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L'assurance est un concept compliqué

, parce que c'est quelque chose qui est réglementé depuis des siècles et souvent
cette régulation se fait au niveau local. Aux États-Unis, l'assurance
est un phénomène très local. La loi Dodd Frank de 2010 a créé
un bureau fédéral des assurances. Mais il s'agit principalement de surveiller les
risques. Il n'y a pas de compagnie d'assurance nationale,
tout est organisé État par État. Par ailleurs, qui vous protégera si votre
compagnie d'assurance fait faillite ? Bon, le régulateur est censé avoir
vérifié que tout est en ordre. Mais, que faire si vous achetez une
assurance et que le régulateur se trompe ? Et que tout à coup, une grande
catastrophe entraîne
la faillite de la compagnie d'assurance qui du coup ne peut pas vous payer ? Les
gouvernements des États ont donc mis en place
des fonds de garantie d'assurance. Ce secteur est éminemment complexe. Il n'y a
rien de simple ni de facile là-dedans. Ce n'est qu'au XXe siècle que ces fonds
ont été mis en place. Ce fut la première étape. C'est un peu comme l'assurance des
dépôts auprès d'une banque. Quand vous allez à la banque, vous remarquerez qu'elle
est assurée par la FDIC,
la Federal Deposit Insurance Corporation, mais il existe une assurance similaire
contre
la défaillance des compagnies d'assurance. Mais elle n'est apparue qu'en 1941.
Avant cela, il n'y avait aucune
garantie sur les assurances. Voici donc notre fonds de
garantie d'assurance local, la Connecticut Life and Health Insurance Guaranty
Association. Elle a été créée en 1972,
il n'y a pas si longtemps. Il est assez remarquable qu'avant 1972,
si votre compagnie d'assurance déposait le bilan dans le Connecticut, vous n'auriez
eu aucun recours. Mais désormais, ils assureront votre assurance avec un capital
décès maximum de 500 000 $. Ce n'est pas encore suffisant, parce
que si vous êtes jeune, quelle est votre valeur actuelle, la valeur actuelle de
votre vie ? Elle se compte en millions de dollars. 500 000 dollars, ce n'est pas
assez,
mais c'est mieux que rien. D'autres pays ont des assurances. La Commission chinoise
de réglementation
des assurances a mis en place une association à but non lucratif appelée
Fonds de protection de l'assurance en Chine qui protège les personnes contre
l'éventuelle défaillance d'une compagnie d'assurance. Mais là encore, la garantie
se limite à 50 000 yuans,
ce qui n'est pas beaucoup d'argent. Donc, nous vivons toujours dans un monde où il
y a un fort,
où vous devez faire attention où vous mettez les pieds et devez faire certaines
vérifications. Une chose que j'aime, vous êtes dans un cours
sur les marchés financiers, et ce détail institutionnel me plaît parce que,
à mon sens, c'est ce qui fait que les choses fonctionnent. – Lorsque vous parlez
d'AIG,
lors de la dernière conférence et du fait qu'ils ont été intégralement renfloué
par le gouvernement, qu'est-ce qui les empêche de faire preuve eux-même de
comportement douteux sur le plan moral ? Puisqu'ils savent que lorsqu'il y aura une
grande
crise qui va se reproduire, ils obtiendront un autre renflouement
parce qu'ils sont si importants. Y a-t-il des réglementations en place ? – Eh bien,
la crise financière de
2008 a pris tout le monde par surprise. Les renflouements n'étaient pas
dans le plan initial. C'est arrivé par la force des choses. La situation s'est
aggravée si soudainement
que le gouvernement est intervenu. Aux États-Unis et dans d'autres pays pour
protéger l'intégrité de
l'ensemble du système financier. La question est maintenant de savoir si cela crée
un précédent que les compagnies d'assurance exploiteront en se disant, nous n'avons
pas besoin
de réserves parce que nous serons renfloués. C'était et c'est toujours une
préoccupation du législateur. Ce dont il faut tenir compte, c'est notamment
du fait qu'AIG a été renfloué mais que les actionnaires ont subi une perte. Les
actionnaires ne se sont pas enrichis. C'était un désastre. En outre, je pense que
nos nouvelles
réglementations sont plus strictes et et plus conscients de cette crise, mais vous
soulignez un problème très important qui est le fait que
les sociétés « too big to fail » sont un problème naturel. Lorsque vous avez un
système économique
interdépendant et complexe, si une entreprise de la taille d'AIG fait faillite,
sachant que c'était
la plus grande compagnie d'assurance au monde, lorsqu'une entreprise comme celle-là
dépose le bilan, le gouvernement ne veut pas tout
laisser tomber comme ça. Il y a une tendance naturelle à renflouer et
il est difficile de faire d'autrement. Nous faisons des efforts, mais
c'est un problème fondamental. Le gouvernement américain a pris
en charge la réglementation des valeurs mobilières dans les années 1930, après la
Grande Dépression. Il a créé la Securities and
Exchange Commission pour réglementer les actions et des obligations au niveau
fédéral. Il n'a jamais fait cela
pour les assurances. En fait, la loi
McCarran-Ferguson de 1945 a délégué la réglementation des
assurances aux États. Il y a donc 50 régulateurs d'État
différents, tous différents. C'est un bazar terrible, car les entreprises
aiment opérer au niveau national, mais elles disposent de 50 régulateurs
différents, un pour chaque État. Il existe une association à but non lucratif
appelée National
Association of Insurance Commissioners, NAIC, qui n'est pas affiliée au
gouvernement. Elle a été mise en place par le
secteur des assurances et tient des réunions régulières pour élaborer des
propositions de lois sur les assurances. Cela permet de réduire la complexité
du système d'assurance américain, parce qu'au moins les gouvernements
des États se parlent entre eux, et uniformisent quelque peu les lois sur les
assurances.

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