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Ph.

Müllhaupt

Introduction à la Commande des


Systèmes Dynamiques
21 février 2011

EPFL - SIE
I ère Edition
1
SYSTÈMES DYNAMIQUES ET
COMMANDE

L’objet d’étude consiste en la présentation de quelques techniques d’ana-


lyse et de modification du comportement des systèmes dynamiques.
Il s’agit donc de présenter ce que l’on entend par système dynamique et
par modification du comportement. Cette dernière notion est, de manière plus
sommaire, appelée commande du système dynamique. La commande peut
être manuelle ou, le plus souvent, automatique, c’est-à-dire sans intervention
humaine immédiate, ou, plus précisément, par l’application systématique d’un
résultat obtenu de manière mécanique par une méthode algorithmique. Cette
méthode algorithmique peut, ou non, être le résultat de l’élaboration d’une
stratégie issue d’une réflexion humaine.

1.1 SYSTÈME DYNAMIQUE

1.1.1 Définition d’odre générale

Lorsque les notions de système et de variables sont définies (cf. section


suivante), un système dynamique est grosso modo une relation entre les va-
riables décrivant le système et une variable chronologique représentant le plus
souvent le temps. Cette relation sera, dans notre exposé, modélisée par une
progression déterminée par une fonction.
La distinction précise de la variable chronologique (qui n’est rien d’autre
qu’une variable particulière) par rapport aux autres variables, consiste en
l’existence d’un certain ordre de progression des autres variables par rapport
à la variable chronologique. Cette progression sera, dans notre contexte, sup-
posée être déterminée par la relation décrivant le système dynamique. Ainsi,
on attribuera aux variables du système un indexage par rapport à la variable
chronologique.
Nous commençons par laisser momentanément de côté à la fois la va-
riable chronologique et la relation décrivant le système dynamique pour nous
concentrer sur la notion de système et de ses variables.
4 1 SYSTÈMES DYNAMIQUES ET COMMANDE

1.1.2 Système

La notion de système est souvent introduite pour décrire l’objet de notre


étude et l’isoler ainsi de son environnement. Un système peut représenter :

– Un ensemble d’éléments en interaction organisé pour un but précis (une


entreprise).
– Un ensemble de composants qui sont intégrés pour accomplir une tâche
(un mécanisme).
– Un ensemble d’objets en interaction qui peut, en première approxima-
tion, être considéré comme avoir peu de relation avec l’extérieur (le
système solaire).
– Le contenu d’une boı̂te noire mal connue par l’observateur (une télévision).
La notion de système est large, pour ne pas dire vague. Le seul point commun
entre le système métrique, un système d’équations ou le système solaire est,
justement le mot système, c’est-à-dire un ensemble d’éléments.
Les différentes notions relatives à l’interaction d’un système avec son en-
vironnement sont représentées à la figure 1.1.

1.1.3 Relation chronologique et propriétés des systèmes

Variable chronologique et règle de progression

Nous considérerons deux classes de systèmes dynamiques, ceux continus


dont la variable chronologique est réelle, et ceux discrets dont la variable
chronologique est discrète.
Dans le premier cas, une variable réelle (c.-à-d. appartenant à R) obéissant
à une règle simple de progression sera déterminée (cette variable particulière
se réfère, dans la majeure partie des cas, au temps). La variable est notée t
et la règle de progression est déterminée par l’équation différentielle ordinaire
ṫ = 1.
Dans le second cas, une variable discrète (c.-à-d. appartenant à Z) est
choisie et la règle de progression devient celle du successeur. Elle est notée k.

Indexation des variables par la variable chronologique

Dans la présentation des systèmes, nous avons vu que les variables pou-
vaient être de nature différente (une vitesse, un prix, une quantité de matière,
une chaleur, une température, une concentration, etc.) et toutes peuvent
prendre des valeurs différentes.
Lors de la présence d’une variable chronologique, il est alors possible de
considérer, non pas les variables (mise à part la variable chronologique) comme
des quantités fixées une fois pour toute selon l’ordre de progression de la
1.1 SYSTÈME DYNAMIQUE 5

• Actions • Réactions
• Causes • Effets
• Moyens disponible pour • Résultats
influencer le système • Moyens disponibles pour
• Influences de l’environnement observer le système
sur le système • Influences du système
• Excitation du système sur l’environnement
• Grandeurs ajustées • Réponse du système
• Grandeurs observées

Système

Objet de notre
attention
Entrées Sorties
Ensemble d’éléments
en intéraction
Perturbations

• Souvent inconnues
• Indésirables
• Non ajustables
• Souvent négligées
• Déterministes
Environnement ou aléatoires

Figure 1.1. Interaction du système avec son environnement.

variable chronologique, mais comme un nouvel ensemble de variables dis-


tinctes, de même nature, indexées par rapport à la variable chronologique.
Par conséquent, on peut se référer à la variable vitesse à un instant donné, au
prix du marché à un instant discret précis, à la température en début ou en
fin de journée par exemple.
Soit a1 , a2 , a2 trois variables au sens de la présentation des système donné
à la section précédante. Lors de la présence d’une variable chronologique, ces
trois variables donnent naissance à une multitude infinie de variables, toutes
indexées par la variable chronologique.
Dans le cas continu, elles sont notée a1 (t), a2 (t), a3 (t), t ∈ R et en particu-
lier on pourra se référer par exemple à a1 (0.2), a1 (2.3), a1 (1, 2345), a2 (2, 345),
et a3 (100001, 2) toutes ces cinq nouvelles quantités sont des variables à part
6 1 SYSTÈMES DYNAMIQUES ET COMMANDE

entière étant donné que ces cinq quantités peuvent a priori prendre n’importe
quelle valeur.
Dans le cas discret, nous avons une génèse similaire. En effet, a1 , a2 ,
a3 donnent naissance aux variables dénombrables mais infinies a1 (k), a2 (k),
a3 (k), k ∈ Z et l’on peut se référer à a1 (0), a1 (−3), a3 (4), a3 (5), a3 (6), etc.
chacune étant une variable à part entière puisque ces quantités peuvent, a
priori, prendre n’importe quelle valeur.

Fonctions dynamiques chronologiques

Un système dynamique met en relation une sous partie des variables in-
dexées par la variable chronologique à un autre sous ensemble de ces va-
riables selon une relation qui sera appelée la relation chronologique. Nous
ne considérons, dans ces notes, que les relations données sous la forme de
règle de progression provenant de fonctions uniquement. Dans le cas continu
cela sera un ensemble d’équations différentielles ordinaires, autrement dit, des
équations dont le membre de droite est une fonction et le membre de gauche
est une différentielle ordinaire. Voici donc le modèle pour les relations chro-
nologiques décrivant un système dynamique continu :

ȧ1 (t) := f1 (a1 (t), a2 (t), a3 (t), · · · , ap (t), t)


ȧ2 (t) := f2 (a1 (t), a2 (t), a3 (t), · · · , ap (t), t)
.. .
. := ..
ȧn (t) := fn (a1 (t), a2 (t), a3 (t), · · · , ap (t), t)

Il est important de constater que p et n sont deux entiers positifs non


nécessairement égaux et que l’on peut avoir soit p < n, soit p = n, ou encore
p > n. Dans le cas discret la règle de progression sera celle du successeur. Elle
sera donnée par le modèle suivant :

a1 (k + 1) := f1 (a1 (k), a2 (k), a3 (k), · · · , ap (k), k)


a2 (k + 1) := f2 (a1 (k), a2 (k), a3 (k), · · · , ap (k), k)
.. .
. := ..
an (k + 1) := fn (a1 (k), a2 (k), a3 (k), · · · , ap (k), k)

A nouveau p et n ne sont pas nécessairement égaux. Dans ces deux cas les
membres de droite déterminent les fonctions dynamiques chronologiques.
Il est imporant de constater que les deux modèles ci-dessus de relations
chronologiques ne sont pas complètement générales et que l’on peut en envisa-
ger d’autres, comme par exemple, dans le cas continu, la relation fonctionnelle
suivante :
ȧ1 (t) := f1 (a1 ([t, t + T ))
1.1 SYSTÈME DYNAMIQUE 7

La progression d’une variable à un instant précis est conditionné par toute son
évolution future sur un intervalle de durée T . Ou alors, dans le cas discret, la
progression :

a1 (k + 1) := f1 (a1 (k − 2), a1 (k − 1), a1 (k), a1 (k + 1), a1 (k + 2)

que l’on retrouve fréquemment en traitement du signal faisant intervenir une


progression dépendant des variables indexées en avant de l’index chronologique
courant. En traitement d’image par exemple, l’index chronologique est spatial
et la relation discrète ci-dessus peut représenter un filtre dont l’objectif est
d’addoucir ou de renforcer les contours d’une image.

Entrées, perturbations, paramètres

Parmis les grandeurs ai (t) ou ai (k), i = 1, . . . , p, dont il a été question au


paragraphe précédent, celles d’indice supérieure à n, c.-à-d. celles qui n’appa-
raissent pas dans les relations chronologiques seront soit des entrées, des per-
turbations, ou des paramètres en fonction de certaines de leurs caractéristiques
propres. Ceci ne signifie pas pour autant qu’elles ne dépendent pas de la va-
riable chronologique en tant que tel (elles peuvent être fonction du temps). Ce-
pendant elles sont considérées comme des grandeurs qui évoluent sans aucune
relation explicite chronologique, c.-à-d. sans leur fonction fi , i = n + 1, . . . , n.
Ainsi, dans le cas où p > n seulement, les variables d’indices an+1 , an+2 , . . .,
ap seront des variables exogènes. Parmis les variables exogènes, nous faisons
la distinction entre :
– Les entrées. Ce sont des variables que l’opérateur peut changer à sa
guise. Ce sont les variables manipulées et déterminées par la stratégie
de commande que l’on cherchera à déterminer.
– Les perturbations. Ce sont également des sortes d’entrées, mais dont la
spécification ne dépend pas de l’opérateur. On peut les assimiler à une
entrée d’un autre intervenant, d’un autre joueur, qui cherche à remplir
des objectifs pas nécessairement concurrent à ceux de l’opérateur. Les
perturbations sont la plupart du temps de nature aléatoire et souvent
difficilement modélisable de manière déterministe.
– Les paramètres à proprement dit, c’est-à-dire toutes les autres variables
n’ayant pas de relation chronologique explicite. Les paramètres sont la
plupart du temps lentement ou peu variable par rapport à la variable
chronologique.
Les systèmes dynamiques que nous allons étudier sont de nature très
générale. Nous allons cependant les représenter de manière plus ou moins
approximative par des modèles dynamiques, linéaires, stationnaires, causals
et initialement au repos. Ces propriétés sont décrites ci dessous.

a) Linéarité : un système est linéaire s’il obéit au principe de superposi-


tion défini par les propriétés d’additivité et d’homogénéité. Considérons
8 1 SYSTÈMES DYNAMIQUES ET COMMANDE

le système S donné à la figure 1.2 avec l’entrée u et la sortie y.


Si le système est initialement au repos et que l’entrée u1 (t) produit la

u(t) y(t)
S

Figure 1.2. Système dynamique.

sortie y1 (t) et l’entrée u2 (t) produit la sortie y2 (t), alors la réponse à la


somme u1 + u2 est la somme y1 + y2 :

principe d’additivité : u1 (t) + u2 (t) → y1 (t) + y2 (t)

principe d’homogénéité : αu1 (t) → αy1 (t); α = nombre réel


Il s’ensuit qu’une combinaison linéaire de signaux d’entrée appliquées à
un système linéaire produit même combinaison linéaire des signaux de
sortie correspondants :
α1 u1 (t) + α2 u2 (t) → α1 y1 (t) + α2 y2 (t)
Il faut parfois faire attention car la représentation mathématiques d’un
système linéaire peut ne pas satisfaire au principe de superposition. Par
exemple, bien qu’exprimant l’équation d’une droite, la relation statique
y = ax + b
n’est pas linéaire à cause du terme constant b. On dit qu’une telle rela-
tion est affine en x. En définissant ã = ax, laquelle est linéaire.
b) Stationnarité : un système est stationnaire (ou invariant) si tous ses
paramètres sont constants par rapport au temps. Les entrées et sorties
peuvent varier, par exemple P(t) et T(t), mais les paramètres physique
du système restent constant (par exemple, sa géométrie, masse, chaleur
spécifique). On dit aussi qu’un système stationnaire ne vieillit pas. Il
se comportera plus tard de la même façon que maintenant. Dans le cas
contraire, on parle d’un système non stationnaire (ou évolutif).

c) Causalité : un système est causal si sa réponse à une excitation ne


précède pas l’excitation elle-même (fig. 1.3). Ceci signifie que dans les
relations chronologiques spécifiant les variables à l’instant t (ou k) les
autres variables à l’instant plus grand que t ou d’indice supérieure à k
ne peuvet apparaı̂tre. Tous les systèmes physiques évoluant en temps
réel sont causals, l’effet ne pouvant en effet pas précéder la cause.
Mais on peut aisément construire des systèmes dynamiques non cau-
sals. Considérons par exemple des données bruitées que l’on a mesurées
en fonction du temps lors de l’expérience. Après coup, donc pas en
temps réel, on décide de lisser ces données avec un filtre, c’est-à-dire un
1.1 SYSTÈME DYNAMIQUE 9

Cause Cause

Effet Effet

Temps Temps
0 0
Causal Non causal

Figure 1.3. Distinction entre système causal et non causal.

système dynamique qui prend les données mesurées en entrée et génère


les données filtrées en sortie. Ce filtre est de préférence non causal car
il détermine la valeur filtrée à un instant donné en considérant la valeur
mesurée à cet instant mais aussi aux instant précédents et suivant.
d) Au repos : un système dynamique est au repos à un instant donné
s’il est relâché, c’est-à-dire qu’il ne subit pas l’influence d’une excitation
(entrée) passée. Il se trouve à l’état stationnaire et ainsi, en l’absence
d’excitation extérieure, le système n’évolue pas. Ses mémoires sont vides.
Dans le cas contraire, on dit que le système est chargé (fig. 1.4).

Au repos Chargé

Figure 1.4. Distinction entre système au repos et chargé.

Il est important de noter les différences qui existent entre un système station-
naire, un système dynamique à l’état stationnaire et un système statique :

=0 système stationnaire (θ : vecteur de paramètres)
dt
du dy
= = 0 système à l’état stationnaire ou à un point d’équilibre
dt dt
(u, y : signaux temporels)
y(t) = f [u(t)] système statique (pas de mémoire)
La nomenclature pour ces propriétés peut parfois prêter à confusion. On la
résume ici dans différentes langues :
10 1 SYSTÈMES DYNAMIQUES ET COMMANDE

Français Allemand Anglais


stationnaire zeitinvariant time invariant
à l’état stationnaire beim stationären at steady state
statique statisch static
La pluspart des modèles que nous allons utiliser pour l’analyse et la synthèse
de systèmes automatiques posséderont ces cinq propriétés. On pourra alors
les représenter par des équations différentielles (a) linéaires (b) à coefficient
constant (c) et avec des conditions initiales nulles (e). On utilisera aussi l’ap-
pellation système lscr pour désigner un système linéaire, stationnaire, causal
et initialement au repos.
Les systèmes physiques peuvent posséder plusieurs entrées et plusieurs sor-
ties, comme par exemple dans l’exemple de la conduite automobile présenté
précédemment. On appelle de tels systèmes des systèmes multivariables.
Cependant, on isole très souvent une entrée et une sortie pour étudier une
boucle de commande. On parle alors de systèmes monovariables, lesquels
seront étudiés en priorité dans ce cours.

1.2 COMMANDE AUTOMATIQUE


1.2.1 Idée de base

Le domaine de l’automatique comprend l’ensemble des méthodes permet-


tant de conduire un système sans intervention humaine sur la base de mesures
liées à son comportement. Le but de la commande consiste à déterminer les
entrées qu’il faut appliquer au système pour obtenir un comportement désiré.
Un exemple de commande manuelle est celui de la conduite d’un automo-
bile où le pilote, compte tenu des la connaissance qu’il a du comportement de
son véhicule et des différentes mesures que son oeil effectue, détermine les ac-
tions de direction et d’accélération qui lui permettront de couvrir son parcours
de la manière souhaitée (fig. 1.5). Nous remarquons la présence d’une boucle
de rétroaction dans laquelle, en plus du système à commander (automo-
bile), se situent le régulateur (cerveau du pilote), l’organe de mesure (yeux du
pilote) et les organes de commande (pieds et mains du pilote).
La commande automatique d’une automobile est plus difficile à réaliser.
Si les sorties (position et vitesse) sont facilement mesurables, il convient de
tenir compte de l’environnement et notamment de la route et du trafic routier.
Pour appréhender correctement l’environnement, il est nécessaire de disposer
de caméras et de traiter les images en temps réel. Un ordinateur joue alors
le rôle du pilote et transmet ses ordres aux entrées (freins, accélérateur et
volant).
En tant que science, l’automatique essaie de dégager des modèles abstraits
des problèmes d’automatisations et de formuler des solutions d’intérêt général.
C’est ce processus d’abstraction et de solutions qui fait l’objet de ce cours.
1.2 COMMANDE AUTOMATIQUE 11

SYSTEME A COMMANDER
ENTREES SORTIES
freins position
accélérateur vitesse
volant

pieds, mains
REGULATEUR

yeux
grandeurs de grandeurs
commande commandées

Figure 1.5. Automobile commandée manuellement.

1.2.2 Eléments d’une boucle de commande

Dans une boucle de rétro-action nous avons les grandeur suivantes :


• grandeur commandée ou grandeur à commander,
• grandeur de commande,
• grandeur perturbatrice ou perturbation,
• grandeur de consigne,
• erreur ou écart de commande.
L’objet à commander est appelé processus ou système à commander. Pour
mesurer la grandeur commandée et la perturbation, nous disposons d’organes
de mesure (capteurs). La grandeur de commande est imposée au processus
à l’aide d’un organe de commande (actionneurs). Souvent, on considère
comme système à commander l’ensemble � processus, organe de mesure et
organe de commande �.

1.2.3 Objectifs de la commande

Nous distingerons les deux problèmes principaux suivants :


a) Problème d’asservissement ou de poursuite : la grandeur commandée
doit suivre une consigne qui varie dans le temps (exemples : démarrage
d’un réacteur discontinu, positionnement de la table d’une machine-
outil, conduite d’une automobile, d’un avion, d’un missile, etc.).
b) Problème de régulation : la grandeur commandée doit suivre une consigne
constante en dépit de variations internes du processus ou de la présence
de perturbations (exemple : régulation d’un processus industriel autour
de son point de fonctionnement).
Contrairement à la commande par compensation de perturbation, la com-
mande par rétroaction est apte à compenser toutes les sources d’erreurs qui
influencent T puisque cette dernière est mesurée. C’est la que réside l’avan-
tage de mesurer la grandeur commandée et d’utiliser une commande par
12 1 SYSTÈMES DYNAMIQUES ET COMMANDE

rétroaction. Cette approche constitue la partie principale de ce cours. Un


schéma de commande par compensation de perturbation ne sera efficace que
si les trois conditions suivantes sont remplies :
a) il n’y a qu’une seule perturbation affectant la grandeur commandée,
b) la perturbation peut être mesurée précisément,
c) l’effet de la perturbation sur la grandeur commandée est bien connu,
afin qu’il puisse être compensé.
La mise au point d’un régulateur nécessite en général une bonne connaissance
du système à commander. Le chapitre 2 traitera de l’étude de systèmes et leur
modélisation.
2
MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

2.1 MODÈLES MATHÉMATIQUES


Un modèle mathématique est un ensemble de relations mathématiques
liant les grandeurs d’entrée et de sortie d’un processus (ou système) physique.

2.1.1 Domaines d’applications

Un modèle mathématiques permet :


• d’analyser certaines propriétés du processus,
• de mieux comprendre le processus en effectuant des simulations,
• de développer une stratégie de commande permettant d’ajuster certaines
grandeurs afin que les grandeurs commandées suivent les consignes cor-
respondantes,
• d’optimiser le comportement du processus.

2.1.2 Classes de modèles mathématiques

On distingue deux classes de modèles mathématiques :


• Le modèle de connaissance élaboré à partir de lois physiques connues,
d’où son autre nom de modèle physique. Un tel modèle peut être
développé même si le processus correspondant n’est pas encore dispo-
nible. Cependant, si certains paramètres physiques sont inconnus, ils
doivent être déterminés expérimentalement.
• Le modèle de représentation pour lequel une structure simple est
proposée sur la base du comportement du processus face à des excita-
tions particulières. Le modèle met en relation directe chaque entrée et
chaque sortie du système. Les paramètres du modèle sont identifiés à
partir d’essais expérimentaux.
Cette distinction entre modèle de connaissance et modèle de représentation
est illustrée à la figure 2.1.
14 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

Ce chapitre traite exclusivement de modélisation pour arriver à des modèles


de connaissance dynamiques. Par contre, l’approche de commande développée
dans les chapitres suivants considérera les systèmes dynamiques indépendamment

l
θ
m

Système

loi physique comportement


connues et d’une particuliers ou
complexité abordable dominants connus

modèle de modèle de
CONNAISSANCE REPRESENTATION
déterminé analytiquement déterminé expérimentalement

Loi de Newton Observation


θ
2
ml2 ddt2θ = −mgl sin(θ) t

θ(0) = θ̇0 = ω0
θ(t) = A sin(ωt)

Figure 2.1. Modèle de connaissance et modèle de représentation pour un pendule.

de leur mode d’élaboration (connaissance ou représentation).

2.1.3 Procédure de modélisation physique

L’élaboration d’un modèle de connaissance comporte généralement quatre


étapes principales :
1. Structuration du problème qui permet de définir les phénomènes phy-
siques dominants pour l’étude envisagée et d’en déduire les grandeurs
caractéristiques du modèle (entrée ou variables indépendantes, sorties ou
variables dépendantes). Dans cette étape de structuration, la contribution
2.1 MODÈLES MATHÉMATIQUES 15

principale de l’ingénieur consiste à distinguer les éléments importants de


ceux qui peuvent être négligés.
2. Mise en équations en utilisant des lois connues, par exemple :
– Des lois de conservation (par exemple, de masse, d’énergie, de quan-
tité de mouvement, de flux magnétique ou de charges électriques, selon
la nature du système étudié). Ces relations sont généralement de type
différentiel.
– Des relations constitutives qui mettent en relation des grandeurs
de nature différente, par exemple, le courant et la tension dans une
résistance (u = Ri), ou la pression, le volume et la température d’un
gaz dans un système fermé (pV = nRT ), ou encore √ la différence de
pression et le débit à travers une vanne (q = αCV ∆p). Ces relations
sont le plus souvent de type algébrique.
On obtient ainsi un système d’équations différentielles et algébriques
qui décrivent le comportement dynamique du système. Par exemple :
dx(t)
= ax(t) + bu(t) x(0) = x0
dt
y(t) = cx(t) + du(t)
où u(t) est l’entrée, x(t) l’état, y(t) la sortie, t le temps, a, b, c et d les
paramètres du modèle et x0 la condition initiale du système dynamique.
3. Identification des paramètres à partir de données physiques ou de mesures
expérimentales.
4. Validation du modèle dans le cadre de l’étude considérée, en comportant
les prévisions qu’il fournit avec certaines données mesurées expérimentalement.
Nous nous proposons de modéliser des systèmes dynamiques de nature chi-
mique, thermique et hydraulique.

2.1.4 Types de variables

On appelle variable d’entrée toute variable indépendante qui peut être,


en principe directement modifiée par l’opérateur.
On appelle variable d’état toute variable dépendant des variables d’entrée
ou d’autre variables d’état ; ces variables d’état servent à représenter le com-
portement dynamique du processus et sont donc associées aux termes dyna-
miques ou d’accumulation ; une variable d’état ne peut être modifiée qu’indi-
rectement par l’intermédiaire de la modification d’une variable d’entrée.
On appelle variable de sortie tout variable d’état (ou combinaison de
celles-ci) qui peut être mesurée.
Remarque importante
En automatique, lorsque l’on parle de � variable d’entrée � ou de � va-
riable de sortie � (comme définies ci-dessus), on ne parle pas nécessairement de
ce qui entre ou sort physiquement du processus considéré (réacteur chimique,
échangeur de chaleur, etc.). Il convient de distinguer le processus physique réel
16 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

(réacteur chimique, échangeur de chaleur, etc.) du système abstrait permet-


tant une description mathématique des relations entre variables indépendantes
et variables dépendantes. On peut représenter la situation par le schéma de
la figure 2.2.
Pour illustrer ceci, prenons l’exemple d’une cuve, avec un débit volumique
d’alimentation qe , un débit volumique de fuite qs , une surface de section S et
la hauter de niveau h (fig. 2.3).
En effet, on cherche avec un modèle mathématique à représenter la varia-

grandeur d’entrée PROCESSUS PHYSIQUE grandeur de sortie


qe (réacteur chimique, échangeur qs
(débit d’alimentation) de chaleur, colonne de distillation) (débit de fuite)

qe , qs
variable d’entrée SYSTEME ABSTRAIT variable de sortie
(modèle mathématiques) h
(variables indépendantes) (variable dépendante)

Figure 2.2. Processus physique et système abstrait.

qe

h
qs
S

Figure 2.3. Cuve avec volume variable.

tion de la hauteur du liquide dans la cuve en fonction des débits volumiques


d’alimentation et de fuite.
2.2 MODÈLE D’ÉTAT 17

2.2 MODÈLE D’ÉTAT


2.2.1 Concept d’état

L’état d’un système dynamique déterministe à un instant donné est l’in-


formation minimale qui permet, à partir des entrées futures, de déterminer de
façon univoque le comportement futur du système.
Plus précisément :

état à t0
−→ comportement pour t ≥ t0
u[t0 ,∞)

Ainsi, l’état d’un système est l’information résument parfaitement le


passé du système puisqu’il fixe l’évolution future une fois les entrées futures
spécifiées. Les équations différentielles qui décrivent un système dynamique
possèdent des conditions initiales pour t0 . Ces conditions initiales représentes
précisément l’état du systèmes au temps t0 . Ainsi, même si le système n’est
pas relâché au temps t0 , la connaissance de son état à t0 résume complètement
l’effet du passé.
Dans ce cours, on ne considère que les systèmes pour lesquels l’état à un
instant donné est un nombre fini n de nombres réels. Ceux-ci sont tout na-
turellement rassemblés dans un vecteur x(t) de dimension n appelé vecteur
d’état :
 
x1 (t)
 x2 (t) 
 
x(t) =  .  (2.1)
 .. 
xn (t)

Les coordonnées x1 (t), x2 (t), . . . , xn (t) du vecteur d’état représentent les


variables d’état au temps t. L’entier n est pas définition l’ordre du système
dynamique. Il s’ensuit qu’un système statique est d’ordre zéro car son modèle
ne contient aucune équation différentielle.
Dans le but d’alléger les notations, les entrées u1 (t), u2 (t), . . . , up (t) sont
elles aussi regroupées dans un vecteur u(t) de dimension p appelé vecteur
d’entrée :
 
u1 (t)
u2 (t)
 
u(t) =  .  (2.2)
 .. 
up (t)
Il en est de même des sorties y1 (t), y2 (t), . . . , yq (t), réunies dans un vecteur
y(t) de dimension q appelé vecteur de sortie :
18 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE
 
y1 (t)
y2 (t)
 
y(t) =  .  (2.3)
 .. 
yp (t)

Exemple 1
Soit un objet auquel on applique une force u[t0 , ∞) pour t ≥ t0 . Afin de
déterminer de façon complète la position future de l’objet, il est nécessaire
de connaı̂tre sa position et sa vitesse initiales. Il résulte de la définition de
l’état d’un système que x(t0 ) et ẋ(t0 ) représentent l’état du système à t0 . Par
généralisation, x(t) et ẋ(t) représentent l’état du système au temps t.
On définit l’état comme x(t) et ẋ(t), c’est-à-dire la position et la vitesse
de l’objet. Cependant, le choix des variables d’état n’est pas unique. On peut
très bien choisir d’autres combinaison des variables position et vitesse comme,
par exemple, 2x(t) et x(t) − 5ẋ(t). Ces deux dernières quantités sont alors des
variables d’état qui ne possèdent plus une signification physique immédiate.
Exemple 2
Soit le retard unité y(t) = u(t − 1)
Afin de déterminer y[t0 , ∞) à partir de u[t0 , ∞) il faut connaı̂tre u[t0 −1, t0 )
qui représente donc l’état du système dynamique à t0 . Comme il y a une
infinité de valeurs de u entre t0 −1 et t0 , il s’agit donc d’un système dynamique
d’ordre infini.

2.2.2 Sélection des variables d’état

Pour extraire les variables qui permettent de décrire le système dans le


formalisme d’état choisi, il faut tout d’abord inventorier l’ensemble des gran-
deurs qui apparaissent sous forme différentielles dans les équations. Ces gran-
deurs sont notées γi , i = 1, . . . , nγ . L’ordre maximale de dérivation de γi est
notée ρi , lequel définit le nombre de variables d’état qu’il faut introduire pour
représenter la grandeur γi . Ces variables d’état sont, par ordre de dérivation :
(0) (1) (ρi −1)
γ i , γi , . . . , γ i

où

(0) (k) dk γ i
γi = γi et γi = , k = 1, 2, · · · , ρi − 1
dtk


L’ordre du système est alors égal à ρi .
i=1
La sélection des entrées et des sorties est fonction de l’application considérée.
Les entrées sont les variables indépendantes ajustables, alors que les sorties
sont les variables dépendantes mesurées. Il peut également y avoir des va-
riables indépendantes non ajustables appelées génériquement perturbations
2.2 MODÈLE D’ÉTAT 19

(fig. ??). Les grandeurs qui ne sont ni des variables d’état, ni des entrées, ni
des sorties, ni des perturbations, doivent être éliminées par substitution.
Exemple
Soit le système d’équations différentielles :
aẅ + sin ż = u21

v̇ + cos ż = u2
ż + z = αt
avec les conditions initiales v(t0 ) = v0 , w(t0 ) = w0 , ẇ(t0 ) = a0 et z(t0 = z0 ).
Le tableau 2.1 inventorie les grandeurs différentielles de ce système dyna-
mique ainsi que leur ordre respectif. Il est alors possible de définir les variables
d’état. On remarque également que les conditions initiales correspondent à
x(t0 ).

i grandeur γi ordre ρi variables d’état


1 v 1 x1 = v
2 w 2 x2 = w, x3 = ẇ
3 z 1 x4 = z
Table 2.1. Sélection des variables d’état.

L’ordre de ce système est donné par l’expression ρ1 + ρ2 + ρ3 = 4.


Le modèle dynamique qui résulte de l’expression de la première dérivée de
chaque variable d’état sélectionnée est appelé modèle d’état. Les équations
originales sont exploitées pour exprimer par substitution ces dérivées en fonc-
tion des variables d’état et des entrées :

� ẋ2 = v̇ = (u2 − cos ż)2 = [u2 − cos(−x4 + αt)]2

� ẋ2 = ẇ = x2

� ẋ3 = ẅ = 1 [u21 − sin(−x4 + αt)]
� a
� ẋ4 = ż = −x4 + αt

La même démarche est exploitée pour exprimer les sorties en fonction


des variables d’état et des entrées. Par exemple, si seule la grandeur w est
mesurée :
y = w = x2

2.2.3 Représentation générale

A partir des lois physiques les mouvement, de nombreux systèmes dyna-


miques peuvent être ainsi décrits par des équations différentielles et algébriques
20 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

exhibant la structure suivante :



� ẋ1 (t) = f1 [x1 (t), . . . , xn (t), u1 (t), . . . , up (t), t] x1 (t0 ) = x1,0

� ẋ2 (t) = f2 [x1 (t), . . . , xn (t), u1 (t), . . . , up (t), t] x2 (t0 ) = x2,0

� .. (2.4)
�.

� ẋn (t) = fn [x1 (t), . . . , xn (t), u1 (t), . . . , up (t), t] xn (t0 ) = xn,0


� ẏ1 (t) = g1 [x1 (t), . . . , xn (t), u1 (t), . . . , up (t), t]

� ẏ2 (t) = g2 [x1 (t), . . . , xn (t), u1 (t), . . . , up (t), t]

� .. (2.5)
�.

� ẏq (t) = gq [x1 (t), . . . , xn (t), u1 (t), . . . , up (t), t]

La variable t est le temps. On introduit les notations vectorielles (2.1)-(2.3)


et les fonctions vectorielles f et g :
 
f1 [x(t), u(t), t]
 f2 [x(t), u(t), t] 
 
f [x(t), u(t), t] =  .. 
 . 
fpn [x(t), u(t), t]
 
g1 [x(t), u(t), t]
 g2 [x(t), u(t), t] 
 
g[x(t), u(t), t] =  .. 
 . 
gpn [x(t), u(t), t]
La dérivée du vecteur d’état s’écrit :
   
ẋ1 (t) dx1 /dt
 ẋ2 (t)   dx2 /dt 
   
ẋ(t) =  .  =  . 
 ..   .. 
ẋn (t) dxn /dt

Les relations (2.4) et (2.5) prennent alors l’allure vectorielle très compacte :

ẋ(t) = f [x(t), u(t), t] x(t0 ) = x0 (2.6)

y(t) = g[x(t), u(t), t] (2.7)


Le vecteur u(t) est l’entrée du système et y(t) sa sortie. Si x(t0 ) et u(t),
t ≥ t0 , sont connus, l’équation (2.6 peut être intégrée pour donner x(t), t ≥ t0 .
La relation (2.7) permet ensuite le calcul de y(t) pour t ≥ t0 . Ainsi, comme
la notation le laissait présumer, x(t0 ) représente l’état au temps t0 .
L’équation (2.6) régissant le comportement dynamique du système est ap-
pelée équation d’état. Elle décrit le comportement dynamique du vecteur
2.2 MODÈLE D’ÉTAT 21

d’état x(t). L’ordre n du système est donné par la dimension du vecteur x(t).
La relation (2.7) est l’équation de sortie. Elle indique une relation sta-
tique entre les variables d’état x(t) et d’entrée u(t) et le vecteur de sortie y(t).
Souvent, u(t) n’intervient pas dans l’équation de sortie (pas d’effet direct de
l’entrée sur la sortie).
Les équations d’état (2.6) et de sortie (2.7) forment ensemble le modèle
d’état. Si f [x(t), u(t), t] et ∂f /∂x[x(t), u(t), t] sont des fonctions continues de
t, on démontre qu’il existe une solution unique pour x(t) étant donnés x(t0 )
et u[t0 , ∞).
Pour un système statique, l’équation d’état (2.6) n’existe pas , et le système
se réduit à : y(t) = g[u(t), t]

2.2.4 Modèle d’état linéaire et stationnaire

Un modèle d’état particulièrement important est celui dans lequel les fonc-
tions f et g sont linéaires par rapport à x et u et indépendantes du temps. Le
modèle devient alors :

ẋ(t) = Ax(t) + Bu(t) x(t0 ) = x0 (2.8)

y(t) = Cx(t) + Du(t) (2.9)


où A, B, C et D sont respectivement des matrices de dimensions n × n, n × p,
q × n et q × p. La figure 2.4 représente le schéma fonctionnel de ce système.
Remarquons que, dans ce schéma fonctionnel, les variables d’état appa-
raissent à la sortie des intégrateurs. Les divers rôles joués par les matrices
du modèle ressortent clairement : la matrice d’entrée B assure la liaison
du vecteur d’entrée u(t) avec la partie dynamique caractéristique par la ma-
trice du système A et l’intégrateur ; la matrice de sortie C représente

+ ẋ(t) � x(t) +
u(t) B C y(t)
+ +

Figure 2.4. Système dynamique linéaire et stationnaire.

la connexion entre cette partie dynamique et le vecteur de sortie y(t), tandis


22 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

que la matrice de passage D indique l’effet direct de u(t) sur y(t).


Le cas monovariable est est caractérisé par p = q = 1. La matrice B de-
vient alors le vecteur colonne b de dimension n, la matrice C le vecteur ligne
cT de dimension n, et la matrice D le scalaire d :

ẋ(t) = Ax(t) + bu(t) x(t0 ) = x0

y(t) = cT x(t) + du(t)


Le schéma fonctionnel pour le cas monovariable linéaire et stationnaire est
donné à la figure 2.5.

+ ẋ(t) � x(t) +
u(t) b cT y(t)
+ +

Figure 2.5. Système dynamique linéaire et stationnaire.

2.2.5 Exemple : Cuve de mélange

Une cuve de mélange (fig 2.6) est alimentée par deux vannes fournissant les
débits volumiques variables q1 (t) et q2 (t) qui contiennent un produit dissous
avec les concentrations constantes c1 et c2 . Le brassage étant supposé parfait,
la concentration est uniforme dans la cuve et égale à c(t). Le débit de sortie
q(t) est proportionnel à la racine carrée de la hauteur du liquide dans la cuve
h(t). Les entrée de ce système dynamique sont les débits q1 et q2 , les sorties
la hauteur du liquide dans la cuve h(t) et le rapport de concentration c(t)/c1 .
Nous supposons la masse volumique ρ constante. Avec V (t) = Sh(t), ou
V est le volume du mélange et S la section constante du bac, nous pouvons
écrire les bilans de masse totale et pour le produit dissous comme suit :
� �
d
ρS dt (h(t)) = ρq1 (t) + ρq2 (t) − ρq(t) kg s
(2.10)
� �
d
ρS dt [c(t)h(t)] = ρc1 q1 (t) + ρc2 q2 (t) − ρc(t)q(t) kgP
s (2.11)

avec les conditions initiales h(0) = h0 et c(0) = c0 .


Le débit de sortie dépend de la hauteur du liquide h(t) de la façon suivante
(écoulement turbulent) :
2.3 SIMULATION D’UN MODÈLE D’ÉTAT 23

q1 (t) q2 (t)

c1 c2

V(t)
h(t)
c(t)

q(t)
S
c(t)

Figure 2.6. Cuve de mélange.


q(t) = k h(t) (2.12)

La constante k > 0 se détermine expérimentalement. Les deux bilans


peuvent ainsi s’écrire :
� �
S ḣ(t) = q1 (t)+q2 (t)−k h(t)S[h(t)ċ(t)+c(t)ḣ(t) = c1 q1 (t)+c2 q2 (t)−c(t)k h(t)]

En combinant ces deux équations et en posant x1 (t) = h(t), x2 (t) =


c(t), u1 (t) = q1 (t) et u2 (t) = q2 (t), on obtient :

ẋ1 (t) = S1 [u1 (t) + u2 (t) − k x1 (t)] x1 (0) = h0 (2.13)
1
ẋ1 (t) = Sx1 (t) [[c1 − x2 (t)]u1 (t) + [c2 − x2 (t)]u2 (t)] x2 (0) = c0 (2.14)
C’est l’équation d’état non linéaire de la cuve de mélange. L’équation de
sortie s’écrit simplement :

y1 (t) = x1 (t) y2 (t) = x2 (t)/c1

2.3 SIMULATION D’UN MODÈLE D’ÉTAT


Nous avons introduit à la section précédente la représentation d’état
de systèmes dynamiques. Cette modélisation par un système d’équation
différentielles du premier ordre se prête bien à la simulation du système dy-
namique par intégration numérique.
La simulation d’un système consiste à déterminer l’état x(t) et la sortie
y(t) pour t ≥ t0 spécifiés.
De façon générale, il n’existe pas de solution analytique pour un système
24 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

d’équations différentielles non linéaires. On doit avoir recours à des méthodes


d’intégration numérique poru calculer l’état du système. Ces méthodes ne
fournissent pas une solution continue dans le temps mais la valeur de la so-
lution pour des point discrets, souvent uniformément espacés. L’intervalle de
temps qui sépare deux points successifs, appelé pas d’intégration, est noté
h. Une solution est obtenue aux instants :

kh, k = k0 , k0 + 1, k0 + 2, . . . ∈ N (2.15)

où k0 est le compteur tel que k0 h = t0 .


La méthode d’intégration la plus intuitive, proposée par Euler, consiste à
écrire le modèle d’état à l’insant kh (exprimé ici pour un modèle d’état non
linéaire stationnaire) :

ẋ(kh) = f [x(kh), u(kh)] x(k1 h) = x0 (2.16)

y(kh) = g[x(kh), u(kh)] (2.17)


puis d’utiliser comme approximation de la dérivée l’expression issue des pre-
miers termes du développement en série de l’état. A partir de l’approximation :
x(kh + h) ≈ x(kh) + ẋ(kh)h on calcul :
x(kh + h) − x(kh)
ẋ(kh) ≈ (2.18)
h
ce qui, avec (2.16), donne la relation constructive suivante :

x(kh + h) = x(kh) + hf [x(kh), u(kh)] (2.19)

L’allure de la solution recherchée, la dérivée à l’instant kh ainsi que son

x(t)
ẋ(kh) x(kh+h)−x(kh)
h

x0
h

t
k0 h kh kh + h

Figure 2.7. Etat calculé par intégration numérique avec la méthode d’Euler.

approximation utilisée pour construire le point x(kh + h) sont représentés à


2.3 SIMULATION D’UN MODÈLE D’ÉTAT 25

la figure 2.7.
Après avoir soigneusement sélectionné le pas d’intégration h, la simulation
est menée en exploitant successivement, à partir de k0 h, les équations (2.19)
et (2.17) :

x(k0 h + h) = x(k0 h) + hf [x(k0 h), u(k0 h)]


y(k0 h + h) = g[x(k0 h + h), u(k0 h + h)]
x(k0 h + 2h) = x(k0 h + h) + hf [x(k0 h + h), u(k0 h + h)]
y(k0 h + 2h) = g[x(k0 h + 2h), u(k0 h + 2h)]
..
.
x(kh + h) = x(kh) + hf [x(kh), u(kh)]
y(kh + h) = g[x(h + h), u(kh + h)]
Cette méthode permet une évaluation rapide de la solution du modèle
d’état mais elle est peu précise. Une méthode plus précise couramment uti-
lisée est celle de Runge-Kutta.

Remarques
La simulation numérique (sur ordinateur) d’un système dynamique offre
de nombreux avantages. Pour commencer, les algorithmes mis en oeuvre sont
parfaitement connus, ce qui permet d’évaluer la précision des résultats. Le
traitement de systèmes multivariables ne pose pas de difficultés particulière
et les fonctions non linéaires f et g peuvent être évaluées facilement.
Il ne faut toutefois pas perdre de vue que le calcul numérique est ap-
proximatif. En particulier, la représentation des valeurs numériques par un
nombre limité de chiffres provoque des erreurs d’arrondi. Les erreurs de
troncature sont quant à elles provoquées par l’approximation de fonctions
mathématique au moyen de séries dont on ne considère qu’un nombre limité
de termes.
La stabilité numérique d’un algorithme est garantie lorsque l’erreur d’inté-
gration décroı̂t à chaque pas de calcul. Cette stabilité est facilement perdue
lorsque les ordres de grandeurs des nombres intervenant dans les opérations
sont très différents. Il est donc recommandé d’effectuer des mies à l’échelle
pour éviter ce problème. Il convient également de préciser que le choix de la
méthode et du pas d’intégration qui assurent la stabilité de l’algorithme, une
bonne précision des résultats et un temps de calculs non excessif n’est pas
toujours aisé.
Une grande partie des difficultés mentionnées dans cette section dispa-
raissent si le modèle d’état est linéaire. En effet, dans ce cas particulier, les
outils de l’algèbre linéaire fournissent une solution analytique au problème de
la simulation.
26 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

2.4 APPROXIMATION LINÉAIRE D’UN MODÈLE


NON LINÉAIRE
2.4.1 Introduction

L’intérêt des modèles linéaires réside dans

• la propriété importante liée au principe de superposition

• l’aisance mathématique qui en découle permettant, par exemple, de


résoudre analytiquement un système d’équation différentielles linéaires.
Malheureusement, la plupart des systèmes physiques réels sont intrinsèquement
non linéaires. Afin de tirer parti de la propriété de linéarité, on peut linéariser
un modèle non linaire pour un point de fonctionnement choisi. Il en résultera
une approximation linéaire qui sera valable pour de petites déviations autour
de ce point de fonctionnement.
Considérons à titre d’exemple le cas de la fonction non linéaire f (x)
représentée à la figure 2.8. Cette fonction est approché autour du point x̄ par
une droite tangente à la fonction. Cette droite est utilisée pour déterminer la
valeur de la fonction à proximité de x̄, en particulier en x̄ + δx.
En considérant la partie linéaire d’un développement en série de Taylor de
f (x) au point x̄, on obtient l’approximation suivante :
df
f (x̄ + δx) � f (x̄) + (x̄)δx
dx
La relation entre une variation δx de x et la variation correspondante δf
de f s’écrit donc en première approximation :
df
δf = (x̄)δx
dx
Cette relation n’est évidemment valable que pour de faibles écarts δx au-
tour de x̄.
Le cas général d’un modèle d’état non linéaire est abordé ci-dessous. Si
le principe de linéarisation reste le même que celui illustré par l’exemple
précédent, il s’agit toutefois de considérer des fonctions vectorielles de plu-
sieurs variables.
Quelques définitions préalables sont nécessaires pour traiter de façon ri-
goureuse le problème de linéarisation. Le vecteur d’état x̄(t) et le vecteur de
sortie x̄(t) sont des trajectoires nominales pour un système dynamique
s’ils satisfont les équations d’état et de sortie correspondante. Ainsi, pour le
système non linéaire et non stationnaire (2.6)-(2.7) et l’entrée ū(t), et avec
t0 = 0, les trajectoires nominales x̄(t) et ȳ(t) vérifient :
˙
x̄(t) = f [x̄(t), ū(t), t] x̄(0) = x0 (2.20)
2.4 APPROXIMATION LINÉAIRE D’UN MODÈLE NON LINÉAIRE 27

f (x)

exact

f (x̄ + δx)
approché

f (x̄) + δf

f (x̄)

x
x̄ x̄ + δx

Figure 2.8. Fonction non linéaire et son approximation linéaire autour de x̄.

ȳ(t) = g[x̄(t), ū(t), t] (2.21)


Pour un système stationnaire, les trajectoires nominales sont souvent choi-
˙
sies constantes, x̄(t) = 0, formant ainsi un point de fonctionnement sta-
tionnaire ou un point d’équilibre. Dans ce cas, les relations (2.20) et (2.21)
s’écrivent :

0 = f [x̄, ū] (2.22)

ȳ = g[x̄, ū] (2.23)

2.4.2 Procédure de linéarisation

Soit le modèle d’état non linéaire stationnaire :

ẋ(t) = f [x(t), u(t)] x(0) = x0 (2.24)

y(t) = g[x(t), u(t)] (2.25)


Pour le point d’équilibre (point de fonctionnement stationnaire) corres-
pondant à ū, les variables x̄ et ȳ satisfont les relations (2.22) et (2.23) :
Les équations (2.24) et (2.25) peuvent être développées en série de Taylor
pour le point d’équilibre ū, x̄ et ȳ (afin de simplifier l’écriture, la dépendance
temporelle des variables u(t), x(t) et y(t) ne sera plus indiquée dans le
développements qui suivent) :


ẋ = f [x̄, ū] + ∂f
∂x � (u − ū) + t.o.s. (2.26)
ū,x̄
28 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

∂g �
y = g[x̄, ū] + ∂x � (u − ū) + t.o.s. (2.27)
ū,x̄

où t.o.s. indique des termes d’ordre supérieur.


Introduisons les variables écart suivantes :

δx(t) := x(t) − x̄ δu(t) := u(t) − ū δy(t) := y(t) − ȳ (2.28)

et notons que δ ẋ = ẋ.


En soustrayant les équations (2.22) et (2.23) des parties linéaires des
équations (2.26) et (2.27), et avec la définition des variables écart, on obtient :
� �
� ∂f �
δ ẋ = ∂f
∂x � δx + ∂u � δu δx(0) = x0 − x̄ (2.29)
ū,x̄ ū,x̄
� �
∂g � ∂g �
δy = ∂x � δx + ∂u � δu (2.30)
ū,x̄ ū,x̄

Cette approximation linéaire s’écrit sous la forme du modèle d’état sui-


vant :

δ ẋ = Aδx + Bδu δx(0) = x0 − x̄ (2.31)

δy = Cδx + Dδu (2.32)


� �
� ∂f �
avec A := ∂f
∂x � et B := ∂u �
ūx̄ ūx̄

� �
∂g � ∂g �
C := ∂x � et D := ∂u �
ūx̄ ūx̄
Remarques

• Le modèle d’état (2.24)-(2.25) possède des variables indépendantes (le


vecteur d’entrée u(t) et des variables dépendantes (le vecteur d’état x(t)
et le vecteur de sortie y(t)). Pour déterminer le point d’équilibre ū, x̄
et ȳ, il convient donc de spécifier les variables indépendantes ū et de
calculer les variables dépendantes x̄ et ȳ à partir de (2.22) et (2.23).
• Les équations (2.31) et (2.32) représentent des approximations, les-
quelles ne sont valables que pour de petites déviation autour du point
d’équilibre (ū, x̄).
• Il est important de noter que u, x et y dans les équations (2.31) et (2.32)
représentent en fait les variables écart δu, δx et δy.
• Pour le cas multivariable, c’est à dire où u, x et y sont des vecteurs, A,
B, C et D représentent les matrices jacobiennes de f et g par rapport
à x et u :
2.5 Exemples 29
 ∂f ∂f1 ∂f1 �
�
∂x2 . . . ∂xn �
1
∂x
 ∂f21 ∂f2 �
∂f ��
∂f2
 ∂x1 ∂x2 . . . ∂xn  �
A := � =
 .. .. ..  �
�
∂x ū,x̄  . . . �
∂fn ∂fn ∂fn ��
∂x1 ∂x2 . . . ∂xn ū,x̄
 ∂f1 ∂f1 ∂f1 ��
∂u1 ∂u2 . . . ∂up �
 ∂f2 ∂f2 ∂f2 �
∂f ��  ∂u1 ∂u2 . . . ∂up �
B := � =  .. ..
�
.. �
∂u ū,x̄  . . . ��
∂fn
∂u1 ∂u2
∂fn
. . . ∂fn �
∂up ū,x̄
 ∂g ∂g1 ∂g1 �
�
∂x
1
∂x2 ... ∂xn �
 ∂g21 ∂g2 �
∂g ��
∂g2
 ∂x1 ∂x2 ... ∂xn  �
C := � =  .. .. .. ��
∂x ū,x̄  . . . �
∂gn ∂gn ∂gn ��
∂x1 ∂x2 . . . ∂xn ū,x̄
 ∂g1 ∂g1 ∂g1 ��
∂u1 ∂u2 . . . ∂up �
 ∂g2 ∂g2 ∂g2 �
∂g ��  ∂u1 ∂u2 . . . ∂up �
D := � =  .. ..
�
.. �
∂u ū,x̄  . . . ��
∂gn ∂gn ∂gn �
∂u1 ∂u2 . . . ∂up ū,x̄

2.5 Exemples
2.5.1 Oscillateur de Van der Pol

En partant de l’équation difflrentiel du second ordre décrivant l’oscillateur


de Van der Pol

ẍ + �(x2 − 1)ẋ + x = 0

il est possible de représenter une trajectoire solution de l’équation différentielle


pour une condition initiale donnée. Par exemple, pour la valeur du paramètre
� = 0, 5 et pour la condition initiale x0 = ẋ0 = 1, la solution est représentée à
la figure 2.9.
Cependant, lorsqu’une représentation pour un grand nombre de condition
initiales est désirée, il est avantageux de représenter également le graphe des
éléments de pente (fig. 2.9).

2.5.2 Dynamique de population

Pour illustrer les concepts introduits dans ce chapitre, nous présentons


deux exemples très simplifiés de dynamique de population. Nous envisageons
30 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

à la fois les modèles mathématiques de deux espèces en compétition pour


une même ressource unique, ainsi que la dynamique prédateur-proie, où deux
espèces distinctes s’affrontent, l’une jouant le rôle de proie et l’autre celui de
prédateur.
Les hypothèses simplificatrices suivantes sont adoptées :

• La densité de l’espèce, c’est-à-dire le nombre d’individus par unité d’aire,


est représentée par une variable unique, la différence d’âge de sexe et de
génotype sont ignorés.
• L’effet de surpeuplement affecte le groupe dans son entier. Tous les
membres de la population sont touchés de manière similaire. Bien que
ceci soit peu probable lorsque les membres se répartissent en sous-
groupes, de telle sorte qu’ils ne soient pas uniformément distribués dans
tout l’ensemble du territoire considéré, nous faisons néanmoins cette
hypothèse.
• Les effets des interactions au sin de la même espèce et avec des espèces
différentes sont instantanés. Il n’y a pas de délai lors d’action entreprise
par un individu.
• Les facteurs abiotiques environnementaux (c-à-d. l’influence du non-
vivant sur le vivant) sont suffisamment constants.
• La croissance du taux de la population est dépendante de la densité,
même lors de très faibles densités.
• Les femelles trouvent toujours à s’accoupler, même lorsque la densité
est basse.
Ces hypothèses, très simplificatrices, se justifient essentiellement par le fait
qu’il y aura nécessairement un effet limitant par le manque de ressources.

2.5.3 Compétition

Deux population distinctes sont en compétition pour une même ressource


qui se trouve en quantité limitée. x1 désigne la population de la première
espèce et x2 celle de la seconde. Un modèle d’évolution différentielle est ob-
tenu en considérant une croissance exponentielle en l’absence d’effet inhibi-
tifs. Deux coefficients positifs a1 et a2 sont introduits pour représenter les
taux de croissances instantanés. Les populations agissent alors de manière
indépendante.
Cependant, les ressources ne sont pas infinies et la présence d’une densité
croissante aura tendance à diminuer la croissance des populations respectives.
Ainsi, nous distinguons les coefficients d’auto-inhibition b11 et b22 (deux quan-
tités positives, crées par la présence d’un compétiteur de même espèce), de
ceux des coefficients d’inhibition croisée b12 et b2 1 (également deux nombres
réels positifs mais dus cette fois-ci à la présence d’un compétiteur de l’autre
espèce). En conséquences, nous posons comme modèle d’évolution

ẋ1 = x1 (a1 − b11 x1 − b12 x2 )


2.5 Exemples 31

ẋ2 = x2 (a2 − b21 x1 − b22 x2 )


Notons, en résolvant ẋ1 = ẋ2 = 0, la présence de plusieurs points
d’équilibre. Lorsque b11 b22 − b12 b21 �= 0, il y a quatre points d’équilibre isolés
distincts :
a) x̄1 = 0 x̄2 = 0

a1
b) x̄1 = x̄2 = 0
b11

a2 b12 − a1 b22 a1 b21 − a2 b11


c) x̄1 = x̄2 =
b11 b22 − b12 b21 b11 b22 − b12 b21
a2
d) x̄1 = 0 x̄2 =
b22
Ils correspondent respectivement à :
a) l’extinction des deux espèces ;
b) l’extinction de la seconde espèce au profit de la première ;
c) la survie des deux espèces en équilibre ;
d) l’extinction de la première au profit de la seconde.
Lorsque b11 b22 − b12 b21 = 0, outre le point d’équilibre à l’origine, la présence
d’une droite continue de points d’équilibre est constatée. En effet, en prenant
pour valeur numérique a1 = a2 = 2 et b11 = b12 = b21 = b22 = 2, on obtient
les deux équations définissant les points d’équilibres

2x1 − x1 x2 − x22 = 0 et 2x2 − x1 x2 − x22 = 0

En soustrayant ces deux équations, l’expression (x2 − x1 )(x1 + x1 − 2)= 0 est


obtenue faisant apparaı̂tre la droite x2 = 2 − x1 comme un lieu continu de
points d’équilibre.
Le système non linéaire ẋ = f (x) peut être estimé par le premier terme du
développement en série de Taylor. Ceci donne ẋ = A(x̄)(x − x̄) où x̄ désigne
le point d’équilibre où l’on développe f (x). La matrice A s’écrit
� �
a1 − 2b11 x̄1 − b12 x̄2 −b12 x̄1
A= (2.33)
−b21 x̄2 a2 − b21 x̄1 − 2b22 x̄2

et dépend des valeurs x̄1 et x̄1 du point d’équilibre.


Le plan de phase est représenté à la figure 2.13 pour trois choix de valeurs
numériques. Les facteurs de croissance sont fixés à a1 = a2 = 2. Dans le
premier cas, les facteurs inhibitifs croisés sont plus importants que les facteurs
auto-inhibitifs (b11 = b22 = 1 et b12 = b22 = 2). Le points d’équilibre (0 0)T
est localement instables. Les points d’équilibre (2 0)T et (0 2)T sont des points
stables. Le point d’équilibre ( 23 23 )T est un point selle.
32 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

Dans le deuxième cas, lorsque l’auto-inhibition est identique à l’inhibition


croisée, on constate une vie mutuelle des deux espèces et une convergence vers
des points d’équilibre qui dépend des conditions initiales.
Dans le troisième cas c’est-à-dire lorsque l’inhibition croisée est moins forte
que l’auto-inhibition, il y a également une survie mutuelle des deux espèces,
mais toujours avec la même densité. Le point d’équilibre ( 43 43 )T est stable.
Le point d’équilibre (0 0)T est instable. Les deux points d’équilibre restants
(0 2)T et (2 0)T sont des points selles.

2.5.4 prédateur-proie

Dans ce modèle, x1 représente la densité de population des proies et x2


celle des prédateurs.
L’équation de l’évolution de x1 est identique au cas des populations en
compétition de la section précédente. En effet, les proies croissent de manière
exponentielle en l’absence de prédateur (coefficient a1 positif). Leur croissance
est limitée par les ressources (effet auto-inhibitif, b11 ) et par la présence de
prédateur (effet d’inhibition croisé, b12 ).
Par contre, l’évolution des prédateurs x2 est foncièrement différente. En
l’absence de proie, les prédateurs disparaissent progressivement de manière
exponentielle, et le signe devant le coefficient a2 est cette fois-ci négatif. De
plus, la présence des proies n’a pas un effet inhibitif, mais bien au contraire,
un effet de croissance : le signe devant le facteur b21 est positif. Il n’y a pas
d’effet auto-inhibitif, ce qui implique l’annulation du coefficient b22 = 0.
Sous ses hypothèse, les deux équations différentielles qui gouvernent l’évolution
des populations sont

ẋ1 = x1 (a1 − b11 x1 − b12 x2 )

ẋ2 = x2 (−a2 − b21 x1 )


Ce système comporte trois points d’équilibre :

a) x̄1 = 0 x̄2 = 0

a1
b) x̄1 = x̄2 = 0
b11

a2 a1 b21 − a2 b11
c) x̄1 = x̄2 =
b21 b12 b21
Le premier point d’équilibre est l’extinction mutuelle des deux espèces.
Le deuxième correspond uniquement à la survie des proies ; il y a absence de
prédateurs. Le troisième correspond à une survie mutuelle.
Lorsque a1 b21 < a2 b11 , les prédateurs meurent par manque de facteur
de reproduction des proies (coefficient a1 ), La condition de survie mutuelle
pondère les deux facteurs a1 et a2 par la qualité de satisfaction énergétique
2.5 Exemples 33

de la proie pour un prédateur b21 et du taux d’auto-inhibition des proies b11 .


En effet, l’auto-inhibition des proies rend la reproduction et la survie des
prédateurs difficiles.
La figure ?? représente la plan de phase pour les valeurs numériques

a1 = a2 = b21 = 2 b11 = b12 = 1

Deux courbes, solutions de l’équation différentielle, sont également représentées,


une pour la condition initiale x1 (0) = x2 (0) = 0, 2 et une autre pour la condi-
tion initiale x1 (0) = 1, 7 et x2 (0) = 1, 4. On constate que dans les deux cas, la
solution correspondante converge vers le point d’équilibre de survie mutuelle
x̄1 = x̄2 = 1. Pour la première courbe, la densité des prédateurs com-
mence légèrement à diminuer pois demeure relativement modeste à cause du
faible nombre de proies disponibles. Toutefois, ces dernières se reproduisent
en présence de la faible densité des prédateurs. Lorsqu’une taille critique est
atteinte, à partir de laquelle les prédateurs peuvent mieux se développer, la
tendance s’inverse et les prédateurs augmentent au détriment des proies.
De manière générale, le taux de prédateurs par rapport à celui des proies
oscille jusqu’à atteindre l’équilibre de survie mutuelle.
34 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

−1

−2

−3
−3 −2 −1 0 1 2 3

Figure 2.9. Superposition du graphe des pentes et d’une trajectoire dans le cas de
l’oscillateur de Van der Pol (� = 0, 5, x10 = 1, x20 = 1).

2.5

1.5

0.5

−0.5
−0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5

Figure 2.10. Plan de phase et points d’équilibre pour deux populations en


compétitions pour une ressource unique. a1 = a2 = 2 et b11 = b22 = 1. b12 = b21 = 2,
l’inhibition croisée est plus grande que l’auto-inhibition et cela produit une popula-
tion à survivre au détriment de l’autre.
2.5 Exemples 35

2.5

1.5

0.5

−0.5
−0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5

Figure 2.11. Plan de phase et points d’équilibre pour deux populations en


compétitions pour une ressource unique. a1 = a2 = 2 et b11 = b22 = 1. b12 = b21 = 1,
l’inhibition croisée est identique à l’auto-inhibition, ce qui conduit les deux popula-
tions à vivre avec des rapports qui dépendent des conditions initiales.

2.5

1.5

0.5

−0.5
−0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5

Figure 2.12. Plan de phase et points d’équilibre pour deux populations en


compétitions pour une ressource unique. a1 = a2 = 2 et b11 = b22 = 1.
b12 = b21 = 0, 5, l’auto-inhibition est plus grande que l’inhibition croisée et les deux
populations finissent au même point d’équilibre, pour presque toutes les conditions
initiales.
36 2 MODÉLISATION MATHÉMATIQUE

2.5

1.5

0.5

−0.5
−0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5

Figure 2.13. Plan de phase et points d’équilibre pour le modèle prédateur-proie.


La variable x1 représente la densité des proies (axe horizontale) et la variable x2
représente la densité des prédateurs (axe vertical). Les valeurs numériques choi-
sies sont a1 = a2 = b21 = 2 et b11 = b12 = 1. Deux trajectoires sont également
représentées pour x1 (0) = x2 (0) = 0, 2 et pour x1 (0) = 1, 7, x2 (0) = 1, 4. Les trois
points d’équilibre sont constatés : a) l’origine x̄1 = x̄2 = 0 ( en bas à gauche), b)la
survie des proies et l’extinction des prédateurs x̄1 = 2, x̄2 = 0 ( en bas à droite), et
finalement c) la survie mutuelle x̄1 = x̄2 = 1 ( au centre).
3
FONCTION DE TRANSFERT

3.1 INTRODUCTION

On cherche une relation algébrique liant l’entrée et la sortie d’un système


dynamique décrite par des équation différentielles. On verra que cela est pos-
sible grâce à la transformation de Laplace et au concept de fonction de trans-
fert.
La transformation de Laplace permet de transformer des équations différentielles
et intégrales, linéaires et à coefficients constants, en équations algébriques
beaucoup plus simples à manipuler. Il deviendra ainsi aisé de les résoudre ou
d’étudier certaines propriétés structurelles des systèmes dynamiques corres-
pondantes.

3.2 TRANSFORMATION DE LAPLACE

3.2.1 Définition

Soient le signal temporel f (t), avec f (t) = 0 pour t < 0, et la variable


complexe s.
La tranformation de Laplace de f (t) pour l’intervalle temporel [0, ∞)
s’écrit F (s) et est définie comme suit :
� ∞
F (s) = L[f (t)] = f (t)e−st dt (3.1)
0
La transformée de Laplace transforme donc un signal temporel en un signal
dépendant de la variable complexe s :
L
f (t) −−−−−−−−−−−−−−−→ F (s)
38 3 FONCTION DE TRANSFERT

3.2.2 Existence

La transformé de Laplace F (s) du signal f (t) existe si l’intégrale (3.1)


converge.
Considérons à titre d’exemple la transformée de Laplace du signal f (t) =
Aeαt où A et α sont des constantes réelles s = a + jb une variables complexe :
� ∞ � ∞ �∞
A −(s−α)t ��
F (s) = L[f (t)] = Aeαt e−st dt = A e−(s−α)t dt = − e �
0 0 s−α 0
�∞
A −(s−α)t �
=− e [cos(bt) − j sin(bt)]��
s−α 0

 A
 si(a − α) > 0 a>α
= s−α


no converge pas si(a − α) ≤ 0 a≤α
La partie du plan complexe pour laquelle a = �(s) > α représente le do-
maine de convergence de F (s). Ce domaine est illustré à la figure 3.1 ; α est
appelé l’abscisse de convergence de F (s).
Les fonctions temporelles de type exponentielle ou celles qui croissent

Im

s = a + bj

pas de convergence convergence

α Re

Figure 3.1. Domaine de convergence de F (s) pour f (t) = Aeαt .

moins rapidement qu’une exponentielle possèdent un domaine de convergence


non nul. Par exemple t, sin(ωt) et t sin(ωt) possèdent l’abscisse de convergence
0 alors que eαt , teαt et eαt sin(ωt) possèdent toutes l’abscisse de convergence
2 2
α. Par contre, les fonctions et et tet croissent plus rapidement qu’une fonc-
tion exponentielle et ne possèdent pas de domaine de convergence, et donc
3.3 TRANSFORMÉE DE LAPLACE DE SIGNAUX CHOISIS 39

pas des transformée de Laplace.


Notons cependant que
� 2
et 0 ≤ t ≤ t∗ < ∞
f (t) =
0 t ≥ t∗
possède bien une transformée de Laplace F (s).
On démontre que l’intégrale (3.1) converge si f (t) est continue par mor-
ceaux pour t ≥ 0 et si une constante positive β existe telle que :

lim e−βt |f (t)| = 0


t→∞

La plus part des signaux d’intérêt dans l’étude des systèmes dynamiques
possèdent une transformée de Laplace.
Il serait fort utile de pouvoir utiliser dans tout le plan complexe l’expres-
sion analytique calculée à partir de la définition (3.1) et valable uniquement
dans le domaine de convergence. A cette fin, on peut utiliser le théorème du
prolongement analytique 1 : si deux fonctions complexes, analytiques dans un
domaine 2 , sont égales pour un quelconque intervalle non nul de ce domaine,
elles sont alors égales partout dans ce domaine. Dans notre cas particulier, ces
deux fonctions sont d’une part l’intégrale de la définition (3.1) et d’autre part
l’expression analytique pour F (s) ; le domaine est le plan complexe à l’excep-
tion des points de singularité où F (s) est infini ; l’intervalle est un intervalle
fini quelconque dans la région de convergence de l’intégrale (3.1). Le théorème
indique alors que l’expression analytique F (s) est valable pour tout le plan
complexe à l’exception des valeurs de s qui rendent F (s) infini (les pôles de
F (s)).
Nous dirons donc que la transformée de Laplace de f (t) est la fonction ana-
lytique F (s) qui, pour �(s) > α, est définie par son intégrale de Laplace (3.1).

3.3 TRANSFORMÉE DE LAPLACE DE SIGNAUX


CHOISIS
3.3.1 Saut unité

Le saut unité �(t) est un signal défini de la façon suivante :



0 pour t < 0
�(t) =
1 pour t ≥ 0
1. Prolongement analytique. Soient deux domaines D et D1 tels que D ⊂ D1 . Si
deux fonctions F et F1 sont holomorphes sur D et D1 et si F (s) = F1 (s) pour tout
s ∈ D, on dit que F1 est un prolongement analytique de F sur D1 .
2. Une fonction F (s) est holomorphes ou analytique en D si elle admet une dérivée
F � (s) en tout point de D
40 3 FONCTION DE TRANSFERT

On l’appelle également échelon unité en raison de sa forme. Sa représentation


graphique est donnée à la figure 3.2
A partir de la définition de la transformation de Laplace (3.1), on obtient

�(t)

1 •

t
0

Figure 3.2. Saut unité.

pour la saut unité :


� ∞
1
L[�(t)] = 1e−st dt = (3.2)
0 s
Dans le cas d’un saut unité d’amplitude A, soit u(t) = A�(t) :
� ∞
A
U (s) = L[u(t)] = Ae−st dt = (3.3)
0 s
La réponse d’un système au repos à un échelon unité est appelée réponse
indicielle.

3.3.2 Rampe
Une rampe est un signal à croissance linéaire dont l’équation est u(t) = At,
pour t ≥ 0. Sa représentation est donnée à la figure 3.3. A partir de (3.3),
et en utilisant la méthode d’intégration par parties, on a :
� ∞
U (s) = L[u(t)] = Ae−st dt
0
� � � ∞ � (3.4)
� 1 � �∞ 1 A
=A − t e−st �� − − e−st dt = 2
s 0 0 s s

3.3.3 Exponentielle


0 pour t < 0 L A
u(t) = −−−−−−→ U (s) =
Ae−αt pour t ≤ 0 s+α
3.3 TRANSFORMÉE DE LAPLACE DE SIGNAUX CHOISIS 41

u(t)

t
0 1

Figure 3.3. Rampe.

3.3.4 SInus et cosinus

Soient les relations trigonométriques bien connues : ejωt = cos(ω0 t) +


j sin(ω0 t)

e−jωt = cos(ω0 t) − j sin(ω0 t)


De la transformée de Laplace d’un signal exponentiel, on déduit aisément :

0 pour t < 0 L Aω0
u(t) = −−−−−−→ U (s) = 2
A sin(ω0 t) pour t ≤ 0 s + ω02


0 pour t < 0 L As
u(t) = −−−−−−→ U (s) =
A cos(ω0 t) pour t ≤ 0 s2 + ω02

3.3.5 Impulsion de Dirac

Soit l’impulsion rectangulaire définie par (3.4) :



 0 t<0
ρ(t) = 1/∆t t ∈ [0, ∆t)

0 t ≥ ∆t
A la limite, pour ∆t → 0, ρ(t) tend vers une impulsion de durée infiniment
courte, d’amplitude infiniment grande, de surface unité et située à l’origine
(fig. 3.5) :

δ(t) = lim ρ(t)


∆t→0

Cette impulsion δ(t) est appelée impulsion de Dirac ou fonction delta.


De ce qui précède, nous pouvons mettre en évidence les caractéristiques
de cette impulsion :
� ∞
δ(t)dt = 1
−∞
42 3 FONCTION DE TRANSFERT

ρ(t)

1

∆t

• t
0 ∆t

Figure 3.4. Impulsion rectangulaire.

δ(t)

t
0

Figure 3.5. Impulsion de Dirac.

δ(t) = 0pourt �= 0
La transformée de Laplace de l’impulsion de Dirac est :
� ∞ � 0+ � ∞
L[δ(t)] = δ(t)e−st dt = δ(t)e0 dt + 0e−st dt = 1
0 0 0+

La réponse d’un système au repos à une impulsion de Dirac est appelée


réponse impulsionnelle.
3.4 PROPRIÉTÉS DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 43

3.3.6 Dictionnaire de la transformation de Laplace

n˚ Signal temporel Transformée de Laplace Abscisse de convergence

1
1 �(t) s
(0, ∞)

2 δ(t) 1 (−∞, ∞)

3 δ n+1 (t) sn (−∞, ∞)

1
4 �(t)e−αt (0, ∞)
s+α
s
5 �(t) cos(ωt) (0, ∞)
s2 + ω 2
ω
6 �(t) sin(ωt) (0, ∞)
s2 + ω 2
s+α
7 �(t)e−αt cos(ω(t)) (−α, ∞)
(s + α)2 + ω 2
ω
8 �(t)e−αt sin(ωt) (−α, ∞)
(s + α)2 + ω 2
s cos φ − ω sin φ
9 �(t) cos(ωt + φ) (0, ∞)
s2 + ω 2
s sin φ + ω cos φ
10 �(t) sin(ωt + φ) (0, ∞)
s2 + ω 2
n
�(t)t 1
11 (0, ∞)
n! sn+1
�(t)tn e−αt 1
12 (−α, ∞)
n! (s + α)n+1
Ces expressions sont valables pour des puissance n positives et entières.
�(t) représente le saut unité à t = 0.

3.4 PROPRIÉTÉS DE LA TRANSFORMATION DE


LAPLACE
3.4.1 Dérivation temporelle

� ∞ � �
d d
L[ f (t)] = f (t) e−st dt
dt 0 dt

Une intégration par parties donne :


44 3 FONCTION DE TRANSFERT
� ∞
d �∞
L[ f (t)] = [f (t)e−st ]�0 − f (t)(−s)e−st dt
dt 0
� ∞
= −f (0) + s f (t)e−st dt = sF (s) − f (0)
0
De même, en appliquant successivement l’intégration par parties :

d2 d
L[ 2
f (t)] = s2 F (s) − sf (0) − f (0)
dt dt
dn dn−1
L[ n f (t)] = sn F (s) − sn−1 f (0) − . . . − n−1 f (0) (3.5)
dt dt
En d’autres termes, dériver le signal temporel f (t) correspond, dans le
domaine de Laplace, à manipuler sa transformée de Laplace F (s) par s. Re-
marquons ici qu’il est nécessaire de prendre en compte les conditions initiales.

3.4.2 Intégration temporelle

�� � � �� �
t ∞ t
L f (τ )dτ = f (τ )dτ e−st dt
0 0 0

A nouveau, une intégration par parties permet d’évaluer cette expression :

�� � �� � �∞ �
�� � �
t ∞
1 −st �� ∞
1 −st
L f (τ )dτ = f (τ )dτ − e � − f (t) − e dt
0 0 s � 0 s
0
� � ∞ � 0 � �
1 −∞ 1 ∞
=− e f (τ )dτ − e 0
f (τ )dτ + f (t)e−st dt
s 0 0 s 0
F (s)
= (3.6)
s
En d’autre termes , intégrer le signal temporel f (t) correspond, dans le
domaine de Laplace, à multiplier sa transformée de Laplace F (s) par 1/s.

3.4.3 Translation dans le domaine de Laplace : F (s + λ)


La transformée de Laplace d’un signal temporel multiplié par l’exponen-
tielle e−λt correspond à la transformée de Laplace du signal original décalé
du facteur λ :
� ∞ � ∞
L[e−λt f (t)] = e−λt f (t)e−st dt = f (t)e−(s+λ)t dt = F (s + λ) (3.7)
0 0
3.4 PROPRIÉTÉS DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 45

�(t)f (t)

�(t − τ )f (t − τ )

0 t
τ

Figure 3.6. Translation temporelle du signal f (t).

3.4.4 Translation dans le temps : f (t − τ )


Soit le signal temporel �(t − τ )f (t − τ ) qui correspond au signal �(t)f (t)
retardé de τ (3.6).
On peut écrire :
� ∞ � ∞
L[�(t − τ )f (t − τ )] = e−st dt = f (t − τ )e−st dt
0 τ
En introduisant le changement de variable v = tτ , on a :
� ∞
−st
L[�(t − τ )f (t − τ )] = e e−sv dt = e−sτ F (s) (3.8)
0
En d’autres termes, retarder le signal temporel f (t) de τ correspond, dans
le domaine de Laplace, à multiplier sa transformée de Laplace F (s) par e−sτ .

3.4.5 Linéarité
La transformation de Laplace est un opérateur linéaire. En effet, si :
L[f1 (t)] = F1 (s)
L[f2 (t)] = F2 (s)
la définition (3.9) permet alors d’écrire :

L[c1 f1 (t) + c2 f2 (t)] = c1 F1 (s) + c2 F2 (s) (3.9)


c1 et c2 sont des constantes réelles, vérifiant ainsi le principe de superposition
(théorème d’additivité et d’homogénéité). Notons au passage que
� ∞
L[f1 (t)f2 (t)] = f1 (t)f2 (t)e−st dt �= F1 (s)F2 (s)
0
Vérifier cette dernière relation en choisissant par exemple f1 (t) = f2 (t) =
�(t).
46 3 FONCTION DE TRANSFERT

3.4.6 Valeur finale (régime stationnaire)


Nous verrons plus loin comment calculer le signal f (t) à partir de sa trans-
formée de Laplace F (s). En attendant, si la valeur en régime stationnaire de
f (t) existe, elle peut être évaluée à partir de F (s) grâce au théorème de la
valeur finale :

lim f (t) = lim sF (s) (3.10)


t→∞ s→0
Cette relation peut être obtenue de Laplace de d/dtf (t) :
� ∞� �
d
f (t) e−st dt = sF (s) − f (0)
0 dt
En faisant tendre s vers 0, on obtient :
� ∞� � � ∞
d
f (t) dt = df (t) = lim f (t) − f (0) = lim sF (s) − f (0)
0 dt 0 t→∞ s→0

d’où l’on tire la relation (3.10).


La valeur en régime stationnaire de f (t) existe, et donc la relation (3.10)
est valable, si sF (s), c’est-à-dire les valeurs de s qui rendent sF (s) infini, se
trouvent dans la moitié gauche du plan complexe, axe imaginaire non com-
pris. On vérifie ainsi que le théorème de la valeur finale s’applique à un saut
échelon (pour lequel limt→∞ f (t) = lims→0 sF (s) = 1) mais pas à un sinus
(pour lequel limt→∞ f (t) n’existe pas) ni à une exponentielle croissante (pour
laquelle limt→∞ = ∞ alors que lims→0 sF (s) = 0).
Vérifier que le théorème de la valeur finale s’applique à y(t) = e−2t mais
pas à y(t) = et .

3.4.7 Valeur initiale (comportement initiale)


De manière similaire, on peut calculer la valeur initiale de f (t) à partir de
F (s) grâce au théorème de la valeur initiale qui stipule :

lim f (t) = lim sF (s) (3.11)


t→0 s→∞
Pour le démontrer, on utilise à nouveau la transformée de Laplace de
d/dtf (t) et on fait tendre s vers l’infini :
� ∞� �
d
lim f (t) e−st dt = 0 = lim sF (s) − f (0)
s→∞ 0 dt s→∞

d’où l’on tire la relation (3.11)


Il n’y a dans ce cas pas de condition sur la position des pôles de sF (s).
Cette relation est, par exemple, valable pour un sinus ou une exponentielle
croissante.
3.4 PROPRIÉTÉS DE LA TRANSFORMATION DE LAPLACE 47

3.4.8 Dérivation dans le domaine de Laplace

Soit F (s) la transformée de Laplace du signal f (t). Par définition, on a :


� ∞
F (s) = f (t)e−st dt
0
et, en dérivant par rapport à s :
� ∞ � ∞
d d
F (s) = f (t)e−st dt = − tf (t)e−st dt = −L[tf (t)] (3.12)
ds ds 0 0
On établit facilement la règle générale :
dn
L[tn f (t)] = (−1)n F (s) (3.13)
dsn

3.4.9 Grammaire de la transformation de Laplace

L’ensemble des propriétés de la transformation de Laplace constitue des


règles de grammaire à appliquer pour déterminer la transformée d’un signal
temporel particulier. Elles sont regroupées dans le tableau qui suit :

n˚ Signal temporel Transformée de Laplace

I f (t) F (s)
� �
II i ki fi (t) i ki Fi (s)

III f (t/λ) |λ|F (λs)

IV e−λt f (t) F (s + λ)

V �(t − τ )f (t − τ ) e−sτ F (s)

dn dn−1
VI f (t) sn F (s) − sn−1 f (0) − . . . − f (0)
dtn dtn−1
� t
F (s)
VII f (τ )dτ
0 s
dn
VIII tn f (t) (−1)n n
ds

IX lim f (t) lim [sF (s)]


t→∞ s→0

X lim f (t) lim [sF (s)]


t→0 s→∞

Les signaux temporels sont nuls pour t < 0. �(t−τ ) représente le saut unité
48 3 FONCTION DE TRANSFERT

au temps t = τ .

3.5 EXMEPLES DE TRANSFORMÉES DE LAPLACE

3.5.1 Echelon de durée finie

Déterminons la transformée de Laplace du signal représenté à la figure


3.7 :
Une première approche consiste à appliquer directement la définition (3.1).

f (t)

1 •

• t
0 τ

Figure 3.7. Impulsion de durée τ .

� τ � ∞
1
L[f (t)] = 1e−st dt + 0e−st dt = (1 − e−sτ )
0 τ s
Une seconde approche, qui est appliquée de préférence chaque fois que
cela est possible consiste à décomposer le signal f (t) en une combinaison de
signaux dont les transformées de Laplace sont connues, en l’occurence :

f (t) = �(t) − �(t − τ )


Et avec la linéarité de la transformation de Laplace :

L[f (t)] = L[�(t)] − L[�(t − τ )]


Et avec la propriété de translation temporelle :

L[f (t)] = L[�(t)] − e−sτ L[�(t)] = (1 − e−sτ )L[�(t)]


Finalement :
1
L[f (t)] = (1 − e−sτ )
s
3.5 EXMEPLES DE TRANSFORMÉES DE LAPLACE 49

3.5.2 Réponse exponentielle


Soit f (t) = A[1 − e−αt ] comme illustré à la figure 3.8, avec α > 0.

f (t)

t
0

Figure 3.8. Réponse exponentielle.

a) Déterminons F (s) en utilisant le dictionnaire de la transformation de


Laplace.
b) Déterminons la valeur finale de f (t)
Solution
a) Selon le dictionnaire de la section 3.3 :
A A Aα
F (s) = − =
s s+α s(s + α)
b) Valeur finale selon la grammaire de la section 3.4 :
Le pôle de sF (s) = Aα/(s + α) se trouve s = −α dans la moitié gauche
du plan complexe. On peut donc appliquer le théorème de la valeur
finale : � �

lim f (t) = lim [sF (s)] = lim =A
t→∞ s→0 s→0 s + α

3.5.3 Transformation de Laplace inverse


Quel sont le signal dont la transformée de Laplace est
50 3 FONCTION DE TRANSFERT

1
F (s) = ?
(s + a)2
Solution
Le dictionnaire nous donne :
1
L[t] =
s2
et la grammaire :

L[e−at f (t)] = F (s + a)
Il s’ensuit que, pour t ≥ 0 :
1
L[e−at t] =
(s + a)2

3.6 CONCEPT DE FONCTION DE TRANSFERT


3.6.1 Définition

Un système dynamique lscr est caractérisé par sa réponse impulsionnelle


g(t) ou, de manière équivalente, par la transformée de Laplace correspondante
G(s) qui est appelée la fonction de transfert du système :

G(s) := L{g(t)} (3.14)


A partir de cette définition, on peut affirmer que la fonction de transfert
est indépendante de l’entrée.
On démontre que la fonction de transfert d’un système lscr monova-
riable est le rapport des transformées de Laplace de la sortie et de l’entrée.
Considérons à titre d’exemple le système dynamique donnée par l’équation
différentielle :

d2 y dy du
2
+ a1 1a0 y = b1 + b0 u (3.15)
dt dt dt
avec les conditions initiales y(0) = dy/dt(0) = (0) = 0.
En appliquant la transformation de Laplace à l’équation (3.15), on a :

[s2 + a1 s + a0 ]Y (s) = [b1 s + b0 ]U (s)

ou

Y (s) b 1 s + b0
= G(s) = 2 (3.16)
G(s) s + a1 s + a0
G(s) lie ainsi la sortie à l’entrée d’un système lscr :
3.6 CONCEPT DE FONCTION DE TRANSFERT 51

U (s) Y (s)
G(s)

Figure 3.9. Représentation par fonction de transfert.

Y (s) = G(s)/U (s) (3.17)


La représentation par fonction de transfert est illustrée par le schéma fonc-
tionnel de la figure 3.9.

3.6.2 Euqations différentielles linéaires à coefficients constants


Le comportement dynamique d’un grand nombre de systèmes linéaires
peut être représenté par :

• n équations différentielles du premier ordre (modèle d’état linéaire) ;


• une équation différentielle linéaire d’ordre n (modèle entrée-sortie).
Considérons le second cas :

y (n) +an−1 y (n−1) + . . . + a1 y (1) + a0 y


(3.18)
= bm u(m) + bm−1 um−1 + . . . + b1 u(1) + b0 u
En appliquant la transformation de Laplace aux deux membres de l’équation
(3.18), on obtient :
(1) (n−1)
[Y (s)sn −y0 sn−1 − y0 sn−2 − . . . − y0 ]
+an−1 [Y (s)sn−1 − y0 sn−1 ]
+ . . . + a1 [Y (s)s − y0 ] + a0 Y (s)
(1) (m−1)
= bm [U (s)sm − u0 sm−1 − u0 sm−1 − . . . − u0 ]
m−1 m−2 (1) m−3 (m−2) (3.19)
+bm−1 [U (s)s − u0 s − u0 s − . . . − u0 ]
+ . . . + b1 [U (s)s − u0 ] + b0 U (s)
En regroupant dans les polynômes Y0 (s) de degré n − 1 et U0 (s) de degré
m − 1 les termes faisant intervenir respectivement les conditions initiales de
y et de u :
Y0 (s) = y0 sn−1 + y01 sn−2 + . . . + y0n−1
+an−1 [y0 sn−2 + y01 sn−3 + . . . + y0n−2 ]
+ . . . + a 1 y0
= y0 sn−1 + [y01 + an−1 y0 ]sn−2 + . . . + [y0n−1 + an−1 y0n−2
+ . . . + a 1 y0 ]
U0 (s) = bm [u0 sm−1 + u10 sm−2 + . . . + um−1
0 ]
+bm−1 [u0 s m−2 1 m−3
+ u0 s + . . . + um−2
0 ]
+ . . . + b1 u 0
= bm u0 sm−1 + [bm u10 + bm−1 u0 ]sm−2 + . . .
+[bm um−10 + bm−1 um−2
0 + . . . + b1 u 0 ]
52 3 FONCTION DE TRANSFERT

La relation (3.19) donne :

bm
s + bm−1 s
m−1
+ . . . + b 1 s + b0
Y (s) = U (s)
s + an−1 sn−1 + . . . a1 s + a0
n
(3.20)
Y0 (s) − U0 (s)
+ n
s + an−1 sn−1 + . . . + a1 s + a0

On constate que la sortie comporte deux termes bien distincts. Le premier


dû à l’entrée correspond à la réponse forcée du système, le second dû aux
conditions initiales correspond à sa réponse libre ou réponse propre.
Pour se ramener à la définition de la fonction de transfert, il convient de
considérer le système au repos (Y0 (s) = U0 (s) = 0) :

bm sm + bm−1 sm−1 + . . . + b1 s + b0
Y (s) = U (s)
sn + an−1 sn−1 + . . . + a1 s + a0

Le système est causal si les degrés m et n des polynômes numérateur


et dénominateur respectent la condition m ≤ n. Cette affirmation peut se
justifier de façon intuitive en considérant le cas contraire, par exemple pour
m = 1 et n = 0, qui correspond à l’équation différentielle :

y(t) = b1 u̇(t) + b0 u(t)

Ce système répondrait infiniment rapidement et avec une amplitude infinie


à un saut échelon de l’entrée. Cette faculté de répondre infiniment rapidement
à une variation finie de l’entrée n’est pas possible pour un processus physique.
D’où la restriction de faisabilité physique m ≤ n qui correspond en fait à la
condition de causalité.
Peut-on utiliser le même argument pour montrer qu’un système pour lequel
m = n = 1 est physiquement réalisable ?
La fonction de transfert d’un système lscr représenté par une équation
différentielle d’ordre n a donc la forme :
Y (s) bm sm + bm−1 sm−1 + . . . + b1 s + b0
G(s) = = m≤n (3.21)
U (s) sn + an−1 sn−1 + . . . + a1 s + a0

Les valeurs de la variable complexe s qui annulent le dénominateur de la


fonction de transfert sont appelés les pôles du système ; quant aux valeurs qui
annulent le numérateur, elles sont appelées zéros. L’ordre du système est le
nombre de pôles, c’est-à-dire le degré du dénominateur. Ces concepts seront
précisés au chapitre suivant.
On remarque que la fonction de transfert est un fonction rationnelle de la
variable de Laplace s, c’est-à-dire un quotient de polynômes en s. Pourquoi
a-t-on cette structure particulière ? Est-ce toujours le cas ?
3.6 CONCEPT DE FONCTION DE TRANSFERT 53

3.6.3 Systèmes multivariables

Considérons le système multivariable linéaire et stationnaire donné par les


équations (??) et (??). L’application de la transformation de Laplace donne :

sX(s) − x0 = AX(s) + BU (s) (3.22)

Y (s) = CX(s) + DU (s) (3.23)


où X(s) et x0 sont des vecteurs de dimension n, U (s) un vecteur de dimension
p et Y (s) un vecteur de dimension q.
Pour des conditions initiales nulles (x0 = 0), les équation (3.22) et (3.23)
donnent :

X(s) = (sI − A)−1 BU (s)

Y (s) = [C(sI − A)−1 B + D]U (s)


ce qui permet de définir la matrice de fonctions de transfert :

G(s) = C(sI − A)−1 B + D (3.24)

où G(s) est une matrice de dimension q × p dans laquelle l’élément Gij (s)
représente la fonction de transfert Yi (s)/Uj (s), c’est-à-dire entre l’entrée uj
et la sortie yi .

3.6.4 Domaine temporel et domaine de Laplace

La transformation de Laplace et la notion de fonction de transfert sont des


outils puissants qui permettent, entre autres, de déterminer la transformée de
Laplace de la réponse d’un système lscr par une simple opération de multipli-
cation, plutôt que par un produit de convolution fastidieux. Il est par exemple
possible de résoudre une équation différentielle linéaire à coefficients constants
par simple résolution d’une équation algébrique. Ces simplification découlent
de la transposition du problème du domaine temporel dans le domaine de
Laplace (fig 3.6.4). Il faut néanmoins relever que, en règle générale, toute sim-
plification d’un problème à un niveau donné de sa résolution se répercute par
une complication dans une autre étape. Il s’agit dans ce cas-ci de trouver le
signal y(t) qui correspond à la transformée de Laplace Y (s). Cette opération,
connue sous le nom de transformation de Laplace inverse, est notée :

L−1
Y (s) −−−−−−−−→ y(t)

La voie de résolution choisie est adéquate uniquement si la complication


résultante est moindre que celle présente à l’origine. Nous allons voir ce que
c’est effectivement le cas grâce aux outils qui seront développés dans la pro-
chaine section.
54 3 FONCTION DE TRANSFERT

u(t) équation y(t)


domaine temporel
différentielle lscr

L L−1 L L−1 L L−1

fonction de transfert
domaine de Laplace
U (s) · G(s) = Y (s)

Figure 3.10. Correspondance entre le domaine temporel et le domaine de Laplace.

3.7 TRANSFORMATION DE LAPLACE INVERSE

3.7.1 Introduction

On calcul la sortie d’un système dynamique lscr excité par une entrée
connue comme suit :

Y (s) = G(s)U (s)

C’est la transformation de Laplace inverse appliquée à Y (s) qui permettra


d’obtenir la réponse temporelle y(t).
L’idée de base pour réaliser la transformation inverse consiste, dans le do-
maine de Laplace, à décomposer Y (s) en une combinaison linéaire de termes
dont les images dans le domaine temporel sont connues, par exemple les si-
gnaux donnés dans le dictionnaire. La transformation de Laplace étant un
opérateur linéaire satisfaisant au principe de superposition, le signal y(t) sera
donc la combinaison linéaire des images obtenues.

3.7.2 Eléments simples

La transformation de Laplace de la sortie d’un système est une frac-


tion rationnelle dont le dénominateur contient des termes qui proviennent
de l’équation différentielle et de l’entrée. On peut développer cette fraction
rationnelle en une somme pondérée d’éléments simples comme suit :

dq sq + dq−1 sq−1 + . . . d0 A1 A2 Ap
Y (s) = = + + ... +
sp + cp−1 sp−1 + . . . + c0 a − s1 s − s2 s − sp

où si (i = 1, . . . , p) sont les valeurs de s qui annulent le dénominateur de Y (s).


Les facteurs constants Ai (i = i, . . . p) sont appelés résidus.
Pour des raisons de causalité , le degrés du numérateur est inférieur ou
3.7 TRANSFORMATION DE LAPLACE INVERSE 55

égal à celui du dénominateur (q ≤ p). Un terme constant A apparaı̂t dans la


décomposition en éléments simples si q = p. Le terme constant est obtenu par
division des deux polynômes. Par conséquent, dans le cas général, la fraction
rationnelle s’écrit :
N (S)
Y (s) = A +
D(s)
où le degré du polynôme N (s) est strictement inférieur à celui du polynôme
D(s). On se restreindrai donc par la suite à la décomposition de N (s)/D(s).
Pour un système physique réel, les coefficients cp−1 , . . . , c0 du dénominateur
sont réels. Les racines sont par conséquent des nombres réels ou des paires
de nombres conjugués complexes. Il s’ensuit qu’à toute racine complexe
si = ai + jbi correspond la racine si+1 = ai − jbi .
Pour déterminer les résidus, il est possible soit de réduire au même
dénominateur les éléments simples puis d’identifier les coefficients de même
puissance avec ceux de la fonction de transfert, soit de faire appel à une
méthode générale de calcul appelée méthode des résidus.

3.7.3 Décomposition en éléments simples par réduction au même


dénominateur

Cette méthode, utilisable dans les cas simple, est illustrée sur la base d’un
exemple. Soit le système au repos caractérisé par la fonction de transfert :
2(s + 3)
G(s) =
(s + 1)(s + 6)

et excité par l’entrée u(t) = e−2t , t ≥ 0, dont la transformée de Laplace est :


1
U (s) =
s+2
La transformée de Laplace de la réponse devient :
2(s + 3)
Y (s) = G(s)U (s) = (3.25)
(s + 1)(s + 6)(s + 2)
On choisit de décomposer cette fraction rationnelle en trois éléments
simples pondérés par les coefficients réel A, B et C qui sont les résidus à
déterminer :
A B C
Y (s) = + + (3.26)
s+1 s+6 s+2
Après réduction au même dénominateur des fractions de la relation (3.26),
une comparaison avec (3.25) donne :

2(s + 3) = A(s + 6)(s + 2) + B(s + 1)(s + 2) + C(s + 1)(s + 6)


56 3 FONCTION DE TRANSFERT

L’identification membre à membre des coefficients de même puissance de


s donne :
s2 : 0 = A + B + C ce qui donne : A = 0, 8
s1 : 2 = 8A + 3B + 7C B = −0, 3
s0 : 6 = 12A + 2B + 6C C = −0, 5

La transformation de Laplace inverse donne alors comme signal de sortie :

y(t) = 0, 8e−t − 0, 3e−6t − 0, 5e−2t t≥0

3.7.4 Décomposition en éléments simples par la méthode des


résidus

L’équation (3.26) est valable pour tout s. On peut donc multiplier cette
équation par l’un des facteurs et faire tendre s vers la valeur qui annule ce
facteur. On obtient ainsi :
� �
2(s + 3)
A = lim (s + 1)Y (s) = lim = 0, 8
s→−1 s→−1 (s + 2)(s + 6)

� �
2(s + 3)
B = lim (s + 6)Y (s) = lim = −0, 3
s→−6 s→−6 (s + 2)(s + 1)
� �
2(s + 3)
C = lim (s + 2)Y (s) = lim = −0, 5
s→−2 s→−2 (s + 6)(s + 1)

Ainsi :
0, 8 0, 3 0, 5
Y (s) = − −
s+1 s+6 s+2
La transformation de Laplace inverse donne alors :

y(t) = 0, 8e−t − 0, 3e−6t − 0, 5e−2t t≥0

3.7.5 Cas particuliers

Racines complexes
Soit :
s+1
Y (s) =
s(s2 + 4s + 5)

Déterminons y(t), la transformée de Laplace inverse de Y (s).

Soution
Le dénominateur de Y (s) possède des racines complexes. Deux décompositions
3.7 TRANSFORMATION DE LAPLACE INVERSE 57

en éléments sont possibles, la deuxième étant plus facile à manipuler car elle
ne fait pas intervenir de termes complexes :
s+1 A C + Dj C − Dj
Y (s) = = + +
s(s + 2 + j)(s + 2 − j) s s+2+j s+2−j
et :
A Es + F
Y (s) = + 2
s s + 4s + 5
Déterminons A, E et F pour la deuxième décomposition (en réduisant au
même dénominateur) :

(s + 1) = A(s2 + 4s + 5) + (Es + F )s

d’où :
s2 : 0 = A + F ce qui donne : A = 0, 2
s1 : 1 = 4A + F E = −0, 2
s0 : 1 = 5A F = 0, 2

Ainsi :
0, 2 −0, 2s + 0, 2 0, 2 −0, 2(s + 2) 0, 6
Y (s) = + 2 = + +
s s + 4s + 5 s (s + 2)2 + 1 (s + 2)2 + 1

La transformation de Laplace inverse donne alors :

y(t) = 0, 2 − 0, 2e−2t cos t + 0, 6e−2t sin t t≥0

Racines doubles
Un système dynamique est décrit par l’équation différentielle suivante :
...
y + 7ÿ + 16ẏ + 12y = u̇ + u (3.27)

avec les conditions initiales :

y(0) = ẏ(0) = ÿ(0) = u(0) = 0 (3.28)

Sachant que u(t) correspond à une impulsion de Dirac au temps t = 0,


calculons y(t).

Solution
En appliquant la transformation de Laplace à (3.27) et en utilisant (3.28),
on obtient :

Y (s)[s3 + 7s2 + 16s + 12] = U (s)[s + 1]


58 3 FONCTION DE TRANSFERT

Y (s) s+1 s+1


G(s) = = 3 =
U (s) s + 7s2 + 16s + 12 (s + 2)2 (s + 3)
Pour U (s) = 1 (impulsion de Dirac) :

s+1 A B C
Y (s) = 2
= + 2
+ (3.29)
(s + 2) (s + 3) s + 2 (s + 2) s+3

Notons que la décomposition en éléments simple correspondant au terme


1/(s + 2)2 peut s’écrire ainsi :

As + B � A(s + 2) + (B � − 2A) A B
= = +
(s + 2)� 2 (s + 2)2 s + 2 (s + 2)2

Déterminons A, B et C par la méthode des résidus. L’équation (3.29) per-


met d’écrire :
s+1 C(s + 2)2
(s + 2)2 Y (s) = = A(s + 2) + B + (3.30)
s+3 s+3
et en dérivant (3.30) par rapport à s :

d 2
[(s + 2)2 Y (s)] = = A + (s + 2)Q(s)
ds (s + 3)2

où Q(s) est un polynôme en s. On calcule A, B et C comme suit :

d 2
A = lim [(s + 2)2 Y (s)] lim =2
s→−2 ds s→−2 (s + 3)2

s+1
B = lim (s + 2)2 Y (s) = lim = −1
s→−2 s→−2 (s + 3)2
s+1
C = lim (s + 3)Y (s) = lim = −2
s→−3 s→−3 (s + 2)2
Finalement on obtient :
� �
− 2 1 2
y(t) = L 1 − − = 2e−2t − te−2t − 2e−3t t≥0
s + 2 (s + 2)2 s+3

Terme constant

s(s + 3)
Soit : Y (s) =
(s + 1)2
Déterminons y(t).

Solution
3.7 TRANSFORMATION DE LAPLACE INVERSE 59

s2 + 3s s−1 A B
Y (s) = =1+ =1+ +
s2
+ 2s + 1 (s + 1)2 s + 1 (s + 1)2
Déterminons A et B en réduisant au même dénominateur :
s − 1 = A(s + 1) + B
d’où :
s1 : 1 = A A=
s0 : −1 = A + B B = −2
Ainsi :
1 2
Y (s) = 1 + −
s + 1 (s + 1)2
La transformation de Laplace inverse donne alors :
y(t) = δ(t) + e−t − 2te−t t≥0
Système non linéaire
Un système dynamique est donné par l’équation différentielle
ÿ + 2ẏ + 3 = u y(0) = ẏ(0) = 0 (3.31)
Calculons la fonction de transfert correspondante.

Solution
L’équation différentielle est non linéaire car le principe de superposition
ne s’applique pas. En effet :
u 1 → y1 : ÿ1 + 2ẏ1 + 3 = u1
u 2 → y2 : ÿ2 + 2ẏ2 + 3 = u2
u 1 + u 2 � y 1 + y2 : (ÿ1 + ÿ2 ) + 2(ẏ1 + ẏ2 ) + 6 = (u1 + u2 )
On voit donc que le terme 3 dans l’équation dynamique gêne. Comme le
concept de fonction de transfert ne s’applique qu’aux systèmes lscr, il convient
de calculer d’abord une approximation linéaire à l’équation dynamique. Dans
ce cas-ci, on peut le faire très simplement en définissant une nouvelle entrée
ũ(t) = u(t) − 3, ce qui donne le système dynamique linéaire suivant :
ÿ + 2ẏ = ũ y(0) = ẏ(0) = 0
Bien que, dans le cas présent, le système dynamique soit linéaire, la
représentation (3.31) est non linéaire (elle est en fait affine) suite à un mauvais
choix du point de référence pour u(t). Le fait de travailler en variables écart
permet d’éviter ce genre de problème.
La fonction de transfert est alors :
Y (s) 1
=
U (s) s(s + 2)
60 3 FONCTION DE TRANSFERT

3.8 EXERCICES RÉSOLUS


Exercice 1
Soit le système dynamique :

ẋ1 = −x1 + x2 + u x1 (0) = 0


ẋ2 = x1 − 2x2 x2 (0) = 0

Calculer la fonction de transfert X2 (s)/U (s) correspondant aux point de


fonctionnement
a) ū = 1
b) ū = 2

Solution
La fonction de transfert est la même pour ū = 1 et ū = 2 car le système
est linéaire.
L → X1 (s)[s + 1] = X2 (s) + U (s)
X2 (s)[s + 2] = X1 (s)
X2 (s)[s + 2][s + 1] = X2 (s) + U (s)
X2 (s) 1
→ = 2
U (s) s + 3s + 1

Exercice 2
Calculer la réponse du système dynamique suivant à une impulsion de
Dirac :

ÿ(t) + 2ẏ(t) = 2u(t) y(0) = −1, ẏ(0) = 0

Solution

L → [s2 Y ( s) + s] + 2[sY (s) + 1] = 2U (s)


2 (s + 2)
Y (s) = U (s) −
s(s + 2) s(s + 2)
2 1
= U (s) −
s(s + 2) s
réponse libre réponse libre

2 1 A B 1
Pour U (s) = 1 → Y (s) = − = + −
s(s + 2) s s s+2 s
Méthode des résidus pour calculer A et B
2
A = lim =1
s→0 s+2
3.8 EXERCICES RÉSOLUS 61

2
B = lim = −1
s→−2 s

1
On obtient ainsi : Y (s) = −
s+2

L−1 → y(t) = −2−2t t≥0

Exercice 3
a) Calculer la transformée de Laplace de :

0 t<1
y(t) =
e−(t−1)/4 t ≥ 1

b) Calculer la transformée de Laplace inverse de :


2
1) Y (s) =
(s + 1)2
e−2s
2) Y (s) =
s2 + 4s + 5

Solution

e−s 4e−s
a) y(t) = e−(t−1)/4 t≥1 L Y (s) = 1 = 4s + 1
s+ 4
2 L−1
b1) Y (s) = −−−→ y(t) = 2te−t t≥0
(s + 1)2
e−2s
b2) Y (s) = = e−2s Y1 (s)
s2 + 4s + 5
1 1 L−1
Y1 (s) = 2 = 2
−−−→ y1 (t) = e−2t sin t t≥0
s + 4s + 5 (s + 2) + 1
=⇒ y(t) = y1 (t − 2) = e−2(t−2) sin(t − 2) t ≥ 2

Exercice 4
La modélisation d’un système dynamique a donné l’équation différentielle
suivante :

ẏ(t) + 2y(t) − 3 = u(t) y(0) = 1

Evaluer la fonction de transfert correspondante.

Solution
Système non linéaire à cause du terme constant -3. Introduisons :

ũ = u + 3 → ẏ + 2y = ũ y(0) = 1
62 3 FONCTION DE TRANSFERT

Fonction de tranfert :
Y (s) 1
=
Ũ (s) s+2

Exercice 5
Soit le système dynamique avec l’entrée u(t) et la sortie y(t) :

ẋ(t) = −x(t) + 2u(t) − x(t)u(t) x(0) = 1

y(t) = x(t − 2)
a) Ce système est-il linéaire, stationnaire, causal et initialement au repos ?
b) Evaluer la fonction de transfert Y (s)/U (s) pour le point de fonction-
nement correspondant à ū = 1.
Solution

a) Le système est non linéaire à cause du terme xu, stationnaire car les
coefficients sont constants, causal car y(t) ne dépend par des entrées
futures, mais il n’est pas initialement au repos car x(0) = 1.
b) A l’état stationnaire pour ū = 1 :

0 = −x̄ + 2 − x̄ → x̄ = 1

Linéarisation de xu :

xu � x̄ū + ūδx + x̄δu = 1 + δx + δu

Système linéarisé (en variables écart) :



ẋ(t) = −x(t) + 2u(t) − x(t) − u(t) = −2x(t) + u(t) x(0) = 0
y(t) = x(t − 2)

X(s) 1
L → =
U (s) s+2
Y (s)
= e−2s
X(s)
Y (s) e−2s
=
X(s) s+2
Exercie 6 Soit le système dynamique
1 + αs
G(s) =
1+s
a) Calculer sa réponse indicielle
b) Esquisser les réponses indicielles pour α = 1 et +α = −1
Solution
3.8 EXERCICES RÉSOLUS 63

a)
1
U (s) =
s
1 + αs 1 A B 1 α−1
Y (s) = = + = +
1+s s s 1+s s s+1
1 + αs
A = lim =1
s→0 1 + s

1 + αs
B = lim =α−1
s→−1 s
L−1 → y(t) = 1 + (α − 1)e−t t≥0

2
y(t)
1.5

α=1 y(t) = 1 t≥0


1

0.5

−0.5

α = −1 y(t) = 1 − 2e−t t≥0


−1

−1.5

t
−2
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4

b)
Exercice 7
a) Calculer la transformée de Laplace du signal temporel u(t) suivant :
b) Evaluer le signal temporel dont la transformée de Laplace vaut :

(s + 3)(s + 4)
Y (s) =
(s + 1)(s + 2)
64 3 FONCTION DE TRANSFERT

u1 (t)
u(t)
1

t
0 τ

u2 (t)

Solution
a)

u(t) = u1 (t) + u2 (t)


� �
0 t<0 0 t<τ
u1 (t) = 1 u2 (t) =
τt t≥0 − τ1 (t − τ ) t ≥ τ
1 1 1
U (s) = − 2 e−τ s = 2 [1 − e−τ s ]
τ s2 τs τs
b)

s2 + 7s + 12 4s + 10 A B
Y (s) = =1+ =1+ +
s2 + 3s + 2 (s + 1)(s + 2) s+1 s+2
4s + 10
A = lim =6
s+2
s→−1

4s + 10
B = lim = −2
s→−2 s + 1

L → y(t) = δ(t) + 6e−t − 2e−2t t≥0


Exercice 8
Calculer la réponse indicielle du système dynamique suivant :

ẍ + 2ẋ + 5x = 5u x(0) = ẋ(0) = 0

Solution
5 1
G(s) = U (s) =
s2 + 2s + 5 s
5 A Bs + C 1 s+2
Y (s) = = + = −
s(s2 + 2s + 5) s 2
(s + 1) + 2 2 s (s + 1)2 + 22
5 = A(s2 + 2s + 5) + (Bs + C)s
3.8 EXERCICES RÉSOLUS 65

s2 : 0 = A + B A=1
s1 : 0 = 2A + C → B = −1
s0 : 5 = 5A C = −2
s+2 (s + 1) 1 2
2 2
= 2 2
+
(s + 1) + 2 (s + 1) + 2 2 (s + 1)2 + 22
1 s+1 1 2
Y (s) = − −
s (s + 1)2 + 22 2 (s + 1)2 + 22
� �
1
y(t) = 1 − e−t cos 2t + sin 2t t≥0
2
Exercice 9
Soit Y (s) = (s + 12)/(s2 + 4s) la transformée de Laplace de la réponse
indicielle d’un système dynamique.
a) Calculer y(t)
b) Evaluer la valeur finale de la réponse du système à l’entrée u(t) =
1 − e−2t .
Solution
a)

s + 12 s + 12 A B
Y (s) = 2
= = +
s + 4s s(s + 4) s s+4
12
A = lim sY (s) = =3
s→0 4
−4 + 12
B = lim (s + 4)Y (s) = = −2
s→−4 −4
� �
−1 −1 3 2
y(t) = L [Y (s)] = L − = 3 − 2e−4t t≥0
s s+4
b)
s + 12
Y (s) s(s + 4) s + 12
G(s) = = =
U (s) 1 s+4
s
1 1
Pour u(t) = 1 − e−2t , U (s) = −
s s+2
� �� �
s + 12 1 1 s + 12 s + 12
donc Y (s) = − = −
s+4 s s+2 s(s + 4) (s + 4)(s + 2)
s + 12
lim y(t) = lim sY (s) = lim =3
t→∞ t→∞ s→0 s + 4
66 3 FONCTION DE TRANSFERT

Exercice 10
Soit le système décrit par l’équation dynamique :

ÿ(t) − 2ẏ(t) + y(t) = u(t) avec y(0) = 1, ẏ(0) = 0 et l’entrée u(t) = e2t

Déterminer la réponse temporelle libre de ce système.

Solution

ÿ(t) − 2ẏ(t) + y(t) = u(t) y(0) = 1, ẏ(0) = 0

y(t) → Y (s)
ẏ(t) → sY (s) − y(0) = sY (s) − 1
ÿ(t) → s2 Y (s) − sy(0) − ẏ(0) = s2 Y (s) − s
Ainsi :

s2 Y (s) − s − 2sY (s) + 2 + Y (s) = U (s)

Y (s)[s2 − s − 2sY (s)] − (s − 2) = U (s)


1 s−2
Y (s) = U (s) +
(s − 1)2 (s − 1)2
� �� � � �� �
L−1 → yf (t) = réponse forcée yl (t) = réponse libre
Calcul de la réponse libre yl (t) :
� � � �
s−2 A B
yl (t) = L−1 (s−1) 2 = L−1 (s−1) 2 + (s−1)
� �
1 1
= L−1 s−1 − (s−1) 2

yl (t) = et �(t) − tet = �(t)et [1 − t]


Exercie 11
On considère le transfert d’énergie d’une source chaude (cuve de volume
constant Vc , température Tc , puissance de chauffe Pc ) vers un puit froid
(réacteur endothermique de volume contant Vf , température Tf , puissance
consommée Pf < 0). Le transfert a lieu par l’intermédiaire d’un manteau de
chauffe (volume constant Vm , température homogène Tm , coefficient de trans-
fert U A entre Tm et Tf ).
Le liquide caloporteur circule à l’aide d’une pompe avec un débit volu-
mique F . Les capacités calorifiques du caloporteur et du mélange réactionnel
sont identiques et égales à ρcp . On suppose que le système est bien isolé et
qu’il n’y pas de perte thermique vers l’extérieur.
a) Ecrire un modèle dynamique pour ce système.
3.8 EXERCICES RÉSOLUS 67

� �
Vf W
Vc Tm UA :
K
Pc Pf
� �
Tc J
ρcp :
Tf m3 K
F
Vm

b) Sachant que F est constant et que Vm et Vc peuvent être négligés


par rapport à Vf (Vm , Vc → 0), déterminer la fonction de transfert
Tf (s)/Pc (s).
Solution
a) Bilans thermiques
dT
ρcp Vf dtf = U A(Tm − Tf ) + Pf Tf (0) = Tf 0 (1)
ρcp Vm dTdtm = ρcp F (Tc − Tm ) − U A(Tm − Tf ) Tm (0) = Tm0 (2)
ρcp Vc dT
dt = ρcp F (Tm − Tc ) + Pc
c
Tc (0) = Tc0 (3)

b) Hypothèse : Vm = Vc = 0

(2) → 0 = ρcp F (Tc − Tm ) − U A(Tm − Tf )


(3) → 0 = ρcp F (Tm − Tc ) + Pc
→ U A(Tm − Tf ) = ρcp F (Tc − Tm ) = Pc (4)
dT
(1) + (4) → ρcp Vf dtf = Pc + Pf (5)

L : ρcp Vf sTf (s) = Pc (s) + Pf (s)


Fonction de transfert
Tf (s) 1
=
Pc (s) ρcp Vf s
Exercice 12
Le système dynamique

ÿ + 2ẏ + y = 2u y(0)?1 ẏ(0) = −2

est soumis à l’entrée u(t) = e−2t , t ≥ 0. Calculer sa réponse libre et sa réponse


forcée.

Solution

ÿ + 2ẏ + y = 2u y(0) = 1 ẏ(0) = −2


68 3 FONCTION DE TRANSFERT

u(t) = e−2t t≥0


2
L → [s Y (s) − s + 2] + 2[sY (s) − 1] + Y (s) = 2U (s)
Y (s)[s2 + 2s + 1] = 2U (s) + s
2 s
Y (s) = U (s) +
(s + 1)2 (s + 1)2
Réponse libre pour U (s) = 0
s s+1−1 1 1
Y (s) = = = −
(s + 1)2 (s + 1)2 s + 1 (s + 1)2
y(t) = e−t − te−t t≥0
Réponse forcée pour U (s) = 1/(s + 2)
2 A B C
y(t) = 2
= + 2
+
(s + 1) (s + 2) s + 1 (s + 1) s+2
� � � �
d 2 2
A = lim = lim − = −2
s→−1 ds s + 2 s→−1 (s + 2)2
� �
2
B = lim =2
s→−1 s + 2

2
C = lim =2
s→−2 (s + 1)2

y(t) = −2e−t + 2te−t + 2e−2t t≥0


Exercice 13
Soit le réacteur chimique continu suivant :
A l’état stationnaire, q̄ = 0, 05(m3 /min), c̄Ae = 2(mole/l) et c̄A =

q
cA,e réaction A → B
q
cA vitesse de réaction
� �
gmole
V r = kcA :
lmin

1, 33(mole/l)
3.8 EXERCICES RÉSOLUS 69

a) Calculer la fonction de transfert CA (s)/CAe (s) sachant que V = 0, 1m3 .


b) Indiquer les suppositions nécessaires à l’obtention du modèle.
Solution
a) Modèle dynamique

dcA
V = q(cA,e −cA )−V kcA cA (0) = cA0 (1)
dt
A l’état stationnaire :

0 = q̄(c̄A,e − c̄A ) − V kc̄A (2)

d’où l’on tire :


q̄[c̄A,e − c̄A ]
k= = 0, 25min−1
V c̄A
En utilisant la transformation de Laplace et en considérant des condi-
tions initiales nulles :

V sCA (s) = q[CA,e (s) − CA (s)] − V kCA (s)


q
CA (s) q q+Vk K
= = =
CA,e (s) sV + (q + V k) V τs + 1
s+1
q+Vk
avec
q V
K= , τ=
q+Vk q+Vk

b) Suppositions
• Pertes thermiques négligeables
• Zone homogène (réacteur bien mélangé)
Exercice 14
La réaction catalytique 2A → B a lieu dans un réacteur agité isotherme à
marche continue. La modélisation du réacteur a donné les équations suivantes :
dcA
dt = τ1 (cAe − cA ) − 2k1 c2A cA (0) = c̄A
dcB
dt = − τ1 cB + k1 c2A CB (0) = c̄B

où τ représente le temps de séjour constant, cA et cB les concentrations de A


et B, cAe la concentration d’alimentation de A, c̄A et c̄B les concentrations de
A et B au point de fonctionnement stationnaire et k1 la constante cinétique.
Déterminer la fonction de transfert CB (s)/CAe (s).

Solution
70 3 FONCTION DE TRANSFERT

Système dynamique non linéaire à cause du terme c2A . On peut linéariser


ce terme non linéaire autour du point de fonctionnement stationnaire c̄A :

c2A � c̄2A + 2c̄A (cA − c̄A )

Le système dynamique devient ainsi (en variables écarts autour de c̄A et


c̄B ) :
dcA
dt = τ1 (cAe − cA ) − 4k1 c̄A cA cA (0) = 0
dcB
dt = − τ1 cB + 2k1 c̄A cA cB (0) = 0

La transformation de Laplace donne :

� � 1
1 1 CA (s) 1 + 4k1 τ c̄A
CA (s) s + + 4k1 c̄A = CAe (s) → = τ
τ τ CAe (s) s+1
1 + 4k1 τ c̄A
� �
1 CB (s) 2k1 τ c̄A
CB (s) s + = 2k1 c̄A CA (s) → =
τ CA (s) τs + 1
2k1 τ c̄A
CB (s) CB (s) CA (s) 1 + 4k1 τ c̄A
= = � �
CAe (s) CA (s) CAe (s) τ
(τ s + 1) s+1
1 + 4k1 τ c̄A
Exercice 15
Le système de deux réservoirs cylindriques de section A1 et A2 placés en
cascade est présenté sur le schéma. Les débits q1 etq2 sont proportionnels aux
niveaux de liquide h1 et h2 dans les réservoirs, c’est-à-dire :

q 1 = k 1 h1 et q 2 = k 2 h2

Le débit de recyclage qr est ajusté par la pompe P et peut ainsi être


considéré comme une variable indépendante ; q0 est un débit d’entrée.
a) Ecrire les équations dynamiques pour ce système.
b) Déterminer les fonctions de transfert

H1 (s) H1 (s) H2 (s) H2 (s)


, , ,
Q0 (s) Qr (s) Q0 (s) Qr (s)

c) Est-ce que le débit qr influence le niveau h2 en régime stationnaire ?


Solution
a) Modèle dynamique
Bilan massique pour le réservoir 1 :
d
(ρA1 h1 ) = ρqr +ρq0 −ρk1 h1 h1 (0) = h10 (1)
dt
3.8 EXERCICES RÉSOLUS 71

q
cA,e
q
cA

Bilan massique pou le réservoir 2 :


d
(ρA2 h2 ) = ρk1 h1 −7rhok2 h2 −ρqr h2 (0) = h20 (2)
dt
Comme ρ est constant, on peut diviser (1) et (2) par ρ.
b) Fonctions de transfert

(1) −−−−−→ H1 (s)[sA1 + k1 ] = Qr (s) + Q0 (s) (3)


(2) −−−−−→ H2 (s)[sA2 + k2 ] = k1 H1 (s) − Qr (s) (4)
H1 (s) H1 (s) 1
(3) −−−−−→ = = (5)
Qr (s) Qr (s) A1 s + k 1

L’équation (4) indique que H2 (s) dépend de la variable dépendante


H1 (s) en plus de la variable indépendante Qr (s). Il faut donc exprimer
H1 (s) en fonction des variables indépendantes Qr (s) et Q0 (s) à partir
de (3) :
1
Q0 (s) → H2 (s) : H2 (s)[sA2 + k2 ] = k1 Q0 (s)
A1 s + k 1

H2 (s) k1
=
Q0 (s) (A1 s + k1 )(A2 s + k2 )
1
Qr (s) → H2 (s) : H2 (s)[sA2 + k2 ] = k1 Qr (s) − Qr (s)
A1 s + k 1
H2 (s) A1 s
=−
Qr (s) (A1 s + k1 )(A2 s + k2 )
c) Etat stationnaire

(1) → 0 = q̄r + q̄0 − k1 h̄1

(2) → 0 = k1 h̄1 − k2 h̄2 − q̄r


72 3 FONCTION DE TRANSFERT

En additionnant ces deux équations pour éliminer le terme k1 h̄1 dans


la deuxième, on obtient :

0 = q̄0 − k2 h̄2

ce qui indique que h̄2 dépend de q̄0 mais pas de q̄r

Exercice 16
Un système dynamique est décrit par l’équation différentielle :

d2 y dy du
2
+4 + 4y = +u y(0) = 1, ẏ(0) = u(0) = 0
dt dt dt
a) Evaluer sa fonction de transfert.
b) Calculer la réponse du système à une impulsion de Dirac au temps
t = 1.
Solution
a) La transformée de Laplace de l’équation différentielle :

Y (s)(s2 + 4s + 4) = U (s)(s + 1) + (s + 4)

Y (s) s+1 s+1


G(s) = = 2 =
U (s) s + 4s + 4 (s + 2)2
b) u(t) = δ(t − 1)

U (s) = e−s

(s + 1)e−s + (s + 4)
Y (s) = G(s)U (s) = = Y1 (s)e−s + Y2 (s)
s2 + 4s + 4
réponse réponse
forcée libre
s+1 A B
• Y1 (s) = = +
(s + 2)(s + 2) s + 2 (s + 2)2
Méthode des résidus :
d
A = lim [(s + 2)2 Y1 (s)] = lim 1 = 1
s→−2 ds s→−2

B = lim (s + 2)2 Y1 (s) = lim (s + 1) = −1


s→−2 s→−2

s+4 C D
• Y2 (s) = = +
s2 + 4s + 4 s + 2 (s + 2)2

d
C = lim [(s + 2)2 Ys (s)] = lim 1 = 1
s→−2 ds s→−2
3.9 SYMBOLES UTILISÉS 73

D = lim (s + 2)2 Y2 (s) = lim (s + 4) = 2


s→−2 s→−2

1 1
y1 (t)L−1 − = �(t)[e−2t − te−2t ]
s + 2 (s + 2)2

1 2
y2 (t)L−1 + = �(t)[e−2t + 2te−2t ]
s + 2 (s + 2)2
• Finalement on obtient

y(t) = �(t − 1)[e−2(t−1) − (t − 1)e−2(t−1) ] + �(t)[e−2t + 2te−2t ]

Exercice 17
Transformer le système dynamique

ẋ(t) + 2x(t) = u(t) x(0) = 2

sous la forme d’un système dynamique avec des conditions initiales nulles.
Solution
La transformation de Laplace du système dynamique donne :

[sX(S) − 2] + 2X(s) = U (s)


1 1
X(s) = [U (s) + 2] = [U (s) + 2∆(s)] (1)
s+2 s+2
où δ(s) = L(δ(t)) = 1
La transformation de Laplace inverse de (1) donne :

ẋ(t) + 2x(t) = u(t) + 2δ(t) x(0) = 0

On voit ainsi que, pour un système dynamique linéaire, des conditions


initiales différentes de zéro correspondent à l’application d’une impulsion de
Dirac au temps initial.

3.9 SYMBOLES UTILISÉS

D(s) polynôme dénominateur


f (t) signal temporel
F (s) transformée de Laplace de f (t)
g(t) réponse impulsionnelle
G(s) fonction de transfert
Im axe
√ imaginaire du plan complexe
j −1
L[.] transformée de Laplace
L−1 [.] transformée de Laplace inverse
74 3 FONCTION DE TRANSFERT

N (s) polynôme numérateur


Re axe réel du plan complexe
s variable complexe de Laplace (s = a + bj)
t temps [s]
u(t) entrée du système
y(t) sortie du système
δ(t) impulsion de Dirac au temps t = 0
�(t) saut unité au temps t = 0
λ translation fréquentielle
ρ impulsion rectangulaire au temps t = 0
τ translation temporelle [s]
4
ANALYSE TEMPORELLE

4.1 DÉFINITIONS PRÉLIMINAIRES


4.1.1 Introduction

Nous avons vu précédemment que les réponses temporelles de systèmes


linéaires sont obtenues par combinaison de termes issus d’une décomposition
en éléments simples. Ces éléments sont d’ordre un ou deux, suivant que les
racines du dénominateur sont réelles ou conjuguées complexes. Les réponses
types des systèmes d’ordre un ou deux constituent par conséquent les � briques �
de base qui, combinées et pondérées par les résidus des éléments simples cor-
respondants, permettent de calculer les réponses d’un système d’ordre quel-
conque.
La réponse indicielle γ(t) sera étudiée en priorité dans ce chapitre, sa-
chant que la réponse impulsionnelle g(t) est obtenue par simple dérivation :
˙
g(t) = γ(t).

4.1.2 Gain statique, pôles et zéros, équation caractéristique

Soit un système dynamique dont la fonction de transfert G(s) est donnée


sous la forme d’un quotient de deux polynômes en s :
Y (s) bm s m + · · · + b1 s + b 0
G(s) := L[g(t)] = = n
U (s) s + · · · + a1 s + a0
• Le gain statique K est défini comme la valeur de G(s) pour s = 0 :

K = lim G(s)
s→0

Pour un système stable (système dont tous les pôles ont une partie
réelle négative), le gain statique est le rapport entre l’amplitude de la
réponse et l’amplitude de l’excitation après disparition des phénomènes
transitoires, c’est à dire en régime stationnaire :
76 4 ANALYSE TEMPORELLE

limt→∞ y(t)
K= (4.1)
limt→∞ u(t)

On peut le montrer en considérant un saut d’amplitude A comme ex-


citation, c’est à dire U (s) = A/s, et en appliquant le théorème de la
valeur finale pour calculer la valeur stationnaire de la sortie y :

lims→0 sY (s) lims→0 sG(s) As


K= = = lim G(s) (4.2)
A A s→0

Il est parfois utile de définir d’autres gains statiques :

Gain en vitesse : Kv = lim sG(s)


s→0

Gain en accélération : Ka = lim s2 G(s)


s→0

• Les pôles de G(s) sont les n valeurs de s qui annulent le dénominateur


de G(s). Ces valeurs sont notées pi , i = 1, . . . , n.
Les zéros de G(s) sont les m valeurs de s qui annulent le numérateur
de G(s).
Ces valeurs sont notées zj , j = 1, . . . , m.
Les pôles et les zéros peuvent être réels ou complexes. S’ils sont com-
plexes, ils apparaissent en paires conjuguées.
• L’équation caractéristique de G(s) est :

sn + an−1 sn−1 + · · · + a1 s + a0 = 0

4.1.3 Ordre d’un système

Il y a plusieurs manières équivalents de définir l’ordre d’un système :


• L’ordre d’un système est le nombre minimum d’équations différentielles
temporelles du premier ordre nécessaire pour décrire le comportement
du système ; une équation d’ordre n peut se réduire sous la forme de n
équations du premier ordre.
De façon équivalente, l’ordre d’un système est le nombre de variables
d’état (variables dépendantes) nécessaire pour décrire la dynamique du
système.
• L’ordre d’un système est le degré du polynôme en s du dénominateur
de la fonction de transfert décrivant ce système après, le cas échéant,
élimination des facteurs communs au numérateur et au dénominateur.
De la façon équivalente, l’ordre d’un système correspond au nombre de
pôles de la fonction de transfert.

Exemples
4.2 ÉTUDE D’UN SYSTÈME SIMPLE : SALLE CHAUFFÉE 77

a) Soit un système décrit par l’équation de mouvement de Newton :

d2 �
m 2
x(t) = Fi (t)
dt i

Il s’agit d’un système du deuxième ordre car il est caractérisé par une
deuxième dérivée par rapport à t.
b) Soient les fonctions de transfert G1 (s) = 1/(s3 +2s) et G2 (s) = s/(s3 +2s).
G1 (s) est d’ordre 3 alors que G2 (s) est d’ordre 2 car on peut simplifier le
numérateur et les dénominateur par s.

ẍ + 5ẋ + 3x = 2u̇ + u x(0) = ẋ(0) = u(0) = 0

Ce système dynamique est d’ordre deux. En effet, comme u(t) représente


l’entrée du système, le terme u̇(t) ne fait pas intervenir de variable d’état.
On le remarque également en calculant la fonction de transfert :
X(s) 2s + 1
= 2
U (s) s + 5s + 3

4.2 ÉTUDE D’UN SYSTÈME SIMPLE : SALLE


CHAUFFÉE
Soit une salle chauffée par un radiateur qui dispense une puissance de
chauffage P (t). A l’intérieur règne une température T (t), l’extérieur se trou-
vant à la température Text (t) comme indiqué à la figure 4.1. Le but est
d’étudier le comportement de T (t) en fonction des variations de P (t) et de
Text (t).


✄✞ ☎

✂✄ ✠

✝ ✟

✂ ✆
P T Text
• ✠

Figure 4.1. Schéma d’une salle chauffée

4.2.1 Variables écart

Pour l’analyse de systèmes dynamiques, on travaille le plus souvent avec


des variables écart définies par rapport à un état stationnaire de référence.
78 4 ANALYSE TEMPORELLE

Ceci est dû au fait que, d’une part, les modèles linéarisé ne sont valable que
dans le voisinage du point stationnaire de référence et, d’autre part, les va-
riables écart possèdent la valeur zéro au point de référence, ce qui est utile pour
définir des conditions initiales nulles. Dans notre exemple, nous définissons les
variables écart suivantes :

δT (t) := T (t) − T̄

δP (t) := P (t) − P̄
δText (t) := Text (t) − T̄ext
où T̄ , P̄ et T̄ext correspondent à un point de fonctionnement stationnaire.

4.2.2 Modélisation du système

Bilan thermique
Nous pouvons écrire, par rapport à l’état stationnaire de référence :
   
accumulation de puissance thermique  
 chaleur dans   qui entre dans  puissance thermique
   − perdue à travers 
 la pièce par unité  =  la pièce via 
les cloisons
de temps le radiateur

d 1
C δT (t) = δP (t) − [δT (t) − δText (t)] (4.3)
dt R
où C[J/K] est la capacité thermique de la pièce et R[K/W ] la résistance
thermique des cloisons.

Grandeurs caractéristiques
Nous retrouvons dans le modèle (4.3) :
• une variable d’état (dépendante) : δT (t)
• une variable d’entrée (indépendante) : δP (t)
• une variable de perturbation (indépendante) : δText (t)
• des paramètres constants : C, R

4.2.3 Fonctions de transfert

En appliquant la transformation de Laplace à l’équation (4.3), on obtient :


1
sCδT (s) = δP (s) − [δT (s) − δText (s)]
R
où

[sRC + 1]δT (s) = RδP (s) + δText (s)


4.2 ÉTUDE D’UN SYSTÈME SIMPLE : SALLE CHAUFFÉE 79

En posant τ RC, on trouve :


R 1
δT (s) = δP (s) + δText (s) (4.4)
τs + 1 τs + 1
Qu’en est-il de la condition initiale pour δT ?
Quelle est la dimension de τ ? Quelle est sa signification physique ?

Puisqu’il y a deux variables indépendantes distinctes, δP (t) et δText (t), on


considère les deux fonctions de transfert :
δT (s) R
G1 (s) = = (4.5)
δP (s) τs + 1

δT (s) 1
G2 (s) = = (4.6)
δText (s) τs + 1
L’équation (4.5) décrit uniquement le comportement de δT en fonction
de δP , tandis que l’équation (4.6) renseigne uniquement sur la variation δT
résultant d’une variation δText . Si nous sommes intéressés par la réponse du
système à des variations δP et δText , il nous faut alors considérer l’équation
complète (4.4).

4.2.4 Réponse de T (t) à un saut unité de P (t)

Variation de P (t) :

P (t) = P̄ + δP (t)

Pour un saut unité, δP (t) = 1 ou δP (s) = 1/s, l’équation (4.5) permet


d’écrire :
� �� �
R 1 A B
δT (s) = G1 (s)δP (s) = = +
τs + 1 s s τs + 1

Détermination de A et B à l’aide de la méthode des résidus :


� �
R
A= =R
τs + 1
s=0
� �
R
B= = −Rτ
s
s=− τ1

Ainsi
R R
δT (s) = −
s s + τ1
80 4 ANALYSE TEMPORELLE

La transformation de Laplace inverse de δT (s) donne :


� � � � � �
−1 R −1 R − τt − τt
δT (t) = L +L − = R − Re =R 1−e
s s + τ1

et ainsi :
� �
t
T (t) = T̄ + δT (t) = T̄ + R −e−τ t≥0

Comportement de δT (t) pour t → ∞


� �
R
Gain statique de G1 (s) : K = lim =R
s→0 τ s + 1

1
Pôle de G1 (s) : p1 = −
τ
Zéros de G1 (s) : aucun
Equation caractéristique de G1 (s) : τs + 1 = 0

Représentation graphique
En supposant que le saut unité de l’entrée P (t) à lieu à l’instant t∗ , la
représentation graphique de ce test dynamique est donnée à la figure 4.2.

4.2.5 Réponse de T (t) à un saut unité de Text (t)

Pour δText (t) = 1, on calcule aisément :


� �
t
T (t) = T̄ + 1 − e− τ t≥0

Comportement de δT (t) pour t → ∞

Le théorème de la valeur finale donne :

lim δT (t) = lim s → 0[sδT (s)] = 1


t→∞

c’est à dire :

(δT )f inal = δText

Gain statique, pôle, zéro et équation caractéristique


4.2 ÉTUDE D’UN SYSTÈME SIMPLE : SALLE CHAUFFÉE 81

T (t)
T̄ + R
P (t)
P̄ + R



0 t∗ t
Figure 4.2. Réponse indicielle.

� �
1
Gain statique de G2 (s) : K = lim =1
s→0 τ s + 1

1
Pôle de G2 (s) : p1 = −
τ
Zéro de G2 (s) : aucun
Equation caractéristique deG2 (s) : τs + 1 = 0

Peut-on comparer les grandeurs caractéristiques de G1 (s) et G2 (s) ?


Représenter graphiquement δT (t) pour un saut d’unité de δText (t).

4.2.6 Remarque importante concernant les notations

On a vu dans l’exemple précédent que les variables écart δT , δP et


δText déterminent entièrement les variations du système autour du point de
référence T̄ , P̄ et T̄ext . Pour l’analyse des système, on travaille presque exclu-
sivement avec des variables écart car on s’intéresse aux variations autour du
point de référence. On avait déjà rencontré ces variables écart lors de l’approxi-
mation linéaire d’un système non linéaire. La figure 4.2 se laisse normaliser si
l’on reporte en abscisse δt = t − t∗ (δt ≥ 0) et en ordonnée les variables écart
δP (t) et δT (t), comme illustré à la figure 4.3.
On rencontre naturellement les variables absolues lors de la modélisation
82 4 ANALYSE TEMPORELLE

δT (t)

δP (t)
1


0 t
Figure 4.3. Réponse indicielle en variable écart.

d’un système ou lors de son opération (les grandeurs physiques de mesure et


de commande sont des signaux en valeur absolue). Par contre, pour l’étude des
systèmes linéaire ou linéarisé, il est plus simple de travaillé en variables écart.
Ceci à l’avantage de générer des conditions initiales nulles pour le système
relâché au point de référence, ce qui permet d’utiliser directement le concept
de fonction de transfert. On peut aisément passer des variables écart aux
variables absolues, et in3versement, à l’aide des relations :

T (t) = T̄ + δT

P (t) = P̄ + δP
Dorénavant, et en accord avec les notation au niveau international, nous
omettrons le symbole δ distinguant une variable écart d’une variable absolue.
Le contexte indiquera s’il s’agit d’une variable écart ou d’une variable absolue.

4.3 SYSTÈME DU PREMIER ORDRE


4.3.1 Représentation

Un système du premier ordre est décrit par une fonction de transfert


possédant un polynômes du premier ordre au dénominateur. Si il n’y a pas de
zéro, la fonction de transfert aura la forme suivante :
4.3 SYSTÈME DU PREMIER ORDRE 83

Y (s) K
G(s) = = (4.7)
U (s) τs + 1

Le gain statique de ce système est lims→0 G(s) = K.


Le pôle est p = −1/τ, τ étant la constante de temps du système.

4.3.2 Réponse indicielle

La réponse à un saut d’amplitude A, u(t) = A�(t), d’un système du premier


ordre est :

y(t) = �(t)KA[1 − e−t/τ ] (4.8)

On peut l’obtenir suit :

L A
u(t) = A�(t) −−−−−−−−→ U (s) =
s
−−−−−→
Y (s) K
=
U (s) τs + 1

L−1 KA
y(t) = �(t)KA[1 − e−t/τ ] ←−−−−−−−− Y (s) =
s(τ s + 1)

Cette représentation graphique de la réponse indicielle est valable pour


tous les systèmes caractérisés par la fonction de transfert (4.7), laquelle est
paramétrée par K et τ . En d’autre termes, qu’il s’agisse d’un processus lent
ou rapide, de nature mécanique, électrique ou autres, pour autant que ce
processus soit caractérisable par (4.7), la réponse indicelle de la figure 4.4
paramétrée par KA et τ restera valable (A est ici l’amplitude du saut échelon).
On peut donc choisir de représenter la réponse indicielle normalisée, c’est
à dire y(t)/KA en fonction de t/τ .
La dérivée de la réponse indicielle est maximale à l’origine et vaut :

ẏ(0) = KA/τ

Quant à la valeur finale de la réponse, elle est donnée par :

lim y(t) = KA
t→∞

La valeur de la réponse pour t = τ est :


� �
1
y(τ ) = KA 1 − = 0, 63KA
e

La valeur de la réponse pour t = 3τ est :


84 4 ANALYSE TEMPORELLE

y(t) ✻


KA

0, 63KA ✄




0 τ t
Figure 4.4. Réponse indicielle d’un système du premier ordre.

� �
1
y(3τ ) = KA 1 − 3 = 0, 95KA
e

On constate donc que la réponse indicielle du système atteint le 63% de


sa valeur finale lorsqu’un temps τ s’est écoulé. De plus, la réponse indicielle
atteint 95% de sa valeur finale pour 3τ . La variable τ constitue donc une
mesure de la rapidité de la réponse. Pour cette raison, cette grandeur est
appelée la constante de temps du système. Elle est toujours en unités de
temps, comme une analyse dimensionnelle le montre.

Identification du système à partir de la réponse indicielle


Si la réponse indicielle d’un système du premier ordre est mesurée, il est
possible de déterminer le gain statique K et la constante de temps τ . Une fois
ces grandeurs disponibles, la fonction de transfert est complètement définie
et peut être utilisée pour prédire les réponses à des entrées autres q’un saut
indiciel.
Trois méthodes simples sont proposées pour l’identification (fig. 4.5).
a) Le gain statique est obtenu en divisant l’amplitude maximale KA de la
réponse par le facteur A (amplitude connue du saut indiciel appliqué au
système). La constante de temps correspond à l’instant où l’amplitude de
cette réponse atteint le 63% de sa valeur finale.
4.3 SYSTÈME DU PREMIER ORDRE 85

b) Le gain statique est obtenu de la même manière que celle proposée en a.


Pour déterminer la constante de temps, la pente m de la tangente de la
réponse indicielle est mesurée à l’instant d’application de l’échelon. Elle
vaut :
KA
m=
τ
Par conséquent,
KA
τ=
m

c) Une troisième possibilité consiste à prélever deux échantillons de la


réponse y1 (t) et y2 (t) et à résoudre un système de deux équations avec les
deux inconnues K et τ .

� y(t1 ) = KA[1 − e−t1 /τ ]



y(t2 ) = KA[1 − e−t2 /τ ]

On constate en pratique que la réponse indicielle relevée expérimentalement


est souvent bruitée et présente une allure qui diffère légèrement de celle atten-
due, certains phénomènes ayant été négligés lors de la modélisation comme des
non-linéarités et des modes rapides. La précision des résultats obtenus avec
les outils simples proposés ci-dessus est par conséquent souvent insuffisante.
Afin d’améliorer l’identification, toutes les mesures disponibles peuvent être
prises en compte pour introduire une redondance et par conséquent un effet
de lissage. Un problème de régression, linéaire ou non linéaire selon l’approche
choisie, est à même de réaliser cet objectif.
Les techniques décrites précédemment servent également à obtenir une
fonction de transfert qui décrit localement un système non linéaire. Dans ce
cas ci, l’entrée u et la sortie y doivent impérativement être remplacées dans
toutes les expressions par l’écart δu de l’entrée par rapport à l’entrée nominale
ū et l’écart δy de la sortie par rapport à la sortie nominale ȳ.

4.3.3 Réponse impulsionnelle

L
u(t) = Aδ(t) −−−−−−−−→ U (s) = A
−−−−−→

Y (s) K
=
U (s) τs + 1

KA −t/τ L−1 KA
y(t) = e ←−−−−−−−−− Y (s) =
τ τs + 1
86 4 ANALYSE TEMPORELLE

y ✻ pente m

KA


τ t
Figure 4.5. Réponse indicielle mesurée.

y(t) ✻

KA
t







0, 37 KA
t ❇


❇❇

0 τ t
Figure 4.6. Réponse impulsionnelle d’un système du premier ordre.

La représentation graphique est donnée à la figure 4.6.


4.3 SYSTÈME DU PREMIER ORDRE 87

Vérifier que la réponse impulsionelle soit bien la dérivée de la réponse


indicielle. Comment peut-on le justifier ?

4.3.4 Réponse à une rampe

L A
u(t) = At(t) −−−−−−−−→ U (s) =
s2

−−−−−→
Y (s) K
=
U (s) τs + 1
� �� �
L−1 K A
y(t) ←−−−−−−−− Y (s) =
τs + 1 s2

Pour déterminer y(t), il est nécessaire de décomposer Y (s) en éléments


simples :
� �� �
K A α β γ
Y (s) = 2
= + 2+ (4.9)
τs + 1 s s s τs + 1

Déterminons α, β et γ par la méthode des résidus :


� � �� � �
d KA −KAτ
α= = = −KAτ
ds τ s + 1 s=0 (τ s + 1)2 s=0
� �
KA
β= = KA
τ s + 1 s=0
� �
KA
γ= = KAτ 2
s2 s= −1
τ

Ainsi
KAτ KA KAτ 2
Y (s) = + 2 +
s s τs + 1
La transformation de Laplace inverse donne :

y(t) = −KAτ + KAt + KAτ e−t/τ = KA(t − τ ) + KAτ e−t/τ t≥0

La représentation graphique de y(t) est donnée à la figure 4.7.


88 4 ANALYSE TEMPORELLE

u
y ✻

u(t)

• K
y(t)
Ku(t − τ )

τ t
Figure 4.7. Réponse d’un système du premier ordre à une rampe.

4.3.5 Réponse harmonique

La réponse harmonique est la réponse en régime permanent d’un


système dynamique excité par une sinusoı̈de de pulsation donnée. Le terme
transitoire de la réponse est donc négligé.
Pour un système du premier ordre excité par l’entrée sinusoı̈dale u(t) =
A sin(ωt) de pulsation ω = 2π/T [rad/sec], on peut écrire :

L Aω
u(t) = A sin(ωt) −−−−−−−−→ U (s) =
s2 + ω 2
−−−−−→

Y (s) K
=
U (s) τs + 1

L−1 KAω α1 α2 s + α3
y(t) ←−−−−−−−− Y (s) = = + 2 (4.10)
(τ s + 1)(s2 + ω 2 ) τs + 1 s + ω2

Calculons la réponse y(t). Nous commençons par déterminer α1 par la


méthode des résidus :
� �
KAω KAωτ 2
α1 = =
s2 + ω 2 s=−1/τ 1 + τ 2 ω2

En réduisant l’équation (4.10) au même dénominateur, on obtient :


4.3 SYSTÈME DU PREMIER ORDRE 89

KAω = α1 (s2 + ω 2 ) + (α2 s + α3 )(τ s + 1)


Cette équation est valable pour tous s. On peut également la dériver une
fois, puis une deuxième fois par rapport à s pour obtenir :
0 = 2α1 s + 2α2 τ s + α2 + α3 τ (4.11)
0 = 2α1 + 2α2 τ
d’où :
α1 KAωτ
α2 = − =−
τ 1 + τ 2 ω2
L’équation (4.11) pour s = 0 donne :
α2 KAω
α3 = − =
τ 1 + τ 2 ω2
On obtient ainsi la réponse du système :
� �
KA ωτ 2 ωτ s ω
Y (s) = − +
1 + τ 2 ω 2 τ s + 1 s2 + ω 2 s2 + ω 2
et avec la transformée de Laplace inverse de Y (s) :
� � � �
KA t
y(t) = ωτ exp − − ωτ cos(ωt) + sin(ωt) (4.12)
1 + τ 2 ω2 τ
En utilisant la relation trigonométrique :

a sin(ωt) + b cos(ωt) = a2 + b2 sin(ωt + ϕ)
où
� �
a
ϕ = arctan (4.13)
b
l’équation (4.12) devient :
� � �
KAωτ t KA
y(t) = exp(− ) + √ sin(ωt + ϕ) (4.14)
1 + τ 2 ω2 τ 1 + τ 2 ω2
avec :
ϕ = arctan(−τ ω) = − arctan(τ ω)
La réponse comporte une partie transitoire (premier terme) et une partie
permanente (deuxième terme). LA réponse en régime permanent (c’est-à-dire
une fois que la partie transitoire a disparu) s’écrit :
KA
ȳ(t) = √ sin(ωtϕ)
1 + τ 2 ω2
et est caractérisée par :
90 4 ANALYSE TEMPORELLE

1. une amplitude A� différente de l’amplitude du signal d’excitation A ; on


parle de rapport d’amplitude entre la sortie et l’entrée, RA = A� /A
2. la même pulsation ω (c’est-à-dire la même période T )
3. un déphasage ϕ entre les signaux d’entrée et de sortie.
Cette situation en régime permanent est visualisée à la figure 4.8. Le déphasage
est négatif (ϕ = −ωt� ) ; on dit que ȳ(t) est en � retard � sur u(t) et on parle
de retard de phase. Exemple

u, ȳ ✻

A u(t)
A� ȳ(t)
...
0 ✲

. . .t t∗ + t� t∗ + T
2
t∗ + T t

Figure 4.8. Réponse en régime permanent à une excitation sinusoı̈dale.

Soit une cuve homogène de 1[m3 ] de volume alimentée en continu par un


début d’eau de 0, 05[m3 /min] qu’il convient de chauffer de 10 à 20[˚C] par
l’intermédiaire d’un corps de chauffe dont la puissance nominale vaut 35[kW ].
On peut modéliser ce système par la fonction de transfert liant la puissance
de chauffe à la température de la cuve (cf. section 5.2) :
T (s) K K = 0, 29[C/kW ]
= avec
P (s) τs + 1 τ = 20[min]
On désire étudier l’effet sur la température d’une excitation sinusoı̈dale de
la puissance de chauffe. On a observé les comportements suivants :
a) Sous l’effet de l’excitation
P (t) = 10 sin(0, 01t) [kW ]
autour de la valeur stationnaire de référence P̄ = 35[kW ], le temps étant
exprimé en [min], la variation de température en régime permanent de-
vient :
4.4 SYSTÈME INTÉGRATEUR DU PREMIER ORDRE 91

T̄ (t) = 2, 84 sin(0, 01t − 0, 197) [˚C]

b) Avec une excitation de pulsation plus élevée, par exemple :

P (t) = 10 sin(t) [kW ]

on obtient

T̄ (t) = 0, 14 sin(t − 1, 52) [˚C]

Quelle constatation peut-être faite en comparant ces deux tests ?


Peut-on identifier le gain statique K et le constante de temps τ ?

4.4 SYSTÈME INTÉGRATEUR DU PREMIER


ORDRE
4.4.1 Représentation

Un système intégrateur du premier ordre possède un pôle unique à l’origine


(p = 0). Sa fonction de transfert est donc de la forme :

Y (s) K
G(s) = = (4.15)
U (s) s

Le gain statique d’un tel système est infini. Le gain en vitesse vaut K.

4.4.2 Réponse indicielle

La réponse d’un système intégrateur du premier ordre au saut échelon


u(t) = A�(t) est :
� �
KA
y(t) = L−1 [G(s)U (s)] = L−1 = �(t)KAt (4.16)
s s

4.4.3 Exemple

Soit la cuve de volume variable donnée à la figure 4.9. On peut


modéliser ce système comme suit :
d
S h(t) = qe (t) − qs (t)
dt
Pour un débit de fuite constant (imposé par la pompe), on obtient :

d
S h(t) = qe (t) − qs (4.17)
dt
92 4 ANALYSE TEMPORELLE
qe

✞ ☎
✝ ✆

h
✗✔✞ ☎q
��
✝ ✆
s

✖✕
S ❄ ✏

Figure 4.9. Cuve de volume variable.

Remarque
L’équation (4.17) est écrite en variables absolues. En travaillant avec des
variables écart, on obtient :
d
S h(t) = qe (t)
dt
et dans le domaine de Laplace

SsH(s) = Qe (s)

La fonction de transfert du système s’écrit donc :

H(s) 1
=
Qe (s) Ss

Indiquer le gain statique, le gain en vitesse et les pôles de cette fonction


de transfert ?

Réponse de h(t) à un saut de qe (t) d’amplitude A


Supposons le système initialement au repos (à l’état stationnaire) :

dh̄
= q̄e − qs
dt
c’est à dire q̄e = qs = const.
Soit qe (t) = A pour t ≥ 0. Ainsi (tout en variables écart) :

L A
qe (t) = A −−−−−−−−→ Qe (s) =
s
4.5 SYSTÈME DU DEUXIÈME ORDRE SANS ZÉRO 93

−−−−−→
H(s) 1
=
Qe (s) Ss

A L−1 A
h(t) = t ←−−−−−−−− H(s) =
s Ss2

Ce résultat est représenté à la figure 4.10.


Si le niveau h(t) doit être exprimé en variable absolue, il devient :

A
h(t) = h̄ + t t≥0
S

h(t)

qe (t)
A

• A
S


0 t
Figure 4.10. Niveau du liquide en réponse à un saut du débit d’alimentation

4.5 SYSTÈME DU DEUXIÈME ORDRE SANS ZÉRO


4.5.1 Représentation

Un système du deuxième ordre sans zéro se rencontre dans la littérature


sous deux forme classiques équivalentes :

Y (s) K ω02
G(s) = = 2 2 =K 2 (4.18)
U (s) τ s + 2ζτ s + 1 s + 2ζω0 s + ω02
94 4 ANALYSE TEMPORELLE

On limite l’étude au cas où ζ ≥ 0 pour lequel le système est stable (voir
section ?? et le chapitre 6 pour une discussion sur la stabilité).
Une simple inspection permet de construire les relations pour passer d’une
représentation à l’autre, soit ω0 = 1/τ et a = ζω0 .
La nomenclature correspondante est la suivante :

K: Gain statique
ζ: Coefficient d’amortissement [-]
τ: Constante de temps [s]
ω0 : Pulsation propre ou naturelle [1/s]
Les pôles de G(s) sont :
1 � �
p1,2 = − (ζ ± ζ 2 − 1) = −ω0 (ζ ± ζ 2 − 1)
τ
Ces pôles peuvent être réels distinct, réels confondus ou conjugués com-
plexes.
Un système du deuxième ordre est souvent formé à partir de deux systèmes
du premier ordre en série, c’est-à-dire :
� �� �
Y (s) K1 K2
G(s) = = (4.19)
G(s) τ1 s + 1 τ2 s + 1
On a dans ce ce cas la correspondance suivante :
K = K 1 K2

τ = τ1 τ2
τ1 + τ2
ζ= √
2 τ 1 τ2

Remarques
Il convient de noter certaines limitations liées à la représentation (4.18)
pour un système du deuxième ordre :
• La constante de temps équivalente τ ne représente pas nécessairement la
constante de temps dominante du système. Par exemple, pour le système
(4.19) avec τ1 � τ2 , la constante de temps dominante est environ

τ1 et non τ = τ1 τ2 .
• Comme mentionné précédemment, la représentation (4.18) n’est pas uti-
lisable pour un système instable. Par exemple, pour le système stricte-
ment instable (un ou plusieurs pôles positifs)
� �� �
K1 K2
G(s) =
τ1 s + 1 τ2 s − 1
on obtient
K 1 K2
G(s) =
τ1 τ2 s2 + (τ2 − τ1 )s − 1
qui ne se laisse pas mettre sous la forme (4.18).
4.5 SYSTÈME DU DEUXIÈME ORDRE SANS ZÉRO 95

4.5.2 Réponse indicielle

Pente à l’origine
La pente à l’origine de la réponse indicielle d’un système du deuxième ordre
sans zéro est toujours nulle. C’est une caractéristique intrinsèque qui permet
de les différencier des systèmes du premier ordre par simple inspection.
Pour justifier cette affirmation, il suffit d’utiliser le théorème de la valeur
initiale. La pente à l’origine est :

ẏ(0) = lim ẏ(t) = lim sL[ẏ(t)]


t→0 s→∞

Pour une excitation u(t) = A�(t) en forme d’échelon :

A
L[ẏ(t)] = sY (s) = sG(s)U (s) = sG(s) = G(s)A
s
Le théorème de la valeur initiale permet d’écrire :

ẏ(0) = lim sG(s)A


s→∞

sKA
= lim =0
s→∞ τ 2 s2 + 2ζτ s + 1

Montrer que cette conclusion n’est, en général, pas valable pour un système
du deuxième ordre avec un zéro.

Cas sur-amorti : Pôles réels distincts pour ζ > 1


La fonction de transfert G(s) peut dans ce cas être décomposée en deux
facteurs du premier ordre :
1 1
G(s) = K (4.20)
(τ1 s + 1) (τ2 s + 1)
avec

τ1,2 = τ /(ζ ± ζ 2 − 1)

La réponse à un échelon de la forme u(t) = A�(t) devient :


� �
1
y(t) = �(t)KA 1 − [τ1 e−t/τ −1 − τ2 e−t/τ2 ] (4.21)
τ1 − τ2

Cas critique : Pôles réels confondus pour ζ = 1


La fonction de transfert G(s) se résume dans ce cas à :

K
G(s) = (4.22)
(τ s + 1)2
96 4 ANALYSE TEMPORELLE

La réponse à un échelon de la forme u(t) = A�(t) est alors :


� � � �
t −t/τ
y(t) = �(t)KA 1 − 1 + e (4.23)
τ

Cas sous-amorti : Pôles conjugués complexes pour 0 ≤ ζ < 1


La réponse à un échelon de la forme u(t) = A�(t) est dans ce cas :
� � ��
ζ
y(t) = �(t)KA 1 − e−ζ/τ cos ω̄t + � sin ω̄t (4.24)
1 − ζ2
avec
y(t) 1
KA
0.9 ζ=1
ζ=2
0.8

0.7
ζ=3

0.6

0.5

0.4

0.3

0.2

0.1
t
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 τ

Figure 4.11. Réponse indicielle normalisée d’un système du deuxième ordre sans
zéro et avec pôles réel (ζ ≥ 1).

1�
ω̄ = 1 − ζ2
τ
La réponse normalisée y(t)/KA en fonction du temps relatif t/τ est
présentée aux figures 4.11 et 4.12 pour différentes valeurs de ζ.

4.5.3 Systèmes oscillants et non oscillants

Suite à l’étude de la section précédente, on distingue deux cas de réponse


d’un système du deuxième ordre sans zéro à une entrée non oscillante (p1 et
p2 sont les pôles de G(s) :
4.5 SYSTÈME DU DEUXIÈME ORDRE SANS ZÉRO 97
y(t)
KA
1.6
ζ = 0, 2
1.4

1.2 ζ = 0, 4
1

0.8
ζ = 0, 6
0.6
ζ = 0, 8
0.4

0.2

t
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 τ
Figure 4.12. Réponse indicielle normalisée d’un système du deuxième ordre sans
zéro et avec pôles conjugués complexes (0 ≤ ζ < 1).

a) Si ζ ≥ 1, la réponse y(t) sera non oscillatoire (cas sur-amorti et critique).


Cela signifie que p1 et p2 sont réels.
b) Si 0 ≤ ζ < 1, la réponse y(t) sera oscillatoire (cas sous-amorti).
Cela signifie que p1 et p2 sont conjugués complexes (p1,2 = a ± jb).
De plus :
– si 0 < ζ < 1 : les oscillations seront amorties,
– si ζ = 0 : les oscillations seront entretenues.

4.5.4 Identification de la fonction de transfert

Il est utile d’exprimer analytiquement l’abscisse et l’ordonnée de certains


points particuliers de la réponse indicielle d’un système du deuxième ordre
sans zéro, tel un point d’inflexion ou un maximum. En effet, cette connais-
sance permet d’identifier le modèle d’une installation existante sur la base de
l’observation de sa réponse indicielle.

Cas sur-amorti : Pôles réels distincts pour ζ > 1


Dans le cas d’un système non oscillant, un point particulier est le point
d’inflexion de la réponse indicielle. Ses coordonnées ti et y(ti ) sont obtenues
en exploitant les deux premières dérivées de la réponse :
KA
ẏ(t) = [e−t/τ1 − e−t/τ2 ] (4.25)
τ1 − τ2
98 4 ANALYSE TEMPORELLE
� �
KA 1 1
ÿ(t) = − e−t/τ1 + e−t/τ2 (4.26)
(τ1 − τ2 ) τ1 τ2
Comme au point d’inflexion ÿ(ti ) = 0, l’équation (4.26) donne :
1 −ti /τ 1
e = e−ti /τ2 (4.27)
τ1 τ2
ce qui permet de déterminer l’instant ti du point d’inflexion :
τ1 τ 2 τ1
ti = ln (4.28)
τ1 − τ2 τ2
Introduisons la constante :
1 −ti /τ1 1
X := e = e−ti /τ2 (4.29)
τ1 τ2
qui permet de simplifier l’écriture de la réponse indicielle et de sa dérivée au
point d’inflexion :

y(ti ) = KA{1 − (τ1 + τ2 )X} (4.30)

ẏ(ti ) = KAX (4.31)


L’équation de la droite d(t) tangente au point d’inflexion est :

d(t) = KA[X(t − (ti + τ1 + τ2 )) + 1] (4.32)

Cette droite passe par zéro en t = tA et croise l’asymptote horizontale


correspondant à la valeur finale KA en t = tB = ti + τ1 + τ2 . Ainsi, l’intervalle
de temps qui sépare le point d’inflexion de l’intersection mentionnée est égale
à la somme des constantes de temps τ1 et τ2 .
L’ensemble des indications obtenues et résumées à la figure 4.13 sont
pratiques pour identifier la fonction de transfert d’un système sur-amorti du
deuxième ordre sans zéro. La marche à suivre est la suivante :
1. Mesurer la valeur finale KA de la réponse à un échelon d’amplitude A.
Ceci permet de déterminer la valeur du gain statique K.
2. Mesurer la pente KAX de la droite tangente au point d’inflexion. Ceci
permet d’en déduire la valeur de la constante X. En injectant ensuite
cette valeur dans les deux termes de la relation (4.29), deux équations
non linéaires sont obtenues qui permettent de déterminer les constantes
de temps τ1 et τ2 .
3. Mesurer l’intervalle de temps tB − ti et vérifier qu’il corresponde bien à la
somme des constantes de temps.

Cas critique : Pôles réels confondus pour ζ = 1


Un point particulier est également le point d’inflexion de la réponse in-
dicielle. Ses coordonnées ti et y(ti ) sont obtenues en exploitant les deux
premières dérivées de la réponse :
4.5 SYSTÈME DU DEUXIÈME ORDRE SANS ZÉRO 99

✻ d(t)
τ 1 + τ2 pente : KAX
KA ✛ ✲
✻ y(t)

KAX(τ1 + τ2 )


A
u(t)


0 tA ti tB t
Figure 4.13. Réponse indicielle d’un système sur-amorti du deuxième ordre sans
zéro.

� � � �
1 −t/τ 1 1 −t/τ KAt
ẏ(t) = −KA e − 1+ e = 2 e−t/τ
τ τ τ τ
� � � �
KA t KA t
ÿ(t) = 2 e−t/τ − e−t/τ = 2 e−t/τ 1 − (4.33)
τ τ τ τ
Comme au point d’inflexion ÿ(ti ) = 0, l’équation (4.33) donne ti = τ .
La marche à suivre pour déterminer K et τ est la suivante :
1. Mesurer la valeur finale KA de la réponse à un échelon d’amplitude ti .
On obtient directement τ = ti .
2. Déterminer le point d’inflexion et le temps correspondant ti . On obtient
directement τ = ti .
3. Les valeurs de la réponse indicielle et de sa dérivée au temps ti permettent
de vérifier l’exactitude de K et τ . En effet, on doit avoir :
� �
2 KA KA
y(ti ) = KA 1 − = 0, 264KA et ẏ(ti ) = = 0, 368
e τe τ

Cas sous-amorti : Pôles conjugués complexes pour 0 ≤ ζ < 1


Dans le cas d’un système sous-amorti ou oscillant, les points particuliers
sont les extrema de la réponse indicielle, plus spécialement le premier maxi-
mum qu’il est important de connaı̂tre et facile à mesurer. Ses coordonnées tp
et y(tp ) sont obtenues en exploitant la première dérivée de la réponse.
Déterminons pour commencer les extrema qui sont situés aux instants tk ,
tels que ẏ(tk ) = 0. La dérivation temporelle de (4.24) donne :
100 4 ANALYSE TEMPORELLE

kAe−ζt/τ
ẏ(t) = � sin ω̄t t≥0
τ 1 − ζ2

et donc :
kπ kπτ
tk = =� , k = 0, 1, 2, . . .
ω̄ 1 − ζ2

Les minimas sont obtenus pour les valeurs paires de k et les maxima pour
valeurs impaires. Le premier maximum est obtenu pour k = 1. Ainsi :
πτ
y(tp ) = �
1 − ζ2

En introduisant cette expression dans l’équation de la réponse indicielle


(4.24), on obtient :

� ζπ �
−�
y(tp ) = KA 1 + e 1 − ζ2 (4.34)

Ces indications, résumées à la figure 4.14, sont utiles pour identifier la


fonction de transfert d’un système oscillant du deuxième ordre sans zéro. La
marche à suivre est la suivante :

✻ ✻
− √ ζπ
KAe 1−ζ 2

y(t)
KA ❄

u(t)
A


0 tp t
Figure 4.14. Réponse indicielle d’un système sous-amorti du deuxième ordre sans
zéro.
4.6 RELATION ENTRE POSITION DES PÔLES ET RÉPONSE TEMPORELLE 101

1. Mesurer la valeur finale KA de la réponse à un échelon d’amplitude A.


Ceci permet de déterminer la valeur du gain statique K.
2. Mesurer l’amplitude du premier maximum, ce qui permet de déterminer
la valeur de ζ.
3. Mesurer l’instant d’apparition de ce premier maximum, ce qui permet de
déterminer la valeur de la constante de temps τ .

La méthodologie d’identification proposée ici est de nature plus didactique que


pratique. Elle permet en effet de développer une intuition quant à la forme
de la réponse indicielle. Toutefois, pour identifier efficacement le modèle d’un
système sur la base d’une réponse dynamique, il convient d’utiliser plus de
mesures que les 3 points pré-cités. Il existe des méthodes d’identification de
système dynamiques basées sur la technique des moindres carrées qui per-
mettent d’utiliser tous les points mesurés de la réponse. Il y a ainsi une forte
redondance des données (par exemple, 100 mesures pour déterminer les trois
paramètres K, τ et ζ, ce qui permet de lisser les erreurs de mesure et les effets
d’autres perturbations).

4.6 RELATION ENTRE POSITION DES PÔLES ET


RÉPONSE TEMPORELLE
La réponse Y (s) d’un système dynamique contient les pôles du système
ainsi que d’autres pôles associés à l’excitation U (s) :

Y (s) = G(s)U (s)

Nous avons appris au chapitre 3 à décomposer Y (s) en éléments simples


de manières à retomber sur une ou plusieurs entrées du dictionnaire de la
transformation de Laplace. Les termes temporels qui correspondent à une
fraction rationnelle simple peuvent s’écrire de la manière générique. Pour les
cas paire de pôles conjugués complexes, la réponse temporelle s’écrit :
2A r−1 αt 2B
t e cos(ωt) − tr−1 eαt sin(ωt) (4.35)
(r − 1)! (r − 1)!

avec p1,2 = α ± jω la paire de pôles conjugués complexes, A ± Bj les résidus


correspondants et r = 1, 2, . . . , µ où µ représente la multiplicité des pôles.
L’expression (4.35) est appelée un mode. Il s’agit du mode associé à la paire
de pôles conjugués complexes α ± jω. Selon les cas, r − 1, α ou ω peuvent être
nuls. Par exemple, pour un pôle réel simple (ω = 0 et µ = 1), le mode devient
Aeαt .
K(s − z)
Evaluer l’expression (4.35) pour Y (s) =
(s − p1 )(s − p2 )
102 4 ANALYSE TEMPORELLE
Im


✲ ✲
✕ ✒

amortissement ✲
✛ ✲ ✒
fréquence ✻
❄ ✲
Re

✻ ✠

✻ ✠ ✲ ✻

✲ ✲

signal stable signal instable

Figure 4.15. Lieu des pôles d’un mode et allure temporelle correspondante.

Le signe de α joue un rôle important. Pour α > 0, la réponse croı̂tra au-


delà de toute limite. Inversement, si α < 0, ces termes décroissent et tendent
vers zéro lorsque le temps s’écoule. L’existence d’un facteur tr−1 ne change
rien à cette règle car la décroissance de l’exponentielle l’emporte sur tr−1 ainsi
qu’un développement en série de Taylor le montre.
De façon générale, la partie réelle α d’un pôle conditionne l’amortissement
du mode qui lui est associé. La partie imaginaire ω détermine quant à elle la
fréquence d’oscillation du même mode. Ces particularités sont représentées à
la figure 4.15.
Un système linéaire est dit stable si et seulement si tous ces pôles sont
stables, c’est-à-dire si ses pôles se trouvent dans le demi-plan complexe de
gauche (αi < 0), axe imaginaire non compris. On parle alors de stabilité
BIBO (Bounded Input Bounded Output), c’est-à-dire que la réponse à toute
entrée bornée restera borné. Un signal borné est un signal dont la valeur en
fonction du temps reste entre une limite inférieur finie et une limite supérieur
4.7 EXERCICES RÉSOLUS 103

finie (par exemple, un saut unité, une sinusoı̈de ou e−2t , mais par contre pas
e2t ).
Pour un système stable, le pôle le plus proche de l’origine, c’est-à-dire celui
pour lequel |α| est le plus petit, est dit dominant. En effet, après un temps
suffisant pour que les contributions des autres pôles se soient amortis, seule la
contribution qui lui est associée reste présente. Il conditionne de ce fait l’allure
globale de la réponse après un temps initial.

4.7 EXERCICES RÉSOLUS


Exercice 1
a) Evaluer la réponse impulsionnelle du système :
s−1
G(s) =
(2s + 1)(s + 3)

b) Représenter graphiquement cette réponse.


c) Evaluer les pôles et les zéros de ce système. Est-il stable ?

Solution
a)
s−1 A B
Y (s) = G(s)U (s) = = +
(2s + 1)(s + 3) 2s + 1 s + 3
s−1 3
A = lim 1 =−
s→− 2 s+3 5
s−1 4
B = lim =
s→−32s + 1 5
−3 −t/2 4 −3t
L−1 → y(t) = − e + e t≥0
10 5
b) Graphique
c) z1 = 1, p1 = −0.5, p2 = −3
Comme les deux pôles sont dans la moitié gauche du plan complexe, le
système est BIBO stable.

Exercice 2
Soit le système dynamique autonome, c’est-à-dire sans entrée :
� � � �
1−2 10
ẋ = x x(0) =
2−3 10
104 4 ANALYSE TEMPORELLE

0.6

0.5
y(t)

0.4

0.3

0.2

0.1
t
0

−0.1

−0.2

−0.3
t
−0.4
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4

a) Calculer x(t).
b) Quel est l’ordre du système ? Combien de modes se trouvent dans la
réponse x(t) ? Discuter ce résultat.

Solution
a) ẋ1 = x1 − 2x2 x1 (0) = 10

ẋ2 = 2x1 − 3x2 x2 (0) = 10

Transformation de Laplace :

sX1 (s) − 10 = X1 (s) − 2X( s)

sX2 (s) − 10 = 2X1 (s) − 3X2 (s)


2 10
Xs (s)[s + 3] = 2X1 (s) + 10 → X2 (s) = X1 (s) +
s+3 s+3
4 20
X1 (s)[s − 1] = −2X2 (s) + 10 = − X1 (s) − + 10
s+3 s+3
X1 (s)[(s − 1)(s + 3) + 4] = −20 + 10(s + 3)
X1 (s)[s2 + 2s − 3 + 4] = 10s + 10
4.7 EXERCICES RÉSOLUS 105

X1 (s)[s2 + 2s + 1] = 10s + 10
X1 (s)[s2 + 2s + 1] = 10(s + 1)
10
X1 (s) =
s+1
2 10 10 20 + 10(s + 1) 10(s + 3) 10
X2 (s) = + = = =
s+3s+1 s+3 (s + 3)(s + 1) (s + 3)(s + 1) s+1
x1 (t) = x2 (t) = 10e−t t ≥ 0
b) Le système est d’ordre 2 car il est décrit par 2 équations différentielles du
premier ordre. Comme les réponses x1 (t) et x2 (t) ne contiennent que le
mode e−t , on pourrait penser que le système est du premier ordre. Cepen-
dant, il s’agit là d’un artefact dû au choix des conditions initiales. Pour
le montrer considérons le même système dynamique avec les conditions
initiales génériques :
� �
x10
x(0) =
x20

Un développement similaire à celui du point a) donne les signaux X1 (s)


et X2 (s) suivants :

x10 s + (3x10 ) − 2x20


X1 (s) =
(s + 1)2

x20 s + (2x10 − x20 )


X2 (s) =
(s + 1)2
Pour x10 = x20 = 10, on retrouve le résultat du point a). Dans le cas
général avec un pôle double à s = −1, on observe les modes e−t et te−t .
Notons également que les valeurs propres de la matrice du système sont
λ1 = λ2 = −1.

Exercice 3
Un système physique est composé de deux sous-systèmes S1 et S2 : Le

S
u(t) ✲
z(t)✲ y(t)

S1 S2

sous-système S1 est décrit par la fonction de transfert : G1 (s) = (s + 1)/s.


106 4 ANALYSE TEMPORELLE

La sortie z de ce système est l’entrée du sous-système S2 dont la dynamique


est régie par l’équation différentielle :

ÿ(t) + 3ẏ(t) + 2y(t) = ż(t) + 3z(t) y(0) = 1 ẏ(0) = 0 z(0) = 0

a) Calculer la fonction de transfert du système complet S.


b) Evaluer les pôles et les zéros ainsi que le gain statique du système S.

Solution
s+1 Z(s)
a) Système S1 : G1 (s) = =
s U (s)
Système S1 : ÿ(t) + 3ẏ(t) + 2y(t) = ż(t) + 3z(t)

Y (s)
Calcul de G2 (s) =
Z(s)
Le concept de fonction de transfert suppose des conditions initiales nulles
(système relâché) :

s2 Y (s) + 3sY (s) + 2Y (s) = sZ(s) + 3Z(s)

Y (s)[s2 + 3s + 2] = Z(s)[s + 3]

Y (s) s+3
G2 (s) = = 2
Z(s) s + 3s + 2
Y (s) Y (s) Z(s)
Système S : G(s) = = ·
U (s) Z(s) U (s)
(s + 3)(s + 1) s+3
G(s) = G2 (s) · G1 (s) → G(s) = =
(s + 1)(s + 2)s s(s + 2)

b) Pôles : p1 = 0 p2 = −2
Zéro : z1 = −3
Il s’agit d’un système intégrateur (p1 = 0) possédant donc un gain statique
infini :
s+3
lim G(s) = lim =∞
s→0 s→0 s(s + 2)

Exercice 4

a) Calculer la réponse indicielle du système suivant :

Y (s) 2
= 2
U (s) s +s−2
4.7 EXERCICES RÉSOLUS 107

b) Quel est le gain statique, la constante de temps dominante et le coefficient


d’amortissement de ce système ?

Solution
a)

Y (s) 2 2
= 2 =
U (s) s +s−2 (s − 1)(s + 2)

Pour un saut unité, U (s) = 1/s, on a :


2 A B C
Y (s) = = + +
s(s − 1)(s + 2) s+2 s−1 s

Par la méthode des résidus, on détermine :


� �
2 1
A = lim =
s→−2 s(s − 1) 3
� �
2 2
B = lim =
s→1 s(s + 2) 3
� �
2
C = lim = −1
s→0 (s − 1)(s + 2)
Finalement, on obtient :
1 −2t 2 t
y(t) = e + e −1 t≥0
3 3
b) Comme le système est instable (un pôle à 1), il n’est pas possible d’iden-
tifier K, τ et ζ par inspection de sa fonction de transfert :
K 1
�=
τ 2 s2 + 2τ ζs + 1 2
0, 5s + 0, 5s − 1

• Le gain statique est infini à cause du terme et .


• Le mode instable 0, 67et est dominant.
• Le concept de coefficient d’amortissement n’a pas de sens pour un
système instable.

Exercice 5
Calculer la réponse indicielle du système dynamique caractérisé par un
gain statique de 2, une constante de temps de 5 minutes et un retard pur de
1 minute.
108 4 ANALYSE TEMPORELLE

Solution
Fonction de transfert

Y (s) 2e−s
G(s) = =
U (s) 5s + 1
Réponse du système sans retard

YSR (s) 2
GSR (s) = =
U (s) 5s + 1
5
YSR (s) = GSR (s)U (s) =
s(5s + 1)
2 10 2 2
YSR (s) = − = − 1
s 5s + 1 s s+ 5
Ainsi :
� �
− 5t
ySR (t) = 2 1 − e t≥0

Réponse avec retard


� �
− t−1
y(t) = ySR (t − 1) = 2�(t − 1) 1 − e 5

Exercice 6
Soit le système de cuves suivant avec le débit d’alimentation qe (t), le débit
intermédiaire q1 (t) proportionnel à la différence de niveaux h1 (t) − h2 (t) et q2
constant :
a) Calculer l’état stationnaire du système.
b) Calculer la fonction de transfert H2 (s)/Qe (s).
c) Un tel système est appelé interactif. Pourquoi ?
d) Ce système possède-t-il un élément intégrateur ?

Solution
a) Etat stationnaire
Bilans massiques (après simplification par ρ =const.) :

dh1 1
Cuve 1 : S1 = qe − q1 = qe − (h1 − h2 ) (4.1)
dt R
4.7 EXERCICES RÉSOLUS 109

dh2 1
Cuve 2 : S2 = q1 − q2 = qe − (h1 − h2 ) − q2 (4.2)
dt R
Etat stationnaire :
1
(1) ⇒ 0 = q̄e − (h̄1 − h̄2 ) (4.0)
R
1
(2) ⇒ 0= (h̄1 − h̄2 ) − q2
R
Il y a un état stationnaire uniquement si q̄e = q2 , ⇒ h̄1 − h̄2 = Rq̄e .
b) Fonctions de transfert
Equations dynamiques en variables écarts :
 
∆h1 = h1 − h̄1
 ∆h2 = h2 − h̄2 
∆qe = qe − q̄e

d 1
(1) − (1a) : S1(∆h1 ) = ∆qe − (∆h1 − δh2 ) (4.2)
dt R
d 1
(2) − (2a) : S2 (∆h2 ) = (∆h1 − δh2 ) (4.2)
dt R
A l’état stationnaire ∆h1 = ∆h2 = ∆qe = 0
Transformation de Laplace :
1
S1 s∆H1 (s) = ∆Qe (s) − [∆H1 (s) − ∆H2 (s)] (4.2)
R
1
S2 s∆H2 (s) = [∆H1 (s) − ∆H2 (s)] (4.2)
R
� �
1 1
(3) : S1 s + ∆H1 (s) = ∆Qe (s) + ∆H2 (s) (4.2)
R R
� �
1 1
(4) : S2 s + ∆H2 (s) = ∆H1 (s) (4.2)
R R
∆H2 (s) 1
(6) : = (4.2)
∆H1 (s) RS2 s + 1
Eliminons ∆H2 (s) dans (5) :
� �
1 1 ∆H1 (s)
S1 s + ∆H1 (s) = ∆Qe (s) +
R R (RS2 s + 1)
� �
1
RS1 s + 1 − ∆H1 (s) = R∆Qe (s)
RS2 s + 1
∆H1 (s) R(RS2 s + 1)
= 2
(4.2)
∆Qe (s) s[R S1 S2 s + R(S1 + S2 )]
110 4 ANALYSE TEMPORELLE

∆H2 (s) ∆H2 (s) ∆H1 (s) 1 K


= = = (4.2)
∆Qe (s) ∆H1 (s) ∆Qe (s) s[RS1 S2 s + (S1 + S2 ] s(τ s + 1)
avec :
1 RS1 S2
K= τ=
S1 + S2 S1 + S2

c) Le système est appelé interactif car le niveau de la deuxième cuve in-


fluence celui de la première.
d) Elément intégrateur car le terme 1/s apparaı̂t dans la fonction de trans-
fert (9).

Exercice 7
Soient les 2 systèmes de cuves suivants.
a) Pour chaque système, calculer la fonction de transfert H2 (s)/Qe (s) et
évaluer son gain statique et ses pôles. Y a-t-il un élément intégrateur ?
b) Comparer qualitativement les deux systèmes.

Solution

a1) Système 1
Equations dynamiques :
d
A1 h1 (t) = qe (t) − k1 h1 (t)
dt
d
A2 h1 (t) = k1 h1 (t) − k2 h2 (t)
dt
Fonction de transfert :

A1 sH1 (s) = Qe (s) − k1 H1 (s)

A2 sH(s) = k1 H1 (s) − k2 H2 (s)


1
H1 (s) k1
= A1
Qe (s) k1 s +1
k1
H2 (s) k2
= A2
H1 (s) k2 s +1
1
H2 (s) H2 (s) H1 (s) k2
= =� �� �
Qe (s) H1 (s) Qe (s) A1 A2
k1 s+1 k2 s +1
4.7 EXERCICES RÉSOLUS 111

• Gain statique :
1
K=
k2

• Constantes de temps :
A1 A2
τ1 = τ2 =
k1 k2

• Pôles :
k1 k2
p1 = − p2 = −
A1 A2

• Pas d’éléments intégrateur (pas de pôle en 0)

a2) Système 2
Equation dynamiques :
d
A1 h1 (t) = qe (t) − k1 [h1 (t) − h2 (t)]
dt
d
A2 h2 (t) = k1 [h1 (t) − h2 (t)] − k2 h2 (t)
dt
Fonctions de transfert :

A1 sH1 (s) = Qe (s) − k1 [H1 (s) − H2 (s)]

A2 sH2 (s) = k1 [H1 (s) − H2 (s)] − k2 H2 (s)


k1
H2 (s) k1 +k2
= A2
H1 (s) k1 +k2 s + 1
� �
k1 +k2 A2
H1 (s) k 1 k2 k1 +k2 s +1
= � � �
Qe (s) A 1 A2 2 A 1 A2 A1 (k1 +k2 )+k1 A2
k 1 k2 s + 2s +1

k 1 k2 2 k 1 k 2 A 1 A2

H2 (s) H2 (s) H1 (s)


=
Qe (s) H1 (s) Qe (s)
Avec la définition des paramètres suivants :
k1 k1 + k2 1
K2 = K3 = K4 =
k1 + k2 k1 k2 k2

A2 A1 A2 A1 (k1 + k2 ) + k1 A2
τ2 = τ= ζ= √
k1 + k2 k1 k2 2 k 1 k 2 A1 A2
112 4 ANALYSE TEMPORELLE

on obtient les fonctions de transfert :



 H2 (s) K2

 =

 H (s) τ 2 +1
s


1



 H (s)
1 K3 [τ2 s + 1]
= 2 2

 Q e (s) τ 2 s + 2ζτ s + 1







 H (s) H2 (s) H1 (s) K4
 2 = = 2 2
Qe (s) H1 (s) Qe (s) τ s + 2ζτ s + 1

• Gain statique : K = K4 = 1/k2



• Constante de temps équivalente : τ = A1 A2 /k1 k2
• Pôles :
� �
−ζ − ζ2 − 1 −ζ + ζ2 − 1
p1 = p2 =
τ τ

• Pas d’élément intégrateur (pas de pôles en 0)

b) Comparaison des deux systèmes


Système Ordre Particularités Gain statique Pôles
Deux systèmes 1
1 2 k2 Pas d’oscillation
d’ordre 1 en série
Interactif :
1 Oscillation pour
2 2 h1 influence h2 k2 ζ<1
h2 influence h1

4.8 SYMBOLES UTILISÉS

A amplitude [J/K]
C capacité thermique
g(t) réponse impulsionnelle
G(s) fonction de transfert
h hauteur
√ [m]
j −1
K gain statique
Ka gain en accélération
Kv gain en vitesse
L[.] transformation de Laplace
L−1 [.] transformation de Laplace invers
m nombre de zéros
4.8 SYMBOLES UTILISÉS 113

n nombre de pôles
p pôle (p = α ± jω)
P puissance [W]
q débit volumique [m3 /s]
R résistance thermique [K/W]
s variable complexe de Laplace (s = a + bj)
S surface de section [m2 ]
t temps [s]
ti temps au point d’inflexion
T température [K]
T période [s]
Text température extérieur [K]
u entrée du système
x état du système
y sortie du système
z zéro
α Re(p)
γ(t) réponse indicielle
δ(t) impulsion de Dirac au temps t = 0
�(t) saut unité au temps t = 0
ζ coefficient d’amortissement
µ multiplicité d’un pôle
φ déphasage
τ constante de temps
ω pulsation
ω0 pulsation
� propre
ω̄ 1 − ζ 2 /τ

Indices et autres symboles


Xe X d’entrée
Xs X de sortie
X0 condition initiale pour X
X̄ X à l’état stationnaire
Ẋ dérivée de X par rapport au temps
δX variation de X ; variable écart X(t) − X̄
5
COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

Nous étudions dans ce chapitre le comportement de systèmes commandés


en rétroaction par des régulateurs simples, en particulier des régulateurs avec
effets proportionnel, intégral et dérivé. La mise au point de tels régulateurs
est également discutée.
En introduction, la section 5.1 présente différent types de commande, no-
tamment la commande manuelle, la commande en boucle ouverte et la com-
mande en boucle fermée. On étudie également la réduction de schémas fonc-
tionnels.

5.1 TYPES DE COMMANDE


On utilise la notation générale u(t) pour la grandeur de commande, y(t)
pour la grandeur commandée, yc (t) pour la grandeur de consigne, d(t) pour
la perturbation, e(t) pour l’erreur de commande, GP (t) pour l’effet de u sur
y, GL (s) pour celui de d sur y et GR (s) pour la fonction de transfert du
régulateur. Les effets des organes de mesure et de commande sont inclus dans
GP (s). Le schémas fonctionnel général d’un système de commande est donné
à la figure 5.1, lequel permet de visualiser trois situations importantes :
a) commande manuelle avec u = uman ,
b) commande en boucle ouverte lorsque le signal de retour est déconnecté
au niveau du comparateur,
c) commande en boucle fermée ou par rétroaction lorsque la boucle
est fermée au niveau du comparateur.

Dans ce chapitre consacré à la commande, on va également travailler avec des


variables écart, lesquelles vont donc représenter des déviations autour d’un
point de fonctionnement de référence. On a ainsi la situation dépictée à la
figure 5.2 avec les signaux u et y liés au procédé et la fonction de transfert
GP entre δu et δy. Comme dans le chapitre précédent, on va également noter
116 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

GL (s)
uman

M AN

yc + e u + y
GR (s) • GP (s)
− AU T O +

BF BO

Figure 5.1. Schéma fonctionnel d’un système commandé (MAN : manuel, AUTO :
automatique, BO : boucle ouverte, BF : boucle fermée).

par u et y les écarts δu et δy afin de simplifier les notations ; ainsi, une valeur
de u en variable écart signifie en fait ūref + u en variable absolue.

GP
ūref ȳref

δu + u y − δy
Procédé
+ +

Figure 5.2. Relations entre variables absolues (u et y), variables de référence (ūref
et ȳref ) et variables écart (δu et δy).

5.1.1 Commande manuelle

Il arrive parfois que l’opérateur doive (ou désire) prendre contrôle du


système de commande. Pour ce faire, il existe un commutateur à la sortie
du régulateur (fig. 5.1) : en mode � manuelle �, le signal u est généré par
l’opérateur à l’aide d’un potentiomètre ou d’un générateur de fonctions ; en
mode � automatique �, u correspond à la sortie du régulateur.
Pour passer d’un mode à l’autre sans-à-coup, on procède ainsi :
Commutation � manuel � / � automatique �
1. Opération en mode � manuel � à l’état stationnaire : ūman , ȳman
2a Ajuster la consigne telle que yc = yman , c’est-à-dire ē = 0
5.1 TYPES DE COMMANDE 117

¯ (fig. 5.2) telle que ūref = ūman


2b Ajuster la commande a priori ref
2. Commuter en � automatique � : u(t) = ūref + 0 = ūman
Commutation � automatique � / � manuel �
1. Opération en mode � automatique � à l’état stationnaire : ūaut , ȳaut
2. Ajuster la commande manuelle telle que ūman = ūaut
3. Commuter en � manuel � : u(t) = ūman = ūaut

5.1.2 Commande en boucle ouverte

Si la boucle est déconnectée au niveau du comparateur, la fonction de


transfert entre la consigne yc et la grandeur commandée y devient :

Y (s) ��
� = GR (s)GP (s)
Yc (s) �
BO

La commande est parfaite (c’est-à-dire y suit parfaitement la consigne yc )


si GR (s) = 1/GP (s). Il y a cependant trois raison principales qui, dans la
pratique, limitent l’application d’une telle commande en boucle ouverte :

1. nécessité de connaı̂tre parfaitement le modèle du système à commander,


2. le régulateur GR (s) ainsi calculé est souvent un élément dynamique non
causal nécessitant un prédiction et donc pas réalisable physiquement,
3. aucune action n’est prévue pour rejeter la perturbation d.

5.1.3 Commande en boucle fermée

Il s’agit d’une commande par rétroaction (en anglais feedback ) pour la-
quelle le signal de commande u est calculé à partir d’une mesure de la grandeur
commandée y. Le principe à été introduit au chapitre 1. La façon de calculer
la fonction de transfert d’un système bouclé par rétroaction est présentée au
paragraphe suivant.

5.1.4 Réduction de schémas fonctionnels

Il arrive souvent que l’on souhaite calculer une fonction de transfert globale
à partir de plusieurs fonction de transferts se trouvant dans un système bouclé.
Pour ce faire, on dispose de la règle simple suivante :
� �
  Produit des fonctions de transfert
Fonction de transfert en transmission direct (entrée → sorite)
 entre entrée et sortie  = � � (5.1)
d’un système bouclé Produit des fonctions de
1+
transfert dans la boucle
118 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

Illustrons cette règle à l’aide du système en boucle fermée de la figure 5.1.


On peut écrire :

Y (s) = GP (s)U (S) + GL (s)D(s) U (s) = GR (s)E(s) E(s) = Yc (s) − Y (s)

• Pour calculer la fonction de transfert Y (s)/Yc (s), on pose D(s) = 0 et


on obtient à partir des 3 équations précédentes :

Y (s) = GP (s)GR (s)[Yc (s) − Y (s)]

ou

Y (s)[1 + GP (s)GR (s) = GP (s)GR (s)Yc (s)]

Y (s) GP (s)GP (s)


= (5.2)
Yc (s) 1 + GR (s)GP (s)
Exemple Considérons l’exemple de la figure 5.3.

Y3 (s) GR,2 (s)GOC (s)GP,1 (s)


Boucle intérieure : = = G1 (s)
Y2 (s) 1 + GR,2 (s)GOC (s)GP,1 (s)GOM.1 (s)

Y4 (s) KOM GR,1 (s)G1 (s)GP,2 (s)


Boucle extérieure : = GBF (s) =
Y1 (s) 1 + GR,1 (s)G1 (s)GP,1 (s)GOM.2 (s)
Pour le schéma fonctionnel de la figure 5.1, vérifier la validité des quatre
relations suivantes :
� �
Y (s) �� Y (s) �� GL (s)
� = GL (s) � = (5.3)
D(s) � D(s) � 1 + GR (s)GP (s)
BO BF
� �
Y (s) �� Y (s) �� GR (s)GP (s)
� = GR (s)GP (s) � = (5.4)
Yc (s) � Yc (s) � 1 + GR (s)GP (s)
BO BF
y1 + y2 + y3 y4
KOM GR,1 GR,2 GOC GP,1 GP,2
− −

GOM,1

GOM,2

y1 y4
GBF
5.1 TYPES DE COMMANDE

Figure 5.3. Réduction de schémas fonctionnels.


119
120 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

5.2 EXEMPLE : RÉGULATION DE TEMPÉRATURE


Soit une cuve homogène de 1 [m3 ] de volume et alimentée en continu par
un débit d’eau de 0, 05[m3 ] qu’il convient de chauffer de 10 à 20 [˚C] par l’in-
termédiaire d’un corps de chauffe dont la puissance nominale vaut 35 [kW]. On
souhaite modéliser les divers éléments de la boucle de commande nécessaire
à la régulation de la température de la cuve. On considère un régulateur pro-
portionnel pour commander T (t) en ajustant P (t). Le schéma de l’installation
commandée est donné à la figure 5.4 où M et N sont des signaux électriques
de mesure et de commande.

Tc

M
RT TT

Te

q
N
T

q
T

Figure 5.4. Régulation de la température d’une cuve (TT : transmetteur de


température ; RT : régulateur de température).

5.2.1 Modélisation
Un bilan thermique pour la cuve donne le modèle suivant :
d
V ρcp T (t) = qρcp [Te (t) − T (t)] + P (t) (5.5)
dt
avec les grandeurs suivantes :
• paramètres constants : V, ρ, cp , q
• variables d’entrée (variables indépendantes) : P (t), Te (t)
• variable d’état (variable dépendante) : T (t)
• variable de sortie (mesure) : T (t)
5.2 EXEMPLE : RÉGULATION DE TEMPÉRATURE 121

A l’état stationnaire, l’équation (5.5) devient :

0 = qρcp (T̄e − T̄ ) + P

d’où l’on tire : T̄ = T̄e + (P̄ /qρcp ) = 20[˚C]


Ecrire l’équation (5.5) en termes de variables écart par rapport à l’état
stationnaire de référence.

5.2.2 Analyse des éléments de la boucle de commande

Le schéma fonctionnel pour la régulation de température de la cuve est


donnée à la figure 5.5. Mc , M et N sont des signaux électriques normés, par
exemple 0-5 [V] ou 4-20 [mA]. On étudie ci-dessous séparément chacun des
blocs du schéma fonctionnel.
a) Cuve
La transformée de Laplace de l’équation (equ56) donne (en supposant
le système initialement au repos) :

vρcp sT (s) = qρcp [Te (s) − T (s)] + P (s)

ou
V 1
( s + 1)T (s) = Te (s) + P (s) (5.6)
q qρcp

Puisque la grandeur commandée T (t) dépend de Te (t) et de P (t), nous


considérons deux fonctions de transfert distinctes :
• Fonction de transfert de la perturbation (load) GL (s) décrivant le
comportement de T (s) en fonction de Te (s) uniquement ; pour cela
on pose P (s) = 0 dans l’équation (5.6) et, après réarrangement, on
obtient :
T (s) 1 1 V
GL (s) := = = oùτ = = 20[min]
P (s) (V /q)s + 1 τs + 1 q
• Fonction de transfert du processus GP (s) décrivant le comportement
de T (s) en fonction de P (s) uniquement ; pour cela on pose Te (s) = 0
dans l’équation (5.6), et après réarrangement, on obtient :
T (s) 1/qρcp K 1
GP (s) := = = oùK = = 0, 29[˚C/kW ]
P (s) (V /q)s + 1 τs + 1 qρcp

b) Organe de mesure (thermocouple + conditionnement du signal électrique)


La caractéristique faiblement non linéaire de l’organe de mesure ainsi
que son approximation linéaire sont représentées à la figure 5.6. Cette
caractéristique représente une relation statique entre la température T
et la tension générée correspondante M .
La constante de temps du thermocouple est d’environ 3 [s]
perturbation
Te [˚C]
CUVE
effet de 1
Te sur T τ s+1
REGULATEUR PHYSIQUE
organe de commande effet de P sur T
consigne
erreur
5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

Tc Mc + e N amplificateur P + T
K
KOM KR et corps de τ s+1
[˚C] [V ] − [V ] [V ] chauffe [kW ] + [˚C]
organe de mesure
M thermocouple
et trans-
[V ] metteur
Figure 5.5. Schéma fonctionnel de la régulation de la température d’une cuve.
122
5.2 EXEMPLE : RÉGULATION DE TEMPÉRATURE 123

Un organe de mesure est souvent modélisé comme un système statique


(d’ordre zèro) ou un système de premier ordre (cf. chapitre 8). Ici :
M (s) KOM
GOM (s) = =
T (s) (τOM s + 1)
avec

5[V ]
KOM = = 0, 1[V /˚C] (obtenu à partir du graphe ci-dessous)
50[˚C]
τOM (s) = 3[s] = 0, 05[min]

tension M
[V ]

réel

100

approximation linéaire

·
KOM

0 50 1000 [˚C]

Figure 5.6. Caractéristique statique de l’organe de mesure.

c) Organne de commande (amplificateur de puissance + corps de chauffe)


La caractéristique statique de l’organe de commande est donnée à la
figure 5.7.
Sa constante de temps est d’environ 2 [min].
Un organe de commande est souvent modélisé comme un système du
premier ordre :
P (s) KOC
GOC (s) = =
N (s) τOC s + 1
124 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

100[kW ]
Ici : KOC = = 20[kW/V ] (obtenu à partir du graphe ci-
5[V ]

P [kW ]

100


KOC

tension N
0 5 [V ]

Figure 5.7. Caractéristique statique de l’organe de commande.

dessus) τOC = 2[min]


d) Système à commander (cuve avec organe de mesure et organe de com-
mande)
Le système à commander, tel que vu par le régulateur, correspond à la
mise en série des trois éléments indiqués à la figure 5.8.
M (s) M (s)T (s)P (s)
G(s) = = = GOM (s)GP (s)GOC (s)
N (s) T (s)P (s)N (s)
0, 1 0, 29 20 0, 58
=( )( )( )=
0, 05s + 1 20s + 1 2s + 1 (0, 05s + 1)(20s + 1)(2s + 1)
La dynamique du capteur (organe de mesure) étant négligeable (en effet
0, 05 � 2 ou 20), on peut écrire simplement :
0, 58
G(s) � KOM GP (s)GOC (s) =
(20s + 1)(2s + 1)
Utiliser des arguments graphiques pour justifier la simplification précédente.
Peut-on également négliger KOM ?
5.2 EXEMPLE : RÉGULATION DE TEMPÉRATURE 125

organe de commande cuve organe de mesure


N P T M
GOC GP GOM

SYSTEME A COMMANDER
N M
G

Figure 5.8. Système à commander comprenant la cuve et les organes de mesure et


de commande.

e) Régulateur Le régulateur calcule le signal de commande N sur la base


de l’erreur de commande e = Mc − M . Un régulateur proportionnel
possède la fonction de transfert suivante :

N (s)
GR (s) = = KR
E(s)

où KR représente le gain du régulateur.

f) Système bouclé
Le système bouclé, avec toutes les fonctions de transfert d’intérêt, est
donné à la figure 5.9. Le système bouclé représente un système dyna-

Te [˚C]

SYSTEME A GL
COMMANDER
REGULATEUR
Tc Mc + e N P + T
KOM KR GOC GP
[˚C] [V ] −[V ] [V ] [V ] + [˚C]

M
GOM
[V ]

Figure 5.9. Schéma fonctionnel de la commande d’une cuve


126 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

mique dont l’étude constitue l’objet de l’automatique. L’objectif prin-


cipal est le dimensionnent du régulateur (ici le choix du gain KR ) en
fonction des caractéristiques du système à commander et du système
bouclé désiré.
appliquant la règle de la section précédente, on peut écrire les fonctions
de transferts suivantes :

• effet de l consigne Tc sur la grandeur commandée T :



T (s) �� KOM KR GOC (s)GP (s)
� = (5.7)
Tc (s) � 1 + KR GOC (s)GP (s)GOM (s)
BF

• effet de la perturbation Te sur la grandeur commandée T :



T (s) �� GLS
� = (5.8)
Te (s) � 1 + KR GOC (s)GP (s)GOM (s)
BF

Entant donnés GP (s), GL (s), GOC (s) et GOM (s), la synthèse du régulat-
eur consiste à choisir KR de façon à avoir une solution acceptable au
problème d’asservissement (5.7) et/ou de régulation (5.8). D’où l’intérêt
d’étudier le comportement dynamique de T (s)/Tc (s) et de T (s)/Te (s).
Par définition, les variables du schéma fonctionnel de la figure 5.9
représentent des écarts autour de l’état stationnaire de référence. Pour
déterminer cet état stationnaire, on a spécifié les valeurs numériques
des deux variables indépendantes P̄ et T̄e (cf. §5.2.1). Pour le système
en boucle fermée, l’état stationnaire sera déterminé en spécifiant les va-
leurs numériques des deux variables indépendantes Tc et T̄e (fig. 5.9).
Il en résultera les valeurs numériques de M̄c , M̄ , ē, N̄ , P̄ et T̄ .

5.3 COMMANDE TOUT-OU-RIEN


Considérons la régulation de la température d’une salle équipée d’un ra-
diateur avec thermostat à deux positions : � ouvert � / � fermé �, c’est-à-
dire que le radiateur chauffe ou ne chauffe pas. La consigne est Tc (t) et la
température effective dans la pièce est T (t). L’erreur e(t) = Tc (t) − T (t) per-
met de déterminer la puissance P (t). Comme cette dernière ne peut prendre
que deux valeurs Pmax ou Pmin (dans ce cas particulier Pmin = 0), on obtient
la loi de commande suivante (fig. ??) :

Pmax pour e(t) > 0
P (t) =
Pmin pour e(t) ≤ 0

Cette condition exprime une commande tout-ou-rien ou on/off. Le ra-


diateur sera � on � lorsque l’erreur est positive (T < Tc ) et � off � lorsque
5.4 COMMANDE PROPORTIONNELLE 127

P
Pmax
Tc + e 0 P
− e
Pmin
T

Figure 5.10. Commande tout-ou-rien

l’erreur est négative ou nulle (T ≥ Tc ). La variable commandée oscil-


lera autour de la valeur de consigne avec une amplitude et une fréquence qui
dépendront de l’ordre et de la valeur constante de temps du système à com-
mander (fig. ?? a).
Pour éviter de passer très souvent de Pmin à Pmax , et inversement, dès
que l’erreur change de signe (c’est-à-dire afin de réduire le nombre de commu-
tations on/off par là l’usure de l’organe de commande), on introduit souvent
une hystérésis de largeur 2� (fig. ?? et 5.12.
La commande tout-ou-rien est simple, bon marché et utile en l’absence
d’une connaissance précise de la dynamique du processus. Elle est très utilisée
pour des commandes simples dans l’industrie et les applications courantes
(systèmes de chauffage et de conditionnement de l’aire, réfrigérateurs, etc.).
Malgré son apparente simplicité, la commande tout-ou-rien est difficile à ana-
lyser du faut de sa non-linéarité.
Identifier l’élément non linéaire de la commande tout-ou-rien. Pourquoi
l’analyse est-elle difficile ?
Ecrire la fonction de transfert pour une commande tout-ou-rien.
Dessiner qualitativement la réponse temporelle d’un système du premier
ordre commandé à l’aide d’un régulateur tout-ou-rien avec hystérésis. Quelle
est l’influence de � sur l’amplitude et la fréquence des oscillations ?

5.4 COMMANDE PROPORTIONNELLE


Le plus souvent, il ne saurait être question d’agir comme dans l’exemple
précédent par � tout-ou-rien � car le système est ajusté par à-coups. Il est
préférable de pondérer l’action du régulateur. Par exemple, celle-ci peut être
proportionnelle à l’écart de commande e(t).

5.4.1 Fonction de transfert du régulateur proportionnel

La sortie N (t) d’un régulateur proportionnel dépend de son entrée e(t)


selon l’équation suivante :
N (t) = KR e(t) (5.9)
128 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

a) ✻
T

Tc

on on
P
off off off

b) ✻

Tc + �

Tc

Tc − �

on on

off off

Figure 5.11. Comportement qualitatif d’une commande tout-ou-rien : a) sans
t
hystérésis, b) avec hystérésis.

Ceci donne la fonction de transfert suivante pour le régulateur proportionnel :


N (s)
GR (s) = = KR (5.10)
E(s)
KR représente la gain du régulateur. Dans l’industrie, on rencontre sou-
vent une indication de la bande proportionnelle (BP en % = 100/KR ).
L’équation (??) indique la relation entre les déviations e(t) et N (t), lesquelles
sont calculées à partir de l’état stationnaire de référence ēref et N̄ref . L’erreur
de référence ēref = ȳc,ref − ȳref est typiquement nulle. Le signal de référence
N̄ref est appelé commande à priori et représente le signal de commande
5.4 COMMANDE PROPORTIONNELLE 129

P
Pmax
Tc + e 0 P
− e
Pmin
T

Figure 5.12. Commande tout-ou-rien avec hystérésis.

réel lorsque l’erreur est nulle.


Il est important de ne pas oublier la commande a priori dans une im-
plantation pratique car, lorsque l’erreur de commande est nulle, il convient
d’appliquer la tension N̄ref (et non pas 0) à l’actionneur. On voit aussi que
N̄ref doit être calculé de façon à ce que, à l’état stationnaire, l’erreur de com-
mande correspondante ēref soit nulle. On obtient ainsi la situation de la figure
5.13.

ēref = 0 N̄ref

ereel (t) − e(t) N (t) + Nreel (t)


N (t) = KR e(t)
+

Figure 5.13. Régulateur proportionnel avec la commande a priori N̄ref correspon-


dant à ēref = 0.

5.4.2 Statisme

Définition On appelle statisme, ou erreur statique, l’erreur résiduelle


(permanente) entre la grandeur de consigne et la grandeur commandée pour
t→∞:

ē := lim t → ∞[Tc (t) − T (t)] = lim s → 0s[Tc (s) − T (s)]


On cherche souvent à éliminer le statisme afin d’améliorer la précision en
régime permanent ; on dit qu’un système bouclé n’a pas de statisme si ē = 0.
L’équation (5.9) montre que si l’on veut, avec un régulateur P , obtenir
un valeur de N (t) différente de zéro (c’est-à-dire un signal de commande réel
130 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

différent de N̄ref ), une certaine erreur est nécessaire.


Avec un régulateur proportionnel, une certaine erreur e(t) est nécessaire
afin de pouvoir générer une grandeur de commande différente de celle à l’état
de référence. Ceci est souvent nécessaire suite à un changement durable de
consigne ou à une perturbation durable comme illustré dans l’exemple sui-
vant.
Exemple
Supposons que le système bouclé de la section 5.2 soit à l’état stationnaire
de référence avec, en variables absolues :

T̄c,ref = T̄ref = 20[˚C] c’est-à-dire ēref = 0


P̄ref
N̄ref = = 1, 75[V ] P̄ref = 35[kW ]
KOC
Le système bouclé par un régulateur P et on désire imposer une nouvelle
température de consigne. On aimerait donc que le régulateur amène le système
à un nouvel état stationnaire, si possible sans statisme, caractérisé par :

T̄c = T̄ = 25[˚C] c’est-à-dire ē = 0

Pour cela, il faut N̄ = 2, 62[V ] et P̄ = 52, 5[kW ].


Or, pour généraer un signal de commande réel N̄ = 2, 62[V ], donc différent
de N̄ref = 1, 75[V ], il faut qu’un certaine erreur existe puisque N̄ = N̄ref +
KR ē. Avec une régulateur proportionnel, une erreur statique nulle ( ē = 0)
donnera toujours N̄ = N̄ref et donc T̄ = T̄ref = T̄c,ref . Par conséquent, pour
avoir T �= T̄ref , il est nécessaire d’avoir un statisme (ē �= 0). L’erreur statique
qui résulte d’un saut de consigne est représentée graphiquement à la figure
5.14 (une description quantitative est donnée au §5.4.4).
Dessiner qualitativement le comportement du signal de commande N (t).

P
Pmax
Tc + e 0 P
− e
Pmin
T

Figure 5.14. Réponse de la température de la cuve à un saut de consigne de


5˚C (régulateur P ). Les variables expriment des déviations par rapport au point de
référence.
5.4 COMMANDE PROPORTIONNELLE 131

5.4.3 Saturation du régulateur


A partir de l’équation (5.9), le signal réel de commande (donc en variable
absolue) peut s’écrire :
Nréel (t) = N̄ref + KR e(t)
En pratique, le signal Nréel est borné entre 0 5[V]. Ainsi, si le terme KR e
est grand en valeur absolu, il y aura saturation de Nréel (t), comme représenté
à la figure 5.15. On cherche donc à travailler dans les régions de non satura-
tion.
La commande tout-ou-rien de la figure 5.10 constitue en fait une com-
mande proportionnelle de gain infini et avec des saturations à Pmin et Pmax .
Le régulateur P avec saturation est-il linéaire ?

Nreel [V ]
5

pente KR
N̄ref

0 e

Figure 5.15. Caractéristique d’un régulateur P avec effets de saturation.

5.4.4 Effet de la consigne Tc (t) sur T (t)


Pour les valeurs numériques de la section 5.2, l’équation (5.7) donne pour
un régulateur P :

T (s) �� 0, 58KR
GBF (s) = � =
Tc (s) � 40s2 + 22s + (1 + 0, 58KR )
BF

ce qui permet de définir :


0, 58KR
KBF = lim s → 0GBF (s) = (5.11)
1 + 0, 58KR

40 1, 74
τBF = ξBF = √
1 + 0, 58KR 1 + 0, 58KR
132 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

a) Pour KR = 1 :
� �
0, 58 ˚C
GBF (s) = d’où KBF = 0, 37
40s2 + 22s + 1, 58 ˚C
τBF = 5, 03[min]
τBF = 1, 38
b) Pour KR = 10 :
� �
5, 8 ˚C
GBF (s) = 2
d’où KBF = 0, 85
40s + 22s + 6, 8 ˚C
τBF = 2, 42[min]
τBF = 0, 66

T [˚C]
1.5 ✻ (1) KR =1
(2) KR =5
(3) KR = 10
(4)
(4) KR = 100
Tc
1
0.98
0.85
(3)
0.74
(2)
0.50
0.37

(1)


0 5 10 15 20 25 30 35 40 t [min]
Figure 5.16. Réponse du système bouclé à un saut de consigne pour différents
régulateurs, P .

Le système est il oscillant pour KR = 1 ? Et pour KR = 10 ?


Répéter le calcul pour KR = 5 et KR = 100.
La réponse T (t) à un saut unité de Tc (t) pour différents régulateurs P est
donnée à la figure 5.16.
Qu’elle est l’effet de KR sur l’erreur statique ?
Qu’elle est l’effet de KR sur KBF , τBF et ξBF ?
5.4 COMMANDE PROPORTIONNELLE 133

5.4.5 Effet de la perturbation Te (t) sur T (t)


a) En boucle ouverte
� � �
T (s) �� 1 ˚C
GBO (s) = � = GL (s) =
Te (s) � 20s + 1 ˚C
BO

T [˚C]
✻ Te
1
0.9 KR = 0
0.8
0.7
0.6 KR = 1
0.5
0.4
0.3 KR = 5
0.2
0.1 KR = 10 t [min]
0 ✲
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 5.17. Réponse du système bouclé à un saut unité de perturbation pour
différents régulateurs P (KR = 0 : système en boucle ouverte).

b) En boucle fermée Pour les valeurs numériques de la section 5.2, l’équation


(5.8) donne pour un régulateur P :

T (s) �� 2s + 1
GBF (s) = � =
Te (s) � 40s2 + 22s + 1 + 0, 58KR
BF

d’où
1
KBF = lim s → 0GBF (s) = (5.12)
1 + 0, 58KR
La réponse indicielle, c’est-à-dire la réponse T (t) à un saut unité de la
perturbation Te (t), est donnée à la figure 5.17.
Quelle est l’effet de KR sur l’erreur statique ?
134 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

5.4.6 Action directe ou inverse ?


Jusqu’à présent, nous avons considéré le gain du régulateur comme une
grandeur positive ; cependant, un régulateur doit sans cas posséder un gain
négatif.
Considérons le régulateur P de la figure 5.18 avec :
N (t) = KR e(t) = KR [Mc (t) − M (t)] (5.13)
On distingue deux cas en relation avec l’équation (5.13) :
a) KR > 0 Action inverse du régulateur
N (t) augmente quand M (t) diminue, et inversement
b) KR < 0 Action directe du régulateur
N (t) augmente quand M (t) augmente et inversement

Mc + e N
KR
[V ] − [V ] [V ]

M [V ]

Figure 5.18. Régulateur P .

Exemple : Régulation de niveau dans une cuve


Soit l’installation de la figure 5.19. La vanne peut être de deux types :

qe

M Mc
OM régulateur

qs

Figure 5.19. Régulation de niveau dans une cuve.

• Vanne � air-to-close � (un signal est nécessaire pour ouvrir la vanne ;


l’organe de commande a un gain statique positif). Si l’énergie pneu-
matique vient à manquer, la vanne se ferme automatiquement ; une
5.5 COMMANDE INTÉGRALE 135

telle vanne est utilisée pour des raison de sécurité pour commande un
débit d’alimentation par exemple. Seul un régulateur à action inverse
convient ; en effet :

lorsqueh(t) �⇒ M (t) �⇒ N (t) �⇒ qe (t) �⇒ h(t) �

(action corrective dans la bonne direction)


(régulateur à action directe : si h(t) �⇒ M (t) �⇒ N (t) �⇒
qe (t) �⇒ h(t) � !)
• Vanne � air-to-close � (un signal est nécessaire pour fermer la vanne ;
l’organe de commande a un grain statique négatif). Si l’énergie pneu-
matique vient à manquer, la vanne s’ouvre automatiquement ; une telle
vanne est utilisée par exemple pour un débit de réfrigération. Seul un
régulateur à action direct convient ; en effet :
lorsque h(t) �⇒ M (t) �⇒ N (t) �⇒ qe (t) �⇒ h(t) �
(action corrective dans la bonne direction)
(régulateur à action inverse : si h(t) �⇒ M (t) �⇒ N (t) �⇒
qe (t) �⇒ h(t) �!)

5.5 COMMANDE INTÉGRALE


La sortie N (t) d’un régulateur intégral dépend de son entrée e(t) selon
l’équation :

1 t � �
N (t) = e(t )dt (5.14)
τ1 0
où τ1 est la constante de temps d’intégration.
Avantages
L’intégrale dans l’équation (5.14) représente une somme pondérée de
toutes les erreurs passées ; le régulateur I considéré donc le passé aussi bien
que le présente pour calculer le signal de commande.
N (t) varie aussi longtemps que e(t) �= 0 et n’atteint donc pas de nouvel
état stationnaire avant que l’erreur de commande soit nulle De ce fait, ce
nouvel état stationnaire n’exhibe pas d’erreur statique. Il est donc possible
d’obtenir N̄ différent de zéro et ē nulle. Il s’ensuit que la commande intégrale
permet d’éliminer le statisme.
Inconvénient
La commande intégrale répond suffisamment à l’erreur instantanée vu
qu’elle tient en mémoire toute l’erreur passée. En d’autre termes, l’erreur
instantanée est pondérée trop faiblement. Le régulateur I est de ce fait très
peu utilisée en pratique ; on lui préfère le régulateur P I, lequel possède un
terme P en plus d’élément I (cf. section 5.7.
136 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

5.6 COMMANDE DÉRIVÉE


La sortie N (t) d’un régulateur dérivé dépend de son entrée e(t) selon
l’équation suivante :
d
N (t) = τD e(t) (5.15)
dt
où τD est la constante de dérivation.
La dérivée de(t)/|textdt indique la variation de l’erreur, c’est-à-dire la
tendance de celle-ci à augmenter ou à diminuer.
Avantage La dérivée dans l’équation (5.15) signifie que l’on considère de
l’erreur à augmenter ou à diminuer. De ce fait, on porte un regard sur le futur
(effet de prévision). On verra que cet effet de prévision augmente en général
la stabilité du régulateur.
Inconvénient
On n’emploie que très rarement un régulateur dérivé tout seul ; on lui
associe généralement un terme P et souvent également un terme I (cf. section
5.8).

5.7 COMMANDE PROPORTIONNELLE-INTÉGRALE


5.7.1 fonction de transfert du régulateur P I

En combinant les deux effets, proportionnel et intégrale, on obtient l’équation


suivante décrivant le comportement de la sortie N (t) en fonction de l’entrée
e(t) :
� � �
1 t � �
N (t) = KR e(t) + e(t )dt (5.16)
τ1 0

Ce type de régulateur est très utilisé dans l’industrie chimique.


Avec la transformée de Laplace de l’équation (5.16) :
� �
1
N (s) = KR E(s) + E(s)
τ1 s

la fonction de transfert du régulateur P I devient :


� �
N (s) 1
GR (s) = = KR 1 + (5.17)
E(s) τ1 s

Cette dernière est-elle-linéaire ? Quel est son ordre ?


5.7 COMMANDE PROPORTIONNELLE-INTÉGRALE 137

5.7.2 Effet de la consigne T : c(t) sur T (t)

Pour les valeurs numériques de la section 5.2, l’équation (5.7) donne pour
un régulateur P I :

T (s) �� 0, 58KR (τ1 s + 1
GBF (s) = � = (5.18)
tc (s) � 40τ1 s3 + 22τ1 s2 + τ1 (1 + 0, 58KR )s + 0, 58KR
BF

d’où

KBF = lim GBF (s) = 1 (5.19)


s→0

Une comparaison des équation (5.11) et (5.19) montre bien que le terme I
régulateur permet l’élimination du statisme ; en effet, KBF = 1 signifie ici que,
grâce à la commande P I, une augmentation de 1 [˚C] de la valeur de consigne
Tc (t) implique également, au nouvel état stationnaire, une augmentation de 1
[˚C] de la grandeur commandée T (t).
La réponse T (t) à un saut unité de Tc (t) pour différents régulateur P et
P I est donnée à la figure 5.20.

T [˚C] (1) KR =1
✻ (2) KR =5
1.4
(3) KR =5 τI = 50[min]
1.2 (4) (4) KR =5 τI = 5[min]

Tc
1

0.8 (3)
(2)
0.6

0.4
(1)
0.2
t [min]
0 ✲
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 5.20. Réponse du système bouclé à un saut de consigne pour différents
régulateur P et P I.
138 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

5.7.3 Effet de la perturbation Te (t) sur T (t)


Pour les valeurs numériques de la section 5.2, l’équation (5.8) donne pour
un régulateur P I :

T (s) �� τ1 s(2s + 1)
GBF (s) = = (5.20)
Te (s) �BF 40τ1 s3 + 22τ1 s2 + τ1 (1 + 0, 58KR )s + 0, 58KR
d’où
KBF = lim GBF (s) = 0 (5.21)
s→0

Une comparaison des équation (5.12) et (5.21) montre que le terme I du


régulateur permet l’élimination du statisme ; en effet , dans le cas du régulateur
P I, lorsque t → ∞, la perturbation constante Te n’influence plus la grandeur
commandée T (t).
La réponse T (t) à un saut unité de Te (t) pour différents régulateurs P et
P I est donnée à la figure 5.21.

A la figure 5.21, laquelle des courbes (3) et (4) représente la réponse la


plus rapide ? Quelle conclusion en tirer pour le choix de τ1 ?.

T [˚C]

1.2
Te
1

0.8 (1) (1) KR =0


(2) KR =5
0.6 (3) KR =5 τI = 50[min]
(4) KR =5 τI = 5[min]
0.4 (2)

0.2 (3)

0
(4)
t [min]

−0.2
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 5.21. Réponse du système bouclé à un saut de perturbation pour différents
régulateur P et P I.
5.8 COMMANDE PROPORTIONNELLE-INTÉGRALE-DÉRIVÉE 139

5.8 COMMANDE
PROPORTIONNELLE-INTÉGRALE-DÉRIVÉE
5.8.1 Fonction de transfert P ID

La sortie N (t) d’un régulateur P ID dépend de son entrée e(t) selon


l’équation suivante :
� � �
1 t � � d
N (t) = KR e(t) + e(t )dt + τD e(t) (5.22)
τ1 0 dt

terme P terme I terme D Remarque : le gain KR mul-


tiplie les trois termes du régulateur P ID.
La transformée de Laplace de l’équation (5.22) permet d’obtenir la fonc-
tion de transfert du régulateur P ID :
� � � �
N (s) 1 τ1 τD s 2 + τ1 s + 1
GR (s) = = KR 1 + + τD s = K R (5.23)
E(s) τ1 s τ1 s

Cependant, le terme τD s n’est pas réalisable physiquement car le degrés du


numérateur est supérieur à celui du dénominateur (cf. §??) ; c’est pourquoi,
en pratique, on utilisera l’approximation suivante :
� �
N (s) 1 τD s
GR (s) = = KR 1 + + (5.24)
E(s) τ1 s αs + 1
avec α � τD

5.8.2 Effet de la consigne Tc (t) sur T (t)

Pour les valeurs numériques de la section 5.2, l’équation (5.7) donne pour
un régulateur P ID :

T (s) �� 0, 58KR (1 + τ1 s + τ1 τ2 s2 ))
GBF (s) = � = (5.25)
Te (s) BF 40τ1 s + 22τ1 s2 + τ1 (1 + 0, 58KR )s + 0, 58KR
3

d’où

KBF = lim s → 0GBF (s) = 1 (5.26)

La réponse T (t) à un saut unité de Tc (t) pour différents régulateurs P I et


P ID est donnée à la figure 5.22.
140 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES
T [˚C]
✻ (2)
1.4

1.2
(3)
Tc
1

0.8 (1)

0.6
(1) KR = 5 τI = 50[min]
0.4 (2) KR = 5 τI = 5 [min]
(3) KR = 5 τI = 5 [min] τD = 1.25[min]
0.2
t [min]
0 ✲
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 5.22. Réponse du système bouclé à un saut de consigne pour différents
régulateur P I et P ID.

5.8.3 Effet de la perturbation Te (t) sur T (t)

Pour les valeurs numériques de la section 5.2, l’équation (5.8) donne pour
un régulateur P ID :

T (s) �� (τ1 s(2s + 1)
GBF (s) = = (5.27)
Te (s) �BF 40τ1 s3 + 22τ1 s2 + τ1 (1 + 0, 58KR )s + 0, 58KR

d’où

KBF = lim s → 0GBF (s) = 0 (5.28)

La réponse T (t) à un saut unité de Te (t) pour différents régulateurs P I et


P ID est donnée à la figure 5.23.

5.8.4 Effets des termes P, I et D du régulateur P ID

a) Effet du terme P Elément de base de la loi de commande, il permet


une réponse rapide, proportionnelle à l’erreur instantanée.

Si on augment KR :
– réduction de l’erreur statique (cf. fig. 5.16),
5.8 COMMANDE PROPORTIONNELLE-INTÉGRALE-DÉRIVÉE 141
T [˚C] (1) KR = 5 τI = 50[min]
✻ (2) KR = 5 τI = 5 [min]
0.3
(3) KR = 5 τI = 5 [min] τD = 1.25[min]
0.25

0.2 (1)
0.15

0.1

0.05
Tc
0
(2) (3)
t [min]

−0.05
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 5.23. Réponse du système bouclé à un saut de perturbation pour différents
régulateur P I et P ID.

– système bouclé plus rapide mais aussi un peu plus oscillant (cf. fig.
5.15)
– saturation possible du régulateur (cf. §5.4.3).
Avantage
N (t) varie proportionnellement à l’erreur e(t) : plus l’erreur est im-
portante, plus l’action corrective sera grande. Inconvénient Une erreur
statique est présente pour un changement durable de consigne ou une
perturbation durable (cf. §5.4.2).
b) Effet du terme I Avantage Il élimine le statisme grâce à l’intégration de
l’erreur e(t), ce qui permet de définir automatiquement une commande a
priori adaptée au nouvel état stationnaire (cf. section 5.5). Inconvénients
Le système bouclé peut devenir plus oscillant (cf. fig. 5.20 et fig. 5.21).
�t � �
� Integral Windup � : le terme intégral e(t )dt peut devenir très
0
grand suite à de grandes perturbations de longue durée, ou lors d’une
opération de démarrage ; il s’ensuit une saturation de la commande N (t).
Afin d’éviter ce problème ou dès que la sortie du régulateur sature.
c) Effet du terme D Avantages Augmente la sensibilité du régulateur en
intriduisant une correction prédictive basée sur de(t)/dt (cf. section 5.6).
Augmente la stabilité du système bouclé grâce à l’effet de prévision, per-
mettant ainsi l’emploi de plus grandes valeurs de KR . Inconvénients
Amplifie le bruit de mesure car le terme D utilise la dérivée du signal
de mesure M (t), de(t)/dt = (d/dt)[Mc (t) − M (t)]. Si le signal M (t) est
142 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

bruité , l’opérateur dérivation amplifiera ce bruit qui, bien que très petite
amplitude, peut avoir une dérivée très grande (fluctuations très rapides).

5.9 DIMENSIONNEMENT DES RÉGULATEURS


P, P I ET P ID
5.9.1 Caractéristiques souhaitées du système bouclé

On aimerait que le système en boucle fermée :


• répondre rapidement à des changements de la grandeur de consigne
Tc (t),
• rejette bien les perturbations Te (t),
• évite le statisme,
• soit un peu sensible aux variations du processus et aux erreurs de mesure,
• n’ait pas un signal de commande excessif, afin d’éviter la saturation du
régulateur.

5.9.2 Dimensionnement du régulateur (choix de KR , τI et τD

On peut dimensionner un régulateur sur la base d’une analyse temporelle


(cf. cette section), ou d’une analyse fréquentielle (pas abordé dans ce cours).
Pour le choix des paramètres du régulateur sur la base d’une analyse tem-
porelle, deux classes de méthodes ont été développés :
a) Les méthodes basées sur un test expérimental en boucle fermée, par
exemple la méthode empirique du paragraphe 5.9.3
b) Les méthodes basées sur l’identification en boucle ouverte du système
à commander :
– la méthode de Ziegler Nichols (cf. §5.9.4,
– la spécification du système bouclé (cf. §5.9.5).

5.9.3 Méthode empirique en boucle fermée

Cette approche considère le système en boucle fermée et propose la


procédure suivante [cf. C.L. Smith, 2000] :
• Implanter un régulateur P I de manière à obtenir une réponse oscillatoire
comme illustré à la figure 5.24. On suggère d’utiliser KR0 = 2/K où
K représente le gain statique ∆M/∆N du système à commander ; si
l’oscillation n’est pas suffisamment marquée, augmenter KR,0 .
• Observer la période d’oscillation P (fig. 5.24) et calculer
P
τI = � �
1, 3 + 0, 2 τP
I,0

τD = 0, 25τI
5.9 DIMENSIONNEMENT DES RÉGULATEURS P, P I ET P ID 143

✻ ✛
P ✲

T
Tc


0 t
Figure 5.24. Réponse du système commandé par un régulateur P I (paramètre
KR0 etτI,0 ).

• Avec un régulateur P I ou P ID et les valeurs de τI et τD ci-dessus, ajus-


ter KR de manière à obtenir la performance souhaitée comme illustrée
à la figure 5.25.
Avec cette méthode, τI et τD sont calculés sur la base des caractéristiques
du système à commander alors que KR dépend des objectifs de commande.
L’avantage de cette méthode en boucle fermée est qu’elle considère tous les
éléments de la boucle de commande.

5.9.4 Méthode de Ziegle-Nichols

Cette méthode considère la réponse indicielle du système en boucle ouverte,


avec ouverture de la boucle au niveau de la sortie du régulateur (fig. 5.26).
On positionne le régulateur en mode � manuel � (cf. §5.1.1). On impose un
saut ∆N sur N (t) et on observe la réponse M (t). Cette réponse (actionneur,
processus et capteur) est approchée par celle d’un système du premier ordre
avec un retard pur :

M (s) Kexp(−θs)
= G(s) � (5.29)
N (s) τs + 1

A l’aide d’une analyse graphique, on déduit les paramètres K, τ et θ du


système à commander et de là ceux du régulateur à concevoir. τ représente
144 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

✻T

Tc

Saut de consigne Rejet de perturbation


0 t∗ t
Figure 5.25. Réponse du système commandé par un régulateur P ID pour un saut
de consigne au temps 0 et une perturbation au temps t∗. La performance est ajustée
à l’aide du gain du régulateur KR .

Tc Mc + e N P T
calibration régulateur actionneur processus
[˚C] [V ] − [V ] [V ] [kW ] [˚C]

M
capteur
[V ]

Figure 5.26. Schéma fonctionnel du système en boucle ouverte pour le test de la


réponse indicielle.

la constante de temps dominante du système dynamique, c’est-à-dire la


constante de temps du système du premier ordre qui approche le mieux pos-
sible la réponse du système.
On distingue les cas de systèmes avec ou sans nouvel état stationnaire :

a) pour un système avec nouvel état stationnaire (fig. 5.27) :


K = ∆M/∆N, τ et θ directement du graphique
b) pour un système intégrateur, sans nouvel état stationnaire (fig. 5.28) :
m et θ directement du graphique
5.9 DIMENSIONNEMENT DES RÉGULATEURS P, P I ET P ID 145

M (t)

∆M

pente m

A : point d’inflection
∆M
m=
A• τ

0
θ θ+τ t

Figure 5.27. Réponse indicielle d’un système sans terme intégrateur.

M (t)

pente m

0
θ t

Figure 5.28. Réponse indicielle d’un système avec terme intégrateur.

Le choix des paramètres du régulateur se fait sur la base des relations empi-
riques suivantes :
a) Régulateur P

N τ
KR = = 0, 9
θm θK
b) Régulateur PI
146 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

N τ
KR = 0, 9 = 0, 9
θm θK
c) Régulateur PID
N τ
KR = 1, 2 = 1, 2
θm θK
τI = 2θ
τD = 0, 5θ
d) Corrections finales Le système bouclé obtenu avec cette méthode possède
une réponse oscillatoire avec un rapport d’amortissement d’environ 4
(rapport des amplitudes de deux oscillations successives). Si un système
bouclé non oscillant est souhaité, on propose de réduire de moitié le
gain KR et d’augmenter τI et τD d’un facteur 2.
Avantages de la méthode de Ziegler-Nichols

• Un seul test en boucle ouverte est nécessaire,


• ce test est simple et rapide.

Inconvénients de la méthode de Ziegler-Nichols


• Analyse en boucle ouverte, c’est-à-dire sans tenir compte du régulateur
(si ce dernier a des imprécisions de calibration, la qualité de la commande
en souffrira),
• sensible aux erreurs d’appréciation (dans la détermination de la pente
m et du retard pur θ),
• ne s’applique pas aux systèmes qui oscillent (en boucle ouverte) ni aux
systèmes du premier ordre sans retard pur (Car θ = 0).

5.9.5 Spécification du système bouclé


La réponse en boucle fermé la plus simple correspond à celle d’un système
du premier ordre.
1
GBF (s) = (5.30)
τBF s + 1
Comme l’équation (5.30) peut également s’écrire :
GR (s)G(s)
GBF (s) = (5.31)
1 + GR (s)G(s)
on peut combiner ces deux relation pour exprimer GR (s) en fonction de G(s)
et τBF (s) :
GBF (s) 1
GR (s) = = (5.32)
G(s)[1 − GBF (s)] G(s)τBF s
Ce régulateur possède un terme intégral de façon à éliminer le statisme
(gain unité spécifié pour GBF (s)). On considère plusieurs cas spéciaux.
5.9 DIMENSIONNEMENT DES RÉGULATEURS P, P I ET P ID 147

• Si le système à commander est strictement du premier ordre avec


K 1
G(s) = GBF (s) =
τs + 1 τBF s + 1
on obtient :
τs + 1
GR (s) = (5.33)
KτBF s
L’équation (5.33) est celle d’un régulateur P I avec
1 τ
KR = (5.34)
K τBF
τI = τ (5.35)
On remarque que plus la constante temps du système bouclé est petite,
plus le gain du régulateur sera élevé.
• Si le système à commander possède la fonction de transfert :
K 1
G(s) = GBF (s) =
s(τ s + 1) τBF s + 1
l’équation (5.32) done :
τs + 1
GR (s) = (5.36)
KτBF
qui est l’équation d’un intégrateur P D avec
1
KR = (5.37)
KτBF
τD = τ (5.38)
• Si le système à commander est de la forme
K 1
G(s) = GBF (s) =
(τ1 s + 1)(τ2 )s + 1 τBF s + 1
l’équation (5.32) donne :
τ1 τ2 s2 + (τ1 + τ2 )s + 1
GR (s) = (5.39)
KτBF s
qui est l’équation d’un régulateur P ID avec
τ1 + τ2
KR = (5.40)
KτBF
τI = τ 1 + τ 2 (5.41)
τ1 τ 2
τD = (5.42)
τ1 + τ2
148 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

• Pour le système à commander


K 1
G(s) = GBF (s) =
s τBF s + 1
l’équation (5.32) donne le régulateur proportionnel
1
GR (s) = (5.43)
KτBF
• Si le système à commander est de la forme
K
G(s) = e−θs
τs + 1
il est possible de dimensionner un régulateur P I en spécifiant la fonction
de transfert
1
GBF (s) = e−θs
τBF s + 1
En effet, en approximant le retard pur comme suit :

e−θs � (1 − θs)

on obtient en suivant la démarche suivante proposée (cf. éq. 5.30 - 5.32) :


τs + 1
GR =
K(τBF + θ)

c’est-à-dire :
τ
KR = τI = τ
K(τBF + θ)

Choix du système bouclé


Dans tous les cas précédents, nous avons choisi un système bouclé du
premier ordre paramètre uniquement par τBF (KBF = 1 afin d’éviter un sta-
tisme). Si nécessaire, il est également possible de spécifier un système bouclé
du deuxième ordre, lequel sera alors paramètre par τ1 et τ2 ou alors τ et ξ (cf.
section ??).
Comme un des objectifs de la commande est d’accélérer la réponse du
système dynamique, on choisit généralement τBF inférieure à la constante de
temps dominante du système à commander. On propose souvent le relation
empirique suivant τBF = τ /2.

5.9.6 Exemple

Conception d’un régulateur P ID pour le système de la figure 5.29


5.9 DIMENSIONNEMENT DES RÉGULATEURS P, P I ET P ID 149

Tc + e N 2 P 5 T
GR
− 0.2s + 1 2s + 1

Figure 5.29. Schéma fonctionnel d’un système bouclé.

a) Méthode de la réponse indicielle de Ziegler-Nichols En boucle ouverte,


la fonction de transfert entre N (s) et T (s) s’écrit :
� �� �
T (s) 2 5 10
= = (5.44)
N (s) 0, 2s + 1 2s + 1 (2s + 1)(0, 2s + 1)
La figure 5.30 montre la réponse indicielle de ce système, ainsi que celle
d’une approximation du premier ordre. On peut y déduire graphique-
ment la pente m ainsi que le retard pur θ. Pour cet exemple simple,
ces deux valeurs peuvent également se calculer analytiquement comme
suit :
• On approche le système du deuxième ordre par un système du premier
ordre avec le retard pur, θ, comme indiqué par l’équation (5.29) :
� �
T (s) K
� exp(−θs) (5.45)
N (s) τs + 1
• On détermine le retard pur θ en comparant les deux équations
précédentes : on fixe K = 10, τ = 2 et on demande :
1
exp(−θs) � (5.46)
0, 2s + 1
Un développement en série de Taylor donne pour chacun des termes :
(θs)2 (θs) 1
exp(−θs) = 1−θs+ − +. . . = 1−0, 2s+(0, 2s)2 −(0, 2s)3 +. . .
2! 3! 0, 2s + 1
Ainsi, en première approximation, c’est-à-dire en ne retenant que la
partie linéaire des développements en série, l’approximation (5.46) est
valable pour :

θ = 0, 2[min]

On obtient finalement le régulateur P ID suivant (cf. §5.9.4) :


� �
τ 2 V
KR = 0, 6 = 0, 6 = 0, 6
θK 0, 2 · 10 ˚C

τI = 4θ = 4 · 0, 2 = 0, 8[min]
τD = θ = 0, 2[min]
150 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

10

9
T (t)
8

pente m
7

5 modèle exact

modèle approche au premier ordre


4

N (t)
1

0
1 2 3 4 5 6 7 8 t
[min]

Figure 5.30. Réponse indicielle du système à commander.

b) Spécification du système bouclé


Pour un système bouclé qui soit environ deux fois plus rapide que le
système à commander (τ1 = 2, τ2 = 0, 2), on choisit :
τ1
τBF = = 1[min]
2
Les équations (5.40) et (??) permettent alors d’évaluer :
� �
τ1 + τ2 2 + 0, 2 V
KR = = = 0, 22
KτBF 10 · 1 ˚C

τI = τ1 + τ2 = 2 + 0, 2 = 2, 2[min]
τ1 τ2 2 · 0, 2
τD = = = 0, 18[min]
τ1 + τ2 2 + 0, 2
En comparant les valeurs obtenues sous point a) et b), on remarque bien que
celles-ci n’ont qu’une valeur indicative. Les paramètres définitifs seront de
5.10 EXERCICES RÉSOLUS 151

préférence choisis sur l’installation en observant son comportement en asser-


vissement et en régulation.

5.10 EXERCICES RÉSOLUS

Exercice 1
Etudier la régulation de température pour le réacteur agité à marche conti-
nue de la section ??. On suppose ici que les variables indépendantes q, cA,e
et Te restent constantes. On choisit des organes de mesure et de commande
statiques.

1. Calculer l’état stationnaire du système pour T̄m = 10˚C.


2. Dessiner le schéma fonctionnel d’une commande par rétroaction.
3. Calculer toutes les fonctions de transfert de la boucle de commande.
Valeurs numériques
kJ
V = 1m3 (−∆H))50 mol
3
m
q = 0, 05 min kth = 200 mW
2K

Te = 15˚C Ath = 5m2

cA,e = 2000 mol 3


m3 ρ = 10 kg/m
3

J
k = 0, 06min−1 cp = 4200 kgK
Note : La constante cinétique k est supposée constante. Cela est rarement
le cas car k = k0 e−Ea /RT , ce qui entraı̂ne des complications supplémentaires.
Lesquelles ?

Solution
a) Modèle dynamique

dcA (t) q
dt = V [cA,e − cA (t)] − kcA (t) (1)

dcB (t)
dt = − Vq cB (t) + kcA (t) (2)

dT (t) kth Ath q (−δH)k


dt = V ρcp [Tm (t) − T (t)] + V [Te − T (t)] + ρcp cA (t) (3)
Paramètres constants : q, cA,e , Te , V, ρ, cp , k, (−∆H), kth , Ath
Variable indépendante : Tm (t)
Variables dépendantes : cA (t), cB (t) et T (t)
152 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

Le modèle dynamique (1)-(3) est linéaire. La variable d’entrée Tm (t)


influence T (t) mais pas cA (t) et cB (t) car la constante cinétique k est
supposée constante.

Etat stationnaire

c̄A c̄B T̄
= = =0
dt dt dt
Les équations (1)-(3) donnent :

cA,e τ1 k
c̄A = c̄B = cA,e
1 + τ1 k 1 + τ1 k
τ1 τ2 ατ1 τ2
T̄ = T̄m + Tm + c̄A
τ1 + τ 2 τ1 + τ2 τ1 + τ2
où
V V ρcp
τ1 = = 20min τ2 = kth Ath = 70min
q

(−∆H)k m3 K
α= = 7.1 · 10−4
ρcp molmin
Numériquement, on obtient :
mol mol
c̄A = 909 , c̄B = 1091 , T̄ = 24˚C
m3 m3
b) Régulation de température
Régulation de T en manipulant Tm , par exemple, en mélangeant des
fluides caloporteurs de température différentes.
Note : Les grandeurs q, cA,e et Te ne sont pas considérées comme des
perturbations puisqu’elles sont supposées constantes.

c) Fonctions de transfert de la boucle de commande

1. Organe
� � de mesure (thermocouple et transmetteur) GOM = KOM =
V
statique, obtenu par calibration
˚C
2. Organe de commande (vanne et mélangeur) GOC = Gvanne Gmélange =
statique � � � � � �
=K %
K ˚C K ˚C
vanne V mélange % OC V

3. Algorithme de commande GR (s) = KR pour une commande P


5.10 EXERCICES RÉSOLUS 153

4. Effet de Tm sur T
Equation (3) donne (en variables écart) :
dT 1 1
= (Tm − T ) − T + αcA
dt τ2 τ1
Comme cA est indépendante de T et Tm , l’effet de Tm sur T se
résume donc à :
τ1
T (s) τ1 τ1 +τ2 KP
GP (s) = = = (τ1 τ2
=
Tm (s) τ1 τ2 s + (τ1 + τ2 ) τP s + 1
τ1 +τ2 s + 1
avec
τ1 τ1 τ 2
KP = = 0, 22[˚C/˚C] τP = = 15, 5min
τ1 + τ 2 τ1 + τ2
Exercice 2
Un système à commander a été approché par la fonction de transfert sui-
vantes :
M (s) 2e−s
=
N (s) 3s + 1
Calculer les paramètres d’un régulateur P ID pour ce processus.
Solution
Système à commander du premier ordre avec retard pur :
K = 2, τ = 3, θ = 1
En utilisant la méthode de la réponse indicielle de Ziegler-Nichols :
1, 2τ 1, 2 · 3
KR = = = 1, 8 τI = 2θ = 2 τD = 0, 5θ = 0, 5
θK 1·2
Exercice 3
Soit le système bouclé suivant :
a) Déterminer le régulateur qui donne la fonction de transfert GBF .
b) Discuter la réalisation pratique d’un tel régulateur pour GBF = 1 (cas
idéal) et GBF = 1/(τBF s + 1)2

Solution
d) Régulateur

Y (s) KOM GR GOC GP


= GBF =
Yc (s) 1 + GR GOC GP GOM
GBF (1 + GR GOC GP GOM ) = KOM GR GOC GP
GBF
GR =
GOC GP (KOM − GBF GOM )
154 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

e) Réalisation pratique

• Pour le cas idéal (GBF = 1) avec des fonctions de transfert du premier


ordre pour l’organe de mesure, l’organe de commande et le processus,
on obtient :
KOC KOM KP
GOC = GOM = GP =
τOC s + 1 τOM s + 1 τP s + 1
(τOC s + 1)(τP s + 1) (τOC s + 1)(τP s + 1)(τOM s + 1)
GR = � �=
1 KOC KP KOM τOM s
KOC KP KOM 1 −
τOM s + 1
numérateur : degré 3, dénominateur : degré 1 ⇒ GR (s) pas réalisable

• Pour la fonction de transfert GBF = 1/(τBF s + 1)2 , on a :

(τOC s + 1)(τP s + 1)
GR = � �
1
(τBF s + 1)2 KOC KP KOM 1 −
(τBF s + 1)2 (τOM s + 1)

(τOC s + 1)(τP s + 1)(τOM s + 1)(τBF s + 1)2


=
(τ BF s + 1)2 KOC KP KOM [(τ BF s + 1)2 τOM s − 1]

numérateur : degré 5, dénominateur : degré 5 ⇒ GR (s) réalisable

Exercice 4
Soit le système bouclé suivant :
Indiquer la démarche à suivre pour mettre au point un régulateur de type
PID qui élimine le statisme suite à un changement de consigne.

Solution
K
GR
s(τ s + 1)2 GR K
GBF = = (1)
K s(τ s + 1)2 + GR K
1 + GR
s(τ s + 1)2
Il n’y aura pas de statisme si lims→0 GBF (s) = 1, ce qui sera le cas pour
tout régulateur de type P ID, c’est-à-dire P, P I, P D ou P ID. Il n’y a pas de
statisme avec un régulateur P car le système à commander contient un terme
intégrateur.
Le système à commander n’ayant pas de retard pur, il n’est pas possible
d’utiliser la méthode de Ziegler-Nichols basée sur la réponse indicielle. On
peut par contre utiliser la méthode empirique en boucle fermée de la section
5.9.3.
5.10 EXERCICES RÉSOLUS 155

Exercice 5
Un processus à commander est décrit par l’équation différentielle suivante :

ÿ + 2ẏ = 2u ẏ(0) = y(0) = 0


Les organes de mesure et de commande sont de nature statique et possèdent
les caractéristiques suivantes :
Dimensionner un régulateur tel que le système bouclé se comporte comme
GBF (s) = 1/(0, 2s + 1).

Solution
Dynamique du procédé
Y (s)
s2 Y (s) + 2sY (s) = 2U (s) G(s) = U (s) = 2
s(s+2)

Organe de mesure. D’après le graphe :


∆M 5−0
KOM = = = 0, 5
∆y 10 − 0
Organe de mesure statique : GOM (s) = KOM Organe de commande.
D’après le graphe :
∆u 40 − 0
KOC = = = 10
∆N 5−1
Organe de commande statique : GOC = KOC
Fonction de transfert en boucle fermée
Y (s) KOM GR KOC G
=
Yc (s) 1 + GR KOC GKOM

ce que donne :
2
0, 5GR 10
1 s(s + 2)
=
0, 2s + 1 2
1 + 0, 5GR 10
s(s + 2)

d’où l’on tire :


s
GR = +1
2
On a ainsi un régulateur P D avec KR = 1 et τD = 0, 5

Exercice 6
L’équation dynamique d’une cuve de mélange de volume variable est
156 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

donnée par l’équation

S ḣ(t) = qe (t) − qs (t) h(0) = 1m


où h représente le niveau dans la cuve, qe et qs les débits volumiques d’entrée
et de sortie et S la section de la cuve cylindrique. On désire commander le
niveau h par rétroaction en ajustant le débit qe .
L’organe de mesure est de nature statique avec un gain ∆M/∆h de
2, 5[V /m]. L’organe de commande est approché par une fonction de transfert
du premier ordre avec une constante de temps de 0, 1[min]. La caractéristique
statique a été modélisée comme suit :

qe = −0, 04N 2 + N + 14
où qe est exprimé en [l/min] et N en [V ].

a) Evaluer la fonction de transfert M (s)/N (s) correspondant à N̄ = 1V


et sachant que S = 0, 1[m]2 .
b) Dimensionner un régulateur de type PID (c’est-à-dire avec 1,2, ou 3
termes) pour ce système.

Solution
a) Cuve
Qe (s) Qs (s) 1
sSH(s) − Sh(0) = Qe (s) − Qs (s) H(s) = − +
sS sS s
Organe de mesure
M (s) V
= KOM = 2, 5
H(s) m
Notons que l’on doit utiliser ce gain statique pour convertir la valeur
de consigne en une grandeur comparable à celle qui sort de l’organe de
mesure.
Organne de commande
Le gain statique de l’organe de commande vaut pour N̄ = 1 :

dqe �� l
KOC = = −0, 08N̄ + 1 = 0, 92
dN �N̄ =1 minV
Ainsi :
0, 92
GOC (s) =
0, 1s + 1
Fonction de transfert M (s)/N (s)
M (s) M (s) H(s) Qe (s) 1 0, 92 23
= = 2, 5 · · = [V /V ]
N (s) H(s) Qe (s) N (s) Ss 0, 1s + 1 s(0, 1s + 1)
5.10 EXERCICES RÉSOLUS 157

b) Régulateur Comme le système à commander possède déjà un terme


intégrateur, on utilise un régulateur P ou P D.
On peut par exemple spécifier la fonction de transfert du système bouclé
comme étant du premier ordre avec KBF = 1 et τBF = τ /2 = 0, 05min.
On obtient ainsi un régulateur P D avec (équations 5.37 et 5.38) :
1 1
KR = = = 0, 87[V /V ] τD = τ = 0, 1min
KτBF 23 · 0, 05
Pour un régulateur P , les relations empiriques de Ziegler-Nichols nous
indiquent de diminuer sensiblement le gain du régulateur :
0, 9
KR = 0, 87 · = 0, 65[V /V ]
1, 2

Exercice 7
Soit deux réservoirs cylindriques de section respectives A et B. Les
écoulements par les vannes réductrices sont proportionnes aux différences de
pression amont/aval de ces vannes, le coefficients de proportionnalité étant
égal à 1/R.

a) Déterminer les fonctions de transfert


H1 (s) H2 (s)
G1 (s) = , G2 (s) =
Qe (s) Qe (s)
b) Pour le système G1 (s), déterminer le régulateur le plus simple parmi
P, P D, P I, P ID qui garantisse l’absence de statisme dans la variable
commandée.
c) Est-ce qu’un régulateur de même structure permet d’éliminer le sta-
tisme pour le système G2 (s) ?

Solution
a) Modèle dynamique
dh1 1
A = qe − (h1 − h2 ) (1)
dt R

B dh
dt =
2 1
R (h1 − h2 ) − 1
R h2 (2)
A l’état d’équilibre stationnaire :
0 = q̄e − 1
− h2 ) �
R (h1 h̄1 = 2Rq̄e

1 1 h̄2 = Rq̄e
0= R (h1 − h2 ) − R h2

Transformation de Laplace (avec des conditions initiales nulles en va-


riables écart) :
158 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

1
AsH1 (s) = Qe (s) − [H1 (s) − H2 (s)] (3)
R
1 1
BsH2 (s) = [H1 (s) − H2 (s)] − H2 (s) (4)
R R
H2 (s) 1
(4) → = (5)
H1 (s) BRs + 2

H1 (s) R(BRs + 2)
(3) + (5) → G1 (s) = = 2 2
(6)
Qe (s) ABR s + R(2A + B)s + 1

H2 (s) R
G2 (s) = = 2 2
(7)
Qe (s) ABR s + R(2A + B)s + 1

b) h1 sans statisme
Soit GR (s) la fonction de transfert du régulateur. En boucle fermée, on
aura :

GR (s)G1 (s)
GBF (s) = (8)
1 + GR (s)G1 (s)
Avec GR (s)G1 (s) = N (s)/D(s), (8) devient :

N (s)
GBF (s) =
D(s) + N (s)

L’absence de statisme est garantie pour KBF = 1, c’est-à-dire pour :

N (s)
lim s → 0 =1 ↔ lim s → 0D(s) = 0
D(s) + N (s)

Comme D(s) = DR (s)D1 (s) = DR (s)[ABR2 ss + R(2A + B)s + 1]

lim s → 0D(s) = 0 ↔ lim s → 0DR (s) = 0

Il est donc nécessaire d’avoir un terme intégral dans le régulateur →


régulateur P I

c) h2 sans statisme
Même développement que ci-dessus. Comme G1 (s) et G2 (s) possèdent
le même dénominateur, le résultat est identique → régulateur P I.

Exercice 8
La réponse indicielle d’un système dynamique a été mesurée comme suit :
Pour ce système dynamique :
5.11 SYMBOLES UTILISÉS 159

a) Evaluer son gain statique et sa constante de temps dominante.


b) Dimensionner un régulateur P I.
c) Le système commandé résultant est-il stable ? sans statisme ? (le justi-
fier sans calcul).
d) Quel est l’effet du retard pur sur la stabilité du système bouclé ?

Solution

a)

Gain statique K = 3, 8 
3, 8e−6,7s
Retard pur θ = 6, 7s G(s) =
 6, 7s + 1
Constante de temps = 6, 7s

b) Régulateur P I
τ 6, 7
KR = 0, 9 = 0, 9 = 0, 24
θK 6, 7 · 3, 8
τI = 3, 33θ = 3, 33 · 6, 7 = 22, 3s
c) Système commandé
stable (rapport d’amortissement de 4)
sans statisme (terme intégral)
d) Une augmentation du retard pur réduit KR . Pour un régulateur donné,
une augmentation du retard pur diminue la marge de stabilité.

5.11 SYMBOLES UTILISÉS

AU T O mode automatique
BF boucle fermée
BO boucle ouverte
BP bande proportionnelle (= 100/KR )
cp chaleur spécifique [J/kg˚C]
d perturbation
e erreur ou écart de commande
ē erreur statique ou statisme
G fonction de transfert
h hauteur [m]
K gain statique
M AN mode manuel
m pente ∆M/τ [V/s]
M signal électrique de mesure normé [V]
160 5 COMMANDES ÉLÉMENTAIRES

N signal électrique de commande normé [V]


P puissance de chauffage [kW]
q débit volumique [m3 /s]
RT régulateur de température
t temps [s]
T température [˚C]
�lim période à la limite de la stabilité [s]
TT transmetteur de température
u signal d’entrée
V volume [m3 ]
y signal de sortie
� largeur d’hystérésis [V]
ξ coefficients d’amortissement
ρ masse volumique [kg/m3 ]
τ constante de temps [s]
τI constante de temps d’intégration [s]
τD constante de temps de dérivation [s]
θ retard pur [s]

Indices et autres symboles


XBF X du système en boucle fermée
XBO X du système en boucle ouverte
Xc X de consigne
Xe X d’entrée
XL X de la perturbation (� load �)
Xlim X à la limite de la stabilité
Xman X mode manuel
Xmax maximum de X
Xmin minimum de X
XOC X de l’organe de commande
XOM X de l’organe de mesure
XP X du processus
XR X du régulateur
Xréel X réel (en valeur absolue)
Xs X de sortie
X̄ X à l’état stationnaire
X̄ref X l’état stationnaire de référence
δX variation de X ; variable écart X(t) − X̄
∆X variation de X
6
STABILITÉ ET PERFORMANCE DES
SYSTÈMES BOUCLÉS

6.1 DÉFINITION ET CRITÈRE DE STABILITÉ

6.1.1 Définition

Stabilité BIBO (Bounded Input, Bounded Output)


Un système linéaire est stable si et seulement si sa réponse à toute entrée
bornée reste bornée.
Un signal borné est un signal dont la valeur en fonction du temps (t ≥ 0)
reste entre une limite inférieur finie et une limite supérieur finie. Par exemple,
un saut unité, une sinusoı̈de ou s(t) = exp(−2t) représentent des signaux
bornés. Par contre une rampe ou s(t) = exp 2t sont des signaux non bornés.
Cette définition indique que si, par exemple, la réponse d’un système à un
saut unité est y(t) = exp(2t), le système est instable (entrée bornée résultant
en une sortie non bornée).

6.1.2 Critère de stabilité

Un système est stable si et seulement si toutes les racines de son équation


caractéristique ont une partie réelle négative. Ce critère représente une condi-
tion nécessaire et suffisante.
La stabilité d’un système linéaire peut donc être déduite de la position de
ses pôles dans le plan complexe, comme indiqué à la figure 6.1.
Nous allons démontrer ce critère de stabilité à partir de la définition de
la stabilité BIBO. Pour cela, considérons un système bouclé dont le schéma
fonctionnel est donné à la figure 6.2.

La réponse du système pour des conditions initiales nulles est la somme


des effets des variations de consigna yc et de perturbation d :
162 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

Im

stable instable

Re

Figure 6.1. Domaine de stabilité (axe imaginaire non compris).

KOM GR (s)GOC (s)GP (s)


Y (s) = Yc (s)
1 + GR (s)GOC (s)GP (s)GOM (s) (6.1)
GL (s)
+ D(s)
1 + GR (s)GOC (s)GP (s)GOM (s)
La fonction de transfert de la boucle comprend tous les éléments contenus
dans la boucle et s’écrit donc :

GB (s) ≡ GR (s)GOC (s)GP (s)GOM (s)

si bien que l’équation (6.1) devient :


KOM GR (s)GOC (s)GP (s) GL (s)
Y (s) = Yc (s) + D(s)
1 + GB (s) 1 + GB (s)
On peut expliciter les fonctions de transfert en fonction des pôles et des
zéros :

Y (s) �� KOM GR (s)GOC (s)GP (s) (s − z1 )(s − z2 ) . . . (s − zm )
� = =C n≥m
Yc (s) � 1 + GB (s) (s − p1 )(s − p2 ) . . . (s − pn )
BF

Y (s) �� GL (s) (s − z1� )(s − z2� ) . . . (s − zm

)
� = = C� � � n� ≥ m�
Yc (s) � 1 + GB (s) (s − p1 )(s − p2 ) . . . (s − p�n )
BF

où zi� peuvent être réels ou complexes.
pi , pi , zi et
Etudions le comportement du système bouclé soumis à une excitation
bornée de yc (t). Les conclusions seront les mêmes pour une variations bornée
de d(t). Calculons, par exemple, la réponse du système bouclé à un saut unité
de yc , c’est-à-dire Yc (s) = 1/s.
C (s − z1 )(s − z2 ) . . . (s − zm )
Y (s) =
s (s − p1 )(s − p2 ) . . . (s − pm ) (6.2)
A0 A1 A2 An
= + 1 + ... +
s a − p1 s − p2 s − pn
perturbation d

GL

REGULATEUR
erreur e
yc Mc + N P + y
KOM GR GOC GP
consigne − + grandeur
commandée

M
GOM

Figure 6.2. Schéma fonctionnel d’un système bouclé.


6.1 DÉFINITION ET CRITÈRE DE STABILITÉ
163
164 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

La transformation de Laplace inverse donne :

y(t) = A0 + A1 exp(p1 t) + A2 exp(p2 t) + . . . + An exp(pn t)

Séparons les pôles réels et les pôles complexes :


a) pi réel
La fonction yi (t) = Ai exp(pi t) est décroissante pour pi < 0 et crois-
sante pour pi ≥ 0. La réponse yi (t), et par conséquent aussi y(t), sera
non bornée et ainsi le système instable pour pi > 0.
Si pi = 0, le dénominateur de Y (s) possédera un terme en s2 , lequel
générera un terme en t pour yi (t). Il s’ensuit que la réponse y(t) sera
nécessairement non bornée et le système instable pour pi = 0.
b) pi , pi+1 conjugués complexes :

pi = ai + jbi
pi+1 = ai − jbi
yi (t) + yi+1 (t)
= (αi + jβi ) exp[(ai + jbi )t] + (αi − jβi ) exp[(ai − jbi )t]
= αi exp(ai t)[exp(jbi t) + exp(−jbi t)]
+jβi exp(ai t)[exp(jbi t) − exp(−jbi t)]
= 2αi exp(ai t) cos(bi t) − 2βi exp(ai t) sin(bi t)
= 2 exp(ai t)[αi cos(bi t) − βi sin(bi t)]
Si ai > 0, alors yi (t) + yi+1 (t) croı̂t sans limite, donc aussi y(t), et le
système est instable. De même, si ai = 0, l’excitation bornée u(t) =
A sin(bi t) va générer une réponse y(t) non bornée car le dénominateur
de Y (s) possédera un terme en (s2 + b2i )2 , mettant ainsi en évidence
l’instabilité du système.
Il importe encore de vérifier que ces conclusions sur la stabilité ne dépendent
pas du choix de l’excitation yc (t), pour autant que celle-ci soit bornée. Cette
vérification se base sur la décomposition en éléments simples de la réponse
Y (s) :
• Si l’excitation yc (t) est bornée et possède une limite pour t → ∞ alors,
en vertu du théorème de la valeur finale :

lim yc (t) = lim sYc (s) �= ±∞


t→∞ s→0

Il s’ensuit que Yc (s) contiendra au plus un pôle à s = 0. Cela nous


ramène au cas considéré dans l’équation (6.2).
6.1 DÉFINITION ET CRITÈRE DE STABILITÉ 165

• Si l’excitation est bornée mais ne possède pas de limite pour t → ∞,


par exemple la sinusoı̈de sin(ωt), on aura yc (t) = exp(jωt). Comme les
pôles de l’excitation (partie réelle nulle) ne correspondent pas à ceux du
système (pour lequel ai < 0), la réponse possédera un terme de même
type, exp(jωt), et sera donc bornée.
Remarques
a) La stabilité d’un système linéaire est complètement déterminée par ses
pôles.
b) Ces conditions de stabilité restent valables même si tous les pôles ne
sont pas distincts.

6.1.3 Exemples

Exemple 1
Considérons le système intégrateur du §?? (cuve avec débit de fuite
constant) dont la fonction de transfert est :

H(s) 1
=
Qe (s) Ss

Pour un saut échelon de qe (t) d’amplitude b, la sortie devient :

b
h(t) = t
S
Ainsi, puisqu’une entrée bornée produit une réponse non bornée, le système
est instable. On peut également le vérifier en évaluant le pôle du système
(p1 = 0).

Exemple 2
Etudions la stabilité du système bouclé donné à la figure 6.2 avec :
1
GR (s) = KR GOC =
2s + 1
1 1
GP (s) = GL (s) = GOM (s) =
5s + 1 s+1


La fonction de transfert Y (s)/Yc (s)� donne :
BF

Y (s) �
� KR /((2s + 1)(5s + 1))
Yc (s) � =
BF 1 + KR /((2s + 1)(5s + 1)(s + 1))
KR (s + 1)
=
10s + 17s2 + 8s + 1 + KR
3

avec l’équation caractéristique suivante :


166 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

10s3 + 17s2 + 8s + 1 + KR = 0
Pour déduire la stabilité de ce système, il faut trouver les racines d’une
équation cubique en s. Il existe des programmes de manipulations symboliques
(par exemple MAPLE ou MATHEMATICA) qui permettent de résoudre ana-
lytiquement de telles équations. On peut aussi les résoudre numériquement,
par exemple avec Matlab ; on obtient ainsi, pour différentes valeurs de KR :
KR = 2 s1 = −1, 25 s2 = −0, 22 + 0, 44j s3 = −0, 22 − 0, 44j
6 −1.48 −0, 11 + 0, 68j −0, 11 − 0, 68j
15 −1.76 0, 03 + 0, 95j 0, 03 − 0, 95j
Le système bouclé est donc stable pour KR = 2 et KR = 6 et instable

y

3

2.5

(c)
1.5

1 yc
(b)
0.5
(a)
0
(a) KR = 2
−0.5 (b) KR = 6
(c) KR = 15
−1 ✲
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
t [s]
Figure 6.3. Réponse du système bouclé en fonction du gain du régulateur.

pour KR = 15. Cela se voit bien en représentant la réponse du système à un


saut unité de yc (6.3).
Pour KR = 15, le système est instable car la réponse est une oscillation
caractérisée par une amplitude croissante, c’est-à-dire un signal non borné.
En pratique, un signal ne peut grandir indéfiniment. Certaines limitations
physiques telles les saturations feront que le système atteindra un cycle limite
(oscillation d’amplitude entretenue). Cependant, le système linéaire est bien
instable (tendance de la sortie à croı̂tre indéfiniment).
L’objectif de la commande est d’assurer une bonne performance du système
bouclé tout en garantissant bien sûr sa stabilité. D’où l’importance du choix
des paramètres du régulateur.
6.2 CRITÈRE DE STABILITÉ DE ROUTH-HURWITZ 167

6.2 CRITÈRE DE STABILITÉ DE ROUTH-HURWITZ


Pour l’exemple simple de la figure 6.2, il est nécessaire de calculer les
racines d’un polynômes cubique en s. La question se pose de savoir s’il est
possible d’évaluer la stabilité d’un système linéaire sans devoir calculer ses
pôles. Cela est possible avec critère de Routh-Hurwitz.

6.2.1 Principe

Le critère de Routh-Hurwitz est une technique analytique pour déterminer


si toutes les racines d’un polynôme sont à parties réelles négatives et et ceci
sans les calculer. Si l’on applique ce critère à l’équation caractéristique poly-
nomiale d’un système, il devient aisé d’analyser sa stabilité.
Soit l’équation caractéristique sous sa forme polynomiale générale :

an sn + an−1 + . . . + a1 s + a0 = 0 (6.3)

Supposons an > 0 (pour le cas où an < 0, on multipliera l’équation par


-1).
On peut montrer qu’une première condition nécessaire (mais non suffi-
sante) pour la stabilité est :

an , an−1 , . . . , a1 , a0 > 0

Afin d’obtenir une condition également suffisante, on construit le tableau


de Routh de la manière suivante :

ligne 1 an an−2 an−4 ...


2 an−1 an−3 an−5 ...
3 b1 b2 b3 ...
4 c1 c2 ...
.. ..
. .
n+1 z1
où
an−1 an−2 − an an−3 an−1 an−4 − an an−5
b1 = ; b2 = ; ...
an−1 an−1
b1 an−3 − an−1 b2 b1 an−5 − an−1 b3
c1 = ; c2 = ; ...
b1 b1
..
.

Pour que toues les racines de l’équation caractéristique (6.3) aient une
partie réelle négative, il est nécessaire et suffisant que tous les éléments de la
première colonne du tableau de Routh soient positifs.
168 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

6.2.2 Exemples

Exemple 1
Reprenons l’équation caractéristique cubique de l’exemple 2 du §6.1.3 :

10s3 + 17s2 + 8s + 1 + KR = 0

Etudions la stabilité du système bouclé à l’aide du critère de Routh-


Hurwitz.
1. Conditions nécessaire :

10, 17, 8 et (1 + KR ) > 0 =⇒ KR > −1

2. Tableau de Routh :

ligne 1 10 8
2 17 1 + KR
126 − 10KR
3
17
4 1 + KR

Conditions nécessaire et suffisantes :


126 − 10KR
> 0 =⇒ KR < 12, 6
17
1 + KR > 0 =⇒ KR > −1
Le système est donc stable pour −1 < KR < 12, 6.

Justifier intuitivement ces deux bornes pour KR .

Exemple 2
Le système avec l’équation caractéristique suivante est-il stable ?

s4 + 5s3 + 3s2 + 1 = 0

Conditions nécessaire :

1, 5, 3, 0, 1 > 1

Le coefficient du terme en s est nul ; le système est donc instable.

Exemple 3
Etudier la stabilité du système bouclé de la figure 6.2 pour :
GR (s) = KR GOC (s) = 2
4 exp(−s)
GP (s) = GOM (s) = 0, 25
5s + 1
6.2 CRITÈRE DE STABILITÉ DE ROUTH-HURWITZ 169

L’équation caractéristique devient :

2KR 4 exp(−s)0, 25
1 + GB (s) = 1 + =0
5s + 1
⇔ 5s + 1 + 2KR exp(−s) = 0 (6.4)
Comme l’équation caractéristique n’est pas de nature polynomiale, le
critère de Routh-Hurwitz n’est pas applicable. Néanmoins, il est possible d’ap-
procher un retard pur de façon à obtenir une équation caractéristique de type
polynomial comme indiqué ci-dessus.

6.2.3 Approximation d’un retard pur

Lorsque l’équation caractéristique comporte un facteur de la forme exp(−θs),


il est possible de l’approcher par une équation rationnelle à l’aide d’un
développement en série de Taylor :

θ 2 s2 θ 3 s3
exp(−θs) = 1 − θs + − +... (expression exacte de la série)
2! 3!
ou encore :
exp(−(θ/2)s) 1 − (θ/2)s + (θ2 /8)s2 − (θ3 /48)s3 + . . .
exp(−θs) = = (6.5)
exp((θ/2)s) 1 + (θ/2)s + (θ2 /8)s2 + (θ3 /48)s3 + . . .

On peut donc choisir comme approximation rationnelle de exp(−θs) :

exp(−θs) � (1 − θs) (zéro positif : z1 = 1/θ)


1 1
exp(−θs) = � (pôle négatif : p1 = −1/θ)
exp(θs) 1 + θs
exp(−(θ/2)s) 1 − (θ/2)s
exp(−θs) = � (zéro positif : z1 = 2/θ)
exp((θ/2)s) 1 + (θ/2)s
(pôle négatif : p1 = −2/θ)

Cette dernière approximation est connue sous le nom d’approximation


de Padé du premier ordre.

Exemple
En utilisant l’approximation de Padé du premier ordre, l’équation ca-
ractéristique (6.4) donne l’expression rationnelle suivante :
� �
1 − 0, 5s
5s + 1 + 2KR =0
1 + 0, 5s

⇔ 2, 5s2 + (5, 5 − KR )s + (1 + 2KR ) = 0


170 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

1. Conditions nécessaires pour la stabilité :


5, 5 − KR > 0 ⇒ KR < 5, 5
1 + 2KR > 0 ⇒ KR > − 12

2. Tableau de Routh

ligne 1 2, 5 1 + 2KR
2 5, 5 − KR
3 1 + 2KR

Conditions nécessaires et suffisantes :


5, 5 − KR > 0 ⇒ KR < 5, 5
1 + 2KR > 0 ⇒ KR > − 12

En première approximation, le système est donc stable pour −0, 5 < KR <
5, 5. La condition exacte de stabilité de ce système (−0, 5 < KR < 4, 25) peut
obtenir à l’aide du critère de stabilité de Bode (pas abordé dans ce cours).

Déterminer la condition de stabilité du système précédent en utilisant une


approximation de Padé du deuxième ordre pour le retard pur.

6.3 PERFORMANCE D’UN SYSTÈME BOUCLÉ


6.3.1 Objectifs de la commande

Mentionnons certains objectifs importants quant à la performance d’un


système bouclé (cf. §??) :
a) La stabilité du système bouclé doit être garantie.
b) La réponse à des changements de consigne doit être rapide et fiable
(problème d’asservissement).
c) L’effet des perturbations sur la grandeur commandée doit être minimal
(problème de régulation).
d) Le statisme est à minimiser.
e) On doit également éviter de trop grandes variations de la grandeur de
commande qui risqueraient de provoquer une saturation du régulateur.
f) Le système bouclé doit être robuste, c’est-à-dire peu sensible aux chan-
gements du point de fonctionnement, aux erreurs de modèle, aux bruits
de mesure et aux perturbations.

6.3.2 Asservissement et régulation

Etudions les fonction de transfert en boucle fermée pour les problèmes


d’asservissement et de régulation. Afin de simplifier les notations, et sans
6.3 PERFORMANCE D’UN SYSTÈME BOUCLÉ 171

perte de généralité, considérons la situation suivante, très courante dans la


pratique : organe de mesure de nature statique avec :
GOM (s) = KOM
Avec la fonction de transfert du système à commander
G(s) = GOC (s)GP (s)KOM
les fonctions de transfert pour les problèmes d’asservissement et de régulation
peuvent s’écrire :

Y (s) �� GR (s)G(s)
= (6.6)
Yc (s) �BF 1 + GR (s)G(s)
et

Y (s) �� GL (s)
= (6.7)
D(s) �BF 1 + GR (s)G(s)


On obtient une commande parfaite, c’est-à-dire Y (s)/Yc (s)� = 1 (suivi
� BF

de consigne idéal) et Y (s)/D(s)� = 0 (régulation parfaite) en choisissant
BF
GR (s) très grand malheureusement, cela n’est pas possible pour toutes les
valeurs de s, pour des raisons de causalité, de stabilité et d’amplification de
bruit. Cependant, le cas s → 0 permet d’éliminer l’erreur statique. On montre
que le statisme peut être éliminé de la façon suivante :
a) en asservissement : si le produit GR (s)G(s) contient au moins un terme
intégrateur.
b) en régulation : si le produit GR (s)G(s) contient au moins un terme
intégrateur de plus que GL (s).

Exemples
1.
K KL
G(s) = ; GL (s) = ; GR (S) = KR
τs + 1 τL s + 1

Y (s) �� GR (s)G(s) KR K/(τ s + 1) KR K
= = =
Yc (s) �BF 1 + GR (s)G(s) 1 + KR K/(τ s + 1) τ s + 1 + KR K

Y (s) �� GL (s) KL /(τ s + 1) KL (τ s + 1)/(τL s + 1)
� = = =
D(s) BF 1 + GR (s)G(s) 1 + KR K/(τL s + 1) τ s + 1KR K
Comportement à l’état stationnaire, c’est-à-dire pour s → 0 :

Y (s) �� KR K
lim = �= 1 ⇒ statisme
s→0 Yc (s) � 1 + KR K
� BF
Y (s) �� KL
lim = �= 0 ⇒ statisme
s→0 D(s) � 1 + KR K
BF
172 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

2.
K KL
G(s) = ; GL (s) = ; GR (S) = KR
s s

Y (s) �� KR K/s KR K
= =
Yc (s) �BF 1 + KR K/s s + KR K

Y (s) �� KL /s KL
� = =
D(s) BF 1 + KR K/s s + KR K
Le comportement en régime permanent :

Y (s) �� KR K
lim = =1 ⇒ pas de statisme
s→0 Yc (s) � KR K
BF

Y (s) �� KL
lim = �= 0 ⇒ statisme
s→0 D(s) � K RK
BF

Répéter les calculs des exemples précédents en utilisant un régulateur PI.


Vérifier bien qu’il n’y a pas de statisme.

6.4 EXERCICES RÉSOLUS


Exercice 1
Pour quelles valeurs de α le système dynamique non linéaire suivant est-il
localement stable autour du point de fonctionnement (ū = 1, x̄ = 1) :

ẍ + αẋ + x2 = u x(0) = 1 ẋ(0) = 0

Solution
Approximation linéaire (en variable écart) :

ẍ + αẋ + x2 = u x(0) = 0 ẋ(0) = 0

Equation caractéristique :

s2 + αs + 2 = 0

−α ± α2 − 8
s1,2 =
2
Le système est stable si �{s1,2 } < 0, donc pour α > 0.
On peut également utiliser le critère de Routh-Hurwitz. La condition
nécessaire (et également suffisante pour un système d’ordre 2, voir exercice 3)
est que tous les coefficients de l’équation soient positifs, d’ou α > 0.
6.4 EXERCICES RÉSOLUS 173

Exercice 2
Soient le système dynamique stable

ÿ + 3ẏ + 2y = 5u y(0) = ẏ(0) = 0

que l’on commande avec un régulateur de type P ID.


a) Déterminer les conditions de stabilité lorsque le système est bouclé avec
un régulateur P .
b) Idem pour un régulateur P I.

Solution
a) Régulateur P : u = KR (yc − y)

ÿ + 3ẏ + (2 + 5KR )y = 5KR yc

Condition de stabilité : 2 + 5KR > 0 KR > −0, 4


b) Régulateur P I

KR (τI s + 1)
U (s) = =0
τI s

τI s3 + 3τI s2 + (2 + 5KR )τI s + 5KR = 0


Routh-Hurwitz :

1 τI (2 + 5KR )τI
2 3τI 5KR
3 (2 + 5KR )τI − 53 KR
Conditions τI > 0 5KR (3τI − 1) + 6τI > 0

Remarques
On peut obtenir la condition de stabilité du système bouclé avec un
régulateur P à partir de celles obtenues pour un régulateur P I comme suit :
Pour τI > 1/3, la dernière condition devient :
6τI
5KR > −
3τI − 1
d’où l’on tire, pour τI → ∞ (régulateur P ) :
2
KR > − = −0, 4
5

Exercice 3
Montrer que la condition nécessaire de stabilité selon Routh-Hurwitz est
174 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

également suffisante dans le cas d’un système d’ordre 2.

Solution
Soit a2 s2 + a1 s + a0 = 0
Conditions nécessaires : a2 , a1 , a0 > 0
Tableau de Routh-Hurwitz :

1 a2 a0
2 a1
3 a0
Conditions nécessaires et suffisantes : a2 , a1 , a0 > 0

Exercice 4
Le système dynamique

3se−2s
G(s) =
5s2 + 3s + 1
est commandé par un régulateur proportionnel.
a) Utiliser une approximation de Padé de premier ordre pour approcher
le retard pur et déterminer la condition de stabilité du système bouclé.
b) Comparer la région de stabilité avec celle obtenue pour le système sans
retard pur.

Solution
a) Equation caractéristique du système bouclé :

3KR se−2s
1 + GB (s) = 1 +
5s2 + 3s + 1
⇔ 5s2 + 3s + 1 + 3KR se−2s = 0

Padé 1er ordre :


1−s
e−2s �
1+s
→ 5s2 + (8 − 3KR )s2 + (4 + 3KR )s + 1 = 0
Routh-Hurwitz :

1 5 4 + 3KR
2 8 − 3KR 1
2
27 + 12KR − 9KR
3
8 − 3KR
6.4 EXERCICES RÉSOLUS 175

Conditions : 8 − 3KR > 0 ⇔ KR < 2, 67


2
27 + 12KR − 9KR >0 ⇔ −1, 19 < KR < 2, 52
La vraie condition de stabilité du système bouclé (sans approximation ;
étude dans le domaine fréquentiel) est en fait :

−1, 20 < KR < 1, 78

b) Equation caractéristique du système sans retard pur :

5s2 + 3(1 + KR )s + 1 = 0

Condition de stabilité : KR > −1.


On voit que la présence du retard pur limite fortement le domaine de
stabilité du système bouclé.

Exercice 5
Montrer que le statisme peut être éliminé de la façon suivante :
a) en asservissement, si le produit GR (s)G(s) contient au moins un terme
intégrateur,
b) en régulation, si le produit GR (s)G(s) contient au moins un terme
intégrateur de plus que GL (s).

Solution
Exprimons GB (s) = gR (s)G(s) et GL (s) comme suit :

G�B (s) G�L (s)


GB (s) = GL (s) = α, β : entiers
sα sβ
où G�B (s) et G�L (s) ne contiennent pas de termes en s.
a) En asservissement :

Y (s) G�B (s)/sα G�B (s)


= =
Yc (s) 1 + G�B (s)/sα sα + G�B (s)

En régime permanent (s → 0), G�B (0) est fini. Il s’ensuit :

Y (s) G� (0)
lim = α B � =1 (pas de statisme)
s→0 Yc (s) s + GB (0)

⇔ lim sα = 0 c’est-à-dire α>0


s→0

b) En régulation

Y (s) G�L (s)/sβ sα−β G�L (s)


= � = α
D(s) 1 + GB (s)/s α s + G�B (s)

En régime permanent (s → 0), G�B (0) et G�L (0) sont finis. Il s’ensuit :
176 6 STABILITÉ ET PERFORMANCE DES SYSTÈMES BOUCLÉS

Y (s) AG�L (0)


lim = =0 (pas de statisme)
s→0 D(s) B + G�B (0)
avec A = lims→0 sα−β
B = lim sα
s→0

pour A = 0 ⇔ α>β
ou A fini, B→∞ ⇔ α ≥ β, α < 0
ou A → ∞, B → ∞ avec α < α − β ⇔ α, β < 0, α < β

Donc, pour ne pas avoir de statisme en régulation, il faut avoir α < β


ou alors α, β < 0 (cas très particuliers).

Exercice 6
Soit le système bouclé de la figure 6.2 avec
0, 4(s − a) KL 1
GR = KR ; GOC = 2; GP = ; GL = ; GOM =
(2s + 1)(10s + 1) 5s + 1 s+1
a) Déterminer si la présence d’un zéro positif (α > 0) influence la stabilité
du système bouclé.
b) Montrer que la valeur de KL n’influencera pas la stabilité du système
bouclé.

Solution
La stabilité est analysée à partir de l’éqaution caractéristique :
0, 8KR (s − 1)
1 + GR GOC GP GOM = 1 + =0
(2s + 1)(10s + 1)(s + 1)
⇔ 20s3 + 32s2 + (13 + 0, 8KR )s + (1 − 0, 8KR a) = 0
a) L’équation caractéristique du zéro a, lequel influencera donc la stabi-
lité du système bouclé. La condition de stabilité selon Routh-Hurwitz
donne :

1 20 13 + 0, 8KR
2 32 1 − 0, 8KR
3 12, 375 + 0, 8KR + 0, 5KR a
4 1 − 0, 8KR a
12, 375
→ 12, 375 + (0, 8 + 0, 5a)KR > 0 ⇔ KR > −
0, 8 + 0, 5a
1 − 0, 8KR a > 0 ⇔ KR < 1, 25/a
Donc, la condition de stabilité en fonction de a est la suivante :
12, 375 1, 25
− < KR <
0, 8 + 0, 5a a
6.5 SYMBOLES UTILISÉS 177

b) Comme la fonction de transfert de la perturbation n’intervient pas dans


l’équation caractéristique, la valeur de KL n’influencera pas la stabilité
du système bouclé.

6.5 SYMBOLES UTILISÉS

d perturbation
e erreur ou écart de commande
G(s) fonction de transfert
h hauteur [m]
Im axe
√ imaginaire du plan complexe
j −1
K gain statique
m degré du numérateur d’une fonction de transfert
M signal électrique de mesure normé [V ]
n pôle d’une fonction de transfert
N signal électrique de commande normé [V ]
p pôle d’une fonction de transfert
qe débit volumique d’entrée [m3 /s]
Re axe réel du plan complexe
s variable complexe de Laplace
S Surface de section [m2 ]
t temps [s]
y(t) Signal temporel de sortie (terme général)
z zéro d’une fonction de transfert
θ retard pur [s]
τ constante de temps [s]
ω pulsation [rad/sec]

Indices
XB Xde la boucle de commande
XBF Xdu système en boucle fermée
Xc Xde consigne
XL Xde la perturbation (� load �)
XOC Xde l’organe de commande
XOM Xde l’organe de mesure
XP Xdu processus
XR Xdu régulateur
7
COMMANDES AVANCÉES

Nous avons étudié au chapitre ?? les commandes élémentaires de type


tout-ou-rien et PID. Nous considérons ici des approches de commande plus
élaborés qui peuvent, par exemple, contenir plus d’une seule boucle de com-
mande.

7.1 COMPENSATION DE PERTURBATIONS


7.1.1 Principe

Soit un procédé avec l’objectif de commande suivant : maintenir y à sa


valeur de consigne yc , et cela en dépit de la perturbation d.
a) Commande par rétroaction (commande feedback, FB). On mesure y,
le compare avec yc et ajuste u en conséquence. Ce mode de commande est
le plus utilisé en pratique.
b) Compensation de perturbations (commande feedforward, FF). On
mesure d et ajuste u en conséquence. L’effet d’une perturbation peut donc
être compensé en même temps que celle-ci influence y.
c) Commande FB/FF. Les deux approches précédentes sont combinées.
On mesure y et d et ajuste u en conséquences.
Nous retrouvons ces approches dans le schéma fonctionnel de la figure 7.1.
Nous distinguons deux régulateurs, avec les fonctions de transfert respectives,
GF B FF FB
R et GR , et les organes de mesure correspondants, GOM et GOM .
FF

7.1.2 Exemple : échangeur de chaleur

Soit l’échangeur de chaleur représenté à la figure 7.2 servant à chauffer un


liquide avec un débit massique w de la température T1 à la température T2 à
180 7 COMMANDES AVANCÉES

Régulateur
feedforward
Q d perturbation
F ✛
GF
R GF
OM
F


GL

Régulateur feedback

✲c ❢ ✲ ❢
❄ ❢
✲ ❄
yc M e + N u + y
✲ KOM
FG ✲ GFRB ✲ GOC ✲ GP ✲
consigne - erreur + + grandeurs
✻ commandée

M
B ✛
GF
OM

Figure 7.1. Commande feedback et feedforward.


✞☎
vapeur



❅ wv

w T2 ❄

ECHANGEUR

w T1

condensat ❄
Figure 7.2. Echangeur de chaleur.

l’aide de la vapeur. L’objectif de commande est le suivant : maintenir T2


à sa valeur de consigne T2,c en dépit de variations de T1 (perturbations), et
cela en ajustant le débit de vapeur wv .
Nous allons étudier trois approches de commande.

a) Commande par rétroaction (FB)


a) Avantage
– une action corrective (∆wv ) est possible quelle que soit la source de la
perturbation influençant T2 ,
– l’approche est facile à implanter puisqu’un modèle du processus n’est
pas nécessaire.
7.1 COMPENSATION DE PERTURBATIONS 181

T2,c

✲ régulateur N

✎☞ ✞❄☎
M

✍✌
vapeur
TT ❅


❅ wv

w T2 ❄

ECHANGEUR

w T1

condensat ❄
Figure 7.3. Commande par rétroaction (TT : transmetteur de température).

b) Inconvénient
– une correction est possible seulement après qu’une erreur ait été ob-
servée ; il n’est donc pas possible d’implanter une � commande par-
faite �.
b) Compensation de perturbations (FF)

T2,c

✲ régulateur N

✎☞ ✞❄☎
Q

✍✌
vapeur
TT ❅


� wv

w T2 ❄

ECHANGEUR

w T1

condensat ❄

Figure 7.4. Commande par compensation de perturbation (TT : transmetteur de


température).
182 7 COMMANDES AVANCÉES

a) Avantages
– comme l’action corrective est générée en même temps que la grandeur
commandée T2 est perturbée, il est en principe possible d’implanter une
� commande parfaite �,

– ce type de commande n’influence pas la stabilité du système.


b) Inconvénients
– la � commande parfaite � est souvent non réalisable physiquement.,
– la perturbation T1 doit pouvoir être mesurée,
– il n’y a pas de compensation des perturbations non mesurées (par
exemple, variation de w),
– un modèle du processus est nécessaire (cf. §7.1.3).

Vérifiez que la commande FF ne modifie pas la stabilité du système.


Dans les deux approches de commande des figures 7.3 et 7.4, on mesure
une température pour ensuite ajuster le débit de vapeur. Exprimer la différence
structurelle de ces deux approches.

c) Commande FB/FF
On peut combiner les deux approches précédentes pour obtenir le schéma
de commande donnée à la figure 7.5.
Les deux approches FF et FB sont très complémentaires :

✲ ❡
+ N
+

T2,c
✲ régulateur FB

M✎☞
✻ ✞❄☎
T2,c
✲ régulateur FF
✍✌
vapeur
TT ❅

Q✎☞
✻ ❅
� wv

✍✌ ❄
TT w T2

ECHANGEUR

w T1

condensat ❄

Figure 7.5. Commande FB et FF (TT : transmetteur de température).

• FF travaille à éliminer les effets des perturbations mesurables.


7.1 COMPENSATION DE PERTURBATIONS 183

• FB travaille à éliminer les effets de toutes les perturbations qui in-


fluencent la grandeur commandée.

7.1.3 Conception du régulateur FF

La conception d’un compensateur de perturbations nécessite un modèle


(statique ou dynamique) liant la perturbation, la grandeur de commande et
la grandeur commandée.

a) Modèle statique
Ce modèle est basé sur un bilan de masse ou d’énergie à l’état station-
naire. Dans l’exemple considéré, on utilise le bilan thermique suivant pour
l’échangeur de chaleur :

wv ∆Hv = wcp (T2 − T1 )

où ∆Hv représente l’enthalpie de condensation de la vapeur et cp la chaleur


spécifique du fluide. On calcule le débit de vapeur wv à partir de la consigne
de température T2,c comme suit :
cp
wv = w(Tc,2 − T1 ) (7.1)
∆Hv
En définissant K = cp /∆Hv , on obtient le schéma de la figure 7.6 pour
mettre en oeuvre le régulateur feedforward. K représente une constante connue
et le débit de liquide constant w est également connu ; T1 est mesuré et T2,c
est la valeur de consigne désirée. Une telle implantation est simple. Cette
✗✔
T1 T2,c
✲ ❅ +✛
- �
mesuré ✖✕
�❅ désiré


K

✗✔

w wv
✲ ✲
✖✕
connu *

Figure 7.6. Schéma de calcul d’une commande FF statique.

approche ne considère cependant pas les conditions dynamiques, lesquelles


184 7 COMMANDES AVANCÉES

peuvent être importantes dans une application industrielle.

b) Modèle dynamique
On traite cette fois-ci les éléments dynamiques sous la forme de fonctions
de transfert. A partir du schéma fonctionnel de la figure 7.1, on déduit :

Y (s) �� GL + GF F FF
OM GR GOC GP
� = (7.2)
D(s) � 1 + GF B
R GOC GP GOM
FB
BF

La commnde est parfaite si Y (s)/D(s)�BF = 0, c’est à dire si :

GL + G F F FF
OM GR GOC GP = 0

d’où l’on tire :


GL
GF F
R =− équation de commande FF (7.3)
GF F G
OM OC GP

Remarques
a) L’équation caractéristique de (7.1.3) est indépendante de GF F FF
OM GR . Il
s’ensuit que la commande FF n’influence pas la stabilité du système (com-
mandé ou non par FB).
b) Le régulateur GF F
R n’est souvent pas réalisable physiquement car le degrés
du numérateur est supérieur à celui du dénominateur.

Montrer que les gains statiques des régulateurs FF statique (7.1.3 et dyna-
mique 7.1.3 sont les mêmes.

Exemples
KL
a) GF F FF
OM = KOM GOC = KOC GL =
τL s + 1

� �
KP KL τP s + 1
GP = ⇒ GF
R
F
= − FF
τP s + 1 KOM KOC KP τL s + 1

Cet élément dynamique est réalisable (m = n. cf. §??).

KL
b) GF F FF
OM = KOM GOC = KOC GL =
τL s + 1

KP exp(−θs)
GP =
(τ1 s + 1)(τ2 s + 1)
7.2 COMMANDE DE RAPPORT 185

KL (τ1 s + 1)(τ2 s + 1)
⇒ GF F
R =− FF K
exp(θs)
KOM K
OC R τL s + 1
Cet élément dynamique n’est pas réalisable physiquement car m > n et,
d’autre part, il fait intervenir une avance du signal due à exp(θs).

c) Compensateur FF type
Un compensateur dynamique très utilisé est le filtre avance (ou retard) de
phase suivant :
� �
FF τ1 s + 1
GR = K
τ2 s + 1

On dit qu’un tel compensateur produit une avance de phase si τ1 > τ2 et


un retard de phase si τ1 < τ2 . K est le gain statique, souvent calculable à
partir d’un modèle statique du processus, tandis que τ1 et τ2 sont calculés à
partir d’un modèle dynamique ou de tests dynamiques. On a souvent comme
dans l’exemple a) ci-dessus :

τ1 � τP constante de temps dominante du processus

τ2 � τL constante de temps dominante de la perturbation

7.2 COMMANDE DE RAPPORT


On cherche à maintenir deux variables mesurées dans un rapport donné.
Ce type de commande est fréquemment utilisé pour ajuster des débits comme
lors d’opération de mélange en génie chimique ou encore dans l’opération d’un
brûleur (rapport combustible/air).
La grandeur commandée est ainsi le rapport de deux variables, r = m/w.
Il existe deux implémentations possibles pour ce genre de commande :

a) Calculer le rapport effectif et le comparer au rapport désiré (fig. 7.7). b)


Mesurer une grandeur et utiliser le rapport désiré pour calculer la consigne
pour l’autre grandeur (fig. 7.8).

Montrer que ces deux schémas d’implémentation sont équivalent pour le


cas d’un régulateur P. Et pour un régulateur PI ?
186 7 COMMANDES AVANCÉES

w

✗✔

✖✕
TD

✗✔

r rc
• ✲ ✛
✖✕
• Régulateur

✗✔ u
✓❄✏
✖✕
TD

m ❍❍✟ ✲
✟✟❍

Figure 7.7. Commande de rapport (TD : transmetteur de débit ; r = m/w; rc :


rapport désiré).

w

✗✔ ✗✔
rc
✲ * ✛
✖✕ ✖✕
TD

mc

✲ Régulateur

✗✔ u
✓❄✏
✖✕
TD

m ❍❍
✟✟ ✲
✟ ❍

Figure 7.8. Commande de rapport (TD : transmetteur de débit ; rc : rapport désiré ;


mc = rc w).

7.3 COMMANDE EN CASCADE


7.3.1 Principe
Nous avons considéré jusqu’à présent des systèmes de commande qui
possédaient une sortie mesurée et une variable de commande. Dans une com-
7.3 COMMANDE EN CASCADE 187

mande en cascade, on utilise deux mesures pour une variable de commande,


la mesure supplémentaire donnant une information plus rapide que la mesure
primaire sur l’effet de la commande ou de certaines perturbations.
A titre d’exemple, considérons la régulation en température d’un réacteur
à double enveloppe, par exemple pour des réactions exothermiques. Parmi les
perturbations possibles, on peut citer le début et la température de l’alimen-
tation en réactifs, la température du fluide caloporteur et le dégagement de
chaleur lié à la réaction exothermique.
Une commande simple par rétroaction consiste à mesurer la température
du réacteur T et à ajuster le débit du fluide caloporteur. Malheureusement,
cette action a un effet lent sur T à cause de la dynamique du transfert de
chaleur à travers la paroi du réacteur et de l’inertie thermique du réacteur.
Pour améliorer cette situation, on peut utiliser une mesure de température
supplémentaire dans la double enveloppe. Cette mesure Tm va permettre
d’ajuster plus rapidement le débit du fluide caloporteur par l’intermédiaire
d’une boucle de rétroaction secondaire. La boucle de rétroaction primaire uti-
lise la mesure de la température T pour ajuster, non plus directement le débit
du fluide caloporteur, mais la consigne de température du régulateur secon-
daire (fig. 7.9).
Une commande en cascade est ainsi caractérisée par :
• deux boucles de commande par rétroaction imbriquées l’une dans l’autre,
avec un seul organe de commande (actionneur),
• la sortie du régulateur primaire sert de consigne au régulateur secon-
daire.
Le schéma fonctionnel de la commande en cascade est indiqué à la figure 7.10.
Nous trouvons les deux régulateur GR,1 et GR,2 (un pour chaque boucle de
commande), ainsi que les deux organes de mesure correspondants. Une
telle approche de commande est souhaitable lorsque :
a) Certaines perturbations influencent la sortie mesurée y2 plus rapidement
que la grandeur commandée y1 . Cela est souvent le cas pour les pertur-
bations associées à la grandeur manipulée.
b) La boucle interne est plus rapidement que la boucle externe.

7.3.2 Exemple : régulation de la température d’un brûleur

Un brûleur est utilisé pour chauffer une huile de la température Te à la


température T . La grandeur de commande est le débit de combustible wcomb
qui est injecté à la pression d’alimentation pa . Les perturbations possibles sont
le débit d’huile w, la température de l’huile froide Te et la pression d’alimen-
tation d combustible pa . On va comparer la performance d’une commande
par rétroaction simple (fig. 7.11) avec celle d’une commande en cascade (fig.
7.12).

a) Commande par rétroaction simple


188 7 COMMANDES AVANCÉES

Tc

M1
✗✔
Rég 1 ✛
✖✕
TT


M2,c

✛ ✄✂ �✁ ✄✲


✂✁
❄ ✗✔
M2
Rég 2 ✛
✖✕
TT • •
Tm T
☎☎
✞✞
N
✎❄☞ ✝✆
✝✆

✲ 



fluide
caloporteur

Figure 7.9. Commande en cascade pour réguler la température d’un réacteur à


double enveloppe (TT : transmetteur de température).

Quel est l’effet d’une variation depa sur la grandeur de commandée T ?


Est-il possible d’utiliser un compensateur de perturbations pour chacune
des trois perturbations ?
b) Commande en cascade
Nous avons la correspondance suivante entre les variables des figures 7.10
et 7.12 :

y1 : T d1 : Te , w u : wcomb

y2 : p d 2 : pa
Avec le schéma en cascade, les variations de pa sont rapidement com-
pensées par le régulateur interne. On aurait pu mesurer la perturbation pa
et la compenser avec une structure FF, pour lequel un modèle de l’influence
de pa sur p serait nécessaire. Il est donc plus simple de travailler avec une
structure de commande en cascade.

7.3.3 Analyse de la commande en cascade

En nous référant à la figure 7.10 :



Y2 �� GR,1 GOC GP,2
� =
M2,c � 1 + GR,2 GOC GP,2 GOM,2
BF
d2 perturbations d1
❄ ❄
G1,2 GL,1

Régulateur 1 Régulateur 2

y1,c M1,c e
1 M2,c 2 e N u 2 +y +
❄ y
✲ KOM,1 ✲ GR,1 GR,2 ✲ GOC ✲ GP,2 ✲❄ GP,1 ✲1
consigne - - ✻ + +

❢ ✲ ✲ ❢✲ ❢ ✲ ✲ ❢

GOM,2 ✛
M2

M1
GOM,1 ✛

Figure 7.10. Commande en cascade (indice 1 : boucle primaire externe ; indice 2 : boucle secondaire interne).
7.3 COMMANDE EN CASCADE
189
190 7 COMMANDES AVANCÉES
Tc

M N
✲ Régulateur

✗✔

✖✕ ✓❄✏
TT
T huile chaude

wcomb



❍ ✛ ❍✟✟ combustible
Te w huile froide ✟

� P ✟❍❍ Pa
✲ �

Tc
Figure 7.11. Commande par rétraction (TT : transmetteur de température).

M1 M2,c
✲ Régulateur

✗✔
M2 N
✲ Régulateur 2
✗✔
✖✕ ✓❄✏
TT
✖✕
TP
T huile chaude





wcomb ❍✟✟ Pa
✟✛
✟ ✟❍❍
Te w huile froide
✲ �

P
combustible

Figure 7.12. Commande en cascade (TT : transmetteur de température ; TP :


transmetteur de pression).


Y1 �� KOM,1 GR,1 GR,2 GOC GP,2 GP,1 /(1 + GR,2 GOC GP2 GOM,2 )
� =
Y1,c � 1 + GR,1 GR,2 GOC GP,2 GP,1 GOM,1 /(1 + GR,2 GOC GP,2 GOM,2 )
BF
KOM,1 GR,1 GR,2 GOC GP,2 GP,1
=
1 + GR,2 GOC GP,2 GOM,2 + GR,1 GR,2 GOC GP,2 GP,1 GOM,1

Etudions la fonction de transfert Y2 /M2,c dans les deux cas suivants :



Y2 ��
a) uniquement la boucle externe : � = GOC GP,2
M2,c �
�BF
Y2 �� GR,2 GOC GP,2
b) commande en cascade : � =
M2,c � 1 + GR,2 GOC GP,2 GOM,2
BF

Considérons ces relations à l’aide de l’exemple numérique suivant :


7.3 COMMANDE EN CASCADE 191

2 0, 5 4
GOC = GP,2 = GP,1 =
0, 2s + 1 s+1 (10s + 1)(s + 1)
GOM,2 = 0, 5 GOM,1 = 0, 25 GR,2 = 10
1 10
GL,2 = GL,1 =
s+1 (10s + 1)(s + 1)

Nous obtenons ainsi :



Y2 �� 2 0, 5 1
• � = �
M2,c � 0, 2s + 1 s + 1 s+1
�BO
Y2 �� 2 0,5
10 0,2s+1 s+1 1, 67
• � = 2 0,5 �
M2,c � 1 + 10 0,2s+1 s+1 0, 5 0, 167s + 1
BF
On remarque que, en première approximation, le transfert de M2,c (la sortie
du régulateur primaire) à y2 est six fois plus rapide grâce à la boucle interne.
Ceci permet d’améliorer sensiblement la performance du système commandé
en cascade. La figure 7.13 compare les performances en asservissement et en
régulation du système commandé par rétroaction simple et de celui commandé
en cascade. La commande en cascade est notablement supérieure pour rejeter
la perturbation d2 qui agit sur la boucle interne. Les régulateurs de type PID
suivants ont été utilisés dans cette étude :

• Rétroaction simple KR = 10, τI = 4, τD = 1


• Régulateur primaire du montage en cascade KR,1 = 15, τI = 2, τD = 0, 5
Régulateur secondaire KR,2 = 10

7.3.4 Propriétés de la commande en cascade

a) Rejet rapide des perturbations qui influencent la boucle interne (une cor-
rection est possible dès que Y2 change).
b) Amélioration également de la vitesse de rejet d’une perturbation qui in-
fluence la boucle externe, car le transfert M2,c → Y2 est plus rapide.
c) Une réponse plus rapide de la boucle interne donne une marge de stabilité
accrue ainsi qu’un statisme réduit dans le cas d’un régulateur primaire de
type P , car des gains plus élevés peuvent être utilisés.

7.3.5 Conception d’une commande en cascade

a) Placer la boucle externe en manuel et mettre au point GR,2 à l’aide d’une


des méthodes de la section 5.9.
b) Placer la boucle interne en automatique et mettre au point GR,1 .
Remarques
192 7 COMMANDES AVANCÉES

a) La boucle interne doit être plus rapide que la boucle externe. Un cer-
tain statisme est acceptable ici car l’objectif de la commande n’est pas la
grandeur secondaire y2 . On utilise de ce fait souvent un régulateur P .
b) La boucle externe contient de préférence un régulateur P I ou P ID de
façon à éliminer l’erreur statique.

7.4 EXERCICES RÉSOLUS


Exercice 1
Le schéma fonctionnel d’une commande en cascade (fig. 7.10) fait in-
tervenir les fonctions de transfert GP,2 et GP,1 en série. Montrer que cette
représentation est générique pour un système linéaire avec une entrée et deux
sorties mesurées.

Solution
Le schéma fonctionnel de la figure 7.10 permet d’écrire :
Y1 (s) Y2 (s)
= GP,1 (s)GP,2 (s) = GP,2 (s)
U (s) U (s)
Un système linéaire avec une entrée et deux sorties peut se représenter
avec les fonctions de transfert G1 (s) et G2 (s) :
GP,2 Y2 (s)
= G1 (s) = G2 (s)
U (s) U (s)
En comparant ces expressions, on peut définir GP,2 et GP,1 à partir de G1
et G2 comme suit :
GP,2 (s) = G2 (s)
G1 (s) G1 (s)
GP,1 (s) = =
GP,2 (s) G2 (s)

Exercice 2
Soit un réacteur continu équipé d’un manteau de refroidissement dans
lequel se déroule la réaction chimique 2A + B → C. Les réactifs A et B sont
alimentés avec les débits volumiques qA et qB de concentrations respectives
cA,in et cB,in . Le réfrigérant entre dans le manteau avec le débit massique wR .
Le réacteur et le manteau peuvent être considérés comme des zones homogènes
avec les températures respectives T et Tm . Dans ce système, on considère qA
et wR comme entrées et qB comme perturbation. Le comportement thermique
du réacteur peut se représenter par le diagramme suivant :
On souhaite commander la température du réacteur continu ainsi que
réguler autour de 2 le rapport stoichiométrique entre les nombre de moles de
A et B en alimentation. Utiliser un diagramme pour :
7.4 EXERCICES RÉSOLUS 193

a) Dessiner le schéma fonctionnel d’une commande en cascade pour com-


mander T en ajustant wR . Identifier chaque signal du diagramme.
b) Dessiner le schéma fonctionnel de la régulation du rapport stoichiométrique
en indiquant les opérations à effectuer. Utiliser les notations données dans
le diagramme thermique du réacteur.
194 7 COMMANDES AVANCÉES

Solution
a) Commande en cascade
b) Commande de rapport
Débits molaires :
� �
mol
ṅA = qA cA,in ṅB = qB cB,in
s
Exercice 3
On considère un brûleur et sa commande en cascade donnée à la figure
7.12. On a mesuré expérimentalement les fonctions de transfert suivantes :
M1 (s) 0, 8 M2 (s) 1, 2
= =
N (s) (20s + 1)(2s + 1) N (s) 0, 1s + 1

a) Calculer les régulateurs d’un schéma en cascade de type P I − P .


b) Ce type de schéma en cascade vous semble-t-il utile en asservissement ?
En régulation ? Justifier votre réponse avec des exemples concrets.
Solution

M1 M1 N 0, 8 0, 1s + 1 0, 67(0, 1s + 1)
GP,1 = = = · =
M2 N M2 (20s + 1)(2s + 1) 1, 2 (20s + 1)(2s + 1)
M2 1, 2
GP,2 = =
N 0, 1s + 1
a) Boucle interne, régulateur secondaire pour GP,2
Spécification du système bouclé :
1
GBF =
0, 05s + 1
τs + 1
→ GR,2 = , régulateur P I avec :
KτBF s
1 τ 1 0, 1
KR = = = 2, 5
K τBF 0, 8 0, 05
τI = τ = 0, 1
Si on souhaite un régulateur P , on peut choisir τI → ∞ (pas de terme I)
et augmenter légèrement KR

→ GR,2 = KR = 4
Boucle externe, régulateur primaire pour M1 /M2,c

0, 67(0, 1s + 1) 1, 2
·4·
M1 M1 M2 GR,2 GP,2 (20s + 1)(2s + 1) 0, 1s + 1
= = GP,1 =
M2,c M2 M2,c 1 + GR,2 GP,2 4 · 1, 2
1+
0, 1s + 1
7.5 SYMBOLES UTILISÉS 195

0, 55(0, 1s + 1) 0, 55e−2s
= �
(20s + 1)(2s + 1) 20s + 1
Régulateur P I selon Z − N :
τ 20
KR = 0, 9 = 0, 9 = 16, 4
θK 2 · 0, 55
τI = 3, 33θ = 3, 33 · 2 = 6, 67
b) Peu d’effet en asservissement car la constante de temps de GP,2 est petite
mais bon pour rejeter la perturbation pa dans la boucle secondaire.

7.5 SYMBOLES UTILISÉS

cp chaleur spécifique [J/kg˚C]


d perturbation
e erreur ou écart de commande
G(s) fonction de transfert
∆Hv enthalpie de vaporisation [J/kg]
K gain statique
m nombre de zéros
m débit massique [kg/s]
M signal électrique de mesure normé [V]
n nombre de pôles
N signal électrique de commande normé [V]
p pression [Pa]
P puissance [W]
Q signal électrique de mesure normé [V]
r rapport m/v
s variable complexe de Laplace
T température [˚C]
u signal d’entrée
w débit massique [kg/s]
y signal de sortie
θ retard pur [s]
τ constante de temps [s]
196 7 COMMANDES AVANCÉES

Indices et autres symboles


Xa X d’alimentation
XBF X en boucle fermée
XBO X en boucle ouverte
Xc X de consigne
Xcomb X du combustible
X BF X de rétroaction (feedback)
XF F X de compensation de perturbation (feedforward)
Xe X d’entrée
XL X de perturbation (� load �)
Xm X du manteau
XOC X de l’organe de commande
XOM X de l’organe de mesure
XP X du processus
XR XR du régulateur
Xv X de la vapeur
X1 X de la boucle primaire (externe)
X2 X de la boucle secondaire (interne)
7.5 SYMBOLES UTILISÉS 197

y1

2
1.8
1.6
1.4
1.2
1
0.8
0.6
0.4 cascade
rétroaction simple
0.2
0 ✲
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t
Figure 7.13. Performance en asservissement et en régulation d’une commande par
rétroaction simple et d’une commande en cascade. Saut de consigne à t = 0, saut
de la perturbation d2 à t = 30 et saut de la perturbation d1 à t = 60.

qB
qA ❄ T
✲ ✲
Système thermique
✲ ✲
wR Tm
qB

qA T
✲ ✲
✲❢ ✲ ✲❢
Tc e Tm,c e2 N
1
Régulateur 1 ✲ Régulateur 2 ✲ Système thermique Tm✲
- wR
✻ ✻-
198 7 COMMANDES AVANCÉES

qB
r
r= ṅA
ṅB
=
qA cA,in
qB cB,in

❢- e

✲❄ ✲ Régulateur qA ✲ T ✲
rC = 2 Système thermique
wR ✲ Tm✲

pa w T2
❄ ❄
G1,2 GL,1

✲❢ ✲ ✲ ❢ ❢ ✲ ✲ ❢
M2,c
✲❄ ❄
M1,c e e2 N +M + M1
1
GR,1 ✲ GR,2 ✲ GP,2 2
GP,1 ✲
- - ✻ + +

8
COMMANDE NUMÉRIQUE

Ce chapitre représente une introduction à l’implantation numérique d’une


commande. Le régulateur analogique, par exemple de type PID, est remplacé
par un algorithme numérique sur microprocesseur. Du fait de sa flexibilité
accrue, ce type de mise en oeuvre domine désormais la palette des réalisation
industrielles.

8.1 ÉLÉMENTS D’UNE COMMANDE NUMÉRIQUE


8.1.1 Commande analogique ou commande numérique ?

Les signaux des organes de mesure ou ceux activant les organes de com-
mande sont le plus souvent de type analogique. Jusqu’à l’avènement de l’or-
dinateur, et surtout du microprocesseur, bien meilleur marché, le régulateur
permettant de calculer le signal de commande N à partir du signal écart e
était de type analogique, soit électrique, soit pneumatique (fig. 8.1). Dans ce
contexte, chaque boucle de commande possède son propre régulateur, lequel
est limité dans les opérations qu’il peut effectué (additions, multiplications et
intégrations sont possibles, mais par exemple pas la réalisation d’un retard
pur). De plus, un régulateur analogique est, de par sa construction, sensible
aux bruits et imprécisions électriques ou pneumatiques.
Avec des coûts toujours plus réduits, le microprocesseur à révolutionné,
parmi tant de domaines, celui de l’automatique. Un microprocesseur peut,
par exemple, implanter quasi simultanément plusieurs boucles de commande,
utiliser si nécessaire des lois de commande plus performantes que l’algorithme
PID, échanger de l’information avec un organe de supervision.
Un microprocesseur travail de façon séquentielle et à temps discret. Il
convient donc d’échantillonner le signal de mesure M (t), c’est-à-dire de lire
sa valeur Mk pour un nombre fini d’instant particulier k� où � est la
période d’échantillonnage et k = 0, 1, 2, . . . De même, la loi de commande
200 8 COMMANDE NUMÉRIQUE

REGULATEUR ANALOGIQUE

loi de commande u(t) y(t)


Actionneur Processus
analogique
Mc (t) e(t) N (t)

Capteur
M (t)

Figure 8.1. Régulateur analogique.

numérique génère le signal de commande Nk à des instants particuliers. Il


est donc nécessaire de fournir au microprocesseur de l’information (signal de
mesure) sous forme numérique et d’interpréter son message (signal de com-
mande) dans le même format. A cet effet on utilise une interface - conver-
tisseur analogique-numérique (A/N ) et convertisseur numérique-
analogique (N /A) - permettant de convertir un signal analogique en suite
de nombre et vice versa (fig. 8.2).
L’organisation logicielle de la commande numérique est donnée à la figure

REGULATEUR NUMERIQUE

+ loi de commande u(t) y(t)


N/A Actionneur Processus
Mc,k ek numérique
− Nk N (t)

A/N Capteur
Mk M (t)

Figure 8.2. Régulateur numérique avec convertisseur A/N et N/A (l’indice k in-
dique l’instant temporel discret).

8.3. Le microprocesseur attend jusqu’au prochain temps d’échantillonnage


t = k�. Après conversion A/N de la mesure, le microprocesseur évalue l’écart
ek et implanter la loi de commande numérique (par exemple l’équation 8.4 ci
dessous) pour générer Nk . Ce signal numérique est ensuite sous forme analo-
gique par le convertisseur N/A et envoyé à l’actionneur.
8.1 ÉLÉMENTS D’UNE COMMANDE NUMÉRIQUE 201

8.1.2 Différents types de signaux

Un signal analogique (tel que la tension produite par un thermocouple


ou par un capteur de pression) est défini pour un intervalle continu de temps.
Son amplitude est également définie pour un intervalle continu de valeurs.
Un signal discret est défini uniquement pour des instants discrets. Si son
amplitude est définie pour un intervalle continue de valeurs, le signal est ap-
pelé signal échantillonné. Si par contre l’amplitude ne peut prendre que des
valeurs discrètes, le signal discret est de type numérique. La quantification

Attente
t = k�

Conversion A/N
de la grandeur mesurée

Loi de commande
k := k + 1 numérique

Conversion N/A
de la grandeur de
commande

Figure 8.3. Organisation logicielle de la commande numérique.

des signaux échantillonnés est présente dans les calculateur numériques du


fait de la longueur finie des mots. Cependant, cette différence entre signal
échantillonné et signal numérique est souvent négligées et les deux termes uti-
lisés de façon interchangeable.
202 8 COMMANDE NUMÉRIQUE

8.1.3 Conversion de signaux

Un signal analogique se laisse convertir sous forme numérique à l’aide


d’un convertisseur A/N. Celui-ci consiste en un circuit électronique qui
échantillonne le signal analogique à une fréquence déterminée et le convertit
sous forme numérique codée dans un mot de longueur fixe. Un convertisseur
N/A a la fonction inverse, c’est-à-dire celle de convertir un signal numérique
sous dorme analogique (par exemple en maintenant constante l’amplitude de
signal durant la période d’échantillonnage).
Si un convertisseur A/N de 12 bits est utilisé pour convertir un signal
électrique défini entre 0 et 10 [V], la précision de la conversion est indiquée
par la résolution :
10[V ] 10[V ]
résolution = 12
= = 0.0024[V ]
2 −1 4095
Dans quel cas la résolution joue-t-elle un rôle important ?

8.1.4 Exemple : commande numérique de température

La température d’un réacteur agité à marche continue (réactif A, produit


P ) est commandée au moyen du débit d’eau de refroidissement dans le man-
teau (fig. 8.4).
interface

Tc M (t)
microprocesseur
(4 − 20[mA])

N (t)

(4 − 20[mA])
A, P

eau de refroidissement T
q

Figure 8.4. Réacteur avec commande numérique de température.

La figure 8.5 montre le schéma fonctionnel du système bouclé.


Après conditionnement du signal du mesure M (par exemple normé entre
4 − 20[mA]), celui-ci est échantillonné et transformé sous forme numérique
par le convertisseur A/N . La loi de commande numérique calcul la sortie
8.2 RÉGULATEUR PID NUMÉRIQUE 203

numérique Nk sur la base de l’écart ek . La grandeur de consigne Tc est in-


troduite par l’opérateur à l’aide du clavier du calculateur et calibrée pour
donner le signal de consigne numérique normé Mc,k . Le signal de commande
N généré par le convertisseur N/A évolue par paliers correspondant aux va-
leurs successives Nk transmises par microprocesseur (voir aussi fig. 8.2). La
vanne commandant le débit q est actionnée par le signal de commande N .

Mc,k + ek loi de Nk N q T
N/A vanne réacteur
− commande

Mk M
A/N thermomètre

microprocesseur interface actionneur processus


capteur

Figure 8.5. Schéma fonctionnel de la commande numérique de la figure 8.4.

8.2 RÉGULATEUR PID NUMÉRIQUE


8.2.1 Loi de commande

Un microprocesseur pouvant effectuer des calculs numériques compliqués,


la loi de commande n’est en soi pas limitée aux fonctions P, I et D. Cependant,
suite à l’acceptation de l’algorithme P ID par l’industrie (parce que simple et
adapté à de nombreuses situations industrielles), l’algorithme numérique type
possède en fait les mêmes fonctions. Il s’agit donc d’un équivalent numérique
du régulateur PID analogique.
Le signal de commande du régulateur P ID analogique est donné, en va-
riables écarts, par :
� � �
1 t � � d
N (t) = KR e(t) + e(t )dt + τD e(t) (8.1)
τI 0 dt

ou par Nrel (t) = N̄ref + N (t) en variable absolues (fig. 5.13). N̄ref représente
la commande a priori, e(t) l’erreur de commande, KR le gain du régulateur,
τ1 et τD les constantes de temps d’intégrations et de dérivation.
Les contributions intégrales et dérivée de l’équation (8.1) ne peuvent pas
être évaluées exactement dans le cas de signaux discrets. Il est cependant
204 8 COMMANDE NUMÉRIQUE

possible, à l’aide de la méthode des différences finies, d’approcher ces contri-


butions de la façon suivante (fig. 8.6 et 8.7) :
� t k

a) e(t� )dt� � � e(i�) (8.2)
0 i=1

intégration rectangulaire rétrograde t = k�, l’instant actuel, et � la


période d’échantillonnage.

d e[k�] − e[(k − 1)�]


b) e(t) � (8.3)
dt �
différence rétrograde
Avec les approximations (8.2) et (8.3), l’équation (8.1) donne pour le temps
t = k� :
� ��
k
τD �
N k = KR e k + ei + (ek − ek−1 ) (8.4)
τI i=1 �

où la notation Nk par exemple est utilisé pour N (k�). Il est également

0 � 2� k� t
Figure 8.6. Approximation de l’intégrale par la méthode des différences finies avec
le schéma rectangulaire rétrograde.

possible d’utiliser la méthode des trapèzes (plus précise) pour approcher


l’intégrale de l’équation (8.1)(fig. 8.8). Dans ce cas, la loi de commande
numérique devient :
8.2 RÉGULATEUR PID NUMÉRIQUE 205

e[k�] − e[(k − 1)�]



d
e(t)
dt

0 (k − 1)� k� t

Figure 8.7. Approximation de la dérivée à l’instant k� avec la méthode des


différences finies.

� k
� � ei−1 + ei τD �
N k = KR e k + + (ek − ek−1 ) (8.5)
τI i=1 2 �

Les équations (8.4) et (8.5) représentent l’algorithme P ID sous sa forme


position (le microprocesseur calcule à chaque instant d’échantillonnage la
valeur ou position, en variable écart, du signal de commande). La forme
vitesse de l’algorithme P ID numérique est obtenue en comparant la valeur
du signal de commande aux deux instants consécutifs (k − 1)� et k� :
� � τD �
Nk = Nk−1 + KR ek − ek−1 + ek + (ek − 2ek−1 + ek−2 ) (8.6)
τI �
à partir de l’équation (8.4) et
� � ek + ek−1 τD �
Nk = Nk−1 + KR ek − ek−1 + + (ek − 2ek−1 + ek−2 ) (8.7)
τI 2 �
à partir de l’équation (8.5). Cet algorithme donne la valeur incrémentale du
signal de commande, ∆Nk = Nk − Nk−1 . Celle-ci peut être utilisée pour
commande un moteur pas-à-pas, lequel actionne une vanne par exemple. Si
le microprocesseur tombe en panne, la position de la vanne est conservée par
le moteur. D’autre par, cet algorithme permet d’éviter qu’à la suite d’une
saturation de l’organe de commande (vanne entièrement ouverte ou fermée),
l’intégrateur continue à intégrer. L’élément intégral dans la forme vitesse de
l’algorithme se retrouve dans le terme Nk−1 . En cas de saturation, ce terme
reste bloqué sut la limite et, une fois la saturation terminée, le signal de
206 8 COMMANDE NUMÉRIQUE

0 � 2� k� t

Figure 8.8. Approximation de l’intégrale par la méthode des différences finies avec
le schéma trapézoı̈dale.

commande peut s’éloigner rapidement de la limite de saturation. Cela n’est


pas le cas avec la forme position de l’algorithme, équations (8.4) et (8.5), car la
valeur de l’intégrale (la sommation) ne cesse de grandir durant la saturation.

8.2.2 Choix des paramètres du régulateur numérique

Etudions l’effet des convertisseur A/N et N/A dans la boucle de com-


mande. Le signal de mesure M (t) est d’abord échantillonnée. Après le calcul
d’un signal de commande numérique., celui-ci est maintenu constant durant
une période d’échantillonnage afin de produire le signal analogique échelon
N (t). L’effet des deux convertisseur dans la boucle peut être visualisée par
la comparaison des signaux M (t) et N (t) donnés à la figure 8.9, c’est-à-dire
sans régulateur. Si l’effet dynamique des deux convertisseur était négligeable,
les deux signaux M (t) et N (t) seraient identiques. Or, il se trouve que

M (t) N (t)
A/N N/A

Figure 8.9. Situation pour visualiser l’effet des convertisseurs dans la boucle
de commande : convertisseur A/N suivi d’un convertisseur N/A pour retrouver
idéalement M (t) en sortie.

M (t) et N (t) ne sont pas identiques. Le signal M (t) retardé de �/2 donne le
signal Na (t). Les trois signaux M (t), N (t) et Na (t) sont comparés graphique-
8.2 RÉGULATEUR PID NUMÉRIQUE 207

ment à la figure 8.10. Comme Na (t) représente une assez bonne approxima-
tion de N (t), on dira que les convertisseur introduisent approximativement
un retard �/2, comme indiqué à la figure 8.11. Il est donc possible de

Na

0 T 2T kT t

Figure 8.10. Effet des convertisseurs dans la boucle de commande : comparaison


des trois signaux M, N et Na .

concevoir un régulateur numérique en utilisant les règles établies pour les


régulateurs analogiques mais en y ajoutant le terme exp(−�s/2) à la fonc-
tion de transfert du système à commander pour tenir compte de l’effet des
convertisseurs. Cependant, pour autant que la période d’échantillonnage �
soit suffisamment petite par rapport à la constante de temps dominante du
processus (� ≤ 0, 1τ ), le terme correctif peut être négligé. Ainsi, les règles pour
déterminer les paramètres des régulateurs analogiques sont également appli-
cables aux régulateur numériques. Le choix de la période d’échantillonnage �
sera discuté plus loin.

Mk Mf,k
retard pur �/2

Figure 8.11. Approximation analogique de l’effet des convertisseurs dans la boucle


de commande.
208 8 COMMANDE NUMÉRIQUE

8.3 FILTRAGE DES SIGNAUX BRUITÉS


8.3.1 Filtre de garde

Le signal de mesure est souvent perturbé par du bruit consistant en des


fluctuations plus ou moins rapides du signal. Ces fluctuations parasites ne
contiennent aucune information utile. Elles peuvent être générées par de ra-
pides dérangements du processus, des turbulences autour du capteur, du bruit
associé à l’instrument de mesure ou encore des interférences électriques. Ce
bruit dégrade la performance du régulateur et peut causer une usure excessive
de l’organe de commande. Il est donc souhaitable de l’éliminer et, si possible,
à sa source déjà (changement dans le processus ou le capteur, mise é terre de
l’installation, blindage des câbles électriques, etc.). Il faut ensuite procéder au
filtrage de la mesure à l’aide d’un filtre analogique appelé —filtre de garde.
Le signal est donc filtré avant la conversion A/N , par exemple à l’aide d’un
filtre électrique de type RC.

8.3.2 Filtre numérique

Si nécessaire, un filtre numérique (après la conversion A/N ) peut être


utilisé de surcroı̂t. Un tel filtre se laisse aisément implanter et modifier sur
microprocesseur. Nous donnons ici l’équation d’un filtre exponentiel du pre-
mier ordre avec une constante de temps τf (fig. 8.12).

Mf,k = αMk + (1 − α)Mf,k−1 (8.8)

avec
� 1
α = 1 − exp(− � ) (8.9)
τf 1 + τf /�

La grandeur filtrée au temps k� comporte une contribution de la grandeur

Mk Mf,k
Filtre numérique
grandeur mesurée grandeur filtrée

Figure 8.12. Filtre numérique.

mesurée au temps k� ainsi qu’une contribution de la grandeur filtrée au temps


(k − 1)� :
• Pour α = 1 (τf = 0), la grandeur filtrée est égale à la grandeur mesurée
(aucun flitrage)
• Pour α = 0 (τf → ∞), le filtrage est total car la grandeur mesurée n’a
pas d’influence sur la grandeur filtrée.
8.4 CHOIX DE LA PÉRIODE D’ÉCHANTILLONNAGE 209

On choisit souvent α � 0, 6−0, 7. Mais ce choix, lequel constitue un compromis


entre une bonne élimination des fluctuations (α petit) et peu de retard pour
la grandeur filtrée (α grand), dépend surtout de l’application particulière.

Calculer la réponse indicielle d’un filtre numérique exponentiel pour α =


0.6.

8.4 CHOIX DE LA PÉRIODE


D’ÉCHANTILLONNAGE

Le régulateur PID numérique donne, de par son mode de travail discret,


une qualité de régulation inférieur à celle du régulateur analogique. Il est donc
normal de vouloir choisir la période d’échantillonnage � aussi petite que pos-
sible afin d’approximer au mieux la commande analogique. Il y a cependant,
dans la pratique, d’autres facteurs qui influence ce choix :
a) Temps de calcul
Si la période d’échantillonnage est très petite, le microprocesseur passe
la majeure partie de son temps à servir l’interface et à calculer le signal
de commande. Cela est peu souhaitable, surtout si le processeur doit
servir plusieurs boucles simultanément.
b) Dynamique du processus
La période d’échantillonnage doit s’adapter au processus. Si celui-ci est
lent, comme c’est généralement le cas pour les applications chimiques,
il n’y a aucun avantage à échantillonner rapidement. D’autre part, il
est dangereux d’échantillonner trop rapidement lorsqu’un signal change
lentement car l’effet de quantification devient relativement important.
c) Instrument de mesure
Certains capteur ne permette que des mesures intermittentes (par
exemple, un chromatographe en phase gazeuse ne livre une mesure que
toutes les 2-3 minutes).
d) Spectre de perturbations
Il est dangereux d’échantillonner de manière peu fréquente, car cela peut
provoquer l’apparition de signaux numérique factices (alias) de basses
fréquences. Il est recommandé d’utiliser une fréquence d’échantillonnage
environ cinq fois plus grande que la plus haute fréquence contenue dans
le signal de mesure. Donc, si des perturbations de façon analogique avant
le convertisseur A/N (avec filtre de garde).
Un choix de � entre 0, 05τ et 0, 1τ (τ étant la constante de temps dominante
du processus) est souvent recommandé.
210 8 COMMANDE NUMÉRIQUE

8.5 COMMANDE NUMERIQUE D’UNE UNITÉ


DE PRODUCTION CHIMIQUE

Le schéma d’une installation chimique pour produire C à partir des réactifs


A (gaz) et B (liquide) est donnée à a figure ??. Le produit C est pris en tête
de la colonne de distillation. Les composants A et B qui n’ont pas réagi son re-
cyclés avant le réacteur. La réaction est très exothermique et a lieu en phase
gazeuse. Les objectifs de la commande sont le maintien d’un taux de pro-
duction désiré et de la qualité du produit C en dépit de perturbations non
mesurables.
La complexité de la commande est apparente à la figure ?? où les prin-
cipales boucles de rétroaction sont indiquées. Ces boucles s’influencent les
unes les autres si bien qu’un fonctionnement souple de l’installation demande
un élément de supervision. Celui-ci exige un transfert constant d’information
entre les différentes parties de l’installation ainsi que certaines possibilités de
calcul (par exemple pour ajuster dynamiquement les grandeurs de consigne).
Une mise en oeuvre numérique est requise. Le calculateur responsable de la
coordination hiérarchique peut également réaliser toutes les boucles gardent
un caractère DDC : � direct digital control �). Souvent, certaines boucles
gardent un caractères local et sont mises en oeuvre séparément du calculateur
différentes pour les déférentes boucles.
Cet exemple montre bien que l’avantage d’une mise en oeuvre numérique,
dû surtout à une flexibilité accrue, augmente fortement avec la complexité du
système à commande.

8.6 SYMBOLES UTILISÉS

A réactif
A/N convertisseur analogique-numérique
e erreur de commande [V ]
ek erreur d’échantillonnage
k instant temporel discret
KR gain du régulateur
M signal de mesure [V ]
N signal de commande [V ]
Nreel signal de commande réel, en valeur absolue [V ]
Na signal de commande approché [V ]
N/A convertisseur numérique analogique
N̄ref signal de commande de référence à l’état stationnaire [V ]
P produit
q débit d’eau de refroidissement [m3 /s]
s variable complexe de Laplace
t temps [s]
8.6 SYMBOLES UTILISÉS 211

T température [˚C]
� période d’échantillonnage [s]
α coefficient du filtre numérique
τ constante de temps [s]
τI constante de temps d’intégration [s]
τD constante de temps de dérivation [s]
τf constante de temps du filtre [s]

Indices
Xc X de consigne
Xf X filtré
Xk X échantillonné au temps t = k�
9
ORGANES DE MESURE ET DE
COMMANDE

Dans une boucle de commande, on retrouve les éléments représentés à la


figure 9.1. Le processus équipé pour la commande comporte donc des or-

(convertisseur A/N ) (convertisseur N/A)


✲ Régulateur


Organe de Organe de
mesure commande

Processus ✛

Système à commander

Figure 9.1. Eléments d’une boucle de commande.

ganes de mesure (par exemple, un thermocouple) et des organes de commande


(par exemple, une vanne automatique) que nous allons décrire ci-après.
214 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE

9.1 LES ORGANES DE MESURE (CAPTEURS)


L’organe de mesure permet la conversion d’une grandeur physique à mesu-
rer en un signal analogique (électrique ou pneumatique) normé ; il s’agit donc
d’un convertisseur A/A (9.2).

9.1.1 Caractéristiques d’un organe de mesure


Le comportement dynamique d’un organe de mesure peut souvent être ap-
KOM
proché par une fonction de transfert du premier ordre : GOM (s) =
τOM s + 1

Energie extérieur
nécessaire à l’amplification

Organe de mesure industriel


grandeur

à mesurer signal normé
✲ CAPTEUR ✲ TRANSMETTEUR ✲
(ex. : T[˚C]) (ex. : I[A]) (CONDITIONNEUR) (ex. : U[V])

Figure 9.2. Fonction d’un organe de mesure.

Comme la constante de temps de l’organe de mesure est souvent bien plus


petite que celle du processus (τOM � τP ), on a :
GOM (s) � KOM
La caractéristique statique d’un organe de mesure peut être linéaire ou
non linéaire :

a) Cas linéaire
Dans le cas linéaire, le gain de l’organe de mesure est constant (fig. 9.3) :
� �
20 − 4 mA
KOM = = 0, 32
100 − 50 ˚C
b) Cas non linéaire
Dans le cas non linéaire, le gain de l’organe de mesure n’est pas constant ;
en effet, la pente de la courbe change suivant la valeur de la grandeur mesurée
(9.4). Cette non-linéarité de l’organe de mesure se retrouve dans la boucle de
commande puisque GOM (s) est un élément de cette boucle.
9.1 LES ORGANES DE MESURE (CAPTEURS) 215

I[mA] ✻

20

15 pente =
gain statique
10

0 ✲
✛ ✲
0 50 100 grandeur mesurée
plage de (ex : T en [˚C])
”zéro” fonctionnement

Figure 9.3. Caractéristique statique d’un organe de mesure linéaire.


I[mA] ✻

20

15

10

0 ✲
✛ ✲
0 50 100 grandeur mesurée
plage de (ex : T en [˚C])
”zéro” fonctionnement
Figure 9.4. Caractéristique statique d’un organe de mesure non linéaire.

9.1.2 Types de signaux normés utilisés dans l’industrie

4 − 20 [mA]
0 − 5 [V]
1 − 5 [V]
(−5) − 5 [V]
0 − 10 [V]
0, 2 − 1 [bar surpression]
Lorsqu’un signal doit traverser une zone avec danger d’explosion (at-
mosphère explosive), on utilise un signal pneumatique à la place d’un signal
électrique.
216 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE

Un convertisseur de signal permet de convertir un type de signal en un


autre.
Si nous adoptons les notations suivantes :
U : grandeur représentant une tension électrique
I : grandeur représentant un courant électrique
P : grandeur représentant un signal pneumatique

on connaı̂t alors les convertisseurs de signaux suivants : U/I, U/P, I/P, P/U, P/I.
Prenons l’exemple d’un convertisseur U/I : il s’agit comme source de cou-
rant, le courant I étant proportionnel à la tension U . Cet arrangement permet
d’utiliser plusieurs appareils en série comme indiqué dans le schéma de la figure
9.5. La tension électrique normée M , proportionnelle à la grandeur à mesurer
y, constitue la sortie de l’organe de mesure. Elle est facilement reconstruite à
l’aide de la résistance R : M = RI.

Appareil
de
visualisation

y I[A]
U [V ] ... Imprimante
✲ organe de ✲ convertisseur
mesure (chauffage) ...
grandeur
à mesurer •
M✲
R
Régulateur

Figure 9.5. Appareils de mesure et de visualisation montés en série.

9.1.3 Capteurs de température

La thermométrie (ou pyrométrie s’il s’agit de températures élevées) fait


appel à des méthodes extrêmement nombreuses ; on se bornera ici à en expo-
ser les principes dans leur grandes lignes.

a) Thermocouple
Dans un circuit électrique fermé constitué de deux conducteurs de nature
différente circule un courant lorsque l’on maintient entre les deux jonctions une
différence de température ; ce phénomène (lié à l’effet Peltier) est utilisé pour
la réalisation de sondes thermométriques très précises. La force électromotrice
qui apparait dans le circuit dépend de la nature des deux conducteurs et des
températures des deux jonctions : celles-ci sont appelées respectivement sou-
dure chaude et soudure froide. Une des jonctions est en général maintenue à
une température de référence (par exemple 0[˚C]), l’autre servant de capteur.
9.1 LES ORGANES DE MESURE (CAPTEURS) 217

Les métaux A/B les plus couramment utilisés sont les suivantes :

A B
Cr − Constantan
Cu − Constantan
Fe − Constantan
Cr − Al
Pt − Rh
La tension U est, en première approximation, linéairement proportionnelle
à la température T , comme indiqué à la figure 9.6. b) Thermomètre à résistance

U [mV]

50

40

30

20

10

0 ✲
0 500 1000 1500 T [˚C]
Figure 9.6. Caractéristique statique d’un thermocouple.

La résistance électrique d’un métal augmente avec la température (celle


d’un semi-conducteur décroı̂t). Le thermomètre à résistance de platine, très
précis si le métal est pur, peut être utilisé depuis −180 [˚C] jusque vers 1200
[˚C].
Souvent, la résistance RT est placée dans un pont de Wheatstone comme
indiqué à figure 9.7. La tension mesurée U dépend de la tension appliquée U0
selon la relation :
RT − R
U = U0
2(R + 2r + RT )

En ajustant R de manière à obtenir U = 0, on a RT = R et, par là, la


température T .
La caractéristique statique d’un thermomètre à résistance (métal) est
donné à la figure 9.8, celle d’un thermistor (semi-conducteur) à la figure 9.9.
c) Thermomètre à dilatation
Il utilise le phénomène de dilatation thermique :
218 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE
U0

��❅

� ❅
� ❅
r r
� ❅
� • ❅
� • U ❅

❅ ✯ �


R ✟ �
✟✟ �

❅ �

RT
T
Figure 9.7. Thermomètre à résistance avec un pont de Wheatstone.
RT [Ω]

500

400

300

200

100

0 ✲
−200 0 200 400 600 T [˚C]
Figure 9.8. Caractéristique statique d’un thermomètre à résistance (métal).

a) Dilatation des solides, dans le cas d’un thermomètre bimétallique, c’est-


à-dire formé de deux pièces métalliques avec des coefficients thermiques
différents. Ils sont souvent utilisés comme combinaison d’éléments capteur
et de commande tout-ou-rien.
b) Dilatation des liquides, par exemple les thermomètres classiques à mercure
ou à alcool.
c) Dilatation des gaz produisant une pression proportionnelle à la température :

p = p0 (1 + αT )
9.1 LES ORGANES DE MESURE (CAPTEURS) 219

RT [Ω]

10

0 ✲
−100 −50 0 50 100 T [˚C]
Figure 9.9. Caractéristique statique d’un thermomètre à résistance (semi-
conducteur).

La pression résultante peut être normalisée et utilisée directement dans


une boucle de commande pneumatique ou, si nécessaire, elle peut être
convertie en signal électrique à l’aide d’un convertisseur P/I ou P/U .

9.1.4 Capteurs de pression

Les capteurs de pression convertissent une pression en une force ou un


déplacement à l’aide d’un manomètre, d’un tube de bourdon, d’un soufflet ou
d’un diaphragme ; cette force ou ce déplacement est ensuite converti en signal
électrique par une méthode résistive, capacitive, inductive, piézoélectrique ou
autres.
A titre d’exemple, le principe d’un manomètre élastique est représenté à
la figure 9.10.

9.1.5 Capteurs de débit

a) Débitmètre à organe déprimogène


Un resserrement de la conduite ou d’un orifice crée entre l’amont et l’aval
une différence de pression ∆p (perte de charge) liée au débit q par une relation
de la forme :

∆p
q = const
ρ

Un capteur de pression différentielle livre ainsi le signal de mesure.


220 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE

U

U0 +- potentiomètre ✛

soufflet

✻p

Figure 9.10. Capteur de pression (manomètre + potentiomètre).

b) Débitmètre inductif ou électromagnétique


L’application d’un champ magnétique constant perpendiculaire au sens
de l’écoulement provoque une tension induite proportionnelle à la vitesse
du fluide conducteur ; on peut en déduire le débit (fig. 9.11. Ce principe
de mesure est applicable uniquement aux liquides et gaz conducteurs. c)

N isolation

Figure 9.11. Débitmètre inductif.

Débitmètre mécanique
Un corps placé dans la conduite est soumis, de la part du fluide en mou-
vement à des forces aéro- ou hydrodynamiques qui entraı̂nent soit son mou-
vement (rotor d’une turbine) soit son déplacement (flotteur de rotamètre).
Un capteur approprié (tachymétrique dans le premier cas, position dans le
second) délivre un signal électrique proportionnel au débit.
9.1 LES ORGANES DE MESURE (CAPTEURS) 221

d) Débitmètre ultrasonique
Une onde acoustique se propage dans un milieu à la vitesse vs . Si le milieu

Emetteur
u
✟✟

✟ ✟
✟ ✻
✟ α
✟✟

Récepteur

Figure 9.12. Principe du débitmètre ultrasonique

de propagation est en mouvement à la vitesse u par rapport à l’observateur,


la vitesse vs� mesurée par ce dernier devient :
vs� = vs + u cos α
Le dispositif de mesure est constitué d’un émetteur d’impulsions ultraso-
nores et d’un récepteur à une distance L du premier (fig. 9.12).
La durée de propagation mesurée t dépend de la vitesse u (et donc du
débit q) selon la relation suivante :
L
t=
vs + u cos α

9.1.6 Capteurs de niveau

a) Méthodes mécaniques
Un flotteur à la surface du liquide ou un plongeur partiellement immergé
dans le liquide produisent l’un un déplacement, l’autre une force proportion-
nelle au niveau du liquide. Un capteur de position ou dynamométrique permet
de délivrer un signal électrique.

b) Méthodes hydrostatiques
Un capteur de pression différentielle permet de calculer le niveau h à partir
de la relation :
∆p = ρgh
222 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE

c) Méthodes électriques

Capteur conductimétrique :
utilisable uniquement avec des liquides conducteurs ; la sonde est constituée
de deux électrodes cylindriques placées verticalement et alimentées par
une faible tension alternative ; le courant qui y circule est proportionnel à
la longueur d’électrode immergée.
Capteur capacitif :
(utilisé pour les liquides isolants) ; la sonde est similaire à la précédente ; le
principe de mesure est basé sur la variation de capacité du à la variation de
la constante diélectrique en fonction de la longueur d’électrode immergée.

9.1.7 Capteurs de concentration ionique

Sur la base de leur principe de fonctionnement, les capteurs électrochimiques


pour mesurer des concentrations ioniques peuvent être répartis en trois
groupes principaux :

a) Méthodes potentiométriques
L’utilisation de ces capteurs repose sur la détermination de la différence
de potentiel qui s’établit entre une électrode de référence (électrode dont le
potentiel est constant et reproductible quel que soit le milieu dans lequel elle
est plongée). Cette différence de potentiel est fonction de l’activité des ions
présents dans l’électrolyte où le capteur est plongé. Les conditions opératoires
sont dites � potentiométrie à courant nul �si l’on n’impose pas de courant dans
le circuit de mesure, ce qui est le cas le plus fréquent ; dans le cas contraire il
s’agit de � potentiométrie à courant imposé �.

b) Méthodes ampérométriques
Le fonctionnement de ces capteurs fait appel au passage d’un courant dans
le circuit de mesure ; pour cela une différence de potentiel est appliquée entre
deux électrodes, généralement une électrode métallique et une électrode de
référence ; la concentration de l’espèce étudiée est proportionnelle à l’intensité
du courant qui circule entre les deux électrodes.

c) Méthodes conductimétriques
Pour la mise en oeuvre de ces capteurs, on impose une tension ou un cou-
rant alternatif à deux électrodes inattaquables plongeant dans la cellule de
mesure ; l’emploi de courant alternatif permet de limiter les erreurs dues à la
polarisation qui résulte des réactions aux électrodes. La mesure, soit de l’in-
tensité du courant lorsque la tension est imposée, soit de la tension lorsque
9.2 LES ORGANES DE COMMANDE (ACTIONNEURS) 223

l’intensité est imposée, permet de déterminer la résistance ou la conductance


du milieu étudié.

9.1.8 Capteurs de composition chimique

Les capteurs spécifiques de composition chimique sont difficiles à développer


pour une utilisation robuste et sont de ce fait courant dans la production chi-
mique.
Les mesures physiques sont souvent plus simples, bien que moins spécifiques,
que les mesures chimiques. Par exemple, une concentration peut être déduite
à partir d’une mesure de pH, conductimétrique, ou d’absorption IR/U V .
On essaie souvent de reconstruire une composition chimique à partir de
grandeurs facilement mesurables. Par exemple, une concentration peut parfois
se calculer à partir d’une mesure de température et de pression.
L’emploi d’électrodes spécifiques se développe.
L’utilisation de la chromatographie permet souvent d’effectuer des mesures
en temps presque réels pour des processus lents. Par exemple, une GC a un
temps d’analyse minimum de 2 − 3 [min].
Plus récemment, les méthodes spectroscopiques (spectres IR, N IR, Ra-
man, de masse, etc.) ont vu leurs domaines d’applications s’ouvrir énormément
suite à l’utilisation de méthodes chimiométriques permettant de calculer des
concentrations chimiques sur la base de mesures physiques d’absorbance ou
de réflectance.

9.2 LES ORGANES DE COMMANDE


(ACTIONNEURS)

En production chimique, on ajuste surtout :


• des débits de matière,
• des puissances de chauffage.

9.2.1 Vanne automatique

Il existe deux caractéristiques statiques fondamentales pour les vannes,


comme cela est illustré à la figure 9.13 :
a) caractéristique linéaire
b) caractéristique exponentielle
Ici, y représente le déplacement de la tige de la vanne et y100 le déplacement
pour un ouverture maximale.
Les caractéristiques représentées à la figure 9.13 ne sont malheureusement
valables que pour une perte de charge constante y/y100 . Ceci n’est bien sûr
pas du tout le cas en pratique car la perte de charge de la vanne varie avec le
224 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE

débit et les pertes que celui-ci créera dans les tuyaux et l’installation. Quand
la vanne est fermée, ces pertes dans l’installation sont nulles ; il s’ensuit que la
perte de charge de la vanne est maximale (∆p0 ). A l’autre extrême, lorsque la
vanne et relativement faibles à travers la vanne (∆p100 ). A l’aide du coefficient
α = (∆p100 )/(∆p0 ) on peut ainsi caractériser le comportement installé d’une
vanne (fig. 9.14 et 9.15).
Il est intéressant de constater que la caractéristique linéaire de la vanne (a)
se perd rapidement lorsque (δp100 /∆p0 ) diminue, alors que la caractéristique
de la vanne (b) devient approximativement linéaire. Ceci est la raison princi-
pale de l’utilisation généralisée de la vanne à caractéristique théorique expo-
nentielle dans l’industrie.
Une vanne automatique possède souvent un positionneur dont le rôle
essentiel est d’assurer une relation linéaire entre le signal de commande et le
déplacement de la tige. Un positionneur n’est rien d’autre que le régulateur
secondaire d’un montage en cascade (cf. section ??) ; ce régulateur est de
débit
q
qmax
[-] ✻
1

(a)

0, 5

(b)

0 ✲
0 0, 5 1 déplacement
y
y100
[-]
Figure 9.13. Caractéristique statique théorique d’une vanne (a : linéaire ; b : ex-
ponentielle).

type proportionnel et possède comme grandeur commandée le déplacement


de la tige et comme grandeur de consigne le signale de sortie du régulateur
primaire.
9.3 SYMBOLES UTILISÉS 225
débit
q
qmax
[-] ✻
1
α = 0, 1

0, 5
α = 1, 0

0 ✲
0 0, 5 1 déplacement
y
y100
[-]
Figure 9.14. Caractéristique statique installée d’une vanne linéaire en fonction du
coefficient α = (∆p100 )/(∆p0 ).

9.2.2 Corps de chauffe

Certains éléments de chauffage électriques sont très utilisés, surtout pour


de petites installations de production chimique. Le schéma de principe d’un
corps de chauffe électrique avec thyristor est représenté à la figure 9.16.

9.3 SYMBOLES UTILISÉS

A amplitude [J/K]
C capacité thermique
A/A convertisseur analogique-analogique
A/N convertisseur analogique-numérique
g accélération terrestre 9, 81 [m/s2 ]
G fonction de transfert
GC chromatographe en phase gazeuse
h hauteur du liquide [m]
I courant électrique [A]
I/P convertisseur courant-pression
IR infra-rouge
K gain statique
L distance émetteur-récepteur [m]
M signal électrique de mesure normé [V]
N signal électrique de commande normé [V]
226 9 ORGANES DE MESURE ET DE COMMANDE

N/A convertisseur numérique-analogie


N IR proche infra-rouge
p pression [Pa]
P signal pneumatique [bar]
P/I convertisseur pression-courant
P/U convertisseur pression-tension
∆p perte de charge [Pa]
q débit volumique [m3 /s]
r résistance électrique [Ω]
R résistante électrique [Ω]
RT résistance électrique variant en fonction de la température [Ω]
T température [˚C]
U tension électrique [V]
u vitesse de milieu de propagation [m/s]
U0 tension d’alimentation [V]
U/I convertisseur tension-courant
U/P convertisseur tension-pression
UV ultra violet
vs vitesse du son [m/s]
y déplacement de la tige [m]
y sortie mesurée
α paramètre
α angle [˚]
ρ masse volumique [kg/m3 ]
τ constante de temps [s]

Indices et autres symboles


Xmax valeur maximal de X
X0 X correspondant à la position fermée
X100 X correspondant à la position ouverte
XOC X de l’organe de commande
XOM X de l’organe de mesure
Xref X de référence
9.3 SYMBOLES UTILISÉS 227

débit
q
qmax
[-] ✻
1

α = 0, 1
0, 5
α = 1, 0

0 ✲
0 0, 5 1 déplacement
y
y100
[-]
Figure 9.15. Caractéristique statique installée d’une vanne exponentielle en fonc-
tion du coefficient α = (∆p100 )/(∆p0 ).
U0
••

sortie du puissance puissance


régulateur électrique thermique
✲ Thyristor ✲ Elément de ✲
0 − 5[V ] [kW ] (chauffage) [kW ]

Figure 9.16. Schéma d’un élément de chauffage électrique.

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