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À présent, il va être question des bases de la droite de marché des titres, qui est

la conclusion la plus impressionnante à tirer du


modèle d'évaluation des actifs financiers en finance. Il s'agit d'une relation
entre le rendement attendu d'un actif et son bêta. Ce que dit cette équation, c'est
que le rendement attendu d'un actif est égal au taux sans risque attendu – en vrai,
il est identique à celui qui est attendu
parce qu'il est connu de façon certaine – plus le bêta de l'actif, multiplié par le
rendement attendu du marché, moins le taux sans risque. C'est l'équation la plus
connue. Ce qu'elle nous dit, c'est que le résultat
est la conséquence de deux facteurs : la théorie derrière la formation d'un
portefeuille optimal, dont nous avons déjà parlé, ainsi que le postulat que tout le
monde fera pareil. Alors, pour tout dire, ce deuxième postulat
m'a toujours posé problème. Mais faisons avec pour le moment. Imaginons un monde
dans lequel tout le monde a accès à un conseiller financier intelligent qui fait
attention aux variances
et à la covariance et prend des décisions logiques à partir de là. Alors, dans ce
monde, l'équation doit être correcte, certains actifs ont un meilleur rendement que
d'autres. Est-ce à dire que les investisseurs qui ont placé leur argent
dans d'autres actifs sont idiots ? Absolument pas. Le meilleur rendement est
associé à un bêta plus élevé
donc à un risque plus élevé. Et j'ai, nous venons de dérivé ce que ferait un
investisseur futé. Sachant que cet investissement futé possèderait tous les actifs.
Tous les actifs, qu'il s'agisse d'actions, d'obligations ou d'immobilier,
l'investisseur prend de tout, bien que tout n'ait pas
le même rendement prévisible. Vous pouvez prédire que certains actifs auront un
meilleur rendement que d'autres, mais toujours
en contrepartie d'un bêta plus élevé. Réfléchissons donc à cela. Certains actifs
ont un rendement attendu
inférieur au taux sans risque. On parle là d'actifs à bêta négatif, par exemple
l'or. Et donc, on peut se demander, pourquoi quelqu'un
serait assez bête pour investir dans l'or alors que son rendement est inférieur au
taux sans risque ? Et la réponse, c'est que ça n'a rien de bête. Le bêta négatif
aide à réduire la variance totale du portefeuille. Parce que l'or monte quand le
marché baisse, cela amortit les autres risques. Et puis il y a d'autres actifs,
comme Apple Computer. On peut regarder et se dire « Wouah,
le rendement sur 20 ans est vraiment impressionnant. Est-ce que j'aurais pas fait
une erreur en ne mettant pas
tout mon argent dans Apple ? » La réponse est non, vous n'avez pas fait d'erreur.
Vous avez fait exactement ce qu'il fallait, parce que vous ne connaissez pas le
risque, ce qu'il en résultera. Vous savez certes que le rendement attendu est
élevé, mais Apple, si vous suivez le bêta, son bêta est très élevé, elle est en
pleine chute. Il y a un risque, c'est une action qui ne vous aidera
en rien en cas de chute du marché boursier. En effet. Et avoir des actifs qui
compensent cette chute
vous aidera énormément en cas de problème. Donc on a là une description d'un monde
où chacun détient un portefeuille de tangence. On ne se laisse pas attirer par
Apple. On n'a pas peur des actifs à rendement faible. Donc tout est conforme au
modèle qui consiste à
regarder le beta et à ajuster le portefeuille de manière à
avoir un mélange optimal. C'est une théorie un peu compliquée parce qu'elle
implique cette idée de portefeuille de tangence, elle implique de réfléchir à
l'effet de levier, et aussi de penser à la manière dont tout ça interagit. Mais
c'est vraiment l'idée centrale de la finance moderne. Ce qui ne veut pas dire
qu'elle est parfaitement correcte. Elle ne l'est pas. Elle ne représente qu'une
face de la vérité. Car le problème c'est que tout le monde ne détient pas
un portefeuille optimal. On ne possède pas le même portefeuille d'actifs risqués.
Le monde n'est pas vraiment constant en la matière. Mais penser à un monde idéal où
ce principe fonctionne reste un bon exercice à mon avis. Est-ce qu'on peut dire
d'une action à bêta négatif
qu'elle agit comme une assurance, qu'elle joue un genre de rôle d'assurance sur le
portefeuille ? Tout à fait. Une action à bêta négatif
va dans le sens contraire aux autres risques. Donc, vous avez peut-être de l'Apple
computer
dans votre portefeuille mais rien ne garantit que ça va bien se passer. Même si, a
priori, Apple computer est dirigé par des dirigeants
bourrés de talent, l'histoire nous montre que cela
comporte aussi des risques. Donc, il vous en faut dans votre portefeuille,
mais vous ne pouvez pas vous contenter de ça. Ce qui est vraiment préférable, c'est
d'avoir aussi une assurance contre
un éventuel échec d'Apple Computer. Vous pouvez appeler ça un contrat d'assurance,
vous pourriez aussi parler de couverture de défaillance,
(en anglais credit default swap) que vous pourriez placer sur une entreprise en
particulier.
Mais effectivement, le concept d'assurance est fondamental en finance. Je ne
comprends même pas qu'on les traite séparément. Il s'agit des deux côtés d'une même
médaille. On citait tout à l'heure l'or comme exemple, un exemple plus moderne
serait, comme vous le disiez, un credit default swap. C'est une sorte de contrat
conçu pour rapporter
quand le marché se porte mal. On pourrait donc parler de bêta personnalisé.
L'assurance est un secteur différent, elle a des origines historiques distinctes
et suit une réglementation différente. Aux États-Unis, les valeurs mobilières sont
régulées par la Securities and Exchange Commission, alors que les assurances ne
sont pas régulées
par le gouvernement fédéral mais uniquement par les États fédérés. C'est donc des
milieux différents, mais leurs activités sont très similaires. Donc ici en fait je
peux utiliser le concept non seulement
en l'appliquant aux actions et aux obligations, mais aussi aux dérivés ou
à toute autre classe d'actifs. Ou vous pouvez penser à... oui, les gens appliquent
des
analogies issues de la finance pour prendre des décisions dans leurs vies. On
reviendra plus tard aux options. Mais, une option, c'est quelque chose que l'on
paye
pour avoir l'option de choisir plus tard. Certaines personnes disent que se fiancer
est une forme d'option. Les gens qui hésitent à s'engager sont simplement des gens
qui ont en tête la stratégie
optimale d'exercice de leur option de mariage. Je plaisante évidemment, mais il y a
du vrai là-dedans. Les problèmes couverts par la finance sont des équivalents, dans
le milieu des affaires,
aux risques fondamentaux de la vie. Vous pouvez donc en tirer des enseignements.
Bon, alors, je ne veux pas parler
du mariage avec trop de légèreté. Cela fait 40 ans que je suis marié. Ce n'est pas
un sujet qui m'obsède. Mais il y a des gens qui font des analogies entre les
affaires et le mariage, ou autres. Et ces analogies ne sont pas totalement
dénuées de sens.

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