditive est due au seul effet du traite-
ment ou si elle est, en partie, liée à la part de récupération spontanée dont bénéficie une prise
en charge précoce [44]. En ce qui concerne les acouphènes post-traumatiques, leur régression
est significativement plus fréquente lorsque la mise en route du traitement intervient durant les
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sept premiers jours d’évolution, les acouphènes disparaissant alors dans environ trois cas sur
quatre [23].A l’inverse, une prise en charge thérapeutique au-delà du premier mois d’évolution
constitue un facteur de mauvais pronostic pour les acouphènes [23]. Pour Suc et al. [41, 42], les
acouphènes disparaissent plus souvent lorsque le TSA est traité dans les 48 premières heures
ou à défaut dans les quatre premiers jours après l’accident. Il semble que plus le délai de traite-
ment est court, plus les chances de voir disparaître les acouphènes sont grandes : le délai opti-
mal rendant ce résultat significatif pourrait être de 12 heures [11].
La susceptibilité interindividuelle aux bruits forts, et plus particulièrement aux bruits im-
pulsionnels, joue un rôle pronostique indéniable mais difficilement quantifiable. La déter-
mination de la susceptibilité aux élévations permanentes des seuils auditifs (PTS) à partir
de tests provoquant une élévation temporaire des seuils auditifs (TTS) est difficile, d’autant
que les lésions histopathologiques créant ces deux types d’élévations de seuils sont différentes
[7, 8]. D’ailleurs, on peut aboutir à une élévation permanente des seuils auditifs après un seul
TSA par bruit impulsionnel. On ne peut donc pas utiliser un test réversible induisant un
TTS, pour prévoir la susceptibilité aux PTS [7, 8]. Il n’existe à l’heure actuelle aucun test pré-
dictif des qualités de résistance d’une oreille à l’exposition à des détonations d’armes à feu. La
susceptibilité auditive interindividuelle à l’exposition sonore et plus particulièrement aux
bruits impusionnels semble bien mieux appréciée par les otoémissions acoustiques que par
l’audiométrie tonale classique qui apparaît peu sensible [12, 19, 34]. Après un an d’entraîne-
ment militaire, sans TSA avéré, une diminution de l’amplitude des otoémissions acoustiques
provoquées est observée tout particulièrement sur 2 kHz [20].
La recherche d’une fragilité cochléaire et de facteurs prédisposant aux effets délétères des
traumatismes acoustiques est essentielle. Il peut s’agir :
- d’une surdité de perception préexistante qui, même lorsqu’elle est peu importante, repré-
sente une situation à risque en cas d’exposition à un bruit impulsionnel [29] ;
- d’un antécédent d’exposition sonore chronique ou d’un épisode préalable de TSA qui rend
la cochlée plus vulnérable à une nouvelle agression ;
- de la prise de médicaments ototoxiques ou de l’exposition à des solvants qui constituent
des facteurs de fragilisation de la cochlée vis-à-vis du bruit [5] ;
- d’antécédents d’otites moyennes aigues durant l’enfance qui potentialisent l’atteinte auditive
liée aux bruits intenses [17]. Ces antécédents s’accompagnent chez les jeunes adultes normo
entendants d’une amplitude significativement plus faible des produits de distorsion acous-
tiques, constituant ainsi un facteur de risque d’atteinte cochléaire par le bruit [16] ;
- de la notion d’anxiété qui apparaît corrélée à la survenue d’acouphènes temporaires après
tirs d’entraînement chez des sujets protégés. Ce résultat est objectivé par les produits de
distorsion acoustiques dont l’amplitude est significativement plus basse sur 3 kHz lors de
la survenue d’acouphènes post-traumatiques. Ainsi, de faibles variations de l’état émotion-
nel et de l’état d’anxiété semblent jouer un rôle dans la genèse des acouphènes post-trau-
matiques [14].
Jusqu’à 35 ans, l’âge ne semble pas avoir d’influence sur l’importance de la perte auditive ini-
tiale après TSA et ne semble pas modifier la récupération auditive [13]. Par contre, une ten-
dance à une perte auditive initiale plus importante et à une récupération audiométrique
moindre se dessine à mesure que l’âge avance [44]. Egalement, la profession exercée par le pa-
tient ne semble pas influencer la récupération auditive après TSA [44].
En résumé, devant un TSA, des critères de mauvais pronostic peuvent être dégagés :
- le contexte de survenue : fragilité cochléaire préexistante, antécédent analogue, accident
survenu en espace clos, absence de protection auditive
- la gravité de la perte auditive initiale, toujours à interpréter en fonction du délai écoulé
depuis l’accident
- la présence d’acouphènes initiaux, même transitoires, controlatéraux à l’oreille traumati-
sée
- la faible récupération auditive dans les premiers jours d’évolution
- un délai de prise en charge long, dépassant 48 heures et à fortiori une semaine
- l’absence d’otoémissions acoustiques et la faible amplitude des produits de distorsion,
constatées initialement.
La parfaite connaissance du caractère dynamique de l’évolution des seuils auditifs durant
les premières heures et les tous premiers jours suivant un TSA est essentielle à la compré-
hension des enjeux thérapeutiques.
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En France, près d’un tiers des salariés sont exposées de manière prolongée à des bruits in-
tenses, dépassant 85 dB(A) sur leur lieu de travail [32]. Les expositions de longues durées
(plus de 20 heures par semaine) concernent près de 7 % des salariés [32], plus particulière-
ment dans les secteurs de l’industrie (18 %), de l’agriculture et de la construction (12 %).
Dans le monde industriel, les secteurs les plus touchés sont l’industrie du bois-papier (50 %
des salariés exposés), la métallurgie, l’industrie des produits minéraux, l’industrie automo-
bile, celle des équipements mécaniques, l’industrie textile et les industries agroalimentaires.
Dans l’industrie, 77 % des salariés exposés disposent d’une protection auditive [32].
L’évaluation du risque auditif en milieu professionnel passe obligatoirement par la mesure
des niveaux sonores sur le lieu de travail. Trois méthodes existent :
- La réalisation d’une cartographie [22] qui consiste en des mesures instantanées, effectuées
avec un sonomètre dont le micro est placé à hauteur de l’oreille et qui permet de localiser les
zones bruyantes.
- La détermination de l’exposition sonore d’ambiance qui est réalisée grâce à un sonomètre
intégrateur dont la durée d’enregistrement doit être représentative de l’exposition sonore
d’une journée entière de travail. Lorsque le niveau de bruit varie au cours de la journée, pour
calculer l’exposition sonore d’ambiance, il faut tenir compte du temps d’exposition aux dif-
férents niveaux de bruit.
- La détermination de l’exposition sonore par dosimétrie individuelle qui permet la mesure
des niveaux sonores réellement subis par un personnel donné dans son environnement quo-
tidien de travail. Elle permet de quantifier le risque auditif par tranches de 8 heures, selon la
norme NF S31-084 [41]. Elle est réalisée avec un dosimètre-exposimètre à stockage qui est
porté, durant toute la journée de travail, par la personne dont on souhaite évaluer l’exposi-
tion sonore, le microphone enregistreur étant accroché à la patte d’épaule, au plus près de
II.3 - ASPECTS CLINIqUES - II.3.2 - SURdITéS PROFESSIONNELLES - J.-B. NOTTET, A. JOB, B. SUC, J.-L. PONCET 63
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 64
l’oreille. La mesure obtenue permet le calcul du niveau Niveaux sonores durées journalières d’exposition
d’exposition quotidienne au bruit ou « Lex,8h » qui continus équivalents en dB(A) conduisant à une dose sonore
reçue équivalente à celle d’une
représente une valeur essentielle prise en compte sur le
exposition sonore quotidienne
plan réglementaire. Le « Lex,8h », exprimée en dB(A),
de 80 dB(A)
est la moyenne pondérée des niveaux d’exposition au
bruit pour une journée de travail de 8 heures. Un autre 80 8h
paramètre mesuré, dont tient compte la réglementa- 83 4h
tion, est le niveau de pression acoustique de crête, ex- 86 2h
primé en dB(C). Cette valeur, qui correspond à la 89 1h
valeur maximale de la pression acoustique instantanée 92 30 mn
c’est à partir d’une exposition sonore quotidienne de 80 dB(A) que doivent être prises des me-
sures de prévention telles que la mise à disposition de protecteurs auditifs pour les personnels
exposés [27, 28].A partir d’une exposition sonore quotidienne de 85 dB(A), les protecteurs au-
ditifs doivent être effectivement portés [27, 28]. D’après ce principe d’iso énergie acoustique,
un niveau de bruit supérieur à ces valeurs peut être toléré, à condition que la durée d’exposi-
tion soit réduite. Mais, si le niveau sonore est très élevé, au-delà de 130 dB(A), toute exposi-
tion, même de très courte durée, est potentiellement dangereuse pour l’oreille interne [22].
Démarche diagnostique
Les plaintes fonctionnelles en faveur d’une surdité professionnelle peuvent être absentes ou
discrètes très longtemps alors qu’existe déjà une perte auditive intéressant les fréquences
aiguës, ce qui souligne tout l’intérêt de la surveillance audiométrique régulière. La recherche
de signes d’appel en faveur d’une surdité professionnelle par un questionnaire très orienté [8]
semble plus contributive que la manifestation spontanée d’une gêne auditive. Les questions
ciblées portent sur l’augmentation du niveau sonore de la télévision ou de la radio, sur les dif-
ficultés à entendre la sonnerie du téléphone, sur les troubles de l’intelligibilité dans la conver-
sation, sur l’existence d’acouphènes et sur la sensation de surdité [8].
Le diagnostic d’une surdité professionnelle est réalisé, le plus souvent, dans deux circons-
tances différentes :
- soit dans le cadre du dépistage chez un patient asymptomatique ;
- soit devant une gêne auditive qui survient initialement en situation bruyante, associée ou
non à des acouphènes.
L’examen audiométrique révèle la présence d’une surdité de perception pure bilatérale et sy-
métrique, prédominant sur les fréquences aiguës avec, au stade initial, une encoche caractéris-
tique en V, centrée sur l’une des fréquences aiguës : 3, 4 ou 6 kHz [8, 30]. Avec la poursuite de
l’exposition sonore, cette encoche va s’élargir à la fois vers les fréquences plus hautes et plus
basses [34]. L’encoche perceptive observée est, en partie, fonction du spectre du bruit lésionnel
qui en est à l’origine. Cette audiométrie tonale liminaire qui est l’examen de référence, doit être
réalisée 24 à 48 heures après retrait du risque. Ce repos est indispensable pour éviter la per-
turbation des examens audiométriques par la fatigue auditive qui est rapidement réversible et
qui n’excède pas 20 dB [13]. Cette fatigue auditive apparaît d’autant plus évidente que le défi-
cit auditif est peu important. Ainsi, pour les déficits dépassant 60 dB, la fatigue auditive inter-
vient peu sur les seuils audiométriques [21]. Dans le cadre de la reconnaissance médico-légale
d’une surdité professionnelle, un délai de 3 jours doit être observé entre l’arrêt de l’activité
bruyante et la réalisation de l’audiométrie.
L’examen audiométrique tonal reste le moyen le plus simple et le plus fiable pour réaliser un dé-
pistage précoce des surdités professionnelles. Pour estimer une perte auditive professionnelle,
les fréquences 2 et 4 kHz sont les plus importantes pour Lafon [31]. Mais, du fait de sa sensi-
bilité, la perte auditive moyenne sur 3, 4 et 6 kHz sert d’indicateur précoce d’alerte [40, 52].
L’audiométrie automatique type Audioscan® ou Békésy permet l’étude des hautes fréquences
et la détection d’encoches, indécelables en audiométrie tonale. L’audiométrie vocale apprécie
et quantifie les troubles de l’intelligibilité et reflète la valeur sociale de l’audition. L’altération
de l’intelligibilité dans le silence, qui est significativement plus grande chez les sujets exposés
au bruit, augmente avec le nombre d’années d’exposition [4]. L’audiométrie vocale en milieu
bruyant, avec étude de la résistance au bruit, témoigne encore mieux de la gêne sociale res-
sentie et des troubles de l’intelligibilité dans les situations de la vie courante ou dans celles de
la vie professionnelle [4].
Les otoémissions acoustiques et plus particulièrement les produits de distorsion acoustiques
permettent le dépistage d’atteintes auditives infra cliniques liées au bruit [44, 47]. Les produits
de distorsion acoustiques apparaissent plus sensibles que les seuils en audiométrie tonale
pour dépister une atteinte auditive précoce liée à l’exposition au bruit [5, 46, 47]. L’atteinte ob-
servée avec les produits de distorsion concerne les fréquences 3, 4 et 6 kHz, la diminution
d’amplitude sur 4 kHz étant fonction de l’importance de l’exposition sonore [46]. Mais, bien
qu’étant un indicateur précoce des dommages cochléaires induits par l’exposition sonore, les
otoémissions acoustiques ne peuvent remplacer l’audiométrie tonale pour la détermination
précise des pertes auditives d’origine professionnelle [7, 47]. Les produits de distorsion acous-
tiques gardent tout leur intérêt pour le suivi auditif régulier de personnels exposés, dans le
cadre d’un programme de conservation de l’audition [46, 47].
Histoire évolutive
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nouvellement exposé à une ambiance sonore élevée. Les signes fonctionnels associés tels
que acouphènes ou céphalées sont classiquement réversibles en quelques heures et réappa-
raissent lors d’une nouvelle exposition. L’absence de récupération de cette fatigue auditive
entre deux périodes de travail doit conduire à évoquer une éventuelle fragilité cochléaire et
à craindre, en l’absence de mesures préventives, le passage aux stades évolutifs suivants.
- La surdité est souvent d’apparition insidieuse [18, 34] et ne s’installe de manière cliniquement
évidente qu’après plusieurs mois ou années [3, 34].
- La surdité débute sur les fréquences aiguës (maximum vers 4 ou 6 kHz) et prédomine sur
ces fréquences [18, 34, 45] avant de s’étendre vers les fréquences voisines.
- Des acouphènes sont retrouvés chez environ un tiers des personnels exposés au risque de
surdité professionnelle [8, 18]. Le déficit auditif apparaît nettement plus important lorsque
des acouphènes sont présents [12].
- La surdité est bilatérale et symétrique ou relativement symétrique [34], avec une perte au-
ditive prédominant à gauche [18].
Figure 2. Evolution d’une surdité professionnelle selon les 4 stades de gravité croissante décrits.
- La surdité est perceptive pure, de type endocochléaire avec recrutement se traduisant, sur
l’audiogramme, par le pincement du champ auditif dynamique délimité par la courbe to-
nale et le seuil d’obtention des réflexes stapédiens.
- La surdité une fois installée est irréversible : seule la part surajoutée de fatigue auditive peut
récupérer après 24 à 48 heures de retrait du risque.
- La surdité n’est pas évolutive par elle-même, après cessation définitive de l’exposition au bruit.
- La surdité professionnelle s’accompagne de troubles de la compréhension de la parole en
milieu bruyant, ou en présence de plusieurs locuteurs mais aussi de troubles du repérage de
signaux en compétition dans l’espace sonore [18, 34]. Ces troubles liés à la perte de la sé-
lectivité fréquentielle représentent la gêne fonctionnelle essentielle [18]. La surdité profes-
sionnelle s’accompagne également d’hyperacousie qui rend toute situation bruyante
anormalement pénible et de diplacousie altérant la perception des voix et l’écoute musicale.
II.3 - ASPECTS CLINIqUES - II.3.2 - SURdITéS PROFESSIONNELLES - J.-B. NOTTET, A. JOB, B. SUC, J.-L. PONCET 67
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 68
Le risque auditif ne dépend pas de la gêne associée au bruit mais de la dose d’énergie sonore
qu’il contient [10], le bruit étant d’autant plus nocif que son intensité est plus élevée et que
sa durée d’application est plus longue. Le risque auditif est classiquement considéré comme
négligeable pour une exposition sonore quotidienne ne dépassant pas 85 dB(A) chez des su-
jets sains non protégés et ne présentant pas de fragilité cochléaire particulière [6]. Si l’on
considère des sujets présentant une susceptibilité particulière au bruit, la valeur de 80 dB(A)
pour l’exposition quotidienne offre une plus grande sécurité et le dépassement de cette va-
leur est pris en compte pour le déclenchement réglementaire d’un plan de prévention [27, 28].
La perte auditive, notamment sur 4 kHz augmente significativement avec l’élévation des ni-
veaux d’exposition sonore [40, 42]. Mais la nocivité exacte du bruit doit tenir compte égale-
ment de la pression acoustique de crête caractérisant la composante impulsionnelle [34, 52].
Lorsque le bruit comporte des éléments impulsionnels fréquents tels des bruits d’impact, le
risque auditif augmente. Pour un même niveau de bruit continu, les pertes auditives consta-
tées sont significativement plus élevées lorsqu’une composante impulsionnelle existe [52].
Les pertes auditives tonales mesurées sur les fréquences aiguës (2 à 4 kHz) sont significati-
vement liées à la durée d’exposition sonore [40]. Chez des personnels exposés à des niveaux
sonores n’excédant pas 85 dB(A), une élévation nette des seuils auditifs sur 3, 4 et 6 kHz est
observée au-delà de 15 ans d’exposition régulière [8].
Trois périodes sont classiquement distinguées selon la rapidité d’évolution de la surdité pro-
fessionnelle [13] :
- une première période concernant les 5 ou 10 premières années de travail où la cochlée est
très sensible à l’action du bruit et où l’on observe une élévation des seuils de l’ordre de 1 à 5
dB par an pour les fréquences 2 et 4 kHz. Les jeunes embauchés (3 premières années) repré-
sentent des sujets à risque.
- une deuxième période faisant suite à la précédente et allant jusqu’à la 30e ou 35e année de tra-
vail (jusqu’à l’âge de 55 ans) où la perte auditive est progressive mais plus lente, de l’ordre de
0,3 à 1,6 dB par an.
- une troisième période à partir de 55 ans où la perte auditive subit une nouvelle accélération.
A partir de cet âge, les effets ajoutés de la presbyacousie ne peuvent être exclus bien que ceux-
ci se manifestent peu avant 60 ans [38].
Si le risque de surdité professionnelle augmente globalement avec le nombre d’années d’ex-
position [11, 18], la nocivité du bruit sur l’audition apparaît certaine déjà dans les premières
années d’exposition. Cette notion a été récemment confirmée par les produits de distorsion
acoustiques dont l’altération est observée, lors du suivi longitudinal de jeunes apprentis, dès
les trois premières années de travail dans le bâtiment [46]. La perte auditive tend à progres-
ser plus lentement après les 10 ou 15 premières années de travail [34], ce qui confirment les
données épidémiologiques mondiales [37]. L’évolution des seuils auditifs en fonction de la
durée d’exposition montre que la perte auditive croît plus rapidement sur les fréquences 3 et
Le risque de surdité professionnelle augmente avec l’âge [11, 45], mais l’âge est très souvent
fortement corrélé à la durée d’exposition et, en fin de carrière, le vieillissement de l’audition
vient ajouter ses effets à ceux de l’exposition sonore. L’effet lésionnel du bruit peut être com-
paré à un vieillissement accéléré de l’audition, en commençant par les hautes fréquences
[26, 35]. Dans l’évaluation des surdités professionnelles, le contrôle de la variation des seuils
auditifs avec l’âge est un problème majeur. La perte auditive en rapport avec la seule exposi-
tion sonore professionnelle peut être approchée en tenant compte des seuils auditifs de su-
jets de même âge et de même sexe mais non exposés au bruit. C’est ce que permet la norme
ISO 7029 [38] qui, à partir d’études effectuées sur des populations otologiquement normales,
évalue la perte auditive en fonction de l’âge et du sexe, pour une fréquence et un percentile
donnés. Il existe peu de variations des seuils auditifs avant 60 ans où la perte auditive médiane
n’excède pas statistiquement 20 dB pour la fréquence 3 kHz, 28 dB pour 4 kHz et 32 dB pour
6 kHz [38]. Les courbes audiométriques de la population féminine montrent que les femmes
résistent mieux à la presbyacousie. De façon schématique, elles présentent des courbes cor-
respondant à celles d’hommes âgés de 10 ans de moins [26, 35], les hommes semblant, en
outre, plus vulnérables que les femmes aux fortes expositions sonores professionnelles [51].
Le port de protecteurs individuels limite les pertes auditives et ralentit l’évolution de la sur-
dité professionnelle. En effet, que ce soit sur les zones aéroportuaires ou lors de la mise en
œuvre de machines de chantiers, les seuils auditifs sont meilleurs chez les personnels portant
des protections auditives que chez ceux qui n’en portent pas [17-19]. Il existe une corrélation
inverse et significative entre la perte auditive sur les hautes fréquences (4-6 kHz) et l’utilisa-
tion de protections auditives [18].
II.3 - ASPECTS CLINIqUES - II.3.2 - SURdITéS PROFESSIONNELLES - J.-B. NOTTET, A. JOB, B. SUC, J.-L. PONCET 69
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 70
L’exposition combinée au bruit et à des agents ototoxiques n’est pas une éventualité rare puisque
les trois quarts des personnels exposés professionnellement à des nuisances sonores sont éga-
lement exposés à un ou plusieurs produits chimiques [32].
Les agents chimiques ototoxiques sont représentés, en milieu professionnel, essentiellement
par les solvants, aromatiques (styrène et toluène) ou chlorés, par le monoxyde de carbone et par
l’acide cyanhydrique [6]. Ces agents ototoxiques rendraient la cochlée plus vulnérable aux
agressions sonores et pourraient ainsi réaliser une potentialisation des effets nocifs du bruit [2,
3, 6, 14]. Ainsi, les personnes exposées professionnellement au styrène ont un risque accru de
perte auditive et l’exposition combinée au bruit et au styrène semble être plus dangereuse pour
la cochlée que l’exposition sonore seule [36, 48]. Il existe une relation linéaire entre le niveau
d’exposition au styrène et les seuils auditifs sur 6 et 8 kHz [48]. Par rapport à un groupe témoin
non exposé, le risque de surdité est 5 fois plus élevé en cas d’exposition combinée aux nuisances
sonores et aux solvants organiques alors que ce risque n’est que 3 fois plus important en cas d’ex-
position au bruit seul [49]. La perte auditive constatée chez des ouvriers exposés aux solvants
et à des niveaux de bruit inférieurs à 85 dB(A) est similaire à celle observée chez des ouvriers
seulement exposés au bruit mais à des niveaux sonores nettement plus élevés, compris entre 92,5
et 107 dB [14]. Dans l’industrie aéronautique, la fréquence des surdités observées parmi les ou-
vriers exposés simultanément au bruit et à divers solvants est 3 fois plus importante que celle
notée chez les ouvriers exposés seulement au bruit [29].
Ainsi, les expositions multifactorielles semblent comporter un risque de vieillissement anti-
cipé de l’oreille interne avec presbyacousie précoce [3]. Se pose alors la question de la perti-
nence des valeurs limites d’exposition et notamment du niveau d’exposition sonore quotidienne,
lorsque sur le lieu de travail, coexistent plusieurs facteurs de risque cochléaire [3, 6].
La fragilité cochléaire peut être en rapport avec certains antécédents : notion de traumatisme
sonore aigu, de blast ou de barotraumatisme. L’existence d’une exposition sonore avant le
début de la vie professionnelle, lors de l’apprentissage ou d’emplois saisonniers par exemple,
doit être prise en compte, surtout si elle s’est accompagnée d’une mauvaise tolérance avec no-
tamment fatigue auditive et acouphènes. L’existence dans les antécédents d’un ou de plu-
sieurs traumatismes sonores aigus s’accompagne d’une aggravation du déficit auditif lié à
l’exposition au bruit industriel [12]. Cette aggravation relative de la surdité professionnelle
semble s’estomper avec le temps, sans toutefois devenir nulle. Les antécédents de trauma-
tismes crâniens paraissent n’être responsables que d’une aggravation mineure des déficits
auditifs des personnes exposées au bruit dans leur travail [12]. Par contre, des antécédents
otologiques tels que ceux d’otites moyennes aiguës répétées dans l’enfance pourraient avoir
un impact sur le développement des surdités professionnelles, en rendant la cochlée plus
vulnérable aux agressions sonores et en potentialisant les effets nocifs du bruit [25].
La fragilité cochléaire peut être également en rapport avec des pathologies associées repré-
sentant autant de facteurs prédisposants. C’est le cas des surdités d’oreille interne qui ris-
quent, surtout si elles sont évolutives, d’être aggravées par l’exposition au bruit industriel. Par
contre, les atteintes transmissionnelles, spécialement si elles sont pures, constituent une re-
lative protection vis-à-vis du traumatisme cochléaire par le bruit. L’otospongiose entre dans
ce cadre, mais une fois opérée, elle représente une contre-indication au travail en milieu
bruyant, du fait de la plus grande exposition de la cochlée et de sa moindre protection aux
nuisances sonores. L’existence d’une ischémie digitale provoquée par les vibrations (vibra-
tion-induced white finger des anglos-saxons), par exemple chez les ouvriers forestiers utili-
sant des tronçonneuses, constitue un facteur de vulnérabilité cochléaire au bruit [20]. La
prise de médicaments ototoxiques également représente un facteur de fragilisation de la
cochlée vis-à-vis du bruit [6].Avant affectation à un poste exposé, l’examen d’embauche avec
contrôle audiométrique, permet de rechercher une éventuelle fragilité cochléaire individuelle
et constitue un bilan de référence.
La fragilité cochléaire peut aussi être constitutionnelle, la susceptibilité au bruit présentant
de grandes variations interindividuelles. En l’absence de tout phénomène pathologique as-
socié, les sujets sont inégalement sensibles à l’action nocive du bruit et certains sujets plus
fragiles que d’autres peuvent présenter des lésions auditives plus sévères pour une exposition
sonore équivalente. Cette susceptibilité au bruit, variable d’un individu à l’autre, est difficile,
voire impossible à prédire. Sur le plan clinique, la constatation d’une élévation temporaire des
seuils auditifs après une journée de travail est à prendre en compte [10, 15]. L’intensité de cette
fatigue auditive et le temps nécessaire à sa récupération constituent déjà des éléments per-
mettant d’évoquer une susceptibilité individuelle au bruit et un risque ultérieur d’appari-
tion d’une élévation permanente des seuils auditifs. Mais toute tentative de prédiction des
pertes auditives à partir de la mesure de la fatigue auditive chez un sujet donné est vaine [10,
16, 33]. Il n’existe pas actuellement d’outils prédictifs, parfaitement validés par une étude
prospective, permettant de dépister une fragilité cochléaire vis-à-vis du bruit. Les produits
de distorsion acoustiques peuvent constituer des indicateurs d’une plus grande vulnérabilité
cochléaire aux effets du bruit, par exemple en cas d’antécédents d’otites moyennes aiguës
[23, 24]. La surveillance audiométrique rapprochée peut montrer une évolution différente des
seuils auditifs chez des sujets ayant professionnellement la même exposition sonore.
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La dégradation rapide des seuils auditifs entre deux audiogrammes successifs, dans les pre-
miers mois d’exposition, signe une fragilité cochléaire.
La diminution de l’incidence des surdités professionnelles ne peut s’inscrire que dans le cadre
de programmes de conservation de l’audition, avec diminution du bruit sur les lieux de tra-
vail, généralisation des protections auditives et surveillance audiométrique régulière.
II.3 - ASPECTS CLINIqUES - II.3.2 - SURdITéS PROFESSIONNELLES - J.-B. NOTTET, A. JOB, B. SUC, J.-L. PONCET 73
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[28] Journal Officiel de la République Française du 20 juillet 2006. Décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006 relatif
aux prescriptions de sécurité et de santé applicables en cas d’exposition des travailleurs aux risques dus au
bruit et modifiant le code du travail (deuxième partie: Décrets en Conseil d’Etat).
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[39] Norme ISO 1999: 1990. Acoustique – Détermination de l’exposition au bruit en milieu professionnel et es-
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[41] Norme NF S 31-084. Méthode de mesurage des niveaux d’exposition au bruit en milieu du travail. Association
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Otolaryngol, 2005 ; 30(6) ; 517-20.
•
auditives initiales, à la variété des traitements utilisés et à celle des délais de mise en route mais
également à l’ignorance de l’état de l’audition antérieur à l’exposition. Enfin, ces études ré-
trospectives diffèrent entre elles par la variation des paramètres physiques du bruit respon-
sable du TSA et par les critères utilisés pour évaluer l’efficacité du traitement. Il est également
difficile d’évaluer quelle part de récupération est attribuable au traitement et quelle part est
attribuable à la fatigue auditive. Enfin il est impossible d’étudier directement les modifications
morphologiques au niveau de la cochlée chez l’homme [27].
Il a donc fallu s’appuyer sur l’expérimentation animale afin de valider l’efficacité des proto-
coles thérapeutiques. Celle-ci présente l’avantage de populations étudiées homogènes, d’un
statut audiométrique mesurable avant traumatisme, d’un TSA calibré et reproductible, de
mesures audiométriques identiques, et d’une variation anatomique des lésions possibles. Les
problèmes de ces études chez l’animal sont l’impossibilité d’évaluer les acouphènes et la né-
cessité d’extrapoler les résultats à l’homme [64]. Les animaux utilisés varient des mammifères
(souris, cobayes, chinchilla) aux oiseaux et reptiles. Seules les études concernant les mam-
mifères ont été retenues car ceux-ci comme l’homme sont incapables de régénérer leur cel-
lules ciliées après un TSA, contrairement aux oiseaux.
Melinek en 1976, cité par Poncet [64] préconisait déjà le retrait de l’ambiance sonore. L’évic-
tion du bruit permet d’éviter la survenue de tout nouveau TSA et permet à la fatigue audi-
tive de s’atténuer spontanément. Le repos cochléaire s’impose comme le tout premier
traitement.
Wang [90] dans une étude chez le cobaye, utilisant un traitement par anti-glutamatergique
(riluzole à la dose de 8 mg/kg) a établi des groupes de traitement en administrant ce traite-
ment à des délais variables du TSA (30 minutes avant le TSA ; 30 minutes, une heure, trois
heures, six heures, 12 heures, 24 heures et 48 heures après le TSA). Il a obtenu une courbe sig-
moïde, en comparant le pourcentage de récupération auditive par rapport au délai de trai-
tement. Jusqu’à une heure de délai de traitement la récupération auditive est à 70 % (que le
traitement soit administré avant ou après le TSA). A partir de trois heures on observe une in-
flexion de la courbe avec 50 % de récupération à trois et six heures de délai de traitement. A
partir de 12 heures de délai, la récupération chute à 25 % et au delà (24 à 48 heures) la récu-
pération est quasi-nulle. Cette étude semble bien confirmer l’urgence à traiter les TSA.
La plupart des auteurs s’accordent pourtant à dire que le délai de 24 heures est optimum et
que l’on peut entreprendre un traitement jusqu’à trois jours après un TSA.
La prise en charge en milieu hospitalier permet d’effectuer un bilan précis des lésions initiales
par l’examen clinique, la réalisation d’audiogrammes et d’oto-émission acoustiques [5]. Elle
permet également d’assurer certains traitement de sauvetage cochléaire lourds, dans le cas de
grosses pertes auditives, qui nécessitent un encadrement par une structure hospitalière, de par
leur effets secondaires potentiels parfois graves.
Ces traitements vont viser à améliorer l’apport d’oxygène au niveau du réseau capillaire coch-
léaire, soit en augmentant le flux sanguin, soit en augmentant le taux d’oxygène contenu dans
le sang.
dans les trois jours qui suivent le TSA (74 % de récupération complète), que lorsqu’il est mis
en route après trois jours (26,5 % de récupération complète). Ils constatent également une meil-
leure régression de l’acouphène en cas de traitement précoce. On peut cependant reprocher à
cette étude l’absence d’un groupe témoin et le délai de prise en charge des TSA. Probst [67],
quant à lui, ne retrouve pas d’effet bénéfique du Dextran® dans une étude versus placebo.
Dans l’hémodilution normovolémique intentionnelle on prélève un volume de sang calculé
selon la taille et le poids du patient ainsi que selon la différence entre l’hématocrite initial et
l’hématocrite final désiré (autour de 30 à 35 %) et l’on compense volume par volume par
une solution isotonique et des colloïdes. L’érythraphérèse intentionnelle est réalisée en une
seule séance sous contrôle d’un réanimateur et son effet perdure environ huit jours, l’opéra-
tion ne nécessitant pas d’être répétée [89]. L’inconvénient de cette méthode est surtout re-
présenté par la surveillance nécessaire et ses contre-indications (pathologies cardiaques et
vasculaires, hématocrite de départ inférieure à 35 % à l’âge inférieur à 8 ans et supérieur à 65
ans, anomalies de la coagulation, antécédents de crise convulsive, d’AIT ou d’AVC, grossesse,
allergie aux colloïdes…).
Les résultats rapportés par Mingoutaud [56], dans une étude rétrospective chez l’homme por-
tant sur 184 cas, ne permettent pas de déterminer un hématocrite rédhibitoire (valeur de
l’hématocrite où le maximum de récupération auditive serait observé), ni une différence entre
les diverses solutions hémodiluantes perfusées. Un fort effet sur la récupération audiomé-
trique et les acouphènes est observé pour un hématocrite final moyen de 31 % sans pour au-
tant que l’on puisse définitivement l’attribuer au traitement et non à la récupération de la
fatigue auditive.
Le dioxyde de carbone ou CO2 est connu comme l’un des plus puissants vasodilatateurs des vaisseaux
du système nerveux central et en particulier de la microcirculation. Il est utilisé sous forme de
carbogène,mélange de CO2 (entre 5 et 20 %) et d’oxygène à pression atmosphérique,par cures courtes
de 30 minutes et avec un débit de 6 litres/minute, une à plusieurs fois par jour. Il n’y a pas de contre-
indication si ce n’est des problèmes liés à une acidose respiratoire secondaire à l’hypercapnie, réver-
sible à l’arrêt du traitement [14].
Son efficacité est cependant remise en cause par Gervais d’Aldin [27] qui ne retrouve pas de diffé-
rence dans la récupération auditive de cobayes ayant subi un TSA et traités par carbogène versus
groupe témoin. En se reportant à la littérature, on constate que les auteurs qui ont eu des pertes au-
ditives moindres lors d’un TSA,ont administré le carbogène durant le TSA [6,7] tandis que ceux qui
ont administré le carbogène après le TSA [27,34] n’ont pas décelé de diminution dans les pertes au-
diométriques. Le carbogène a un effet protecteur mais non curatif.
témoin traité par perfusion de NaCl 0.9 % et coramine, que l’administration d’oxygène ou
de vitamines n’apportait pas d’amélioration à la récupération auditive.
L’oxygène hyperbare a pour but d’améliorer la pression partielle d’oxygène de l’air inhalé. A
deux fois la pression atmosphérique l’oxygène dissous dans le sang est multiplié par deux. Les
études sur son efficacité sont parfois contradictoires. Kuokkanen [50], retrouve une efficacité
de l’oxygène hyperbare dans le traitement des pertes auditives chez le rat. Mais Gervais
d’Aldin [27], ne retrouve pas de différence dans la récupération auditive de cobayes ayant subi
un TSA et traités par oxygène hyperbare à 1,5 et 2,5 fois la pression atmosphérique versus
groupe témoin. Les lésions cochléaires sont même plus importantes chez les cobayes traités
par oxygène hyperbare. Ceci serait à mettre en relation avec le risque de barotraumatisme in-
duit par le caisson. Probst [67] a ainsi observé jusqu’à 50 % de barotraumatismes iatrogènes
dans le cadre de traitement chez l’homme.
Une étude récente [9] reposant sur le recueil des produits de distorsion acoustiques montre
chez le rat les effets délétères et adverses d’une oxygénothérapie hyperbare mise en route
précocement (c’est-à-dire dans l’heure) suivant le TSA.
Lamm et Arnold [51] rapportent que les lésions d’origine mécanique hypoxique et isché-
mique donnent lieu à des réactions inflammatoires au niveau tissulaire. Une libération anor-
male d’histamine et d’écosanoïdes tels les prostaglandines, prostacyclines, thromboxanes et
leucotriènes a été observée. Ceci conduit à une vasodilatation artériolaire et capillaire, ou
une vasoconstriction associé à une augmentation de la perméabilité vasculaire. Ces effets
ont été observés sur des cochlées traumatisées sonores et il a été proposé d’utiliser des subs-
tances anti-inflammatoires, dont les corticoïdes, afin de contrecarrer la libération d’hista-
mine et d’écosanoïdes et de lutter contre l’ischémie cochléaire post TSA.
Wang [90] a également mis en évidence l’effet protecteur acoustique des glucocorticoïdes
endogènes (corticostérone) chez la souris.
Lamm et Arnold [51] ont exposé des cobayes pendant 30 minutes à un son large spectre de
106 dB, puis 30 minutes après les ont perfusés avec du diclofenac de sodium ou des agonistes
des récepteurs histaminiques H1 (Fenistil). L’enregistrement du flux sanguin cochléaire, de la
pression partielle en oxygène dans la périlymphe, des potentiels microphoniques cochléaires,
des potentiels d’action du nerf auditif et des potentiels évoqués du tronc cérébral n’a pas
permis de mettre en évidence de différence entre le groupe placebo et le groupe traité par ago-
niste des récepteurs histaminiques H1.
Par contre le groupe traité par diclofénac de sodium a présenté une amélioration des poten-
tiels microphoniques cochléaires et des potentiels d’action du nerf auditif et une complète
récupération des potentiels évoqués du tronc cérébral après traumatisme, bien que le traite-
ment n’ait eu aucun effet sur le flux sanguin cochléaire et la pression partielle en oxygène dans
la périlymphe.
Les corticoïdes
Pour agir sur la cochlée, les corticoïdes doivent d’abord pouvoir traverser la barrière hé-
mato-labyrinthique puis avoir des récepteurs sur lesquels agir. Parnes [62] a démontré chez
le cobaye, que les corticoïdes passaient la barrière hémato-labyrinthique, qu’ils soient admi-
nistrés per os ou IV. Cependant l’administration parentérale permettait d’obtenir des taux de
corticoïdes endolymphatiques beaucoup plus importants. On remarque que plus on admi-
nistre des doses importantes, plus le taux plasmatique et endolymphatique de corticoïde est
important. Parmi les trois molécules testées ; hydrocortisone, méthyl-prednisolone et dexa-
méthasone, c’est avec la méthyl-prednisolone que l’on obtient la plus durable et la plus
grande concentration de corticoïde endo et périlymphatique.
La présence de récepteurs aux glucocorticoïdes dans les tissus vestibulaires et cochléaires
chez l’homme, et particulièrement dans le ligament spiral a été mise en évidence par Rarey
et Curtis [70].
Plusieurs auteurs ont démontré l’efficacité des corticoïdes dans l’expérimentation animale.Après
exposition à un bruit large spectre (6000 Hz à 30000 Hz) à 120 dB, pendant cinq minutes, les
souris ont été traitées par méthyl-prednisolone à 40 mg/kg en IM, 15 minutes avant l’exposition
puis l’injection a été renouvelée toutes les huit heures à quatre reprises. Elles ont présenté une
perte auditive moindre que les souris témoins [37]. Takahashi [83] a retrouvé une amélioration
de la récupération auditive parmi des cobayes traités par corticoïdes à raison de 6 mg/kg/jour
pendant sept jours et traumatisés par un son pur de 2000 Hz à 110 dB pendant dix minutes. Par
contre les cobayes traumatisés avec des intensités plus élevées n’ont démontré aucun gain de ré-
cupération par rapport aux animaux non traités malgré un traitement identique. Cela pourrait
être expliqué par une différence histo-pathologique entre les lésions occasionnées lors d’un trau-
matisme sonore. Les corticoïdes sont efficaces sur les perturbations métaboliques en réduisant
l’inflammation et en améliorant le métabolisme cellulaire. Les lésions responsables de nécrose
seraient quant à elles, hors de leur portée thérapeutique, d’où l’inefficacité du traitement sur un
TSA d’intensité suffisamment forte pour engendrer des dégâts structurels.
Lamm [51] a exposé des cobayes pendant 30 minutes à un son large spectre à 106 dB, puis
30 minutes après, les a perfusés avec de la prednisolone (2,5 mg ou 25 mg), et, a suivi l’évo-
lution en enregistrant le flux sanguin cochléaire, la pression partielle en oxygène dans la pé-
rilymphe, les potentiels microphoniques cochléaires, les potentiels d’action du nerf auditif
et les potentiels évoqués du tronc cérébral. Si la prednisolone à la dose de 2,5 mg n’améliore
que les potentiels d’action du nerf auditif, à la dose de 25 mg elle permet une récupération
complète des potentiels d’action du nerf auditif et des potentiels évoqués du tronc cérébral,
et une récupération partielle des potentiels microphoniques cochléaires.
Sekiya [76] a démontré chez le rat la possibilité d’améliorer la survie des cellules du ganglion
spiral de la cochlée (contenant le corps cellulaire des fibres afférentes du nerf vestibulo-coch-
léaire) après lésion hypoxique en administrant par voie intra veineuse 30 mg/kg de méthyl-
prednisolone 20 minutes avant la lésion et 60 mg/kg 180 minutes après.
C’est Gervais d’Aldin [27] qui semble apporter la meilleure preuve de l’efficacité des corti-
coïdes par rapport à d’autres traitements. Dans une étude dans laquelle les cobayes sont trau-
matisés par un son centré sur le 8 000 Hz à 129 dB durant 20 minutes, les traitements par
carbogène ; oxygène ; corticoïdes et oxygène hyperbare associés et corticoïdes seuls sont em-
ployés. En ce qui concerne ces derniers, différents dosages sont employés (2 mg/kg,
20 mg/kg, 40 mg/kg, 100 mg/kg et 200 mg/kg de méthyl-prednisolone injecté en intrapérito-
néal). C’est au dosage de 20 mg/kg que l’on observe une amélioration des seuils auditifs après
traumatisme acoustique. Les autres traitements essayés n’ont pas été plus efficaces sauf l’as-
sociation corticoïdes et oxygène hyperbare qui a permis une meilleure récupération auditive.
Chez l’homme plusieurs études ont démontré l’efficacité des corticoïdes dans le traitement
des pertes auditives induites par les TSA. Suc [81] a ainsi comparé dans une étude rétros-
pective sur 213 sujets, un groupe traité par piribédil seul et un deuxième groupe traité par
piribédil en association avec une corticothérapie. Il a constaté la disparition des acouphènes
dans 40 % des cas dans le premier groupe et dans 60 % dans le second. Le piribédil par son
action agoniste dopaminergique protège les synapses afférentes.
A l’échelon pré-hospitalier le traitement de référence comprend ainsi l’administration par
voie veineuse lente d’une dose de 120 mg de méthylprednisolone en l’absence de contre-in-
dication [65]. En milieu spécialisé le traitement est poursuivi par voie veineuse pendant cinq
à huit jours en fonction de l’évolution des acouphènes et de la surdité. Le traitement sera ar-
rêté au cinquième jour en l’absence de récupération audiométrique.
Une étude récente montre l’efficacité d’un neuro-stéroïde le sulfate de dihydroépiandrosté-
rone (DHEAS). La DHEAS est perfusée par voie veineuse chez l’animal immédiatement
après le traumatisme sonore. Les résultats montrent l’efficacité de cette molécule qui dimi-
nue considérablement le risque de perte auditive et réduit l’amplitude des produits de dis-
torsion oto-acoustiques en une semaine. En ce sens, la DHEAS aurait aussi un intérêt
préventif des effets délétères d’un TSA [85].
L’oreille interne possède de très nombreux récepteurs aux glucocorticoïdes (GR) à la fois au
niveau du tissu neuronal ou non.A l’heure actuelle les mécanismes d’action des ces récepteurs
situés au niveau de l’oreille interne ne sont pas connus. Tahera [82] compare chez le rongeur
l’action de la dexaméthasone (agoniste des glucocorticoïdes), à celle de la métyrapone (inhi-
biteur de synthèse des glucocorticoïdes) et de la mifépristone (RU 486) antagoniste des GR.
L’agoniste des glucocorticoïdes (dexaméthasone) diminue le déficit auditif alors que l’admi-
nistration pré-traumatique conjointe d’un inhibiteur de synthèse des glucocorticoïdes (mé-
tyrapone) et d’un antagoniste des GR (RU 486) augmente significativement la perte auditive
après traumatisme acoustique (25-60 dB). Il existe une augmentation importante de la concen-
tration ARNm et donc de la synthèse protéïque au niveau des GR. Le traumatisme acoustique
entraîne une augmentation du transport nucléaire de la chaîne NF-kappaB, alors qu’un pré-trai-
tement avec certaines drogues (métyrapone-RU486) bloque le transport de cette chaîne dans
le noyau de la cellule du ganglion spiral. Il en résulte que l’administration de dithiocarbamate
d’ammonium de pyrrolidine augmente le risque important de déficit auditif (45 à 60 dB de
plus en moyenne) en inhibant la synthèse par translocation de la chaîne NF-kappaB provoquée
par le TSA. Ces résultats montrent que plusieurs facteurs interviennent dans la sensibilité de
l’oreille interne aux glucocorticoïdes ; la disponibilité de récepteur et de ligand, la notion de
translocation des GR et de la chaîne NF-kappaB [13, 30, 52].
Les traitements immunosuppresseurs sont appliqués dans les allogreffes d’organes et de cel-
lules souches hématopoïétiques et comme traitement de fond de l’ensemble des maladies
auto-immunes et de maladies inflammatoires chroniques. Parmi l’arsenal thérapeutique les
inhibiteurs de la calcineurine et de la rampamycine semblent prometteurs. La calcineurine
est une protéïne dépendante du complexe Ca2+/calmoduline, présente en grande concentra-
tion dans le système nerveux central. Constituée de deux sous unités de poids moléculaire
différent (calcineurine A et B), la calcineurine est capable de déphosphoriler un certain nom-
bre de phosphoprotéïnes ; elle est impliquée dans la régulation du système de transduction.
La cyclosporine A se lie à un récepteur intracellulaire (la cyclophylline), et le complexe ligand-
récepteur inhibe la phosphatase 2B ou calcineurine, enzyme qui induit la translocation nu-
cléaire du facteur de transcription NFAT. Le FK-506 (tacrolimus, Prograf) se lie à un autre
récepteur (FK BP-12) et inhibe aussi la calcineurine. Ces deux médicaments appelés inhibi-
teurs de calcineurine ont donc le même mécanisme d’activité immunosuppressive mais leur
toxicité est différente car leurs récepteurs n’ont pas la même expression dans les différents tis-
sus. Ces deux médicaments en bloquant NFAT, diminuent l’expression des gènes de cytokines
(IL-2,-4,-5,-13, TNF, GM-CSF) et des ligands de CD-40 (activation des cellules B et matura-
tion des cellules dendritiques) et de CD-95 (récepteur inducteur d’apoptose). La pharma-
cocinétique des inhibiteurs de calcineurine est complexe. La rapamycine (RPM ou Sirolimus)
est comme le tacrolimus, un macrolide cyclique qui se lie au même récepteur (FKBP-12). Le
complexe RPM-FKBP-12 inhibe des kinases TOR-1-2 (targets of rapamycin) qui contrôle
l’entrée en phase S du cycle cellulaire. Par ailleurs la RPM inhiberait la synthèse d’IL-2 in-
duite par le deuxième signal de co-stimulation (CD-28), synthèse qui n’est pas bloquée par
la cyclosporine A.
Récemment l’effet protecteur préventif de la cyclosporine A, du FK 506 et de la rapamycine
a été révélé expérimentalement chez la souris traumatisée sonore. Une population a été ex-
posée à un son de 120 dB à 2 000 Hz pendant 10 minutes et une autre a été exposée à un son
de 128 dB à 4 kHz pendant 4 heures. La perfusion intra-péritonéale préventive juste avant
l’exposition diminue de façon significative l’atteinte auditive secondaire. Les meilleurs ré-
sultats sont obtenus en associant le FK 506 et la rapamycine. Cette découverte montre l’in-
térêt nouveau des inhibiteurs de la calcineurine.
Le magnésium semble avoir des propriétés pour diminuer les pertes auditives dans le cadre
de TSA aussi bien lorsqu’il est utilisé de façon préventive que curative.
Scheibe[72] a montré un effet thérapeutique chez le cobaye du magnésium, à condition qu’il
soit administré dans les quatre heures suivant le TSA et à des doses supérieures à celles em-
ployées chez l’homme dans le cadre du traitement au magnésium (80 mmol/70 kg au lieu de
6 à 8 mmol/j). Il a obtenu une diminution maximale des pertes auditives (13 à 20 dB) en ad-
ministrant 0,29 mmol de magnésium par 110 g de poids immédiatement après le TSA. Les
pertes auditives sont corrélées avec les destructions au niveau des CCE et CCI et inverse-
ment corrélées au taux péri-lymphatique de magnésium.
Si le magnésium est administré de façon préventive chez le cobaye, Haupt et Scheibe [35] ont
mis en évidence une diminution des pertes auditives de 10 à 35 dB sur les fréquences s’éta-
lant de 2 000 à 16 000 Hz en cas de TSA. En effet le groupe contrôle présentant des taux de
magnésium bas a vu son flux sanguin cochléaire et sa pression partielle en oxygène péri-
lymphatique baisser de 10 à 35 % en cas de TSA tandis que le groupe de cobayes traités n’a
présenté aucune diminution de ces deux paramètres, voire même une légère augmentation.
L’effet préventif du magnésium a été aussi mis en avant dans une étude récente [97]. L’ad-
ministration préventive par voie orale de 39 mmol/l de chlorure de magnésium chez le co-
baye 15 jours avant l’exposition traumatique (bruit blanc de 98 à 100 dB – 16 heures par
jour- pendant dix jours) s’avère significativement efficace dans la préservation et la réduc-
tion des dégâts cochléaires.
L’effet curatif du magnésium versus placebo a été aussi évalué [77]. En effet des cochons
d’Inde traités par magnésium dans l’heure qui suit le TSA et pendant sept jours présentent
de façon significative une réduction des lésions ciliées.
La corrélation entre perte auditive par exposition sonore et taux physiologique sérique de ma-
gnésium est discutée chez l’homme [44]. Joachims [45] dans une étude rétrospective concer-
nant 24 pilotes des forces israéliennes a mis en évidence une corrélation entre les variations
physiologiques du taux sérique et plus d’un tiers des pertes auditives induites par les nui-
sances sonores. Cependant Walden [89], dans une étude rétrospective concernant 68 soldats
américains n’a pas trouvé de corrélation significative entre les pertes auditives séquellaires de
ces soldats et les variations physiologiques des taux sériques de magnésium.
La supplémentation du régime alimentaire par 6,7 mmol d’aspartate de magnésium (167 mg)
dans une étude prospective en double aveugle portant sur 300 militaires a permis d’obtenir
une diminution de moitié du nombre d’individus présentant une perte auditive supérieure
à 25 dB par rapport au groupe placebo sur les fréquences de 4 000 Hz, 6 000 Hz et 8 000 Hz
[2]. Les pertes auditives sont inversement corrélées à la teneur sérique en magnésium. La
supplémentation en magnésium n’a pas entraîné d’effet secondaire.
Le magnésium semble avoir sa place chez l’homme surtout dans le cadre de la prévention des
pertes auditives dues au TSA, à condition qu’il soit administré de façon quotidienne chez
les populations exposées [29].
Les anti-oxydants
La part responsable de ces différents mécanismes diffère selon qu’il s’agisse d’un traumatisme so-
nore par bruit continu ou par bruit impulsionnel [31] expliquant ainsi une efficacité thérapeutique
variable en fonction de l’origine du traumatisme. Si l’aspect mécanique pourrait prédominer lors
de bruits impulsionnels, l’aggravation post-traumatique observée par certains auteurs [32, 54]
pourrait être en faveur d’une implication métabolique secondaire. Il est généralement admis
que toute activité métabolique s’accompagne de formation de radicaux libres, dont l’anion
_
superoxyde (O2• ), le radical hydroxyl (OH) et le peroxyde d’hydrogène (H2O2). L’anion su-
peroxyde peut, de plus en combinaison avec le monoxyde d’azote (NO), former du peroxynitrite.
En induisant une peroxydation lipidique, ces composés sont potentiellement toxiques pour
la cellule. Dans les conditions physiologiques, ils sont inactivés par des systèmes antioxy-
dants endogènes intracellulaires (gluthation, vitamine C et E, diverses enzymes). En cas de
dépassement de ces systèmes de protection, la cellule meurt par apoptose [25, 46]. L’organe
de Corti n’échappe pas au risque oxydatif. En effet plusieurs expérimentations démontrent
que l’exposition à un son de forte intensité induit ce type de stress [58, 60, 61] et augmente
les radicaux hydroxyl ainsi que les ions superoxydes [92]. La formation de radicaux libres peut
se prolonger plusieurs jours après l’exposition à un son traumatisant [94]. Dans ces condi-
tions, l’activité antioxydante endogène est accrue, corroborant ainsi l’hypothèse de la mise
en jeu d’un stress oxydatif. Or la fonction auditive est altérée par les radicaux libres [11]. De
plus la susceptibilité au bruit dépend du statut anti-oxydant : l’administration d’un régime
qui diminue la production du gluthation endogène s’accompagne d’une susceptibilité ac-
crue au traumatisme [95]. Ces observations ont été confirmées par l’utilisation d’animaux
transgéniques [55, 60] ou d’outils pharmacologiques [95]. C’est aussi par le biais de ce mé-
canisme que l’on peut expliquer le conditionnement au bruit ; l’exposition au préalable à un
son de forte intensité (non lésionnel), diminue la susceptibilité à un bruit traumatisant en
augmentant l’activité d’enzymes antioxydantes [42]. L’hypothèse du rôle joué par les radicaux
libres dans le traumatisme sonore a motivé la mise en œuvre d’études à visées prophylac-
tiques et thérapeutiques. Ainsi plusieurs molécules anti-radicalaires ont ainsi été testées :
allopurinol, OTC (donneur de cystéïne), chélateur du fer, gluthation, mélatonine, resvera-
trol, CuZn-SOD, α-tocophérol, ebselen, N Acétyl cystéine, (NAC), Acétyl L Carnitine
(ALCAR), edavarone, carnosine, vitamine C, trolox (vit E) [29].
Dans la majorité de ces études, les substances anti-oxydantes sont administrées avant l’expo-
sition au bruit. Les administrations curatives sont peu nombreuses et toujours limitées à des
modèles de bruit continu. Toutes les études qui s’intéressent au bruit impulsionnel utilisent des
bruits répétitifs (type marteau-piqueur 100 x 145 dB). High [38] montre qu’un traitement par
le gluthation monoethylester peut-être efficace sur un TSA par bruit impulsionnel
(100 x 145 dB SPL) sans l’être sur un TSA par bruit continu (105 dB 4 kHz, 4 heures) ce qui
souligne l’intérêt du choix du modèle traumatique.Aucune étude ne concerne le bruit d’arme,
dont la brièveté du son traumatisant est caractéristique. De plus les traitements testés sur des
traumatismes par bruit impulsionnel sont tous préventifs.
La participation des radicaux libres à l’étiopathogénie des surdités induites par TSA et la
protection des cellules ciliées et de l’audition par des traitements anti-oxydants ont été mon-
trés expérimentalement chez certaines espèces de mammifères rongeurs et pour différents
anti-oxydants [36, 58]. Lorsqu’il est ajouté au milieu d’incubation d’une préparation in vitro
d’organe de Corti de cobayes des radicaux libres tels que le peroxyde d’hydrogène, il appa-
raît une lyse massive des CCE suivie d’une lyse progressive des CCI tandis que les cellules de
soutien restent indemnes [18]. Les anti-oxydants peuvent être définis comme toute subs-
tance qui, présente à faible concentration par rapport au substrat oxydable, est capable de
ralentir ou d’inhiber l’oxydation de ce substrat. Les anti-oxydants peuvent agir à deux ni-
veaux : en prévenant la formation de radicaux libres oxygénés (anti-oxydants primaires) ou
en épurant les radicaux libres oxygénés (anti-oxydants secondaires) [8].
N Acétyl-Cystéine
La NAC est le plus souvent prescrite comme fluidifiant bronchique (les groupements – SH
rompent les liaisons disulfures des mucoprotéïnes). Une autre indication est l’intoxication à
l’acétaminophène (paracétamol), au cours de laquelle il apparaît une toxicité hépatique. La
NAC est un puissant inhibiteur de la peroxydation lipidique. Son spectre d’action est étendu
puisqu’il peut piéger le peroxyde d’hydrogène et les radicaux hydroxyl [1,19]. La NAC aug-
mente par ailleurs la synthèse intracellulaire de gluthation (puissant anti-oxydant endogène)
par l’apport de cystéïne qu’elle permet [28]. L’adjonction de NAC ou de ALCAR chez le chin-
chilla réduit de façon significative de 10 à 30 dB les seuils auditifs trois semaines après ex-
position traumatique sonore parallèlement à une moindre perte de CCE [48]. Kopke [47] a
montré que l’association NAC et salicylate était efficace en pré-traitement d’un traumatisme
sonore, mais il n’obtient pas d’effet lorsque l’association est administrée après la survenue
d’un traumatisme. Ohinata [59] a confirmé l’effet protecteur de la NAC administrée seule
après le traumatisme par bruit continu. La prévention existe aussi lors d’une exposition à un
bruit impulsionnel répétitif [20, 48] cependant un surdosage en NAC pourrait annuler cette
action bénéfique [20]. Une étude in vitro a montré que l’adjonction de NAC double la sur-
vie des cellules ciliées externes [80].
Ces résultats doivent être interprétés avec modération depuis la publication de Davis [17] qui
montre que l’effet protecteur de la N acétyl-I-cysteïne (I-NAC) est dépendante de plusieurs
facteurs ; la dose administrée, la durée du traitement, les mécanismes biochimiques âge-dé-
pendant et de l’acétylation hépatique variable en fonction des individus. Jusqu’alors les études
n’ont été réalisées que sur des modèles expérimentaux animaux. Kramer [49] met en évi-
dence pour la première fois chez l’homme l’effet préventif de la NAC. Le groupe de patients
ayant reçu la NAC avant exposition sonore (discothèque) et deux heures après présente de
façon significative un déficit auditif moins marqué sur le 3 kHz et le 4 kHz que le groupe pla-
cebo.
La NAC a été étudiée comparativement et de façon concomitante à l’α-tocophérol (isoforme
du groupe des vitamines E) en perfusion intra-péritonéale chez le cobaye exposé à un bruit
d’arme (FAMAS 170 dB SPL). Ces molécules ont un effet protecteur vis-à-vis d’un trauma-
tisme sonore par bruit continu [39, 59] ou impulsionnel répétitif [20]. Elles présentent l’avan-
tage d’être prescrites chez l’homme pour d’autres indications et elles n’ont que peu d’effets
secondaires et de contre-indications.
Alpha-tocophérol
L’α-tocophérol est l’isomère le plus actif de la famille des vitamines E proposé classiquement
dans les hyperliprotéinémies. C’est une vitamine liposoluble appartenant au système anti-
oxydant endogène. Elle s’oppose à la peroxydation lipidique en formant un composé oxydé
(l’α-tocophéryl) à partir duquel elle peut se régénérer à partir de la vitamine C [84].Aucun sur-
dosage à la vitamine E n’a été rapporté chez l’homme. L’administration préventive de la vita-
mine E s’est révélée efficace dans le cadre de traumatisme sonore par bruit continu [59]. Dans
l’étude de Sendowski [78], NAC et α-tocophérol ont été administrés une heure après l’expo-
sition au bruit traumatisant (NAC à la dose de 350 mg/kg et α-tocophérol à la dose de
50 mg/kg). C’est un délai qui est compatible avec la pratique clinique à condition que le pa-
tient soit pris en charge rapidement par une structure de soin. Administrés en l’absence de
traumatisme, aucun de ces traitements ne s’est révélé délétère pour l’audition. Après exposi-
tion à un bruit impulsionnel traumatisant, les cellules ciliées externes et plus particulièrement
les CCE3, sont significativement moins atteintes sous traitement anti-oxydant [78], cette pro-
tection concerne les basses fréquences (500 Hz) pour les deux traitements et s’étend aux fré-
quences de 2-3 kHz en présence de vitamine E. L’étude des seuils auditifs montre une efficacité
modérée de ces traitements anti-oxydants, puisque les pertes auditives de 2 à 2,8 kHz sont si-
gnificativement plus faibles sous α-tocophérol [78]. Les anti-oxydants montrent une efficacité
dans une zone pour laquelle les pertes auditives et cellulaires ne sont pas maximales. Cette
observation a été souligné par d’autres auteurs : Hou [59] note que l’α-tocophérol protège
d’avantage à 2 kHz, alors que les pertes auditives sont plus importantes à 4 et 8 kHz. D’au-
tres anti-oxydants présentent cette même propriété [59, 95]. Une explication pourrait repo-
ser sur le fait que d’autres mécanismes indépendants du stress oxydatif, sont impliqués dans
l’apparition des lésions cellulaires. Il est possible que la nature mécanique des lésions soit
prédominante dans les zones les plus touchées (correspondant aussi aux zones d’atteintes
des CCI soit 2-10 kHz) et qu’à ce niveau, l’action des anti-oxydants soit insuffisante pour li-
miter les pertes cellulaires. Cette étude montre par ailleurs que contrairement à la NAC, l’α-
tocophérol protège les CCE répondant aux fréquences autour de 2-2,8 kHz. Plusieurs
hypothèses peuvent expliquer ces différences ; d’une part l’activité anti-oxydante des deux
molécules n’est pas identique ; d’autre part la solubilité et donc la diffusion dans les structures
diffère (la NAC est hydrosoluble, l’α-tocophérol est liposoluble) ; enfin les doses adminis-
trées ne sont vraisemblablement pas équivalentes. Quoiqu’il en soit, le dénombrement cel-
lulaire dans les basses fréquences démontre bien qu’il existe, dans les deux cas un effet
thérapeutique des anti-oxydants.
Ces traitements déjà largement utilisés chez l’homme dans d’autres pathologies, ne présen-
tent que peu d’effets secondaires ou de contre indications. Ils pourraient être entrepris rapi-
dement au cours des premiers soins apportés lors de suspicion d’un traumatisme sonore
aigu par bruit d’arme.
Faute de pouvoir remplacer les cellules ciliées détruites, on peut cependant les empêcher de
mourir. Quel que soit le type cellulaire, la nécrose et l’apoptose sont les deux mécanismes de
mort cellulaire classiquement décrits. Les cellules qui meurent par nécrose se distinguent
morphologiquement par la rupture de leur membrane et l’apparition de débris cellulaires
dans le milieu extracellulaire provoquant ainsi une réaction inflammatoire. Les cellules qui
meurent par apoptose obéissent à un processus de mort programmée. A l’inverse de la né-
crose, l’apoptose maintient l’intégrité membranaire jusqu’à un moment très tardif du pro-
cessus de mort cellulaire. La structure des organelles est préservée mais la chromatine
nucléaire se condense et est découpée en fragments.Alors que le contenu lysosomal demeure
intact, des fragments de la cellule se séparent progressivement pour former des corps apop-
totiques, rapidement phagocytés, évitant ainsi le déclenchement d’une réaction inflamma-
toire. Dans l’oreille interne des données moléculaires et morphologiques suggèrent que les
cellules sensorielles meurent par apoptose [12, 53, 63, 87]. Wang [90] a développé des stra-
tégies de protection des cellules sensorielles en utilisant des molécules antiapoptotiques di-
rigées contre les étapes clefs de la cascade apoptotique mais aussi des molécules actuellement
utilisées dans les maladies neurodégénératives. Pirvola [63] et Wang [90] ont démontré qu’en
inhibant la kinase c-Jun N-terminal kinase (D-JNKI-1) on prévient l’apoptose cellulaire.
Cette kinase fait partie de la voie de mort cellulaire passant par la MAP kinase. En l’inhibant,
par instillation locale dans la scala tympani chez le cobaye, on obtient un effet protecteur
vis-à-vis des lésions acoustiques de façon dose dépendante. Cela permet de prévenir ou de
freiner les lésions et la mort cellulaire de cellules ciliées qui se poursuit bien au-delà de la fin
de la stimulation acoustique [90].
Wang [90] montre ainsi que l’application de certains anti-apoptotiques (inhibiteurs des cas-
pases 3 et 9, ou de la voie MAPK/JNK) directement dans la cochlée, non seulement bloque
la mort cellulaire, mais surtout favorise la restauration fonctionnelle après traumatisme
acoustique. L’utilisation d’un polypeptide de haut poids moléculaire inhibiteur de la c-Jun N-
terminal kinase entrevoit des perpectives thérapeutiques prometteuses. L’étude récente d’Es-
raghi [24] montre l’intérêt d’une perfusion préventive de ce peptide dans la cochlée chez le
cochon d’inde avant implantation cochléaire.
Bien évidemment, ce type de stratégie n’est efficace que si les molécules sont appliquées direc-
tement dans la cochlée dans les quelques heures (24 heures) qui suivent le traumatisme, lorsque
les cellules sont encore présentes. Nul doute que ces stratégies ouvrent des perspectives pro-
metteuses dans le traitement des surdités traumato-sonores. Ces substances anti-apoptose ont
leur place dans l’arsenal thérapeutique des TSA. Le point fort de ces études réside dans leur dé-
bouché clinique. Jusqu’à ce jour, l’obstacle majeur à la mise en œuvre d’essais cliniques résidait
dans les effets secondaires des substances délivrées par voie générale.Ainsi les substances anti-
glutamate ont une incidence négative sur les processus d’apprentissage et de la mémoire. Le dé-
veloppement d’une pharmacologie locale, tout en permettant des traitements très efficaces,
permettra de s’affranchir des effets secondaires centraux indésirables.
Les inhibiteurs de la Src- protein tyrosine kinase (PTK) [4, 33, 96]
La Src-PTK est une proteine qui initie la réaction en chaîne multi-enzymatique avec les effets
mécaniques et métaboliques aboutissant à l’apoptose cellulaire [4, 96]. Harris [33] montre
l’intérêt préventif des inhibiteurs de la Src-PTK (KX1-004, KX1-005, KX1-174) comme
molécules protectrices du traumatisme sonore. Une solution saline contenant 30 µmol d’un
inhibiteur de la Src-PTK est déposée sur la fenêtre tympanique de chinchillas. De façon conco-
mittante un placebo est déposé sur la fenêtre tympanique contro-latérale.Vingt jours après une
exposition sonore de 106 dB à 4 kHz pendant quatre heures, les cochlées sont prélevées.
La molécule la plus protectrice le KX1-004 a été réévaluée à différentes doses jusqu’à une
concentration minimale protectrice. Harris montre ainsi l’intérêt d’une nouvelle approche
préventive mais aussi thérapeutique des inhibiteurs de la Src-PTK [33].
Il s’agit d’un procédé mis en place et induit en per-opératoire avant implantation cochléaire.
Il semblerait que l’hypothermie relative et modérée ait un effet protecteur de la cochlée lors
de la mise en place de l’implant. Eshraghi [24] se pose la question de l’extrapolation de ce
constat vers un effet au moins préventif et protecteur du froid de la cochlée exposée à un
TSA.
Outre le fait de protéger les neurones auditifs, ce type d’approche permettra d’élargir les in-
dications de l’implant cochléaire aux patients présentant des surdités progressives, en pré-
servant les cellules sensorielles encore fonctionnelles. Démontrer que l’on peut stopper la
dégénérescence des cellules sensorielles chez les patients implantés permettra d’étendre ce
type d’approche pharmacologique à d’autres pathologies [52].
•
Références
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La lutte contre le bruit et ses effets délétères est maintenant bien connue [a, b]. Elle est de-
venue un sujet d’actualité qui fait l’objet de l’attention régulière des médias et du grand pu-
blic. Ce problème est connu depuis fort longtemps en milieu militaire où les ambiances
sonores rencontrées peuvent être extraordinairement agressives. Il nous a paru nécessaire,
sur un plan didactique, de traiter séparément la prévention des nuisances dues aux bruits
en milieu civil et celles rencontrées en milieu militaire.
Un Français sur deux considère être mal informé sur les méfaits du bruit, alors que plus de
10 millions de personnes habitent à proximité de « points noirs » auxquels la loi sur le bruit
de 1992 [14] est sensée s’attaquer en priorité. Malgré ces nuisances, l’utilisation des moyens
de protection est rare. L’enquête Audika/Sofres [16] n’a retrouvé l’utilisation occasionnelle
de moyens de protection que chez 35 % des sujets exposés aux nuisances sonores (bouchons
d’oreille : 29 % ; casques : 17 % ; protections sur mesure : 5 %), avec une sur-utilisation des
moyens chez les utilisateurs (combinaison de plusieurs moyens protecteurs).
L’exposition prolongée et/ou fréquente à des niveaux sonores élevés provoque des lésions de
l’organe neuro-sensoriel de la cochlée se traduisant par l’installation progressive d’une sur-
dité de perception irréversible. La détérioration de l’audition dépend du niveau du bruit, de
sa nature (impulsif, stationnaire, fluctuant), de la durée d’exposition et de la susceptibilité in-
dividuelle. L’exposition régulière au bruit peut aussi se traduire par des troubles non auditifs,
par exemple en provoquant une vasoconstriction périphérique ou en augmentant certains
marqueurs de stress (catécholamines) : fatigue, nervosité, tremblements, insomnies, perte de
vigilance (baisse de l’attention et de la concentration), hypertension artérielle (à long terme,
le travail dans un milieu où les bruits sont intenses serait associé à une augmentation de 60 %
du risque d’affection cardio-vasculaire), vertiges, irritabilité ainsi que troubles psychosoma-
tiques (gastrites, colopathies…). D’après l’enquête Audika/Sofres [16], 3 personnes sur 4 dé-
clarent avoir déjà souffert d’un problème lié au bruit (nervosité, fatigue, céphalées, troubles
du sommeil, bourdonnements d’oreille, 16 % des sondés…). La tranche d’âge des 25-34 ans
se plaint encore plus souvent de fatigue, de nervosité et de céphalées.
Information
prolongée d’un baladeur peut endommager l’oreille de l’utilisateur » (Art. 5). Les appareils non
conformes à ces dispositions ne peuvent pas être commercialisés en France. Dans la situa-
tion actuelle, il est donc recommandé [8] d’éviter les établissements connus pour leur niveau
sonore élevé ; de ne pas s’approcher des enceintes acoustiques ; de porter des bouchons pro-
tecteurs en mousse, en particulier en cas de signes de fragilité de l’oreille constatés antérieu-
rement. Les durées hebdomadaires d’écoute sans protection ne devraient pas dépasser
20 heures pour un baladeur (ou un auto-radio, un instrument de musique, etc.) à 90 dBA, 2
à 3 heures s’il est réglé au maximum (100 dBA) et 2 heures en discothèque à 103 dBA…
Protections standard
Des bouchons standards Ear©-Classic® en mousse polymère douce (jaune) (Fig. 1) sont en
vente partout y compris dans les grandes surfaces à un prix très modique. Ils apportent une
atténuation d’environ 15 dB sur l’ensemble des fréquences, ce qui représente une protection
efficace dans de nombreuses situations.
Les bouchons standards Ear©-Ultrafit® (Fig. 2) sont très efficaces et apportent une atténua-
tion des hautes fréquences de 26 dB, de 22 dB pour les moyennes fréquences et de 20 dB
pour les basses fréquences.
Il existe aussi désormais des protections acoustiques adaptées à un environnement particulier
dont le prix reste abordable : protections Protac©-Passtop S Tips®, Protac©-Pianissimo S-20®
(Fig. 3) (atténuation linéaire, en plateau, ne déformant pas la perception de l’environnement
sonore) et Protac©-Stopgun S® (Fig. 4) (atténuation acoustique non linéaire sélective des bruits
impulsionnels). Les techniques physiques rendent les protecteurs auditifs de plus en plus
performants : des protections passives, sans restitution, on s’oriente désormais vers des atté-
nuations non linéaires (dépendant de l’amplitude grâce à un dispositif mécanique ou élec-
tro-acoustique) ou actives (création d’un anti-bruit en opposition de phase : ces procédés
sont déjà utilisés dans les cabines de certains avions), le but étant d’assurer un affaiblisse-
ment suffisant pour protéger, tout en tenant compte de la variabilité du bruit environnant et
en évitant la surprotection (isolement du sujet) et les distorsions [5, 12].
Une notion erronée est celle qu’une forte atténuation confère une bonne protection. En fait,
un protecteur auditif doit être porté pendant toute la durée d’exposition au bruit (une utili-
sation à 50 % du temps conduit à une protection effective de 3 dB seulement : conséquence
de la loi d’isoénergie) [5] (Fig. 5).
Des protections acoustiques personnalisées, dont nous citons quelques exemples ci-dessous,
peuvent néanmoins être nécessaires pour une meilleure protection parfaitement adaptée à
des contextes spécifiques. Ils requièrent une adaptation parfaite à l’anatomie de l’oreille ex-
terne et nécessitent de s’adresser à un audioprothésiste. La confection sur mesure de ces pro-
tections en majore notablement le prix de revient.
(bricolage, loisirs, sports, jardinage…), aux dentistes, coiffeurs… Le second, plus performant
sur les graves, convient aux PME (entreprises de conditionnement, maintenance, industrie
alimentaire ou pharmaceutique).
- Bouchons Stopgun® (Fig. 7) (Protac©). Ces protections spécialement adaptées à la chasse
permettent la transparence acoustique des faibles sons (détection du gibier) tout en écrêtant
de 20 à 25 dB les bruits impulsionnels forts. La personnalisation en majore le prix par rap- Figure 7:
port aux Stopgun S®. Bouchon Protac-Stopgun®.
Musiciens
L’utilisation de protections anti-bruit par les musiciens peut induire une déformation
des sons perçus pouvant les gêner dans l’exercice de leur profession. Certaines pro-
tections sont conçues pour éviter ces distorsions.
- Bouchons standards :
- Ultrafit® (Ear©), très efficace, déjà exposé ;
Figure 9 : Bouchon sur mesure
- Pianissimo S-20® (Protac©) : déjà étudié, ce bouchon standard à atténuation
Protac-Pianissimo® linéaire de 20 dB peut être utilisé par tous les musiciens. Il représente un
Atténuation linéaire de -9 dB, -
15 dB et -25 dB sans déformation
bon compromis avant l’acquisition de bouchons sur mesure.
sonore. - Bouchons sur mesure (Protac©) (Fig. 9) :
- Le Pianissimo® reconstruit la courbe naturelle d’audition en l’atténuant de
9 dB (cours, répétitions), 15 dB (orchestres classiques, solistes, ingénieurs
du son) ou 25 dB (percussions, guitares électriques, discothèques, rock…)
sans déformation de la perception auditive.
Il est possible de se procurer un casque anti-bruits passif pour moins de 10 euros dans tous
les magasins de bricolage. Le prix peut atteindre 50 euros suivant leurs propriétés acous-
tiques, les matériaux utilisés dans leur fabrication, leurs qualités esthétiques (Fig. 10).
Figure 10 : Casque anti- Bilsom© propose toute une série de casques anti-bruits en fonction des situations rencon-
bruits passif avec arceau ma-
telassé utilisable en serre-
trées. En milieux très bruyants, certains casques, munis d’un émetteur-récepteur et même
tête. d’un laryngophone, peuvent atteindre 450 à 500 euros.
La société Technofirst© a commercialisé des casques avec un système anti-bruits actif dont
nous verrons le principe de fonctionnement au chapitre II.5.2.2. Le modèle Noisemasker®
(Fig. 11) a des applications industrielles : mines, métallurgie, aéronautique, automobile, tra-
vaux publics, mais aussi agriculture et armée (pilotes de chasse, personnels au sol etc.).
Les différences inter-individuelles de susceptibilité au bruit font qu’il est impossible de déter-
miner des normes utilisables en pratique susceptibles de protéger 100 % des individus. Il est
néanmoins possible d’établir des normes d’exposition minimisant le risque de lésions dues au
bruit chez la plupart des sujets exposés.
La Loi du 31 décembre 1992 [14] constitue le tournant législatif essentiel. Pour la première fois,
elle s’intéresse à la prévention, la suppression ou la limitation des bruits de nature à « nuire à
la santé ou à porter atteinte à l’environnement ». Les mesures adoptées sont complémentaires
de celles contenues dans les codes du travail, de la route ou de l’aviation civile : elles ne s’y
substituent pas. Les activités relevant de la défense nationale, de la protection civile et des
pompiers ne sont pas concernées. Cette loi réglemente : la fabrication, les modalités d’homo-
logation et la vente des objets bruyants ainsi que ceux des dispositifs destinés à réduire le bruit.
Les activités bruyantes exercées dans les installations non classées et celles exercées pour les
loisirs et en plein air ainsi que les trafics d’hélicoptères. Elle fixe une taxe sur les aéronefs en
fonction de leurs émissions sonores pour permettre des travaux visant à atténuer le bruit au-
tour des aérodromes.
En 1992, la surdité était la première maladie professionnelle (20 % du total de ces maladies).
En 1999, malgré la législation, elle demeurait encore au 3e rang. Elle est la plus coûteuse des
maladies professionnelles. Le coût d’une surdité reconnue se situe entre 90 et 120 000 euros
environ, hors coûts sociaux, à la charge des entreprises. Les surdités représentaient 6 % des
11 000 maladies professionnelles recensées par la CNAM en 1997. Dans les prochaines an-
nées, les experts prévoient 3 000 à 4 000 nouvelles surdités professionnelles par an. La mé-
tallurgie est la plus touchée (chaudronnerie, forge, tôlerie) suivie par les scieries, verreries et
industries de tissage. Les secteurs du BTP sont aussi exposés. Plus de deux millions de per-
sonnes (13 % des salariés [8]) seraient ainsi exposées de façon prolongée à des bruits dépas-
sant 85 dB (A) sur leur lieu de travail, dont certaines seront atteintes de lésions auditives
irréversibles. Le nombre de ces surdités réparées au titre des maladies professionnelles s’est
accru brutalement en 1981 à la suite de la révision du tableau 42. Des professions dans les-
quelles l’exposition au bruit est moins spectaculaire sont aussi menacées : ainsi, 46 % des mo-
tards ont une baisse d’audition, les conducteurs de poids lourds présentent un déficit auditif
moyen de 20 dB (plus prononcé de 3 dB à gauche) et les musiciens d’orchestre symphonique
ont des pertes auditives sur les fréquences 3 000 à 8 000 Hz…
Les mesures de prévention concernent essentiellement le milieu du travail et notre environ-
nement quotidien. Les mesures médicales de prévention des acouphènes et de l’hyperacou-
sie liés au bruit sont souvent des mesures d’aval visant à donner des conseils à l’échelon
individuel en tentant de prévenir une éventuelle aggravation d’un symptôme établi. Elles
sont complémentaires des mesures de prévention collective prises par les pouvoirs publics.
Elles peuvent néanmoins trouver leur place dans le cadre de la prévention primaire en dif-
fusant une meilleure information sur les risques encourus par une exposition intempestive
au bruit. Le rôle du médecin du travail est ici crucial. Tout salarié exposé au bruit bénéficie
d’une surveillance clinique et audiométrique régulière. Le médecin du travail, en tant que
conseiller de l’employeur, peut préconiser des mesures de prévention spécifiques que l’em-
ployeur doit s’efforcer de mettre en œuvre. En prévention primaire, le médecin du travail re-
père les zones à risque, fait des mesures sonométriques, signale les zones de plus de 85 dBA
et met en œuvre les mesures de protection individuelle et collective. En prévention secon-
daire, il recense les salariés exposés au bruit et les surveille plus particulièrement (mesures
dosimétriques au poste, surveillance médicale, audiométrique). En prévention tertiaire, le
médecin du travail oriente les salariés présentant une hypoacousie vers un ORL, voire vers
la Caisse d’Assurance Maladie en vue d’obtenir une reconnaissance en maladie profession-
nelle. Il aide à l’insertion ou à la réinsertion au poste de travail, et peut préconiser son amé-
nagement. Enfin, un reclassement professionnel peut être nécessaire, faisant alors appel à
des spécialistes du maintien dans l’emploi et à des aides de l’Association de Gestion du Fond
d’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées (AGEFIPH). Il peut aussi l’orienter
vers la COTOREP en vue d’une reconnaissance en travailleur handicapé.
Comme c’est le cas pour les constructions à usage d’habitation, toute création ou rénovation
d’atelier passe par la réalisation d’un projet d’insonorisation des locaux. Le bruit des machines
doit être limité à la source (amortissement des chocs, diminution des vibrations, silencieux…).
Lorsque les salariés sont exposés à un niveau sonore supérieur à 85 dB, ils sont invités à utiliser
les protections mises à disposition par l’employeur. Selon une directive Européenne récente, il est
interdit d’exposer sans protection des travailleurs à plus de 87 dB. Les petites entreprises et les
artisans sont souvent mal informés. L’employeur doit identifier les travailleurs exposés à des ni-
veaux de bruit de plus de 85 dB et/ou à des pics sonores atteignant ou dépassant 135 dB. Si ces
niveaux dépassent 90 dB et 140 dB respectivement, un programme de réduction du bruit doit
être organisé. Dans le cadre de la transposition en droit français de la directive CE du 6 février
2003, les seuils règlementaires seront abaissés de 5 dB [8]. La prévention passe aussi par l’amé-
nagement du temps de travail des personnels exposés: selon les règles physiques, la division du
temps d’exposition par 2 engendre une diminution quotidienne du niveau sonore de 3 dB.
Le médecin du travail, conseiller des salariés et de l’employeur, sensibilise aux méfaits du bruit
et préconise l’utilisation des mesures de protection lors de sessions d’information et de forma-
tion. Le sujet est abordé collectivement tous les trimestres lors des CHSCT (Comité d’Hygiène
et de Sécurité et des Conditions de Travail) dans les entreprises de plus de 50 salariés.
La principale cause de gêne face au bruit concerne les transports routiers. Le décret du 9 jan-
vier 1995 précise les conditions d’aménagement des infrastructures de transports terrestres.
L’arrêté du 8 novembre 1999 [2] règlemente celui des infrastructures ferroviaires. Les nui-
sances sonores dues au trafic aérien sont également encadrées par la loi de 1992. Le code de
l’urbanisme règlemente l’implantation des logements aux abords des voies de circulation et
des lieux bruyants en l’absence de Plan d’Occupation des Sols (POS). Le code de la route rè-
glemente l’usage des avertisseurs sonores, le bruit des véhicules et de leurs échappements.
Le code des communes réprime les atteintes à la tranquillité publique (circulation de véhi-
cules, établissements recevant du public, travaux de chantier, activités économiques, artisa-
nales, agricoles, sports et loisirs). Le maire dispose de moyens règlementaires de prévention
et de contrôle pour faire cesser ou atténuer le bruit. Il peut notamment interdire le passage
de poids lourds à travers la commune la nuit, mais aussi règlementer les horaires d’ouverture
des discothèques et bars, refuser l’installation de certaines activités bruyantes, interdire la
pratique d’activités du type ball-trap ou stand de tir…
Les bruits de voisinage peuvent avoir deux origines : le comportement des occupants des lo-
gements ou maisons et l’insuffisance d’isolation acoustique du bâtiment. Si ces bruits de-
viennent gênants du fait de leur intensité, de leur durée ou de leur répétition, ils constituent
alors une infraction. Le code de la santé publique fixe les règles générales d’hygiène et toute
autre mesure propre à préserver la santé de l’homme, notamment en matière de lutte contre
les bruits de voisinage. Le code de la construction et de l’habitation détermine les règles gé-
nérales de la construction des immeubles à usage d’habitation et notamment l’isolement
acoustique minimum à respecter à l’intérieur des logements.
Les associations consacrées à la lutte contre le bruit, ses conséquences et à l’aide de ceux qui
en sont victimes, encore rares en France à avoir une portée nationale, permettent de délivrer
un message essentiel, non seulement auprès du grand public, mais aussi auprès des médecins
généralistes pour les sensibiliser davantage au problème. Leur action ne peut être qu’encou-
ragée pour autant qu’elles sachent travailler de concert afin d’éviter un éparpillement de leurs
forces vives car, par nature, elles ne peuvent fonctionner que grâce à la participation essen-
tielle de bénévoles dont le temps n’est pas extensible. Le soutien financier que certaines sou-
haitent apporter à la recherche est également louable mais ne sera possible qu’à l’aide de
subventions publiques et/ou émanant d’entreprises privées tels les laboratoires pharmaceu-
tiques : ce ne sont donc pas des objectifs faciles à atteindre. Enfin, une action efficace auprès
des pouvoirs publics cherchant à faire évoluer la législation ne peut se concevoir qu’au tra-
vers d’associations puissantes et donc représentatives d’un groupe conséquent.
Cette association loi 1901, créée en 2000, possède des objectifs multiples et ambitieux visant à la
fois à l’information du grand public et des médecins sur les dangers du bruit, et à une action po-
litique espérant déboucher sur des mesures concrètes émanant des pouvoirs publics. Certaines
mesures relèvent néanmoins, au moins actuellement, d’une certaine utopie, puisque « faire
connaître les examens et tests permettant d’établir avec certitude qu’une personne est atteinte
d’acouphènes ou d’hyperacousie » sera difficile en l’absence de l’existence même de ces tests. Ce-
pendant, de telles associations ne peuvent qu’aller dans le sens d’une meilleure prévention en dif-
fusant un message exposant les dangers de l’exposition au bruit – souvent sous-estimés par le
public et en particulier par la jeunesse – et en se faisant les porte-parole des victimes y trouvant
également un soutien psychologique. Les principales actions envisagées par l’APTA, dont cer-
taines ont déjà été mises en œuvre, visent à:
- alerter l’opinion et les pouvoirs publics du danger des excès de puissance sonore responsables
de traumatismes auditifs pouvant entraîner de façon permanente acouphènes, hyperacousie,
déficience auditive et recrutement;
- informer sur le caractère invalidant de ces symptômes et leurs conséquences parfois drama-
tiques sur la vie des victimes de traumatismes auditifs;
- faire connaître les activités de loisir susceptibles de causer des traumatismes auditifs, en parti-
culier la musique amplifiée (concerts, discothèques, etc.);
- faire connaître l’attitude et les traitements à suivre en urgence en cas de traumatisme auditif ;
- apporter information et aide aux victimes de traumatismes auditifs;
- contribuer à la mise en place d’actions d’information et de prévention efficaces, notamment au-
près des adolescents et des jeunes adultes;
- inciter le Ministère de la Santé de la Jeunesse et des Sports et les autres ministères concernés,
les organismes de protection sociale et les médecins généralistes et spécialistes à communi-
quer sur le danger des traumatismes auditifs et leurs conséquences;
- contribuer à l’élaboration d’une législation respectueuse de l’audition des personnes dans les ac-
tivités de loisir: limitation de l’intensité sonore à un niveau ne pouvant pas créer de lésions du
système auditif, information obligatoire du public à l’entrée des manifestations sur les dangers
d’une exposition à des niveaux sonores excessifs, affichage en continu de l’intensité sonore pen-
dant les manifestations, etc;
- obtenir des pouvoirs publics la reconnaissance de la gravité du handicap entraîné par les acou-
phènes et l’hyperacousie, notamment par le ministère de la Santé, de la Jeunesse, et des Sports,
et les autres ministères concernés, les organismes de protection sociale, les organismes d’aide
aux handicapés et la justice;
- inciter les laboratoires et les médecins à l’évaluation de l’efficacité des thérapies existantes ou
naissantes et à la diffusion de ces informations pour obtenir une utilisation systématique et
une prise en charge des traitements qui peuvent se révéler efficaces sur les conséquences des
traumatismes sonores.
Cette association vient en aide aux victimes du bruit et des nuisances sonores, notamment
de voisinage (discothèques, aéroports, transports…).
Créé en 1972, reconnu d’utilité publique en 1982, il a un triple objectif : coordonner l’action
des associations grâce à un espace de réflexion commun, des actions concertées, l’élaboration
de moyens spécifiques.
Créé en 1978 à l’initiative du Ministère de l’Environnement, le CIDB est une association régie
par la loi 1901. Il regroupe un millier d’organismes publics ou privés intervenant dans le do-
maine de la lutte contre le bruit et cherche à promouvoir l’amélioration de notre environne-
ment sonore.
Créé par le décret du 7 juin 1982 mais ne fonctionnant réellement que depuis peu (selon les
dispositions du décret du 6 juillet 2000 abrogeant le décret de création de 1982), le CNB est
une instance de concertation et de conseil placée auprès du ministre de l’Environnement. Il
comporte 72 membres, dont un médecin, représentants de l’Etat, des collectivités locales et
des organisations syndicales, des personnalités compétentes et des représentants des diffé-
rents groupements, associations et professions concernés par les problèmes de lutte contre
le bruit et d’amélioration de l’environnement sonore. Le ministre chargé de l’Environnement
peut le saisir, pour avis, concernant toute question relative à la lutte contre les nuisances so-
nores et à l’amélioration de la qualité de l’environnement sonore.
Le CNB peut, à son initiative et après en avoir informé le ministère, examiner toute question
relative à l’amélioration de l’environnement sonore et proposer les mesures propres à préve-
nir les nuisances sonores ou à en réduire les effets. Il contribue à l’information et à la sensi-
bilisation de l’opinion dans le domaine de la lutte contre le bruit, et établit périodiquement
un rapport d’activité qui est rendu public.
Rapport Hugel
Elle a pour vocation de proposer des orientations politiques en matière de lutte contre le
bruit en liaison avec l’ensemble des départements ministériels concernés, d’élaborer la règle-
mentation, de participer à l’élaboration des normes françaises et internationales et des rè-
glements communautaires, de définir et mettre en œuvre un système d’information destiné
à l’ensemble des acteurs et des citoyens, de promouvoir et subventionner des actions visant
à réduire les nuisances sonores. Elle assure le secrétariat général du Conseil national du bruit.
Elle impulse et finance des opérations nationales et assure la maîtrise d’ouvrage des projets
de dimension nationale. Elle met en œuvre la politique définie en s’appuyant sur des réseaux
qu’elle anime (DIREN, DDE, etc.), sur des pôles de compétences bruit et sur les délégations
régionales de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME). Ses do-
maines d’action recouvrent en particulier les bruits de voisinage, les activités de loisirs
bruyantes, les nuisances sonores des transports terrestres, la gêne due au bruit des avions, la
qualité acoustique des constructions, les émissions sonores des véhicules et des matériels.
En 1983,le Service de santé des armées,sensibilisé par le problème du bruit dans les armées et ses
conséquences, avait demandé au médecin général Grateau, professeur au Val-de-Grâce, de coor-
donner la rédaction d’un rapport technique sur les «Nuisances dues au bruit dans les armées-Eva-
luation-Prévention-Perspectives»[35] et de le présenter au Comité consultatif de santé des armées.
Ce remarquable travail permit de faire comprendre aux hautes autorités militaires et gouverne-
mentales qu’il était nécessaire d’entreprendre un certain nombre d’actions contre les nuisances
dues au bruit dans les armées. Citons les principaux éléments de la conclusion du rapport:
- améliorer le recueil des données épidémiologiques pour préciser les populations à risque auditif,
au sein des armées;
- établir une réglementation directive concernant la prévention et la validation des normes d’expo-
sition, relative à l’évaluation physio-acoustique du pouvoir lésionnel des bruits afin de détermi-
ner « un risque auditif acceptable », aucune norme française n’étant alors établie;
- mettre en œuvre une campagne d’information des cadres et des utilisateurs de systèmes bruyants
sur la nécessité impérative d’utiliser les protecteurs auditifs conseillés;
- améliorer les moyens individuels de protection auditive, compatibles avec le maintien des
normes de sécurité et du potentiel opérationnel du combattant ;
- mettre en œuvre des moyens de contrôle audiométrique sous forme d’un véhicule audiomé-
trique (conçu par le Pr Paul Grateau) destiné aux mesures de masse de l’audition, qui se-
raient réalisées à proximité des sites sonores dangereux afin d’établir un statut auditif des
personnels de la Défense nationale et suivre leur audition au cours de leur carrière, sans en-
traver le bon fonctionnement des unités ;
- mettre en œuvre un travail de recherche fondamentale et clinique afin de mieux connaître
les lésions infligées à l’oreille interne par les ambiances sonores en milieu militaire, valider
l’efficacité des différents traitements médicaux ou instrumentaux connus, proposés aux vic-
times de traumatismes acoustiques sans récupération auditive, et valider de nouveaux trai-
tements, le cas échéant.
Ce furent les remarquables travaux de l’équipe du Dr Armand Dancer à l’institut franco-al-
lemand de recherches de Saint-Louis et, actuellement, les travaux fructueux des équipes du
Centre de recherches du Service de Santé des Armées de La Tronche.
Qu’en est-il 24 ans plus tard, après un nouveau rapport technique sur « Les effets des bruits
d’armes en milieu militaire » rédigé dans l’intervalle, en 1997 [50] ?
Malgré des progrès indéniables dans le domaine de l’épidémiologie, de la recherche clinique
et de la protection auditive, la situation est loin d’être enthousiasmante. Le risque auditif re-
présente toujours, en temps de paix, la première cause homogène de morbidité parmi les
personnels militaires. En 1996, 1000 cas de TSA nécessitaient une hospitalisation pour trai-
tement. En 2004, 1254 TSA ont été déclarés [53]. Même si les modalités de recueil épidé-
miologique ont changé en 2000 puisqu’elles incluent tous les consultants pour TSA qu’ils
soient, ensuite, hospitalisés ou non, la tendance n’est pas à la diminution du nombre des trau-
matismes.
Les lésions auditives ont aussi des répercutions négatives sur les capacités opérationnelles des per-
sonnels et constituent un handicap important pour leur vie future, militaire et civile. Le coût fi-
nancier comportant les traitements médicaux, la juste indemnisation de ces atteintes auditives
assimilées à des blessures de guerre et la perte du potentiel opérationnel des personnels déclarés
inaptes, devient difficile à justifier pour la collectivité nationale.
A l’évidence, l’effort doit porter sur les actions « préventives ».
Dans ce domaine,pour éviter la survenue d’un TSA chez les personnels exposés aux bruits conti-
nus intenses et/ou impulsionnels, trois actions complémentaires peuvent être menées:
- exclure du milieu bruyant tout sujet présentant une fragilité cochléaire particulière.C’est l’action
de sélection qui tente de mettre en évidence une susceptibilité cochléaire chez certains sujets ;
- informer et éduquer les sujets exposés aux bruits impulsionnels et continus en milieu mili-
taire afin qu’ils adhèrent spontanément et efficacement à l’utilisation des moyens indivi-
duels de protection : c’est le rôle des actions de prévention ;
- protéger efficacement par des moyens individuels de protection auditive tous les sujets sou-
mis à des bruits d’armes ou de systèmes d’armes : c’est le rôle de la protection.
Seul ce dernier volet sera exposé ici.
Situation du problème
Les bruits continus que l’on rencontre dans les blindés, dans les aéronefs ou dans les navires
peuvent atteindre des niveaux très élevés (110 à 120 dB) pendant des durées d’exposition im-
portantes [46,47] (Fig. 12). Ils entraînent essentiellement :
- un effet de masque qui perturbe la perception des signaux et la communication parlée ;
- une fatigue auditive qui persiste un certain temps après la fin de l’exposition et ;
au confort de ces dispositifs et à leur facilité d’utilisation. Il faut aussi protéger les sujets sans Figure 13 : Atténuation du bou-
altérer leurs performances (communication parlée, détection et localisation des sources so- chon d’oreille E.A.R. en mousse
en fonction de la fréquence (at-
nores). La solution à ce problème n’est pas simple car les conditions d’exposition sont mul- ténuation : Insertion Loss (IL) en
tiples et les bruits gênants ou dangereux très variés. dB) :
(a) lorsque l’expérimentateur
Il faudra donc adapter le type de protection d’une part à l’environnement sonore et, d’au- fournit à chaque sujet des ins-
tructions précises en ce qui
tre part, au poste de combat. concerne la mise en place et
Il serait en effet inadapté d’équiper un fantassin de la même protection auditive que celle lorsqu’il contrôle de près la pro-
cédure (mise en place expéri-
fournie à l’équipage d’un char ou au pilote d’un avion ! mentale précise) ;
(b) lorsque la routine normale du
laboratoire est suivie en ce qui
Les bouchons d’oreille concerne les instructions et la
surveillance de la mise en place
(mise en place expérimentale) ;
Avant de considérer les niveaux d’atténuation apportés par les bouchons en dotation dans les (c) lorsque le sujet met en place
le bouchon sans être surveillé
armées (E.A.R. en mousse jaune et Howard Leight en mousse rose), il faut savoir que l’effi- (mise en place par l’utilisateur).
cacité d’un bouchon dépend énormément de la manière dont il est mis en
place par l’utilisateur (Fig. 13) [45].
On voit immédiatement sur cette figure que des écarts d’atténuation de 20 dB
ne sont pas rares [20], et que la protection maximale « théorique » ne peut être
atteinte que dans un nombre extrêmement limité de cas. Sur le terrain, des
contrôles effectués inopinément ont même fait apparaître des valeurs d’atté-
nuation pratiquement nulles lorsque le bouchon n’était que « posé » à l’entrée
du conduit!
La prise en compte de cette variabilité, qui est beaucoup plus importante pour
les bouchons d’oreilles que pour les serre-tête, est un élément essentiel du ju-
gement que l’on sera amené à porter sur l’efficacité de tel ou tel dispositif. Dire
qu’un bouchon d’oreille (ou plus généralement qu’un protecteur auditif) n’a
pas été efficace signifie en effet le plus souvent soit qu’il n’était pas porté au
moment de l’exposition (!), soit que sa mise en place était « fantaisiste », soit que la forme ou
la texture du bouchon était inadaptée à la conformation anatomique du sujet porteur.
Ces remarques mettent en avant l’importance de l’instruction qui doit être faite aux person-
nels. Une bonne instruction à l’emploi des protecteurs auditifs n’est cependant pas suffisante
à elle seule. Il faut aussi que ces protecteurs (en l’occurence les bouchons d’oreilles) soient
d’utilisation « évidente » (fool-proof), qu’ils soient faciles à mettre en place même avec des
gants ou des mains souillées (ce que ne permettent pas les bouchons en mousse), que cette
mise en place permette d’atteindre des niveaux de protection statistiquement suffisants, qu’ils
s’adaptent à toutes les tailles de conduits auditifs, qu’ils soient confortables afin d’en per-
mettre le port prolongé, qu’ils restent en place même lors de mouvements brusques, qu’ils
soient réutilisables un grand nombre de fois (ce qui est impossible à réaliser avec les bouchons
en mousse pour des raisons d’hygiène) et donc qu’ils puissent être lavables sans perdre de
leurs performances (ce qui n’est pas le cas des bouchons en mousse) [29].
Les bouchons « classiques » dits passifs
(a) (b)
On note que ces bouchons sont pratiquement linéaires (l’atténuation ne dépend pas du niveau
de l’onde de choc) jusqu’à 170 dB. Au-delà, on note dans les deux cas une diminution de l’atté-
nuation (non-linéarité défavorable) qui peut atteindre 15 dB entre 200 et 3 000 Hz. L’atténua-
tion est maximale entre 500 et 2 000 Hz (≈ 60 dB) pour le bouchon EAR© et entre 100 et
10 000 Hz (≈ 60 dB) pour le bouchon Howard Leight®. Ces valeurs d’atténuation (IL) mesurées
avec une tête artificielle sont supérieures à celles qui peuvent être mesurées par les méthodes sub-
jectives liminaires classiques (cf. fig. 13: «mise en place expérimentale précise ») et sont donc à
considérer avec précaution au moins en ce qui concerne les valeurs maximales (en partie parce
que la limitation introduite par les phénomènes de conduction osseuse n’intervient pas lors des
mesures réalisées avec la tête artificielle). Néanmoins, on note que les performances maximales
du bouchon Howard Leight® couvrent une gamme de fréquences supérieure à celle du bouchon
EAR©. En première analyse, il semble que cette différence soit due (au moins pour les basses fré-
quences) à l’état de surface du bouchon Howard Leight® qui est moins poreux que le bouchon
EAR©. L’étanchéité serait donc supérieure entre le bouchon et la paroi du conduit auditif (de la
tête artificielle) et les performances aux basses fréquences nettement augmentées.
Quelle protection peut-on, en pratique, atteindre avec ces bouchons ? Le comité « Bruits
d’Armes » dispose d’une remorque audiométrique qui permet de mesurer la fatigue auditive sur
le terrain immédiatement après une exposition aux bruits (tirs d’entraînement par exemple).
Cette remorque comprend 4 cabines insonorisées et un système informatisé de traitement des
données audiométriques.
Cette installation a été utilisée pour mesurer la fatigue auditive qui aurait pu
apparaître à la suite de tirs d’entraînement au canon de 155 mm [26]. Vingt
servants munis de bouchons EAR© mousse (« mise en place expérimentale », cf.
fig. 13) ont été exposés chacun à 20 tirs de canon à 30 secondes d’intervalle. A
l’emplacement des sujets, le niveau de crête des bruits était de 174,8 dB et la durée
de première phase positive de 8 ms (LAeq8 global : 109 dB) (figure 16). Les seuils
auditifs pré et post exposition ont été mesurés de 250 à 8 000 Hz. Parmi les 40
oreilles testées, une seule a présenté une fatigue auditive supérieure à 10 dB (15 dB
à 16 kHz). Cette fatigue avait complètement récupéré 1 heure après l’exposition.
Les bouchons en mousse permettent donc, lorsqu’ils sont correctement mis en
place, une protection tout à fait satisfaisante même pour des bruits aussi intenses.
Cette observation confirme bien les mesures réalisées dans l’armée américaine
par Patterson et al. (1982 et 1985). Ces auteurs avaient exposé des soldats équi-
pés des mêmes bouchons à des tirs de canon de 155 mm (12 tirs à 1 minute d’intervalle. pres- Figure 16 : Signal de pression
du tir de canon mesuré au voisi-
sion de crête : 180,7 dB) sans pouvoir mettre en évidence une quelconque fatigue auditive. nage de la tête des servants
On dispose donc, avec les bouchons d’oreilles en mousse, d’un moyen parfaitement adapté à (pression de crête: 11 kPa, durée
de première phase positive :
la protection de l’audition aussi bien dans le cas des tirs avec armes légères (le niveau de crête 8 ms)
produit par un tir à proximité immédiate de l’oreille est de l’ordre de 160 dB seulement)
qu’avec les armes lourdes [23,24].
Le bouchon à atténuation non linéaire est « perforé », comportant un orifice dans le corps et
dans l’axe du bouchon. Cet orifice constitue un défaut contrôlé d’étanchéité qui réduit l’atté-
nuation du bouchon aux fréquences basses et moyennes. Le bouchon « perforé » le plus ancien,
conçu sur ce modèle, est le bouchon anglais Racal Gunfender® (figure 17), datant du début des
années 50. On note sur la figure 18 que selon le degré de « perforation » du bouchon,
Figure 17 : Coupe schématique d’un bouchon d’oreille Racal Gunfender Figure 18 : Atténuations mesurées à l’aide d’une tête artificielle pour diffé-
(échelle ≈ x 8) rents types de bouchons perforés (E.A.R. ER-20, Ultrafit modifié de type A et B,
Racal Gunfender) et pour un bouchon d’oreille classique (E.A.R. ultrafit) aux fai-
bles niveaux de stimulation (bruit continu, 70 à 90 dB SPL).
l’atténuation est plus ou moins importante aux basses fréquences (le bouchon Racal Gunfender®
étant celui dont l’inétanchéité est la plus grande et le bouchon EAR© ER 20® celui dont l’iné-
tanchéité est la plus faible). Ce bouchon autorise la communication parlée, la détection et la
localisation des sources sonores dans des conditions très proches de celles d’un sujet non pro-
tégé. Il permet donc d’éliminer l’un des plus grands défauts des bouchons classiques : l’isole-
ment du sujet vis-à-vis de son environnement acoustique. Cet isolement conduit en effet bien
souvent les soldats à refuser l’emploi de ces protecteurs afin de pouvoir comprendre les ordres
et assurer leur sécurité en détectant les signaux hostiles dans leur environnement.
On peut noter que la non-linéarité débute plus tôt : 130 dB (au lieu de 150
dB sur le bouchon original) et que l’on atteint plus rapidement l’atténua-
tion maximale (à 170 dB au lieu de 190 dB sur le bouchon original).
Une autre configuration qui ne modifie pas l’encombrement extérieur
du bouchon a été envisagée : à savoir deux plaques métalliques perforées
qui délimitent une cavité. Les plaques (épaisseur 0,l mm) sont séparées
par une distance de 6 mm et le diamètre des orifices est de 0,3 mm. Les
résultats obtenus dans les mêmes conditions expérimentales sont re-
présentés sur la figure 20. La non-linéarité débute maintenant à 110 dB
et sa croissance est très rapide surtout aux fréquences basses et
moyennes qui sont les moins atténuées par un bouchon perforé aux fai-
bles niveaux de stimulation. Cette non-linéarité peut s’exprimer aussi par rapport à l’atté- Figure 20 : Atténuation (IL en dB)
apportée par un bouchon com-
nuation de la pression de crête des bruits impulsionnels entre le milieu extérieur et le portant deux plaques (distance
microphone de l’oreille artificielle simulant le tympan (atténuations NR en dB, cf. fig. 15, des plaques : 6 mm, épaisseur des
plaques: 0,l mm, diamètre des ori-
d’après Berger, 1986) (Tab. 1). fices : 0,3 mm) pour différents ni-
veaux de crête des bruits :
Tableau 1 : Atténuations (NR en dB) de la pression de crête des bruits impulsionnels. L’atténuation augmente en moyenne 110 dB (—s —) ;
de 1 dB chaque fois que la pression de crête du bruit impulsionnel augmente de 3 dB. 130 dB (—®—) ;
150 dB (—O —) ;
170 dB (—l—) et ;
Niveau de crête en dB (champ libre) 110 130 150 170 190 190 dB (—d —).
(incidence normale, durée de pre-
Atténuation NR en dB 6,5 13 19 26 33 mière phase positive: 2 ms).
Les performances de ce bouchon peuvent être comparées à celles du bouchon Racal Gun-
fender® qui a servi de point de départ à l’étude sur la figure 21. Les améliorations apportées
au dispositif original sont considérables.
Figure 21: Evolution du coeffi-
cient d’atténuation IL (Insertion
loss) en fonction de la fré-
quence, pour le filtre ISL n°1 et
le bouchon Racal Gunfender et
pour des niveaux de stimulation
extérieure allant de 110 dB
(crête) à 190 dB (crête). Le coef-
ficient IL est défini comme étant
la somme du coefficient d’atté-
nuation NR (Noise Reduction) et
la fonction de transfert de
l’oreille externe TFOE ( Transfert
function of Outer Ear).
D’autres essais ont été effectués au cours des années 96 et 97 : modification de la forme géo-
métrique des orifices, plaques d’épaisseurs différentes, orifices de différents diamètres…
Ces études ont permis en particulier d’ajuster l’atténuation aux faibles niveaux (110 dB SPL)
entre les valeurs atteintes par le bouchon Gunfender® et par le bouchon à 2 plaques (cf. fig.21),
de façon à la rendre optimale vis-à-vis de critères relatifs à la communication parlée et à la
détection des sources sonores.
Les performances du filtre ISL inséré dans un bouchon Ultrafit® ont été évaluées sur le terrain
par la Section Technique de l’Armée de terre au cours de trois campagnes audiométriques en
1996 et 1997. Au total, 76 militaires de trois régiments ont participé à ces essais. Les sujets ont
effectué deux tirs de 30 cartouches (5 secondes entre chaque cartouche) en utilisant soit un
bouchon auriculaire non linéaire, soit le bouchon de dotation Howard leight®. La mise en place
des protections a été une mise en place dite « opérationnelle ». Un contrôle de l’insertion cor-
recte dans le conduit auditif a néanmoins été pratiqué avant chaque tir par le médecin ORL.
Le but de ces essais était de comparer l’efficacité de la protection des deux types de bouchons
auriculaires, mais aussi de mesurer les possibilités d’intelligibilité de la parole, de détection,
de localisation et d’identification de sources sonores lors du port d’une protection auriculaire.
Les résultats obtenus montrent que la protection d’un bouchon équipé du filtre non linéaire
ISL est tout à fait comparable, voire meilleure, à celle apportée par un bouchon classique. En
effet, lors de ces trois campagnes, les TTS supérieurs à 10 dB et inférieurs à 20 dB touchaient
17 % des oreilles dans le cas des bouchons non linéaires et 18,5 % pour les bouchons de do-
tation. Les TTS supérieurs à 20 dB restaient très limités (1,9 % des oreilles pour les bouchons
non linéaires et 1,3 % pour les bouchons classiques). Tous les TTS constatés ont récupéré
par les sujets dans les 24 heures.
L’intelligibilité de la parole a été estimée en mesurant le niveau de la parole de l’officier de tir
et le nombre de répétitions des ordres nécessaire à la bonne exécution des tirs. Dans le cas
de l’utilisation d’un bouchon Howard Leight®, le niveau d’émission de la parole a été mesuré
à 85.4 dB linéaire, le taux de répétitions des ordres à 40 %. Lors du port d’une protection non
linéaire ISL, le niveau d’émission est ramené à 79 dB, diminution d’environ 6 dB et le taux de
répétitions des ordres est inférieur à 7,5 % (Tab. II).
Temps moyen (seconde) CHAR (AMX10) VEHICULE (BERLIET) Groupe Electrogene
Tableau 2 : Les possibilités de détection, localisation et d’identification de sources sonores offertes par l’utilisation d’un
protecteur non linéaire (BNL) conçu par l’ISL sont tout à fait étonnantes. Ces paramètres sont comparées à un bouchon
d’oreille passif (Howard leight) et une oreille sans protecteur auditif.
Les résultats obtenus sont d’ores et déjà extrêmement satisfaisants et ils ouvrent la voie à la
réalisation pratique d’un protecteur du type bouchon d’oreille perforé passif non-linéaire qui
pourrait résoudre la plupart des problèmes posés par les bouchons actuels.
Les performances d’un tel bouchon ne seront pleinement utilisables chez l’homme dans la
pratique militaire que si l’étanchéité périphérique du bouchon est parfaite. C’est pourquoi
ces résultats, qui concernent l’acoustique non-linéaire du bouchon, ne doivent pas faire ou-
blier le besoin impérieux d’une étude ergonomique complète et la solution des problèmes
aussi simples qu’essentiels qui ont été abordés au paragraphe 2 (adaptation à tous les types
de conduits, facilité de mise en place, confort, étanchéité périphérique, conservation des per-
formances dans le temps, etc.
Réalisation
Le nouveau bouchon d’oreille non linéaire réalisé apporte une protection adaptée aux expo-
sitions occasionnelles de bruits impulsionnels comme ceux produits pendant l’entraînement
au combat ou pendant une partie de chasse ou un exercice de tir. Il permet la communication
parlée, la détection et la localisation de sources acoustiques à peu près dans les mêmes condi-
tions que pour un sujet non protégé en évitant ainsi les problèmes de surprotection. Quelques
variantes du bouchon non linéaire ainsi défini permettent d’obtenir une atténuation maxi-
male, quelque soit le niveau de bruit, permettant ainsi de se protéger en cas d’exposition à des
bruits continus de fort niveau (par simple obturation de l’orifice non linéaire entre les deux ex-
trémités). La version la plus complète est celle dénommée « bouchon double face » (Fig. 22c)
qui comporte un embout avec un filtre et un embout complètement fermé. Le filtre non li-
néaire et le concept de bouchon double-face font l’objet de brevets ISL (Hamery et al.). C’est
ce dernier système qui doit équiper l’armée américaine sous le nom de « Combat Arms Plug ».
De son coté l’armée française a opté pour la version « simple face » (Fig.22b) du Bouchon
Non-Linéaire (BNL).
Ces nouveaux bouchons présentent un très bon compromis entre des exigences opposées :
une bonne protection auditive et une efficacité opérationnelle.
Perspectives
L’utilisation actuelle de ces bouchons d’oreilles n’est pas toujours optimale et il faut persévé-
rer à la fois dans l’amélioration du concept et dans les efforts pédagogiques :
- les bouchons doivent être correctement enfoncés, sinon leur efficacité est grandement ré-
duite ;
- les BNL actuels ne sont en dotation, dans l’armée française, qu’en une seule taille, ce qui ne
permet pas une protection adéquate des personnes ayant des conduits auditifs « hors
norme » ;
- à moyen terme et pour améliorer l’ergonomie et les performances de ce type de protecteur
il pourrait être envisagé d’utiliser des bouchons d’oreilles personnalisés (bouchons moulés
suivant les oreilles de chaque combattant) incluant le filtre non linéaire évoqué précédem-
ment.
Toutefois, l’efficacité d’une double protection est limitée par la conduction osseuse et par les
couplages entre les protecteurs : elle est inférieure à la somme des atténuations de chaque
protecteur (Fig.4).
Les coquilles passives ne devront pas être utilisées avec les BNL dont elles feraient perdre la
Figure 25 : Atténuation propriété essentielle (protection sans isolement de l’environnement acoustique).
moyenne (IL en dB) du casque
LE 132 mesurée à l’aide de la
tête artificielle de l’ISL lors des
essais de roulage de l’AMX10. L’atténuation acoustique active [25,36]
Les personnels, équipés de ces protecteurs, ne devraient pas, s’il fallait se conformer à la ré-
glementation civile, rester plus de 10 minutes exposés à ces bruits!
D’autre part, on sait que si le port d’un protecteur auditif peut s’avérer favorable en ce qui
concerne l’intelligibilité de la parole dans le bruit lorsque le bruit et la parole sont présents
simultanément dans le milieu extérieur [41], il n’en est pas de même lorsque bruit et parole
sont appliqués simultanément à l’oreille sous le protecteur (bruit résiduel ayant franchi les pa-
rois du casque et signal de phonie produit dans le casque par exemple). Il se produit alors un
masquage qui est d’autant plus gênant que le signal est plus riche en basses et moyennes fré-
quences. Ce phénomène oblige le sujet à augmenter le niveau du signal phonie, ce qui conduit
à des niveaux sonores à l’entrée de l’oreille qui peuvent égaler voire dépasser le niveau du
bruit extérieur ! Avec la phonie en fonctionnement, on a ainsi pu mesurer sous le casque
LE 132 un niveau de 111 dBA pour un niveau de bruit de 110 dBA dans le véhicule blindé
AMX 10 [47] ! Dans ce cas, des troubles sévères de l’audition sont à redouter à bref délai (la
réglementation civile n’autoriserait dans ce cas qu’une exposition d’une minute et demi !).
Dans le cas d’une exposition à des bruits continus intenses et riches en fréquences basses et
moyennes, et surtout lorsque les personnels doivent échanger des informations par un sys-
tème phonie, il faudra mettre en oeuvre des techniques d’atténuation active du bruit. Ces
techniques, qui ne sont applicables en pratique que depuis peu de temps, sont complémen-
taires des procédés passifs utilisés jusqu’ici : en effet, leur efficacité est maximale du côté des
basses fréquences, alors que les protecteurs passifs sont surtout efficaces aux hautes fré-
quences.
On sait depuis Lueg [43] qu’il est possible d’atténuer un bruit en produisant simultanément
un signal acoustique de même amplitude que le bruit mais en opposition de phase par rap-
port à ce dernier : c’est ce que l’on appelle l’atténuation active du bruit (Active Noise Réduc-
tion ou ANR) : (Fig. 26).
Un schéma de principe du fonctionnement d’un protecteur auditif à atténuation active est re-
présenté sur la figure 27.
Figure 26 : bruit + contre bruit - (en opposition de phase) = silence. Figure 27 : Schéma de principe d’un protecteur auditif à atténuation active.
Ap, A, F : fonctions de transfert du préamplificateur phonie, de l’amplirica-
teur et du filtre de contre-réaction.
Kt : fonction de transfert du mini-haut-parleur par rapport à l’emplacement
du microphone et compte tenu des caractéristiques de la cavité (et du che-
min acoustique entre ces deux transducteurs.
Km : fonction de transfert du microphone.
Vp : tension électrique appliquée à l’entrée phonie.
Pb : pression acoustique de bruit dans la cavité (à l’entrée du microphone)
lorsque le système actif est coupé.
Po : pression acoustique à rentrée de l’oreille.
Différents auteurs [19, 22, 33, 44, 52] ont résumé les principales caractéristiques des protec-
teurs actifs et de l’ANR :
- un protecteur auditif à ANR contient dans la coquille (pour un serre-tête), ou dans le bou-
chon d’oreille, un microphone et un transducteur (haut-parleur électrodynamique minia-
ture par exemple). Il comprend également un circuit électronique qui conditionne le signal
réinjecté pour réduire l’amplitude au niveau de l’oreille.
- le bruit perçu par le sujet ne disparaît pas entièrement. Il est simplement réduit en fonction
des caractéristiques propres de l’ANR. En effet, étant donné les distances (et donc les délais
acoustiques) qui existent entre le microphone qui mesure le bruit gênant et le haut-parleur
qui émet le contre-bruit ; les délais introduits par le filtrage (analogique ou numérique) du
circuit électronique qui conditionne ce contre-bruit et les diverses imperfections de la bou-
cle électroacoustique de contre-réaction, il est impossible de parvenir à émettre un contre-
bruit dont l’amplitude est identique à celle du bruit gênant et dont la phase est exactement
l’opposée de ce bruit. De petits écarts d’amplitude et de phase vont limiter l’atténuation
maximale atteinte par le système anti-bruit. A titre d’exemple une erreur de 10 % en am-
plitude limite l’atténuation à 20 dB au maximum, tandis qu’une erreur de 30 degrés en
phase empêche cette atténuation de dépasser 17,5 dB (à 1 000 Hz un retard de phase de 30°
correspond à un retard de 83 microsec et à un trajet acoustique de 27 mm, à 10 000 Hz ce
trajet acoustique ne sera plus que de 2,7 mm, d’où une première cause pour les limitations
en fréquences des performances des dispositifs ANR). L’un des objectifs des concepteurs de
protecteurs auditifs à ANR sera donc de réaliser la configuration électro-acoustique la plus
favorable et celle qui autorisera les performances les plus élevées.
- l’ANR tend à annuler le bruit mais il maintient (et même améliore dans certains cas) le ni-
veau et la qualité d’un signal phonie ce qui peut conduire à une amélioration du rapport si-
gnal/bruit et de l’intelligibilité de la parole dans le bruit. Ce point est particulièrement
important pour toutes les utilisations « militaires » de ce produit : équipages de blindés, pi-
lotes d’aéronefs…
- l’énergie produite par l’ANR pour annuler le bruit est dissipée sous forme de chaleur. Cette
énergie thermique est négligeable en comparaison de celle dégagée par les tissus des sujets.
- pour les systèmes ANR actuellement disponibles (serre-tête essentiellement) l’efficacité est
limitée aux fréquences inférieures ou égales à 1 000 Hz environ dans le meilleur des cas. Les
systèmes ANR améliorent donc l’efficacité des protecteurs classiques dans le domaine des
basses fréquences (Fig. 28).
L’atténuation active maximale mesurée sur les dispositifs effectivement commercialisés est
de 25 dB et l’atténuation moyenne est d’environ 15 dB entre 50 et 300 Hz (Fig. 29).
Cette atténuation active s’ajoute à l’atténuation passive du protecteur et en est complémen-
taire puisque les protecteurs passifs sont peu efficaces aux basses fréquences.
Un protecteur à ANR présente donc des performances qui se rapprochent de celles offertes
par une double protection : serre-tête + bouchons d’oreille passifs.
L’ANR peut fonctionner aussi bien pour les bruits impulsionnels que pour les bruits conti-
nus à ceci près que, seules les basses fréquences étant atténuées, les bruits impulsionnels
courts et à front de montée très raide ne sont que peu modifiés : pas d’atténuation de la pres-
sion de crête [31].
Par contre, si l’on considère des signaux impulsionnels tels qu’ils existent sous un protecteur
auditif classique (après atténuation passive importante des hautes fréquences et augmenta-
tion du temps de montée du front), on peut observer une réduction importante de la pres-
sion de crête.
L’ANR sature à partir d’un niveau (en pratique entre 110 et 130 dB) qui peut être insuffisant
II.5- PRéVENTION dES NUISANCES dUES AU BRUIT
II.5-2 - PROTECTION AUdITIVE EN MILIEU MILITAIRE- J.-L. POIRIER, J.-L. PONCET, P. NAz, A. dANCER 117
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 118
dans le cas d’expositions à des bruits continus intenses, compte tenu de l’importance des
basses fréquences dans le spectre de ces bruits (cf. fig.12) et de l’insuffisance de l’atténuation
passive de certains protecteurs (cf. fig. 25) (Fig.30). Dans le cas des bruits impulsionnels du
type « bruits d’armes », c’est cette saturation (qui se produit à un niveau inférieur à celui du
bruit qui a franchi la paroi du protecteur) qui constitue la principale limitation de l’efficacité
de l’ANR vis-à-vis des bruits impulsionnels intenses.
Un dispositif de protection à ANR est d’autant plus efficace qu’il est, d’abord, un bon
protecteur passif ! La détermination du seuil de saturation d’un protecteur à ANR consti-
tue une partie essentielle de son évaluation.
La plupart des protecteurs à ANR commercialisés actuellement sont du type serre-tête. Ce-
pendant des maquettes et/ou des prototypes d’écouteurs et/ou de bouchons d’oreilles sont
en cours de développement [32, 37, 18, 34] (Fig. 31).
Les dimensions réduites du bouchon d’oreille sont un facteur a priori très favorable à l’ex-
tension de la gamme des fréquences sur laquelle l’ANR peut agir. Une maquette de bouchon
d’oreille a été développée par l’ISL en collaboration avec la firme Métraflu et le laboratoire
d’acoustique de l’université du Maine grâce à un contrat DGA(Délégation Générale pour
l’Armement)/ETBS (l’établissement technique de Bourges).
Les résultats obtenus à partir de cette maquette montrent une extension très importante de
la gamme d’efficacité de l’ANR (la coupure HF se fait à une fréquence environ 2,5 fois supé-
rieure à celle des serre-tête existants).
Cette caractéristique devrait s’avérer extrêmement favorable en ce qui concerne l’intelligibi-
lité de la parole et des communications. On peut en effet observer de manière schématique
sur la figure 32 quels sont les rapports qui existent entre les gammes d’efficacité de l’ANR
pour deux serre-têtes (Bose® et Technofirst®) et pour le prototype ISL de bouchon d’oreille, par
rapport à la gamme des fréquences conversationnelles.
L’importance opérationnelle de l’intelligibilité des communications a été mise en évidence par
Peters et al. [49] dans l’armée américaine sur des équipages de chars M1.
L’atténuation active du bruit peut être réalisée par des circuits analogiques (cas de la quasi-
totalité des dispositifs commercialisés actuellement) et/ou numériques. Un circuit numé-
rique est susceptible d’être très rapidement adapté à telle ou telle configuration
électro-acoustique (serre-tête, inserts, bouchons d’oreilles… ), à telle ou telle condition d’ex-
position au bruit (spectre et niveau des bruits gênants, mémorisation de configurations de
filtres correspondant à des situations diverses), à l’utilisation par des sujets différents (cette
adaptation pourrait même être rendue automatique ce qui maximaliserait l’efficacité du sys-
tème tout en évitant l’apparition d’instabilités).
Ce système numérique devrait de plus être compatible avec les systèmes de communication
futurs (son numérique) ainsi qu’avec des dispositifs de représentation tridimensionnelle de
l’espace sonore (son 3D).
Des travaux ont été aréalisés récemment à l’ISL [21], en coopération avec la société SILEC,
pour mettre au point un système basé sur station de travail qui simulera et adaptera de façon
extrêmement rapide les paramètres du filtrage numérique à des configurations acoustiques
très variées.
- Avantages de l’ANR : les bénéfices que l’on peut attendre de l’utilisation d’un protecteur à
ANR sont donc : la diminution du bruit reçu par l’oreille, un risque diminué pour l’audition,
une meilleure intelligibilité de la parole et des communications (amélioration de la voie
phonie), moins de fatigue auditive et psychosomatique, des performances opérationnelles
améliorées et davantage de confort.
Les « casques intégraux » enveloppants sont réservés à la protection contre les sons très in-
tenses, faisant intervenir la conduction osseuse (équipages de blindés, servants d’engins lance-
missiles).
Conclusion
Les bouchons d’oreille passifs constituent, pour le fantassin, le moyen de protection idéal vis-
à-vis des expositions occasionnelles aux bruits impulsionnels (tirs d’armes légères et d’armes
lourdes). La légèreté des bouchons, leur faible coût, leur maintenance réduite voire nulle, leur
compatibilité avec la plupart des équipements de tête, leur efficacité (lorsqu’ils sont mis en
place conformément aux instructions), en font le meilleur choix pour cette utilisation.
Cependant, les dispositifs actuels (bouchons EAR® ou Howard Leight® en mousse) isolent les
sujets de leur environnement acoustique : la communication parlée, la détection, la localisa-
tion et l’identification des sources sonores sont dégradées au point de représenter un pro-
blème opérationnel majeur.
Les bouchons d’oreille passifs doivent être correctement enfoncés, sinon leur efficacité est
grandement réduite. Toutefois les bouchons mousse (jaune ou orange) ne s’adaptent pas à
tous les conduits. Dans le cas de conduits larges ou tortueux, il faudrait utiliser l’enveloppe
EAR®-Ultrafit® comme bouchon passif. Ceci pose évidemment un problème de coût si cette
opération se généralise.
Les bouchons perforés à atténuation non-linéaire représentent une solution efficace pour as-
surer une bonne protection auditive sans isoler le sujet de son environnement acoustique. Ces
bouchons n’atténuent que faiblement les bruits de niveau modéré mais apportent une pro-
tection suffisante, sans délai et sans aucune intervention manuelle, lors de l’exposition à des
bruits impulsionnels de niveau élevé.
Les bouchons non linéaires sous leur forme actuelle ne sont produits qu’en une seule taille,
ce qui ne permet pas une protection adéquate des personnes ayant des conduits auditifs
« hors norme ». Il faudrait une diffusion de 3 tailles de BNL, petite, moyenne et grande taille.
Figure 33 : casque intégral
porté par un pilote de char. Là encore, l’enveloppe EAR®-Ultrafit® nous paraît la meilleure.
A moyen terme et pour améliorer l’ergonomie et les performances de ce type de protecteur,
il pourrait être envisagé d’utiliser des bouchons d’oreilles personnalisés (bouchons moulés
suivant les oreilles de chaque combattant), incluant le filtre non linéaire évoqué précédem-
ment (modèle ISL).
L’atténuation acoustique active renforce l’atténuation passive apportée par les protecteurs
auditifs classiques du côté des basses fréquences, là où ces protecteurs sont les moins efficaces.
Dans de nombreuses conditions d’exposition à des bruits continus intenses : équipages de
char, pilotes d’avions et d’hélicoptères… l’atténuation active est la seule technique qui per-
mette d’obtenir une protection suffisante de l’audition tout en améliorant l’intelligibilité des
communications (voie phonie). Les protecteurs à atténuation active permettent de plus une
diminution de la gêne et de la fatigue psychosomatique des personnels et améliorent leurs
performances.
Les serre-tête à atténuation active sont d’ores et déjà opérationnels mais ils offrent des per-
formances relativement limitées : atténuation maximale de 15 à 20 dB pour des fréquences
inférieures à 500 ou à 600 Hz. Leur encombrement et leur poids peuvent d’autre part les ren-
dre incompatibles avec d’autres équipements de tête et/ou avec certaines contraintes opéra-
tionnelles.
Les bouchons d’oreilles à atténuation active représentent une solution d’avenir [28] : leur lé-
gèreté, leur compatibilité avec les autres équipements de tête, leurs performances (la gamme
des fréquences de l’atténuation active s’étend jusqu’à 2 kHz environ), permettent d’envisager
une large diffusion de leur utilisation dans un avenir proche et ce, aussi bien dans le domaine
militaire que dans le domaine civil. Par rapport aux serre-têtes actuellement disponibles, les
bouchons à atténuation active devraient en particulier améliorer de manière significative
l’intelligibilité des communications. Les prototypes actuellement en cours de mise au point
à l’ISL, avec la participation de la STAT, du comité Bruits d’Armes, d’organismes universitaires
et d’industriels, représenteront une avancée technologique majeure dans le domaine relati-
vement nouveau de l’atténuation acoustique active appliquée aux protecteurs auditifs.
Enfin, l’utilisation de systèmes numériques permettant l’adaptation et le contrôle de la bou-
cle de rétroaction anti-bruit offrira des possibilités d’optimisation des performances, d’(auto)
adaptation à différents protecteurs et à diverses conditions d’exposition (intensité et spectre
des bruits), voire même à chaque utilisateur, tout en offrant une compatibilité avec les sys-
tèmes futurs de communication et/ou de représentation virtuelle de l’espace sonore.
•
Références
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Les seuils en audiométrie tonale liminaire constituent, dans tous les barèmes, le fondement
du calcul du taux d’incapacité permanente partielle (IPP) résultant du déficit auditif post-
traumatique. La plupart des barèmes proposent également le recours à l’audiométrie vocale
qui permet d’appréhender le retentissement fonctionnel de la perte auditive dans la vie so-
ciale et de juger de la cohérence des réponses. Le barème de droit commun [10] tient compte
de la discrimination auditive vocale pour l’adaptation éventuelle du taux d’IPP.
Lorsque audiométries tonale et vocale laissent un doute sur la réalité des seuils auditifs, les
examens objectifs de l’audition sont d’un grand apport.
L’étude du réflexe stapédien montre, dans les surdités de perception post-traumatiques,
comme dans toute atteinte endocochléaire, une compression du champ auditif entre le seuil
tonal et le seuil d’obtention du réflexe d’oreille moyenne. Du fait de ce phénomène de recru-
tement, aucune déduction précise ne peut être faite, à partir du seuil du réflexe stapédien, sur
l’importance du déficit audiométrique. Par contre, en cas de cophose, la conservation des ré-
flexes stapédiens lors de la stimulation ipsilatérale doit faire s’interroger sur la réalité de la
perte auditive.
La présence d’otoémissions acoustiques provoquées est, dans les surdités endocochléaires,
en faveur de seuils auditifs ne dépassant pas 40 dB sur au moins une des fréquences audio-
métriques. Par contre, l’absence d’otoémissions ne permet de tirer aucune déduction fiable
sur l’importance de la surdité, d’autant qu’il existe de grandes variations interindividuelles
[13]. En ce qui concerne les otoémissions acoustiques spontanées, si leur présence témoigne
d’une excellente audition, à l’inverse, leur absence, très fréquente chez des normo entendants,
n’a aucune valeur. Les produits de distorsion acoustiques, contrairement aux otoémissions
II.6. - ASPECTS MédICO-LéGAUX dES TRAUMATISMES ACOUSTIqUES - J.-B. NOTTET, B. SUC, J.-L. PONCET 125
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 126
acoustiques provoquées, présentent la possibilité d’explorer les hautes fréquences. Les pro-
duits de distorsion peuvent être enregistrés pour des pertes auditives sensiblement plus im-
portantes que celles généralement associées à la présence d’otoémissions acoustiques
provoquées [13].
Les potentiels évoqués auditifs précoces représentent également une exploration fonction-
nelle non invasive et de réalisation rapide. Son intérêt est de permettre la détermination ob-
jective mais simplement approchée du seuil auditif. La présence de l’onde V est observée
jusqu’à 10 à 20 dB du seuil audiométrique tonal pour la plage de fréquences explorées, com-
prise entre 2 et 4 kHz. Les potentiels évoqués auditifs précoces ne permettent donc qu’une
extrapolation sur la capacité auditive globale et réelle du sujet. Mais, en aucun cas, cet exa-
men ne permet la détermination d’un taux d’IPP.
Au final, c’est la cohérence des différentes explorations fonctionnelles auditives, subjectives
et si besoin objectives, qui emporte la conviction de l’expert sur la réalité et l’importance du
déficit auditif.
L’acouphène est une plainte fonctionnelle fréquente après traumatisme acoustique, qu’il soit
aigu ou chronique. L’importance de la perte auditive associée à l’acouphène au moment de
l’expertise est très variable. D’ailleurs, l’intensité de l’acouphène telle qu’elle est vécue par le
patient n’est pas proportionnelle à la gravité de la perte auditive observée. L’acouphénomé-
trie étudie certains paramètres de l’acouphène comme sa fréquence qui doit être reproduc-
tible lors de la répétition des tests, mais aussi son intensité et sa masquabilité par un bruit
blanc. Le retentissement social et psychique de l’acouphène doit également être apprécié.
L’utilisation de questionnaires « acouphènes » (mesure du handicap, mesure de la détresse et
mesure de la sévérité) est alors contributive [11]. L’hyperacousie, fréquemment associée à
l’acouphène, peut être mieux appréciée par l’emploi d’un questionnaire d’hypersensibilité au-
ditive [11].
Discussion de l’imputabilité
les critères fondamentaux de l’imputabilité d’un trouble auditif à un traumatisme sonore doi-
vent être bien connus [14]. Il s’agit de :
- la constatation et l’exploration rapides du trouble auditif, le délai entre l’accident et les
constatations initiales devant être d’autant plus court que le traumatisme est bénin. Tout
trouble auditif doit apparaître dans un document médical et faire l’objet d’un bilan spécia-
lisé au maximum dans les deux mois suivant le traumatisme ;
- l’évolution cohérente du trouble auditif, notamment en tenant compte du fait que les sur-
dités liées à un traumatisme sonore ne sont pas évolutives au-delà du 12e mois.
- l’aspect de la courbe audiométrique au moment de l’expertise qui doit être en accord avec
les circonstances de l’accident, le type de traumatisme et l’histoire clinique. Hormis les rares
cas de traumatismes bilatéraux initialement bien documentés, l’atteinte cochléaire par arme
à feu est volontiers unilatérale ou asymétrique avec un scotome centré sur 4 ou 6 kHz mais
pouvant déborder sur les fréquences contiguës ;
- l’absence de toute pathologie antérieure qui est un argument négatif à prendre en compte.
En ce qui concerne les acouphènes, leur imputabilité au traumatisme sonore est simple s’ils
étaient présents initialement ou s’ils sont homolatéraux à l’hypoacousie retenue en relation
directe, certaine et exclusive avec l’accident causal.
Dans le cas où l’imputabilité des troubles auditifs séquellaires au traumatisme initial est re-
connue, l’expert peut fixer le taux d’IPP résultant de la gêne fonctionnelle engendrée. L’exis-
tence d’un état antérieur, notamment lié au vieillissement physiologique de l’audition, doit
être prise en compte. En l’absence d’audiogramme antérieur et devant les séquelles d’un trau-
matisme sonore aigu unilatéral, le degré de presbyacousie peut être approché en tenant
compte de l’audition de l’oreille controlatérale qui sert alors de référence. Lorsque le trau-
matisme sonore a aggravé un état pathologique otologique connu et bien documenté, l’expert
retient comme imputable le taux résultant de la différence entre le taux actuel et le taux an-
térieur. Mais lorsque le traumatisme a concerné une oreille saine alors que l’autre oreille pré-
sente un état pathologique ancien, l’expert doit alors raisonner sur l’audition binaurale qui
se trouve sensiblement perturbée, le taux imputable étant la différence entre le taux binau-
ral actuel et le taux antérieur.
La fixation du taux d’IPP s’appuie sur plusieurs barèmes. Le choix du barème auquel se ré-
férer dépend du cadre précis dans lequel la mission d’expertise s’inscrit : droit commun, ac-
cident du travail ou maladie professionnelle, fonction publique, pensions militaires
d’invalidités et victimes de guerre.
Déficit auditif
Sa détermination repose sur un bilan clinique et para clinique comportant au minimum : une
tympanométrie avec recherche du seuil des réflexes stapédiens, une audiométrie tonale li-
minaire et une audiométrie vocale. Une audiométrie des hautes fréquences peut être réali-
sée, si nécessaire, et la réalité du déficit pourra être éventuellement confirmée par des tests
objectifs (otoémissions acoustiques, potentiels évoqués auditifs).
Par application du barème [10], la perte complète et bilatérale de l’audition correspond à un
taux d’IPP de 60 %. Dans les pertes partielles, l’évaluation se fait en deux temps. Dans un
II.6. - ASPECTS MédICO-LéGAUX dES TRAUMATISMES ACOUSTIqUES - J.-B. NOTTET, B. SUC, J.-L. PONCET 127
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 128
premier temps, la perte auditive moyenne est calculée à partir du déficit tonal en conduction
aérienne, selon la formule :
L’appréciation du taux d’IPP est obtenue en se reportant à un tableau à double entrée [10].
Les taux ainsi obtenus sont indicatifs et doivent être corrélés à un éventuel état antérieur et
au vieillissement physiologique de l’audition. Dans un second temps, le taux brut obtenu doit
être confronté aux résultats de l’audiométrie vocale, de façon à apprécier d’éventuelles dis-
torsions auditives (recrutement en particulier) qui aggravent la gêne fonctionnelle. Un
deuxième tableau propose les taux de majoration qui peuvent éventuellement être discutés
par rapport aux résultats de l’audiométrie tonale liminaire [10].
Si une audioprothèse a été prescrite, l’expert doit décrire l’amélioration fonctionnelle obte-
nue. Celle-ci permet habituellement de réduire le taux d’incapacité d’au moins 25 %.
Surdité
La détermination du taux d’IPP repose sur les données acoumétriques, sur les examens au-
diométriques et éventuellement sur l’audition après prothèse. En cas de doute sur la réalité
des seuils auditifs, il est prévu que l’expert soit amené à répéter les épreuves dites de « sincé-
rité ». La perte auditive moyenne, en audiométrie tonale, est calculée selon la même formule
que celle utilisée en droit commun [10]. Lorsqu’une surdité mixte existe, le calcul se fera à
partir des seuils en conduction osseuse. Le taux d’IPP est obtenu en fonction de la perte au-
ditive moyenne des deux oreilles et en se reportant à un tableau à double entrée [15]. La
perte auditive vocale est calculée selon la moyenne arithmétique des déficits au seuil de l’in-
telligibilité, relevée sur les axes de 0 %, 50 % et 100 % , des mots compris par rapport à la nor-
male (la courbe normale étant décalée de moins de 10 dB sur le graphique). Une bonne
réhabilitation par prothèse sera prise en considération.
Acouphènes
Le barème stipule qu’en général, les acouphènes d’origine traumatique « n’existent pas à l’état
isolé, c'est-à-dire en dehors de tout déficit auditif », tout en précisant qu’ils « ne sont pas ex-
pressément conditionnés par un déficit important ». Il sera tenu compte, pour l’estimation du
taux d’incapacité, de leur durée, de leur intensité, de leur retentissement sur le sommeil, voire
sur l’état général, moral et psychique. Ainsi, un taux de 2 à 5 % est prévu pour « acouphène
gênant le sommeil accompagnant une baisse de l’acuité auditive », ce taux venant s’ajouter
par simple addition à celui afférent à la surdité [15].
Déficience de l’audition
Le calcul de la perte auditive moyenne s’effectue à partir des seuils obtenus en audiométrie
tonale selon la formule :
En cas d’élément transmissionnel ajouté, la courbe osseuse pourra être utilisée pour ce calcul.
Le taux d’IPP est déterminé à partir d’un tableau à double entrée [8].
Acouphènes
Un taux de 1 à 5 % est attribué pour des acouphènes isolés.
Surdité
Les surdités par exposition au bruit entrent dans le cadre des accidents en service et sont
considérées comme une blessure survenant par le fait ou à l’occasion du service. Donc, seuls
les accidents survenus en service avec une origine traumatique aigue avérée (traumatisme so-
nore aigu lors d’une séance de tir, par exemple) sont pris en compte. Il n’y a pas de délai de
recevabilité de la demande sous réserve que l’imputabilité au service puisse être établie.
La perte auditive (PA) est calculée selon la formule de Fournier :
Le taux d’invalidité est obtenu à partir de la perte auditive de chaque oreille par un tableau à
double entrée [3]. A partir d’une perte auditive moyenne de 50 dB pour chaque oreille, deux
taux sont mentionnés, le plus faible correspondant à celui de la surdité améliorable par l’au-
dioprothèse. L’indemnisation des scotomes perceptifs isolés sur les fréquences aiguës est pos-
sible si, sur la meilleure oreille, le seuil de la fréquence 4 000 hertz présente avec celui de la
fréquence 1 000 hertz une différence d’au moins 50 dB. Une telle surdité, volontiers séquellaire
d’un ou de plusieurs traumatismes sonores aigus, se voit affecter alors le taux de 10 % dit de «
perte de sélectivité », même si la perte auditive moyenne est inférieure au minimum indemni-
sable. Par contre, lorsque la perte auditive moyenne atteint ou dépasse 60 dB sur la meilleure
oreille, cette majoration du taux d’invalidité ne s’applique pas.
Acouphènes
Le pourcentage d’invalidité en rapport avec les acouphènes varie, selon leur gravité et leur re-
tentissement, de 10 à 30 %. Ce taux ne peut être inférieur à 10 % et peut s’appliquer en cas
de surdité inférieure au minimum indemnisable, représentant alors un moyen indirect d’in-
demniser celle-ci.
II.6. - ASPECTS MédICO-LéGAUX dES TRAUMATISMES ACOUSTIqUES - J.-B. NOTTET, B. SUC, J.-L. PONCET 129
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 130
Les modalités de reconnaissance des surdités professionnelles [5] sont décrites dans le tableau
n° 42 des maladies professionnelles du régime général de la sécurité sociale et dans le tableau
n° 46 du régime agricole. La reconnaissance en tant que surdité professionnelle repose, comme
celle de toutes les maladies professionnelles, sur la présomption d’origine qui s’applique, sans
que l’intéressé ait à apporter la preuve, dès lors que les conditions exigées par le tableau en
question sont remplies. Tout docteur en médecine a obligation de déclarer une maladie à ca-
ractère professionnel [1].
Ce tableau a été créé le 20 avril 1963 et sa dernière mise à jour date du 25 septembre 2003 [4].
Ce tableau s’intitule : « Atteinte auditive provoquée par les bruits lésionnels ».
Conditions médicales
La surdité doit consister en une « hypoacousie de perception par lésion cochléaire irréversible
accompagnée ou non d’acouphènes ». Cette notion d’acouphènes a été introduite lors de la
dernière mise à jour du tableau [4]. Le déficit audiométrique est caractérisé comme étant :
« bilatéral, le plus souvent symétrique et affectant préférentiellement les fréquences élevées ».
Cette définition laisse supposer qu’éventuellement une atteinte sensiblement asymétrique
peut être reconnue. Le diagnostic repose sur une audiométrie tonale liminaire et sur une au-
diométrie vocale « qui doivent être concordantes ». Le retentissement social de l’hypoacousie
est pris en compte et la moyenne arithmétique des déficits sur les fréquences 500, 1 000 et
2 000 Hz en audiométrie tonale doit être sensiblement égale à la valeur de l’intelligibilité à
50 % en l’audiométrie vocale. Le tableau prévoit, en cas de « non concordance » des audio-
métries tonale et vocale, le recours à l’impédancemétrie et à la recherche du réflexe stapédien
ou, à défaut, à « l’étude du suivi audiométrique professionnel ». Ce suivi permet de rechercher
un aspect audiométrique évocateur d’une surdité professionnelle avec atteinte des fréquences
aiguës qui évolue vers l’extension progressive aux fréquences médiums et graves en fonction
de la durée et du niveau d’exposition sonore. Le fait que ces examens « doivent être réalisés
en cabine insonorisée, avec un audiomètre calibré » est clairement explicité dans le tableau. Ces
examens audiométriques doivent être réalisés « après une cessation d’exposition au bruit lé-
sionnel d’au moins 3 jours ». Ce repos est indispensable pour éviter la perturbation des exa-
mens audiométriques par la fatigue auditive.
L’audiométrie diagnostique « doit faire apparaître sur la meilleure oreille un déficit d’au moins
35 dB ». L’importance du déficit est calculée sur la moyenne arithmétique « des déficits me-
surés sur les fréquences 500, 1 000, 2 000 et 4 000 hertz ». Ce mode de calcul de la perte audi-
tive moyenne, introduit par la dernière mise à jour du tableau, donne un poids plus important
à la fréquence 4 000 hertz qui, avant septembre 2003, n’intervenait que pour 10 % dans le cal-
cul du déficit moyen [4, 12]. Ainsi, la gêne sociale est mieux prise en compte que par le passé
et les surdités professionnelles sont actuellement reconnues à un stade plus précoce. Concer-
nant le risque d’aggravation de la surdité, le tableau stipule précisément que : « aucune ag-
gravation de cette surdité professionnelle ne peut être prise en compte, sauf en cas de nouvelle
exposition au bruit lésionnel ».
II.6. - ASPECTS MédICO-LéGAUX dES TRAUMATISMES ACOUSTIqUES - J.-B. NOTTET, B. SUC, J.-L. PONCET 131
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 132
Conditions administratives
Le délai de prise en charge est de un an. C’est le délai maximal entre la fin de l’exposition au
risque acoustique et la première constatation médicale de la surdité par une audiométrie
réalisée dans des conditions conformes au tableau. La durée d’exposition est de un an, ré-
duite à 30 jours en ce qui concerne la mise au point des propulseurs, réacteurs et moteurs
thermiques. La liste des travaux susceptibles de provoquer une surdité professionnelle est li-
mitative.
Ce tableau a été créé en 1976, et sa dernière mise à jour date du 30 janvier 1996. Ce tableau
s’intitule : « Affections professionnelles provoquées par les bruits ».
Conditions médicales
La surdité doit consister en un « déficit audiométrique bilatéral par lésion cochléaire irré-
versible ». Ce déficit doit être évalué par une audiométrie effectuée de « dix jours à un an
après cessation de l’exposition aux bruits lésionnels, en cabine insonorisée avec un audiomètre
calibré ». Cette audiométrie doit être tonale et vocale et faire apparaître « au minimum sur la
meilleure oreille un déficit moyen de 35 dB, calculé en divisant par 10 la somme des déficits me-
surés sur les fréquences 500, 1 000, 2 000 et 4 000 hertz, pondérés respectivement par les coeffi-
cients 2, 4, 3 et 1 ». Aucune évolution de ce déficit ne peut être prise en compte « après
expiration du délai de prise en charge, sauf en cas de nouvelle exposition au risque ».
Conditions administratives
Le délai de prise en charge est de « un an après cessation de l’exposition au risque acous-
tique, sous réserve d’une durée d’exposition d’un an ». La liste des travaux susceptibles de
provoquer une surdité professionnelle est limitative.
Dans le domaine des loisirs, la législation s’est surtout intéressée à la prévention des trauma-
tismes sonores liés à l’usage des baladeurs et à la musique amplifiée.
D’après le Code de la Santé Publique (article L5232-1), les baladeurs musicaux ne peuvent
excéder une puissance sonore maximale de sortie correspondant à une puissance acoustique
de 100 dB SPL. Chaque appareil doit porter un message de caractère sanitaire précisant que :
« à pleine puissance, l’écoute prolongée du baladeur peut endommager l’oreille de l’utilisateur ».
Le décret 98-1146 du 15 décembre 1998, relatif aux prescriptions applicables aux établisse-
ments ou locaux recevant du public et diffusant à titre habituel de la musique amplifiée, li-
mite le niveau de pression acoustique qui ne doit pas dépasser 105 dB(A) en niveau moyen
et 120 dB en niveau de crête. Un arrété fixe les conditions de mesure des niveaux sonores.
II.6. - ASPECTS MédICO-LéGAUX dES TRAUMATISMES ACOUSTIqUES - J.-B. NOTTET, B. SUC, J.-L. PONCET 133
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 134
Références
Références - Aspects médicaux légaux des traumatismes acoustiques
[1] Code de la Sécurité Sociale. Titre 6 : Dispositions concernant les maladies professionnelles. Article L461-1,
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[2] Courtat P, Elbaz P. Réparation du dommage corporel en Oto-Rhino-Laryngologie. Masson Ed, Paris, 1992,
165p.
[3] Guide barème des invalidités applicable au titre du Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes
de guerre. Ministère de la Défense, février 2003, 342 p.
[4] INRS. Décret n° 2003-924 du 25 septembre 2003 et commentaires, Institut National de Recherche et de Sé-
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[6] Journal Officiel des Communautés Européennes 42 du 15 février 2003. Directive 2003/10/CE du Parlement Eu-
ropéen et du Conseil du 6 février 2003 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives
à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (bruit).
[7] Journal Officiel de la République Française du 30 janvier 1993. Loi n° 93-121 du 27 janvier 1993, portant di-
verses mesures d’ordre social.
[8] Journal Officiel de la République Française du 4 février 2001. Décret n° 2001-99 du 31 janvier 2001 portant
modification du décret n° 69-756 du 13 août 1968 pris pour l’application de l’article L.28 (3e alinéa) du Code
des pensions civiles et militaires de retraite.
[9] Journal Officiel de la République Française du 20 juillet 2006. Décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006 relatif
aux prescriptions de sécurité et de santé applicables en cas d’exposition des travailleurs aux risques dus au
bruit et modifiant le code du travail (deuxième partie : Décrets en Conseil d’Etat).
[10] Le Concours Médical. Barème indicatif d’évaluation des taux d’incapacité en droit commun, Le Concours
Médical Ed, Paris, octobre 2003 , 96 p.
[11] Meyer B et al. Acouphènes et hyperacousie. Société Française d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la
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professionnelles. Union des Caisses Nationales de Sécurité Sociale. http://www.ucanss.fr
[16] UCANSS. Tableaux des maladies professionnelles. Union des Caisses Nationales de Sécurité Sociale.
http://www.ucanss.fr
Les premières études ont été réalisées en 1965 par Ward [25] qui a analysé une vingtaine de
tests concernant la susceptibilité individuelle, sans résultat. Plus récemment ce sont Howell
[15] et Buck [3] qui ont émis de nombreuses propositions concernant cette susceptibilité au
bruit. En 1992 , Camicas Van Gout décrit la théorie acoustico-mécanique [5] à partir de la-
quelle il va décrire l’impédancemétrie multifréquentielle et le TEFLAG (Test d’Evaluation
Fonctionnelle du Ligament Annulaire et de la conductance G) qui permettraient d’explorer
les surdités professionnelles et déterminer la susceptibilié individuelle au bruit [6]. Enfin, en
2000 Dancer [10] propose de distinguer deux groupes de facteurs permettant de définir la
susceptibilité individuelle au bruit: les facteurs non auditifs et les facteurs auditifs.
La couleurs des yeux interviendrait : Bonaccorsi a trouvé une corrélation entre la couleur
des yeux et la susceptibilité individuelle [2]. En effet il a montré chez le cobaye et l’homme
que si la concentration en mélanine de la strie vasculaire était élevée, les individus résistaient
mieux au bruit. Or cette concentration en mélanine est directement liée à celle de l’iris, donc
il en conclut que les sujets bruns aux yeux foncés présentent moins de risque de surdité liée
au bruit.
L’état de santé serait également prépondérant : Jansen [18] et Rosen [23] ont déclaré qu’un
sujet en bon état général et bonne condition physique (en particulier sur le plan cardiovas-
culaire) était moins sensible au bruit. Depuis on ne retrouve aucune publication dans la lit-
térature à ce sujet, et Dancer parait dubitatif.
De nombreux tests ont été proposés, la plupart d’entre eux utilisés, pour détecter une fatigue
auditive. Carhart [8] a proposé le « test de seuil de distorsion » comme un index de suscepti-
bilité à la fatigue auditive. Ce test utilisait le niveau auquel une combinaison de sons purs non
linéaires pouvait être perçue. C’est Humes [16] qui a proposé le plus de tests : un test basé sur
le même principe que Carhart, un autre test, « l’audiométrie tonale brève », qui pouvait être
un indicateur de susceptibilité [17]. L’ « index de discrimination de surdité », qui est basé sur
le recrutement (habituellement observé chez les sujets exposés à un bruit intense), a été pro-
posé comme un indicateur précoce de TTS par Bienvenue [1]
Certains auteurs ont essayé d’établir une relation entre le seuil auditif et la susceptibilité au
bruit. Chez les sujets normaux, les seuils sont en partie déterminés par la qualité de la fonc-
tion de transfert entre l’oreille externe et l’oreille moyenne. De ce fait pour Dancer [9] les fai-
bles seuils pourraient indiquer qu’une importante énergie acoustique est transmise à l’oreille
interne. La mesure du « réflexe acoustique de l’oreille moyenne », qui module la transmission
de l’énergie acoustique dans l’oreille interne, a aussi été considérée comme un test de sus-
ceptibilité par Hohansson [14]. Il a été proposé que le test de latence, avec un temps de mon-
tée et un temps de chute pouvait donner une indication sur la sensibilité aux TTS. Sur un
autre plan, comme les fibres efférentes olivo-cochléaires connectées aux CCE et CCI pour-
raient protéger la cochlée des bruits intenses, la possibilité d’évaluer la susceptibilité indivi-
duelle en mesurant le « réflexe acoustique de l’oreille interne », quand on stimule en ipsilatéral
ou en controlatéral, existerait. [21].
En fait les tests auditifs proposent d’évaluer la susceptibilité aux TTS mais pas celle aux PTS, car
cela pose des problèmes éthiques d’expérimentation humaine. Il n’existe que des suppositions
de corrélations entre TTS et PTS.
Temkin en 1993 avait le premier évoqué l’hypothèse selon laquelle il existerait une relation
entre la fatigue auditive et la surdité par traumatisme sonore [24], mais depuis les discussions
n’ont jamais abouti à une réponse valable. Burns et Robinson ont mesuré les PTS acquis durant
une exposition sonore professionnelle et les ont comparé à une fatigue auditive acquise durant
une journée de travail. Ils ont montré que le groupe de travailleurs dont le seuil auditif était plus
bas, développait moins de TTS à la fin de la journée. Ils ont aussi conclu que « une plus grande
susceptibilité à la fatigue auditive tendait à être associée à une plus grande susceptibilité à la sur-
dité et vice versa ». Toutefois il existe une grande incertitude sur les seuils auditifs avant l’expé-
rience professionnelle, ce qui empêche une interprétation sans équivoque [4].
En 1965, Jerger et Carhart ont exposé des personnes à un son de 3 000 Hz à 100 dB pendant
60 secondes, puis ont mesuré le temps mis pour que le seuil à 4 500 Hz revienne à 20 et 10
dB des seuils avant l’exposition. Puis les individus réalisaient la maintenance d’un moteur où
ils étaient régulièrement exposés à un bruit intense. Huit semaines après l’exposition, un au-
diogramme était réalisé. Ils ont conclu que les sujets dont la récupération de la fatigue audi-
tive était longue, étaient plus susceptibles de présenter une surdité professionnelle.
Pfander, quant à lui, a étudié une population de 100 soldats qui étaient exposés aux bruits im-
pulsionnels. Les cinq soldats qui ont présenté la plus lente récupération auditive après les
tirs, ont également présenté une surdité après la période d’entraînement. Aussi a-t-il suggéré
que le temps de récupération d’une fatigue auditive pouvait être un facteur caractérisant une
susceptibilité au bruit [20].
En fait de nombreux tests ont été proposés et études réalisées au niveau de groupes d’indi-
vidus mais sans obtenir de réponse significative et encore moins au niveau individuel.
Ainsi Dancer [10] décrit une expérimentation sur les cobayes. Ces animaux étaient exposés
à une bande sonore de 1/3 d’octave de niveau modéré et une fatigue auditive d’environ 25 dB
était mise en évidence. Une semaine plus tard après récupération complète, les mêmes ani-
maux étaient exposés au même bruit à un niveau plus élevé. Ceci entraînait une surdité qui
était mesurée à J40 et J60. La seule corrélation, mais de faible niveau, entre TTS et PTS sem-
ble indiquer qu’existent différents mécanismes responsables, c'est-à-dire que les TTS seraient
dus à un trouble métabolique ou à une neurotoxicité et que les PTS seraient le résultat de des-
tructions structurales ou des cellules ciliées. Pour Dancer ces différences seraient caractéris-
tiques des bruits d’armes impulsionnels, puisqu’un seul tir est susceptible d’endommager la
cochlée et constituer des lésions mécaniques, mais il n’existerait pas de test qui permettrait
d’apprécier la susceptibilité au bruit impulsionnel.
En 1993, Camicas Van Gout a décrit la théorie acoustico-mécanique s’appuyant sur l’impé-
dancemétrie multi-fréquentielle et la conductance G, qui selon lui permettrait d’apprécier
l’état du ligament annulaire. En 1997, il a exploré [7] les surdités professionnelles d’un groupe
de mécaniciens exposés aux bruits de groupes électrogènes. Il a alors constaté que le ligament
était lésé dans 80% des cas de surdité. En 1997 et 1998, Gal [11,12] a également mis en évi-
dence des modifications du ligament annulaire, à l’aide du TEFLAG, dans le cadre des bruits
d’armes impulsionnels et des traumatismes sonores aigus (TSA). En effet, l’étude de 64 TSA
a montré que le ligament était lésé dans 49% des cas, or parmi ces traumatisés, 50% des sur-
dités étaient définitives. De ce fait si le ligament est lésé cela montre que le traumatisme est
sévère et qu’il existe vraisemblablement des lésions structurales mécaniques. Cette consta-
tation a ensuite été explorée dans le cadre d’un projet de recherche clinique sur un groupe
de cobayes exposés aux bruits d’armes impulsionnels, qui a confirmé les lésions du ligament
annulaire associées à la surdité [13]. Ce test pourrait ainsi être un test de susceptibilité indi-
viduelle de surdité, permettant de sélectionner les individus et éviter d’exposer au bruit ceux
dont le TEFLAG est pathologique.
Enfin, certains auteurs ont défini un indice de vulnérabilité au bruit à partir des mesures des
produits de distorsion acoustique. Cet index fait actuellement l’objet d’une évaluation [22].
Au total d’après les différents travaux effectués, il est probable que la susceptibilité indivi-
duelle au bruit soit variable en fonction de l’âge et de l’état de santé physique et psychologique
des personnes, mais aussi des antécédents otologiques comme l’a montré Job [19]. En re-
vanche aucun des nombreux tests auditifs proposés n’ont apporté la preuve formelle de leur
efficacité prédictive, et les derniers mis en évidence nécessitent une étude prospective ran-
domisée de longue durée.
Références
Références - Susceptibilité individuelle aux traumatismes sonores
[1] Bienvenue GR, Violin-Singer JR, Michael PL. Loudness discrimination index (LDI) : a test for early detec-
tion of noise susceptible individual. Am Ind Hyg Assoc J 1977;38 :333.
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melanina nella stiavasculare. Annali Lar Otol Rhinol Fraing.1964;64: 725.
[3] Buck K, Franke R. Can TTS be an indicator for individual susceptibility to PTS?, in Basic and Applied As-
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[5] Carhart RH. Updating special hearing test in otological diagnosis. Archiv Otolaryngol.1988 ;97 :88
[6] Camicas Van Gout M. La théorie acoustico-mécanique. Anatomo-physio-pathologie du ligament annulaire et
ses applications dans la pathologie de l’oreille. Volume 1, Juin 1992
[7] Camicas Van Gout M. Impédancemétrie multi-fréquentielle et exploration des surdités professionnelles : un
nouveau test le TEFLAG. Revue Laryngol Otol Rhinol. 1996;117(5):399-407
[8] Camicas Van Gout M. Impédancemétrie multifréquentielle et exploration des surdités professionnelles, un
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[9] Dancer A. Use of animal models in the study of the effects of noise on hearing, in Occupational Medicine : State
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[12] Gal M. Le TEFLAG : étude d’un test d’évaluation du ligament annulaire soumis aux bruits d’armes impulsion-
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[25] Ward WD. e concept of susceptibility. J Occup Med1965;7:595
Les surdités de transmission, mêmes minimes, représentent une protection relative contre le
risque de surdité liée au bruit, la surdité d’oreille moyenne pouvant avoir un effet compara-
ble à celui de l’atténuation fournie par un protecteur auditif [16]. En cas de surdité de trans-
mission unilatérale, cet effet protecteur est attesté par l’existence d’une encoche sur 4 kHz
uniquement sur l’oreille controlatérale saine [16]. Mais cet effet protecteur de la cochlée est
à moduler en fonction de l’étiologie de la surdité de transmission.
Otospongiose
L’interaction entre surdité liée au bruit et otospongiose demeure controversée. Tant que l’otos-
pongiose n’est pas opérée, la part transmissionnelle de la surdité constitue une protection
théorique et relative contre le bruit. Sur une série de 31 patients présentant une otospon-
giose unilatérale non opérée, McShane et al. [14] ont montré l’effet significativement protec-
teur de l’otospongiose sur la fréquence 4 kHz. Ce résultat persiste malgré le vieillissement.
Une corrélation inverse est observée entre la perte auditive en conduction osseuse et l’im-
portance du Rinne audiométrique sur 4 kHz mais le résultat en conduction osseuse apparaît
dépendant de l’âge [14]. L’otospongiose non opérée ne représente donc pas une contre indi-
cation au travail en ambiance bruyante [14]. Par contre, une fois l’otospongiose opérée, l’oreille
interne devient très vulnérable aux bruits de forte intensité, d’autant que le rôle protecteur
du réflexe stapédien n’existe plus. Mais pour Alberti et al. [2], la chirurgie de l’otospongiose
ne constitue pas un facteur aggravant de l’altération cochléaire liée au bruit industriel. Ce-
pendant, tout patient présentant une otospongiose opérée doit éviter tout travail bruyant et
toute exposition à des bruits intenses ou impulsionnels. A défaut, des mesures de protection
contre le bruit s’imposent toujours.
La perte auditive en conduction osseuse, observée dans les otites moyennes chroniques, sem-
ble plus en rapport avec la pathologie otitique elle-même qu’avec l’exposition sonore [18]. L’ef-
fet protecteur de l’atteinte transmissionnelle est mis en évidence dans les formes unilatérales
d’otite chronique où l’atteinte perceptive liée au bruit est moins marquée que du côté contro-
latéral [18]. Les troubles transmissionnels occasionnés par le phénomène otitique semble-
raient constituer dans certains cas une protection efficace vis-à-vis du traumatisme cochléaire
par le bruit [7]. Les otites moyennes chroniques et les états inflammatoires de l’oreille
Si les antécédents d’otites moyennes aiguës ne semblent pas avoir d’incidence sur le déve-
loppement d’une surdité professionnelle [7], il n’en demeure pas moins qu’ils constituent un
facteur de vulnérabilité cochléaire. En effet, la répétition des otites moyennes aigues durant
l’enfance potentialise l’atteinte auditive liée aux bruits intenses [12]. Ces antécédents s’ac-
compagnent chez les jeunes adultes normo entendants d’une amplitude significativement
plus faible des produits de distorsion acoustiques, constituant ainsi un facteur de risque d’at-
teinte cochléaire par le bruit [11].
Surdités endocochléaires
Toute surdité endocochléaire, quelle qu’en soit la nature (traumatique, toxique, profession-
nelle, familiale, génétique…), risque d’être aggravée par l’exposition à une ambiance sonore
bruyante avec possibilité de déchéance cochléaire brutale lorsque l’exposition est de forte in-
tensité et prolongée ou lorsqu’il s’agit d’un bruit impulsionel type détonation. Seuls les sco-
tomes modérés siégeant sur les fréquences aiguës et non évolutifs dans le temps sont
compatibles avec une exposition sonore réglementée et protégée. L’existence d’un ou de plu-
sieurs antécédents de traumatisme sonore aigu s’accompagne d’une aggravation du déficit au-
ditif lié à l’exposition au bruit industriel [7]. Cette aggravation relative de la surdité
professionnelle semble s’estomper avec le temps, sans toutefois devenir nulle. Les activités
de loisirs telles que la chasse, le ball-trap, l’écoute de musique amplifiée (concerts, séjours en
discothèque) augmenteraient le risque cochléaire lié aux activités professionnelles. Parmi les
facteurs de risque non professionnels, l’usage fréquent d’armes à feu se trouve au premier
plan et est susceptible, à lui seul, d’augmenter la perte auditive liée au bruit industriel [6, 17,
22, 23]. Dans ce cadre, l’anxiété constitue un co-facteur qui augmente la fréquence des acou-
phènes consécutifs à l’exposition aux bruits impulsionnels [10].
La répercussion du bruit industriel, subi durant la vie active, sur le vieillissement physiolo-
gique de l’audition, après arrêt de l’activité professionnelle, est toujours difficile à déterminer.
Pour Gates et al. [9], l’existence d’une surdité liée au bruit réduit les effets ultérieurs de la
presbyacousie sur les fréquences « cibles » des nuisances sonores (3-6 kHz) mais accélère la
détérioration de l’audition sur les fréquences adjacentes, telles que 2 kHz. Une oreille préa-
lablement endommagée par le bruit ne « vieillit » pas de la même façon qu’une oreille in-
demne de tout agression sonore. La constatation d’une aggravation de la perte auditive sur
2 kHz suggère que les effets du bruit se poursuivent après l’arrêt de l’exposition aux nuisances
sonores [9]. A partir d’une étude longitudinale, Rosenhall et al. [19] constatent que les
hommes âgés de 70 ans et qui ont été exposés aux nuisances sonores professionnelles pré-
sentent une perte auditive plus importante de 10 à 15 dB sur les fréquences aiguës que les
hommes non exposés. Cette différence diminue avec l’âge de telle sorte qu’elle n’est plus si-
gnificative à 79 ans entre les sujets exposés et non exposés. Chez les femmes, cette différence
n’est pas retrouvée [19]. Quant aux acouphènes observés chez les sujets âgés, ils semblent
plus en rapport avec la perte auditive qu’avec le vieillissement. Il n’existe pas de corrélation
simple entre l’exposition au bruit durant la vie active et l’existence d’acouphènes à un âge
plus avancé [20].
Les surdités ototoxiques sont particulièrement sensibles à l’exposition sonore, les atteintes
cochléaires par des substances ototoxiques étant susceptibles de potentialiser le pouvoir lé-
sionnel du bruit [1, 3, 5, 8]. Les substances ototoxiques d’origine médicamenteuse sont es-
sentiellement représentées par les antibiotiques aminosides, les diurétiques de l’anse, les sels
de platine et l’acide acétylsalicylique. En milieu professionnel, elles sont constituées par des
agents chimiques tels que les solvants aromatiques ou chlorés, le monoxyde de carbone,
l’acide cyanhydrique. Ainsi, les personnes exposées professionnellement aux solvants ont un
risque accru de perte auditive et l’exposition combinée au bruit et aux solvants semble être
plus dangereuse pour la cochlée que l’exposition sonore seule [15, 21]. La fréquence des sur-
dités observées parmi les ouvriers exposés simultanément au bruit et à divers solvants est 3
fois plus importante que celle notée chez les sujets exposés seulement au bruit [13].
Des sensations vertigineuses survenant lors de l’exposition à des bruits forts ont été décrites
et constituent l’effet Tullio. Ainsi, lors d’un traumatisme sonore aigu, un déséquilibre bref
peut être rapporté par le sujet qui en est victime. Egalement, l’apparition de vertiges méniè-
riformes peut faire suite à une exposition à un bruit intense [4]. Le risque de voir apparaître
un syndrome vertigineux de type Ménière, est 50 à 200 fois plus élevé parmi les militaires
ayant un lourd passé d’exposition professionnelle aux bruits impulsionnels [24]. Les bruits
impulsionnels de très forte intensité seraient responsables, à côté des lésions cochléaires, de
lésions vestibulaires qui ne se révéleraient cliniquement que plusieurs années plus tard sous
la forme d’un hydrops endolymphatique [24].
Références
Références - Pathologie otologique et exposition au bruit
[1] AFSSE. Impact sanitaire du bruit : état des lieux. Indicateurs Bruit-Santé. Rapport de l’Agence Française de
Sécurité Sanitaire Environnementale (AFSSE), Mai 2004 ; 291 p. http://www.afsset.fr
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[3] Avan P, Campo P, Lataye R, Dancer A. Gêne et risques auditifs encourus selon les ambiances au travail,
Acoustiques et techniques, 1998;12.
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Chapitre III
le Blast en ORL
P. Clement, C. Conessa,
P. Magnan, E. Roguet, J.-L. Poncet
Le terme de « blast »désigne l’ensemble des lésions engendrées par l’exposition du corps
humain à une onde de souffle provoquée par une explosion.
En médecine de guerre, les lésions par blast constituent, avec les plaies pénétrantes balis-
tiques, les traumatismes les plus fréquents. dans les conflits de Centre-Europe [13] du
début des années quatre-vingt-dix, les lésions par blast représentaient 51 % des trauma-
tismes et 28 % de ceux-ci présentaient un blast pulmonaire pouvant engager le pronostic
vital. Actuellement, les lésions dues à une explosion représentent une constante majoritaire
des conflits armés et des attentats terroristes qui peuvent survenir à tous moments et dans
n’importe quel endroit dans le monde.
Ces traumatismes pressionnels violents sont aussi de plus en plus rencontrés en pratique
civile en raison des accidents domestiques ou par catastrophe naturelle dûs à une explo-
sion. Parfois, lorsque l’explosion ne provoque pas de lésions initiales engageant le pro-
nostic vital, elle a surtout pour conséquence des lésions physiques de la tête et du cou et
principalement des troubles relevant de notre spécialité. L’exemple de l’explosion de l’usine
AzF survenant le 21 septembre 2001 à Toulouse [44] est démonstratif : plus de 3 000 consul-
tations pour troubles ORL dans les 9 semaines suivant l’explosion avec 41 % de troubles de
l’audition associant surdités de tous types, acouphènes et otalgies.
Les lésions par blast ont fait l’objet d’importants travaux fondamentaux qui ont permis
d’écarter certaines hypothèses physiopathologiques erronées, de préciser les bases phy-
siques de ces ondes de souffle et les mécanismes générateurs des lésions observées au ni-
veau des différents organes afin d’appliquer, au stade de l’urgence et secondairement, une
stratégie thérapeutique efficace et n’aggravant pas les lésions initiales.
III-1-1 Introduction
Au cours de cette dernière décennie, les attaques terroristes diverses à travers le monde et la
recrudescence de blessures spécifiques liées à l’utilisation de munitions à effets volumiques en
zone urbaine conduisent aujourd’hui à des études multiples ayant pour objectif de compren-
dre la physique du blast et l’interaction avec le corps humain pour mieux s’en prémunir.
L’impact du blast sur l’individu est pendant longtemps passé inaperçu. Pour cause, les lésions
liées au blast sont essentiellement internes et lorsqu’elles se voient, elles correspondent litté-
ralement à un arrachement de tout ou partie des membres supérieurs ou inférieurs de l’in-
dividu (mines anti-personnel à effet de souffle notamment).
Les premières observations anatomophysiologiques sont faites sur le champ de bataille où de
nombreux cas de perforation des tympans sont constatés chez les artilleurs pendant la pre-
mière guerre mondiale et quelques cas de décès de soldats inexpliqués sans lésion apparente.
Des travaux sont alors entrepris sur différents modèles animaux, avançant des hypothèses lé-
sionnelles. Notamment ceux de Hooker (USA, 1918-1919) [24] qui en comparant l’effet de
canons de 10” de la marine et de mortiers de 12” sur des chiens, chats, lapins et grenouilles,
avait observé des modifications physiologiques sensibles (par exemple une chute de 50 % de
la pression artérielle). Toutefois, ces modifications ne s’observaient qu’avec le canon de 10”
alors que la pression crête des mortiers de 12” était supérieure. Il en déduisait alors que seul
l’allongement de la durée de la phase de surpression en était la cause. Il n’a cependant pas pu
observer de lésions au niveau des tissus, cérébral et nerveux. Cet allongement de la phase de
surpression est en partie atteint en Allemagne dès 1899 par l’ajout de poudres métalliques
mélangées à l’explosif, ce que l’on appellera un peu plus tard les munitions à effet de souffle
renforcé (Enhanced Blast Munitions).
Les lésions typiques du blast étaient en augmentation importante dès lors que l’on opérait à
des bombardements massifs des villes (1939-1945). Notons par ailleurs que les effets des-
tructeurs du souffle sont de surcroît décuplés par le confinement de l’espace.
Dans les années 70, les Russes ont mis au point une nouvelle catégorie de munitions pour les-
quelles l’effet de souffle mais également la destruction massive sont recherchés ; c’est le début
d’une nouvelle génération de munitions : les munitions thermobariques. Officiellement, ces
munitions dont l’aspect incendiaire est également à prendre en compte, sont destinées à dé-
barrasser une surface d’un danger potentiel : déboiser un secteur pour permettre un accès par
les airs plus facile, déminer une grande superficie en un bref laps de temps, et même des ap-
plications civiles comme la sécurisation de couloirs d’avalanches, etc. Cependant il n’est pas
à douter que ces catégories d’armes à effet volumique soient ou aient été utilisées à des fins
moins glorieuses dans des conflits plus récents.
De nos jours, les conflits du Moyen-Orient sont la source de nouveaux types d’agressions
terroristes mettant en oeuvre des bombes improvisées (IED) et autres attentats suicides. Au-
jourd’hui l’horreur médiatisée est une arme redoutable aussi bien sur le territoire américain
avec Oklahoma City (1995), le World Trade Center (2001) que plus récemment en Europe
(Madrid 2004, Londres 2005).
La détonation d’un explosif est synonyme de réaction chimique très rapide de décomposi-
tion de la substance explosive (4-8 km/s) par initiation mécanique de proche en proche de
la matière grâce à des ondes de chocs successives. La réaction est relativement indépendante
des conditions extérieures mais est très sensible à la densité de l’explosif. Elle donne nais-
sance à une masse de gaz appelée produits de détonation qui s’organise de telle manière que
les zones de températures et de pression les plus élevées au centre se propagent plus vite que
les zones périphériques ; ce qui donne naissance à un front de pression de plus en plus raide
qui s’éloigne du point central (Fig. 1). L’onde de choc est formée. C’est elle qui, se propageant
à des vitesses supersoniques sur les premières distances, transfère l’énergie aux structures
rencontrées. Le choc mécanique intense généré par un explosif détonant (HE) affecte la struc-
ture moléculaire de tous matériaux avoisinants. On parle de « pouvoir de brisance » de l’ex-
plosif.
La signature en pression d’une onde de choc idéale en champ libre est du type onde de Fried-
lander (Fig. 2). Le suivi de la pression en fonction du temps en un point donné de l’espace
montre une élévation brutale de la pression statique (front de choc ou zone de compression)
pour atteindre en moins de 10 µs un maximum : la surpression de crête Δp. La pression dé-
croît ensuite exponentiellement pour atteindre une première fois la pression de référence
qui correspond à la pression atmosphérique (dans le cas d’une explosion aérienne). Le temps
qui sépare l’arrivée de l’onde sur le point de mesure et le premier retour à la pression ambiante
définit la durée de phase positive « t0 » ou phase de compression. Si l’on se place à une dis-
tance raisonnable du centre de l’explosion, l’onde de choc présente également une phase né-
gative (de dépression ou de raréfaction), généralement beaucoup moins ample, qui fait suite
à la première phase positive. Elle retourne ensuite progressivement à la normale en oscillant
autour de sa ligne de base. Cette onde de pression présente des particularités propres à chaque
type d’explosifs ou armes considérés. L’étude des effets des ondes de chocs passe par l’éva-
luation des différents paramètres de l’onde de choc ainsi que de leur évolution en fonction
de la nature de la charge, de sa taille, de la distance, du milieu et du temps d’arrivée de l’onde.
On s’attachera ainsi à déterminer :
- le temps d’arrivée de l’onde sur le capteur : τ
- le temps de montée Δt (front de choc)
- la surpression de crête Δp
- la durée de phase positive t0
- l’impulsion Ι+ calculée sur l’intégration de la phase positive.
Notons qu’un blast sous-marin est beaucoup plus dangereux à distance égale qu’un blast aé-
rien du fait de la densité du milieu (eau) entraînant des vitesses de propagation plus grandes
que dans l’air.
Δp
Ι+
τ
t0
tf
La détonation peut avoir lieu dans un espace ouvert (condition champ libre), l’expansion de
l’onde de choc ou effet de souffle se fait alors de façon omnidirectionnelle : sphérique ou hé-
misphérique suivant que la charge est proche ou non du sol. Mais elle peut également être di-
rigée, lorsqu’elle est canalisée par des parois rigides comme un corridor. Si la charge est placée
dans un espace clos ou un container, son expansion se trouve confinée.
Pour étudier les capacités de nuisance d’une onde de choc sur l’Homme ou sur les structures,
encore faut-il pouvoir identifier la menace proprement dite et donc mesurer au plus près de
celle-ci les caractéristiques physiques qui l’identifient. Les conditions idéales pour appré-
hender une onde de choc sont des conditions de champ libre (absence de tout obstacle dans
le périmètre de mesure) et pour lesquelles la charge est de forme sphérique et homogène.
L’ISL dispose à ce jour d’une banque de données considérable en fonction de la nature de la
charge, de la taille, de la distance, des conditions d’utilisation. Un rapport de synthèse [41]
mentionne les principaux abaques établis selon la loi de similitude de SEDOV :
W2 ⅓
( )
K2 = K1
W1
où, dans l’hypothèse de la propagation sphérique du souffle dans une atmosphère homogène,
il existe des relations simples entre les paramètres de deux explosions d’énergies W1 et W2. La
grandeur K peut alors aussi bien être les distances du centre de l’explosion aux quelles on aura
une même surpression de crête, les instants d’arrivée du front de choc, les durées de phase de
surpression ou même les impulsions.
Sur un plan métrologique, l’institut utilise
ses propres sondes de mesures intégrant
des capteurs de pression piézoélectriques
(Kistler 603b et 6031) conditionnés et fil-
trés de façon adéquate. La pression inci-
dente ou la pression réfléchie sont
recherchées suivant que l’on détermine un
niveau de pression acoustique au passage
de l’onde (effets auditifs notamment) ou
son interaction sur une structure rigide, le
sol, un mur, le thorax d’un mannequin,
etc…(effet extra-auditifs). La pression ré-
fléchie est au minimum doublée à l’inter-
face et peut avoir jusqu’à un facteur 7 par
rapport à la pression incidente à proximité
immédiate de la charge (Fig. 3).
Figure 3 : Evolution de la
pression incidente et de la
Facteurs pouvant influencer l’onde de choc pression réfléchie en fonction
de la distance à la charge (ex-
trait du logiciel de calcul ISL v.
L’équivalence TNT 0.1, dec. 2005 pour une
charge de 1 kg de TNT).
On peut évaluer le potentiel destructeur d’un explosif donné au moyen d’une équivalence par
rapport à un explosif de référence : le TNT. On parle alors d’équivalent TNT. Pour un effet
terminal identique, il correspond au rapport de la masse de TNT sur la masse de l’explosif
testé. On distingue l’équivalent en pression et l’équivalent en impulsion. Citons pour exem-
ple la composition C-4 à 91 % d’hexogène (RDX) :
Facteur d’équivalence en pression = 1,37
Facteur d’équivalence en impulsion = 1,19
Il suffit donc de seulement 730 g de C-4 pour avoir les mêmes niveaux de pression que ceux
obtenus avec 1 kg de TNT.
La distance à la charge
Suite à la détonation d’une sphère d’explosif en champ libre, les principaux paramètres de
l’onde de choc générée (amplitude, vitesse de propagation, température) initialement très in-
tenses décroissent très vite avec la distance à la charge pour finalement obéir aux lois de
l’acoustique et être tributaires des conditions météorologiques en champ éloigné (Fig. 4).
Le profil de pression se modifie avec un allongement de la phase positive avec la distance à
la charge.
Cette notion de mise à distance est primordiale lorsque l’on recherche l’aspect protection du
personnel et des structures.
Un effet « canon » peut être observé si la charge est maintenue confinée (cas d’une mine an-
tipersonnel à effet de souffle ensevelie dans un sol argileux). De plus, si l’on confine l’explo-
sif dans une coque destinée à se fragmenter, on introduit un autre facteur aggravant : la
fragmentation de la boite, dont les éclats sont propulsés à des vitesses bien supérieures à celle
de l’onde de choc elle-même. Ceci a pour conséquence de perturber sa signature et de cribler
tout obstacle à la ronde. En contre partie, l’énergie utilisée pour fracturer l’enveloppe ne l’est
plus pour l’effet « blast » qui est bien moindre.
La présence d’obstacles
La présence d’un mur, d’une paroi rigide ou tout simplement de la surface du sol suffit à don-
ner naissance à une multiplicité d’ondes de chocs par réflexion sur la surface. L’onde incidente
contourne également l’obstacle dans la mesure des possibilités. A partir d’une incidence d’en-
viron 40° avec la surface avoisinante, chaque onde réfléchie croise l’onde incidente en un point
qui constitue, au fil de l’expansion, le pied de Mach (Fig. 5). Toutes ces ondes superposent une
succession de front de choc à la signature en pression de l’onde de choc résultante. Ce profil
de pression chahuté complexifie l’interprétation des mesures et l’estimation des effets.
Comme on le verra un peu plus loin, chaque front de choc est susceptible d’infliger de pro-
fonds dommages aux tissus vivants. Si de surcroît la détonation a lieu dans une galerie ou un
espace clos, les effets des blasts sur l’Homme et le matériel qui l’entoure sont décuplés.
A l’inverse, le front de choc peut être assoupli (augmentation du temps de montée) par la mise
en place de structures de protection mises en place dans le but de freiner l’écoulement au tra-
vers de multiples ouvertures par exemple ou de surfaces écrans ayant pour but de protéger
hommes et matériels (check-point, zones de stockage,…).
Ces dernières années ont vu la multiplication d’armes à effet de souffle renforcé. Les premiers
à utiliser cette technologie furent les allemands en 1899. Utilisées dès la Première Guerre mon-
diale, elles sont largement employées dans la Seconde par plusieurs pays. Ils montrent que l’ad-
jonction de poudre de métal (principalement de l’aluminium) dans l’explosif agit comme un
catalyseur de la réaction en interférant avec les produits de détonation. Cette réaction exo-
thermique supplémentaire favorise l’allongement de la phase positive de l’onde de choc et
augmente son impulsion.
La mesure d’une onde de choc forte est délicate car elle nécessite d’être assez éloigné de la
charge pour que la signature du front de choc soit constituée et que l’on soit préférentielle-
ment en dehors du champ d’expansion de la boule de feu.
Le rayon est alors déterminé par la relation :
rf / ro = 14,6
Le blast primaire
Les organes principalement affectés par l’effet direct du blast sont ceux renfermant des poches
d’air, ou ceux présentant des interfaces avec des milieux de densité très différente. On dis-
tinguera ainsi (Fig. 8) :
a b
c d
- L’oreille moyenne. L’atteinte de l’oreille moyenne par perforation du tympan conduit à une
surdité de transmission. On enregistre alors des pertes de 5 à 20 dB pour ¼ de tympan dé-
truit et pouvant aller jusqu’à 25 à 40 dB de perte si les ¾ ou la totalité du tympan sont dé-
truits. De plus une dislocation de la chaîne tympano-ossiculaire et une hémorragie peuvent
accroître encore ce déficit. L’oreille interne est également touchée (au moins à la première
explosion, car le tympan intact est efficient) et se traduit par des pertes auditives temporaires
ou définitives suite aux lésions des cellules ciliées externes et internes surstimulées : surdité
de perception.
- Les poumons et les voies respiratoires supérieures. L’apparition de pétéchies laryngées précède
l’atteinte pulmonaire. L’endommagement pulmonaire conduit à une hémorragie pulmonaire
massive pouvant aller jusqu’à provoquer une embolie gazeuse.
- Le tractus digestif avec principalement les poches gazeuses liées aux processus de digestion
au niveau de l’intestin. Des ruptures de la paroi intestinale peuvent alors être observées.
Des atteintes au cerveau ont également été relevées sous la forme de concussion cérébrale ou
traumatisme crânien léger.
La montée brutale en pression et le niveau de crête important sont responsables d’un déchi-
rement partiel ou total de la membrane tympanique avec une possible désarticulation de la
chaîne tympano-ossiculaire et hémorragie.
James (1982) avait montré sur des oreilles de cadavre exposées au blast en champ libre, un
pic de surpression au tympan multiplié par deux si l’onde avait une incidence normale par
rapport à l’incidence rasante [26].
Les lésions tympaniques sont fonction du niveau de pression. La figure 9 (à gauche) mon-
tre le pourcentage de rupture pour trois niveaux de gravité : rupture mineure avec de petites
fissures et une surface irisée, rupture modérée avec de multiples trous, rupture majeure avec
ablation totale de la membrane.
Ainsi les premières lésions tympaniques suite à l’exposition à une onde de choc (3 à 6 ms de
phase positive et de front de montée inférieur à 10 µs) sont observées aux alentours de 20 kPa
pour une incidence normale (cas le plus défavorable), soit environ 180 dB SPL. Vers 170 kPa
(199 dB SPL), il y a 50% de rupture tympanique majeure.
La figure 9 (à droite) montre les seuils d’apparition des lésions pour les différents organes
et sur laquelle il a été reporté le seuil de rupture tympanique (en rouge). La première cible
touchée étant le tympan, c’est donc l’examen clinique prioritaire à réaliser en cas de suspicion
de blast sur une victime d’explosion. Une perforation du tympan recommandera une
radiographie des poumons (22 % des patients exposés à un blast et présentant des perfora-
tions tympaniques présentent également d’autres lésions significatives).
Il est important de noter que l’accroissement du temps de montée en pression de 10 µs à 1 ms,
autrement dit lorsque l’on passe d’un régime de choc à un régime sans choc, la tolérance du
tympan au blast est environ 2 à 4 fois plus grande. D’où l’intérêt du port des protections au-
ditives ou tout simplement d’être protégé par la porte d’un véhicule ou d’un abri si l’explosion
se produit à l’extérieur par exemple.
Figure 9 : Evolutions des lésions tympaniques en fonction de la pression de crête (à gauche) et seuils d’apparition des lésions dans les organes cibles en
fonction de la durée de phase positive chez un individu debout exposé à un blast unique (à droite) selon Richmond [50].
Dès 1968, Bowen [7] établit des courbes de survivabilité au blast qui, aujourd’hui encore, font ré-
férences sur la plupart des travaux dans le domaine.Ces dernières années,quelques réajustements
ont toutefois été rapportés concernant les courtes durées d’exposition au blast [51]. Basées sur les
paramètres physiques de l’onde de choc : amplitude de crête et durée de phase positive de l’onde
incidente, les courbes indiquent le seuil d’apparition des lésions pulmonaires ainsi que les pour-
centages de survie (99 % à 1 %) en fonction de la dose d’exposition. Elles sont construites à par-
tir d’expérimentations animales pour les durées de surpression inférieures à 10 ms et par des
mesures en tube à choc pour les durées plus longues.
La position du sujet par rapport au sens de propagation de l’onde de choc est déterminante.Ainsi,
la position la moins dangereuse est celle où le sujet est parallèle à la direction de propagation de
l’onde de choc (Fig. 10a). Le seuil d’apparition des lésions pulmonaires se situe, pour une onde
de 2ms et un temps de montée instantané, vers 50 PSI soit 345 kPa soit 3.45bar (1 bar = 100 kPa
= 14,5 PSI = 194 dB).
Lorsque le sujet est perpendiculaire à l’onde de choc (Fig. 10b), l’apparition des lésions pulmonaires,
pour la même onde de choc que précédemment,se situe vers 32 PSI soit 220 kPa ou 2,2 bar.
La position la plus défavorable est celle où le sujet est placé contre un mur perpendiculairement à
la direction de propagation (Fig. 10c), les réflexions augmentant le risque lésionnel. Dans ce cas le
seuil lésionnel pulmonaire se situe vers 17 PSI soit 117 kPa ou 1,17 bar.
La durée de la première phase positive joue un rôle primordial entre 0.2 et 40 ms. Au delà de 40
ms les effets lésionnels deviennent indépendants de la durée de la phase positive (Fig.11).Si on exa-
mine le contenu spectral de telles ondes de choc, on s’aperçoit que la part hautes fréquences est
constante mais que la part basses fréquences augmente avec la durée de la première phase positive.
Par exemple, pour une exposition contre une surface réfléchissante et un temps de montée
instantané, le seuil d’apparition des lésions pulmonaires se situe à 17 PSI (117 kPa) lorsque
l’onde de choc a une durée de phase positive de 2 ms. Dans les mêmes conditions mais avec
une durée de phase positive de 10 ms, le seuil d’apparition des lésions pulmonaires se situe
vers 8 PSI (55 kPa). Lorsque la durée de la première phase positive augmente (au delà de 20
ms) les lésions intestinales prédominent sur les lésions pulmonaires.
Expositions multiples
Bien que dans les conditions qui motivent cette étude, il soit peu vraisemblable qu’un sujet
puisse être exposé à des ondes de choc répétitives, nous indiquons les variations de sensibi-
lité des organes lors d’expositions multiples. Pour une onde de choc unique de 4 ms de phase
positive, le seuil d’apparition des lésions intestinales se situe vers 90 kPa. Pour 20 expositions
consécutives, ce seuil s’abaisse à 62 kPa. L’intervalle entre deux expositions consécutives de
une à plusieurs heures est aussi important.
Les lésions pulmonaires sont appréciées en termes de variation de poids des poumons par rap-
port à un poumon sain et exprimées en pourcentage du poids du corps. L’hémorragie sévère
inondant les alvéoles peut multiplier par deux ou par trois cet index. Cette même hémorragie sera
responsable dans un délai très bref de changements physiologiques importants, jusqu’à l’as-
phyxie de la victime par obstruction des voies respiratoires si aucun geste médical n’est pratiqué.
Planche I
Les décès rapportés font mention d’embolies avec la présence de bulles d’air dans les artères
cérébrales et les coronaires.
En outre, si le sujet exposé survit au-delà des 24 heures, les poumons cicatrisent relativement
bien et les foyers hémorragiques régressent très vite 1 semaine seulement après le blast, ne
laissant que quelques traces 3 semaines plus tard.
Les mécanismes lésionnels avancés sont multiples : spallation, implosion, effet d’inertie.
Cependant il est globalement retenu que c’est principalement la rencontre de la paroi thora-
cique avec les poumons qui est responsable des lésions observées. En accord avec les Amé-
ricains et les Suédois [3, 63], on considère que la vitesse de déplacement de la cage thoracique
sollicitée par l’onde de choc est un bon indicateur du degré lésionnel. Que ce soit en champ
libre ou en espace réverbérant, on observe les premières lésions correspondant aux pétéchies
laryngées à des vitesses de l’ordre de 3 à 4,5 m/s. Le seuil des lésions pulmonaires se situe au-
tour de 8 à 12 m/s. La dose létale 50 correspondant à la vitesse de déplacement du thorax pour
laquelle l’on observe 50 % de décès est atteinte pour des valeurs de 12 à 17 m/s.
On retrouve un mécanisme assez similaire dans les impacts non perforants, l’accidentologie.
En ambiance réverbérante et confinée, un autre critère de risque établi dans la littérature est
celui de la densité de chargement en explosif (Planche I, fig.12)[51]. Elle est définie comme
étant le rapport de la masse d’explosif HE considérée/ volume de la pièce où il explose. Ainsi :
- un faible risque si : d < 0,01 kg/m3
- un risque modéré si : 0,01 < d < 0.025 kg/m3
- un risque important si : d > 0,025 kg/m3
nts - une dose létale 50 si : d > = 0,06 kg/m3
Il est d’autre part souligné qu’il faut diviser ces valeurs par deux ou trois si la cible est placée
dans un angle de la pièce !
Partout ailleurs dans le local, les courbes de tolérances en champ libre de Bowen (cf. supra)
restent une bonne approximation des risques encourus.
Depuis la mise en évidence des lésions pulmonaires, les chercheurs ont essayé de compren-
dre le mécanisme lésionnel pulmonaire et de réaliser des protections. La première possibi-
lité consiste à augmenter le temps de montée de l’onde de choc, ce qui revient à absorber les
hautes fréquences de l’onde de choc et à diminuer l’effet d’impact [65].
Pour l’OTAN, AC 243/commission 8/RSG 11, Cooper (GB) relate les essais réalisés par les
différentes équipes à l’aide de matériaux aussi divers que des vestes de protection balistique,
des plaques rigides (cuivre ou Kevlar) ou diverses mousses.
Une observation : la gravité des lésions pulmonaires augmente sensiblement lorsque la paroi
thoracique est recouverte soit de caoutchouc naturel, soit par de la mousse de polyuréthanne
ou de polyéthylène. De plus, le port de diverses combinaisons (vestes de campagne, gilet
pare-balles souple en kevlar et plaques de céramiques) modifie la surface des pressions et
favorise une augmentation de la pression intrathoracique (intra-œsophagienne) avec une
augmentation des lésions et même de la mortalité (Fig. 13)[46].
n
L’addition de mousse ou de matériaux absorbeurs de chocs à l’arrière de la plaque balistique
(pack anti-trauma) apporte en partie une solution en délayant l’arrivée du choc dans le temps
de façon à le rendre « plus acceptable » par les limites physiques de l’organisme [66].
Actuellement, il est exprimé la volonté d’établir une méthodologie d’évaluation des tenues
spécifiques telles que celles utilisées pour le déminage (EOD)[4].
En champ libre et du fait des seules lésions pulmonaires (hémorragies), 50 % des personnels
seront inaptes au combat (CI50) à la suite de l’exposition à un blast de surpression de crête
égale à la moitié de celle correspondant à la dose létale 50 % (LD50) ou de 30 % inférieure à
celle correspondant à la dose létale 1 % (LD1) [51] (cf. Fig. 11).
Conclusion
III-1-4
La physique du blast est abordée de manière très simple mais la mise au point de protections
efficaces contre cette menace et le traitement des blessures occasionnées restent tout aussi
complexes. La rupture tympanique est le premier signe clinique d’un individu non protégé
ayant été exposé à un blast. L’étendue des examens se fait alors au niveau pulmonaire et ab-
dominal. La pression de crête et la durée de surpression sur la cible sont considérés comme
primordiales dans la grande majorité des cas pour juger du risque d’exposition tout en sa-
chant que la proximité immédiate d’une paroi rigide va amplifier très sensiblement cette me-
nace. L’évanescence rapide de l’onde en fonction de la distance est à mettre à profit.
Cependant, l’effet de criblage de la victime par les fragments propulsés à très grande vitesse
doit aussi être pris en compte. L’élévation de la température bien que transitoire suffit à brû-
ler les poumons de la victime par inhalation des gaz (notamment en ambiance confinée et
avec des munitions de type fuel-air et thermobariques). A ce jour, la protection personnelle
ne cesse d’être améliorée suite à la forte demande sur le terrain avec les conflits mondiaux ac-
tuels. Si le port d’une protection auditive (type bouchon d’oreille) s’avère efficace pour la pro-
tection du tympan, il reste à trouver le bon compromis entre l’efficacité de la protection de
la tête et du corps, et l’ergonomie de façon à ne pas pénaliser la conduite des opérations des
personnels impliqués.
III.2. Physiopathologie
III-2-1 Mécanismes lésionnels fondamentaux [10, 20, 49, 58]
Deux mécanismes lésionnels sont actuellement retenus.
Le passage de l’onde de choc provoque au niveau des volumes gazeux enclos dans l’orga-
nisme une compression très importante, supérieure à celle de l’onde choc incidente, suivie
d’une détente brutale qui provoque des ruptures pariétales. Les auteurs de langue anglaise
parlent d’implosion. C’est l’un des mécanismes impliqués au niveau de l’appareil auriculaire
et du tube digestif.
Figure 14 : Schémas des varia-
tions des volumes gazeux en-
clos soumis à une onde de
souffle (∆ P). Il existe une com-
pression initiale (P1) puis une
détente brutale (P2) qui pro-
voque des ruptures pariétales.
ΔP P0 P1 P2
P1 > ΔP + P0
Les différences d’accélération positives et négatives, appliquées aux tissus de densités diffé-
rentes lors du passage de l’onde de choc, provoquent une compression brutale des tissus les
moins denses par les tissus plus denses. Le retour rapide à la situation initiale est susceptible
de générer des solutions de continuité au niveau des interfaces tissulaires : c’est le cas no-
tamment des lésions pulmonaires et laryngées.
L’effet de pulvérisation, bien connu en mécanique des solides et des fluides, résulte des diffé-
rences de tension superficielle créées au niveau d’une interface entre des structures de den-
sités très différentes, comme lors des explosions sous-marines. Son rôle dans le déterminisme
des lésions cliniques du blast n’est pas actuellement démontré.
Figure 15 : Schémas montrant
des tissus de densité différente
soumis à une onde de souffle
(∆P). Les tissus denses (A) s’im- ΔP
pactent sur les tissus moins
denses (B), et des solutions de
continuité apparaissent au ni-
veau de l’interface au cours de la
Relaxation.
III-2. PHYSIOPATHOLOGIES - P. MAGNAN P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 159
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 160
Figure 16 : Les seuils lésionnels de différents organes après exposition à une onde souffle.
Manifestations cliniques
L’hypoacousie
Elle est marquée et immédiate, elle empêche le sujet de communiquer avec son entourage en
cas de traumatisme sévère et constitue l’un des facteurs de désorientation immédiate post cri-
tique. Elle régresse habituellement en quelques heures, mais persiste chez plus de 30 % des
victimes [18, 28, 70].
Les acouphènes
Ils sont intenses de tonalité aiguë, suivant l’évolution de l’hypoacousie et régressent parfois
en quelques heures. Dans la plupart des cas, ils persistent et deviennent un handicap sur une
longue période [37]. Dans la série de Bruins et al, 50 % des oreilles lésées présentaient encore
des acouphènes 1 an après le traumatisme [9].
III.3. ASPECTS CLINIqUES - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 161
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 162
L’otalgie
Après un blast elle peut avoir plusieurs causes incluant, la rupture de la membrane tympa-
nique, les luxations ossiculaires, les lésions associées dues autres effets du blast (secondaire
ou tertiaire). Les complications infectieuses secondaires peuvent être aussi responsable de la
douleur. Ce n’est cependant pas la douleur la gêne la plus couramment rapportée dans le
blast mais un certain inconfort au niveau de l’oreille.
L’otalgie perd rapidement de son intensité et peut revêtir la forme d’une hyperacousie dou-
loureuse entraînant une gêne importante, réduisant la qualité de vie des sujets. Elle peut per-
sister s’il existe une rupture tympano ossiculaire ou une lésion majeure de l’oreille interne.
Les vertiges
Ils peuvent être rotatoires ou simplement se traduire par une instabilité. Ils ont été rapportés
dans 10 à 12 % des cas [28,17]. Mais ces vertiges relèvent souvent des effets secondaires ou
tertiaires (traumatisme crânien) plutôt que des effets primaires du blast. Les sujets décrivent leur
symptômes en termes vagues, sensation d’instabilité sans signes rotatoires. Tous ces symptômes
ayant tendance à disparaître très rapidement. L’examen clinique vestibulaire étant le plus sou-
vent normal [37,17]. Cependant un bilan vestibulaire para clinique est rarement réalisé dans les
suites immédiates d’un blast. On peut néanmoins noter que certains auteurs [15,62] ont mis en
évidence des anomalies vestibulaires en réalisant le plus tôt possible après l’explosion, un bilan
para clinique comprenant une électronystagmographie et un équitest.
L’otorrhée
Elle n’est jamais concomitante au blast. Elle apparaît secondairement en particulier chez les
militaires sur zone de combat. En effet les combattants ne consultent pas systématiquement
après une exposition à un blast du fait des contraintes opérationnelles et ce n’est que l’appa-
rition d’une otorrhée qui va motiver la consultation puis l’évacuation du sujet hors de la zone
opérationnelle.
L’examen clinique
L’examen otologique doit être systématique chez tous les sujets exposés à une explosion.
L’oreille externe
Le pavillon et le méat acoustique externe ne sont pas atteints par l’onde choc en elle-même
mais ces zones peuvent présenter des lésions non spécifiques résultants des effets secondaires
tertiaires, quaternaires, plaies tégumentaires plus ou moins souillées, arrachements, inclu-
sions de corps étrangers métalliques ou telluriques, brûlures.
L’oreille moyenne
La membrane tympanique
La lésion tympanique se limite parfois à une hyperhémie périmalléaire (Fig. 17), décrit au-
trefois sous le nom de signe de Müller, ou à des ecchymoses tympaniques (Fig. 18). L’hémo-
tympan est rare (3 %) [18].
Figure 17 : Hyperhémie 17 18
périmalléaire.
Figure 18 : Ecchymose
tympanique.
La présence d’une perforation du tympan implique une atteinte du système tympano ossi-
culaire due à une onde de choc. Elle peut être la seule lésion découverte lors d’un blast dans
les explosions de faible intensité. Cependant l’absence de lésion tympanique ne signifie pas
pour autant que le sujet n’ait pas été soumis à un blast. Cette absence de lésion tympanique
peut se rencontrer dans différentes situations :
- dans le blast liquidien où le sujet étant à demi immergé, seule la partie immergée est expo-
sée à l’onde de choc ;
- si le sujet porte des protections auriculaires (casque, bouchons intra canalaires) ;
- si le patient présente une béance tubaire [33].
Ceci explique l’absence de perforation tympanique chez des sujets présentant par ailleurs
des lésions importantes de blast (pulmonaire, abdominal).
La perforation tympanique signe le passage d’une onde de souffle mais ce n’est pas un critère
prédictif de gravité. Leibovici et al [33] dans leur série ont montré que sur 142 blessés pré-
sentant une perforation tympanique isolée, aucun n’avait développé secondairement une
complication pulmonaire ou abdominale. En revanche 18 sujets qui n’avaient aucune perfo-
ration tympanique, présentaient du fait de leur situation proche de l’épicentre de l’explosion
un blast pulmonaire avec des signes pulmonaires immédiats. Aucun de ces patients n’avait
de protection auriculaire. L’absence de perforation n’est pas expliquée par les auteurs mais
cette constatation est importante car elle montre que la connaissance de la situation du sujet
par rapport à l’épicentre de l’explosion est fondamentale ainsi que la reconnaissance des signes
d’atteintes pulmonaires, l’absence de perforation tympanique ne signifiant pas l’absence de
blast pulmonaire. Certains auteurs proposent pour les patients n’ayant qu’une perforation
tympaniques isolée une surveillance de quelques heures avec réalisation d’une radiographie
pulmonaire puis retour à domicile et secondairement un bilan ORL [33, 68].
Néanmoins la perforation reste le signe le plus commun lors d’un blast, dans la série de Cebellos
et al [22] 41 % soit 99 sujets examinés sur 243 présentaient une perforation tympanique.
L’oreille située le plus près de l’explosion ou dirigée vers l’épicentre est classiquement la plus
atteinte, cependant l’onde de choc peut se refléter sur les murs et entraîner des lésions aussi
sévère pour l’oreille contro latérale avec perforation tympanique bilatérale d’ou l’intérêt de
connaître le lieu de l’explosion (ouvert ou fermé)[19].
III.3. ASPECTS CLINIqUES - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 163
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 164
La rupture tympanique siège sur la pars tensa et peut revêtir plusieurs aspects :
- déchirure linéaire (10%) ;
- rupture polygonale, géométrique (30%) (Fig. 19), à lambeaux rabattus vers la caisse du tym-
pan, ce qui confirme la prépondérance de la phase positive de l’onde de choc dans la genèse
des lésions ;
- perforation multiple (4,5%) (Fig. 20) ;
- perforation arrondie ou ovalaire ;
- destruction sub-totale, ne laissant que la pars flaccida, le marteau et le bourrelet annulaire;
ces deux derniers aspects représentent 60% des cas, mais résultent sans doute, au moins
pour le premier, de la tendance naturelle des ruptures tympaniques à s’arrondir pendant la
cicatrisation.
19 20 Figure 19 : Rupture tympanique
géométrique, à lambeaux rabat-
tus vers la caisse
L’oreille interne
L’atteinte de l’oreille interne peut passer inaperçue chez un sujet présentant des lésions asso-
ciées importantes, sinon la symptomatologie auditive (hypoacousie, acouphènes) suffit à évo-
quer une atteinte otologique dont il faudra réaliser le bilan fonctionnel (audiogramme) afin
e
-
de quantifier la perte auditive et l’atteinte de l’oreille interne. Immédiatement après le blast
les sujets présentent une perte auditive importante puis ils récupèrent leur audition au bout
de quelques heures. Sur le plan audiométrique les courbes sont variées et la plus classique se
caractérise par une chute sur les fréquences aiguës. La sévérité de cette atteinte auditive est
variable et dépend de plusieurs paramètres dont, l’explosif utilisé et la quantité, la proximité
du sujet de l’épicentre, l’orientation de l’oreille vis-à-vis de l’onde de choc, l’environnement
(ouvert ou espace confiné), la susceptibilité individuelle et le passé otologique [6].
L’audiogramme va permettre de mettre en évidence différents types de surdités [18] :
- surdité de transmission isolée (9 %) ;
- surdité de perception pure en cas de lésion cochléaire isolée (20 %) ;
- surdité mixte (70 %) témoignant de lésions associées de l’oreille moyenne et interne.
Certains auteurs ont essayé de déterminer s’il existait un type de courbe bien précis dans les
suites d’un blast auriculaire. La première étude détaillée a été celle de Teter et al. [60] qui
avaient décrits 4 types de courbes :
- type A scotome sur le 1 000 ;
- type B 2 scotomes sur le 1 000 et le 4 000 ;
- type C scotome sur le 4 000 ;
- type D chute à partir du 2 000.
Singh et Ahluwalia [55]ont noté une prédominance de courbes horizontale. Ziv et al. [70] ont
observé un fort pourcentage de courbes avec une chute sur le 4 000. Perez et al. [43] ont réa-
lisé 200 audiogrammes et ont trouvé 46 % de courbes avec une chute sur les fréquences
aiguës, 41 % avec un scotome isolé et 25 % de courbes horizontales. Bruins et al. [9]ont dans
leur série une atteinte essentiellement des fréquences aigues (61 %). En fait devant les ré-
sultats obtenus par ces différentes études on peut conclure qu’il n’y a pas de courbe typique
audiométrique lors d’une atteinte de l’oreille interne après un blast.
Il représente l’atteinte la plus fréquente après l’atteinte tympanique et le reconnaître est fonda-
mental car les lésions pulmonaires peuvent engager le pronostic vital. L’environnement dans le-
quel s’est située l’explosion est importante à connaître car le blast pulmonaire est plus fréquent
en milieu confiné [2, 27].
III.3. ASPECTS CLINIqUES - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 165
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 166
Les manifestations cliniques de blast pulmonaire ont bien été décrites dans la littérature [1, 11,
45] et le diagnostic de blast pulmonaire repose sur la triade suivante [2] : détresse respiratoire,
hypoxie, anomalies sur la radiographie pulmonaire.
Clinique
Les signes respiratoires comportent les signes suivants : tachypnée, dyspnée, cyanose, hé-
moptysie, douleur rétro-sternale.
Dans quelques cas, des signes neurologiques sont au premier plan et sont la conséquence
d’une hypoxie ou d’une embolie gazeuse cérébrale. Ceci inclut le coma, la détérioration du
niveau de la conscience, des convulsions et des déficits localisés.
L’examen clinique pulmonaire peut révéler une diminution des bruits pulmonaires avec pré-
sence de crépitants.
L’hypoxie est présente chez tous les patients présentant un blast pulmonaire et elle se définit
pour un pourcentage d’O2 inférieur à 90 %. Le degré d’hypoxie varie et peut s’aggraver dans
les quelques premières heures.
Bilan radiologique
La radiographie pulmonaire
Elle doit être systématique chez tous les sujets ayant été exposés à un blast [8]. Les signes ra-
diologiques du blast sont représentés par des opacités diffuses pulmonaires type infiltrat qui
se développent en quelques heures, devenant maximales au bout de 24-48 heures et dispa-
raissant en 7 jours. Si les infiltrats progressent après 48 heures il s’agit d’un blast grave se
compliquant sur le plan pulmonaire. D’autres lésions peuvent se rencontrer, pneumothorax,
hémopneumothorax, emphysème, emphysème sous-cutané, pneumomédiastin, pneumopé-
ritoine signant la perforation d’un viscère abdominal qui peut être associé à un blast pul-
monaire [39].
Le scanner thoracique
Il n’est pas réalisé systématiquement mais il présente une plus grande sensibilité que la radio-
graphie pulmonaire pour la détection précoce des lésions pleurales et parenchymateuses [52].
Il permet aussi d’évaluer la gravité de l’atteinte pulmonaire et d’adapter ainsi le traitement avec
mise sous ventilation assistée des patients si nécessaire [67].
Bien que certains auteurs aient signalé l’apparition d’une insuffisance respiratoire après une
période de latence prolongée (24-48 h)[16, 24], il est très difficile devant l’apparition secon-
daire d’une détresse respiratoire chez une victime le plus souvent polytraumatisée de faire la
part de ce qui revient au blast et de ce qui est la conséquence d’un syndrome respiratoire
aigu. Pour d’autres auteurs et dans des séries plus récentes les patients présentant un blast pul-
monaire ont toujours des signes cliniques et radiologiques évidents lors de leur admission à
l’hôpital. Ces auteurs n’ont d’ailleurs jamais constaté de détresse respiratoire après un temps
de latence chez des sujets asymptomatiques et qui ne présentent pas d’anomalies sur la ra-
diographie pulmonaire [2, 11, 33, 47]. On peut en conclure que l’observation prolongée de ces
patients n’est pas indispensable. Toutefois, en cas de lésions tympaniques et de doute sur
l’évolution de la symptomatologie pulmonaire initiale, la prudence recommande de garder
ces sujets en observation pour 24 heures.
Elles sont classiquement impliquées lors du passage d’une onde de choc et ont été mises en
évidence par les travaux de l’ISL [64]. Elles sont considérées comme faisant parties des lésions
les plus précoces et donc importantes à mettre en évidence car leur présence signe une ex-
position à une onde pressionnelle forte avec suspicion de blast pulmonaire, le seuil lésionnel
laryngé étant situé juste en dessous du seuil pulmonaire [10b].
Elles sont la conséquence de l’impaction du squelette cartilagineux sur les parties molles en-
dolaryngées. Les lésions observées sont représentées par des pétéchies sous muqueuses au ni-
veau du vestibule laryngé ou des hémorragies sous muqueuses plus diffuses. Toutefois,
aucune étude n’a montré l’évolution naturelle de ces lésions des voies aériennes supérieures
ni leurs conséquences physiologiques [35].
Il est vrai qu’en clinique d’urgence, ces lésions fugaces passent souvent inaperçues et ne sont
pas rapportées dans les publications, faites souvent par des urgentistes qui ne font pas de na-
sofibroscopie systématique du larynx au stade initial. Ces lésions laryngées initiales sont
aussi, parfois, intriquées dans un contexte de polytraumatisme important avec un patient in-
tubé.
L’attitude de certains auteurs conseillant de réaliser une fibroscopie laryngée chez tous les pa-
tients ayant été soumis à un blast [10b] doit être, à notre avis, modulée et limitée aux cas où il
n’existe :
- ni de signe de blast pulmonaire avéré (la constatation d’une atteinte laryngotrachéale ayant,
dans ce cas, peu d’intérêt puisque le diagnostic est déjà fait) ;
- ni de polybléssures pour lesquelles les signes cliniques du blast laryngo trachéal sont peu
spécifiques et les signes laryngés, dysphonie et dyspnée, sont rattachés à d’autres causes.
Au total, dans le cadre du bilan initial d’un blessé exposé à une explosion et ayant un blast
apparemment isolé, la nasofibroscopie laryngée n’est pas obligatoire mais peut être utilisée
avec discernement pour rechercher des signes d’atteinte laryngotrachéale, dont le seuil lé-
sionnel est proche du seuil d’atteinte pulmonaire, appelant alors le clinicien à la vigilance et
à la mise en observation du sujet pour 24 heures.
(Fig. 21 : Schéma décisionnel devant un sujet soumis à une explosion).
Le système circulatoire
Lors d’un blast pulmonaire l’air peut diffuser dans le système circulatoire par traumatisme
des alvéoles pulmonaires. Cet air va obstruer les artères, réalisant des embolies gazeuses pou-
vant léser ainsi n’importe quel organe dont le système nerveux central et le myocarde (obs-
truction des artères coronaires). L’atteinte de ces 2 organes est le plus fréquemment retrouvé
et représente la cause des décès dus aux effets primaires du blast.
Le gaz contenu dans une partie du tube digestif explique les risques d’atteinte importantes
des organes creux de l’abdomen lors du blast. Une variation de pression importante entraînant
la rupture de l’intestin avec hémorragie et diffusion du contenu dans le péritoine. Plus com-
munément lors de pression plus faible on note des hémorragies au niveau des parois intesti-
nales. Les signes cliniques du blast abdominal sont représentés par la douleur abdominale,
III.3. ASPECTS CLINIqUES - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 167
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:21 Page 168
L’œil et l’orbite
Bien que le globe oculaire ne représente que 0,1% de la surface corporelle , les blessures ocu-
laires lors d’explosion sont relativement fréquentes (10 % des sujets survivants à un blast ont
des atteintes oculaires). La majorité de ces lésions est due aux projectiles. Ce sont donc es-
sentiellement des lésions de blast secondaire. Le globe est relativement résistant à l’action
directe d’une onde de pression car ses différents constituants ont une densité à peu près si-
milaire. Cependant un cas d’hémorragie sous conjonctivale avec hyphéma a été rapporté
due à l’onde de choc [5] ainsi qu’un cas de fracture type blow out bilatéral [34].
Explosion
Suspicion de blast
Otoscopie
Perforation tympanique
ou autres lésions tympaniques
Tympans normaux
Pas d’hospitalisation
Hospitalisation
Suivi ORL
Suspicion de blast pulmonaire
La prise en charge des victimes de blast ne diffère pas de celle des victimes de tout trau-
matisme et est nécessairement multidisciplinaire.
III-4-2 À l’hôpital
Tous les sujets exposés à une explosion doivent observer un repos strict afin de ne pas ag-
graver d’éventuelles lésions liées au blast.
En cas de suspicion de blast, le sujet doit être mis en observation du fait de l’apparition par-
fois retardée des manifestations pulmonaires et abdominales. Cette phase de surveillance
semble prudente mais sa durée n’est pas définie [68]. Certains recommandent une durée de
48 heures, voire de 72 heures en cas de suspicion de lésions abdominales. Pour d’autres, tous
les blasts pulmonaires sont révélés dans la première heure après l’explosion [33, 68]. D’autres
auteurs, dans une étude portant sur 29 patients n’ont pas décrit de décompensation respira-
toire plus de deux heures après l’explosion et ne préconisent pas de période prolongée d’ob-
servation chez des patients asymptomatiques [2]. Lors de la seconde guerre mondiale, les
patients survivants plus d’une heure étaient en général sauvés [68].
III.4. PRISE EN CHARGE THéRAPEUTIqUE - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 169
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 170
Lésions pulmonaires
Bien que s’apparentant à celles des contusions pulmonaires, la prise en charge des lésions pulmo-
naires du blast s’en distingue en raison des risques d’embolie gazeuse et de pneumothorax [25].
Le but du traitement est de maintenir les échanges gazeux et l’oxygénation tissulaire dans
l’attente de la cicatrisation spontanée des lésions pulmonaires [1, 11].
Dans les formes modérées, avec hypoxie sans détresse respiratoire, l’oxygénothérapie peut
être suffisante, après drainage d’un éventuel pneumothorax.
La ventilation mécanique s’impose en cas de détresse respiratoire. Elle nécessite une venti-
lation en pression positive continue (VPPC). Cette VPPC comporte des risques d’embolie ga-
zeuse du fait de fistules alvéoloveineuses et des risques de pneumothorax [1, 2, 25].
Cependant la ventilation mécanique est souvent inévitable, surtout chez des polytraumati-
sés [2, 25, 68]. Elle doit être fréquemment effectuée avec une pression expiratoire positive
(PEP) pour maintenir une oxygénation satisfaisante. Les paramètres de cette VPPC avec PEP
doivent être contrôlés pour éviter tout risque de baro ou volotraumatisme [2]. La PEP doit
être la plus basse possible, égale à 10 cm d’H2O. Des valeurs supérieures sont cependant né-
cessaires en cas de lésions sévères. Certains ont proposé la jet-ventilation à haute fréquence
pour diminuer les pressions dans les voies aériennes [2, 47]. D’autres préconisent le retour
précoce à une respiration spontanée avec ventilation mécanique intermittente [61]. Pour
éviter le risque de pneumothorax, certains ont préconisé la mise en place prophylactique de
drains thoraciques [36]. La surveillance clinique, radiographique et l’adaptation des para-
mètres de la ventilation semblent préférables à cette méthode invasive.
Les anesthésies générales, souvent nécessaires chez ces polyblessés, sont mal tolérées. Les
pressions de ventilation et les volumes doivent être surveillés étroitement et être les plus bas
possibles pour éviter embolies et pneumothorax [42]. Les anesthésies loco-régionales, sou-
vent préconisées dans ce contexte, ne sont pas toujours réalisables chez des polyblessés. Le
retentissement respiratoire des anesthésies rachidiennes ne doit pas être sous-estimé [42].
Le traitement d’un collapsus ou d’un état de choc nécessite un remplissage vasculaire. Les
causes de cet état de choc sont multiples: hémorragies, brûlures, conséquences des lésions
liées aux blasts secondaire et tertiaire, conséquences hémodynamiques d’une embolie ga-
zeuse [1, 68]. Ce remplissage peut avoir des effets délétères. L’augmentation de la perméabi-
lité capillaire et les lésions des membranes alvéolaires entraînent une accumulation des
liquides de remplissage et aggravent un œdème pulmonaire. Il en résulte une détérioration
des échanges gazeux et une aggravation de l’hypoxie [1, 2, 68]. Les solutés colloïdes doivent
être utilisés préférentiellement aux cristalloïdes, dans l’attente des produits sanguins qui peu-
vent être indispensables[1]. La surveillance du remplissage est assurée par mesure de la pres-
sion veineuse centrale ou par échographie cardiaque transthoracique ou transoesophagienne
[1]. Cet examen permettant en outre de détecter une embolie gazeuse [68].
L’embolie gazeuse est une complication de la ventilation mécanique chez un sujet blasté, mais
elle peut survenir en l’absence de toute ventilation assistée. Elle est responsable des décès qui
surviennent dès les premières minutes après une explosion [1, 2, 45]. Tous les organes peu-
vent être concernés. Les conséquences les plus graves étant la survenue d’un accident isché-
mique cérébral ou myocardique. Le traitement de l’embolie gazeuse est l’oxygénothérapie
hyperbare. Elle doit être débutée dans les meilleurs délais après survenue du blast. Elle peut
ne pas être immédiatement disponible et le traitement devra débuter, dès la suspicion d’em-
bolie, par l’administration d’oxygène [1, 2]. Certains ont proposé la mise en décubitus latéral
gauche avec la tête en bas pour éviter la propagation des bulles au niveau cardiaque et céré-
bral [1]. D’autres contestent cette attitude car cette position augmente la pression intracrâ-
nienne et n’empêcherait pas la survenue d’une embolie gazeuse dans la vascularisation
coronaire [25].
La mortalité directement liée aux lésions de blast pulmonaire est évaluée à 11 % [20]. En
l’absence de complications, l’évolution des blasts pulmonaires est favorable s’ils sont rapide-
ment traités [2, 25].
Lésions laryngo-trachéales
Dans le cadre des blasts primaires, les lésions laryngotrachéales sont essentiellement des lé-
sions sentinelles qui indiquent un possible blast pulmonaire. Elles cicatrisent en général spon-
tanément et leur prise en charge n’a rien de spécifique, s’intégrant dans celle du traumatisme
général [25].
Lésions digestives
En présence de signes abdominaux, la surveillance doit être prolongée plusieurs jours du fait
du risque de perforation retardée [42, 45].
La tomodensitométrie est une aide au diagnostic. Elle peut être utilisée en association avec
le lavage péritonéal, plus sensible, pour éviter une laparotomie exploratrice, en raison des
risques inhérents à l’anesthésie générale [1,45].
Lésions otologiques
Elles sont prises en charge quand l’état du patient le permet mais ne doivent pas être négli-
gées car elles engagent le pronostic fonctionnel.
Oreille externe
La cicatrisation des lésions de l’oreille externe, avec ou sans perte de substance, s’effectue en
général sans difficultés du fait de sa riche vascularisation. De petites excisions cartilagineuses
peuvent être réalisées mais il est nécessaire de conserver le plus possible de cartilage dans un
but cosmétique. Le cartilage ne doit pas rester à nu. Dans l’attente d’une chirurgie réparatrice,
il peut être recouvert d’un pansement gras. Le méat acoustique externe est nettoyé et les corps
étrangers divers qui s’y trouvent sont ôtés. Une antibiothérapie générale peut être instaurée
pour prévenir le risque de périchondrite [21].
III.4. PRISE EN CHARGE THéRAPEUTIqUE - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 171
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 172
Oreille moyenne
Les tympans sont examinés sous microscope. En cas de perforation, les lambeaux tympa-
niques invaginés sont éversés sous anesthésie locale pour favoriser la cicatrisation spontanée
et éviter la constitution d’un cholestéatome. Certains préconisent la mise en place d’un tu-
teur de cicatrisation [12,31]. La plupart des perforations tympaniques secondaires à un blast
cicatrisent spontanément. Le taux de fermeture spontanée est corrélé aux dimensions de la
perforation [48]. Les perforations de plus de 80% de la surface du tympan ne cicatrisent pra-
tiquement pas [40]. Le rythme de cicatrisation est d’environ 10% de la surface tympanique
par mois [40]. Les chances de fermeture spontanée diminuent avec le temps [48]. Pendant la
période de cicatrisation, il est indispensable de conserver une oreille sèche. Les traitements
antibiotiques locaux ou généraux doivent être réservés aux épisodes de surinfection [12,40].
Ces derniers retardent la cicatrisation. Un délai d’au moins 6 mois est conseillé avant de pro-
poser une tympanoplastie [48]. Ce délai permet de dépister un cholestéatome d’apparition
tardive et d’opérer à distance des phénomènes inflammatoires [48]. De plus, il est préférable
de ne pas intervenir sur une oreille interne fragilisée. Une intervention trop précoce peut
aggraver l’atteinte cochléaire [40,48]. Les lésions ossiculaires sont traitées à distance du blast,
une ossiculoplastie pouvant être réalisée dans le même temps qu’une éventuelle tympano-
plastie [21]. Une surveillance prolongée est nécessaire pour dépister un cholestéatome d’ap-
parition tardive toujours possible après blast tympanique [21].
Oreille interne
Les lésions de l’oreille interne constituent classiquement une urgence fonctionnelle dont le
traitement n’est pas toujours possible chez un polyblessé ou polytraumatisé.
Toute nouvelle exposition au bruit doit être évitée [1]. Il existe une part de récupération par-
tielle spontanée dans un grand nombre de cas. Cependant, les chances de récupération de
l’audition au-delà de 6 mois sont très limitées voire nulles [9]. Aucun traitement associant
corticostéroïdes, vasodilatateurs, auxquels peuvent être ajoutés dextrans de faible poids mo-
léculaire, antiagrégants plaquettaires, n’a prouvé son efficacité dans la récupération d’une
surdité neuro-sensorielle secondaire à un blast [1, 21, 25]. Les vasodilatateurs associés aux vi-
tamines B et C n’ont montré aucune efficacité [57]. L’oxygénothérapie hyperbare associée à
la corticothérapie à hautes doses (1 à 1,5 mg/kg/j de Prednisone) peut être également utili-
sée. Une étude récente a évoqué son efficacité dans le traitement des surdités brusques [38].
En pratique, il paraît difficile de ne pas instaurer, pendant une semaine, une corticothérapie
à hautes doses, en l’absence de contre-indication.
En cas de suspicion de fistule périlymphatique, une exploration de l’oreille moyenne est le seul
moyen de la confirmer et de la traiter [21].
Elle doit être systématique pour tous les sujets exposés à une explosion, en particulier lors
d’un attentat.
•
III.5 CONSéqUENCES MédICOLéGALES - P. CLEMENT, C. CONESSA, P. MAGNAN, E. ROGUET, J.-L. PONCET 173
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 174
III.6. conclusion
Le blast doit être considéré comme une urgence potentielle, susceptible de majorer les
difficultés de traitement des polyblessés, voire de mettre en jeu le pronostic vital alors
qu'il n'apparaissait pas menacé a priori. Lorsque le contexte anamnestique est évocateur,
la mise en évidence de lésions tympaniques signe l’exposition du blessé à l’onde de choc.
L'otoscopie doit donc être pratiquée, de principe, chez tout sujet suspect d'avoir subi les
effets d'une onde de choc.
Les lésions de blast laryngé sont rarement mises en évidence au stade de l’urgence car
elles sont fugaces et souvent masquées par d’autres lésions traumatiques. Quand elles
sont mises en évidence chez un sujet exposé à une forte explosion mais apparemment
indemne, elles consituent un signe de gravité certain, car leur seuil d'apparition est très
proche de celui des lésions viscérales, thoraciques ou abdominales.
Dans le cadre de la prise en charge de polyblessés, le diagnostic de blast n’est pas sans
conséquence. Sur le plan thérapeutique, il expose le blessé à des réactions biochimiques
complexes pouvant conduire à une défaillance polyviscérale, délicate à traiter. Sur le plan
pronostic, il expose la victime à des séquelles neuro-sensorielles et neuro-comporte-
mentales parfois lourdes à supporter d’autant qu’elles surviennent, le plus souvent, dans
un contexte d’attentat ou de guerre toujours traumatisant sur le plan psychique.
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[71] www.sos-attentats.org (rubriques : « lutte contre le terrorisme » et « juridique »).
•
Chapitre IV
Les accidents
barotraumatiques et
aéroemboliques
p x V = constante.
Altitude Pression Volume relatif La pression de l’air au niveau de la mer est de 1 bar ou 1013 hPa ou 760
(m) barométrique (hPa)
mm de mercure. 1 mbar = 1 hPa.
10000 264 4.7
8000 356 3.2
Lorsque l’on s’élève en altitude, la pression diminue globalement de 0,1 bar
5000 540 2 tous les 1 000 m jusqu’à 5 000 m.Ainsi, à 5000 m d’altitude, la pression at-
3000 701 1.5 mosphérique est de 0,5 bar soit la moitié de la pression au niveau de la
0 1013 1 mer. A 10000 m d’altitude, la pression barométrique est divisée par 5. La
- 10 2026 0.5
réduction des pressions est responsable d’une augmentation des volumes
- 20 3039 0.33
- 30 4052 0.25
gazeux dans les mêmes proportions. Ainsi, un ballon baudruche gonflé
- 40 5065 0.20 avec un litre d’air au niveau de la mer occupera un volume de 2 l à 5 000
m et de 4 l à 10 000 m.
En plongée, lorsque l’on descend, il se produit une augmentation de la pression ambiante.
Cette pression ambiante absolue résulte de la somme de la pression atmosphérique ( 1 bar) et
de la pression hydrométrique. La pression hydrométrique est de 1 bar par tranche de 10 mè-
tres. Ainsi, à 10 mètres de profondeur, la pression ambiante est de 2 bars, à 20 m de 3 bars etc.
Là aussi, les volumes gazeux varient dans les mêmes proportions. Ce ballon gonflé avec un
litre d’air au niveau de la mer n’occupera plus qu’un volume de 0,5 l à 10 m, 0,33 l à 20 m etc.
Les variations de pression et de volume en fonction de l’altitude figurent dans le tableau 1.
En résumé, en altitude, les variations pressionnelles sont moins importantes, plus lentes
et sur d’importants dénivelés. En plongée, les variations pressionnelles sont très impor-
tantes, rapides et sur de courtes distances.
Pressurisation
Pour limiter ces variations pressionnelles en aéronautique et permettre les vols en haute al-
titude, il a fallu mettre au point des systèmes de pressurisation. Le but est de maintenir la pres-
sion cabine à une valeur supérieure à la pression barométrique qui règne à l’altitude du vol.
Le principe est de maintenir une différence de débit entre l’air entrant (air extérieur admis
dans la cabine) et l’air sortant. Lors de la phase initiale de la montée, la pression de la cabine
diminue avec la pression barométrique . Le système de pressurisation ne fonctionne encore
pas. Puis lors de la poursuite de la montée, à partir d’une certaine altitude, le système de pres-
surisation se met en fonctionnement : la pression cabine se stabilise tandis que la pression at-
mosphérique continue à baisser. La pression à cette altitude est appelée pression de
rétablissement. Tout se passe comme si l’avion restait à cette attitude fictive. Enfin au delà
d’une certaine altitude et pour des raisons de résistance liées à la relative surpression dans la
cabine par rapport au milieu extérieur, la pression cabine diminue au même rythme que la
pression extérieure, avec une différence de pression constante (Fig. 2).
Figure 1a : cas d’une cavité largement ouverte Figure 1b : Régulation pressionnelle en montée d’une cavité semi-
close
Figue 1c : impossibilité d’équilibration pressionnelle lors d’une mon- Figue 1d : régulation pressionnelle en descente d’une cavité semi-
tée : surpression relative close
IV.1- BASES PHYSIqUES dES ACCIdENTS BAROTRAUMATIqUES - M. KOSSOWSKI, d. PRUNET, J.-M. CASTERAN, T. BRICHE 181
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 182
Ces accidents sont rares et sont surtout des accidents de plongée. Le méat acoustique ex-
terne est une cavité largement ouverte sur l’extérieur, et fermée en dedans par la membrane
tympanique. Cette cavité peut se comporter comme une cavité semi close voire close dans
certaines circonstances : en cas de bouchon de cérumen compact laissant un espace entre lui
et le tympan ou en cas de port de cagoule étanche ou semi étanche. Dans ces 2 cas, à la des-
cente rapide, il se produit une compression du volume gazeux dans le méat acoustique ex-
terne qui peut être responsable de douleurs tympaniques. Ce phénomène à vacuo peut
entraîner l’apparition de pétéchies sur le revêtement cutané voire au maximum de phlyc-
tènes hémorragiques. A la remontée, la dilatation des gaz enclos sur ce revêtement cutané
meurtri peut également déclencher des douleurs.
Aspects cliniques
Figure 3 : otite externe barotraumatique dues à une cagoule de combinaison semi étanche
Les accidents barotraumatiques de l’oreille moyenne sont des accidents de recompression. Ils
s’observent donc lors de la descente des avions, ou lors de la descente en plongée. Toutefois,
en plongée la descente peut être interrompue en cas de douleurs ce qui doit théoriquement
limiter le risque d’accident, le plongeur ayant en principe la maîtrise de son évolution. Leur
fréquence est difficile à apprécier. Elle est estimée à 10% chez des plongeurs expérimentés,
30% chez des plongeurs novices [12], 5% chez des adultes lors de vols en avion et 25% chez
des enfants [35].
La cause des otites barotraumatiques est un dysfonctionnement tubaire. Du fait de son ana-
tomie, la trompe auditive fonctionne comme une valve unidirectionnelle.
rigides, son volume pour un individu donné est constant et parfaitement calibré. Sa portion
distale est fibrocartilagineuse. Longue de 20 à 24 mm elle s’étend de l’isthme à l’orifice pha-
ryngien au niveau de la paroi latérale du rhinopharynx, sa lumière s’élargissant au fur et à
mesure de son trajet. Cette structure explique que cette portion soit naturellement collabée.
Il est facile de comprendre qu’une dépression relative dans la caisse du tympan augmente
ce collapsus et qu’à l’inverse une augmentation des volumes gazeux dans la caisse puisse,
après avoir franchi l’isthme, forcer le collapsus naturel.
Ainsi en situation de variation pressionnelle lors de la décompression, les volumes gazeux
contenus dans la caisse du tympan augmentent de valeur inversement proportionnelle à la
diminution de pression. Cette augmentation de volume exerce une pression sur le tympan
d’où la sensation d’oreille bouchée que l’on peut ressentir. Dès que la différence de pression
atteint 20 hPa [13] (ce qui correspond à un dénivelé de 170 m en aéronautique et à une re-
montée de 20 cm sous l’eau !), le volume gazeux est tel qu’il se produit un échappement à tra-
vers le protympanum puis la portion cartilagineuse de la trompe et l’excès de volume gazeux
est évacué vers le rhinopharynx. Lors de la descente, il se produit une compression qui in-
duit une réduction des volumes gazeux dans la caisse du tympan et donc une relative dé-
pression endocavitaire. Cette dépression entraîne une rétraction parfois douloureuse du
tympan avec une sensation d’oreille bouchée et surtout aggrave le collapsus tubaire. Ainsi,
pour ouvrir la portion cartilagineuse de la trompe auditive, il faut avoir recours à des ma-
nœuvres permettant de forcer ce collapsus. L’ouverture ne peut donc être passive. Lorsque la
dépression devient trop importante (au delà de 120 hPa soit 1,2 m de profondeur en plon-
gée et 1 200 m de dénivelé), même avec une trompe auditive fonctionnelle, l’ouverture n’est
plus possible et l’accident barotraumatique se produit.
• Facteurs intrinsèques :
Rôle de baro et chémorécepteurs ? Il a été identifé d’une part, des voies nerveuses afférentes et
efférentes entre les plexus tympaniques, les noyaux respiratoires du tractus solitaire, les mo-
toneurones du noyau du nerf trijumeau, le noyau ambigu et la trompe auditive chez divers
animaux et d’autre part il a été identifié dans la muqueuse de l’oreille moyenne des baroré-
cepteurs et chémorécepteurs. La finalité de ses structures serait le contrôle de la fonction
ventilatoire de la trompe auditive.
Rôle des barorécepteurs ? Il a été mis en évidence des structures histologiques proches des
corpuscules de Pacini (récepteurs cutanés sensibles à la pression) au sein de la muqueuse
des cavités de l’oreille moyenne [42]. Un autre contingent serait localisé au niveau des bour-
relets tubaires [16,17]. Des voies nerveuses transmettraient les informations issues des deux
compartiments à une structure centrale. Une différence d’information sensorielle entre ces
deux sites traduirait l’existence d’un gradient pressionnel et déclencherait un mécanisme de
régulation et notamment l’ouverture tubaire en cas de dépression endotympanique [18].
Rôle des chémorécepteurs? Ils seraient sensibles aux fluctuations de la pression partielle en
oxygène systémique. En cas d’hyperoxie (respiration d’une mélange enrichi en oxygène, Oxy-
génothérapie hyperbare) la pression d’ouverture de la trompe auditive augmente et peut per-
turber les capacités d’équilibration pressionnelle [66].
• Facteurs extrinsèques :
Ce sont les conditions d’installation de la variation pressionnelle, le gradient de pression, la
répétition de l’exposition. En ce qui concerne les conditions d’installation, il a été observé en
milieu hypobare, en l’absence de trouble de la fonction tubaire, une diminution du temps
d’ouverture de la trompe auditive. Cette diminution était d’autant plus significative chez les
patients présentant une otite barotraumatique [47]. En cas d’exposition répétée en milieu
hyperbare (dans le cas d’un traitement par oxygénothérapie hyperbare par exemple) la ré-
pétition des séances favorise la survenue d’accidents barotraumatiques et ceux ci surviennent
plutôt vers la septième séance [47]. Ramos [58] a étudié les courbes de tympanométrie avant
et après plongée en condition de plongée répétées. A l’issue de la première plongée, une
courbe de type C est observée chez 50 % des plongeurs et deux heures après, il persiste une
courbe de type C chez 10,6 %. Après la deuxième et troisième plongée, près de 70 % présen-
tent une courbe de type C et elle persiste chez 50 % au delà de 2 heures. On constate plus
d’otites barotraumatiques à la répétition des plongées. En moyenne il faut 11 heures pour
que le tracé se normalise. Ceci est également relativement bien connu en milieu aéronau-
tique où les accidents barotraumatiques chez les personnels navigants sont plus fréquents
sur court courrier (4 atterrissages par jour) que sur long courrier. Ainsi, la répétition des
phases de compression et décompression dans une même journée est un facteur de risque
pour la survenue d’accidents barotraumatiques de l’oreille moyenne.
Aspects cliniques
Signes fonctionnels
L’otite barotraumatique se manifeste par des otalgies lors de la phase de recompression (des-
cente en avion ou en plongée). Classiquement, la douleur croît au fur et à mesure de la des-
cente et peut parfois être syncopale. Cette douleur est un signe d’alerte pour le plongeur, qui
peut stopper se descente, remonter pour rééquilibrer les pressions puis redescendre plus len-
tement. Pour le pilote ou le passager de l’avion, cette douleur doit être subie jusqu’à l’atter-
rissage.
Cette douleur, constante est parfois associée à une hypoacousie, souvent ressentie comme
une sensation d’oreille bouchée avec otophonie, et des acouphènes à type de bourdonnement
d’oreille. La survenue d’acouphènes de timbre aigu ou de vertiges fait craindre une atteinte
associée d’oreille interne. L’interrogatoire doit insister sur les circonstances de survenue. En
effet, certains accidents sont liés aux conditions de compression, même en l’absence de dys-
perméabilité tubaire manifeste (plongée en apnée avec descente rapide, plongée en bouteille,
accident de décompression dans l’avion, descente rapide…).
Signes physiques
- La classification d’Edmonds [15] est le plus souvent retenue dans les articles anglo-saxons :
Grade 0 : symptômes évocateurs mais tympan normal,
Grade 1 : hyperhémie et rétraction tympanique,
Grade 2 : grade 1 avec traces hémorragiques sur le tympan,
Grade 3 : ecchymoses tympaniques importantes,
Grade 4 : hémotympan,
Grade 5 : perforation tympanique.
Toutefois, nous préférons la classification de Haines et Harris reprise par Riu et Flottes [23,60]
dont l’intérêt réside dans les déductions thérapeutiques :
Stade 1 : hyperhémie du manche du marteau ;
Stade 2 : tympan congestif et rétracté ;
Stade 3 : épanchement séreux rétrotympanique (Fig. 5) ;
Stade 4 : épanchement hématique ou hémotympan ;
Stade 5 : perforation tympanique. (Fig. 6).
Figure 5 : Otite barotraumatique de stade 3 : 2 panchement séreux rétrotym- Figure 6 : otite barotraumatique de stade 5 : otorragie dans le méat
panique acoustique externe témoignant d’une microperforation.
En pratique, les stades 1 et 2 ne présentent pas d’épanchement, les stades 3 et 4 sont ceux
avec épanchement. Ceci a une incidence pour la thérapeutique.
Pour le stade 5, la perforation est souvent linéaire, paracentrale. Elle est parfois difficile à vi-
sualiser. La présence de sang dans le méat acoustique externe doit la faire suspecter. On peut
également s’aider de la réalisation d’une manœuvre douce de Valsalva.
L’examen clinique ORL devant toute otite barotraumatique doit rechercher systématique-
ment des signes vestibulaires, qui signeraient une complication, et une étiologie à la dysper-
méabilité tubaire par un examen soigneux des fosses nasales, du cavum et des sinus.
L’audiométrie peut mettre en évidence une audition normale ou une surdité de transmis-
sion en relation avec l’épanchement rétrotympanique. La constatation d’une atteinte percep-
tive traduit une souffrance de l’oreille interne. La tympanométrie ne présente pas de risque
en cas d’otite barotraumatique car les variations de pression dans le méat acoustique sont le
plus souvent situées entre - 20 et + 20 hPa. Elle permet d’objectiver pour les stades 1 et 2 une
courbe décalée vers les pressions négatives (type C), et un tracé plat en cas d’épanchement.
Cet examen n’est pas utile au diagnostic mais il peut servir de document médico-légal, no-
tamment pour les personnels professionnels, pour faire reconnaître leur affection.
Évolution
Cas particuliers
Elle repose avant tout sur l’éviction de l’exposition aux variations pressionnelles.
Le principe du traitement de ces accidents barotraumatique repose sur la restauration de la
fonction tubaire. En cas d’otite moyenne barotraumatique sans épanchement, le traitement
est donc essentiellement local. Il repose sur la prescription de vasoconstricteurs et d’aérosols
En cas d’otite avec épanchement, il est licite d’y adjoindre une antibiothérapie large spectre
et une corticothérapie pendant 8 à 10 jours. Si malgré le traitement l’épanchement persiste,
il est licite au delà d’un mois de réaliser une paracentèse voire d’envisager la pose d’un aéra-
teur transtympanique. Des études portent sur l’intérêt de l’utilisation de surfactant synthé-
tique. Celui ci a été souligné pour la prise en charge d’otites séromuqueuses, dans des études
animales [76]. Des études animales récentes ont montré son intérêt dans la prise en charge
des otites barotraumatiques de stade 3 et 4 en objectivant un retour à la normal plus rapide
[20].
En cas d’otite barotraumatique à répétition, il convient de recherche la cause de la dysper-
méabilité tubaire afin de la traiter et d’éviter les récidives.
Aspects médico-légaux
Les barotraumatismes de l’oreille interne sont des accidents rares évalués à moins de 10 % des
accidents dysbariques de l’oreille [40]. D’un point de vue physiopathologique ils sont à dif-
férencier des accidents aéroemboliques traités plus loin dans ce rapport en raison de l’inci-
dence thérapeutique.
Circonstances de survenue
Les accidents d’oreille interne surviennent soit lors de la compression (descente) soit lors de
la décompression (montée) quand la réalisation de la manœuvre de Valsalva devient inap-
propriée. Ils sont plus fréquents en plongée en apnée en raison de la vitesse de descente due
au manque d’autonomie et du caractère répétitif des plongées dans un temps réduit. Ils peu-
vent également survenir en milieu aéronautique en cas de dépressurisation rapide ou en cas
de difficulté d’équilibration pressionnelle. Klokker en rapporte 4 sur une période de surveil-
lance de 6 mois concernant 3 000 personnels navigants [39]. Les liquides étant incompres-
sibles, ces accidents ne résultent pas directement de la variation de la pression ambiante,
mais des manœuvres permettant l’équilibration pressionnelle dans l’oreille moyenne, et ce,
d’autant plus qu’il existe une dysperméabilité tubaire qui oblige à forcer. Ainsi, un accident
sur deux est associé à une otite moyenne barotraumatique. D’où le corollaire de rechercher
systématiquement des complications d’oreille interne dans tout accident barotraumatique
de l’oreille moyenne et inversement.
Physiopathologie
Lésions stapédo-vestibulaires
Elles réalisent le classique coup de piston de l’étrier. Cet accident survient dans deux cir-
constances : une compression rapide, comme celle réalisée en plongée en apnée, ou une équi-
libration brutale par ouverture soudaine de la trompe auditive.
La compression conjuque les effets de la colonne de pression qui appuie sur le tympan à la
dépression relative endotympanique liée à la compression du contenu gazeux. Il peut en ré-
sulter un enfoncement brutal de la platine de l’étrier qui peut être responsable d’une brutale
hyperpression des liquides endolymphatique et de lésions de l’oreille interne. Au maximum,
une luxation stapédo-vestibulaire peut se produire.
L’ouverture brutale de la trompe auditive conduit aux mêmes conséquences. Cet accident ar-
rive chez le plongeur en apnée ou en bouteille qui veut absolument descendre ou au passa-
ger de l’avion, lors de la descente. La difficulté d’ouvrir la trompe l’incite à forcer et il peut se
produire une brutale ouverture de la trompe et une brutale hyperpression dans la caisse du
tympan qui peut produire un enfoncement de l’étrier dans la fosse vestibulaire. Il peut se
produire à la montée, en cas de Valsalva inapproprié venant ajouter une surpression à l’aug-
mentation naturelle des volumes gazeux due à la décompression.
Ce sont les classiques voies explosives et implosives de Goodhill [24,25] qui peuvent au maxi-
mum entraîner une fistule périlymphatique. La voie implosive résulte d’un mécanisme iden-
tique au précédent, à savoir une brutale hyperpression dans les cavités de l’oreille moyenne
par un Valsalva intempestif qui entraîne au maximum une rupture de la fenêtre cochléaire
vers l’oreille interne. La voie explosive résulte de l’hyperpression veineuse centrale liée à la ma-
nœuvre de Valsalva qui entraîne une hyperpression du liquide céphalorachidien et une hy-
perpression des liquides périlymphatiques par l’intermédiaire de l’aqueduc cochléaire. Il peut
en résulter une rupture de la fenêtre vers l’oreille moyenne. L’hypothèse d’une dilatation du
canal cochléaire qui favoriserait la transmission de cette hyperpression n’a pas été confir-
mée en imagerie [52]. En théorie, cette rupture pourrait se produire dès qu’il existe un dif-
férentiel de pression de 160 hPa entre l’oreille interne et l’oreille moyenne soit en plongée
pour un gradient de profondeur de 1,58 m. [27].
Tous ces mécanismes décrits précédemment ne conduisent pas forcement à une rupture de fe-
nêtres mais peuvent engendrer des lésions du canal cochléaire par rupture de la membrane de
Reissner, ou rupture de membrane basilaire [38] ou par hydrops traumatique [64].A la descente,
la compression des gaz endotympaniques entraîne une rétraction tympanique et une aspiration
de la membrane de la fenêtre cochléaire. La rééquilibration brutale par Valsalva ou par rupture
Cas particulier
le vertige alterno barique : il survient en cas d’équilibration asymétrique des pressions entre
les deux oreille moyennes. Il a été décrit pour la première fois par Lundgren chez le plongeur
[43] et a été décrit en aéronautique chez le pilote de chasse ou le pilote de voltige qui en-
chaine les phases de compression et décompression lors de son évolution aérienne. L’enre-
gistrement électronystagmographique réalisé chez des patients au caisson a permis
d’enregistrer un nystagmus en relation avec une hyperpression dans une oreille [33]. Cet ac-
cident survient préférentiellement à la remontée, lorsque la rééquilibration passive est asy-
métrique. En général en arrêtant la remontée voire en redescendant, les troubles régressent.
Ce vertige est de courte durée et ne laisse aucune séquelle. Il est bien connu des plongeurs
c’est la cause la plus fréquente des vertiges en plongée (84 % des vertiges) [48].
Tableau II
Vertige A l’effort 3
Postural 2
Autres 1
Instabilité 1
Surdité Fluctuante 2
Mixte/transmission 1
Perception 1
Acouphène 1
Traumatisme Typique 3
Atypique 1
Surdité de perception
qui s’aggrave 2
Signe de la fistule ou
Valsalva + 3
Hypoexcitabilité (VNG) 1
être intéressante lorsqu’elle est positive. Elle compare les seuils audiométriques entre un au-
diogramme tonal réalisé dans les conditions standard et un autre effectué après 30 minutes
la tête tournée sur le coté sain. Un gain de 10 dB sur plus de trois fréquences est positif [29].
On peut le réaliser tête penchée du coté lésé et dans ce cas une perte de 10 dB sur 3 fré-
quences signe la fistule.
Diagnostic différentiel
Il s’agit d’une urgence fonctionnelle et le traitement classique repose avant tout sur le repos,
tête surélevée en raison du risque de fistule et la corticothérapie en hospitalisation. Les trai-
tements adjuvants (vasodilatateurs, oxygénateurs, antivertigineux…) peuvent se discuter.
L’oxygénothérapie hyperbare n’a en principe pas sa place dans le traitement des accidents
barotraumatiques de l’oreille interne car elle risque théoriquement d’entraîner une aggrava-
tion des symptômes d’autant plus qu’il existe ce contexte de dysperméabilité tubaire et un
risque de fistule périlymphatique. Mais dans tous les cas, lorsque le doute subsiste, le risque
lié à l’accident aéroembolique doit primer sur le risque théorique d’aggraver une lésion ba-
rotraumatique. Des études ont montré qu’en exposant des cobayes porteurs de fistule péri-
lymphatique à 3 ATA avec un temps de descente, de palier et de montée de 2 minutes pour
chaque, il n’y a pas eu d’aggravation significative [41]. Certains auteurs n’hésitent pas à pro-
poser une paracentèse [38].
La chirurgie d’exploration des fenêtres afin d’identifier une fistule et de la colmater est très dis-
cutée et controversée quant à son indication et quant à sa place. Nombre de fistules périlym-
phatiques cicatrisent spontanément, et c’est l’argument que retiennent les auteurs qui prônent
le traitement médical [53]. Si la perte auditive est importante, ou si la perte auditive s’aggrave
malgré la thérapeutique, si le patient présente des troubles de l’équilibre sévères [57], l’indica-
tion chirurgicale en urgence peut se discuter (dans les 3 jours). En cas d’otite moyenne baro-
traumatique associée avec épanchement, cette exploration a du mal à se concevoir en raison de
l’inflammation de la caisse du tympan. Dans ce cas, ou en cas de déficit modéré, l’abstention chi-
rurgicale est licite. Cette attitude sera parfois remise en cause à distance de l’accident devant une
surdité fluctuante ou des vertiges aux efforts. Le principe de la chirurgie est d’explorer les fe-
nêtres en s’aidant éventuellement de manœuvres d’hyperpression thoracique (position en
Trendlenburg, compression abdominale, injection de fluorescéine IV et contrôle endoscopique
[37]). Cette recherche est très souvent négative. Qu’il y ait fistule ou non, les deux fenêtres sont
obturées par du tissu aréolaire ou de l’aponévrose temporale. L’usage de la colle n’est pas systé-
matique. Les fistules de la fenêtre vestibulaire peuvent faire l’objet d’un colmatage quand elles
sont peu importantes et situées au niveau du ligament stapédo-vestibulaire mais peuvent im-
poser une stapédectomie dans les autres cas [8].
Aspects médico-légaux
La survenue d’un accident barotraumatique de l’oreille interne remet souvent en cause l’ap-
titude aéronautique ou à la plongée. Tant que persistent des symptômes (troubles de l’équi-
libre, instabilité) toute activité exposant aux variations pressionnelles est proscrite. Le
problème est également à appréhender selon qu’il s’agisse d’une activité professionnelle ou
de loisir. En aéronautique professionnelle ou pour le pilotage amateur, ces accidents font l’ob-
jet d’une inaptitude temporaire Les séquelles auditives et vestibulaires sont évaluées 2 à 6
mois après l’accident ainsi que le risque de récidive. La restitution de l’aptitude par déroga-
tion est du domaine du Conseil Médical de l’Aéronautique Civile. S’il y a eu une exploration
chirurgicale, l’inaptitude est de 6 mois avant réévaluation. Pour le patient voyageur, victime
d’un accident barotraumatique d’oreille interne quelles que soient les circonstances, il est
prudent de lui conseiller de ne pas prendre l’avion pendant au moins 2 mois après la régres-
sion des symptômes . En plongée professionnelle ou non et en parachutisme, compte tenu des
importants gradients de variation pressionnelle, la survenue d’un accident barotraumatique
d’oreille interne doit conduire à la prudence et ces activités doivent être formellement et dé-
finitivement déconseillées. La Fédération française d’Etudes et des Sports Sous marins auto-
rise une reprise s’il n’y a pas de perte auditive sur les fréquences conversationnelles et si les
acouphènes sont tolérés.
Milieu Aéronautique
Réglementation
Le transport aérien public à l’intérieur des limites nationales est règlementé par un arrêté en
date du 05/11/1987 qui impose la pressurisation pour tout avion volant à une altitude de croi-
sière de plus de 6 000 mètres. L’altitude de rétablissement doit être inférieure à 3 000 mètres.
Pour les avions de ligne, cette altitude de rétablissement maximale est de 8 000 pieds soit
2 438m autrement dit, la pression qui règne dans la cabine correspond à une altitude
relative de 8 000 pieds. En cas de panne raisonnablement probable, cette altitude de
rétablissement ne doit pas excéder 15 000 pieds. Mais la législation impose aussi des limites
dans la vitesse de variation de la pression cabine. La montée ne doit pas excéder 150 m/mn
(500 /mn) et la descente 90 m/mn (300 /mn).
théorie, mais peut l’être en montée lorsque la surpression endotympanique est parfois res-
sentie comme très gênante voire douloureuse.
La béance tubaire volontaire consiste à reproduire, bouche fermée, les contractions pharyn-
gées comme lors du bâillement ce qui entraîne une ouverture de la trompe et permet l’équili-
bration pressionnelle en continu tant que la trompe est maintenue ouverte.
A coté de ces manœuvres d’autres conseils peuvent être prodigués à savoir :
Mâcher du chewing gum à la descente pour déglutir le plus souvent possible. La déglutition
provoque en effet une ouverture de la trompe. Cette déglutition automatique ne se produisant
que toutes les 5 minutes lorsque l’on dort, c’est une des raisons pour laquelle on réveille les pas-
sagers avant la descente.
En effet, une otalgie qui réveillerait le patient signerait un niveau de dépression tel qu’aucune
manœuvre ne serait plus efficace, or l’avion poursuivra toujours sa descente pour atterrir.
Eventuellement faire pratiquer une paracentèse lors d’évacuations sanitaires de patients in-
conscients et incapable de pratiquer les manœuvres.
La prévention des accidents barotraumatiques chez les personnels navigant repose d’abord
sur la sélection, la surveillance et dans ces deux cas sur l’application des normes. Elles sont
définies dans différents textes en fonction des diverses catégories (arrêté du 2 octobre 1992
modifiant l’arrêté du 2 décembre 1988 relatif à l’aptitude physique et mentale du personnel
navigant technique de l’aviation civile pour les pilotes non professionnels, arrêté du 5 juillet
1984 relatif à l’attestation d’aptitude physique et mentale du personnel navigant commer-
cial, arrêté du 27 janvier 2005 relatif aux normes d’aptitude physique et mentale du person-
nel navigant technique professionnel de l’aéronautique civile (FCL3)). D’une façon générale,
à l’admission, toute dysperméabilité tubaire chronique est une cause d’inaptitude. En cours
de carrière, la survenue d’accidents barotraumatiques à répétition pose des problèmes pro-
fessionnels. Le bilan étiologique est souvent pauvre et les incidences thérapeutiques limitées.
Il ne faut pas hésiter à rechercher un éventuel reflux gastro-œsaphagien qui est aggravé du
fait de l’exposition aux variations pressionnelles. Enfin, on peut s’aider de tests plus spécifiques
comme la tubomanométrie qui étudie la synergie vélo tubaire et permet également d’appré-
cier la fonction isobare de l’oreille en déterminant l’indice de latence d’ouverture de la trompe
auditive et d’évaluer la fonction d’échanges gazeux mastoïdiens par une évaluation du vo-
lume de la mastoïde [18].
Il existe une forte corrélation entre le risque d’accident barotraumatique et le nombre d’at-
terrissage dans une journée et un reclassement sur vols long courrier est parfois bénéfique.
Les différentes méthodes décrites précédemment peuvent être tentées. La pose d’un aérateur
transtympanique est une source d’inaptitude mais peut donner lieu à une dérogation par le
Conseil Médical de l’Aéronautique Civile. Enfin, un reclassement au sol est parfois rendu
nécessaire.
Milieu subaquatique
Réglementation
Le principal conseil aux plongeurs est de ne jamais vouloir forcer pendant la descente. En effet
l’accident barotraumatique de l’oreille moyenne ne survient qu’ à la descente en raison de la
compression. Il est donc subi en avion qui doit toujours se poser tandis qu’en plongée il peut
être contrôlé. En cas d’otalgie lors de la descente, il est conseillé au plongeur de remonter de
quelques mètres et d’équilibrer les pressions par une manœuvre douce de Valsalva puis de re-
descendre doucement lorsque la manœuvre a été efficace. En cas de nouvelles douleurs, il vaut
mieux arrêter la plongée. Il est important d’expliquer que la manœuvre d’équilibration pres-
sionnelle doit être réalisée régulièrement tout le long de la descente et dès 60 cm de profon-
deur !! [19].
La prévention des accidents d’oreille interne (mais aussi et surtout des accidents de surpres-
sion pulmonaire et sinusiens) repose sur la proscription de la manœuvre de Valsalva en re-
montée qui engendrerait une surpression brutale en complément de la dilatation des gaz liée
à la remontée. Les plongeurs recommandent la manœuvre de Toynbee à la remontée qui gé-
nère une relative dépression dans la caisse.
Il a été montré qu’un tympanogramme normal ou que la positivité des manœuvres de Val-
salva et/ou de Toynbee ne sont pas forcemment corrélées avec l’absence de risque barotrau-
matique. Bluestone [6] a décrit un test repris par Uzun [72] dont la valeur prédictive positive
est intéressante (83 %), avec peu de faux négatifs. Ce test d’effectue en 9 étapes :
Etape 1 : Un tympanogramme est d’abord réalisé pour mesurer la pression dans l’oreille
moyenne ;
Etape 2 : Une surpression de 200 daPa est produite dans le méat acoustique externe et on de-
mande ensuite au patient de déglutir 3 fois ;
Etape 3 : La pression atmosphérique est restaurée dans le MAE et on réalise un deuxième
tympanogramme. Normalement, on constate un décalage de la courbe vers les pressions né-
gatives de plus de 10 daPa par rapport à la courbe initiale ;
Etape 4 : Le patient déglutit 3 fois ;
Etape 5 : On réalise un troisième tympanogramme. La pression doit se normaliser, ou en
tous cas, le pic doit se décaler vers la gauche de plus de 10 daPa ;
Etape 6 : On reproduit une dépression de -200 daPa dans le MAE et on demande au patient
de déglutir 3 fois ;
Etape 7 : On restaure la pression atmosphérique dans le MAE et on réalise un quatrième
tympanogramme. On doit observer un décalage du pic de tympanométrie vers les pressions
positives ;
Etape 8 : On demande au patient de déglutir 3 fois ;
Etape 9 : On réalise un cinquième tympanogramme. La pression endotympanique droite
rapprocher de la pression barométrique.
Ainsi, ce test en 9 étapes cumule 5 tympanogrammes. Le fonctionnement tubaire est consi-
déré comme satisfaisant si les modifications de pressions à chaque étape sont de plus de
10daPa. Si pour une seule étape, la variation de pression dans la caisse est de moins de 10
daPa, il y a une dysperméablitié tubaire avec un risque de barotraumatisme.
Plongeurs professionnels
L’aptitude des plongeurs professionnels est définie dans l’arrêté du 28 mars 1991 définissant
les recommandations aux médecins du travail chargés de la surveillance médicale des tra-
vailleurs intervenant en milieu hyperbare. Les salariés sont classés selon :
3 classes de profondeur :
Classe I : < 4 bars relatifs, I A de 0 à 1,2 bars relatifs,
I B de 1,2 à 4 bars relatifs,
Classe II : < 6 bars relatifs,
Classe III : > 6 bars relatifs,
4 types d’activité :
Mention A : scaphandrier en génie civil et travaux maritimes,
Mention B : autres activités subaquatiques (corailleurs, photographe, scientifiques…),
Mention C : médecins, infirmiers, techniciens des installations hyperbares,
Mention D activités sans immersion (tubistes, soudeurs hyperbares.
Cet arrêté précise que le médecin du travail pourra considérer comme des facteurs de contrin-
dication à l’exposition en milieu hyperbare une otospongiose, une otite chronique, une défi-
cit auditif initial pour chaque oreille excédant 25 dB sur les fréquences 500 à 4 000 Hz.
Oxygénothérapie hyperbare
Perforation tympanique
Les perforations tympaniques, quelque soit leur origine n’exposent à aucun risque d’accident
barotraumatique, l’équilibration pressionnelle étant instantanée à travers la perforation. Sim-
plement, la plongée sera contrindiquée en raison du risque infectieux et du risque de vertige
par stimulation calorique. En cas de perforation traumatique, la cicatrisation spontanée est
fréquente. En aéronautique, nous déconseillons la répétition des vols qui imposent de réali-
ser des manœuvres de Valsalva répétées pour l’oreille saine et qui peuvent en théorie retar-
der la fermeture tympanique du coté lésé, chaque manœuvre refoulant les berges de la
perforation.
Après fermeture,la revue de la littérature ne retrouve pas d’articles sur les délais à respecter
avant la reprise des activités. Un délai de 2 mois après fermeture peut être proposé pour per-
mettre une réparation solide. La vérification de la normalité de la fonction tubaire est indis-
pensable.
Tout état inflammatoire ou infectieux est une contrindication temporaire aux activités aéro-
nautiques ou de plongée.
Les rétractions tympaniques diffuses ou localisées réalisant des états précholestéatomateux
sont susceptibles de s’aggraver lors de l’exposition répétée à des variations pressionnelles.
Aussi faut-il être prudent pour autoriser toute activité subaquatique ou aéronautique répé-
tée.
L’otite moyenne chronique cholestéatomateuse est une contrindication formelle à la plon-
gée et au pilotage d’autant plus si elle est compliquée de fistule labyrinthique.
L’otospongiose non opérée permet la poursuite des activités tant que les seuils auditifs res-
tent compatibles avec la sécurité. En aviation, le caractère évolutif de la maladie impose une
demande de dérogation auprès du Conseil Médical de l’Aéronautique Civile, même pour les
pilotes non professionnels. L’exposition aux variations pressionnelles n’entraîne pas de risque
d’aggravation
En cas de chirurgie de l’oreille moyenne, et bien qu’il n’existe pas d’article de consensus dans
la littérature, il nous apparaît licite de suspendre toute exposition à des variations pression-
nelles pendant 2 mois minimum, avant d’évaluer les capacités de reprise.
Les myringoplasties ou les tympanoplasties de type 1 ne constituent pas une contrindication
dans la mesure où la fonction tubaire est normale après chirurgie. Quand on utilise du fascia
temporal pour la reconstruction tympanique, on sait que l’épaisseur de néotympan est très
variable ainsi que son élasticité, même avec une trompe perméable. Ainsi, il semble préféra-
ble lors de la réparation tympanique de renforcer cette membrane en utilisant du périchon-
dre ou du cartilage. Il faut se méfier des renforcements de tout le tympan car il ne permettent
plus d’évaluer la fonction tubaire, le tympanogramme étant habituellement plat. Or, si un ren-
forcement tympanique protège contre les récidives de rétractions, il ne protège pas de nou-
veaux accidents barotraumatiques, qui dépendent de la bonne fonction tubaire et donc des
accidents d’oreille interne. Certains auteurs ont recours à des greffes cartilagineuses en palis-
sade de façon systématique chez les plongeurs [75]. La possibilité de rétraction tympanique
entre les lamelles n’est pas exclue [74]. Il faut donc rester extrêmement prudent avant d’au-
toriser la reprise de la plongée après tympanoplastie et être sur d’avoir une estimation fiable
de la fonction tubaire.
La chirurgie des poches de rétraction fait appel au cartilage de façon classique. La reprise de
toute activité doit être soumise à une surveillance stricte afin de déceler précocement une ré-
cidive de rétraction dans une zone tympanique non renforcée.
Les ossiculoplasties sont des contrindications au pilotage et à la plongée. Toutefois, pour pré-
server les possibilités de dérogations en aéronautique, il est préférable de choisir les autogreffes
aux prothèses en céramique en raison de leur risque d’extrusion. Tout montage contre le tym-
pan sera systématiquement renforcé par un cartilage.
La réalisation de tympanoplastie en technique ouverte n’expose pas au risque barotraumatique.
La chirurgie de l’otospongiose est toujours l’objet de controverses et de discussions. Harrill
[28] n’a pas observé plus d’incidence des accidents barotraumatiques après chirurgie d’otos-
pongiose. Antonelli, après expérimentation animale, [1] et plus récemment House [31]
concluent que la stapédectomie ne prédispose pas à plus de lésion cochléaire lors de la plon-
gée. Les armées israéliennes et américaines ont autorisé la reprise des vols chez des pilotes
de chasse après stapédectomie [36,70].
En France, l’otospongiose opérée reste une contrindication à la plongée en raison de l’im-
portance des variations pressionnelles et de la vitesse de variation. En aéronautique, on au-
torise la reprise des vols en tant que passager 2 mois après chirurgie stapédienne. Le patient
doit être parfaitement informé des risques théoriques et surtout des précautions à prendre
pour prévenir la survenue de tout accident barotraumatique (cf supra). Pour le pilotage, le
conseil Médical de l’Aéronautique civile examine les possibilités de dérogation en fonction
du résultat fonctionnel, d’un bilan vestibulaire complet, de la restauration de la perméabilité
tubaire, de la technique opératoire (la stapédotomie calibrée est préférée à la stapédectomie),
de l’oreille controlatérale. La demande de dérogation est examinée au plus tôt 6 mois après
l’intervention.
En cas de chirurgie des fistules périlymphatiques, la contrindication à l’exposition aux va-
riations pressionnelles doit être la règle. En effet, la différence par rapport à la chirurgie de
l’otospongiose où l’on crée une fistule obturée par le piston ou un greffon, les fistules sur-
viennent souvent dans un contexte de dysperméabilité tubaire et de fragilité des membranes
(à l’exclusion des fistules post traumatisme non pressionnel) d’où un risque de récidive.
Enfin, parfois, malgré une symptomatologie évocatrice, la fistule n’est pas objectivée et le
colmatage à l’aveugle des différentes fenêtres ne met pas à l’abri d’une récidive.
Enfin, dans aucun cas de chirurgie de l’oreille, nous ne réalisons de test au caisson à dé-
pression pour la pratique aéronautique, en raison du risque médicolégal pour une activité
de loisir.
Tout déficit auditif perceptif doit être pris en compte. En effet, il faut toujours garder à l’es-
prit le risque d’accident d’oreille interne, qui peut aggraver une surdité existante ou concer-
ner l’oreille saine. Un déficit unilatéral important doit donc être une contrindication.
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IV-3-1 Physiopathologie
Le barotraumatisme sinusien (BTS), est la traduction d’un défaut d’équipression, entre les
fosses nasales et les sinus paranasaux de la face, lors de variations rapides de la pression am-
biante.
Les activités subaquatiques ou le passage en caisson thérapeutique représentent les situa-
tions d’hyperbarie, les activités aéronautiques celles d’hypobarie.
La physiopathologie de ces BTS découle de la loi de Boyle Mariotte (p x V = constante). Sous
l’eau, le plongeur est soumis à une pression hydrostatique qui augmente d’un bar tous les 10
mètres. Les variations de la pression sont donc plus importantes à proximité de la surface. En
effet de 0 à 10m la pression double pour passer de 1 à 2 atmosphères absolues (ATA). Pour
qu’elle double à nouveau (4 ATA) la profondeur à atteindre est de 30 m. On comprend d’em-
blée que la fréquence des accidents est plus grande à proximité de la surface.
En aéronautique les variations de pression atmosphérique sont moins rapides. En effet, il
faut atteindre environ 5 000 m pour atteindre une pression 2 fois moins importante que celle
du niveau de la mer. Lors des vols commerciaux la pressurisation de la cabine place le sujet
à une altitude équivalente de 2 500 m avec lors de la descente des variations de 150 m/mn.
Les barotraumatismes sinusiens en situation hypobare sont donc moins fréquents.
Les sinus sont des cavités à parois osseuses recouvertes d’une muqueuse de type respiratoire.
Ils se drainent dans les fosses nasales par des ostia pour les sinus maxillaires et sphénoïdaux
et par le canal naso-frontal pour les sinus frontaux.
L’ostium du sinus sphénoïdal est court de 2 à 4 mm. L’ostium du sinus maxillaire ou canal
maxillo-nasal mesure entre 5 et 8 mm de long et le canal naso-frontal est plus long, de 15 à
20 mm de dimension indépendante de la taille du sinus frontal, parfois tortueux dans un
ethmoïde antérieur étroit.
Ces différences anatomiques expliquent la localisation préférentielle des BTS au sinus fron-
tal puis au sinus maxillaire.
Si la perméabilité ostiale est compromise, les sinus sont isolés lors des variations de pressions
ambiantes. Ils sont en situation de réaliser un barotraumatisme sinusien (schéma 1) [4].
Ainsi en plongée, en phase de descente, ils se trouvent en dépression relative par rapport à
la pression ambiante. Un oedème ostial ou un obstacle méatal peut gêner l’équilibration pres-
sionnelle aggravant la dépression relative tout au long de la descente. Il se produit alors des
lésions a vacuo (accidents implosifs). A l’inverse à la remontée ils seront en surpression re-
lative en l’absence d’équipression. Cette surpression sera d’autant plus accentuée qu’un
obstacle intrasinusien (polype) empêche l’évacuation d’air. La plus grande fréquence d’acci-
dents à la descente est due au fait que, lors de l’apparition de la douleur sinusienne à la descente,
le plongeur interrompt habituellement sa plongée, évitant la survenue d’un BTS plus grave lors
de la remontée. Les BTS surviennent dans 70 % des cas lors de la descente dans 30 % des cas
lors de la remontée.
Le rôle des échanges gazeux intra-sinusiens trans-muqueux est négligeable dans ces situa-
tions.
_
+ + _
Forme explosive : en cas d’obstruction ostiale Forme implosive : en cas d’obstruction ostiale
lors de la remontée survenue d’une hyperpres- lors de la descente le dépression relative dans
sion relative dans le sinus/pression ambiante le sinus/pression ambiante dans le fosse nasale
dans le fosse nasale entraine un collapsus de la muqueuse sinu-
sienne
Figure 1 : BTS frontal gauche récidivant de stade 3 sur pathologie naso-sinusienne chro-
nique - Céphalées frontales résistantes à la morphine.
Indication de clou frontal de Lemoyne.
Fréquence
Classiquement les BTS sont trois fois moins fréquents que les barotraumatismes d’oreille
moyenne [2] .
Les statistiques récentes de 2002 à 2005 de l’école de plongée de la Marine Nationale basée à
Toulon nous donnent des informations différentes et intéressantes. Entre 2002 et 2005 on
recense :
- 284 cas de barotraumatismes de l’oreille moyenne tous stades confondus ;
- 168 cas de barotraumatismes sinusiens soit un rapport de 0,59 par rapport aux barotrau-
matismes d’oreille moyenne.
Taylor [10] sur une série de 709 plongeurs suivis durant une année analyse la répartition des
barotraumatismes et rapporte 53% de barotraumatismes d’oreille, 37 % de barotraumatismes
sinusiens et 10 % de barotraumatismes dentaires.
La fréquence des barotraumatismes sinusiens est probablement sous estimée. Les plongeurs
qui pratiquent cette activité en loisir ne consultent pas un ORL pour un barotraumatisme si-
nusien mineur qui guérit spontanément mais uniquement pour les formes les plus algiques.
Il n’est pas retrouvé de statistique en médecine aéronautique.
Clinique IV-3-2
Symptomatologie
La céphalée est le symptôme princeps. D’intensité variable allant de la simple gêne à une
douleur intense en particulier dans les formes explosives, elle est localisée le plus souvent en
regard du sinus concerné par le barotraumatisme ;
- sus et rétro-orbitaire lorsqu’il s’agit du sinus frontal ;
- pour ce qui est du sinus maxillaire la douleur peut être de localisation sous orbitaire et ou
frontale.
L’intensité de la douleur varie en fonction des circonstances de survenue du BTS.
Quand la pression augmente progressivement lors de la descente au décours d’une plongée
sous-marine, la douleur est liée à la dépression relative qui s’installe dans le sinus par rapport
à la pression de la fosse nasale. La douleur augmente progressivement et représente un signal
d’alarme pour le plongeur qui doit stopper la plongée avant que la douleur ne soit insupporta-
ble. Lorsque l’augmentation de pression très rapide par exemple lors d’une descente très ra-
pide pour les pilotes de chasse la douleur atteint rapidement son acmé.
La situation est différente pour les BTS survenant lors de la diminution de la pression ambiante,
lors de la remontée que ce soit en plongée ou en aviation (forme explosive). Dans ce cas la dou-
leur est liée à une hyper pression intra sinusienne relative par rapport à la fosse nasale. Par
exemple si la douleur survient au décours d’une plongée sous-marine lors de la remontée, le
plongeur ne peut interrompre la remontée et la douleur va augmenter durant la remontée
jusqu’à devenir intense et insupportable proportionnellement à l’importance de l’hyper pres-
sion relative créée dans le sinus. Dans la même situation le pilote de chasse lors d’une montée
rapide peut interrompre la montée et éviter l’aggravation du barotraumatisme.
Une classification clinique est proposée par Weisman [12] avec une corrélation radiologique :
- Grade 1 : gêne transitoire qui régresse rapidement (radiographie des sinus normale ou
œdème minime muqueux) ;
- Grade 2 : douleur d’une durée inférieure à 24 heures (radiographie : épaississement de la
muqueuse du sinus) ;
- Grade 3 : douleur soudaine, intense et d’une durée supérieure à 24 heures (radiographie :
niveau liquide et ou masse polypoïde avec hématome sous muqueux ou épanchement san-
glant).
L’épistaxis : retrouvée dans 58 % des cas [5], elle survient dans les formes implosives et tra-
duit un saignement intra sinusien lié à la dépression relative intra sinusienne. Ce saignement
ne s’extériorise pas immédiatement dans la fosse nasale.
Lors d’un BTS de stade 3 survenant lors de la descente au décours de la plongée sous-marine
le plongeur note la présence de sang dans le masque essentiellement lors qu’il sort de l’eau.
Cette extériorisation tardive du saignement s’explique car lors de la remontée, l’hyper pres-
sion relative qui se créée dans le sinus chasse le sang intra sinusien dans la fosse nasale.
Lors des consultations réalisées au niveau de l’école de plongée de la marine entre 2003 et
2005 sur 168 cas de barotraumatismes sinusiens les symptômes sont représentés dans 62,5%
des cas par des céphalées exclusives et dans 37,5 % des cas par l’association céphalées - épis-
taxis.
Formes cliniques
En fonction de l’étiologie
Les circonstances de survenue d’un BTS sont essentiellement représentées par la plongée
sous-marine et les activités aéronautiques.
Des BTS peuvent aussi survenir dans des caissons hyperbares utilisés à des fins thérapeu-
tiques [6]. Des cas exceptionnels de BTS sont rapportés lors d’anesthésies générales utilisant
le protoxyde d’azote. [9].
En fonction de la fréquence
Formes associées
Bilan clinique
Examen clinique
L’examen de fosses nasales au spéculum est systématiquement complété par une endoscopie à la
recherche d’une étiologie et d’une surinfection.
L’endoscopie nasale doit être réalisée d’abord sans vasoconstricteur pour ne pas masquer une ano-
malie de la muqueuse, puis après rétraction de la muqueuse avec de la xylocaine naphazoline. Cet
examen permet de différencier un problème architectural d’une pathologie de la muqueuse :
- anomalies architecturales : déviation de la cloison nasale, hypertrophie non muqueuse des cor-
nets ou inversion de courbure du cornet moyen ;
- pathologie de la muqueuse naso sinusienne : œdème de la muqueuse nasale, en précisant s’il
existe un œdème du processus unciforme et ou de la bulle, cause d’un dysfonctionnement ostio-
méatal ;
- polypose naso sinusienne ;
- surinfection par la recherche de pus au niveau du méat moyen.
L’interrogatoire et l’examen clinique sont très importants essentiellement pour les barotrauma-
tismes sinusiens récidivants pour réaliser un diagnostic étiologique en vue d’un traitement préventif.
accessible un scanner sinus sera demandé. Dans le cas contraire on se contentera d’une ra-
diographie des sinus en incidence face haute et nez front plaque.
• BTS récidivant :
Dans ce cas il est indispensable de réaliser un bilan complémentaire à visée diagnostique
dans l’optique de permettre au patient de continuer l’activité causale du BTS une fois l’étio-
logie connue et traitée. Le bilan repose sur deux examens :
- l’endoscopie nasale ;
- une imagerie : scanner sinus à la recherche :
- d’anomalies anatomiques :
- concha bullosa qui peut causer un rétrécissement du méat moyen,
- cellules de Haller développées,
- d’anomalies muqueuses :
- opacité sinusienne en particulier ethmoïdale, frontale et maxillaire.
La rhinomanométrie présente un intérêt dans les formes où une obstruction nasale chro-
nique est notée. L’analyse des résistances, si elles sont perturbées permet de proposer au pa-
tient si la TDM sinus est normale, un geste non invasif chirurgical sur la cloison nasale et ou
les cornets inférieurs.
Si le bilan est négatif, une enquête allergologique doit être réalisée.
Une interruption de plus de 5 jours pour raison médicale ne permet pas au stagiaire de va-
lider le diplôme. Dans ces conditions les interruptions doivent être parfaitement motivées.
Leur attitude sur les BTS est très intéressante.Les plongeurs de Bord présentant un BTS «
accident » se manifestant par des douleurs tolérables avec ou sans épistaxis reprennent la
plongée le plus souvent le lendemain sans incident.
- Sur 105 patients présentant des douleurs sinusiennes exclusives, et typiques de localisa-
tions frontales et maxillaires de stade 1, 80% replongent le lendemain de l’incident après un
traitement associant des aérosols et un anti inflammatoire stéroïdiens. Seulement 2 plon-
geurs sont déclarés inapte à la poursuite du cours.
- Sur 63 cas de BTS se manifestant par une épistaxis 55 replongent le lendemain soit 90 %
sans problème à l’issue d’un traitement symptomatique.
Cette attitude réalisée avec un encadrement médical spécialisé en médecine de la plongée
n’est en aucun cas, un arbre décisionnel à proposer mais permet de montrer la réversibilité
rapide de ces barotraumatismes sinusiens accidents de stade 1 et 2.
Il est indispensable de différencier les BTS accidents qui vont le plus souvent guérir sponta-
nément des BTS récidivants.
Ils surviennent le plus souvent au décours d'une rhinite aiguë et le traitement est essentiel-
lement symptomatique [1,7] :
- traitement de la douleur par des antalgiques de palier 1 type paracétamol, voire palier 2.
Dans certains cas en particulier pour les BTS survenant à la remontée l’hyper pression re-
lative sinusienne peut être importante et entraîner des céphalées intenses qui résistent à
toutes les classes d’antalgiques y compris les morphiniques (cf. Fig. 1). Il s’agit pratique-
ment toujours de BTS touchant le sinus frontal. Seule l’aération du sinus frontal bloqué en-
traîne la sédation de la douleur. La mise en place d’un clou de Lemoyne sous anesthésie
générale entraîne la sédation immédiate de la douleur. Le clou est laissé en place 2 à 3 jours
et est enlevé après un essai d’obturation de quelques heures. (Fig. 2).
En cas d’atteinte du sinus maxillaire une ponction du sinus maxillaire par voie du méat in-
férieur avec mise en place d’un drain d’Albertini sera réalisée.
- Décongestionnants locaux et généraux pour favoriser la reperméabilisation de l’ostium.
- Les aérosols soniques avec un anti-inflammatoire non stéroïdien peuvent être proposés
- Une antibiothérapie per os type amoxycilline- acide clavulanique ou C2G est nécessaire en
cas de rhinorrhée purulente associée. Pour les BTS survenus au décours d’une plongée sous-
marine, une surinfection secondaire est retrouvée dans 28 à 60 % des cas [4,11] et il est pro-
posé pour les stades 2 et 3 clinique une antibiothérapie per os systématique.
- La corticothérapie per os peut être discutée. Son but comme dans la pathologie sinusienne
est de traiter l’œdème responsable du dysfonctionnement de l’ostium. Cet œdème est le plus
souvent localisé au niveau du méat moyen.
Figure 2 : BTS récidivant de stade 3. Contrôle TdM 1mois après l’ablation du clou de Lemoyne
Bonne aération du sinus frontal gauche.
En phase aiguë le traitement est identique au BTS accident mais s’il existe une pathologie si-
nusienne chronique il est licite d’instaurer une antibiocorticothérapie per os durant 5 à 7
jours comme pour les BTS accidents.
Traitement de la cause
A l’issue du bilan étiologique on peut individualiser deux groupes de patients :
Patients dont le scanner des sinus est normal :
• une rhinite chronique sera traitée médicalement au long cours par un corticoïde inhalé.
Un traitement par antihistaminique suivant les recommandations de l’ARIA pourra être
prescrit en cas d’allergie.
• une hypertrophie turbinale non améliorée par le traitement médical pourra faire l’objet
d’un traitement instrumental (radiofréquence, cautérisation)
• les anomalies architecturales si elles paraissent jouer un rôle dans l’étiopathogénie pourront
être traitées chirurgicalement :
- déviation septale par septoplastie,
- concha bullosa,
- hypertrophie turbinale par turbinectomie partielle en cas d’échec des autres mé-
thodes.
Avant d’envisager tout traitement chirurgical il est indispensable de disposer d’un bilan com-
plet endoscopique, scanner et d’une rhinomanométrie pour affiner le diagnostic étiologique.
Il s’agit d’une chirurgie fonctionnelle dont le plus souvent le seul but est de retrouver une ap-
titude à une activité professionnelle ou de loisir. Le patient doit être informé de l’éventualité
d’échec fonctionnel. En raison du contexte le risque de complication doit être réduit au maxi-
mum.
Patients dont le scanner est en faveur d’une pathologie rhino sinusienne chronique
a. Le traitement médical par corticoïdes est prescrit en première intention
b. En cas d’échec fonctionnel le praticien se trouve confronté à deux situations
La pathologie en cause pose un problème dans la vie courante et ne permet pas la pra-
tique de la plongée.
Le traitement de la pathologie sinusienne est identique aux standards pour la pathologie en
cause, mais il se posera secondairement la question de l’aptitude pour la pratique de l’acti-
vité responsable du BTS.
dans plus de 90 % des cas) [8]. Les séries publiées rapportant les résultats de la chirurgie en-
doscopique dans ces indications sont peu nombreuses. Parsons [8] rapporte 92 % de bons ré-
sultats pour des pilotes professionnels traités par une chirurgie endoscopique ethmoïdale
ainsi répartis : guérison dans 62 % des cas, et dans 28 % des cas survenue de quelques BTS
ne compromettant pas le pratique de vol aérien.
Dans les BTS de stade 1 l’activité peut être reprise au bout de 7 jours. Dans les stades 2 et 3
la prudence impose un arrêt de l’activité durant un mois après vérification de l’intégrité des
sinus de la face par un scanner.
Pour les barotraumatismes récidivants la reprise de l’activité sera envisagée une fois l’étiolo-
gie traitée et après vérification par un scanner.
Pour la plongée sous-marine exercée à titre professionnel un test réalisé en caisson hyperbare
à 4 ATA est réalisé. Pour la plongée de loisir la reprise peut être effective grandeur nature.
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IV-4-1 Physiopathologie
Les mécanismes de ces douleurs sont multiples et complexes, parfois intriqués. Kollmann
[3] retient 3 mécanismes principaux : variation de volumes de bulles d’air emprisonnées au
sein de la dents (sur un amalgame ou sur une carie), irritation nerveuse à partir d’une in-
flammation pulpaire, douleurs projetées à partir des variations de volume gazeux dans les
sinus maxillaires.
Toute bulle gazeuse exposée aux variations pressionnelle subira des variations de volumes
selon la loi de Boyle Mariotte. Des bulles gazeuses peuvent être emprisonnées au niveau d’une
dent cariée, l’orifice d’ouverture vers l’extérieur pouvant être restreint et se comporter comme
une valve unidirectionnelle. Dans ce cas, lors de la décompression, il se produit une aug-
mentation des volumes gazeux dans la cavité responsable d’une hyperpression endocavitaire,
responsable d’une stimulation nociceptive, d’autant plus qu’il existe un granulome apical ou
une inflammation préexistante.A l’opposé, à la recompression, il se produit une rétraction des
volumes gazeux et une stimulation nociceptive par phénomène à vacuo. Les douleurs sur-
viennent donc aussi bien en compression qu’en décompression.
Les bulles peuvent également être emprisonnées à travers un amalgame non étanche, ou en
cas de traitement endocanalaire incomplet derrière un amalgame. La dilatation gazeuse à la
décompression peut alors faire sauter l’amalgame, voire engendrer des fractures de la cou-
ronne dentaire.
Elles résultent soit de l’hyperpression ambiante qui appuie sur la dent soit d’une stimulation
calorique, soit de mécanismes vasomoteurs. L’accroissement des forces de pression sur la
dent peut entraîner un processus inflammatoire périapical avec abcédation et/ou ostéoph-
legmon par rejet septique dans le périapex [1]. L’hyperpression peut être liée également à la
pression de fermeture de la mâchoire sur l’embout respiratoire en plongée.
La stimulation calorique peut être due à une pénétration d’air froid sous pression, notamment
lors de l’utilisation de masques ou d’embouts pour les vols à très haute altitude ou lors de
plongée en bouteille (Fig. 2). Enfin, l’augmentation de la pression partielle en oxygène, no-
tamment par la respiration d’air comprimé en plongée entraîne une diminution de la vas-
cularisation pulpaire, et donc une irritation [7]. Des nécroses pulpaires à long terme sont
possibles
Figure 2 : barodontalgie par
stimulation thermique
Douleurs projetées
La Fédération dentaire internationale recommande un bilan dentaire annuel chez toute per-
sonne exposée aux variations pressionnelles. Il est déconseillé de plonger ou de prendre
l’avion dans les 24 heures en cas de soins dentaires nécessitant une anesthésie et 7 jours en
cas de traitement chirurgical.
Le point important dans la prévention de ces accidents est l’hygiène buccodentaire. Chez les
patients exposés aux variations pressionnelles le dentiste doit être sensibilisé à rechercher
des zones de dentine exposées, micro caries, une pathologie péri apicale, problèmes d’amal-
games. L’examen doit évaluer l’ancienneté et la qualité des amalgames, tester la sensibilité au
chaud, au froid et à la percussion. Au besoin, des radiographies seront demandées.
La survenue de barodontalgies conduit à mettre en évidence des micro caries, à restaurer
des obturations, à traiter des pathologie péri apicales. Pour les obturations, les résines sont
préférables aux divers ciments car moins poreuses [5]. En cas des de pulpite aiguë, l’Eugénol
à l’oxyde de zinc prévient le risque de barodontalgie dans l’attente d’un traitement [4]. Il est
enfin préférable, chez les personnes exposées aux variations pressionnelles d’éviter les pul-
pectomies. Les traitements endocanalaires conservateurs doivent être préférés.
Références - Barodontalgies
Références
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gias and their relation to oral/dental condition in personnel with responsability in military flight. Med Oral
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[7] Yu CY, Boyd NM, Cringle SJ, Alder VA, Yu DY. Tissue oxygen tension and blood flow changes in rat incisor
pulp with graded systemic hyperoxia. Arch Oral Bio 2002;47:239-46
• Loi de Dalton : à température donnée, la pression partielle exercée par un gaz dans un mé-
lange équivaut à celle qu’il exercerait s’il occupait seul le volume total du mélange.
• Loi de Henry : à température donnée, la quantité de gaz dissous à saturation dans un liquide
est proportionnelle à la pression partielle du gaz au contact du liquide.
La vitesse de dissolution dans l’organisme obéit à la loi de Haldane qui dépend d’une
constante appelée période caractéristique de chaque gaz. Cette période est le temps nécessaire
pour que la pression du gaz dissous soit égale à la moitié de la pression du gaz surnageant.
Au bout d’un certain temps, à pression constante, un équilibre est atteint : il y a saturation.
Si la pression diminue, les molécules de gaz quittent le liquide : c’est la désaturation.
La sursaturation est un état instable où la somme des pressions partielles des gaz dissous est
supérieure à la pression ambiante. Si ce rapport franchit une valeur critique, le gaz quitte en
masse le liquide en formant des bulles. Le coefficient de sursaturation critique est donc la
valeur maximale que peut atteindre ce rapport pour éviter l’apparition de bulles.
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 225
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 226
des courbes exponentielles. Afin d’obtenir un dégazage progressif de tous les tissus, il faut
décomprimer selon une procédure qui maintienne des coefficients de sursaturation admis-
sibles pour chacun des tissus.
L’utilisation d’un détecteur de bulles à effet Doppler a permis de montrer qu’il existe un cer-
tain nombre de bulles circulantes dans la circulation veineuse, même lorsque la décompres-
sion est bien conduite et asymptomatique.
A l’arrivée en surface, une certaine sursaturation persiste et continue à décroître, mais il faut
en tenir compte si l’on souhaite effectuer une seconde plongée. Moins de huit heures après
la précédente, la seconde plongée nécessitera une décompression spécifique. Il faudra égale-
ment éviter toute plongée dans les vingt quatre heures qui précéderont un vol aérien.
Si l’on procède à une décompression trop rapide, le dégazage ne peut se faire de façon
progressive et le nombre de bulles libérées va croissant. Jusqu’à un certain seuil de bulles, les
poumons forment un filtre efficace et ces bulles n’entraînent aucune symptomatologie
clinique. Les accidents surviennent dans les dégazages trop importants et dans certaines
circonstances.
Ces bulles sont néfastes par différents mécanismes :
- Par obstruction vasculaire : les bulles entraînent une obstruction vasculaire avec des
lésions ischémiques en aval de l’obstruction.
- Par traumatisme tissulaire : il y a compression et dilacération des tissus.
- La paroi des bulles est bordée d’une couche d’agrégats plaquettaires majorant les lésions
ischémiques d’aval.
Ces bulles subissent la loi de Mariotte. Si la pression diminue (remontée), la bulle tend à
l’auto-expansion si rien ne vient limiter le phénomène (échanges gazeux, limitation à
l’expansion par les parois,…). Si la pression augmente, la bulle tend à s’auto-comprimer et à
disparaître : ceci explique l’utilisation du caisson hyperbare pour traiter les accidents aé-
roemboliques.
Au niveau cochléo-vestibulaire où la vascularisation est de type terminale, cette ischémie
sera responsable d’un syndrome cochléo-vestibulaire déficitaire. Mais les bulles peuvent aussi
se développer directement dans les liquides labyrinthiques :
- Soit dans la périlymphe où elles créeraient une compression du labyrinthe membraneux
sans lésions destructrices
- Soit dans l’endolymphe où elles seraient responsables de dislocation de l’organe de Corti ou
du vestibule.
surface. Dans ces conditions, on est dans la plage d’utilisation optimale du mélange, avec
pour avantage moins de paliers (souvent pas du tout), moins de fatigue (effet dopant de l’O2),
essoufflement moins fréquent et moins de narcose.
Afin de pouvoir plonger plus profond que la profondeur maximale recommandée à l’air
(60 mètres pour la FFESSM selon les tables MN90 (Annexe 1), 30 à 40 mètres pour les écoles
américaines), il faut introduire un nouveau gaz qui permette de diminuer le pourcentage
d’oxygène et d’azote, qui n’ait pas d’effet narcotique et qui soit facile à manipuler. Les plon-
geurs ont choisi l’Hélium pour la composition de leur mélange ternaire (Oxygène, Hélium,
Azote) aussi appelé Trimix.
L’Hélium est un gaz très léger qui se dissout très vite dans l’organisme. La saturation en
Hélium dans l’organisme est donc très rapide, beaucoup plus rapide que celle de l’azote. Il faut
donc plus de paliers de décompression par rapport à l’air avant de pouvoir remonter à la
surface.Afin de diminuer ces paliers de décompression, il faut lors de la remontée, utiliser des
mélanges de décompression qui sont enrichis en oxygène par rapport au mélange utilisé en
profondeur, l’hélium étant progressivement remplacé par de l’oxygène. Il n’est pas rare
d’utiliser deux ou trois mélanges différents à partir de temps ou de profondeur de plongée
importants.
La possibilité d’apparition d’accident de décompression en apnée est une notion bien établie
maintenant, bien que rare. Il ne concerne la pratique de l’apnée que dans des conditions bien
particulières. Ces accidents de plongée qui frappaient les chercheurs de perles des îles
TUAMOTU ont été décrits en 1947 sous le nom de Taravana [6,16]. La consommation d’O2
pendant l’apnée, le stockage du CO2 au niveau de certains tissus entraînent une augmenta-
tion de la pression partielle en azote dans les alvéoles.Après un certain nombre d’immersions,
l’accumulation d’azote tissulaire est telle que des bulles se forment, surtout dans le système
veineux, dont la taille croît de manière explosive dans ces remontées rapides et sans palier (loi
de Mariotte). Si elles ne sont pas éliminées par le filtre pulmonaire, elles peuvent être
emportées dans le flux circulatoire.
Des études ont été faites pour adapter à l’apnée les tables de décompression habituelles.Heran [13]
dans sa thèse propose la courbe de sécurité suivante : il s’agit d’un tableau à double entrée qui
donne suivant la profondeur et la durée totale des plongées, le nombre de plongées autorisé
selon la durée de celles-ci, de 1 à 3 minutes (Tab. 1).
Il est déconseillé de faire suivre plongée en apnée et plongée bouteille car les tables ne sont
pas conçues pour ce type d’exercice. Il est dangereux de plonger en apnée après une plongée
bouteille même à faible profondeur. En effet, si à l’issue d’une plongée saturante un plongeur
redescend en apnée, il va recomprimer à nouveau ses micro-bulles d’azote et risquer un
accident de décompression en remontant à vitesse rapide de 1 à 1,5 mètres par seconde.
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 227
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 228
Temps de
Profondeur chaque 30 mn 1h 1 h 30 2h 3h 4h 5h 10 h
plongée
15 m 1 mn 57 51 48 45
2 mn 28 25 24 22
3 mn 19 17 16 15
20 m 1 mn 58 52 47 42 38 36 34
2 mn 29 26 23 21 19 18 17
3 mn 19 17 15 14 12 12 11
25 m 1 mn 46 41 37 34 30 29 27
2 mn 23 20 18 17 15 14 13
3 mn 15 13 12 11 10 9 9
30 m 1 mn 59 38 34 31 28 25 24 22
2 mn 29 19 17 15 14 12 12 11
3 mn 19 13 11 10 9 8 8 7
35 m 1 mn 50 33 29 26 24 22 20 19
2 mn 25 16 13 13 12 11 10 9
3 mn 16 11 9 9 8 7 7 6
40 m 1 mn 44 29 26 23 21 19 18 17
2 mn 22 14 13 11 10 9 9 8
3 mn 14 9 8 7 7 6 6 5
45 m 1 mn 39 25 23 21 19 17 16 15
2 mn 19 13 11 10 9 8 8 7
3 mn 13 8 7 7 6 5 5 5
50 m 1 mn 35 23 20 18 17 15 14 13
2 mn 17 11 10 9 8 7 7 6
3 mn 12 7 6 6 5 5 4 4
Les plongées répétées imposent l’utilisation de tables particulières pour tenir compte de
l’azote encore dissous dans les tissus au début de la seconde plongée.
Manœuvre de Valsalva
Une manœuvre de Valsalva à la remontée doit être proscrite. Non seulement elle expose au
risque de barotraumatisme auriculaire et à celui de surpression pulmonaire mais elle risque
de provoquer un accident de décompression. Elle crée une surpression au niveau pulmo-
naire avec moindre élimination de l’azote dans l’air expiré ainsi qu’une surpression au ni-
veau des cavités cardiaques avec risque de passage droit-gauche.
Asthénie
La fatigue majore le risque d’accident de décompression.
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 229
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Stress, anxiété
Le stress, l’anxiété entraînent une polypnée qui majore la saturation de l’organisme en azote.
Avion, montagne
Les tables et les ordinateurs de plongée tiennent compte d’une activité normale dans les suites
de la plongée car la désaturation n’est pas terminée à la fin de la remontée.
Toute exposition à un milieu dépressurisé dans les 24 heures qui suivent une plongée satu-
rante favorise la création de bulles. Ces activités sont donc fortement déconseillées dans les
suites d’une plongée.
A l’issue d’un séjour de plongée à l’étranger, le retour en avion devrait être décalé de 24 heures
minimum par rapport à la dernière plongée d’autant que les plongées sont souvent multiples.
IV-5-4 Clinique
Mode d’apparition
Il est généralement rapide avec mise en place dans les suites d’une plongée, d’une baisse de
l’audition et/ou d’acouphènes.
Il peut être brutal avec apparition d’une grande crise rotatoire caractérisée par un vertige
aigu, des nausées, des vomissements [24]. Au lieu de conclure trop vite à un banal « mal de
mer » devant l’existence de vertiges, de nausées et de vomissements, il faut plutôt penser à
un accident de décompression de l’oreille interne.
Délai de survenue
La survenue des symptômes est généralement constatée peu de temps après la fin de la plon-
gée. L’existence de cet intervalle libre est un des éléments cliniques permettant de différen-
cier ces accidents des accidents barotraumatiques de l’oreille interne qui surviennent au cours
de la plongée.
Pour Newton [24], plus de 50 % des cas sont révélés 30 à 60 minutes après la plongée, et
90 % dans les 6es heures.
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 231
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 232
Pour Nakayama [23], les symptômes apparaissent moins de 2 heures après la plongée ; mais
des facteurs géographiques particuliers, telles que des trajets automobiles sur une route d’al-
titude (comme au Japon), peuvent occasionner des manifestations plus tardives.
Dans une autre étude Klingmann [15] relève un délai de survenue de 30 minutes après la fin
de la plongée et aucun cas de survenue immédiate des symptômes.
Enfin selon Shupak [27], le délai de mise en place des symptômes après plongée pourrait être
de 52 ± 88 minutes, avec un délai moyen de 15 minutes et une durée minimale à 5 minutes.
Ils regroupent globalement des signes vestibulaires et/ou cochléaires, et/ou neurologiques.
Ces signes fonctionnels classent donc d’office ces atteintes dans les manifestations cliniques de
décompression majeures, ou de type II, car elles sont associées à des manifestations neuro-
sensorielles [24,26].
Pour Calvet [5], l’atteinte vestibulaire prédomine, avec un syndrome vestibulaire périphérique
harmonieux retrouvé à l’examen clinique, qui peut être associé à une atteinte auditive de type
perceptive, ou encore à des acouphènes et/ou à des paresthésies.
Pour Klingmann [15], les vertiges sont présents dans 9 cas sur 11, et peuvent s’accompagner
d’acouphènes (7/11), ou d’une surdité de perception (6/11) de niveau variable.
En fait, les atteintes seraient vestibulaires dans 34 % des cas, cochléaires dans 14%, et mixtes dans
52 % des cas [22].
Concernant les vertiges, une sensation de déséquilibre peut être le premier signe d’un acci-
dent de décompression.
Le tableau peut être fruste, avec une sensation de mal de mer persistant, des nausées.
Dans sa forme typique, le vertige est caractérisé par l’absence de régression complète, même
si les signes peuvent diminuer.
Des troubles visuels, une angoisse, des paresthésies sont souvent associés.
A l’examen clinique, le syndrome vestibulaire est harmonieux, de type destructif avec un nys-
tagmus battant du côté sain, et des déviations segmentaires du côté lésé [17].
L’examen vestibulaire clinique est classique et comporte :
- la recherche d’un nystagmus spontané et/ou provoqué au Head Shacking Test ;
- la mise en évidence d’une déviation segmentaire au test des index et à la marche aveugle;
- le test de Romberg ;
- les manœuvres de Dix-Hallpike afin d’exclure un vertige paroxystique positionnel bénin
isolé ou associé [27].
L’otoscopie est le plus souvent normale [15].
Un grand effort doit être fait quant à l’examen neurologique. Il s’agira d’un véritable dépis-
tage minutieux et systématique de tout signe médullaire ou cérébral. Une observation neu-
rologique type peut être utile dans ce contexte. Ce dépistage doit inclure la recherche des
signes suivants :
- paresthésies des membres, déficit sensitif partiel : différenciation au piqué touché, sensibi-
lité à la vibration, orientation positionnelle, sensation localisée de chaud ;
- troubles sphinctériens, rétention urinaire, hypoesthésie périnéale ;
- étude et gradation de la force musculaire de 0 à 5 (score ASIA), état des réflexes ;
- signes cérébelleux, ataxie ;
- déficit visuel, nystagmus, asymétrie des paires crâniennes ;
- troubles de langage, mnésiques, de la vigilance, du comportement.
Bilan paraclinique
Bilan auditif
L’audiométrie tonale liminaire est réalisée avec des sons purs et a pour but de quantifier le
déficit.
Il n’est pas retrouvé de notion de courbe audiométrique pathognomonique d’un accident de
décompression de l’oreille interne.
L’étude des différentes séries permet, en cas d’atteinte de l’audition, de retrouver une perte au-
ditive prédominante sur les hautes fréquences avec extension progressive aux plus basses
fréquences [27] et avec en cas d’ atteinte majeure une courbe en plateau concernant toutes
les fréquences [22].
Klingmann [19] rapporte une atteinte prédominant sur les fréquences moyennes ou graves,
associée à un scotome sur 4 000 Hz en cas d’accident de décompression du à la persistance
d’un foramen ovale. Cette observation confirme notre sentiment selon lequel les atteintes
des fréquences graves et moyennes sont plus fréquentes en cas de shunt droit-gauche [9].
La tympanométrie est habituellement normale.
Bilan vestibulaire
L’exploration calorique calibrée met en évidence une hypovalence vestibulaire non compen-
sée du côté atteint. Ces examens doivent être réalisés de façon systématique car ils peuvent
être perturbés chez un sujet asymptomatique.
Ils seront complétés par une posturographie dynamique automatisée car il a été montré sur
certaines séries [27] que des patients, victimes d’un accident de décompression et ayant bé-
néficié d’un traitement de soutien cochléaire pour hypoacousie, présentaient dans 91 % des
cas des signes de séquelles vestibulaires méconnues.
Classiquement, il n’existe pas de lésion cérébrale à l’IRM dans les formes otologiques pures [15].
Toutefois, ces examens complètent utilement le bilan diagnostic [22], et permettent de met-
tre en évidence des lésions cérébrales asymptomatique cliniquement.
Elle représente une technique non invasive, mais ne doit plus être considérée comme le
« gold standard », car avec une sensibilité de 62 %, le risque de méconnaissance de petits
shunts n’est pas négligeable [4].
Elle représente la technique la plus sensible pour mettre en évidence un FOP, mais reste un
examen invasif, non utilisable en dépistage de routine [6].
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 233
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 234
Traitement IV-5-5
Les signes mêmes minimes ne doivent pas être négligés et dans le doute il convient de trai-
ter le patient comme un accident de décompression. Le plongeur doit être rapidement éva-
cué sur un centre hyperbare. Ses chances de récupération dépendent de la rapidité de la prise
en charge spécialisée.
L’alerte
L’alerte doit être donnée le plus tôt possible. En cas d’accident survenant en mer, le centre ré-
gional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de la région concernée est alerté
par appel VHF (canal 16). Il coordonne la recherche et le sauvetage, sous la responsabilité du
Préfet Maritime, et doit systématiquement contacter le SAMU concerné [14]. Après retour à
terre, l’alerte sera donnée par appel téléphonique direct au SAMU (15 ou 112 pour téléphone
portable). La liste des différents caissons de recompression thérapeutique figure en annexe 2.
A bord du bateau
La victime doit être rapidement sortie de l’eau. Il ne faut surtout pas la ré-immerger en rai-
son d’un risque de syncope avec noyade et surtout cette nouvelle plongée resature le patient
en azote.
Après déclenchement de l’alerte, les gestes élémentaires de survie priment sur tout le reste,
avec mise au repos total du plongeur, déséquipement, mesures de protection thermique (sé-
chage et couverture contre l’hypothermie, ombre et local ventilé contre l’hyperthermie),
décubitus latéral gauche si troubles de conscience, position semi-assise si difficulté respira-
toire. Une surveillance étroite du sujet doit être réalisée et retranscrite avec notamment la
chronologie des premiers signes et leur évolution.
L’utilisation d’une fiche de recueil type est une bonne manière d’optimiser la prise en charge
initiale et l’évacuation d’un plongeur victime d’un accident de plongée (FFESSM).
La phase de recompression initiale sera volontiers suivie d’une hospitalisation en milieu spé-
cialisé ORL où le bilan cochléovestibulaire sera poursuivi. Un traitement complémentaire
pourra être instauré :
- poursuite des séances d’oxygénation hyperbare ;
- utilisation de corticoïdes ;
- utilisation de vasodilatateurs.
L’utilisation de ces différentes drogues ne fait l’objet d’aucun consensus. Leur utilisation est très
variable d’une équipe à l’autre et aucune étude randomisée ne permet d’affirmer la prépondé-
rance de tel ou tel produit. Les corticoïdes sont cependant les plus fréquemment utilisés.
Les labyrinthoplégiques et les anti-nauséeux seront utilisés de façon symptomatique.
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 235
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 236
Prévention IV-5-7
La prévention des accidents de décompression passe par l’éviction des facteurs de risque cités
précédemment et le respect des règles de plongée et principalement de décompression.
Compte tenu de la contre-indication définitive de la plongée après la découverte d’un FOP,
il est tentant de les fermer pour redonner son aptitude au plongeur porteur d’un FOP. Deux
études Wilmshurst [31] en 1996 et Walsh [29] en 1999 font état de fermeture d’un FOP par
voie veineuse transcutanée. Ils colligent sept patients victimes d’accident de décompression
neurologiques et pour lesquels la reprise de la plongée a été possible après la fermeture du
FOP.Aucun nouvel accident de décompression ne leur est survenu dans les suites. Cependant,
le suivi de ces patients est court (entre trois et douze mois), la fréquence des plongée n’est pas
précisée ainsi que le protocole de remontée.
En France, pour la plongée loisir, si le FOP a été fermé l’autorisation peut à nouveau être dé-
livrée au bout de 6 mois (sous traitement anticoagulant ou antiagrégant) et après s’être assuré
de l’étanchéité (échographie de contraste négative). Aux Etats Unis, les plongeurs civils peu-
vent replonger après un accident sans fermeture mais il leur est recommandé de respecter les
mesures de prévention (adaptation des paliers de décompression pour la remontée) ; en Al-
lemagne, les deux attitudes coexistent.
Pour la Haute Autorité de Santé [12], le service rendu par un tel acte est considéré comme
non déterminé. Par conséquent l’avis de la HAS sur l’inscription de l’acte dans l’indication
de prévention d’un accident de décompression à la liste des actes prévue à l’article L.162-1-
7 du code de la sécurité sociale est défavorable en dehors de la recherche .
Conclusion IV-5-8
La survenue d’un accident de décompression à l’occasion d’une plongée malgré le respect
des règles de décompression doit faire systématiquement rechercher un accident de décom-
pression immérité par shunt droit-gauche ou par persistance d’un FOP.
Le traitement immédiat doit comprendre une recompression dans un caisson hyperbare dans
les plus brefs délais. La recherche du shunt ou du FOP sera entreprise dans les jours suivants
et avant toute reprise éventuelle d’une activité de plongée subaquatique.
[1] Bonnin JP, Grimaud C, Happey JC, Strub JM, Cart P. Plongée sous-marine et milieu subaquatique. Acci-
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IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 237
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 238
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Annexe 1
Tables de plongée à l’air de la Marine Nationale (MN 90)
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 239
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 240
15m 12m 9m 6m 3m
3h 9 N
3h10 11 N
3h20 13 O
3h30 14 O
3h40 15 O
3h50 16 O
4h 17 O
4h10 18 P
4h15 19 P
4h30 22 P
4h45 24 P
5h 26 P
5h15 27 *
5h30 29 *
5h45 31 *
6h 33 *
15m 5 A
10 B
15 C
20 C
25 d
30 E
35 E
40 F
45 G
50 G
55 H
1h H
1h05 I
1h10 I
1h15 J
1h20 2 J
1h25 4 K
1h30 6 K
1h35 8 L
1h40 11 L
1h45 13 L
1h50 15 M
1h55 17 M
2h 18 M
2h10 22 *
2h20 25 *
18m 10 B
15 C
20 d
25 E
30 F
35 F
40 G
45 H
50 H
55 1 I
1h 5 J
Vitesse de remontée : 15 à 17 m/min - Vitesse de changement de paliers : 1 mètre en 10 secondes - (*) : Plongées successives interdites (délai : 12h)
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 241
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:22 Page 242
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 243
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:23 Page 244
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 245
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:23 Page 246
Groupes Intervalles
Groupes Intervalles
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 247
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:23 Page 248
12m 15m 18m 20m 22m 25m 28m 30m 32m 35m
0,82 4 3 2 2 2 2 2 1 1 1
0,84 7 6 5 4 4 3 3 3 3 2
0,86 11 9 7 7 6 5 5 4 4 4
0,89 17 13 11 10 9 8 7 7 6 6
0,92 23 18 15 13 12 11 10 9 8 8
0,95 29 23 19 17 15 13 12 11 10 10
0,99 38 30 24 22 20 17 15 14 13 12
1,03 47 37 30 27 24 21 19 17 16 15
1,07 57 44 36 32 29 25 22 21 19 18
1,11 68 52 42 37 34 29 26 24 22 20
1,16 81 62 50 44 40 34 30 28 26 24
1,2 93 76 56 50 45 39 34 32 29 27
1,24 106 79 63 56 50 43 38 35 33 30
1,29 124 91 72 63 56 49 43 40 37 33
1,33 139 101 79 70 62 53 47 43 40 36
1,38 160 114 89 78 69 59 52 48 44 40
1,42 180 126 97 85 75 64 56 52 48 43
1,45 196 135 104 90 80 68 59 55 51 46
38m 40m 42m 45m 48m 50m 52m 55m 58m 60m
0,82 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
0,84 2 2 2 2 2 2 2 2 1 1
0,86 3 3 3 3 3 3 3 2 2 2
0,89 5 5 5 4 4 4 4 4 3 3
0,92 7 7 6 6 5 5 5 5 5 4
0,95 9 8 8 7 7 7 6 6 6 5
0,99 11 11 10 9 9 8 8 8 7 7
1,03 14 13 12 11 11 10 10 9 9 9
1,07 16 15 15 13 13 12 12 11 10 10
1,11 19 18 17 16 15 14 13 13 12 12
1,16 22 21 20 18 17 16 16 15 14 13
1,2 24 23 22 20 19 18 18 17 16 15
1,24 27 26 24 23 21 20 19 18 17 17
1,29 30 29 27 25 24 23 22 20 19 19
1,33 33 31 30 28 26 25 24 22 21 20
1,38 37 35 33 30 28 27 26 24 23 22
1,42 39 37 35 33 30 29 28 26 25 24
1,45 42 39 37 34 32 31 29 28 26 25
Les interpolations ou extrapolations sont interdites
Annexe 2
Liste des caissons Hyperbare : caissons civils en métropole et dans les DOM-TOM
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 249
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:23 Page 250
Liste des caissons Hyperbare : caissons civils en métropole et dans les DOM-TOM
Liste des caissons Hyperbare : caissons civils en métropole et dans les DOM-TOM
IV.5. ACCIdENTS dE déCOMPRESSION - J.-L. FLORENTIN, d. TRENdEL, G. BERTIN, P.-Y. VAILLANT, L. BONNE 251
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:23 Page 252
deuxième partie
Pathologie
pressionnelle
non traumatique
Poncet IMP:Pathologie pressionelle en ORL 2007 19/09/07 12:23 Page 254
Chapitre V
Phénomène de Tullio
B. Frachet, E Vormès, P Miniconi, Ch Poncet-Wallet
http://www.univ-brest.fr/S_Commun/Biblio/ANATOMIE/Web_anat/Tete_Cou/Oreille/Labyrinthe_osseux.jpg
retrouvons ces mêmes conditions pathologiques dans le signe de la fistule (autre mode de sti-
mulation pressionnelle du vestibule). Ces circonstances pathologiques sont : l’amincissement des
parois labyrinthiques, une fissure ou une fistule labyrinthique, l’hyperlaxité du ligament an-
nulaire de l’étrier. Le son fort donne une claque sur l’oreille. Cet à-coup de pression induit le
vertige ».
Il y a donc lieu de séparer pression acoustique et pression statique (ou pression de radia-
tion), résultante pressionnelle non nulle de la pression acoustique.
Le test a été refait à plusieurs jours d’intervalle avec toujours les mêmes effets.
Ce test vibratoire mastoidien (test Vibros) est donc le test effectué systématiquement à tous
les sujets présentant des troubles cochleo-vestibulaires avec ou sans malaise NV, post trau-
matique ou non, lors de leur examen clinique en compléments des autres tests classiques.
Avec Miniconi, on peut donc certainement identifier des FPL à expression vestibulaire et
neurovégétative.
Dans une étude à paraître sur 71 patients porteurs de fistules périlymphatiques avec test
« Vibros » positif, Ch. Poncet-Wallet ne dénombre-t-elle que 2 étiologies « Tullio » soit moins
de 3 % des patients. Si bien que le classique Tullio est certainement beaucoup moins fréquent
que les manifestations à déclenchement vibratoire à expression neurovégétative.
peut être asymptomatique d’un côté et pathologique de l’autre. D’après cette étude la corré-
lation entre les données de l’imagerie et la symptomatologie est suffisante pour justifier l’ab-
sence d’exploration supplémentaire de l’oreille en cas de vertiges ou d’instabilité chronique
mal expliquée ;
- même si comme le rappellent MS Welgampola, et JG. Colebatch [3] tout patient qui se pré-
sente désormais avec un symptôme atypique (voir la douche bouger lorsqu’il siffle en se la-
vant par exemple) a la possibilité grâce à l’imagerie d’avoir un diagnostic précis et donc une
thérapeutique adaptée. C’est dans ce but que des radiologues – J.-L. Bensimon en France - ont
mis au point des techniques d’imagerie spécifiques : en appliquant aux coupes axiales clas-
siques de l'imagerie par TDM du labyrinthe un double traitement par reconstruction tri di-
mensionnelle avec seuillage, ils mettent en évidence des micro fistules labyrinthiques et péri
lymphatiques.
Références
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[3] Welgampola M. Characteristics and clinical applications of vestibular-evoked myogenic potentials. Neuro-
logy 2005,24;64 (10):1682-8.
sR
Chapitre VI
Les maladies
pressionnelles de
l’oreille interne
P. Tran Ba Huy, E. Sauvaget
Les structures sensorielles de l’oreille interne, vestibulaire ou cochléaire, assurent leur fonc-
tion de transduction, c’est-à-dire la transformation d’un signal mécanique en un signal
bioélectrique, au sein d’un double milieu liquidien : la périlymphe et l’endolymphe qui
remplissent respectivement le labyrinthe osseux, inextensible, et le labyrinthe membra-
neux, lequel est séparé du précédent par une cloison souple et déformable, la membrane
de Reissner.
Comme toutes structures mécano-sensibles immergées dans un milieu liquide, elles sont
donc soumises à la pression intralabyrinthique qui s’exerce sur elles. Cette dernière est elle-
même influencée par deux facteurs essentiels : d’une part les particularités anatomiques
de l’oreille interne et ses connections avec les espaces aérien et liquidien environnants,
(c’est-à-dire de l’oreille moyenne et de l’espace subarachnoïdien) et d’autre part les méca-
nismes qui régulent le volume et la composition électro-chimique des liquides et tout par-
ticulièrement de l’endolymphe.
Toute variation de la pression intra-labyrinthique est donc susceptible de retentir sur la
fonction de l’oreille interne et d’induire de nombreuses pathologies.
L’anatomie de l’oreille interne est largement détaillée dans d’innombrables ouvrages de qua-
lité [1, 6, 11]. Seules seront donc rappelées ici les notions pertinentes pour une bonne com-
préhension des phénomènes pressionnels.
Il est constitué d’un système clos de cavités et de canaux librement connectés entre eux et
remplis d’endolymphe. Les deux structures vestibulaires en forme de sac, l’utricule et le sac-
cule, sont reliées entre elles par un canal en Y, le ductus utriculo-saccularis, lequel se poursuit
par le ductus endolymphaticus (ou aqueduc du vestibule) menant au sac endolymphatique. Le
sac endolymphatique est compris dans un dédoublement de la dure-mère de la fosse posté-
rieure et est entouré de vaisseaux lymphatiques et d’un réseau capillaire.
Entourant le labyrinthe membraneux dont il constitue le carter rigide, il est d’un volume
d’environ 15 cm3. Rempli de périlymphe, il communique à la fois avec les espaces subarach-
noïdiens et l’oreille moyenne (Schéma. 1).
Figure 1 : Schéma des rap-
Aqueduc vestibulaire ports anatomiques entre
oreille interne, espaces sub-
arachnoïdiens et oreille
moyenne (d’après March-
banks).
FO
Espace sub-arachnoïdien
FR
Aqueduc cochléaire
Le labyrinthe osseux est connecté aux espaces subarachnoïdiens par l’aqueduc cochléaire.
Celui-ci s’étend de la rampe tympanique du tour basal de la cochlée où il s’abouche tout près
de la fenêtre ronde à la face inférieure du rocher juste à la partie antérieure du foramen jugu-
laire. Le diamètre de cet orifice varie de 0,05 à 0,2 mm [7,9,10]. D’une longueur variable (6 à
12 mm), sa lumière semble encombrée de corps amylacés, faits de cellules arachnoïdiennes et
réticulaires et de dépôts calcaires. Cette disposition intracanaliculaire servirait à amortir les
variations de pression transmises des espaces subarachnoïdiens.
La question de sa perméabilité réelle reste posée. Evidente chez le rongeur chez lequel la ponc-
tion de l’espace périlymphatique au travers de la fenêtre ronde permet de soustraire du liquide
cérébro-spinal (LCS) en grande quantité, elle est discutée chez l’homme. Pour certains [9],
l’aqueduc cochléaire permettrait bien le passage de fluides entre espaces intra-crânien et pé-
rilymphatique. Pour d’autres, il présenterait une perméabilité sélective [11].
Ce que de multiples études expérimentales sur lesquels nous reviendrons ont, en revanche, établi
est son rôle dans la transmission au labyrinthe des variations de la pression intra-crânienne (Pic).
Elles ont également montré qu’avec l’âge le canal se fibrose et transmet de moins en moins bien
ces variations [13].
En pratique chirurgicale, l’aqueduc cochléaire est parfois bien visualisé lors des abords trans-
labyrinthiques, juste au dessous du conduit auditif interne. Son ouverture donne issue à du
LCS, ce qui permet de décomprimer efficacement la citerne ponto-cérébelleuse. Dans d’autres
cas, il ne peut être identifié, sans doute en raison de sa transformation fibreuse.
D’autres voies de communication ont été décrites, dont deux canaux accessoires, parallèles à
l’aqueduc cochléaire. L’un, le canal de Cotugno, issu de la rampe tympanique, contient la veine
cochléaire inférieure qui se draine soit dans le golfe jugulaire soit dans le sinus pétreux inférieur.
L’autre, inconstant, draine une veine de la cavité tympanique et se jette dans le précédent.
Quant à la fissure tympano-méningée, encore appelée fissure de Hyrtl, elle ne semble perméa-
ble qu’à l’état embryonnaire mais peut être le siège de fuite spontanée de LCS dans des cas ex-
ceptionnels.
Deux autres voies de communication sont théoriquement possibles entre oreille interne et es-
paces subarachnoïdiens. Il s’agit des espaces péri-nerveux (bien démontrés pour le nerf facial
dans la gaine duquel les mesures de pression montrent l’incidence nette de la Pic, ils sont plus
difficiles à objectiver dans les nerfs cochléaire et vestibulaire) et péri-vasculaires. Ces voies de
communications ne seraient perméables qu’en cas d’hyperpression intra-crânienne majeure
ou de malformations et ne semblent donc pas, à l’état normal, jouer de rôle dans les phéno-
mènes pressionnels labyrinthiques.
L’oreille interne est également connectée à l’oreille moyenne par la fenêtre ovale située en re-
gard du vestibule et de l’origine de la rampe vestibulaire et par la fenêtre ronde située en re-
gard de la rampe tympanique. Rappelons que la première est obturée par la platine de l’étrier
qui lui est jointive par le ligament annulaire et la seconde par une membrane distensible.
C’est par ces deux fenêtres que l’oreille interne est susceptible d’être influencée par les pres-
sions aérienne de l’oreille moyenne et atmosphérique.
Les deux compartiments, endo- et périlymphatique, ne sont séparés entre eux que par les pa-
rois fines et distensibles du labyrinthe membraneux. Dans le canal cochléaire, l’une de ces pa-
rois est particulièrement mince et fragile : c’est la membrane de Reissner, faite de deux couches
de cellules seulement et pourtant remarquablement étanche puisqu’elle maintient les diffé-
rences de composition électrochimique marquées de l’endolymphe et de la périlymphe.
- L’oreille interne communique avec les espaces subarachnoïdiens par l’aqueduc cochléaire pour
son compartiment périlymphatique et par l’aqueduc du vestibule pour son compartiment en-
dolymphatique.
- Ces deux voies de communication permettent le transfert – atténué - de la Pic à l’oreille in-
terne.
- L’oreille interne communique également avec l’oreille moyenne par les fenêtres ovale et
ronde.
Les pressions susceptibles de s’exercer dans un compartiment rempli de liquide sont de trois
types : hydrostatique, aérienne et osmotique.
La pression hydrostatique (Ph) représente la force exercée par un liquide sur les parois de la
structure qui le contient. Par définition, elle est proportionnelle à la masse et à la hauteur de
la colonne du liquide s’appliquant sur les parois : elle correspond donc au poids de la co-
lonne considérée.
Elle s’exprime par la formule :
Ph = Mv . g . h
où Mv est la masse volumique du liquide (M/Vol), g la gravité soit 9,81 m/sec2, et h la hau-
teur de la colonne de liquide (m).
Elle s’exprime en Pascal (Pa) : pression exercée par une force de 1 Newton appliquée sur une
surface de 1 m2.
Un exemple pratique courant est la mesure de la Pic que l’on calcule par le déplacement de
la colonne d’eau d’un manomètre relié à un cathéter introduit dans les espaces subarachnoï-
diens. Ce déplacement varie selon la position du sujet par rapport à la verticale. Mesurée par
ponction lombaire sur un patient allongé, la Pic est d’environ 7 à 10 cm d’H2O. Sur le sujet
debout, s’y ajouterait alors la hauteur du canal médullaire et du crâne.
Pour ce qui concerne l’oreille interne, trois points doivent être soulignés :
- aucune différence de Ph n’est observée à l’état normal entre les deux compartiments endo-
et périlymphatique [3,5]. Toute variation de pression de l’espace périlymphatique est ins-
tantanément transmise à l’espace endolymphatique ;
- si l’on considère l’oreille interne complètement close, sans communication avec les espaces
environnants, la Ph labyrinthique est minime, la hauteur de la colonne des liquides labyrin-
thiques étant très faible compte tenu des dimensions réduites de la cavité labyrinthique ;
- si l’on considère, en revanche, que l’aqueduc cochléaire et l’aqueduc du vestibule sont per-
méables, la Ph y est, en première estimation, assimilée à la Pic.
La pression aérienne ne joue pas de rôle significatif sur les pressions de l’oreille interne à l’état
normal. En première approximation, elle peut être assimilée à la pression atmosphérique.
Les variations qui interviennent dans l’oreille moyenne à la faveur d’une ouverture tubaire
sont habituellement très faibles.
1 - La membrane de Reissner est une membrane de la cochlée qui sépare le rampe vestibulaire du canal cochléaire. On croit
que cette membrane, faite de deux assises de cellules séparées par une mince couche fibreuse, ne serait pas complètement
imperméable, ce qui permettrait des échanges entre l'endolymphe et la périlymphe. (NDR)
La pression osmotique (π) des deux compartiments liquidiens joue un rôle essentiel dans l’ho-
méostasie labyrinthique.
Schéma 2 : Influence
de la pression osmo-
tique sur les différents
compartiments liqui-
diens
Une π peut s’illustrer par le schéma 2. Supposons une membrane semi-perméable (c’est-à-dire
perméable à l’eau mais imperméable aux solutés) séparant deux compartiments, l’un (A) conte-
nant de l’eau pure, et l’autre (B) une solution de glucose. La présence de solutés dans B induit
un mouvement d’eau de A vers B, c’est-à-dire de la solution ayant la concentration osmolaire
la plus faible (ici nulle en A) vers la solution ayant la concentration osmolaire la plus forte. Il
en résulte une augmentation du niveau de la solution B. Le déplacement d’eau s’arrête lorsque
la force hydrostatique F exercée sur la surface S par la colonne x est suffisante pour s’y op-
poser. Par définition, cette pression correspond à la π du compartiment B.
En ce qui concerne l’oreille interne, les π des deux compartiments dépendent de leur com-
position électrolytique (il n’y a pas de pression oncotique dans l’oreille interne car les liquides
labyrinthiques sont pratiquement dépourvus de protéines). Les mesures de π chez l’animal
[12] ont montré que :
• L’endolymphe de la base est plus osmotique d’environ 10 mOsm/l que l’endolymphe de
l’apex. Cette différence et son caractère constant peuvent s’expliquer de deux façons :
- soit la base sécrète plus de molécules osmotiquement actives (en l’occurrence du K+) qu’elle
n’en réabsorbe, cependant que l’apex absorbe plus de K+° qu’elle n’en sécrète. Le bilan glo-
bal des échanges est nul. Cette première hypothèse n’implique aucun mouvement d’eau,
seulement une diffusion du soluté (du sel mis dans un verre d’eau diffuse lentement à l’en-
semble du verre). Le siège de cette réabsorption est soit l’organe de Corti (dont les cellules
sensorielles sont dépolarisées par le flux de K+ ) soit la membrane de Reissner1 ;
- soit le sac endolymphatique joue un rôle actif, réabsorbant plus de solvant que de solutés
endolymphatiques. Ceci serait en accord avec certaines données démontrant une très forte
osmolarité du liquide prélevé dans le sac. Ceci expliquerait également un flux très faible
d’endolymphe baso-apicale (< 0.01 mm/min).
• la π de l’endolymphe est supérieure de 40 mOsm/l à celle de la périlymphe. Pareille diffé-
rence de π entre les compartiments endo- et périlymphatique devrait logiquement entraîner
un flux d’eau radial de la rampe vestibulaire périlymphatique vers la scala media, venant di-
luer l’endolymphe. Or l’hyperosmolarité de l’endolymphe est constante. Ceci peut s’expliquer
de deux façons :
- soit la membrane de Reissner est totalement imperméable à l’eau et aux solutés ;
- soit la membrane de Reissner est le siège (comme la strie vasculaire) de phénomènes actifs,
attirant le K+ et expulsant le Na+ au travers par exemple des canaux ioniques mis en évidence
à son niveau [14]. Cette activité maintient le gradient de pression osmotique.
Nous verrons plus loin les implications de ces données sur l’apparition de l’hydrops.
Le rappel anatomique décrit au paragraphe précédent suggère une interaction possible entre
espaces subarachnoïdien et labyrinthique par l’intermédiaire de l’aqueduc cochléaire et de
l’aqueduc du vestibule à la condition que ceux-ci soient perméables. Cette interaction peut
se faire selon deux mécanismes possibles, métabolique et/ou physique.
Les interactions métaboliques sont probablement très faibles. Il est peu probable que les
échanges ioniques et aqueux entre LCS et périlymphe via le canal cochléaire puissent in-
fluencer significativement les pressions osmotiques respectives des deux liquides.
Les interactions physiques, en revanche, sont plus intéressantes et attestées par des données
expérimentales autant que cliniques.
Il est établi de longue date [2, 3, 5] que la pression intra-labyrinthique reflète celle du LCS et
que toute variation de la Pic est transmise instantanément à la pression intra-labyrinthique.
Ce transfert pressionnel s’effectue essentiellement par l’aqueduc cochléaire. Des variations
pressionnelles de l’espace subarachnoïdien induites artificiellement par des changements
posturaux, par des injections de LCS artificiel ou par hypercapnie et hypoxie, sont transmises
linéairement et quasi instantanément au labyrinthe en cas d’aqueduc patent, beaucoup plus
faiblement, n’atteignant que 40 à 60 % de l’élévation du LCS, et de façon retardée en cas d’obs-
truction de cet aqueduc. En ce dernier cas, c’est sans doute par l’intermédiaire de l’aqueduc
du vestibule que s’effectue ce transfert partiel.
A l’état normal, en effet, cette interaction s’exerce simultanément et conjointement par le biais
du canal cochléaire sur le compartiment périlymphatique et par celui de l’aqueduc du vesti-
bule sur le compartiment endolymphatique, soit de part et d’autre de l’organe de Corti.
Une différence pressionnelle entre endolymphe et périlymphe supérieure à 20 mm d’eau
semble suffisante pour rompre la membrane de Reissner. Or un simple changement de pos-
ture de la position assise à la position couchée provoque une variation d’environ 70 mm d’eau
de la Pic et donc de la pression périlymphatique [8]. Il est donc probable (et nécessaire) que
les variations de la Pic sont également et simultanément transmises au compartiment endo-
lymphatique afin d’éviter toute différence pressionnelle. En d’autres termes, toute différence
de pression entre les deux compartiments labyrinthiques sera contrebalancée par une dé-
formation de la membrane de Reissner.
En pratique, la Pic varie de façon permanente en fonction de l’activité cardio-vasculaire, de
la respiration, du cycle menstruel chez la femme [8], mais également des variations de pres-
sion artérielle, du flux sanguin, de la toux, etc. Il est donc nécessaire que le canal cochléaire
agisse comme un filtre passe-bas, atténuant les variations trop rapides de la Pic et protégeant
les structures sensorielles d’une trop brutale variation pressionnelle. Comme nous l’avons vu
plus haut, les caractéristiques anatomiques du canal cochléaire sont donc essentielles : plus il
est étroit, plus il filtre les a-coups pressionnels du LCS et donc protège l’oreille interne.
De simples raisons physiques suggèrent que cette interaction hydrodynamique se fait avant
tout dans le sens espaces subarachnoïdiens ⇒ oreille interne. En effet, d’une part le volume du
LCS (140 ml) est environ 700 fois supérieur à celui des liquides labyrinthiques et d’autre part
la compliance des espaces subarachnoïdiens (c’est-à-dire leur capacité d’expansion) est près de
100 000 fois supérieure à celle de l’espace labyrinthique. Les espaces subarachnoïdiens sont
donc capables d’amortir sans le moindre problème une variation des pressions intra-labyrin-
thiques. A l’inverse, la moindre variation de volume du LCS retentit sur l’oreille interne dont
la seule possibilité d’expansion est constituée par le jeu des fenêtres. Ce jeu autorise au maxi-
mum une variation de volume de 0.2 μl, soit une variation de pression de 1 μm d’eau.
Une autre conséquence de la différence de compliance entre les compartiments labyrinthique
et subarachnoïdien est qu’un déplacement anormal (c’est-à-dire au delà des variations in-
duites par un son, cf § 2.4) de la platine provoque une variation de pression intra-labyrin-
thique immédiatement dissipée au travers de l’aqueduc cochléaire vers le réservoir infini que
constitue l’espace subarachnaoïdien avant que de retentir sur la membrane de la fenêtre ronde
ou la membrane de Reissner. Ainsi une variation de la pression ou du volume endolabyrin-
thique ne peut influencer de façon significative la pression et le volume intra-crâniens.
Les fenêtres ovale et ronde constituent les interfaces par lesquelles les variations de pression
de l’oreille moyenne peuvent affecter l’hydrodynamique de l’oreille interne.
Si l’on excepte les accidents barotraumatiques aigus, pressionnels ou autres, pouvant rompre
la membrane de la fenêtre ronde ou la platine, c’est en affectant la compliance des fenêtres
qu’interviennent ces interactions. Toute variation de pression significative de l’oreille
moyenne provoque une diminution de leurs compliances. L’augmentation de leur rigidité
affecte alors la fonction de transfert de l’aqueduc cochléaire dont la bande passante s’élargit,
c’est-à-dire que l’aqueduc cochléaire laisse passer des variations de la Pic de plus hautes fré-
quences : en d’autres termes il protége moins l’oreille interne.
C’est ainsi qu’en pratique une brutale augmentation de la pression de l’oreille moyenne fa-
vorisée par un dysfonctionnement de la trompe auditive ou par une variation barométrique
intense peut retentir sur l’oreille interne.
Cent cinquante après sa magistrale description, la maladie de Menière garde tous ses mys-
tères. Aucun des innombrables travaux qui lui ont été consacrés n’a permis, en effet, de ré-
soudre les énigmes cliniques, pathogéniques et thérapeutiques qu’elle soulève. Elle est
pourtant considérée comme l’affection pressionnelle type de l’oreille interne.
Nous analyserons dans ce chapitre les arguments permettant de soutenir cette conception
(excluant de la discussion tous les aspects non pressionnels).
L’hydrops endolymphatique
Schéma 2 - illustrant la relation Compliance, Volume et Pression. Noter que la compliance (pente de la courbe) di-
minue au fur et à mesure que la pression augmente dans un compartiment dont le volume ne peut plus croître.
- L’excès d’endolymphe que traduit l’hydrops endolymphatique peut s’expliquer soit par
une anomalie de sa production soit par défaut de sa résorption.
- Le fait qu’expérimentalement il soit possible de produire un hydrops selon des procédés
aussi différents que ceux décrits plus haut suggère que la maladie de Menière pourrait ré-
sulter des deux mécanismes.
- Une anomalie quantitative de production, c’est-à-dire une hypersécrétion d’une endo-
lymphe normale, reste peu probable.
- Une anomalie qualitative, c’est-à-dire une sécrétion d’endolymphe anormale, plus parti-
culièrement hyperosmotique par dérèglement des mécanismes homéostasiques, pour-
rait secondairement entraîner des mouvements d’eau à l’origine d’un hydrops.
Hydrops et hyperpression
Quel qu’en soit son mécanisme de formation, la présence d’un hydrops soulève la question
suivante : est-il synonyme d’hyperpression endolymphatique ?
Il semble, en effet, logique d’imaginer que la distension d’un compartiment aux parois sou-
ples et déformables comme le labyrinthe membraneux puisse traduire un excès de pression
interne. Mais il n’en existe aucune preuve directe chez l’homme car la mesure des pressions
intra-labyrinthiques se heurtent chez lui à des obstacles techniques et méthodologiques in-
surmontables à ce jour. En revanche, des arguments expérimentaux, physiologiques, histo-
pathologiques, cliniques permettent de le soupçonner.
Arguments expérimentaux
De nombreux auteurs ont enregistré les pressions labyrinthiques dans des modèles animaux
d’hydrops. Mais les résultats semblent contradictoires. Böhmer et al. [3, 4] ont montré que
cinq mois après création d’un hydrops chez le cobaye par cautérisation de l’aqueduc du ves-
tibule, la pression hydrostatique du compartiment endolymphatique était dans deux tiers
des cas très supérieure à la pression périlymphatique : 300 Pa vs 170 Pa, soit un gradient de
130 Pa. A l’inverse, Klis et Smoorenburg [26] ou Warmerdam et al. [55] n’ont retrouvé aucune
différence entre les pressions endo- et périlymphatiques.
D’autres travaux audiométriques ou électrophysiologiques menés sur de pareils modèles
n’ont pas non plus permis d’objectiver l’hyperpression intralabyrinthique (cf. infra : argu-
ments paracliniques).
Une analyse critique conduit à souligner que le modèle animal d’hydrops ne reproduit pas
la maladie de Menière de l’homme. De plus, les enregistrements effectués ne peuvent pas pren-
dre en considération le degré de distension et la compliance de la membrane de Reissner.
D’un point de vue théorique (cf. encart volume, pression et compliance), il est logique de pen-
ser que lorsque le volume d’endolymphe augmente (pour les raisons évoquées plus haut), la
pression augmente également dans le labyrinthe membraneux. Au début, ses parois résistent
puis se laissent distendre, absorbant l’augmentation de pression. Mais progressivement la
compliance du système diminue. Deux éventualités peuvent alors survenir :
- une rupture, et la pression baisse ;
- une modification structurelle de la membrane de Reissner la rendant inextensible, et la
pression reste élevée.
Arguments histopathologiques
La présence de ruptures du labyrinthe membraneux [46] semble constituer un argument in-
direct d’hyperpression. Qu’elles se situent dans le vestibule ou sur la membrane de Reissner,
elles résulteraient d’une poussée pressionnelle qu’elles soulageraient.
De même, la constatation de hernies localisées des parois du labyrinthe membraneux faites
d’une monocouche cellulaire (outpouching) [36] peut-elle refléter une hyperpression ponc-
tuelle. Notons toutefois que pour certains auteurs ces déformations localisées correspon-
draient en fait à un processus de cicatrisation après rupture [27].
Toutefois, ces ruptures ne sont pas constamment retrouvées [38] et l’hypothèse d’artéfacts de pré-
paration a été évoquée.
Arguments cliniques
La symptomatologie très caractéristique de la maladie peut – en partie du moins – s’expliquer
par les conséquences établies d’une hyperpression sur une structure gonflable comme le la-
byrinthe membraneux. La relation définie par la loi de Laplace stipule que plus le rayon de la
structure est grand, plus importante est la tension qui s’exerce sur ses parois :
P = T/r
Dès lors, une augmentation de pression peut agir par le biais de deux mécanismes possibles :
une rupture du labyrinthe membraneux et/ou une altération de la micromécanique cochléaire.
• La rupture, si elle survient, concernera plutôt le canal cochléaire, l’utricule ou le saccule (dont
le diamètre est plus grand) sur les canaux semi-circulaires (le gonflage d’un gant en caout-
chouc déforme davantage la paume que les doigts). Toutefois, outre le fait que ces ruptures ne
sont pas systématiquement retrouvées, d’autres arguments militent contre cette théorie :
- la survenue rapprochée, parfois quotidienne, de crises implique leur cicatrisation rapide ;
- comment une rupture cochléaire responsable d’intoxication potassique et de signes auditifs
[46] peut-elle provoquer simultanément des signes vestibulaires alors qu’elle est censée re-
lâcher l’hyperpression ?
• Il n’est donc sans doute pas besoin de rupture pour expliquer pareils symptômes car la sim-
ple distension des parois du labyrinthe membraneux pourrait permettre de les expliquer. En
effet, la constatation de canaux ioniques sensibles à l’étirement – et donc à un à-coup pres-
sionnel - permettrait d’expliquer une perturbation électro-chimique de l’endolymphe par
fuite ionique [57].
• Une altération de la micro-mécanique aussi bien au niveau cochléaire qu’au niveau vesti-
bulaire peut également résulter de toute dysrégulation pressionnelle.
Arguments paracliniques
L’aspect ascendant de l’audiogramme tonal, le délai des ondes aux P.E.A. plus court, au moins
sur certaines fréquences [52], l’augmentation du potentiel de sommation à l’électrocochléo-
graphie (reflétant un déplacement de la membrane basilaire sous l’effet de l’hyperpression
[9]) ou les modifications des oto-émissions acoustiques spontanées [1] constituent des ar-
guments – indirects- en faveur d’une hyperpression.
La technique développée par Marchbanks était censée pouvoir enregistrer les pressions in-
tralabyrinthiques [29]. Elle repose sur la mesure des déplacements de la membrane
tympanique en réponse à la contraction réflexe du muscle de l’étrier. En cas d’hyperpression
intralabyrinthique, la position de la platine de l’étrier est modifiée et le déplacement du tym-
pan réduit. Les études n’ont malheureusement pas permis d’objectiver de modifications si-
gnificatives dans la maladie de Menière [42].
Implications thérapeutiques
Elles sont malheureusement minces. Aucun essai contrôlé n’a jamais pu démontrer l’effica-
cité à moyen ou long terme des thérapeutiques, médicales ou chirurgicales, se proposant de
corriger les causes ou conséquences de l’hyperpression endolabyrinthique [54]. Leur foulti-
tude défiant la simple énumération, seuls seront envisagés ici ceux à visée pressionnelle.
Les diurétiques à dose filés (Lasilix ®) associés à un régime hyposodé et une éventuelle com-
pensation potassique agiraient par déshydratation globale ou sur l’homéostasie des liquides
labyrinthiques. En réalité, les données expérimentales suggèrent plutôt un effet ototoxique.
Les médicaments per os à visée osmotique (Glycérotone ®) sont volontiers utilisés en phase
aiguë. Ils ne peuvent être utilisés de façon prolongée et leur efficacité à terme est douteuse.
De même le mannitol en perfusion IV est-il souvent prescrit selon des modalités variables.
Son effet sur l’hyperpression n’est pas démontrée.
Les aminoglycosides administrés localement ont également été proposés – non pour détruire
chimiquement l’épithélium sensoriel vestibulaire et le rendre ainsi aréflexique – mais pour dé-
truire les cellules sombres et donc réduire la production d’endolymphe vestibulaire [2].
La pose d’aérateur trans-tympanique serait efficace sur la survenue des vertiges [34]. Le mé-
canisme d’action en reste mal compris. En soulageant la dépression intra-tympanique, l’aéra-
teur pourrait lutter contre les variations de pression atmosphérique et leur incidence sur celle
de l’oreille moyenne et contre la tendance à l’expansion du compartiment endolymphatique.
La sacculotomie transplatinaire, effectuée sous anesthésie locale [14], éventuellement mainte-
nue par mise en place d’un clou [7], permettrait à l’excès d’endolymphe de s’évacuer dans l’oreille
moyenne ou dans les espaces périlymphatiques. On peut en rapprocher la cochléo-sacculoto-
mie [47] qui se propose d’organiser la fistule endo-périlymphatique de façon permanente au tra-
vers de la fenêtre ronde. De réalisation aisée, ces techniques mineures exposent à un risque de
surdité pour une efficacité excellente pour les auteurs, quasi nulle pour les autres.
Les chambres d’hyperpression et le « Meniett » reposent sur la notion qu’une hyperpression
induite dans l’oreille moyenne est transmise à la périlymphe par la fenêtre ronde et exerce une
contrainte sur le compartiment endolymphatique et particulièrement sur la membrane de
Reissner, limitant ainsi le développement de l’hydrops [8, 43]. Par ailleurs, l’hyperpression
labyrinthique soulagerait la congestion du réseau vasculaire provoquée par la distension du
labyrinthe membraneux notamment dans la région entourant l’aqueduc du vestibule, ce qui
en faciliterait la perméabilité et favoriserait donc le drainage de l’hydrops vers le sac [5]. Cet
effet serait plus net si l’aqueduc cochléaire est peu perméable, ne laissant pas l’hyperpression
périlymphatique se dissiper vers l’espace subarachnoïdien.
En pratique, les patients sont placés en chambre pressionnelle soit en hypopression d’envi-
ron 30 à 50 cm d’H2O (ce qui induit une hyperpression relative de l’oreille moyenne), soit
après pose d’aérateur transtympanique en hyperpression pulsionelle [9, 22, 53].
C’est sur le même principe que repose la technique du Meniett. Il s’agit d’un générateur por-
table de pression délivrant des pulses pressionnels d’environ 20 cm d’H2O et d’une durée de
0,6 sec délivrés à l’oreille moyenne au travers d’un aérateur transtympanique par cycle d’une
minute. Expérimentalement, les travaux de Salt et al. [44] ont montré que des à-coups pres-
sionnels provoquaient un mouvement longitudinal d’endolymphe apico-basal. Des essais
multicentriques semblent en avoir démontré l’efficacité [16, 51].
Décrite par G. Portmann en 1927 [40], elle se justifie par le souci de pallier l’incapacité du sac
à réabsorber l’endolymphe en incisant sa paroi mastoïdienne et décomprimant ainsi le laby-
rinthe membraneux. La technique initiale s’est enrichie de multiples raffinements visant à
maintenir permanente l’ouverture du shunt ou à satisfaire diverses et ingénieuses hypothèses
pathogéniques : revascularisation du sac par lambeaux divers, restauration de la fonction
équipressionnelle entre espaces subarachnoïdien et labyrinthique, suppression de la sécrétion
de glycoprotéines limitant ainsi la formation de l’hydrops en amont par exérèse de la portion
extra et si possible intra-osseuse du sac.
Sans entrer dans un débat dont on peut s’étonner de la pérennité, l’on peut se contenter de
souligner que, quelles que soient les améliorations techniques, les résultats rapportés font
état d’un taux d’amélioration constant ne dépassant pas le mur fatidique des 70 %.
Le syndrome de déhiscence du canal semi-circulaire (CSC) supérieur est une entité clinique
récemment décrite [9] associant divers symptômes audio-vestibulaires et, radiologiquement,
une déhiscence du sommet de la convexité du canal semi-circulaire supérieur. Au delà de
son intérêt clinique et thérapeutique, et malgré sa rareté, ce nouveau syndrome représente un
modèle permettant d’étudier la fonction canalaire [3, 4] et de confirmer les travaux histo-
riques de Tullio dans les années trente.
Données cliniques
La déhiscence n’est pas toujours symptomatique (de nombreuses cas sont découverts de façon
fortuite au scanner), mais lorsqu’elle l’est, les symptômes en sont multiples et variables d’un in-
dividu à l’autre, ce qui rend son diagnostic difficile [1]. Cette anomalie peut et doit être suspectée
devant :
- des oscillopsies parfois pulsatiles ou des crises de vertige, déclenchés par le bruit fort (phé-
nomène de Tullio), par des manœuvres ou circonstances modifiant la pression intracrânienne
ou celle de l’oreille moyenne (Vasalva, pression sur le conduit auditif externe, jogging, etc) ;
- des chutes à l’emporte-pièce simulant une drop-attack [2] ;
- un déséquilibre chronique ;
- une hyperacousie ou une autophonie ;
- une hypoacousie modérée, progressive ou brutale.
A l’examen clinique, un nystagmus peut être déclenché par la manœuvre de Vasalva ou par la
pression du conduit auditif externe (signe de Hennebert). Le sens du nystagmus est variable,
rotatoire dans le sens horaire ou anti-horaire, vertical supérieur ou inférieur, selon le sens des
mouvements liquidiens générés dans le canal par les modifications de pression.
La surdité est de transmission ou mixte, uni ou bilatérale mais avec conservation des réflexes
stapédiens. Le Rinne audiométrique prédomine habituellement sur les fréquences graves
mais parfois également sur les fréquences aiguës. Les potentiels évoqués otolithiques (P.E.O.)
sont également présents. Ces données doivent alerter le clinicien car ils éliminent une at-
teinte de la chaîne ossiculaire et donc, un possible diagnostic d’otospongiose.
C’est la théorie dite de la 3° fenêtre qui rend compte au mieux des données cliniques observées.
Une des surprenantes manifestations de la déhiscence du CSC supérieur est l’existence d’une
surdité de transmission théoriquement incompatible avec la conservation du réflexe stapé-
dien et des P.E.O. Pour affirmer la relation de causalité entre l’anomalie anatomique et cette
manifestation clinique, il faudrait démontrer que le colmatage de la déhiscence ferme le
Rinne audiométrique. Mais la rareté des indications chirurgicales rend cette preuve difficile
à apporter. Minor rapporte néanmoins un cas d’amélioration significative de l’audition avec
une amélioration du Rinne de 20 dB [10].
Des arguments indirects permettent de penser que la déhiscence du CSC supérieur est di-
rectement responsable du Rinne audiométrique :
- l’exploration chirurgicale de l’oreille moyenne ne montre aucune anomalie ossiculaire [7] ;
- les explorations fonctionnelles telles que le réflexe stapédien, les PEO et l’évaluation de la
vibration ossiculaire par laser-Doppler sur l’umbo militent également contre une atteinte
du système tympano-ossiculaire [7] ;
- les expériences animales ont montré que la création d’une déhiscence du CSC supérieur en-
traîne une amélioration de la sensibilité de l’oreille interne aux sons par conduction osseuse
et une diminution des seuils en conduction aérienne [11].
La déhiscence du CSC supérieur agirait donc comme une 3e fenêtre dans l’oreille interne en-
traînant une élévation des seuils en conduction aérienne et une amélioration des seuils en
conduction osseuse.
L’élévation de la CA s’expliquerait ainsi. Une onde sonore aérienne est transmise à l’oreille in-
terne par l’étrier. En cas de déhiscence du CSC, une partie de cette onde est dissipée dans ce
canal ce qui diminuerait l’amplitude de l’onde sonore et donc celle des mouvements de la
périlymphe dans la cochlée. Les contraintes physiques imposées par l’anatomie du labyrinthe
humain suggèrent que cette perte d’énergie sonore est plus importante dans les basses fré-
quences. La surdité de transmission serait donc une surdité mécanique d’oreille interne.
La (trop) bonne CO s’expliquerait également de la façon suivante. Une stimulation sonore os-
seuse agit par effet de compression, c’est-à-dire que la vibration de la cochlée stimule direc-
tement les fluides et donc l’organe de Corti. L’inégalité d’impédance entre fenêtre ovale et
fenêtre ronde entraîne une différence de pression à travers la compartimentation cochléaire
résultant en un mouvement liquidien et la perception sonore (si la platine de l’étrier était
aussi souple que la fenêtre ronde, il n’y aurait pas d’asymétrie de pression). La déhiscence du
CSC supérieur augmente l’inégalité d’impédance entre les 2 fenêtres et donc des mouve-
ments liquidiens de périlymphe, ce qui améliorerait la sensibilité de l’oreille interne aux sons
transmis par voie osseuse. Cette amélioration serait plus importante dans les basses fré-
quences (< 2 kHz).
Une des grandes inconnues du syndrome de déhiscence du CSC supérieur reste de savoir
pourquoi cette déhiscence ne donne pas les mêmes symptômes chez tous les patients, autre-
ment dit pourquoi certains patients présentent seulement des symptômes vestibulaires, d’au-
tres des symptômes auditifs et d’autres audio-vestibulaires. Une des explications avancées
mais qui reste à démontrer serait liée à l’importance de la déhiscence : une déhiscence de
petite taille n’aurait pas le même retentissement sur l’audition qu’une plus large.
La théorie de la 3e fenêtre rend compte également des symptômes vestibulaires. A l’état nor-
mal, les mouvements de l’étrier modifient la pression dans le vestibule, mais aucun mouve-
ment ne peut se produire dans le CSC puisque la pression s’exerce de façon identique sur les
deux extrémités du canal. En revanche, en cas de déhiscence osseuse, la modification de pres-
sion dans le vestibule va entraîner un mouvement liquidien du vestibule vers la déhiscence.
Un enfoncement de l’étrier (par pression positive dans le conduit auditif externe ou par ma-
nœuvre de Valsalva) qui induit une augmentation de pression dans le vestibule produit une
force ampullifuge (excitatrice) sur la cupule. A l’inverse, une diminution de la pression dans
le vestibule ou une augmentation de la pression du LCS produit une force ampullipète (inhi-
bitrice) sur la cupule.
Traitement
Le traitement chirurgical est habituellement réservé aux patients présentant des symptômes
vestibulaires invalidants [8]. Il consiste à colmater la déhiscence par voie sus-pétreuse, soit
en réparant la déhiscense osseuse avec un greffon osseux soit en comblant le canal avec de
la cire. Ce dernier serait plus efficace mais à plus haut risque de labyrinthisation (surdité de
perception et déficit vestibulaire qui disparaît généralement en quelques semaines ou mois
et qui serait moins invalidant que la symptomatologie vestibulaire initiale). La chirurgie est
efficace sur les symptômes vestibulaires induits par les modifications de pression ou le bruit
et sur le déséquilibre chronique. Elle est également bénéfique sur la surdité de transmission
et l’autophonie. En cas de bilatéralité, seule l’oreille la plus symptomatique est habituellement
opérée. Dans certains cas, le coté le plus symptomatique peut être déterminé par le patient,
sinon par l’amplitude du nystagmus induit par les modifications de pression ou le bruit.
Il faut néanmoins mentionner l’existence de faux positifs au scanner, car celui-ci ne peut dé-
tecter une coque osseuse de moins de 0,1mm d’épaisseur. C’est alors l’exploration chirurgi-
cale qui va permettre de récuser le diagnostic de déhiscence du labyrinthe. C’est pour cette
raison que l’indication chirurgicale ne doit être portée que chez les sujets ayant un tableau
clinique concordant avec le diagnostic de déhiscence du CSC supérieur.
D’abord basé sur des constatations anatomopathologiques [4] puis tomographiques [23], ce
syndrome représente la plus fréquente anomalie de l’oreille interne. Selon les critères radio-
logiques retenus, son incidence varie de 0,64 % [15] à 4 % [14]. Il associe une dilatation de
l’aqueduc du vestibule, congénitale ou acquise précocement, une surdité le plus souvent bi-
latérale, et plus rarement des manifestations vertigineuses [5, 11, 13, 15, 23].
La dilatation pourrait résulter d’un arrêt du développement à la 5e semaine de gestation [12]
ou d’une anomalie de développement post-natal [21].
Figure 3 : dilatation de
l’aqueduc du vestibule non
syndromique
La surdité est de perception pure ou mixte, brusque, parfois fluctuante, parfois progressive.
Compte tenu de la malformation sous-jacente, il est probable qu’elle soit présente dès la nais-
sance mais souvent méconnue, et qu’elle s’aggrave avec l’âge. La survenue d’une surdité
brusque chez un sujet jeune doit faire suspecter la possibilité d’une dilatation [19] Elle sem-
ble pouvoir être révélée ou aggravée par tout mécanisme augmentant la Pic (sports, effort
physique, variation atmosphérique brutale), d’où la recommandation d’éviter les variations
brutales de pression atmosphérique et les sports de contact [14]. Un accouchement peut éga-
lement notamment être une circonstance révélatrice [14].
Son aspect audiométrique varie : le plus souvent descendante, elle peut être ascendante, plate,
en U, minime ou confiner à la cophose. La tympanométrie est normale. Les potentiels évo-
qués otolithiques sont généralement conservés avec des seuils abaissés [22].
Les manifestations vertigineuses s’observent dans près de la moitié des cas [16, 18, 26]. Elles
peuvent être de type « Menièriforme », positionnelles, ou déclenchées par la toux, l’éternue-
ment et par tous facteurs d’élévation de la Pic. Elles peuvent ne se manifester que tardivement
à l’âge adulte.
Radiologiquement, le diamètre de l’aqueduc à mi-distance de la crus commune et de l’orifice
externe est supérieur à 1,5 mm. Des études par IRM ont montré qu’il existait aussi une ano-
malie du modiolus cochléaire [17] ainsi qu’une dilatation du sac endolymphatique [14].
La relation entre la sévérité des symptômes et l’importance de la dilatation est discutée [1, 14].
Figur
Dans tous les cas, un bilan radiologique doit être demandé devant toute surdité de l’enfance, goître
quel qu’en soit le type. A: cou
B: cou
Ce phénotype peut être isolé [7, 14, 15] ou associé à divers syndromes systémiques, syndromiques
et non syndromiques dont les génotypes sont actuellement en cours d’identification [9, 10].
Le syndrome de Waardenburg
De transmission autosomique dominante, ce syndrome associe une surdité congénitale et des
anomalies pigmentaires de la peau et des yeux avec mèche de cheveux blanche et dystopie can-
thale. Les mutations concernent les gènes WS types 1 et 3.
Un défaut de migration des mélanocytes de la crête neurale priverait la strie vasculaire de cellules
intermédiaires, provoquant la dégénérescence secondaire de la strie, de la cochlée et du vestibule.
Figure 4 : Syndrome de Pendred. Homme de 31 ans adressé pour Figure 5 : Reconstruction 3d du rocher précédent. Noter la largeur de l’encoche osseuse
goître et porteur d’une subcophose remontant à l’enfance. du sac endolymphatique à la face postérieure du rocher.
A: coupe axiale.
B: coupe coronale.
Traitement
Il n’y a pas de traitement efficace des manifestations otologiques rencontrées dans ce syn-
drome. Ni la décompression ni l’obstruction du sac endolymphatique intra- [25] ou extralu-
minale [24], ni la pose d’un shunt arachnoïdien [13] ne donnent de résultats. Une
labyrinthectomie chimique peut être proposé dans les rares cas de vertiges [7]. L’implanta-
tion cochléaire a pu également être proposée dans certains cas de surdités profondes [2, 3].
Dans tous les cas, la prévention des traumatismes crâniens quelle qu’en soit la nature et des
à-coups pressionnels est importante.
Il s’agit d’un syndrome rare dans lequel sont impliquées des mutations du gène POU3F4.
Il associe une surdité congénitale de type mixte (cf. infra) et des anomalies de l’oreille interne
dont la principale est l’absence de séparation entre conduit auditif interne et vestibule [1, 4,
5, 8]. Il en résulte un « gusher », c’est-à-dire une inondation de L.C.R. lorsque, par mégarde,
on pratique une stapédectomie pour un diagnostic erroné d’otospongiose.
La surdité, DFN3, est congénitale, souvent bilatérale, de type mixte avec composante
transmissionnelle importante de 50-60 dB [2]. Elle peut donc évoquer un blocage stapédo-
vestibulaire. Les antécédents familiaux de surdité ne sont pas toujours présents.
Figure 6 : Audiogramme tonal d’un patient adressé pour prise en charge d’une surdité de transmission droite remontant
à l’enfance et apparemment non évolutive.
Figure 7 : Scanner en coupe axiale du rocher passant par le conduit auditif interne. Noter la déhiscence du fundus. Le risque
de « gusher » conduisit à ne pas explorer chirurgicalement l’oreille moyenne.
Physiopathologie de la surdité
L’atteinte de la CO s’explique par l’hyperpression permanente s’exerçant sur les délicates struc-
tures sensorielles. Jointe aux à-coups pressionnels aigus quotidiens, cette hyperpression finit
par léser l’organe de Corti.
Toutefois, la CO est parfois de très bonne qualité voire anormalement bonne ceci pourrait
s’expliquer par le fait que c’est par effet de compression que la vibration de la cochlée stimule
l’organe de Corti. Dans une cochlée hypoplasique et donc de petite taille, ce phénomène de
compression serait plus efficace sur les liquides labyrinthiques.
Quant à la préservation du réflexe stapédien, paradoxale pour une surdité à composante
transmissionnelle, elle s’expliquerait par l’absence d’anomalie ossiculaire et par le fait qu’en
réalité, il s’agirait d’une fausse surdité de transmission.
Traitement
Nous avons vu plus haut que la perméabilité de l’aqueduc cochléaire était discutée chez
l’homme. S’il est établi qu’il assure le transfert de la Pic au labyrinthe, il est peu probable qu’il
permette la libre communication des liquides périlymphatique et cérébro-spinal.
Dans une situation chirurgicale toutefois, sa perméabilité est incriminée : lorsque lors d’une
stapédectomie se produit une issue lente mais continue de périlymphe. Cette situation, rare,
est aisément distinguée de celle décrite au paragraphe précédent où l’issue de périlymphe est
immédiate et massive. Le liquide qui s’échappe initialement correspond à la périlymphe, mais
après quelques minutes, ne peut plus être que du LCS. Décrite par les auteurs anglo-saxons
sous le terme de « oozer » (suffusion) [3, 6, 7], cette situation nécessite le colmatage étanche
de la fenêtre ovale par un greffon d’aponévrose temporale. Le résultat auditif peut être satis-
faisant (à l’opposé du gusher où la cophose est fréquente).
La perméabilité anormale de l’aqueduc cochléaire (qui s’ouvre dans la rampe tympanique près
de la fenêtre ronde) ne peut malheureusement pas être prévue par la tomodensitométrie.
Données cliniques
Physiopathologie
Sa physiopathologie est inconnue. L’HICI est, par définition, secondaire à une élévation anor-
male de la pression du LCS, elle-même secondaire soit à une augmentation de production par
les plexus choroïdes soit à une mauvaise résorption au niveau des villosités arachnoïdiennes.
L’hypothèse la plus admise est celle d’une augmentation de la résistance à l’écoulement pas-
sif du LCS dans la circulation veineuse par le biais d’une augmentation de la pression veineuse
intracrânienne.
Traitement
La conduite est dictée par la sévérité des céphalées et des signes oculaires. Les traitements
comprennent :
- l’arrêt de certains médicaments et la lutte contre l’obésité ;
- la ponction lombaire dont l’effet est parfois spectaculaire. Malgré un taux de production éle-
vée, de 0,35 ml/min, la soustraction de 30 ml de LCS est parfois suffisante pour faire disparaî-
tre les symptômes. Elle peut être répétée ;
- l’administration d’acétazolamide (Diamox®) à la dose de 1 à 2 g/j, de corticoïdes plus dis-
cutés ou d’Epitomax® à doses croissantes ;
- la dérivation lombo- ou ventriculo-péritonéale en cas d’altération sévère de la fonction vi-
suelle ou de céphalées persistantes malgré un traitement médical bien conduit ;
- la fenestration de la gaine du nerf optique en cas d’évolution visuelle défavorable.
Une surdité est souvent observée dans des cas d’hypotension intracrânienne. Les circons-
tances les plus classiques en sont : les ponctions lombaires [2, 15], les rachianesthésies [25,
29] de 0,2 à 3 % des cas [18, 29] et fonction alors de la taille de l’aiguille utilisée [10, 13, 18],
les myélographies, la chirurgie de la fosse postérieure ou rachidienne [27]. On peut toutefois
observer des cas d’hypotension intra-crânienne spontanée [6, 8, 12, 20, 22, 23, 24].
La surdité est habituellement transitoire, bilatérale, affectant les basses fréquences. Elle ré-
cupère dans des délais variables : en quelques heures au point même de passer inaperçue,
en 2 à 3 semaines [10, 19] voire en 1 à 2 ans [29, 30]. Les otoémissions acoustiques sont pa-
rallèlement affectées [11].
Il s’y associe de façon très caractéristique des céphalées orthostatiques parfois sévères, cal-
mées par la position allongée avec acouphènes, vertiges, nausées et/ou raideur nucchale [21,
22]. D’autres symptômes sont également rapportés : instabilité, flou visuel, paralysie oculo-
motrice, nausées, acouphènes, photophobie, etc [1, 7, 16, 26].
Le diagnostic d’hypotension intra-crânienne repose, en principe, sur la constatation par
ponction lombaire d’une pression < à 60 mm d’H2O. Mais compte tenu des circonstances
causales, cette mesure n’est pas pratiquée et des méthodes non invasives ont été dévelop-
pées : étude par Doppler de flux sanguin de la veine ophtalmique supérieure [5],
cisternographie ou myélographie visualisant directement une fuite de LCS.
Mais c’est l’IRM qui apporte des arguments caractéristiques : prise de contraste marquée,
Figure 10 : Amélioration de
l’audiogramme et normalisa-
tion de l’aspect IRM après
« blood patch ».
Les mécanismes possibles de l’hypotension sont une baisse de la production de LCS, une
réabsorption accrue ou une fuite. Plusieurs arguments militent en faveur de cette dernière hy-
pothèse :
- la cisternographie isotopique, la myélographie de contraste ou l’IRM ont visualisé des fuites
spontanées cervicales, dorsales ou lombaires [7, 22] ;
- des traumatismes crâniens minimes ou des efforts physiques intenses à l’origine de déchi-
rures durales autour des racines nerveuses sont parfois retrouvés.
Cette déplétion de LCS provoque une hypopression intra-crânienne qui, secondairement,
entraîne une déplétion périlymphatique au travers d’un aqueduc cochléaire anormalement
patent [4, 14, 15] avec hypopression périlymphatique [28]. Cette hypopression périlympha-
tique entraîne une hyperpression endolymphatique responsable d’un hydrops expliquant la
surdité sur les basses fréquences [20, 17].
Traitement
C’est celui de l’hypotension intra-crânienne et de ses causes. A côté du repos allongé, de l’ad-
ministration de caféine, de gluco- ou de minéralocorticoïdes, on a pu proposer des infusions
intra-durales de sérum salé (5 ml/h) jusqu’à amélioration des symptômes. Bien souvent, la
simple reproduction de LCS suffit à amender les symptômes en moins de 24 h.
En cas de fuite objectivée et localisée, notamment après rachianesthésie, on réalise un « blood
patch ». Cette technique consiste à injecter environ 30 ml de sang autologue dans l’espace pé-
ridural afin de réaliser un caillot de colmatage.
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PATHOLOGIE PRESSIONNELLE EN ORL
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