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Le scanner du rachis lombaire est l’un des examens scanographiques le plus souvent réalisé dans un but
aussi bien diagnostique qu’en radiologie interventionnelle. Le mode spiralé a modifié l’approche
technique qui est facilitée tout en conservant une très grande fiabilité dans les résultats. L’objectif
prépondérant de l’examen scanographique est l’analyse de la structure vertébrale ; la connaissance de
l’anatomie scanographique et des nombreuses variantes est plus que nécessaire. L’imagerie par
résonance magnétique (IRM) a transformé l’examen du rachis lombaire en permettant une vision
multiplanaire et simultanée de toutes les structures qui le constituent : structures vertébrales, intra- et
extrarachidiennes. Les différentes possibilités techniques en IRM contribuent à transformer un examen au
départ bien codifié avec des séquences standardisées en un outil d’une grande efficacité diagnostique. À
l’avenir, l’IRM va s’intégrer dans le champ des méthodes à visée thérapeutique en radiologie
interventionnelle. C’est pourquoi, la connaissance de l’anatomie en résonance magnétique et des
nombreuses variations de cette anatomie est indispensable.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Plan Technique
¶ Examen tomodensitométrique 1 La réalisation d’un examen scanographique du rachis lom-
Technique 1 baire est conditionnée par l’observation d’un certain nombre de
Anatomie scanographique 3 règles techniques.
Variantes et images pièges 8 Le patient est positionné en décubitus dorsal, le plus confor-
tablement possible. Le décubitus latéral est une position qui
¶ Imagerie par résonance magnétique 12
peut être retenue dans certains cas ; elle est à préférer au
Considérations techniques 12
procubitus, position dans laquelle les mouvements respiratoires
Anatomie IRM du rachis lombaire 14
sont la source d’artefacts et qui est généralement adoptée pour
¶ Conclusion 19 les actes de radiologie interventionnelle.
Un cliché digitalisé de repérage permet de déterminer le
. volume dans lequel les coupes d’acquisition sont effectuées. Il
offre de plus, une vue globale de l’ensemble du rachis qui peut
■ Examen tomodensitométrique fournir des renseignements utiles.
Des reconstructions 2D sont réalisées secondairement à partir
des données d’acquisition avec une épaisseur et une orientation
Le rachis a très rapidement bénéficié de l’apport de la adaptée à la pathologie recherchée. Les reconstructions sont
tomodensitométrie. L’intérêt qu’il présente dans l’étude des multiplanaires et il est possible de s’affranchir d’anomalies de
structures rachidiennes n’a pas diminué malgré le développe- . courbure, d’anomalies rotatoires ou de configurations morpho-
ment de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) dont il logiques particulières telles que la verticalisation de la charnière
demeure le principal complément par l’analyse de la structure lombosacrée.
vertébrale. Ceci explique la place qu’occupe le scanner rachidien Dans le bilan des lésions vertébrales et discales, le plan de
parmi les explorations scanographiques courantes ; en pratique, coupe doit autant que possible être parallèle au grand axe des
le scanner demeure la méthode d’imagerie la plus simple pour structures vertébrales et discales (parallèle au plateau vertébral et
explorer la pathologie vertébrale la plus courante : le conflit à l’axe antéropostérieur du disque). Dans l’exploration des
discoradiculaire avec à terme son remplacement par l’IRM. spondylolyses, les coupes sont réalisées dans le plan de l’arc
Par ailleurs, il occupe encore une place prépondérante en postérieur (orientation craniocaudale) pour être perpendiculaires
radiologie interventionnelle qu’elle soit diagnostique ou à la déhiscence isthmique.
thérapeutique tant que les appareils d’IRM à champ ouvert ne Les reconstructions tridimensionnelles (3D) (Fig. 1) sont
seront pas plus développés. facilitées et leur utilité est fonction de la pathologie rencontrée.
La grande quantité d’images produites par la technique L’appréciation de la morphologie canalaire et les différentes
d’acquisition hélicoïdale pose le problème de leur gestion : mensurations ne peuvent être faites que sur une coupe, d’une
archivage, transmission. L’inconvénient majeur est représenté . part perpendiculaire à l’axe de la structure analysée (canal
par le risque d’irradiation plus important lié à la détermination lombaire, récessus latéral, etc.), et d’autre part examinée en
d’un volume exploré souvent excessif et surdimensionné par fenêtre osseuse.
rapport à l’indication de l’examen. La plupart des examens scanographiques du rachis lombaire
L’examen des coupes scanographiques à la fois en fenêtre ne nécessitent pas d’injection de produit de contraste, intravei-
« tissu mou » (niveau 50-70 UH, fenêtre 200-300 UH) et en neuse ou intrathécale. Les indications de l’injection intravei-
fenêtre osseuse (niveau 300 UH, fenêtre 800-1500 UH) est la neuse de produit de contraste iodé (rachis opérés, infections,
règle. tumeurs) sont devenues les indications de l’IRM.
Tableau 1.
Anatomie scanographique [1] Conflits propres à chaque niveau.
En raison de la conformation anatomique du rachis lombaire, Niveau de coupe Structure anatomique Type de conflit
l’examen scanographique répond à quatre objectifs principaux Coupe discale Défilé inter-disco- Hernie discale
qui sont autant d’indications : ligamentaire
• l’analyse des pièces vertébrales en tant que structure osseuse
en appréciant leur morphologie (pathologie dégénérative, Niveau Récessus latéral Sténose acquise
pédiculoarticulaire Sténose constitution-
traumatique) et leur structure (ostéodensitométrie dans les
ostéopénies, pathologies infectieuse et tumorale) ; nelle
• l’étude des structures canalaires (le canal central et le canal
Niveau Anneau vertébral Pathologie isthmique
radiculaire) et de leur contenu ; pédiculo-isthmique
• l’appréciation des structures discales ;
• et l’analyse des structures paravertébrales. Coupe foraminale Foramen Hernie discale migrée
Ostéophytose
Structures vertébrales
L’alternance des segments osseux, articulaires et discaux
constituant le rachis lombaire, a conduit à définir quatre peut individualiser dans le plan antéropostérieur [4]. La mor-
. niveaux de coupe qui se répètent pour chaque segment verté- phologie du foramen varie en fonction de la hauteur du disque
bral. La spécificité de ces niveaux est définie par les structures intervertébral.
concernées.
. Ces quatre niveaux, comparables dans chaque métamère Niveau discal (Fig. 3)
lombaire, permettent une étude anatomique précise et facile-
Le disque intervertébral a un aspect grossièrement ovalaire.
ment reproductible.
On ne peut différencier le nucleus de l’anneau fibreux. Leurs
Ces coupes étagées visualisent pour chacun des niveaux les densités sont sensiblement identiques, entre 50 et 100 UH. La
relations topographiques particulières entre les structures périphérie discale est parfois plus dense en raison d’un effet de
extraligamentaires de l’étui osseux et les éléments neuroménin- volume partiel lié à la concavité des plateaux vertébraux
gés ou vasculaires intracanalaires [2]. Cette étude segmentaire adjacents. La densité discale n’est pas modifiée après l’injection
facilite la recherche des conflits potentiels propres à chaque intraveineuse de produit de contraste ; ceci permet de différen-
niveau (Tableau 1). cier le disque d’un plexus veineux ou d’un tissu cicatriciel, qui
à l’inverse présente un rehaussement de densité. L’aspect du
Niveau sous-pédiculaire : coupe foraminale (Fig. 2)
rebord postérieur du disque intervertébral varie selon le niveau ;
Le bord du corps vertébral et le massif articulaire délimitent jusqu’en L4-L5, le rebord discal postérieur est concave sur la
latéralement le foramen, lieu d’émergence rachidienne pour la ligne médiane et parfois rectiligne. Il a tendance à devenir
racine [3]. Le canal de conjugaison est rempli par de la graisse convexe chez le sujet plus âgé ; cette modification traduit
dans laquelle se trouve le ganglion spinal ainsi que les veines l’existence d’une dégénérescence discale correspondant à une
foraminales. Le ganglion spinal, plus ou moins ovalaire, reste à déshydratation progressive. La limite postérieure du disque
distance du disque intervertébral et est proche du sommet de L5-S1 est très souvent rectiligne ou légèrement convexe.
l’apophyse articulaire supérieure. La limite externe du foramen L’arc postérieur est complètement séparé du disque. Il est
est marquée par la présence de structures ligamentaires que l’on constitué par la partie haute de l’apophyse articulaire supérieure
Figure 2. Coupe axiale foraminale (en L3-L4). 1. Psoas ; 2. veine épidu- Figure 4. Coupe axiale dans le plan pédiculoarticulaire (en L3-L4).
rale ; 3. racine L2 ; 4. ligament jaune ; 5. graisse épidurale ; 6. aorte ; 1. Gouttière radiculaire ; 2. fourreau dural ; 3. articulation zygapophy-
7. corps de L3 ; 8. foramen ; 9. sac dural ; 10. arc postérieur de L3. saire ; 4. graisse épidurale ; 5. ligament jaune ; 6. corps vertébral de L4 ;
7. pédicule de L4 ; 8. racine (en L3-L4) L3 ; 9. processus articulaire
supérieur de L4 ; 10. processus articulaire inférieur de L3 ; 11. processus
épineux.
dont la surface articulaire, dirigée en avant et en dedans, répond Figure 5. Articulations zygapophysaires (en L3-L4). Coupe axiale visua-
à l’articulaire inférieure de la vertèbre sus-jacente. Cette lisant les encoches d’insertion capsulaire (flèches).
articulaire inférieure est liée à la lame et à l’apophyse épineuse
de la même vertèbre. Le ligament jaune recouvre la face interne
des lames. . Sur la paroi postérieure du corps vertébral et de chaque côté,
Dans le canal vertébral, les gaines radiculaires émergent du les pédicules, structures à corticale épaisse, relient la colonne
fourreau dural. Le niveau rétrodiscal correspond au premier corporéale aux colonnes articulaires postérolatérales.
segment du défilé radiculaire ou défilé inter-disco-ligamentaire . Sur une coupe axiale du massif articulaire, l’apophyse articu-
de Latarjet et Magnin [5]. laire inférieure siège en avant de l’apophyse articulaire supé-
Les racines antéroexternes au sac dural sont bien repérables rieure de la vertèbre sous-jacente (Fig. 5).
au sein de la graisse épidurale, situées en dedans et légèrement Ce complexe articulaire présente des caractères scanographi-
en avant du bord interne de l’articulaire supérieure. La racine ne ques à connaître [6]. Les surfaces articulaires sont lisses, limitées
doit pas être confondue avec les veines épidurales antérieures, par une corticale régulière, d’épaisseur uniforme. Elles sont
de siège plus médian et antérieur. concaves en arrière et en dedans. Les facettes articulaires sont
La plage discale est encadrée latéralement par celle des caractérisées par la présence d’encoches au voisinage de l’arti-
muscles psoas. culation ; ces encoches, correspondant aux zones d’insertion
capsulaire, sont plus nettes sur le versant interne des apophyses
Niveau pédiculoarticulaire (Fig. 4)
articulaires supérieures. Tous ces caractères permettent de
La coupe axiale intéresse le corps vertébral, les pédicules, les différencier une facette articulaire d’une zone de déhiscence
colonnes articulaires et l’espace interlamaire. isthmique (Tableau 2). L’interligne articulaire, arciforme, est
Tableau 2.
Diagnostic différentiel entre lyse isthmique et articulation postérieure.
Facette articulaire Lyse isthmique
Corticale nette et régulière Absence de corticale ; contours
Encoche d’insertion capsulaire irréguliers
Hauteur uniforme de l’espace Absence d’encoche
articulaire Hauteur irrégulière de l’espace
Condensation sous-chondrale articulaire
régulière Condensation sous-chondrale
étendue et irrégulière
1
2
3
4
Tableau 3.
Mensurations du canal lombaire.
Diamètre antéropostérieur Diamètre transverse interarticulaire Surface du canal osseux
Normal ≥ 15 mm > 20 mm > 200 mm2
Étroitesse relative 13-14 mm 150-200 mm2
Étroitesse absolue ≤ 12 mm < 15 mm < 145 mm2
3 2 5
1
4
Hernies intraspongieuses
L’aspect scanographique est évocateur sous la forme d’une
zone arrondie, hypodense, de taille variable, cernée par un liseré
dense. Le siège corporéal de ces hernies est proche de l’espace
intervertébral. Les hernies intraspongieuses peuvent être
Figure 19. Éperon osseux rétrosomatique au niveau de la zone d’émer- antérieures, médianes ou postérieures (Fig. 20, 21).
gence de la veine basivertébrale (flèche).
Ossicules accessoires [13]
Les ossicules accessoires proviennent de noyaux d’ossification
Éperon foraminal secondaires non fusionnés. Ils se rencontrent au sommet des
Un éperon osseux très souvent bilatéral, né de la région différentes apophyses vertébrales (Fig. 22). Mis en évidence sur
isthmique ou du pédicule, peut occuper le trou de conjugaison. des coupes axiales ou coronales, ils sont nettement délimités par
Situé en arrière des éléments nerveux, ce processus osseux une corticale en périphérie (Fig. 23).
Figure 23. Ossicule accessoire situé au niveau de l’extrémité supérieure Figure 25. Ostéocondensation à la jonction corps-pédicule au niveau
de l’apophyse articulaire supérieure de L5 (flèche). de la synchondrose (tête de flèche).
2
3
4 5
6
Figure 26. Principaux sites de déhiscence arcuale. 1. Synchondrose
neurocentrale ; 2. déhiscence rétrosomatique ; 3. déhiscence isthmique ;
4. déhiscence rétro-isthmique ; 5. déhiscence paraspinale ; 6. déhiscence
Figure 24. Synchondrose de type canalaire (tête de flèche). spinale.
Reliquats de synchondroses
Les synchondroses neurocentrales persistent parfois chez
l’adulte. Situées dans l’angle postérolatéral du corps vertébral,
les synchondroses neurocentrales s’étendent verticalement au
travers du corps vertébral ; elles s’ossifient progressivement pour
disparaître à l’étage lombaire, vers l’âge de 6 ans. La persistance
d’une synchondrose se traduit par une déhiscence (Fig. 24). Plus
souvent, on note une bande d’ostéocondensation (Fig. 25).
Les déhiscences pédiculaires ou rétrosomatiques relèvent du
même mécanisme ; elles sont très rares, de même que les Figure 27. Déhiscence de l’arc postérieur de S1.
déhiscences rétro-isthmiques (Fig. 26). Les déhiscences paraspi-
nales ou spinales (spina bifida) sont beaucoup plus fréquentes
(Fig. 27).
Canaux vertébraux lombosacrés (Fig. 28, 29)
Vide articulaire interapophysaire
Des orifices de taille variable, bien circonscrits, sont souvent
La présence d’une image hypodense, de tonalité aérique, au présents de part et d’autre du canal lombaire en L5 ou en S1.
niveau des articulations interapophysaires postérieures, est un Situés à la base de l’apophyse articulaire supérieure et à la base
phénomène fréquent. Les facettes articulaires sont normales, de l’apophyse transverse, ces orifices peuvent correspondre à la
sans signe d’altération dégénérative ; cette image est beaucoup coupe axiale d’un tunnel résultant de la calcification du
plus fréquente dans un contexte d’arthrose facettaire. Ce ligament mamillo-accessoire. Ce ligament est tendu entre le
phénomène du « vide articulaire », bien connu, relève d’un processus mamillaire, situé à la base de l’apophyse articulaire
mécanisme de traction sur les articulations vertébrales posté- supérieure et le processus accessoire, localisé à la base de
rieures au cours de mouvements rachidiens. l’apophyse transverse. Selon certains auteurs, ce canal serait le
Racines conjointes
L’émergence conjointe de deux racines à un même niveau se
traduit sur une coupe scanographique par l’association :
• d’une anomalie du sac dural qui est déformé, ovalaire,
déplacé et étiré latéralement vers le récessus. Ce récessus est
occupé par une structure dont la densité se rapproche de celle Figure 31. Kyste arachnoïdien radiculaire.
du disque intervertébral, faisant suspecter une hernie discale
migrée, voire exclue (Fig. 30A) ;
• d’une déformation osseuse du récessus latéral qui est élargi du
côté de l’anomalie. Le doute diagnostique peut être levé avec graphie conventionnelle. Très souvent, il s’agit d’une hypertro-
la mise en évidence de l’anomalie d’émergence par la radicu- phie d’un massif transversaire et de la création d’une néo-
lographie ou l’IRM (Fig. 30B).
articulation avec l’aileron sacré en regard.
Kystes méningés
Ligaments inconstants
La fréquence des ectasies méningées radiculaires est grande ;
leur volume est également très variable. Les kystes, en fonction Certaines structures ligamentaires foraminales, en raison de
de leur volume et de leur siège, peuvent laisser une empreinte leur caractère inconstant, peuvent être assimilées à des varia-
sur les structures osseuses avoisinantes : élargissement d’un tions anatomiques. Des ligaments souvent bilatéraux, situés à la
récessus latéral occupé par une grosse racine, empreinte lamaire, partie basse du foramen, orientés dans le plan antéropostérieur,
etc. L’IRM ou la radiculographie affirment le diagnostic en cas unissent le bord postérolatéral du disque intervertébral au
de doute (Fig. 31). pédicule, à l’apophyse articulaire supérieure ou à l’apophyse
transverse (Fig. 33).
Anomalies transitionnelles (Fig. 32) La face antérieure du fourreau dural est parfois unie à la face
Elles sont à la limite de la variante morphologique puisqu’elles postérieure du corps vertébral par une lame fibreuse qui
correspondent à une malformation mineure. L’aspect en coupe cloisonne l’espace épidural antérieur : ligament de Hoffmann
axiale est tout à fait superposable à l’aspect décrit en radio- (Fig. 34).
Considérations techniques
Antennes
Ce sont des antennes de surface réceptrices, adaptées à l’étude
du rachis. On utilise les antennes à réseau phasé (phased-array)
pour améliorer le rapport signal/bruit et par voie de consé-
. quence la résolution spatiale. L’antenne rachis assure une
exploration globale du rachis. L’activation segmentaire de
l’antenne permet d’effectuer un examen centré.
Séquences
De nombreuses séquences sont utilisées pour explorer le
rachis : des séquences en spin écho (SE) avec une pondération
T1 et T2 et des séquences en écho de gradient. Les séquences
en SE rapide fast spin echo (FSE) ou turbo spin echo permettent
d’obtenir des images pondérées T2 en un temps plus court
qu’avec les séquences SE ; ces séquences réduisent les artefacts
métalliques, notamment d’origine chirurgicale, et elles ne sont
pas perturbées par les artefacts de flux au niveau du sac dural.
En FSE, le LCS présente un hypersignal homogène et la graisse
possède un signal plus élevé. L’inconvénient majeur des
séquences FSE est sa faible sensibilité pour analyser la moelle
osseuse vertébrale. La séquence T1 FLAIR (fluid attenuated
inversion recovery) permet une meilleure différenciation du cône
médullaire et de la queue de cheval par rapport au LCS (Fig. 35).
Pour l’étude de la moelle osseuse ou de structures à forte
composante graisseuse, la séquence SE pondérée en T1 peut être
couplée avec une technique de suppression de la graisse (fat sat)
ainsi qu’avec l’injection d’un agent paramagnétique (gadoli-
nium) (Fig. 36). On peut également utiliser la séquence STIR
(short tau inversion recovery) (Fig. 37), l’écho de gradient, ainsi
que les séquences en diffusion et en opposition de phase.
Figure 33. Ligament foraminal (flèches) (A, B).
Coupes
Elles sont acquises et reconstruites en 2 DFT (double transfor-
■ Imagerie par résonance mée de Fournier). L’épaisseur des coupes doit être assez faible
pour réduire au maximum les effets de volume partiel ; cette
magnétique épaisseur est généralement de 3 à 5 mm. Les coupes peuvent
être jointives ou espacées. Les machines actuelles permettent
L’IRM s’est rapidement imposée comme la principale l’utilisation d’une matrice élevée (512) tout en conservant un
temps d’acquisition court.
méthode d’exploration du rachis. Tout son intérêt réside dans
sa capacité de fournir une image des structures vertébrales, du
contenu du canal rachidien et des structures paravertébrales Plan de coupe de référence
dans les différents plans de l’espace, sans injection de produit C’est le plan sagittal qui permet d’étudier l’ensemble du
de contraste. Dans ce domaine, l’IRM est une méthode particu- rachis lombaire à la fois au niveau des structures paramédianes
lièrement efficace. L’injection d’un agent paramagnétique (le et médianes. Les coupes axiales transverses, positionnées en
gadolinium) est cependant utile pour l’étude des rachis opérés fonction des anomalies constatées sur les coupes sagittales, sont
à la recherche d’une récidive de hernie discale ainsi que dans les utiles pour l’analyse du rebord postérieur du disque interverté-
processus infectieux et tumoraux. bral, des structures canalaires et de leur contenu ainsi que des
Figure 35. Coupe sagittale T1 FLAIR (fluid attenuated inversion Figure 37. Coupe sagittale en séquence STIR (short tau inversion
recovery). recovery).
Artefacts
. Les artefacts [18] sont d’origines diverses et un bon nombre
d’entre eux peuvent être évités au niveau du patient ou en
fonction de la technique retenue pour réaliser l’examen.
On peut citer :
• l’artefact de flux du LCS dû aux pulsations du LCS ;
• les artefacts de mouvements du patient ;
Figure 36. Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium et avec • l’artefact de repliement (aliasing) ;
suppression du signal de la graisse. • l’artefact de déplacement chimique notamment au niveau des
plateaux vertébraux ;
• l’artefact d’inhomogénéité de champ souvent rencontré au
cours des bilans postopératoires : matériel d’ostéosynthèse,
structures paravertébrales [15]. Les coupes frontales servent de ciment acrylique, greffon, etc.
plan de référence pour la réalisation des coupes sagittales ; les
coupes axiales transverses sont utiles pour la réalisation des IRM lombaire à 3 tesla [3]
coupes frontales, sagittales et obliques.
D’autres plans de coupe viennent compléter l’examen du Elle est caractérisée par plusieurs paramètres :
rachis : • l’augmentation du rapport signal/bruit permet d’optimiser la
• les coupes obliques sont utiles à la recherche d’une compres- qualité de l’image et son efficience ;
sion radiculaire. Le plan de repérage est soit le plan axial, soit • l’augmentation de la résolution spatiale et la réduction du
le plan frontal. Les coupes frontales obliques, situées dans temps d’acquisition ;
Figure 38. Coupe sagittale médiane pondérée T1 réalisée avec une IRM
3 tesla.
Structures vertébrales
Corps vertébral
Différents plans de coupe conviennent pour l’analyse des
corps vertébraux : les coupes sagittales, frontales et axiales.
Sur les séquences pondérées T1, le corps vertébral, composé
de moelle hématopoïétique, se présente avec un signal élevé et
d’intensité intermédiaire entre le signal de la graisse paraverté-
brale et le signal des structures musculaires. Sur les séquences
pondérées T2, le signal médullaire diminue.
Le signal corporéal reflète la composition de la spongieuse et
plus particulièrement, le rapport existant entre les trois compo-
santes médullaires : moelle hématopoïétique ou moelle rouge,
moelle graisseuse ou moelle jaune et os trabéculaire [21-23]. La
distribution normale de la moelle, et donc son signal, varie avec
l’âge et d’autres facteurs. Après la phase de maturation, il existe
une conversion physiologique normale de la moelle hémato-
poïétique active en moelle hématopoïétique inactive de façon
proportionnelle. Quatre aspects de la conversion physiologique
avec l’âge de la moelle hématopoïétique active en moelle jaune
inactive ont été décrits en pondération T1.
Le signal de la moelle jaune évolue comme le signal de la
graisse sous-cutanée en pondération T1 et T2. Son intensité est
faible ou intermédiaire en T2 avec saturation de la graisse ; la
séquence STIR supprime le signal de la moelle jaune. La moelle
rouge apparaît avec un signal intermédiaire en pondération
Figure 40. Coupe sagittale médiane pondérée T2. 1. Ligament verté-
T1 et un aspect hétérogène est fréquent. En pondération T2, le
bral commun antérieur ; 2. fente (cleft) discale ; 3. veine basivertébrale ;
signal d’intensité intermédiaire de la moelle rouge est souvent
4. liquide cérébrospinal ; 5. corps vertébral de L5 ; 6. disque L5-S1 ;
difficile à distinguer de celui de la moelle jaune. Les séquences
7. cône médullaire ; 8. ligament supraépineux ; 9. ligament jaune ;
STIR ou avec saturation de graisse sont très utiles dans ce cas :
10. bord postérieur du fourreau dural ; 11. queue de cheval ; 12. graisse
le signal de la moelle rouge est plus élevé que celui de la moelle
épidurale ; 13. ligament vertébral commun postérieur.
jaune saturée.
LJ
AS
AI
Figure 49. Espace épidural. Coupe axiale pondérée T1. 1. Racine ; Figure 51. Ligament de Hoffmann. Coupe axiale pondérée T1.
2. sac dural ; 3. filum terminal ; 4. graisse foraminale ; 5. espace épidural 1. Graisse épidurale ; 2. ligament de Hoffmann ; 3. racine ; 4. fourreau
antérieur ; 6. fourreau dural. dural.
Figure 59. Coupe axiale pondérée T1 (A, B) avec visualisation des plexus veineux épiduraux antérieurs (flèches, A). 1. Veine radiculaire ; 2. plexus veineux
antéro-interne ; 3. plexus veineux antéroexterne.
■ Références
.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Runge M., Bonneville J.-F. Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale, 30-650-A-11, 2010.