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Université M.

MAMMERI Tizi-Ouzou ; Faculté du Génie de la Construction ; Département de Génie Civil


Module : Procédés Généraux de Construction ; Section : Master2 Professionnel (2019-2020)

Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction


I. Introduction
L’industrialisation du bâtiment est une des caractéristiques de la deuxième moitié du vingtième
siècle. Elle est essentiellement due à une demande potentielle croissante ainsi qu’au développement
des techniques et la spécialisation de la main d’œuvre ; ce qui a amené les constructeurs à investir
dans un nouveau domaine porteur.
1. Usines de Préfabrication
1.1. Usines fixes
Elles représentent un investissement important, elles sont implantées dans une région à forte
urbanisation et desservent en principe plusieurs chantiers situés dans un rayon d’une
cinquantaine de kilomètres. Elles sont très bien équipées, puisque amorties sur un programme
très important.
1.2. Ateliers forains
Ce sont des installations plus légères sur chantier lui-même (encombrement), repliées à la fin de
celui-ci. Ils sont très fréquents sous forme partielle, pour la préfabrication de petits éléments
complémentaires.
Les aires de préfabrication peuvent être : à l’air libre, couvertes et fermées, avec parfois une
couverture mobile (partielle). Il s’agit d’éviter les effets des intempéries sur le personnel, ceux
des chocs thermiques en hiver ou en été sur les pièces en cours de préfabrication ou de pré-
stockage
L’industrialisation n’est possible que si une préparation minutieuse est accomplie, scindée en :
 Une étude Technique poussée pour déterminer :
. Le découpage possible de la construction
. Le mode de réalisation
 Une étude de Chantier pour définir :
. Les moyens mécaniques indispensables à l’exécution du travail (appareils de levage, de
Manutention…..)
. Les possibilités de transport des éléments s’ils sont préfabriqués en atelier
 Une étude Financière qui tient compte des données ci dessus pour choisir la méthode
d’exécution la plus rentable.

2. Avantages de l’industrialisation du bâtiment


 Rapidité d’exécution
 Prix de revient moindre grâce au travail en série
 Qualité améliorée grâce aux conditions d’exécution plus favorables en atelier que sur
chantier.
En conclusion, l’industrialisation nécessite de gros investissements qui, pour être amortis,
demandent une réalisation en grandes série. Il faut remarquer qu’une partie de ces investissements est
compensée par une économie sur les dépenses improductives (coffrages et échafaudages) et une
meilleure utilisation de la main d’œuvre pour laquelle une spécialisation est nécessaire.

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

II. Mode de préfabrication


On distingue deux modes : la préfabrication lourde et la préfabrication légère.
II.1. Préfabrication lourde
Elle se fait à partir d’éléments de murs formés de panneaux lourds à base de béton et de
polystyrène ou de béton et de céramique, préfabriqués soit dans des usines fixes ou foraines.
La préfabrication lourde permet :
- une réutilisation rapide des moules
- une rotation sans interruption de l’outillage. le matériel étant coûteux, son amortissement
nécessite la pratique du durcissement accéléré (par la chaleur ou l’étuvage). Les panneaux ainsi
obtenus sont entièrement achevés.
II. 1. 1. Procédés de préfabrication
Ils différent selon la conception de la construction qui peut être réalisée à l’aide de moyens
traditionnels évolués ou de moyens industrialisés.
II. 1. 1. 1. Procédé traditionnel évolué
La conception du bâtiment est classique mais sa réalisation utilise, pour le gros œuvre, la faculté
de moulage du béton.
Pour être évolutif, le traditionnel doit faire appel à de nouvelles techniques de mise en œuvre. Jusqu'à
nos jours, pour mouler le béton, il fallait d’abord confectionner le coffrage, travail long et
improductif. Actuellement, on utilise sur les chantiers le coffrage métallique mobile ou coffrage outil
dont l’emploi n’est possible qu’a condition :
- Qu’une certaine modulation de la construction ait été appliquée
- Qu’une continuité dans la position des éléments porteurs soit respectée.
On distingue :
Le coffrage mobile horizontalement : il permet :
- l’exécution de surfaces horizontales (planchers)
- l’exécution simultanée de surfaces horizontales et verticales (travée, planchers et murs
porteurs)
Le coffrage mobile verticalement : il est spécialement conçu pour la réalisation des éléments en
élévation (parois, poteaux,…) ; monobloc ou avec vides intercalaire. C’est le coffrage glissant.
Dans les deux cas (coffrage mobile horizontalement ou verticalement) :
- le réglage du coffrage est faisable tout en respectant la précision nécessaire à toute juxtaposition
ultérieure.
- La mobilité du coffrage laisse en place le produit fini
- Le réemploi continu est la base de la rentabilité
- Possibilité de l’incorporation des armatures et des éléments facilitant les travaux du second œuvre.
Le problème majeur, pour assurer la continuité, est la rapidité de prise du béton. L’étuvage par
stations mobiles est employé mais l’encombrement des canalisations est gênant pour la bonne
marche du travail. On lui préfère souvent le béton chaud qui diminue l’immobilisation :
- du coffrage tunnel qui ne doit pas dépasser 18 heures
- du coffrage glissant (entre 5 et 6 heures) dont la progression en élévation varie de 15 à 25 cm/h.

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

I. 1. 1. 2. Production industrialisée
1. Procédé semi industriel
Initialement, ce procédé était un amalgames de techniques industrialisées et traditionnelles qui
permettaient d’augmenter la productivité tout en restant suffisamment souple pour s’adapter aux
conceptions classiques. Actuellement, il est très proche de l’industrialisation intégrale car tous les
éléments du gros œuvre sont préfabriqués sur place grâce à des :
- ateliers forains ou ateliers de préfabrication démontables qui sont installés sur le chantier dès
son ouverture. Ils suppriment tous les problèmes de transport.
- Usines mobiles, de même principe, constituées de remorques autonomes et entièrement
équipées, pouvant être disposées bout à bout ou côte à côte de manière à réaliser une aire de
production, agrandissable, correspondant aux besoins. Les temps morts de montage et de
démontage sont très réduits.
Le procédé semi industriel consiste à fabriquer :
- Des panneaux porteurs de 6 à 10 Tonnes aux dimensions d’une pièce (murs de façade, de
refend,…)
- Des portiques formant l’ossature intérieure (poteaux et poutres)
- Des planchers de même caractéristiques que les panneaux
- Des volées d’escalier
Tous ces éléments sont garnis de feuillures et de fers en attente pour favoriser :
- le montage comme un jeu de construction
- la mise en liaison définitive des différents éléments entre eux à l’aide du béton coulé sur
place
Les parements de façade sont généralement achevés, par contre les travaux intérieurs sont terminés
après montage.
1.1. Techniques de ce procédé
L’évolution constante des procédés de fabrication et l’apparition de nouveaux produits incorporés
dans le bâtiment limite l’énumération des différentes techniques qui ont fait leur preuve dans les
réalisations.
On distingue :
 Le procédé COSTAMAGNA et FIORIO où les éléments sont constitués d’une âme en brique
enrobée de béton ;
 Le procédé BARRET qui utilise exclusivement le béton ;
 Le procédé DOMOFER et FILLOD ou construction métallique pour laquelle les façades sont
réalisées à l’aide d’éléments légers.
 Description du procédé COSTAMAGNA
Les murs de façade sont formés soit de panneaux avec baies incorporées, soit de trumeaux et allèges.
Ils sont constitués par deux lits de briques creuses. Les briques sont posées debout en files verticales
continues, assemblées par des joints verticaux et une couche médiane de béton.
Intérieurement, le mur est revêtu d’un enduit au mortier. Extérieurement, le revêtement est en grès-
cérame, en plaquettes de terres cuites,…

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

Les murs de refends sont formés de panneaux composés d’un lit de briques en files verticales
continues séparées par des joints en béton et revêtues sur les deux faces de mortier.
La fabrication des éléments se fait au centre fixe ou sur chantier. Ils sont mis en place à la grue, sur
cales métalliques, maintenues par des étais métalliques. On règle la verticalité. Deux panneaux
juxtaposés compriment une bande verticale d’étanchéité. Un rejointement vertical au mortier
hydrofuge est exécuté.
Avant pose d’un panneau supérieur, on colle à chaud une bande d’étanchéité sur le chant du panneau
inférieur. Le panneau posé, on procède au calfeutrement du joint horizontal. Une feuille de
polystyrène est placée entre le bandeau et le plancher avant coulage de celui-ci.
2. Procédé industriel
Ce procédé est différencié du précédant par deux particularités :
 les éléments préfabriqués sont livrés sur chantier entièrement achevés(les menuiseries posés,
les parements intérieurs sont prêts à peindre,…)
 les corps d’état secondaires sont intégrés dans cette fabrication, les cellules sanitaires
(cuisine, salle d’eau, W.C), les gaines techniques, les installations de chauffage,…
La construction, traitée sous forme industrielle, est en majorité traité en usine fixe, l’usine mobile
n’est employée que pour les éléments secondaires. En conséquence :
- l’outillage est lourd, indéformable et automatisé
- l’assemblage des éléments n’est possible que si une grande précision d’exécution est
scrupuleusement observée
- le planning de fabrication et de livraison doit être parfaitement étudié pour acheminer sur le
chantier les éléments dans l’ordre chronologique de pose.
Malgré les avantages de ce procédé, il faut tenir compte des inconvénients ci après :
- La limitation des dimensions des éléments préfabriqués (gabarit de transport)
- L’augmentation des frais généraux provoquée par l’éloignement du chantier par rapport à
l’usine fixe.
- L’importance des investissements nécessite une parfaite coordination entre tous les corps
d’état, une très haute technicité et une réelle volonté de coopération pour obtenir la rentabilité
souhaitable.
Parmi ces procédés, on distingue :
 le plus ancien est le procédé CAMUS amélioré par celui de COIGNET plus industrialisé. Ils
consistent à réaliser en atelier des panneaux porteurs, entièrement achevés (menuiserie, ferronnerie,
vitrerie,...), constituant l'ossature de la construction.
 Le procédé BALENCY et SCHUL qui utilise des blocs fonctionnels (parois de placard, des
conduits de ventilation ou de vide-ordures ; ils sont constitués par des voiles minces de 5 à 10cm) et
les volées d’escalier comme éléments porteurs.
 Le procédé SIMCA qui fabrique des boites parallélépipédiques sans couvercle dont le volume
correspond à celui d’une pièce. Ces blocs sont assemblés par boulonnage. Il est possible d’agrandir
un local en supprimant une paroi.
 Description technique Procédé COIGNET
Les refends et façades porteurs permettent la réalisation de bâtiments collectifs de 3 à 24 niveaux et
de maisons individuelles à 1 ou 2 niveaux.

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

Le panneau du mur extérieur à la hauteur d’un étage, longueur maximale de 7.50m et une épaisseur
de 20 à 26 cm.

De l’intérieur vers l’extérieur, nous avons :


 Un voile de béton de 4 cm armé d’un treillis soudé
 Une plaque de polystyrène expansé de 2 cm
 Un voile de béton de 14 à 20 cm
 Un revêtement : pâte de verre, grès-cérame, gravillon, pierre de taille
Les deux voiles de béton sont réunis par des nervures horizontales haute et basse de 4 cm de large et
par des épingles en fil d’acier galvanisé de 3 mm ancrées sur le treillis soudé et traversant le
polystyrène.
Le pourtour d’un panneau comporte :
 En haut ; une paroi formant coffrage du chaînage coulé sur le chantier, surmontée d’un rejingot et
munie de boucles de levage.
 Sur les cotés; des ailes formant coffrage du potelet coulé sur le chantier, liaisonnant deux
éléments juxtaposés et portant un sillon vertical formant chambre de décompression
 En bas ; une retombée de 3 cm
Lorsque le panneau comporte une baie, la menuiserie en bois munie de pattes à scellement est placée
dans le moule au moment de la fabrication.
Le refend transversal ou longitudinal est constitué par :
 Un voile de 14 cm d’épaisseur armé d’un treillis soudé, de hauteur d’étage et de 6.30m de longueur.
Les canalisations d’eau et d’électricité sont incorporées au moment du coulage.
Les cloisons sont des voiles de 6 à 10 cm d’épaisseur et de hauteur d’étage.
Le plancher est constitué par une dalle pleine de 14 cm, dimension max : 4.50x6.30m ; armatures :
deux nappes de treillis soudé.
On incorpore les grilles de chauffage, les canalisations d’eau et d’électricité.
Les éléments sont fabriqués en usine. Les moules sont en acier, verticaux ou horizontaux, placés sur
des tables mobiles. Ils sont chauffés par de la vapeur surchauffée à 104° ou par des résistances
électriques de façon que la température du béton atteigne 75/80°.
Le démoulage se fait entre 1h15mn et 2h après la coulée du béton.
Le plancher bas d’un niveau réalisé, les éléments de mur extérieurs sont amenés à la grue, posés sur
la tête du mur extérieur en interposant un joint plastique imprégné de bitume. Les panneaux sont
maintenus à l’aide d’étais réglables. Les éléments de façade sont posés au contact les uns des autres.
La face arrière des ailes est revêtue d’une bande de bitume armée après application d’une couche
d’imprégnation, dont la partie inférieure a été collée avant la pose des panneaux sur la tête du
panneau inférieur.
Un plat 25x2 en matière plastique est glissé dans le vide de décompression.
Les refends sont posés sur les repères de pose des éléments inférieurs dépassant le chaînage. Les
joints verticaux entre éléments sont remplis de béton. Les dalles de plancher sont posées à sec sur les
murs. On coule les chaînages longitudinaux et transversaux après pose d’armatures. Tous les joints
sont bourrés au mortier sec et éventuellement avec un cordon de « seelastik »

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

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Chapitre I : Généralités et classification des procédés généraux de construction

Problèmes spécifiques de la préfabrication posés au point de vue conception


Les principaux problèmes posés sont les suivants :
1. Relier les éléments entre eux de façon à :
- rattraper les petites imperfections de pose et de préfabrication
- restituer à l’ouvrage un certain monolithisme
- transmettre les efforts de compression et de traction.
2. Assurer l’étanchéité à l’eau et à l’air.
3. Constitution des éléments de façade.
Solutions proposées :
1. aux problèmes de liaison :
- par reprises en béton coulé en œuvre avec armatures en attente (assemblage poteau - poutre)
- assemblages par précontrainte
- assemblages boulonnés avec gousset, voire libres mais avec surfaces d’appuis soignées permettant
une bonne transmission des charges.
. Liaisons poutres – poteaux : les poutres sont liées entres elles à travers les poteaux par des tiges
filetées précontraintes.
. Liaison poutres principales – poutrelles : ces dernières sont sur un appui prévu lors du coulage sur
la poutre principale.
2. Aux problèmes d’étanchéité :
- Bourrage des joints par des produits plastiques qui s’adaptent (qui se déforment sans se fissurer)
avec réalisation d’un vide de décompression formant un drain aux eaux de suintement. Ceci est
particulièrement intéressant pour les joints verticaux plus exposés.
- Pour les murs à deux parois avec vide d’air, l’eau passant à travers une fissuration éventuelle du
joint est recueillie à la base et rejetée à l’extérieur.
- Utilité des bandeaux rejetant les eaux hors du joint (les redans).

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