Vous êtes sur la page 1sur 10

La Mère du Printemps (L'Oum-er-Bia) (1982) constitue le deuxième texte de la trilogie tellurique de l'auteur

marocain Driss Chraibi, également formé par Une enquête au pays (1981) et Naissance à l'aube (1986), oeuvres
qui racontent les exploits d'An Yafelman à rester unis et ne pas périr face aux différentes situations historiques
qu’ils doivent affronter. Avec ces romans, que certains auteurs ont appelés "l'histoire de la famille Ait
Yafelman", Chraibi suggère que les Berbères sont les premiers habitants du Maroc et ceux qui ont pleinement
droit à la terre, même s'ils ont dû résister à certaines vagues d'invasions qui les ont réduits à une minorité 1 ;
dans ce sens, nous constatons que la culture berbère, trahie par la civilisation moderne, « a besoin d'être
rappelant la gloire passée"2• En plus d'assumer une intrigue unique, ces trois œuvres impliquent une série de
constantes et de répétitions thématiques, structurelles et formelles qui permettent de les considérer comme
une trilogie ; cependant, ils présentent aussi de fortes différences : tandis que l'écriture d'Une enquête au pays3
reflète l'aliénation des modèles Européens et Américains de la société de consommation, dans les deux autres
textes la caricature cède place au symbole et à l'euphorie de l'histoire4 . Le conflit présenté par l'auteur
coïncide dans les trois textes puisque, comme nous l'avons commenté précédemment, le problème de la survie
de tout un peuple face aux vicissitudes historiques adverses auxquelles il doit exister, sans oublier qu'elle a
aussi subi les conséquences d'une histoire qui domine5• La sortie offerte est également récurrente, trouvant
toujours une solution collective face à ce fait social. D'autre part, la trilogie nous présente le conflit existentiel
de l'auteur mis à jour dans l'Histoire et nous trouvons un chevauchement clair des auteur lui-même dans
l'intrigue anecdotique des histoires. Chrai:bi prend le sujet traité comme manifestation de sa lutte personnelle,
se considérant comme un autre des Alt Yafelman à préserver la tribu, en projetant en fin d'intrigue cette
fonctionnalité dans sa propre fils.

Le conflit auquel nous nous référons est résolu de manière optimiste6 parce que l'identité de la tribu parvient à
se maintenir au fil des siècles grâce à des processus d'adaptation et transformation continue7 . En tout cas,
dans les trois textes, cette solution est posé au départ de manière négative, depuis l'Alt Yafelman, le
représentants des structures traditionnelles, doivent fuir l'espace qui leur appartient et, inévitablement, ils
apparaissent isolés dans les montagnes8 au XXe siècle.

La représentation de la réalité est également identique dans les trois œuvres. toujours le lecteur trouve une
tradition tout à fait privilégiée, à tous points de vue, et une une modernité qui voit ses référents subvertis à
tout instant. Dans l'un des trois textes dans lesquels nous nous plaçons, l'auteur a consciemment maintenu une
opposition constante entre les deux pôles de cette dialectique. La tradition, d'ailleurs, est toujours représentée
par l'AH Yafelman, tandis que la modernité est faite de Les Français du XXe siècle, les Arabes du VIIe siècle ou
l'armée berbère qui fut le protagoniste de la conquête d'Al-andalus9• Avec cette façon de présenter la réalité,
Chraibi a le l'intentionnalité de dénoncer tout le système historique qui n'a fait que contribuer à l'humanité
corrompue et les cellules familiales et tribales de base. Par ailleurs, l'auteur s'appuie sur la présentation de
cette vision de l'Histoire pour étayer son idée de retour à l'époque tellurisme et vie ancestrale, les origines de
la vie. La trilogie suggère, pour J. Kaye et A. ZoubirJO, que la colonisation française était à la fois superficielle
et un moment historique nécessaire. Chrai'bi lui-même déclare : « Je ne suis pas colonialiste, je ne suis même
pas anti-colonial. Mais je suis persuadé que le colonialisme était nécessaire et salutaire au monde musulman"
11 •

Avec l'étude que nous entamons ensuite, nous entendons procéder à une lecture critique des deuxième texte,
avec l'intention de mettre en évidence les rouages du roman selon des critères thématiques et formels. Nous
allons d'abord esquisser un lecture descriptive des éléments qui participent aux travaux pour poursuivre les
dérives symboliques qui sont extraites de cette analyse précédente.

l. LE CONFLIT

La Mère du printemps, roman entièrement consacré à "la folie de la lumière et de l'eau" 12 constitue la défense
de ce qui a toujours été essentiel pour Chralbi : la terre, le eau et lumière 13 . Ce texte est né, comme l'avoue
lui-même l'auteur, de la rêverie d'un La photographie:

"J'étais tombé sur la photo d'une jeune fille en train de laver son linge dans la rivière. Cela m'a fait plonger en
arrière, remonter le cours des siècles. J'ai donc décrit l'arrivée des armées Islamiques en Afrique du Nord" 14•

Cet ouvrage, qui tire son nom de la rivière qui descend de l'Atlas et se jette dans le océan au large
d'Azzemour, se divise en deux sections bien différenciées de 15 qui traite du problème de l'identité à travers
l'écriture historique 16• Dans le premier d'entre eux l'auteur nous raconte la tactique qu'une famille
traditionnelle, réfugiée dans le terres arides de l'Atlas marocain, se développe pour survivre à l'évolution
historique souffrir son pays. L'élément négatif est représenté, à l'autre pôle de la dialectique entre tradition et
modernité, par les Français et par le système du Protectorat de Maroc 17 • La deuxième partie raconte la vie
d'Azwaw AH Y afelman, qui représente l'esprit berbère 18 , et sa famille à l'époque avant et précisément après
l'invasion de l'Afrique du Nord par l'armée arabe et son général Oqba ibn Nafi. Après un exposé des aspects
humains et sociaux qui caractérisent les cellules tribal, apparaît la description de la décision qu'ils ont prise
d'endurer après cette conquête.

Ainsi, par exemple, le sort de bien d'autres tribus et clans de Berbères qui qu'ils ont péri devant l'envahisseur
ou qu'ils ont survécu en s'annexant. reste aussi illustre le processus de métissage qui s'est produit entre les
membres de ces tribus.

Azwaw, le personnage principal de ce texte, prend Hineb pour femme bien qu'elle ne appartient à l'AH
Yafelrnan. Yerma et Yassin sont nés de cette union, espoir de perpétuation de la tribu, comme nous aurons
l'occasion de le dire. En fin de compte, le texte raconte toutes les phases d'adaptation et de préparation
qu'Azwaw conçoit et impose à son peuple en espérant qu'il sera valide au moment de l'invasion d'Oqba ibn
Nafi, les étapes qui passent par le chemin de l'ouverture culturelle 19• Comme on peut le voir, l'œuvre fait
référence à la mécanismes développés pour la survie de la famille Alt Yafelman en deux des moments
historiques différents et bien éloignés dans le temps.

Malgré la partition en deux grandes sections offerte par la lecture de l'intrigue du texte, il est divisé par
l'auteur lui-même en trois sections et chacune d'elles porte un titre fortement significatif : Epilogue, Première
marée et Deuxième marée.

L'amplitude narrative qui existe entre eux est assez inégale, étant la section centrale la plus étendue.

L'épilogue est le plus court et n'est pas formellement divisé en chapitres, bien que cinq sections puissent être
envisagées. De nature intrinsèquement descriptive, constitue un point d'union avec Une enquête au pays,
puisque, entre autres coïncidences, est composé des mêmes personnages, au même lieu et à la même date
close, 1982. Les thèmes fondamentaux du roman sont cités bien que son développement a lieu plus tard :
Islam, Temps, Terre, Eau, Lumière, etc.

Premiere Marée est composé de sept chapitres. Initialement, cette section représente une grande analepse par
rapport aux coordonnées temporelles de la précédente. La situation a radicalement changé et maintenant nous
sommes en l'an 681, à l'embouchure de la rivière Ourn-er-Bia et devant une série de personnages initialement
inconnus : Azwaw, Hineb, Yerma, Yassin, etc. L'auteur nous présente les membres d'une tribu et le passé qui
les a unis à d'autres structures similaires, lorsque les luttes intertribales ont cédé à une guerre de religion
contre un ennemi étranger qui proclame un monothéisme clair contre le polythéisme auquel croyait toute cette
série de tribus ancestrales ; un ennemi qui est non seulement prêt à changer son mode de vie, mais veut aussi
changer son façon de penser et même son âme. Ainsi, par exemple, Hineb est le seul survivant féminin du
Far'oun et, donc, le seul espoir de prolongation, par le procréation, de la tribu. Il devient ainsi le germe de sa
propagation, et en possesseur de son histoire, puisque son père20 lui raconte toute la trajectoire de son peuple
"Après le commencement du monde"21 (p. 59). Les AH Yafelmans vous offrent l'hospitalité et Azwaw
détermine que Hineb sera sa femme. Sans entrer dans une étude exhaustive des mécanismes qui sont déduits
de la structure de l'histoire, on perçoit que les chapitres ne suivent l'ordre chronologique des événements,
puisqu'ils participent à de nombreux analepse et prolepsie entre eux. Les sujets décrits dans la section
précédente demeurent traité en profondeur.

Deuxième Marée contient cinq chapitres dans lesquels les événements sont précipités qui avait été légèrement
mentionné dans la section précédente. commencer par du neuf actants et de coordonnées différentes. Les
allusions à Oqba ibn Nafi, à la guerre qu'il entreprend et à l'Islam sont constants. Bien que les deuxième et
troisième sections du texte supposent une nette analyse par rapport aux premiers, il est vrai aussi qu'ils jettent
les bases récits pour qu'elle existe. Après avoir parcouru toute l'Afrique du Nord, Oqba sait que la conquête
est finie et que la Mère du Printemps marque le dernier frontière. S'établit alors une véritable impulsion de
séduction et de répulsion entre le gentleman d'Allah et du Fils de la Terre, entre l'Arabe et le Berbère, au sein
d'Azwaw même : "Je t'ai connu toi, Oqba. Je t'ai aimé. Mais comment peut-on aimer quelqu'un ou quelque
chose a choisi la folie des aleux tout en le détestant parce qu'on ne veut pas de maître ? jamais de maître qui
vous rend esclave, meme au nom de l'amour? qui gagnera ? Le Berbère ou le Musulman? Moi ou moi ?
Les marches sont raides et hautes. L'une après l'autre, peniblement je les grave. Avec moi, monte une très
ancienne patience, venue du fond de tous les âges, et qui portera ses fruits dans les assiège à venir. Qui
arrivera dans haut le premier ? Le croyant ou le stop ? L'appel à la priorité, nous le lancerons tous les deux
avec la meme foi... Dieu jugera, la Mere du printemps aussi." (p.212)

Selon des critères purement chronologiques, le schéma de la structure narrative du le texte serait :

PREMIÈRE MARÉE : II - IlI - IV - VI - VII - V - I

DEUXIÈME MARÉE : I - ll - IIl - IV - V

ÉPILOGUE : 2 - 3 - 4 - 1- 5

Malgré cette subdivision à laquelle nous venons de faire allusion, le texte a une unité interne incontestable Le
plus curieux de tous est le titre symbolique que chacun reçoit des rubriques. Si le texte raconte, comme nous
l'avons commenté, le chemin parcouru par tout un peuple a dû continuer pour ne pas périr comme tel, pour
ne pas perdre son identité personnelle et qui les caractérise et, en même temps, de survivre face à la symbiose
forcée avec d'autres peuples et religions, c'est aussi une histoire dans laquelle affirmation de l'identité d'un
peuple qui vit en communion avec le Cosmos et avec le Nature, et ce sera cette cosmicité qui lui donnera sa
force en tant que telle. Tout ce processus de l'affirmation a différentes phases dans sa trajectoire et chacune des
sections du texte illustreront l'une des facettes de ce processus, d'où le nom significatif qu'ils portent.

La première montre déjà le résultat atteint avec les deux autres sections, et par qui reçoit le nom d'épilogue
(bien que ce soit la première chose que le lecteur trouve). Mais en même temps c'est vrai que c'est un début,
puisque le combat contre l'Histoire revient se produire et les Ai't Y afelman doivent considérer une fois de
plus la manière appropriée de survivre face à la modernité. De ce point de vue, il devrait s'appeler Prologue
au lieu de Épilogue (et on peut dire que c'est vraiment le début d'un autre conflit qui sera développé dans Une
enquête au pays). Ce chapitre, et le titre qu'il reçoit, donnent le texte un certain caractère circulaire, puisque
nous sommes conscients que tout le processus historique par qui est passé reviendra à ses origines une fois de
plus. D'ailleurs, c'est précisément ce combat entre les nouvelles invasions et la famille traditionnelle, entre
l'Histoire et La cosmicité, qui donne l'unité au texte. Le conflit existentiel qui surgit dans L'histoire n'a pas
d'autre solution que cette bataille continue pour la survie. Première Marée suppose le premier contact avec le
problème qui leur sera présenté, c'est un premier vague d'invasions qui ne les touche pas directement mais qui
les oblige à prendre une série de décisions et d'envisager des solutions dont ils ne connaissent pas l'issue.
l'apparente la conversion intellectuelle et religieuse a commencé car tous les Ait Y afelman se préparent pour
l'arrivée des musulmans, l'apprentissage de leur langue et la connaissance du Coran.

La Deuxième Marée reflète déjà la véritable invasion à laquelle ils sont soumis en tant que peuple et la
assimilation physique qu'ils doivent accepter. Le processus de conquête, du point de vue des musulmans, ou
de symbiose, de celle des AYt Yafelman, passe donc par deux moments différents, reflétés dans deux sections
différentes. Prenant comme base idéologique la capacité d'assimilation qui se développe tribu et le choc des
cultures qui s'opère pour que cette symbiose soit effective, l'unité du texte serait parfaitement déterminé. Dans
l'intrigue de l'histoire, cette unité est vue reflétée par la coïncidence d'éléments appartenant aux différentes
coordonnées présents dans l'œuvre, comme certains de ses personnages, l'espace physique où développer des
actions, etc.

Pour une approche méthodologique de chacun des paramètres que nous adoptons, nous devrons sans cesse
nous référer à la situation de la famille au XXe siècle et dans volume 681. Ainsi, par exemple, l'espace naturel
du 20ème siècle est restreint à une montagne (fief des AYt Yafelman) en temps de sécheresse, en constante
opposition à tout ce qui appartient au domaine de la vallée, une dichotomie qui n'affecte que le conflit latent
entre tradition et modernité. Ainsi, les représentants de la civilisation sont défini comme "les fils de la plaine"
(p.26), tandis que Raho Ait Yafelman est "un homme de la montagne » (p. 19), une différence explicitement
reflétée dans le texte22 • Dans les autres sections de l'ouvrage, la situation varie parce que la tribu n'a pas
encore été vue obligés de fuir vers les montagnes et celles-ci ne sont rien de plus que le lieu d'où provient la
rivière qui leur donne vie.

2. Les PERSONNAGES
Dans l'étude des personnages23 qui participent à la trame anecdotique du texte, la division fournie par
l'auteur est pertinente au moment de son classement, puisque chacune des sections comprend un univers
actantiel différent, bien que les mondes de les deux derniers sont beaucoup plus proches. Suite au
développement de l'intrigue du texte, Il n'y a aucune relation entre les personnages de la première section et le
reste, malgré le fait que beaucoup d'entre eux coïncident sur le plan symbolique. D'autre part, la dichotomie
entre tradition et la modernité reste valable au niveau actantiel. Mais des deux pôles de la dialectique, il y en a
un qui prévaut sur l'autre à travers diverses techniques que l'auteur utilise consciemment pour des raisons
idéologiques évidentes. Le monde de la tradition est beaucoup mieux représentée que celle des envahisseurs.
Les individualisations dont univers ancestral sont plus parfaits et nombreux, se faisant mieux connaître que
les autres monde.

Dans Épilogue, nous trouvons deux blocs actantiels clairement différenciés qui correspondent à la dichotomie
entre tradition et modernité à laquelle nous avons déjà fait allusion dans nombreuses reprises. La tradition
serait représentée par un actant collectif, la famille Alt Yafelman et autres tribus, tandis que la modernité
correspond à Léta (L'Etat), également conçu comme un actant collectif. Dans les deux univers, il y a des
individualisations importantes, mais dans le monde de la tradition, ils reçoivent un nom qui permet de les
identifier au sein de la communauté, tandis que dans l'univers du civilisation, ces individualisations passent
inaperçues, puisqu'elles ne sont que membres, sans personnalité, au sein de cet actant collectif qui demeure, en
définitive, niée et même ridiculisée.

Dans Première Marée et Deuxième Marée les deux acteurs se retrouvent groupes précédents, bien que la
modernité soit représentée par les envahisseurs arabes et par son général Oqba ibn Nafi. L'Alt Yafelman
réapparaît comme un actant collectif clairement différenciés du reste et unis entre eux par des liens très forts et
avec une conscience tribale importante; ce sera précisément ce caractère collectif qu'ils possèdent qui les
empêchera d'être anéanties par le passage du temps et par le développement de l'Histoire24 •

Les individualisations les plus représentatives dont il dispose sont Azwaw25 (avec le double facette d'homme
politique et de père), Hineb26 (mère de la tribu, qui ayant perdu sa souvenir de son passé, il le retrouve au
moment où il doit à nouveau affronter avec la réalité de l'invasion27), Yerma (espoir de pérennisation de la
tribu qui aura continuation à Naissance à l'aube au moment de son accouchement28), Yassin (dont le propre
nom est le résultat de l'assimilation aux Arabes et qui devient le garant de la fusion des deux cultures) et une
série de personnages collatéraux qui jouent un rôle fondamental dans la préparation que les Alt Yafelman
effectuent pour l'arrivée des Arabes. De leur côté, les envahisseurs, conçus comme un actant collectif,
apparaissent comme tel dans la troisième partie de l'ouvrage. Le caractère unique qu'ils ont en fera un entité
puissante contre les organisations tribales factionnelles contre lesquelles ils se battent habituellement.

Bien qu'ils soient très nombreux, ils agissent comme s'il s'agissait d'un actant individuel et bien défini, un fait
qui constituera l'une des armes les plus puissantes dont ils disposent dans le l'invasion et la conquête qui ont
été proposées. Cette unicité est également garantie par la forte présence de leur religion et l'existence d'un chef
unique, Oqba ibn Nafi. Allah est à lui seul dieu et, à cause de cette circonstance, les Arabes deviennent des
êtres supérieurs aux composantes des structures ancestrales, puisque ces dernières vénèrent un grand
diversité des dieux et des êtres surnaturels. Malgré cette singularité, on trouve une série de personnages
individualisés avec une grande force symbolique, comme c'est le cas de Azoulay, Naquishbendi et le général
lui-même. Le cas de l'Imam Filani est très significatif, puisqu'il suppose une synthèse de tous les éléments vus
jusqu'à présent en étant à cheval entre les deux univers actantiels. D'une part, il est chargé de répandre l'islam
(au moins qui concerne les envahisseurs); d'autre part, il s'agit d'Azwaw lui-même, « venu étranger au sein de
sa propre culture"29 , qui use de son influence et de sa position au sein de la nouvelle structures dans
lesquelles il s'est inséré pour tenter de sauver son peuple, l'Alt Yafelman30 .

En ce sens, ce personnage représente le triomphe du plan imaginé par Azwaw. Au pénétrer les envahisseurs
corps et âme, ont réussi à passer inaperçus parmi eux, portent leur conquête particulière de l'intérieur des
structures mêmes dont ils forment part31 . Tout comme Chraybi suggère que les païens berbères peuvent
vivre de Au sein du monde arabo-musulman, J. Amaud32 réfléchit à la possibilité que le L'auteur marocain,
"converti" à la langue et à la culture françaises, les subvertit et perpétuant le lien qui l'unit à son pays33

3. LE TEMPS
En abordant l'analyse de la coordonnée temporelle34 du roman, on s'aperçoit que que la dichotomie
tradition/modernité est à nouveau présente et, comme dans le reste de paramètres d'étude, l'univers
traditionnel est privilégié par rapport à l'autre. D'une part, il y a une intention claire de la part de l'auteur de
déterminer exactement le Temps Historique dans lequel son œuvre se situe à chaque instant à travers des
références évident et explicite et avec un désir de ne pas universaliser le conflit proposé, mais avec l'intention
de le préciser autant que possible afin que le lecteur ne l'extrapole pas à partir de son coordonnées
correspondantes. 1982 et 711 sont les deux moments clés et, pendant ce temps, le L'histoire n'a fait que se
répéter car, en réalité, il n'y a eu que des structures similitudes et assimilations progressives par les A'it
Yafelman à tous les éléments que les différentes invasions et conquêtes, les différents événements historiques
présent35 . Dans Epilogue la référence est parfaitement datée et les allusions à la politique courant sont
constants. Quelque chose de similaire se produit dans les deux autres sections. La "préface" précède la
narration entend montrer qu'il ne s'agit pas d'un récit historique, mais d'un rêverie de l'histoire36 , bien que les
références historiques soient innombrables et que l'auteur Je veux qu'ils soient parfaitement définis. Première
et Deuxième Marée sont situées dans le moment du processus d'islamisation de toutes les tribus berbères
d'Afrique du Nord s'est produit au VIIe siècle et les aspects qui apparaissent représentés dans le roman sont
de ordre politique, comme dans la section précédente, comme les différentes invasions, les guerres intertribal
et la victoire des A'it Yafelman dans cette situation.

Quant à l'étude du temps tel qu'il est perçu par les différents personnages, le déjà La dichotomie tradition-
modernité mentionnée est toujours d'actualité. Dans Épilogue le temps des Français est pratiquement nié
puisque, également dans ce paramètre, la L'auteur annule tout type de représentation qui n'appartient pas à
l'univers ancestral. Ainsi, le le temps est en charge des A'it et des afelman, qui le mesurent comme une
succession de cycles naturel : le passage de la nuit au jour, d'une saison à l'autre, etc. la vitesse manque
importance et ce facteur sera l'une des armes avec lesquelles ils lutteront contre la modernité. Dans Le temps
de Première et Deuxième Marée cesse d'être unique pour se dérouler en deux et se raconter deux histoires
parallèles : celle d'Azwaw et celle d'Oqba ibn Nafi, toutes deux rythmées par de nombreuses analepses qui
rendent difficile la perception de la chronologie des événements raconté. En tout cas, la tradition reste le pôle
privilégié de l'écriture ce temps est devenu un allié pour la famille et une arme contre invaders37 : c'est ainsi
que commence "la bataille du temps" (p. 208) qui parvient à les sauver.

Tout cela se fera de manière totalement pacifique, sans qu'il soit nécessaire de se battre ni verser le sang,
contrairement à ce que d'autres tribus avaient fait dans le même situation. De cette vision s'expliquent les
références continuelles à l'éternité.

et à la conception très particulière de l'avenir qu'ils ont. Le temps est synonyme d'eau et La vie, éléments
fondamentaux pour la survie38 . La perception que les Arabes ont de cet élément est complètement différent.
Pour eux, cela ne suppose pas une entité essentielle placée que la religion et l'islam sont le prisme à travers
lequel ils reçoivent et perçoivent tout, y compris temps39 , une conclusion à laquelle est parvenu l'Imam Filani
après s'être assimilé aux envahisseurs.

Enfin, et pour finir avec l'étude consacrée aux éléments temporaires dans le roman, on se référera au temps qui
correspond à la figure du narrateur, où il y a unité puisqu'il y a différents temps superposés et non
chronologiques. Dans Il y a d'abord deux narrateurs. L'heure 1 coïncide avec une heure avant le l'islamisation
et dans lequel un retour à cette période pré-islamique est proposé, critiquant corruption sociale à laquelle la
religion a conduit. Temps II, dans lequel même l'histoire devient à la première personne, s'accorde avec la
première phase de l'islamisation, avant que l'invalidité totale et l'absence de cohérence de ces structures soient
vérifiées, à l'aune desquelles les AYt Yafelman luttent pour constituer un élément étrange et diviseur entre
eux. La Le narrateur est Imam Filani, un personnage qui réincarne Azwaw et son plan de survie.

4. LA PERCEPTION DE LA RÉALITÉ

En approfondissant les dérives symboliques extraites de cette précédente analyse descriptive, nous pouvons
affirmer qu'Azwaw se présente comme le représentant de toute une communauté, puisque elle suppose le
catalyseur d'une conscience collective ultérieure. Ainsi, dans ce travail, comme dans tous trilogie, nous
sommes confrontés à un conflit unique représenté par Azwaw, Raho, Filani, le Le commandant Filagare d'Une
enquête au pays40 et Chrai'bi lui-même, qui est impliqué trop et en fait un combat personnel41 • Ce conflit a
une solution sociale et collective à partir du moment où tous les Ai"t Yafelman sont ceux qui Ils se battent pour
survivre. L'auteur débat, en définitive, contre la corruption l'histoire et prône l'idée de tellurisme, c'est-à-dire
un retour aux origines dans lesquelles les éléments naturels, comme la Terre, étaient à l'origine de tout. Le
développement et la solution problème soulevé dans le roman sont optimistes, bien que cette affirmation
puisse être un tellement paradoxal. Il est vrai que les AYt Yafelman ont dû se soumettre aux Arabes, mais c'est
la seule issue possible pour survivre. Ils se soumettent, mais en s'assimilant ils ont garantie de ne pas périr en
tant que peuple, et nous les retrouvons donc au 20e siècle. De cette forme, Raho suppose un retour aux
origines en forme de vie et d'existence ; l'identité des Ai't Yafelman a résisté à travers les siècles sans être
corrompu, et il devra donc continuer à être D'ailleurs, il y aura toujours quelqu'un, un membre de la famille,
même quand l'auteur n'est pas là42 , qui est chargé de garder la tribu ensemble, sans la possibilité que il n'y a
pas de type d'involution . Le roman suppose, en définitive, le processus éducatif d'Azwaw et, à travers lui, des
AYt Yafelman, leur conscience de la chercher une solution définitive qui leur permette de survivre et de ne pas
se disperser. Aller franchir peu à peu les étapes marquées par les événements historiques et les le conflit
parvient à les libérer tous dans leur intégralité. D'autre part, le texte aussi contribue à soulever une plainte
sociale de la fiction, dénonciation des annulations et subjugation subie par de nombreux peuples, comme le
montre bien la dédicace qui précède le récit et que nous reproduisons ci-dessous en raison de son importance,
dont l'intentionnalité indiscutable est d'universaliser, à la fois spatialement et temporellement ou

Historiquement, le conflit a soulevé : "Ce livre est dédié à L'Oum-er-Bia (La mère du printemps), le fleuve
marocain à l'embouchure duc! je suis né Je meurs également aux Fils de la Terre, les Berbères, qui dans fils les
héros; à L'Islam des premiers temps: l'exil qui !'a vu naitre du désert et de la nudité, tout comme a !'Islam de
l'apogée: Cordoue; aux Indiens d'Amérique parquet dans des réserves et que l'on interroge à présent comme
autant de doutes salutaires dans les certitudes de civilisation; aux Palestiniens, aux Celtes, aux Occitans, aux
peuplades <lites primitives, a toutes les minorités qui, somme toute, sont la plus grande majorité de notre
monde et dont je suis le frere. D.C." (p. 9) 44 .

Et tout au long de ce processus, la perception qu'offre le roman de la réalité. En systématisant certaines des
affirmations que nous avons esquissées dans cette analyse, nous constatons que la réalité qui caractérise les
prototypes de la modernité est presque nulle.

Dans Epilogue, nous trouvons un monde complètement dépersonnalisé qui ressemble même expulsé de
l'espace qui lui appartient - la ville et "la plaine" - et il se retrouve toujours représenté dans les montagnes de
l'Alt Yafelman. De même, leurs structures social et familial sont complètement annulés. Nous n'avons trouvé
qu'une série de des fonctionnaires représentant une bureaucratie qui ne leur appartient même pas45 , qui, en
théorie, ils se sentent supérieurs aux AYt Yafelman, avec un prétendu avantage sur eux déduite de leur
appartenance à une prétendue civilisation. Ils n'ont rien, leur habitat et l'univers est complètement nié dans le
cadre du roman, étant évident le total subversion de tout élément représentant la modernité dans l'espace du
famille traditionnelle. Les seuls aspects de votre réalité qui sont présents sont, dans finalement, l'intérêt
bureaucratique comme but ultime de toute action sociale et le manque de adaptabilité à la nouvelle situation à
laquelle ils doivent faire face46 • Dans les deux autres parties du roman, la même chose se produit, de sorte
qu'il s'ensuit que ce qui est vraiment important sont les invasions successives, non pas qui, quand ou pourquoi
elles les ont menées, car toutes les ennemis sont égaux devant la conscience traditionnelle ; de ce point de vue
Nous affirmons qu'à La Mère du printemps nous ne sommes pas confrontés à un conflit religieux, mais face à
une autre des nombreuses agressions que les Ai't Yafelman ont subies tout au long du Histoire. La dynamique
même du retour à la mémoire ancestrale, à l'Histoire, conduit à auteur d'un retour à l'Islam, qu'il avait tant
vitupéré dans Le Passé Simple en 195447 • Le L'organisation sociale des Arabes n'est pas non plus représentée
et seuls les guerriers et ceux qui se battent, ceux qui poursuivent la domination des autres peuples par la force
et ceux qui propagent l'islam de manière non pacifique : les représentants des gouvernants, en définitivement,
comme au XXe siècle l'étaient les bureaucrates. Alors qu'est-ce qui a Ce sont les méthodes qui ont changé, et
non l'arrière-plan idéologique que suppose toute conquête. Il est intéressant d'observer comment la hiérarchie
sociale s'identifie au militaire48 , depuis le La seule organisation à trouver est le fait qu'Oqba est le patron
incontesté. Pour D'autre part, l'habitat qui leur est propre est drastiquement annulé (comme dans XXe siècle)
car seules les campagnes militaires dont ils sont les protagonistes sont relatées et en ceux qui, après avoir
remporté la victoire, construisent des mosquées49 .

Quant au monde de la tradition, la perspective adoptée change complètement depuis l'univers des Ai't
Yafelman est privilégié par rapport à tous les autres, consciemment et volontairement par l'auteur dans les
trois sections du roman. Un de mécanismes qui permettent à l'auteur d'obtenir cet effet réside dans
l'exhaustivité descriptions que l'on trouve de ce milieu, avec une structure sociale parfaitement détaillées et
avec des caractères identifiés et individualisés. L'Islam n'apparaît plus que comme une force de pression qui
est dirigée contre eux et de Ja qu'ils doivent défendre, tout comme la bureaucratie. Ce sont les raisons pour
lesquelles ils se mobilisent et mettre en œuvre le plan de survie imaginé par Azwaw, qui leur servira tout au
long de l'existence et à travers de nombreux siècles de hauts et de bas historiques défavorables.

Sans aucun doute, l'intentionnalité que poursuit Chraibi avec cette manière de représenter la réalité n'est pas
de dénoncer un système politique précis mais tous les éléments qui ont contribué tout au long de l'histoire à
l'anéantissement, dans la plupart des cas, et à la corruption d'une série de cellules tribales et ancestrales
minoritaires qui n'ont pas eu chance de vous défendre. L'Alt Yafelman se présente comme une sorte de
revanche que le l'auteur a concocté pour contrecarrer cet effet négatif dans une certaine mesure et
récompenser ces tribus disparues ; l'intention, donc, de présenter et/ou de cacher la réalité de texte n'est pas
purement politique, mais aussi religieux et idéologique. Le conflit qui principe a été limité à l'Atlas marocain
et aux vestiges de la famille Alt Yafelman, grâce à la prologue consciemment extrapolé et universalisé.

L'auteur tente, en revanche, de prôner un retour aux origines telluriques avant que la corruption historique a
fait des ravages. Cette intention est présente dès la "préface" du roman lui-même : "Ceci n'est pas un livre
d'histoire, mais un roman. S'il prend source dans l'Histoire, il y entre surtout l'imagination galopante de
l'auteur, qui me ressemble comme frere. Dans conséquence, toute ressemblance de quelque nature que ce soit
avec des événements Historiques ne seraient que pure coïncidence, une heureuse rencontre. Il reste que ce qui
n'a ni Je n'ai changé ni vieilli depuis le fond des âges, c'est la terre. Etj'ai toujours eu la folie de la lumière et de
l'eau. Si ces deux éléments viennent à manquer, l'histoire des hommes tarit..." (p. 11)

Pour atteindre cet objectif, la seule solution possible est la lutte active et consciente, illustré dans le roman par
l'attitude d'Azwaw, Filani, Raho et de tous les Alt Yafelman, y compris l'auteur lui-même. Cette sortie est tirée
d'un complètement positif, contrairement à ce qui s'est passé dans le texte précédent, si l'on tient compte du
fait que il y aura toujours quelqu'un capable de devenir ce que Raho représente, dans le creuset de la lutte
pour la survie de tout un peuple face à toute invasion qui pourrait survenir. dans cette sens, le seul élément
capable de conserver et de reconstituer cette tradition est la mémoire ancestral, qu'il ne faut pas perdre et que
les Alt Yafelman sont chargés de transmettre, étant le moyen par lequel ils pourront un jour retrouver le passé
préislamique si positif pour la famille. C'est le sens de l'histoire que la mère d'Azwaw (avec de nombreux
points dans avec laquelle Ali, dans Une enquête au pays, rappelle en fin de texte50) raconte son fils pour que
la tradition ne se perde pas avec le temps : "- Ma mere me l'a raconté voila longtemps, trois longtemps. Et ma
grand-mere l'avait dis à ma mère Et ainsi de génération en génération en remontant le temps. Et ainsi notre
mémoire ne s'est pas perdu. Je vais vous dire la véritable Histoire : celle de la Terre. et hé vous dirai ensuite
comment s'est légendée l'Histoire des hommes qui a pris tant de place après (... )."(p. 92)51

Enfin, l'auteur se manifeste aussi à travers une série de présences obsédantes manifestes à tous les niveaux de
la dialectique établie entre tradition et modernité dans les deux moments historiques. Suivant les principes de
Ch Mauron52, Quoi parler d'une présence vérifiable dans différents textes du même auteur de réseaux fixes de
associations involontaires qui sont le témoignage de sa pensée primitive et qui se transforment selon leur
charge émotionnelle, on peut observer que dans cette œuvre les l'ensemble de ces présences forme un système
signifiant dans lequel l'optique se manifeste que l'auteur a voulu transmettre par l'écriture. Premièrement,
nous trouvons la vision d'une structure temporelle ambiguë dans laquelle le Temps est un élément positif
pour l'Alt Yafelman, l'arme qui joue en leur faveur et avec laquelle ils pourront résister en survivant toutes les
invasions, alors que c'est un facteur négatif pour toutes représentants de la modernité, quel que soit le moment
de l'histoire où apparaître.

Deuxièmement, la dimension symbolique acquise par la Terre, qui est dotée d'un le sens sacré, comme l'eau,
constitue une autre des présences obsédantes caractéristiques de la pièce, ainsi que de toute la trilogie. La
Terre est détentrice du passé ancestral et l'histoire de la famille AH Yafelman, et de ce point de vue il faut la
préserver intacte et sans altérations d'aucune sorte. C'est pourquoi elle apparaît féconde et sous un angle
positif dans tout le temps, sauf quand l'auteur veut justement démontrer que l'évolution l'histoire ne fait que
corrompre tout ce qui concerne les cellules tribales.
L'eau est un autre des éléments fondamentaux pour compléter la lecture de cet ouvrage. Il apparaît toujours
comme synonyme de vie53 et comme symbole de fécondation54 . en cas de disparition (à l'époque de la
sécheresse subie par la tribu et des terribles conséquences que suivi55), les communautés ancestrales sont en
danger de périr. D'autre part, tout le monde aller chez les AH Yafelman, qui s'appellent "Les Fils de L'eau",
parce qu'ils ils possèdent ce liquide et, pour la même raison, sont convoités par les envahisseurs arabes.

De plus, l'importance de cet élément est corroborée en vérifiant que le nom del rio" constitue le titre proposé
par l'auteur. Et tous ces composants sont étroitement liés les uns aux autres. Pour J. Fernandez57 , les éléments
essentiels de la nature -l'eau et la terre- (auxquels la présence de lumière58 et temps) "entretiennent entre eux
un réseau d'union : ils connaissent le fertilité, régénération et pérennité ».

5. CONCLUSIONS

Après l'analyse descriptive et interprétative que nous avons faite de ce roman, nous avons pu parvenir à une
série de conclusions qui ont été énumérées tout au long de ce étude. Néanmoins, nous considérons qu'il est
important de faire une synthèse pour établir quels ont été les points conflictuels ou productifs de ce travail.
Dès le premier instant le dichotomie entre tradition et modernité a été en vigueur dans le texte et dans de
l'optique d'acteur adoptée : la segmentation, l'étude des personnages, la temps, niveau symbolique, etc. Toutes
ces études partielles nous ont amenés à déduire que l'auteur a consciemment voulu privilégier une série de
structures traditions traditionnelles et ancestrales et, à cette fin, a misé sur la destruction systématique de
toutes ce qui s'oppose à ce système préislamique. Le lecteur, sans aucun doute, se sent identifié dès le début
avec l'univers de l'AYt Y afelman quand il est devenu clair que les envahisseurs arabes, les Européens ou toute
autre manifestation de la modernité qui présents sont l'élément négatif et discordant d'un monde où tout leur
est définie par l'harmonie, la paix et le bonheur.

Il faut reconnaître que la solution apportée au conflit soulevé est totalement inattendu. Les AYt Y Afelman
sont connus pour avoir survécu à l'invasion musulmane du XVIe siècle. VII, puisque l'auteur a fait en sorte
que le prologue du texte soit développé en XX59 ; mais on ne sait pas comment ils réussissent à survivre.
Aussi étonnant est le fait de l'identification entre l'Imam Filani et Azwaw lui-même bien que, bien sûr, il le
plus surprenant de tous est le recoupement de l'auteur sur tous ces actants chargé de préserver la mémoire
ancestrale et le culte traditionnel de l'élément tellurique.

Sans aucun doute, avec ce texte, comme avec toute sa trilogie, Chralbi a atteint son But de l'écriture : "Pour la
distraction, il y a le journal, le policier. Mais un livre digne de ce nom doit donner un pense. Un livre c'est une
somme d'expériences d'ou doit une lei;on utile sur le projet humain." 60 L'ouvrage, de par tous ces détails,
reste aujourd'hui d'une grande actualité, surtout si le nous considérons de deux points de vue différents :
d'une part, en raison des positions écologistes actuels, avec qui justement un retour au origines de l'humanité
où l'ensemble de l'environnement naturel était beaucoup plus respecté et tellurique; d'autre part, on retrouve
le dilemme entre intégration et/ou assimilation, si courant à cette époque en raison des attitudes xénophobes
de certains secteurs sociaux, devant lesquels l'auteur reflète:

REFERENCIAS BIBLIOGRÁFICAS

AA.W.

"Littératures Maghrébines de langue fran9aise", en Recherches et travaux Bul.31,

Grenoble, 1986, pp. 7-9.

ABDELJAOUAD, H.,

"Driss ChraYbi. Une enquéte au pays" en World literature today nº

56,4, 1982, p.738.

ACCAD, E., "La longue marche des héroi:nes des romans modemes du Machrek et du

Maghreb" en Présencefrancophone nº 12, 1976, pp. 3-11.


ARNAUD, J., La Littérature maghrébine d'expression fran<;;aise. T.!: origines et

perspectives, París, Publisud, 1986.

BACHAT, Ch., "Un retour aux origines" en La Quinzaine Littéraire nº 356, 15 oct. 1981,

p. 14.

BAENA GALLÉ, V., "L'universalisation actantielle dans la trilogie tellurique de Driss

Chraibi" en Présence Francophone, 54, 2000, pp. 41-64.

BAENA GALLÉ, V., "La structure temporelle dans La Mere du printemps de Driss

Chraibi" en Littéréalité Vol. XII, nº 2, 2000, pp. 41-51.

BOURAOUI, H., "Une enquéte au pays par Driss Chraibi" en Présence Africaine nº 123,

1982, p.236.

CAÑOS, l. y RIVAS, M, "Interview a Driss Chraibi", en / ci et La nº 23, Abril 1992, p. 56-

57.

CHRAIBI, D., lnterview en Les Nouvelles littéraires nº 24, janvier 1957, p.4.

CHRAIBI, D., La Mere du printemps (L 'Oum-er-Bia), Paris, Ed. Du Seuil, 1982.

CHRAIBI. D., Une enquéte au pays, Paris, Éd. Du Seuil, 1981.

DÉJEUX, J., "Chrai:bi (Driss). La Mere du printemps (L 'Oum-er-bia)" en Annuaire de

l'Afrique du Nord, 1982, p. 956.

ENCKELL, P., "Le rire désesperé de Chralbi" en Les Nouvelles Littéraires nº 2792, 18 juin

1981, p. 40.

FERNÁNDEZ GUERRERO, J.,

"Le symbolique dans La Mere du printemps de Driss

Chraibi" en Actas del JI Coloquio sobre los estudios de Filología Francesa en la

Universidad Española (Bravo, J. Ed.), Murcia, Universidad de Castilla-La

Mancha, 1994, pp. 369-375.

GAUTHIER, J.D., "La Mere du printemps de Driss ChraYbi" en World literature Today nº

57, 3, 1983, p. 503.

GRENAUD, P., La Littérature au soleil du Maghreb, Paris, L'Harmattan, 1993.


JOUBERT, J.-L., Les Littératures fracophones depuis 1945, Paris, Bordas, 1986.

KA YE, J. y ZOUBIR, A., The ambigous compromise, Londres, T.J. Press, 1990.

KHATIBI, A., Le roman maghrébin, Paris, Maspero, 1968.

37

MAURON, Ch., Des métaphores obsédantes au mythe personnel, Paris, José Corti, 1963.

MEMMI, A., Écrivainsfrancophones du Maghreb. Anthologie, París, Seghers, 1985.

MORTIMER, M., "Driss Chralbi. Naissance a l'aube" en World Literature Today nº 61-2,

1987, p. 339.
OTENG, Y., "Identité et culture dans La Mere du printemps de Driss ChraYbi" en

Littéréalité Vol. XII, nº 2, otoño-invierno 2000, pp. 53-61 .

WARNER, K. Q., "Driss Chraibi. La Mere du printemps" en The French Review, nº LVIII,

1984-1985, p. 154.

Vous aimerez peut-être aussi