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DCG2-UE5-Economie-Lucas-Développement durable

Le développement durable

Intro :
 1ère préoccupation concernant l’épuisement des ressources : rapport Meadows
du club de Rome « Halte à la croissance »
 Fin des années 1980 : rapport Bruntland introduisant la notion de
développement durable (sustainable development en anglais  analogie avec la
soutenabilité de la dette) : développement durable : « satisfaire les besoins de la
génération présente en préservant ceux des générations futures »
 Sommet de Kyoto en 1997 avec engagement à réduire les gaz à effets de serre ;
Cop21 en 2015 avec accord internationale sur le climat (engagement des 2
degrés)
 3 dimensions incluses dans le développement durable : économiquement efficace
(croissance), socialement équitable (accepté par les riches et les pauvres),
écologiquement soutenable (préservation de l’environnement)

I- La thèse pessimiste : la croissance est incompatible avec la planète

1.1- La croissance à LT est impossible

2.1.1- l’économie de marché développe le niveau de vie mais au prix d’une empreinte écologique trop
élevée : notion d’empreinte écologique (en nombre d’hectares/hab), jour de dépassement de la
planète (chaque année on consomme plus de ressources que la Terre ne peut en générer  : le capital
Terre ne se renouvelle plus : sols usés, terres définitivement polluées, ressources épuisées). Existence
d’externalités négatives, inhérentes à l’économie de marché, qui conduit à une pollution excessive.
Atmosphère, climat, océans, biodiversité définis comme des biens communs, ou publics, ou
collectifs (= échec du marché = « tragedy of the commons »)

2.1.2- de toute façon, cette croissance est intenable sur le long terme  : épuisement des ressources
naturelles (thèses du club de Rome, impossibilité de produire sans hydrocarbures, « une croissance
infinie est impossible dans un monde fini »), réchauffement climatique rendant difficile l’activité
économique dans un siècle.

2.1.3- Les capitaux naturel, humain, technique et institutionnel ne sont pas substituables entre eux  : il
n’est pas vrai que plus de capital technique permettra de compenser moins de capital naturel (thèse de
la soutenabilité forte)

1.2- Conséquences sur la politique économique :

Il faut renoncer à la croissance et organiser la décroissance : mode de vie frugal (sans avion, sans
viande… pass carbone, pass climatique ?), contrôle de la natalité, sortie du capitalisme, gestion de la
pénurie de ressources naturelles par l’Etat, gouvernement mondial pour gérer ces ressources
écologiques, redistribution (car l’effort doit d’abord être fait par les plus riches, qui ont le mode de vie
le plus désastreux sur le plan écologique), notion de justice climatique : le stock de carbone dans l’air
vient de la révolution industrielle, donc des pays avancés ; les pays du Sud ne doivent pas être

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empêchés de développement au nom de l’empreinte carbone ; ils ont droit de « polluer » pour se
développer ou alors les pays avancés doivent les dédommager par des subventions)

II- La thèse optimiste : le marché sait gérer les problèmes écologiques

2.1- le marché est compatible avec l’écologie

 Toutes les ressources sont rares, et pas seulement les ressources «  naturelles » : les
écologistes ne nous apprennent rien. La rareté des ressources n’implique pas sa
gestion par l’Etat : le marché sait allouer de façon efficace les ressources rares,
grâce au système de prix qui sont des signaux de rareté relative qui vont influencer
les comportements des acteurs. Exemple du pétrole.
 En fait il n’existe pas de « ressources naturelles » : la Nature ne crée pas de
ressources, seuls les hommes sont capables de dire quel bien produit par la nature est
une ressource, càd a de la valeur (exemple du pétrole qui n’a de la valeur que depuis
1850, ou des déchets qui ne sont une ressource que depuis quelques années).
 Dans une économie de marché, le prix est un signal de rareté relative  : un prix élevé
du pétrole incitera les producteurs à augmenter l’offre de pétrole (en cherchant du
pétrole dans des lieux où les coûts d’extraction sont plus élevés : réserves de pétrole et
de charbon jamais aussi abondantes qu’aujourd’hui ; le raisonnement sur les
ressources s’affranchissant du prix est non économique : dire qu’« au rythme de la
consommation actuelle, il reste 40 ans de pétrole » est un non sens économique) et les
incitera à trouver des énergies alternatives (ex bois charbon, charbonpétrole et
aujourd’hui Pétrole hydrogène, nucléaire, renouvelable ?)
 Le système de prix incitera aussi les consommateurs à demander moins de pétrole
devenu trop coûteux. Cf demande des consommateurs pour des véhicules
consommant peu, demande pour de l’isolation thermique, etc. En fait,
l’environnement est un bien supérieur : à mesure que l’environnement pur se
dégrade, son utilité marginale augmente, ce qui fait grimper sa valeur et les
consommateurs sont prêts à dépenser plus pour en obtenir ; autre façon de le
formuler : l’environnement est un bien supérieur dont la demande augmente plus
vite que le revenu : spontanément, sans intervention de l’Etat, plus les gens
deviennent riches, plus ils sont prêts à payer pour des plages propres, des espaces
verts, des aliments bio. Cf  courbe de corrélation entre revenu et dégradation de
l’environnement de Kuznets (courbe en cloche)
 Les externalités et les biens collectifs sont des faux concepts inventés par les
interventionnistes pour disqualifier le marché et légitimer l’intervention de l’Etat. En
fait, la plupart des externalités et pb liés aux biens collectifs peuvent être réglés par
l’octroi de droits de propriété privée : si on définit le capitalisme comme un
système d’échanges libres de droits de propriété légitimes, alors la planète ne souffre
pas d’un excès de capitalisme mais d’un manque de capitalisme, càd d’un manque de
droits de propriété (exemple du Sahel, de la mer d’Aral, des forêts en France, de la
RFA/RDA, de la forêt amazonienne, des nappes phréatiques de Californie, des
éléphants dans les parcs naturels du Kenya, des baleines vs. les vaches)

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 Débat sur le réchauffement climatique  : 4 thèses discutées (débat sur la réalité du


réchauffement, sur son origine anthropique, sur son bilan globalement négatif, sur la
lutte contre le réchauffement écartant les solutions luttant plutôt contre les effets
négatifs du réchauffement : digues, irrigation…)

2.2- La soutenabilité faible (vision libérale ou optimiste) :

Les différents capitaux sont substituables entre eux : le capital technique peut se substituer au
capital naturel. Le progrès technique permettra de trouver de nouvelles énergies (infinies comme
l’hydrogène ou la fusion nucléaire, ou renouvelables comme l’éolien ou le solaire), de fabriquer de la
viande synthétique, d’améliorer les rendements agricoles pour économiser l’eau ou le besoin en terres
cultivables (hauusse rdts égaricoles = moins de terres cultivées = plus de friches, plus de forêts, plus
d’écosystèmes riches), colonisation de Mars (Elon Musk et Space X)… Cette soutenabilité faible est
produite spontanément par le marché, grâce au mécanisme des prix (=signaux de rareté), sans
intervention de l’Etat.

2.3- Politiques à mener 

Attribuer des droits de propriété pleins et entiers (avec protection de ces droits par l’exercice de la
responsabilité civile = principe du polleueur-payeur), laisser les prix guider les acteurs, n’interdire
aucun progrès technique, s’interdire de toute politique qui souvent amène à satisfaire des lobbies
ou des intérêts privés plutôt que l’intérêt général (voir fonctionnement du marché politique, Buchanan
et Tullock, Ecole des Choix publics)

III- Le consensus : la voie étroite des politiques de développement durable

3.1- Compromis entre croissance capitaliste non régulée et décroissance :


Un développement durable est possible : càd une croissance qui ne détériore pas le stock
de capital naturel est possible.

3.2- Politiques publiques à mener :

Lutter contre les externalités  : taxes Pigou (carburants, malus automobile), interdiction
(chaudière au fioul, glyphosate), réglementation (recyclage obligatoire…), marché des droits à
polluer (Ronald Coase) pour mimer le fonctionnement du marché et ses droits de propriété  lutte
contre les externalités négatives ; subventions aux activités à externalités positives (éoliennes,
rénovations des logements « passoires énergétiques », véhicules électriques, panneaux solaires…). 
financement de la transition énergétique : notamment grâce à la création monétaire de la BCE ou à la
dette publique rendue soutenable par des taux d’intérêt proches de zéro. Cette transition énergétique
aurait pour les keynésiens des effets bénéfiques sur l’emploi et la croissance car relance des
composantes I et G de la demande C+I+G.

Préserver les biens collectifs : climat, environnement, biodiversité = biens collectifs l’Etat doit
les produire ou les préserver car c’est un cas d’échec du marché. Nécessité d’une action concertée
au niveau mondial : G20, COP21. Difficulté cependant avec Chine, EU ou pays du Sud qui
considèrent que ces règles écologiques mondiales sont des freins à leur développement industriel.

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Pour eux, la charge des normes écologiques devraient porter plus sur les pays les plus riches, qui sont
les premiers responsables du CO2 accumulé depuis deux siècles. Notion de « justice climatique » =
redistribution mondiale au nom de la justice climatique.

Favoriser/subventionner l’économie de la circularité (produits réparables, recyclables, mutualisés


dans leur usage) et l’économie de la fonctionnalité (vendre un service plutôt qu’un bien : location,
mutualisation, auto-partage…) : augmenter la durée de vie des biens, donc consommer moins de
ressources « naturelles ».

Création de nouveaux indicateurs : le Pib encourage les activités productivistes génératrices de


pollutions et ne prend pas en compte l’usure (l’amortissement) du capita naturel. Indicateurs alternatifs
type Pib vert, empreinte écologique, jour du dépassement mondial. De même, modifier les critères
budégtaires européens des 3% et 60% pour exclure les investissements publics de transition
énergétique des normes de déficit public.

3.3- Limites de ces politiques


 Centralisation vs décentralisation des décisions  : pour Hayek, le marché est un
processus de découverte, qui gère un volume d’informations colossales, qu’un
gouvernement centralisé ne peut maîtriser. Il y a plus d’informations dans 60 millions
de consommateurs que dans celui de 20 gouvernements, fussent-ils polytechniciens ou
diplômés d’Harvard. La centralisation des décisions conduit donc le plus souvent à
de mauvaises décisions : exemple du diesel, d’abord encouragé par l’Etat puis
ostracisé par le même Etat. Exemple du climat : on craignait un refroidissement, on
craint maintenant un réchauffement, certains prédisent en refroidissement dans les
décennies 2020 et 2030. Exemple des quotas démission de CO2 et du prix de la tonne
de CO2. Cri d’alarme de Tavares, PDG de Stellantis : la fin (décidée par l’Ue) du
thermique (= le choix du tout électrique) va conduire à des licenciements et à la perte
d’avantages comparatifs pour la France.
 Fonctionnement du marché politique : court-termisme des acteurs (cycle électoral
de 4/5 ans, taux de préférence pour le présent des électeurs élevé, cf. Gilets jaunes),
irresponsabilité des acteurs politiques, lobbying des acteurs privés qui font
pression sur l’Etat (ce dernier ne défend plus alors l’intérêt général mais se fait
l’arbitre d’intérêts privés plus ou moins influents : subventionner les panneaux
solaires mais taxer les panneaux solaires chinois au nom de la préservation de
l’emploi en France). La transition énergétique favorise des lobbies privés, pas sûr que
cela favorise l’intérêt général.
 Coûts de ces politiques : les taxes Pigou et les réglementations augmentent le coût des
biens (baisse des rendements agricoles par interdiction du glyphosate  hausse prix
agricoles ; normes sur le logement  hausse des coûts du logement ; taxe sur les
carburants, l’électricité… cf . Gilets jaunes) : baisse du niveau de vie
consommateurs, pauvreté qui s’accroît… (exemple du coût accru de l’électricité par
des taxes Pigou = qui fait l’arbitrage, comment mesurer cet arbitrage, combien faut-il
sacrifier de $ de richesses ou de niveau de vie pour économiser une tonne de
CO2, l’arbitragé centralisé est-il plus légitime que l’arbitrage décentralisé au niveau
du consommateur ?)
 Concurrence mondiale, gouvernance mondiale  : si la France ou l’Ue sont les seules à
appliquer ces normes et taxes écologiques, handicap pour les entreprises européennes
dans la concurrence mondiale : concurrence déloyale des Chinois qui n’appliquent
pas ces règles (passager clandestin ou free rider). Mais si gouvernement mondial :

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comment le réguler, le limiter, éviter qu’il devienne un Leviathan redistribuant des


pays du Nord vers les pays du Sud (principe démocratique un homme = une voix),
impossibilité alors du « vote avec les pieds »

3.4- Impact de ces politiques sur les acteurs


1-entreprises :
 Gagnants (entreprises à technologie propre, entreprises engagées dans la transition
énergétique, le renouvelable, le recyclage) et les perdants (entreprises industrielles
gourmandes en énergie fossile type sidérurgie). Exemple de l’automobile : déclin européen en
raison des politiques environnementales menées = désindustrialisation, pertes d’emplois.
Pour les gagnants, on dira que ces politiques environnementales sont des gisements de
croissance, des opportunités.
 Ces politiques incitent les entreprises à changer de technologie, à adopter des technologies
propres, à être vertueuses, à prendre en compte leur RSE, à internaliser les coûts qu’elles
font subir à la collectivité
 Encouragement à l’économie circulaire et de fonctionnalités : nouveau gisement de
croissance. Les politiques environnementales ne sont donc pas synonymes de croissance zéro,
mais d’un autre type de croissance (qui reste toujours de la croissance).

2- consommateurs :
 Accès à des produits bio plus sains, à un environnement plus propre, à un air plus pur : gains
en matière de santé et de bien-être
 Economies d’énergie : véhicules consommant moins, logements mieux isolés donc gain de
pouvoir d’achat
 Taxation donc coût de la transition : perte de pouvoir d’achat
3- salariés :
 mieux protégés contre les substances chimiques nuisibles à leur santé
 mais désindustrialisation et chômage  induits par ces politiques
environnementales ? le déversement des secteurs A polluants vers le secteur
B propre se fait-il à volume d’emploi constant ou en baisse (car hausse des
coûts de production liés à la fiscalité et la réglementation ?)

Annexe 1 : Halte à la croissance, club de Rome

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Annexe 2 : Empreinte écologique

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Annexe 3 :

Annexe 4 : empreinte écologique

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Annexe 5 :

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Annexe 6 : réserves de pétrole

Annexe 7 : coûts d’extraction du pétrole

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Annexe 8 : taxes écologiques sur l’électricité

La CSPE a augmenté de 650% entre 2002 et 2016, passant de 3€/MWh à 22,5€/MWh (tarif toujours
en vigueur en 2018).

La Contribution au Service Public de l'Électricité (CSPE) est une contribution servant à financer
diverses charges de service public :

 une partie du budget du Médiateur national de l'énergie (qui est l'organe chargé d'informer et
de protéger les consommateurs) ;
 le tarif de première nécessité, qui est le tarif social dont peuvent bénéficier les ménages les
plus modestes ;
 les surcoûts occasionnés par la production d'électricité dans les îles (Corse, Outre-mer) ;
 les surcoûts occasionnés par l'obligation des fournisseurs historiques de racheter, dans
certaines conditions, l'électricité d'origine renouvelable (l'obligation d'achat).

Son taux a considérablement augmenté ces dernières années. De 3 €/MWh en 2002, elle est passée à :

 7,5 €/MWh le 1er janvier 2011,


 9 €/MWh le 1er juillet 2011,
 10,5 €/MWh le 1er juillet 2012,
 13,5 €/MWh le 1er janvier 2013,
 16,5 €/MWh le 1er janvier 2014,
 19,5 €/MWh le 1er janvier 2015,
 22,5 €/MWh le 1er janvier 2016, 2017 et 2018.

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Annexe 9 : taxes sur le carburant (TICPE, en centimes par litre)

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Annexe 10 : évolution prix de la tonne de CO2 sur le marché des droits à polluer, Europe

Annexe 11 : Blog Le Minarchiste : « Est-ce que le capitalisme implique la destruction de


l’environnement?

L’une des critiques les plus fréquentes du capitalisme est qu’il occasionne la destruction de
l’environnement. Ces critiques émanent souvent du mythe selon lequel la qualité de notre
environnement est en constante dégradation. Si vraiment la pollution était devenue un si grave
problème, nous observerions que l’état de santé des populations des pays industriels ne cesse de se
dégrader. Or, c’est plutôt le contraire qui se produit : l’espérance de vie moyenne a fortement
progressé depuis le début du siècle et a continué de s’allonger au cours des deux dernières décennies.
Cela va de pair avec le fait que la qualité de l’air et de l’eau s’est nettement améliorée au cours de ces
deux décennies.

Si on utilise l’indice de liberté économique de l’Institut Frazer comme mesure du niveau de


capitalisme d’un pays et qu’on le compare à l’indice de performance environnementale développé par
les universités de Yale et Columbia, on constate que plus un pays est capitaliste (i.e. libre
économiquement), plus sa performance environnementale est élevée.

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Si les régimes capitalistes étaient néfastes pour l’environnement, nous nous attendrions à observer une
performance environnementale supérieure dans les pays socialistes, ce qui n’est absolument pas le cas.
En fait, les endroits les plus pollués de la terre sont situés dans des anciens ou présents pays socialistes
tels que l’ancienne Union Soviétique, la Chine, la Pologne, la Tchéquoslovaquie et l’Allemagne de
l’Est.[1]

Ces observations ne sont pas surprenantes. L’une des pierres angulaires du capitalisme est la
protection des droits de propriété. Or, par définition, les pays socialistes ne reconnaissent pas la
propriété privée. Quand personne n’est propriétaire d’un terrain, personne n’y fait attention. Les
économistes ont nommé ce phénomène « la tragédie des biens communs ».[2] L’exemple typique
illustrant ce phénomène est celui d’un champ commun à tout un village, dans lequel chaque éleveur
vient faire paître son propre troupeau. Pour chaque éleveur, le bénéfice à ajouter une nouvelle bête
dans son troupeau est très grand alors que le coûts, soit l’herbe consommée par la bête dans le champs,
est réparti à l’ensemble des éleveurs puisque le champs appartient à tout le monde. Chaque éleveur a
donc un incitatif à avoir le plus de bêtes possible dans son troupeau puisqu’il récolte les bénéfices et
partage les coûts. Rapidement, chaque éleveur emmène autant d’animaux que possible paître dans le
champ commun et le champ devient vite une mare de boue où plus rien ne pousse. Si chaque éleveur
avait un droit de propriété concernant une portion du champs, chaque éleveur aurait un incitatif à
adapter la taille de son troupeau de façon à ce que l’herbe continue de pousser, assurant ainsi la
pérennité de la ressource.

(…)Un autre bon exemple de problème environnemental résultant d’une mauvaise définition des droits
de propriété est la déforestation de la forêt amazonienne. Une bonne partie de cette forêt n’est la
propriété de personne, ce qui n’incite pas la population à en prendre soin. L’absence de droits de
propriété facilite grandement la tâche aux grileiros, qui brûlent ces forêts pour les convertir en terres
agricoles. Il y a plusieurs façons par lesquelles des droits de propriété pourraient régler ce problème.
Tout d’abord, le gouvernement devrait reconnaître les droits de propriétés des sociétés indigènes qui
ont établit domicile dans ces forêts depuis longtemps. En Amazonie, leur population est en constant
déclin alors qu’ils se font exproprier leurs terres. Ni l’État, ni les corporations, ni les grileiros n’ont la
légitimité de s’approprier ces territoires par la force puisqu’ils sont la propriété de ces tribus.

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Deuxièmement, les agriculteurs et éleveurs opérant en Amazonie sont reconnus pour leur très faible
productivité en raison du manque d’investissement résultant du simple fait que n’étant pas
propriétaires de leur terre, ils opèrent illégalement.[3] Pour cette raison, ils doivent sans cesse se
déplacer et agrandir leur territoire ce qui implique une déforestation plus importante. Avec des droits
de propriété bien définis, ceux-ci seraient en meilleure position pour investir dans leur propriété afin
d’améliorer leurs rendements et pourraient obtenir du financement pour le faire. Troisièmement, avec
des droits de propriété bien établis, d’autres utilisateurs de la forêt pourraient en acquérir certaines
portions. Par exemple, il est bien connu que la déforestation nuit aux précipitations, ce qui est mauvais
pour la production hydroélectrique. Les producteurs d’hydroélectricité pourraient donc acquérir des
parcelles de terre à cet effet et les maintenir boisées. C’est similaire à ce qui a été fait au Costa Rica,
où les producteurs hydroélectriques paient les propriétaires forestiers pour ne pas couper les arbres.

(…)Autre exemple : la désertification qui a frappé le Sahel africain. Les spécialistes reconnaissent que
la désertification est généralement liée à une surexploitation du sol par des pratiques d’élevage
inappropriées ou des habitudes de déforestation excessive qui ruinent l’équilibre écologique du milieu
naturel. Mais pourquoi de telles pratiques ? Il s’agit le plus souvent de régions d’économie tribale à
populations non sédentaires où la terre et ses ressources sont traitées comme un bien collectif. Dans un
tel système ceux qui vont chercher le bois n’ont aucune raison de faire attention à ne pas couper plus
de branchages qu’il ne leur en faudrait réellement pour couvrir leurs besoins immédiats. On coupe
carrément le buisson et on l’emporte, car sinon, on n’a aucune garantie que quelqu’un d’autre ne le
fera pas. Autrement dit, on ne voit pas pourquoi quelqu’un se préoccuperait de planter de nouveaux
arbustes, d’entretenir ceux qui existent, ou encore de développer l’irrigation, puisque investir dans ce
type d’activité aboutit tout simplement à rendre disponible une ressource que d’autres peuvent ensuite
gaspiller. Il y a quelques années, les experts de la N.A.S.A. furent intrigués par une photographie prise
par un de leurs satellites. Au milieu de l’énorme tache brune du désert, ils distinguaient une tache verte
surprenante. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Une visite sur le terrain leur donna la réponse : tout
autour de la tache verte il y avait un simple fil de fer barbelé délimitant une propriété privée! Même au
milieu du désert, une simple barrière suffisait à faire renaître la vie.

D’autre part, les droits de propriété ont fait des miracles concernant la protection de la vie sauvage au
Zimbabwe. Dans ce pays, les fermiers et autres propriétaires terriens, n’avaient pas le droit de
bénéficier économiquement de la chasse de certaines espèces animales. Certains de ces animaux
causaient beaucoup de dommages à leurs troupeaux et à leurs récoltes. Le comportement qui résultait
de cette dynamique consistait simplement à ce que ces propriétaires tuent ces animaux et laissent
pourrir les carcasses sur place. Réalisant l’ampleur de la catastrophe et son incapacité à remédier à la
situation, le gouvernement a attribué des droits de propriété sur la vie sauvage en 1975. C’est alors que
la vie sauvage, qui était en déclin depuis des décennies, s’est mise à proliférer sur les territoires privés
du pays. Les propriétaires terriens ont alors formé des zones protégées dédiées, entre autres, à
l’industrie du safari touristique. Plusieurs espèces menacées d’extinction ont été sauvées et ont alors
vu leur population augmenter significativement (par exemple : le rhinocéros noir). Cependant, suite
aux problèmes politiques survenus au Zimbabwe depuis le début des années 2000s, créant chaos et
anarchie au pays, ces propriétés privées ont été violées et saccagées. La population affamée s’est mise
à chasser tout ce qui bouge pour subsister. Des superficies énormes de forêt ont été rasées. En fait, la
propriété privée n’est plus protégée au Zimbabwe, au grand détriment de la vie sauvage du Sud de
l’Afrique.[6]

Et que dire du désastre de l’industrie de l’énergie solaire en Espagne? Au début des années 2000s, le
gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero déclara vouloir faire de l’énergie verte une des clés de
son modèle productif et promit d’utiliser les fonds publics pour propulser les entreprises du secteur.
Entre 2004 et 2007, le gouvernement subventionna ce secteur à hauteur de $0.44 par kW/h pour les 25
prochaines années, plus de dix fois le prix moyen payé pour les autres énergies. Évidemment, un grand
nombre d’agriculteurs se ruèrent sur l’aubaine et couvrirent leurs champs de panneaux, détruisant
parfois leurs plantations au passage. Pour l’année 2009 seulement, le coût pour le contribuable

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espagnol s’éleva à près de 6 milliards d’euros. Cette ruée vers l’or générée par le gouvernement
espagnol fut si soudaine que les investisseurs espagnols durent importer la majeure partie des
panneaux solaires parce que les producteurs locaux ne pouvaient satisfaire la demande et ce au plus
grand bénéfice des producteurs allemands et chinois.

Malheureusement, ce mirage ne dura que peu de temps. Trois ans après l’adoption de la loi, le
gouvernement dût se rétracter. Face à l’évidence du désastre économique, il se rendit compte du
scandaleux gaspillage que représentaient ces subventions qui renchérissaient spectaculairement
l’électricité sans assurance aucune que le secteur de l’énergie verte devienne un jour rentable et qu’une
telle industrie se développe éventuellement en Espagne. En 2010, face à l’énorme déficit public qui
obligeait le gouvernement à réduire salaires et pensions, celui-ci comprit qu’il devenait intenable de
payer 6 milliards d’euros par an pour de l’électricité si chère à produire. Le ministre Miguel Sebastián
décréta une réduction drastique de 40% des subventions, rendant insoutenables la plupart des
installations actuelles. La majeure partie de la capacité des installations solaires espagnoles dispose
d’une puissance inférieure à 100kW. Il ne s’agit donc pas de grandes entreprises qui font faillite ou
doivent renvoyer du personnel, mais bien d’innombrables familles qui se fièrent aux promesses du
gouvernement et se lancèrent dans des projets financièrement insoutenables, lesquelles se trouvent
aujourd’hui ruinées. Au final, à peine 2.7% de l’électricité consommée en Espagne est produite par
l’énergie solaire.

En 2010, nous avons eu un autre exemple démontrant que l’intervention gouvernementale crée
souvent d’importants problèmes environnementaux. L’accident relié à la plateforme Deepwater
Horizon de la compagnie BP a causé le déversement de 4.9 millions de barils de pétrole dans le Golfe
du Mexique. Premièrement, l’agence du gouvernement fédéral responsable de la réglementation de
cette industrie avait approuvé toutes les étapes du forage. Le forage de BP se trouvait sur un territoire
appartenant au gouvernement, celui-ci perçoit donc des royautés sur la production. C’est en quelque
sorte un conflit d’intérêt puisque d’un côté le gouvernement veut maximiser ses revenus de royautés
alors que de l’autre il doit règlementer l’industrie. Le gouvernement a donc un incitatif à minimiser la
friction règlementaire, d’autant plus que les compagnies pétrolières ont d’importants lobbys et sont
d’importantes contributrices aux caisses électorales des politiciens. Deuxièmement, bien que BP soit
responsable des coûts de nettoyage de la fuite, une loi limite sa responsabilité concernant les
dommages économiques, tels que la perte de revenus des pêcheurs, à $75 million, comparativement à
une estimation de ces pertes à $15 milliards. Pourquoi un tel privilège? Probablement parce que le
gouvernement américain est infesté de politiciens ayant des intérêts financiers dans le pétrole ou
recevant d’importantes contributions électorales de ces entreprises. Si BP avait eu à assumer la pleine
responsabilité de ces coûts, elle aurait peut-être adopté un comportement plus prudent et l’accident
n’aurait peut-être pas eu lieu. Troisièmement, la réglementation interdit aux compagnies pétrolières de
pratiquer des forages en eaux peu profondes. C’est pour cette raison que BP forait à 1.5 kilomètres de
profondeur sous l’eau malgré les risques plus élevés d’accident et la plus grande difficulté à colmater
une fuite lors d’un éventuel accident. La réglementation gouvernementale fait donc en sorte
d’augmenter le risque d’accident en repoussant le forage pétrolier en eau plus profonde.

L’autre crainte face au capitalisme concerne l’extinction des ressources naturelles. Cette crainte ne
date pas d’aujourd’hui, elle date des travaux de l’économiste britannique Thomas Malthus vers la fin
du 18e siècle. Malthus croyait que la terre n’avait pas suffisamment de ressources naturelles pour
supporter plus de 1 milliard d’individus. Suite à ses travaux, plusieurs politiciens ont milité en faveur
de politiques malthusiennes prescrivant des restrictions sur la croissance démographique. L’erreur de
Malthus a été de grandement sous-estimer le développement technologique et la capacité d’adaptation
d’une économie libre. Malgré l’absurdité des théories malthusiennes, on entend encore aujourd’hui le
même genre d’argument justifiant des réductions de la population.

Dans une économie libre, plus une ressource se fait rare, plus son prix augmente. Cette augmentation
du prix décourage la consommation de cette ressource et favorise la recherche de technologies plus
efficientes (i.e. nécessitant une moindre quantité de la ressource en question) ou de substitut à cette

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ressource. Le prix agit donc tel un gardien des ressources de la terre et fait en sorte que l’utilisation de
ces ressources soit la plus efficiente que possible.

Imaginez qu’une mine de cuivre soit mise aux enchères. Les acheteurs potentiels auront différentes
anticipations relativement aux prix futurs du cuivre. Certains pourraient croire que le prix du cuivre est
élevé et qu’il va chuter par la suite; ceux-ci auront tendance à miser un plus bas prix et à chercher une
exploitation rapide de la mine. En revanche, ceux qui croiraient que le prix du cuivre serait plutôt
enclin à augmenter miseraient un prix plus élevé et à ne pas exploiter la mine immédiatement,
puisqu’ils espéreront retirer plus tard un profit beaucoup plus élevé suite à l’augmentation du prix du
cuivre. Selon la loi des enchères c’est le plus offrant qui l’emporte, ce qui, en l’occurrence, signifie
que parmi tous les acheteurs potentiels, celui qui aura misé le prix le plus élevé sera aussi celui qui
aura tendance à conserver la ressource à long terme. On constate donc que le libre-marché permet à
ceux qui valorise le plus les ressources dans une optique à long terme de les acquérir et de réguler leur
consommation en maximisant la valeur de la ressource.

La terre est un véritable amas de molécules chimiques d’un volume de plus d’un billion de kilomètres-
cubes de matière. Évidemment, ce n’est qu’une infime fraction de cet amas de matière qui a une utilité
économique pour l’humain. Contrairement à ce que la plupart des gens s’imaginent, cette quantité de
matière économique utile ne diminue pas. En fait, elle augmente! Au fur et à mesure que le savoir-
faire technologique de l’humanité s’améliore, nous devenons de plus en plus efficaces à extraire cette
matière à un coût raisonnable et à l’utiliser de manière aussi efficiente que possible. Par exemple, à
l’âge de pierre, la quantité d’acier économique utile était de zéro. Par la suite, lorsque l’humain a
inventé la pelle, la brouette et la forgerie, cette quantité a augmenté substantiellement. Avec
l’avènement des bulldozers, pelles mécaniques et camions lourds, cette quantité est devenue encore
plus grande, augmentant encore plus la quantité d’acier accessible à l’humain à coût raisonnable. Par
ailleurs, ces matériaux n’ont aucune valeur enfouis sous la terre. C’est entre nos mains que ceux-ci
acquièrent toute leur utilité. D’ailleurs, l’humain ne détruit pas la plupart de ces matériaux. Il ne fait
que les déplacer et les transformer. Ces déplacements et transformations contribuent à améliorer le
niveau de vie de l’humain.

À cet égard, le pétrole est certainement de nos jours la ressource pour laquelle les inquiétudes sont les
plus grandes (voir mon dossier complet en quatre parties sur le pic pétrolier ici, ici, ici et ici).   On
peut s’attendre que le prix du pétrole continue d’augmenter au cours des prochaines années. Il a
d’ailleurs plus que quintuplé durant la dernière décennie. Cette augmentation de prix joue plusieurs
rôles importants dans l’économie :

 Elle favorise le rationnement de la consommation (moins gros véhicules, moins grandes


distances de déplacements, plus grande utilisation du transport en commun, etc).
 Elle favorise le développement de véhicules moins énergivores.
 Elle favorise le développement et l’utilisation de carburant alternatifs.
 Elle favorise l’innovation technologique dans l’industrie pétrolière ce qui permettra
d’exploiter certains gisements qui sont présentement considérés inexploitables.

Grâce à ce signal de prix, les économies libres s’adapteront à cette réalité et continueront d’évoluer
vers un meilleur niveau de vie.

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Annexe 12 : « Stellantis : pour Tavares, le passage au tout électrique aura "des
conséquences sociales majeures" La Triubune 19/1/22
Le patron de Stellantis exprime ouvertement ses doutes sur la politique de l'Union européenne depuis
qu'elle a voté l'interdiction de la vente des véhicules à moteur thermique d'ici à 2035. Hier, dans une
interview publiée par quatre quotidiens européens, il a adressé à la Commission européenne une
nouvelle mise en garde sur les graves conséquences, notamment sociales, de sa politique de
décarbonation de l'industrie automobile qui mise sur le tout électrique, fustigeant une stratégie qui va
renchérir de 50% le coût d'achat d'un véhicule. Jérôme Cristiani , 19 Jan 2022, 10:10

Carlos Tavares n'a pas changé d'avis : depuis le vote en juillet dernier de l'interdiction de la vente des
voitures à moteurs thermiques d'ici à 2035, il tire à boulets rouges sur cette décision de la Commission
européenne.

Hier, le directeur général du groupe Stellantis issu de la fusion de PSA et de FCA, poursuit son
pilonnage, fustigeant dans une nouvelle mise en garde la stratégie de l'Union européenne qui veut
décarboner l'industrie automobile à marche forcée, en misant tout sur le véhicule 100% électrique.

L'attaque est à têtes multiples: dans une interview réalisée à Paris et publiée mardi soir vers 18 heures
simultanément par quatre quotidiens européens, il argumente tous azimuts sur la politique européenne,
déployant à la fois les aspects économique, industriel, politique, environnemental et social avec
l'aggravation de la fracture sociale.

Ce n'est pas la première fois que Carlos Tavares sort du bois sur cette question. Le 1er décembre 2021,
il déroulait ses critiques lors du nouveau sommet Reuters Next organisé le 1er décembre 2021, lors
d'une visio-conférence de dimension mondiale:

"Ce qui a été décidé, c'est d'imposer à l'industrie automobile une électrification qui ajoute 50% de
coûts additionnels à un véhicule conventionnel. Il est impossible que nous répercutions 50% de coûts
additionnels au consommateur final, parce que la majeure partie de la classe moyenne ne sera pas
capable de payer", avait alors lancé le patron de Stellantis.

Un risque environnemental

"Ne pas regarder l'ensemble du cycle de vie des voitures électriques est évidemment très restrictif" , a
déclaré le dirigeant aux journalistes des quatre quotidiens Les Échos (France), Handelsblatt
(Allemagne), Corriere della Sera (Italie) et El Mundo (Espagne).

"Avec le mix énergétique européen, un véhicule électrique doit rouler 70.000 km pour compenser la
mauvaise empreinte carbone de fabrication de la batterie et commencer à creuser l'écart avec un
véhicule hybride léger", assure-t-il.

Surcoût et risque social

"On sait aussi qu'un véhicule hybride léger coûte moitié moins qu'un véhicule électrique", observe M.
Tavares.

"Il ne faut pas perdre de vue non plus que nous risquons (...) de perdre les classes moyennes qui ne
pourront plus acheter de voiture et qu'il y aura des conséquences sociales."

Entre subventions et creusement des déficits, un choix politique risqué

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Pour Carlos Tavares, qui plaide pour le maintien des véhicules hybrides, le choix de désavantager ce
type de véhicules est un choix politique de l'Union européenne qui pourrait avoir  de graves
conséquences : "Ce qui est clair est que l'électrification est la technologie choisie par les politiques,
pas par l'industrie", affirme-t-il.

"Au total, vaut-il mieux accepter de faire rouler des voitures hybrides thermiques très performantes
pour qu'elles restent abordables et apportent un bénéfice carbone immédiat, ou faut-il des véhicules
100% électriques que les classes moyennes ne pourront pas se payer, tout en demandant aux États de
continuer à creuser le déficit budgétaire pour les subventionner?

Il ajoute:

C'est un débat de société que je rêverais d'avoir, mais pour l'instant je ne le vois pas." (...) "Il est donc
trop tôt pour dire si l'approche européenne est raisonnable", conclut-il avec une teinte d'ironie.

Défi industriel et risque de casse sociale

Pour les constructeurs, il s'agit "de limiter au maximum les 50% de surcoût de l'électrique, en cinq
ans", avec des gains de productivité importants.

"Nous verrons dans quelques années les constructeurs qui auront survécu et les autres", prédit le
patron de Stellantis.

Il complète le tableau social en évoquant le sort des autres parties prenantes, celles des fournisseurs et
sous-traitants, essentielles:

"Nous ne sommes pas les seuls (à être impliqués), nous avons tout un écosystème de sous-traitants
autour de nous. Il va falloir qu'ils bougent aussi rapidement que nous."

De fait, ce que Carlos Tavares fustige en premier lieu, c'est le timing, "brutal", trop court pour
permettre une transition en douceur:

"C'est la brutalité du changement qui crée le risque social", souligne Carlos Tavares.

Car "sans transition progressive, les conséquences sociales seront majeures", craint-il.

Compétitivité VS décarbonation VS chômage... le cas d'Opel

De fait, Carlos Tavares a aussi répondu aux journalistes sur des problématiques a priori plus
nationales, mais qui éclairent la politique industrielle globale du groupe dans le contexte actuel.

Ainsi du problème d'Opel en Allemagne, soulevé par le journaliste du quotidien allemand


Handelsblatt. Il interrogeait Carlos Tavares sur la politique du groupe vis-à-vis de sa filiale, après
les violentes protestations politiques et syndicales qui ont obligé Stellantis à sursoir à son projet
de cession des usines de Rüsselsheim et d'Eisenach à Opel. Malgré ce recul, Tavares, note le
Handelsblatt, reste inflexible sur sa ligne:

"Notre objectif est de rendre nos sites allemands plus autonomes", a-t-il répondu d'entrée de jeu, car
son inquiétude est que "les responsables sur place puissent trouver des solutions pour améliorer la
compétitivité et sécuriser les emplois".

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Il dit ne pas comprendre la résistance en Allemagne car Tavares se considère, ainsi que Stellantis,
comme les sauveurs de la marque historique allemande qui, lorsqu'elle était gérée par General
Motors, avait accumulé des milliards de pertes :

« Beaucoup de ce que nous avons fait chez Opel depuis 2017 a été critiqué. Mais ce qui ne dérange
personne, c'est qu'Opel gagne maintenant de l'argent. »

Après avoir laisser percer ce sentiment d'ingratitude, il accuse :

"Notre approche a été déformée à des fins politiques."

Des gains énormes de productivité pour éviter de tailler dans les effectifs

Plus globalement, Carlos Tavares expliquait déjà début décembre pourquoi la question de la
productivité est centrale pour le constructeur.

Le patron de  Stellantis expliquait lors de Reuters Next, le 1er décembre 2021, que pour pouvoir
maintenir ses effectifs, le constructeur travaillait à améliorer sa productivité à un rythme bien plus
rapide que la norme du secteur.

« Au cours de cinq prochaines années, nous devons digérer 10% de productivité par an [...] dans une
industrie habituer à délivrer [des gains de] 2 à 3% de productivité », avait chiffré Carlos Tavares, cité
par L'Usine nouvelle.

Dans l'interview donnée hier, il confirmait son état d'esprit:

"Fermer veut dire mettre un cadenas sur la porte et renvoyer tout le monde à la maison. Nous n'avons
pas fait cela. Et si je peux l'éviter, je l'éviterai", a déclaré Carlos Tavares

Il ajoutait:

"Je tiens généralement mes promesses, mais nous devons aussi rester compétitifs. L'avenir de nos sites
dépendra également des contraintes politiques sur la décarbonation en Europe et de ses conséquences
sur le marché automobile."

Licenciements: les négociations reprennent sur fond de ventes en berne

À voir, à suivre. Car, si les négociations avec les syndicats sur les effectifs vont reprendre le 1er
février, elles s'annoncent mal. Et les syndicats, pas seulement à Sochaux, mais dans toute l'industrie
automobile se disent inquiets.

En effet, personne n'est passé à côté: les ventes de voitures neuves n'ont pas rebondi en 2021, elles ont
fait pire qu'en 2020, et même leur plus bas score depuis 1990, date de la création de l'indice des
immatriculations.

Car l'industrie automobile est plombée d'un côté par des blocages répétés de ses chaînes
d'approvisionnement perturbées durablement par la crise des semi-conducteurs, mais encore, elle doit
affronter la très lourde transformation de son modèle fondé sur les moteurs thermiques et les énergies
fossiles vers celui dit de la neutralité carbone, fondé sur la voiture électrique.

Or la fabrication d'un moteur électrique demande "3,5 fois moins de temps" que pour un moteur
thermique et "six à sept fois moins de pièces", selon des professionnels interrogé par le magazine
Capital en octobre dernier.

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