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S. HEFFAF.

COURS D’ARCHITECTURE

UNIVERSITE AMAR TELIDJI DE LAGHOUAT


Faculté de technologie
DEPARTEMENT D’ARCHITECTURE

COURS :

COMPOSITION ARCHITECTURALE
ET TYPOLOGIE DU BATI

Salah Eddine HEFFAF


S. HEFFAF. COURS D’ARCHITECTURE

COURS N° 01 :

Organisme et type bâti1


Le concept d’organisme est l’un des concepts fondamentaux pour l’étude des caractères des
édifices. Sur ce concept sont basées la lecture, la compréhension et la conception des édifices.
L’idée d’organisme, fruit d’une tradition humaniste séculaire, n’implique aucun déterminisme
automatique, mais représente la manifestation de l’unité de toutes les composantes qui concou-
rent à déterminer le produit final de l’architecture : le bâti. Cette notion parcourt, de manière
latente ou explicite, toute l’histoire de l’architecture.

La notion d’organisme a rencontré une aversion et une hostilité de la part du Mouvement Mo-
derne, une hostilité due à la pensée dominante de celui-ci, selon laquelle l’idée d’un progrès
unidirectionnel semble être solidement établie.

L’idée du progrès implique un mouvement linéaire monodirectionnel, constamment accéléré


vers une finalité progressiste. Les forces historiques qui accélèrent ce processus se reconnais-
sent dans une échelle de valeur qui défend un rapport d’opposition avec la culture héritée et
retient l’innovation radicale, révolutionnaire et antithétique vis-à-vis de la tradition comme va-
leur en soi. L’idée du progrès assume, pendant le Mouvement Moderne, un caractère salutaire
presque religieux.

Toute l’ère moderne est interprétée par ses « pionniers » comme opposition héroïque aux âges
précédents. Il est clair que la notion d’organisme, impliquant une lente évolution par phases
corrélées de mutations successives, semble, aux yeux des adeptes de la modernité, inadaptée ;
une notion protectrice des valeurs ancestrales et de la continuité culturelle.

Le terme « organisme », dans le sens que lui attribuent les études typologiques, a été suscité la
première fois par l’Illuministe comme étant les lois qui président à la coordination des éléments
constituant un corps. Alberti soutient l’idée qu’il faut dessiner les édifices en apprenant de la
simplicité de la nature, c'est-à-dire des organismes vivants. Il est à noter aussi comment plu-
sieurs recherches sur l’architecture de la Renaissance furent engendrées par ce rapport d’affi-
nité, traduit, parfois, de façon directe en formes architecturales, à travers des dessins d’édifices
anthropomorphes ou zoomorphes. Mais l’analogie avec les organismes vivants, développée
dans les traités de la Renaissance, n’a pas été poursuivie ensuite, à cause de l’ambiguïté de la
relation entre architecture et sciences de la nature ; une relation d’imitation qui n’intercepte pas
les valeurs structurelles de la forme, mais en retient les seuls attributs visibles.

Pour prendre la métaphore de l’organisme il serait plus utile d’examiner, non pas la forme, mais
les structures formatrices du monde naturel et leurs rapports de nécessité. Le rapport entre or-
ganismes végétaux ou animaux et organismes architecturaux présente des limites interprétatives
non extensibles. Se référer aux organismes vivants nous est utile pour exprimer la nécessité des

1 Strappa G., Unità dell'organismo architettonico, éd. Dedalo, Rome, 1995, pp.21-25
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rapports entre les éléments composants qui affecte tous les aspects de la formation de l’orga-
nisme, en en déterminant la composition globale et unitaire. Par contre, l’extension arbitraire
dans le transfert des significations de la métaphore comporte deux dangers :

 Le premier correspond au mimétisme : la tentative, historiquement cyclique, d’établir un


rapport d’affinité morphologique (voire d’imitation) des organismes architecturaux arti-
ficiels avec les formes visibles des organismes végétaux et animaux, en s’introduisant
ainsi dans le champ de la représentation de la nature qui appartient à d’autres disciplines.
En effet, en architecture, imiter ou reproduire des formes sans comprendre les lois de leur
formation (le processus de transformation des types qui les sous-tend), représente la plus
grande contradiction avec le principe de l'unité.
 Le second danger est celui du biologisme, entendu comme application simpliste et dan-
gereuse de concepts et de définitions appartenant aux sciences de la nature à d'autres
domaines de la connaissance (et pas seulement à l'étude de l'architecture des édifices ou
de la ville, mais à l'organisation sociale, au politique, etc.). Le phénomène du bâti possède
ses propres lois qui ne peuvent pas être confondues avec les lois de la biologie.

Afin de bien clarifier cette question, la notion d'organisme que nous utiliserons ensuite (et la
notion d'organicité qui en découle) a très peu de choses en commun avec les matrices natura-
listes, utilisées à travers l'imitation directe des formes minérales, végétales et animales au cours
de l'histoire de l'architecture, dont on peut donner l'aperçu suivant :

 les inspirations phytomorphes gothiques,


 les essais maniéristes de Wendel Dietterlin, Philibert Delorme, Sébastian Serlio, Federico
Zuccari,
 les interprétations anthropomorphiques (de la conception des édifices, les images de la
ville, la cosmogonie) ainsi que toutes les réductions anthropométriques de la réalité cons-
truite, produites depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours.

Anthropomorphisme en architecture, tiré de Pierre Von


Meiss, De la forme au lieu + de la tectonique Une in-
troduction à l'étude de l'architecture, PPUR - Collec-
tion : Architecture Essais - 3e éd - 2014
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Pour expliciter les termes de l'analogie on va prendre la métaphore de l'arbre et on va voir


pourquoi celui-ci constitue un organisme et pourquoi, par rapport à ces termes d'analogie, est-
il comparable à l'organisme architectural. On va montrer comment l'arbre répond parfaitement
au principe de l'unité, dans le sens où tous les composants qui en déterminent l'existence, la
stabilité, le fonctionnement, la distribution «économique» des éléments qui le composent et la
manifestation lisible de ses parties et du tout, contribuent de la même manière à sa vie. La forme
de l'arbre montre à travers une image totale et unitaire, le sens des parties composantes et leur
mode de se mettre en relation. Un arbre est composé d'éléments reconnaissables avec la simple
observation : racines, tronc, branches et feuilles. Chaque élément, ayant un rôle à l'intérieur de
la structure générale de l'organisme, est à son tour composé d'éléments d'échelle plus petite (la
racine composée de collier, de coiffe etc. ; les feuilles de pétiole, de nervure, de limbe etc.).
Examinons les éléments constitutifs de la structure en termes de leurs fonctions assignées, en
soulignant qu'ils contiennent toujours les caractères suivants :

 ratio entre le rôle et les moyens employés pour l’exécuter ;


 congruence par rapport aux autres éléments avec lesquels ils se lient pour former les
structures.

Du point de vue de la stabilité, les racines servent à lier la structure au sol, à fournir la base
statique à tout l'organisme. Au niveau de l'édifice les fondations sont conçues et dimensionnées
en fonction des sollicitations provenant des structures en élévation, également, chaque type
d'arbre possède un type de racines adapté aux nécessités statiques, les racines ont généralement
la même envergure que le feuillage. Le tronc constitue la partie en élévation de la structure
statique, il doit soutenir le feuillage, et se conformer pour assurer les différentes exigences sta-
tiques et fonctionnelles ; si l'arbre a un feuillage volumineux et étendu, le tronc aurait des ner-
vures importantes pour résister aux forces horizontales du vent. Sa section, généralement cir-
culaire, est la meilleure pour s'adapter aux sollicitations provenant de chaque direction. Sur
cette structure "portante" sont soutenues les structures "portées" : les branches ont une section
variable diminuant progressivement de l'encastrement vers l'extrémité libre, pour s'adapter à la
distribution des sollicitations de flexion, de traction et de torsion. La séquence structurelle de
l’arbre se présente ainsi comme :

 une partie au sol, portant toutes les autres, les racines ;


 une partie portante constituée de la structure en élévation, le tronc ;
 une partie portée principale, les branches ;
 une partie portée subordonnée, les feuilles.

Le rôle de chaque élément est immédiatement lisible à travers la hiérarchie des fonctions sta-
tiques. L'idée que nous avons globalement de l'arbre exprime le rapport clair entre fonctionne-
ment et forme "nécessaire" qui en dérive. Même du point de vue de la fonction, toute les parties
que nous avons décrit selon les seuls aspects statiques, ont leur propre rôle pour la survie de
l'organisme : les racines prennent de la nourriture du sol pour la transporter jusqu'au feuilles,
qui à leur tour ont une structure permettant de générer le processus de photosynthèse. Les rela-
tions qui s’établissent entre les éléments constituent des rapports de nécessité. De ce point de
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vue l'arbre est un exemple parfait d'organisme composé d'éléments qui s'unifient pour former
des structures lesquelles, à leur tour, s'organisent en systèmes (système partitif hiérarchisé, sys-
tème racinaire, etc.). Cet organisme est reconductible à une catégorie plus large : chêne, peu-
plier, pin, etc. Toutefois, quand on parle de chêne, on ne pense pas exactement à un certain
arbre en particulier ; il existe un patrimoine génétique du chêne qui se traduit en carac-
tères communs de tous les arbres appartenant à cette catégorie. Celle-ci contient les variations
infinies du même type d'arbre. Il est possible donc de définir généralement qu'est-ce qu'un
chêne, dans quel mode il s'adapte au sol, se soutient et se nourrit. A l'intérieur de la même
famille des fagacées nous pouvons reconnaitre le genre quercus et reconnaitre, à l'intérieur de
ce genre, les diverses espèces (chêne épineux, chêne écarlate, chêne de Wallonie etc.) qui à leur
tour regroupent des caractères communs de groupes plus petits d'arbres, et dont chaque arbre
se présente comme exemple unique avec des caractères individuels.

A travers cette analogie, nous avons ainsi acquis une première idée, quoiqu’intuitive et em-
bryonnaire, des deux notions fondamentales pour la lecture de la réalité construite :

L'organisme peut être définit comme l'ensemble des éléments liés par un rapport de néces-
sité, concourant unitairement à une même fin.

Le type peut être définit comme le patrimoine des caractères communs transmissibles, ce
patrimoine précède la formation de l'organisme en en gouvernant la structure des relations et
des rapports de nécessité qui le définissent.

L'organisme architectural possède des lois générales qui l'engendrent et en conditionnent les
transformations, en lui donnant des attributs généraux qui correspondent au type. L'édi-
fice construit individualise historiquement et géographiquement le type. Par conséquent,
la comparaison avec le monde végétal ou animal n'est pas d’une validité absolue et serait ainsi
simpliste et erronée par rapport à plusieurs aspects. Dans les limites de la validité de la compa-
raison, quelques thèmes de l'étude des caractères des édifices sont très importants. D'abord l'af-
finité avec la botanique n’est pas extensible aux mécanismes de permanence et de transforma-
tion des types bâtis. Les attributs communs des catégories d'édifices ne se transmettent pas de
façon automatique au cours du temps, mais se modifient à travers la contribution innovatrice et
originale que chaque civilisation apporte au type originel transmis par la tradition. L'édifice,
qui individualise historiquement le type, apporte sa propre contribution à l'actualisation de
ce même type, dans une séquence continue qu'on désigne par la notion de processus typo-
logique.

Les critères de classification botaniques ne sont pas applicables tout court aux études typolo-
giques. La classification ne peut pas être déduite de critères purement statistiques mais doit,
pour qu'elle soit utilisable et fertile, remonter aux raisons profondes qui engendrent les carac-
tères communs des édifices et aux causes qui en ont rendu possible la transmission dans le
temps. Caractères qui ne sont donc pas identifiés comme une reproduction mécanique, mais
comme un processus continu de transformation, induite par différentes conditions culturelles
qui produisent une diversité organismes architecturaux.
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En d'autres termes, le type est "un système de connaissances intégrées, assumées globalement,
pour satisfaire un besoin particulier auquel l’objet doit répondre. De telles connaissances sont
déjà un organisme, en tant que corrélation intégrée, autosuffisante, de notions complémentaires
qui tendent à une fin unique : elles sont une pré-projection de ce que sera l’objet réalisé, étant
antérieures à l’existence physique de l’objet lui-même". (Gianfranco Caniggia, Gian Luigi
Maffei, 1979).

L'origine des caractères fondamentaux du type se trouvent dans deux actes élémentaires liés à
l'idée primitive de l'espace domestique, l'enclos et la couverture. Ces deux actes demeurent
dans chaque innovation et se transforment à travers des séquences de modifications successives
et d'adaptations aux conditions civiles de la société qui se les approprie.

Seulement quand le type bâti reflète pleinement l'esprit du temps, et l'édifice qui l'interprète en
rend évidents les caractères universels, l'œuvre s'élève au rang de l'art.

Bien que l'idée d'organisme soit intimement liée à celle du type, parler de ce dernier ne signifie
pas indiquer un édifice en particulier, mais plutôt la loi générale qui préside à l'idée de plusieurs
édifices de même type, en en gouvernant la reproduction de quelques-uns de leurs caractères
généraux. L'idée d'organisme comme elle nous a été transmise par l'histoire est fondamentale-
ment unitaire. Pour l'édifice, fonction ; stabilité et lisibilité sont étroitement liées par un nœud
dont l'artisan a une conscience avant sa formalisation concrète. Pour cette raison, les études qui
seront effectuées en analysant seulement quelques-unes des composantes de l'organisme (par
exemple firmitas, utilitas et venustas) devront être considérées dans leur fonction de simplifi-
cation exclusivement didactique.

Il faut dire aussi qu'aujourd'hui il est impossible – comme ce fut le cas depuis la révolution
industrielle (qui initie, à cause de la haute spécialisation et complexification des produits, la
décadence de l'unité du type bâti) – de concevoir un organisme en ayant une connaissance "ins-
tinctive" du type. Il a eu un moment dans l'histoire de l'architecture où les types bâtis faisaient
partie de la conscience de l'individu, bien avant que l'architecte n’en ait une conscience critique,
c'est-à-dire bien avant qu'il ne possède la capacité de choisir parmi une multitude de solutions,
il construisait en sachant "naturellement qu'est-ce qu'une maison et quels sont les caractères
qu'elle devrait avoir. On avait ainsi une conscience spontanée des types bâtis qui permettait leur
usage sans la médiation d'aucune réflexion critique sur leur sens. Dans la société contempo-
raine, où existe une pluralité de choix possibles, il faut discerner la notion du type de la réalité
que nous vivons et connaissons. Il faut utiliser au mieux notre conscience critique à travers la
connaissance de la réalité qui nous entoure, afin de comprendre les caractères généraux qui
président à la formation des organismes architecturaux.

Prenons un exemple concret et cherchons de comprendre pourquoi est-il un organisme et pour-


quoi est-il gouverné par des lois générales qui l'identifient à l'intérieur d'une famille d'édifices
de même type. Une définition qui permet de reconnaitre dans chaque produit architectural des
caractères constants qui individualisent le type.
La villa Capra de Palladio est, sous plusieurs points de vue, un organisme exemplaire.
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 Par rapport au lieu : un des aspects du programme était lié à l'utilisation de l'édifice par
rapport à son environnement ; une villa située dans la compagne de Vicence jouissant
d'une vue isotrope sur le paysage environnant.
 L'utilitas : cet édifice est une villa, il renvoie ainsi à un mode d'habiter d'une tradition
consolidée, il appartient à une grande famille d'édifices ayant les mêmes caractères gé-
néraux. La villa, telle qu'elle est consolidée dans le temps, correspond à un édifice d'ha-
bitation en compagne, destiné au repos, à la réflexion, à l'étude et à la contemplation. Un
rôle différent de celui qui est assigné à la maison rurale, dont la destination est principa-
lement liée aux activités productives.

"Une villa est un édifice projeté pour


surgir dans la compagne et il est des-
tiné à satisfaire aux exigences de dé-
tente et de repos du propriétaire. Bien
qu'elle puisse constituer le noyau d'un
domaine agricole, le facteur de loisir et
de plaisance distingue la villa de la
ferme. La ferme a tendance à être une
structure simple et à conserver des
formes traditionnelles qui n'impliquent
pas l'intervention d'un architecte. La
villa est, au contraire, le produit ty-
pique de la capacité créatrice d'un ar-
chitecte. Le programme de base de la villa est resté inchangé depuis plus de deux mille ans, depuis qu'il
était définit la première fois par la noblesse romaine" (James S. Ackerman, La villa, Turin 1992, p. 3).

 La firmitas. Du point de vue de la construction, le programme est aussi très clair : l'archi-
tecte ne pouvait qu'utiliser les techniques traditionnelles relatives à la structure en ma-
çonnerie et la couverture en voûte, ou la couverture en tuile sur ferme des espaces péri-
phérique. L'emploi usuel de la maçonnerie conditionne la géométrie de l'édifice, le posi-
tionnement des murs définit un rapport de nécessité étroit entre les murs porteurs (qui
délimitent aussi des espaces fonctionnels distincts) et la couverture portée. L'aspect sta-
tique de l'organisme n'est pas séparé de l'aspect distributif.
 La venustas. Les composantes "expressives" du programme de la villa palladienne sont
variées : d'une part la volonté de donner de la dignité à l'édifice en utilisant les formes
antiques, selon la conception que Palladio poursuivait constamment pour donner un nou-
veau visage aux bâtiments de la noblesse vénitienne, qui n'a encore pas de signes distinc-
tifs. Ni le type dérivé de la "barchesse", la résidence du petit propriétaire terrien vénitien,
ni celui de la villa-château, formée au XVe siècle ; ni la villa Porto-Colleoni Thiene, ni
celle de Giustiniani à Roncade n'étaient adaptées aux exigences du commanditaire de la
villa Capra. Mais ici, plus que partout ailleurs, Palladio a saisi l'occasion pour refléter le
caractère d'un client, en même temps intellectuel et religieux, pour fusionner les éléments
d'un édifice religieux (le temple) avec les formes d'un bâtiment civil (la résidence en
compagne). Il s'agit d'un processus critique complexe pour choisir ce qu'il convient de
faire, car Palladio travaillait sur des matériaux traités depuis longtemps. Palladio ne vit
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le premier âge de la redécouverte de l'antiquité, il travaillait sur un corpus déjà consolidé


de notions, réflexions et connaissances, il connaissait Vitruve et les traités de la Renais-
sance, il a acquis et fait usage d'un patrimoine d'études désormais consolidé.

Palladio travaille également à l'intérieur d'une


sorte de contradiction féconde entre des sources
directes et des sources littéraires. Le traité de Vi-
truve découle dans une large mesure de l'antiquité
grecque, tandis que Palladio a étudié l'antiquité
romaine. Contradiction qui se manifeste lorsqu'il
voulait interpréter le texte de Vitruve en illustra-
tion, étant donné que le texte antique est privé de
commentaires graphiques. Cette condition
d'interprète, contraint à fonder ses déductions sur
des sources incertaines, pose Palladio dans une
position particulière vis-à-vis de l'antiquité, non
pas celle de l'archéologue ou du philologue mais de l'architecte qui est obligé de remonter gra-
duellement aux origines des formes architecturales, d’interpréter les exemples antiques et d’"in-
venter" de nouvelles variantes des types transmis. Inventer dans le sens étymologique de trou-
ver, rencontrer, redécouvrir.

BIBLIOGRAPHIE

STRAPPA Giuseppe, Unità dell'organismo architettonico, éd. Dedalo, Rome, 1995.


CANIGGIA Gianfranco, Maffei Gian Luigi, Composizione architettonica e tipologia edilizia
(1. Lettura dell'edilizia di base), Venise, 1979.

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