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DAKAR
Ecole Supérieure Polytechnique - ESP
Département de Gestion
ORGANISATION ET STRUCTURE DE
L’ENTREPRISE
Pr Serge Francis SIMEN
M. Gerol Sylvère NGANAFEÏ, Doctorant
Organisation
Objectifs pédagogiques
- IDENTIFIER LA NÉCESSITÉ D’ENVISAGER L’ORGANISATION EN LIEN AVEC LA STRATÉGIE ET LA CULTURE
D’ENTREPRISE.
- COMPRENDRE LES FONDEMENTS DE L’ORGANISATION.
- CONNAITRE ET SAVOIR APPLIQUER LES INSTRUMENTS ORGANISATIONNELS SELON LE BESOIN DE L’ENTREPRISE.
- SAVOIR IDENTIFIER LA FORME ORGANISATIONNELLE DE L’ENTREPRISE LA PLUS APPROPRIÉE SELON LES OBJECTIFS
STRATÉGIQUES DE L’ENTREPRISE.
- CONNAITRE LA VALEUR AJOUTÉE DES FORMES D’ORGANISATION MODERNES ET IDENTIFIER LEUR UTILITÉ
D’APPLICATION POUR UNE ENTREPRISE.
Activité 3.1: Principes d’organisation
3.1.1. Définition et Fondements
Par définition, une organisation consiste en la collaboration stable d'acteurs, en vue d'atteindre des objectifs
généraux communs par une division du travail et des fonctions, et par des modalités de coordination
prédéfinies.
L’analyse et le concept de « l’organisation » reposent sur divers principes et outils. La qualité de l’organisation
est fortement influencée par un nombre précis de principes importants, clairement applicables dont la formation
et le regroupement des postes de travail, la spécialisation, le principe de délégation ainsi que la
concordance des tâches, des compétences et des responsabilités.
• Les principes de l’organisation
Une organisation bien structurée répond à certains principes de base tels que définis par L.F RWICK:
• Principe d’objectifs: Chaque unité administrative a une mission ou une raison d’être à remplir, laquelle doit
être définie avec précision.
• Principe de spécialisation: Chaque unité doit, autant que possible, se spécialiser dans un domaine particulier.
Le travail à accomplir doit être effectué par des personnes compétentes et ayant des aptitudes distinctives.
• Principe de coordination: Ce principe joue un rôle important puisque les tâches à effectuer par les différents
spécialistes sont souvent étroitement liées. [Dans une équipe de foot, chaque joueur tient une position
distincte. Pour que l’équipe réalise son objectif, il faut qu’elle évolue de manière cohérente et harmonieuse.]
• Principe d’autorité: L’accomplissement de certaines tâches et la responsabilité conférée à certaines personnes
nécessitent un minimum de délégation d’autorité c’est à dire un pouvoir de commander, de diriger ses
subordonnés et d’utiliser ses ressources le plus efficacement et le plus économiquement possible.
• Principe de responsabilité: La délégation de l’autorité signifie qu’une personne est responsable des tâches qui
lui sont assignées. Toutefois, s’il n’atteint pas ses objectifs, il doit en expliquer les raisons.
• Principe de définitions: Tout poste dans une entreprise doit être identifié par une définition précise de ses
fonctions quant à leur nature et à la description des tâches et ce, afin de délimiter les champs d’action de
chaque poste, pour qu’il n’y ait pas de duplication de tâches parmi les membres de l’organisation.
• Principe d’équilibre: II doit exister un juste équilibre entre l’autorité déléguée à la personne et sa
responsabilité.
• Principe de subordination: C’est le nombre de personnes placées directement sous l’autorité d’un supérieur.
• Principe de continuité: Les dirigeants doivent s’assurer que la structure organisationnelle s’adapte aux
modifications de la mission. Toutefois, la structure doit assurer une relative stabilité dans le temps.
La structure de l’entreprise
• La structure est la manière dont sont agencées et articulées les différentes composantes d’une organisation.
La notion de structure peut se définir comme « l’ensemble des fonctions et des relations, déterminant
formellement les missions que chaque unité de l’organisation doit accomplir et les modes de collaboration
entre ces unités »
Les éléments de Base d’une structure:
• Organigramme: C’est une représentation graphique de tous les liens existants entre les différents postes de
travail ainsi que la nature des relations qu’ils entretiennent.
• Liaisons hiérarchiques: Ce sont des liaisons classiques de chef à subordonné, des liaisons de commandement
et d’autorité: Elles sont généralement verticales.
• Liaisons fonctionnelles: Ce sont des liaisons d’entre aide, de conseil, de recommandations, sans aucune
obligation d’exécution du travail. Ce sont des liaisons de spécialistes ayant l’autorité et le pouvoir de décision.
• Liaisons de conseil: C’est la relation entre un cadre hiérarchique et un spécialiste, celui ci n’ayant ni autorité
sur le premier, ni pouvoir de décision.
Organes différents:
– Opérationnels ou d’exploitation (service de fabrication, de vente, de conception…);
– Fonctionnels qui assurent des activités de soutien aux services opérationnels (finance, comptabilité, gestion
des ressources humaines…);
– D’état-major qui conseillent et assistent les responsables dans la préparation de leurs décisions.
3.1.2 – La structure de l’organisation
q Une structure est la « … somme totale des moyens employés pour diviser le travail entre tâches distinctes et
pour ensuite assurer la coordination entre ces tâches » (Henry MINTZBERG).
Ø Répartition des tâches (division du travail), agencement des ressources.
Ø Communications pour coordonner l’ensemble.
Ø But = agir dans le sens souhaité (atteindre les objectifs).
q La structure est formelle (explicite, officielle, décrite) ou informelle (implicite, spontanée).
à Une structure formelle est composée d’organes ou unités :
- opérationnels ou d’exploitation (qui assurent le service aux clients = conception, fabrication, vente, AV, …) ;
- fonctionnels (soutien aux organes opérationnels = RH, comptabilité, …) ;
- d’état major (direction générale, de département, de fonction, de division).
q Selon son ampleur, son degré de spécialisation, sa situation hiérarchique ou l’importance qui lui est accordée
par la direction générale, une unité structurelle peut être :
- une direction (commerciale, production, comptable et financière, …) ;
- un département (comptabilité, RH, export, SI, …) ;
- un service (paie, informatique de gestion, études, …) ou un atelier ;
- une cellule fonctionnelle.
Les liaisons entre organes sont :
- hiérarchiques (relation ordre – compte rendu) ;
- fonctionnelles (apport d’un service spécialisé), en particulier de conseil (apport d’une expertise, d’un avis, sans
intervention dans le processus ni pouvoir formel).
à La structure génère des relations de pouvoir et d’influence.
Le niveau le plus fin de la structure est le poste de travail qui se résume par un ensemble de tâches à accomplir.
à Le poste est situé dans une unité à un certain niveau hiérarchique.
à Les postes sont regroupés dans les unités pour assurer l’efficacité du travail (meilleur rendement de chaque poste et
meilleure coordination des postes) :
- les postes ayant à agir fréquemment ensemble sont placés dans une même entité ;
- idem (en général) pour les postes effectuant des tâches de même nature, relevant de la même spécialité ou utilisant les mêmes équipements ;
- le regroupement doit faire que les communications entre unités sont moins fréquentes qu’à l’intérieur d’une unité.
Exemple : 1, 2, … sont des postes de travail.
Département A Département B
4
3 1
1
3
2 2
1.2 – La coordination
La division du travail impose des coordinations.
à Coordination hiérarchique (contrôle par le chef).
à Coordination par d’autres moyens :
- réunions ou comités ;
- délégations d’un service dans un autre (postes de liaison) = une personne est déléguée pour veiller à la
cohérence des actions ;
- responsabilité de projet, de client, de produit.
Henry MINTZBERG propose une typologie des mécanismes de coordination :
Supervision directe Hiérarchique (ordres, contrôle), unité de commandement (FAYOL) ou compétence technique
(TAYLOR)
Ajustement mutuel Echanges informels entre personnes (possible dans des équipes peu nombreuses, favorise la
réactivité, nécessaire pour les travaux complexes)
Standardisation (nécessaire Des procédés de travail Les coordinations sont prévues dans des procédures (TAYLOR)
quand les solutions précédentes
ne suffisent pas
Des normes Des normes et des valeurs communes assurent la concordance des
actions (régulation culturelle par exemple)
Des qualifications Les compétences et les savoirs garantissent que le travail se fait
correctement (exemple : pilote, expert comptable)
Des résultats La définition des résultats à atteindre induit la synchronisation de
spécialistes assez autonomes
Figure: Organigramme
1.4 – Contrat de travail et description de fonction
Le choix d’instruments pour l’implémentation organisationnelle est vaste. On mentionnera d’abord le contrat de travail,
l’évaluation de l’employé, la description du poste, les directives de travail et le diagramme de fonction. Le choix, le but, le
niveau hiérarchique et le degré de précision désirés influencent l’utilisation de ces instruments dans l’entreprise.
1.4.1 Contrat de travail
L’objet du contrat de travail est de formuler clairement les tâches d’un poste. Il est composer des quatre éléments suivants:
- Positionnement dans l’organisation CONTRAT DE TRAVAIL
- Objectifs et responsabilités
- Standards de performance
- Restrictions de compétences
• Remarque : le découpage par fonctions est symbolisé par « U » (unitary), le découpage en divisions par
« M » (multiple).
… Les structures transversales
Le découpage hiérarchique ou fonctionnel de l’organisation ne prend qu’indirectement en compte la
satisfaction du client. Il permet de trouver un optimum par unité, mais pas toujours un optimum global.
à L’objectif des structures transversales est de remédier à ces insuffisances.
1 – La structure matricielle
La structure matricielle croise deux autorités, l’une verticale (structure hiérarchique ou divisions) et l’autre
horizontale (ou transversale). Il s’agit fréquemment d’un croisement « produit » avec une hiérarchie
fonctionnelle.
à La structure fonctionnelle est conservée en raison d’activités répétitives.
à S’y ajoute une structure de travail pluridisciplinaire.
à La coordination se réalise autour d’un produit, d’une clientèle, d’un objectif …
à Il y a introduction d’une responsabilité transversale : chef de produit, responsable client … avec autorité sur
le déroulement des activités correspondantes.
=> Une activité est soumise à double autorité.
Avantages et inconvénients de la structure matricielle :
- coordination des différentes activités, qui sont mieux orientées vers un objectif (produit, client, ligne
stratégique, …), introduction d’une l’expertise ou d’une connaissance globale, réponse à un besoin particulier
sans remettre en cause la structure de base, flexibilité, palliatif aux rigidités de structure ;
- conflits d’autorité, d’objectifs, système d’information complexe, responsabilités difficiles à établir, coût
(responsables transversaux à haut niveau de compétences s’ajoutant à la hiérarchie) ;
• Remarque : l’observation montre qu’une répartition égale des pouvoirs entre ligne verticale et transversale
est peu efficace. Une responsabilité doit toujours dominer.
• 2 – L’organisation par projet
• L’organisation par projet est mise en place pour la durée d’une réalisation, d’une affaire complexe.
• à Un chef de projet ou un responsable d’affaire est désigné.
• à Elle regroupe temporairement des personnes et des compétences pour un projet.
• L’organisation des projets admet des variantes, fonction de l’importance du projet et de sa spécificité :
• - le projet est totalement pris en charge au sein d’une fonction ;
• - le chef de projet fait travailler des personnes rattachées hiérarchiquement aux fonctions de l’organisation
(organisation matricielle) ;
• - des personnes sont détachées de leurs services d’origine pour former une équipe projet (ou groupe de
projet), dirigée par le chef de projet ;
• - la solution ci-dessus est complétée, en cas de besoin, par des travaux répartis dans les fonctions (équipe
projet combinée à une organisation matricielle).
3 – L’organisation en processus
3.1 – Situation et historique
Jusqu’en 1945, le principal problème des entreprises était de produire des biens en quantité à un prix
compatible avec le marché (« production poussée vers le marché », notamment en fonction de prévisions de
commandes).
De 1945 à 1975 (« trente glorieuses »), la standardisation s’étend aux biens de consommation et deux
approches de la production se développent :
- démarche « marketing » et différenciation des produits (le produit est « dirigé par le marché ») ;
- le « toyotisme » (voir § 2.4), système créé après la guerre dans un Japon très appauvri, en considérant que
seule la fabrication vendable crée de la valeur.
à Toyota s’organise pour fabriquer la quantité et la qualité de produits juste nécessaires à la satisfaction des
clients (production « tirée par le marché »).
à Chasse aux « gaspillages » (temps d’attente, transports, stocks, défauts, …), objectif de « 5 zéros » (stocks,
défauts, papiers, pannes, délais) qui impose la maîtrise de « bout en bout » de la production et de ses processus.
En 1973, la hausse du pétrole inaugure un ralentissement de la croissance des économies occidentales.
à Intérêt pour le système développé au Japon : la production au plus juste se développe dans l’industrie
automobile à partir des années 80, puis se répand dans d’autres secteurs.
3.2 - La notion de processus de production
Un processus de production est une succession d’activités permettant de satisfaire un client.
à Transformation de ressources (matérielles, financières, humaines) en un produit, bien ou service.
à Création d’une valeur reconnue par le client (voir § 3.1 et 3.2).
Le processus peut servir un client interne à l’organisation (production d’information, maintenance des
machines, fabrication d’un composant, …) ou un client final. On distingue :
- les processus opérationnels ou maîtres, ou processus métier (business process), qui satisfont directement
les clients finaux (conception et fabrication de produits, vente, …) ;
- les processus de support et de management (gérer les ressources humaines, gérer l’information, gérer les
ressources financières, …), qui ont les processus opérationnels comme clients.
3.3 – Processus et fonctions.
Le processus est transversal. Il enchaîne des activités qui traversent l’entreprise et ses fonctions.
• Exemple :
Organisation fonctionnelle et approche processus ont des objectifs a priori différents :
- le processus vise la satisfaction des clients (prix, qualité, délais, service) ;
- la fonction cherche à optimiser ses moyens (effet d’expérience, partage des infrastructures,…).
La division fonctionnelle du travail induit une charge de coordination et certains dysfonctionnements lors du
déroulement d’un processus.
à Conflits d’intérêt.
à Génération d’attentes, d’erreurs.
à Les dysfonctionnements et les gaspillages sont très souvent dus au passage d’une fonction à une autre
(constitution de stocks, de délais, erreurs de spécification, …).
4- Structure en réseau:
Les multiples partenariats, alliances, coopérations ou franchises développés par les firmes conduisent à
envisager l’entreprise comme une « entreprise-réseau » = réseau d’entreprises partenaires.
Il s’agit d’une stratégie de « maillage » qui permet à l’entreprise de rester centrée sur son métier, et de confier
une partie de son activité à des partenaires extérieurs avec lesquels elle constitue peu à peu un réseau.
Ce processus est favorisé par les progrès de circulation de l’information (réseaux informatiques, EDI, internet).
Les réseaux d’entreprises existent sans liens capitalistiques (fusion, prise de participation…) nécessaires mais
aussi grâce à l’EDI, aux autoroutes de l’information… qui permettent de modifier totalement les relations
fabricant/fournisseur/client.
àLes structures deviennent plus adaptables (notion d’entreprise virtuelle, exemple du e-commerce…).
REMARQUE : le « reengineering »
Analyse menée au sein d’une organisation afin de repenser sa structure et son fonctionnement en fonction des
processus nécessaires à son activité.
Ce n’est pas un nouveau modèle de structure ou une amélioration ponctuelle mais une refonte complète de
l’organisation pour améliorer la qualité, le service et réduire les coûts.
LES CONFIGURATIONS ORGANISATIONNELLES
• 1 – La synthèse de Mintzberg
• ORGANISATION ENTREPRENEURIALE
Prédominance de la force centralisatrice.
Simple, informelle, flexible.
Les activités se réalisent autour du chef et de sa stratégie.
à Petites organisations, entreprise jeunes, environnement
simple et dynamique.
• Remarque : la structure entrepreneuriale était initialement appelée « simple » par Mintzberg. Cette appellation peut
être jugée plus claire puisqu’une petite organisation mécaniste, ou innovatrice, (voire professionnelle) peut être
entrepreneuriale (par opposition à managériale).
• ORGANISATION MECANISTE
Prédominance de la
force de
rationalisation.
Bureaucratie centralisée, formalisée.
Le travail est divisé, sous contrôle
d’une hiérarchie importante.
Technostructure, fonctionnels
puissants.
à Grande organisation, environnement
stable.
• ORGANISATION DIVISIONNALISEE
Prédominance de la force de
balkanisation.
Décentralisation limitée, divisions autonomes pour leur activité.
Tendance mécaniste dans les divisions.
à Grande taille, organisation ancienne,
marchés diversifiés.
• ORGANISATION PROFESSIONNELLE
• Prédominance de la force de
professionnalisation.
• Bureaucratie décentralisée, dépendante de la qualification de nombreux opérateurs
professionnels.
• Hiérarchie moyenne, logistique importante.
à Souvent dans les services, environnement stable et complexe.
• ORGANISATION INNOVATRICE (ADHOCRATIE)
Formations d’équipes
pluridisciplinaires.
Structure organique, démocratique, ajustement mutuel.
à Environnement complexe, dynamique, technologies de
pointe, petites organisations jeunes ou projets.
• ORGANISATION MISSIONNAIRE
Prédominance de la force
idéologique.
Organisation basée sur un
système de valeurs et une
mission.
Standardisation, normes,
endoctrinement.
à Petites unités souples et
décentralisées.
• ORGANISATION POLITIQUE (POLITISEE)
Dans le modèle d’évolution de Mintzberg, le passage d’une configuration organisationnelle à l’autre se fait
souvent au prix d’une crise « politique », dans laquelle les contours de la structure sont moins nets et les
pouvoirs et mécanismes de coordination moins affirmés, avec bien souvent présence de tensions, voire de
conflits.
Activité 3.4. La gestion des processus