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Radioanatomie du rachis lombaire :


imagerie en coupe
M. Runge, J.-F. Bonneville

Le scanner du rachis lombaire est l’un des examens scanographiques le plus souvent réalisé dans un but
aussi bien diagnostique qu’en radiologie interventionnelle. Le mode spiralé a modifié l’approche
technique qui est facilitée tout en conservant une très grande fiabilité dans les résultats. L’objectif
prépondérant de l’examen scanographique est l’analyse de la structure vertébrale ; la connaissance de
l’anatomie scanographique et des nombreuses variantes est plus que nécessaire. L’imagerie par
résonance magnétique (IRM) a transformé l’examen du rachis lombaire en permettant une vision
multiplanaire et simultanée de toutes les structures qui le constituent : structures vertébrales, intra- et
extrarachidiennes. Les différentes possibilités techniques en IRM contribuent à transformer un examen au
départ bien codifié avec des séquences standardisées en un outil d’une grande efficacité diagnostique. À
l’avenir, l’IRM va s’intégrer dans le champ des méthodes à visée thérapeutique en radiologie
interventionnelle. C’est pourquoi, la connaissance de l’anatomie en résonance magnétique et des
nombreuses variations de cette anatomie est indispensable.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Scanner ; IRM ; Rachis lombaire ; Anatomie ; Variantes

Plan Technique
¶ Examen tomodensitométrique 1 La réalisation d’un examen scanographique du rachis lom-
Technique 1 baire est conditionnée par l’observation d’un certain nombre de
Anatomie scanographique 3 règles techniques.
Variantes et images pièges 8 Le patient est positionné en décubitus dorsal, le plus confor-
tablement possible. Le décubitus latéral est une position qui
¶ Imagerie par résonance magnétique 12
peut être retenue dans certains cas ; elle est à préférer au
Considérations techniques 12
procubitus, position dans laquelle les mouvements respiratoires
Anatomie IRM du rachis lombaire 14
sont la source d’artefacts et qui est généralement adoptée pour
¶ Conclusion 19 les actes de radiologie interventionnelle.
Un cliché digitalisé de repérage permet de déterminer le
. volume dans lequel les coupes d’acquisition sont effectuées. Il
offre de plus, une vue globale de l’ensemble du rachis qui peut
■ Examen tomodensitométrique fournir des renseignements utiles.
Des reconstructions 2D sont réalisées secondairement à partir
des données d’acquisition avec une épaisseur et une orientation
Le rachis a très rapidement bénéficié de l’apport de la adaptée à la pathologie recherchée. Les reconstructions sont
tomodensitométrie. L’intérêt qu’il présente dans l’étude des multiplanaires et il est possible de s’affranchir d’anomalies de
structures rachidiennes n’a pas diminué malgré le développe- . courbure, d’anomalies rotatoires ou de configurations morpho-
ment de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) dont il logiques particulières telles que la verticalisation de la charnière
demeure le principal complément par l’analyse de la structure lombosacrée.
vertébrale. Ceci explique la place qu’occupe le scanner rachidien Dans le bilan des lésions vertébrales et discales, le plan de
parmi les explorations scanographiques courantes ; en pratique, coupe doit autant que possible être parallèle au grand axe des
le scanner demeure la méthode d’imagerie la plus simple pour structures vertébrales et discales (parallèle au plateau vertébral et
explorer la pathologie vertébrale la plus courante : le conflit à l’axe antéropostérieur du disque). Dans l’exploration des
discoradiculaire avec à terme son remplacement par l’IRM. spondylolyses, les coupes sont réalisées dans le plan de l’arc
Par ailleurs, il occupe encore une place prépondérante en postérieur (orientation craniocaudale) pour être perpendiculaires
radiologie interventionnelle qu’elle soit diagnostique ou à la déhiscence isthmique.
thérapeutique tant que les appareils d’IRM à champ ouvert ne Les reconstructions tridimensionnelles (3D) (Fig. 1) sont
seront pas plus développés. facilitées et leur utilité est fonction de la pathologie rencontrée.

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Figure 1. Reconstructions 3D VRT.


A. Vue antérieure. 1. Espace intersomatique ; 2. aileron sacré ; 3. processus transverse ; 4. corps vertébral de L5 ; 5. espace L5-S1.
B. Vue oblique antérieure. 1. Corps vertébral ; 2. espace intersomatique ; 3. espace L5-S1 ; 4. processus épineux ; 5. processus transverse ; 6. processus
articulaire inférieur ; 7. processus articulaire supérieur ; 8. aileron sacré.
C. Vue oblique antérieure. 1. Espace intersomatique ; 2. foramen L3-L4 ; 3. corps vertébral ; 4. espace L5-S1 ; 5. processus transverse ; 6. pédicule ; 7. processus
articulaire inférieur ; 8. processus épineux ; 9. processus articulaire supérieur.
D. Profil. 1. Foramen L2-L3 ; 2. pédicule ; 3. corps vertébral ; 4. espace intersomatique ; 5. processus épineux ; 6. processus transverse ; 7. processus articulaire
inférieur ; 8. processus articulaire supérieur.
E. Oblique postérieure. 1. Corps vertébral ; 2. espace intersomatique ; 3. articulation zygapophysaire ; 4, 5. processus transverse ; 6. processus articulaire
inférieur ; 7. pédicule ; 8. processus articulaire supérieur ; 9. processus épineux ; 10. lame.
F. Vue postérieure. 1. Isthme ; 2. processus articulaire inférieur ; 3. processus transverse ; 4. lame ; 5. processus épineux.

La grande quantité d’images produites par la technique L’appréciation de la morphologie canalaire et les différentes
d’acquisition hélicoïdale pose le problème de leur gestion : mensurations ne peuvent être faites que sur une coupe, d’une
archivage, transmission. L’inconvénient majeur est représenté . part perpendiculaire à l’axe de la structure analysée (canal
par le risque d’irradiation plus important lié à la détermination lombaire, récessus latéral, etc.), et d’autre part examinée en
d’un volume exploré souvent excessif et surdimensionné par fenêtre osseuse.
rapport à l’indication de l’examen. La plupart des examens scanographiques du rachis lombaire
L’examen des coupes scanographiques à la fois en fenêtre ne nécessitent pas d’injection de produit de contraste, intravei-
« tissu mou » (niveau 50-70 UH, fenêtre 200-300 UH) et en neuse ou intrathécale. Les indications de l’injection intravei-
fenêtre osseuse (niveau 300 UH, fenêtre 800-1500 UH) est la neuse de produit de contraste iodé (rachis opérés, infections,
règle. tumeurs) sont devenues les indications de l’IRM.

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Figure 1. (Suite) Reconstructions 3D VRT.


G. Vue axiale. 1. Lame ; 2. processus transverse ; 3. pédicule ; 4. processus épineux ; 5. articulation zygapophysaire ; 6. canal vertébral ; 7. corps vertébral.
H. Vue semi-axiale. 1. Lame ; 2. processus articulaire supérieur ; 3. processus articulaire inférieur ; 4. corps vertébral ; 5. espace intersomatique ; 6. processus
épineux ; 7. articulation zygapophysaire ; 8. canal vertébral ; 9. processus transverse.

Tableau 1.
Anatomie scanographique [1] Conflits propres à chaque niveau.

En raison de la conformation anatomique du rachis lombaire, Niveau de coupe Structure anatomique Type de conflit
l’examen scanographique répond à quatre objectifs principaux Coupe discale Défilé inter-disco- Hernie discale
qui sont autant d’indications : ligamentaire
• l’analyse des pièces vertébrales en tant que structure osseuse
en appréciant leur morphologie (pathologie dégénérative, Niveau Récessus latéral Sténose acquise
pédiculoarticulaire Sténose constitution-
traumatique) et leur structure (ostéodensitométrie dans les
ostéopénies, pathologies infectieuse et tumorale) ; nelle
• l’étude des structures canalaires (le canal central et le canal
Niveau Anneau vertébral Pathologie isthmique
radiculaire) et de leur contenu ; pédiculo-isthmique
• l’appréciation des structures discales ;
• et l’analyse des structures paravertébrales. Coupe foraminale Foramen Hernie discale migrée
Ostéophytose
Structures vertébrales
L’alternance des segments osseux, articulaires et discaux
constituant le rachis lombaire, a conduit à définir quatre peut individualiser dans le plan antéropostérieur [4]. La mor-
. niveaux de coupe qui se répètent pour chaque segment verté- phologie du foramen varie en fonction de la hauteur du disque
bral. La spécificité de ces niveaux est définie par les structures intervertébral.
concernées.
. Ces quatre niveaux, comparables dans chaque métamère Niveau discal (Fig. 3)
lombaire, permettent une étude anatomique précise et facile-
Le disque intervertébral a un aspect grossièrement ovalaire.
ment reproductible.
On ne peut différencier le nucleus de l’anneau fibreux. Leurs
Ces coupes étagées visualisent pour chacun des niveaux les densités sont sensiblement identiques, entre 50 et 100 UH. La
relations topographiques particulières entre les structures périphérie discale est parfois plus dense en raison d’un effet de
extraligamentaires de l’étui osseux et les éléments neuroménin- volume partiel lié à la concavité des plateaux vertébraux
gés ou vasculaires intracanalaires [2]. Cette étude segmentaire adjacents. La densité discale n’est pas modifiée après l’injection
facilite la recherche des conflits potentiels propres à chaque intraveineuse de produit de contraste ; ceci permet de différen-
niveau (Tableau 1). cier le disque d’un plexus veineux ou d’un tissu cicatriciel, qui
à l’inverse présente un rehaussement de densité. L’aspect du
Niveau sous-pédiculaire : coupe foraminale (Fig. 2)
rebord postérieur du disque intervertébral varie selon le niveau ;
Le bord du corps vertébral et le massif articulaire délimitent jusqu’en L4-L5, le rebord discal postérieur est concave sur la
latéralement le foramen, lieu d’émergence rachidienne pour la ligne médiane et parfois rectiligne. Il a tendance à devenir
racine [3]. Le canal de conjugaison est rempli par de la graisse convexe chez le sujet plus âgé ; cette modification traduit
dans laquelle se trouve le ganglion spinal ainsi que les veines l’existence d’une dégénérescence discale correspondant à une
foraminales. Le ganglion spinal, plus ou moins ovalaire, reste à déshydratation progressive. La limite postérieure du disque
distance du disque intervertébral et est proche du sommet de L5-S1 est très souvent rectiligne ou légèrement convexe.
l’apophyse articulaire supérieure. La limite externe du foramen L’arc postérieur est complètement séparé du disque. Il est
est marquée par la présence de structures ligamentaires que l’on constitué par la partie haute de l’apophyse articulaire supérieure

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Figure 2. Coupe axiale foraminale (en L3-L4). 1. Psoas ; 2. veine épidu- Figure 4. Coupe axiale dans le plan pédiculoarticulaire (en L3-L4).
rale ; 3. racine L2 ; 4. ligament jaune ; 5. graisse épidurale ; 6. aorte ; 1. Gouttière radiculaire ; 2. fourreau dural ; 3. articulation zygapophy-
7. corps de L3 ; 8. foramen ; 9. sac dural ; 10. arc postérieur de L3. saire ; 4. graisse épidurale ; 5. ligament jaune ; 6. corps vertébral de L4 ;
7. pédicule de L4 ; 8. racine (en L3-L4) L3 ; 9. processus articulaire
supérieur de L4 ; 10. processus articulaire inférieur de L3 ; 11. processus
épineux.

Figure 3. Coupe axiale dans le plan discal (en L3-L4). 1. Foramen ;


2. processus articulaire supérieur de L4 ; 3. processus articulaire inférieur
de L3 ; 4. graisse épidurale ; 5. disque L3-L4 ; 6. sac dural ; 7. articulation
zygapophysaire ; 8. lame ; 9. processus épineux.

dont la surface articulaire, dirigée en avant et en dedans, répond Figure 5. Articulations zygapophysaires (en L3-L4). Coupe axiale visua-
à l’articulaire inférieure de la vertèbre sus-jacente. Cette lisant les encoches d’insertion capsulaire (flèches).
articulaire inférieure est liée à la lame et à l’apophyse épineuse
de la même vertèbre. Le ligament jaune recouvre la face interne
des lames. . Sur la paroi postérieure du corps vertébral et de chaque côté,
Dans le canal vertébral, les gaines radiculaires émergent du les pédicules, structures à corticale épaisse, relient la colonne
fourreau dural. Le niveau rétrodiscal correspond au premier corporéale aux colonnes articulaires postérolatérales.
segment du défilé radiculaire ou défilé inter-disco-ligamentaire . Sur une coupe axiale du massif articulaire, l’apophyse articu-
de Latarjet et Magnin [5]. laire inférieure siège en avant de l’apophyse articulaire supé-
Les racines antéroexternes au sac dural sont bien repérables rieure de la vertèbre sous-jacente (Fig. 5).
au sein de la graisse épidurale, situées en dedans et légèrement Ce complexe articulaire présente des caractères scanographi-
en avant du bord interne de l’articulaire supérieure. La racine ne ques à connaître [6]. Les surfaces articulaires sont lisses, limitées
doit pas être confondue avec les veines épidurales antérieures, par une corticale régulière, d’épaisseur uniforme. Elles sont
de siège plus médian et antérieur. concaves en arrière et en dedans. Les facettes articulaires sont
La plage discale est encadrée latéralement par celle des caractérisées par la présence d’encoches au voisinage de l’arti-
muscles psoas. culation ; ces encoches, correspondant aux zones d’insertion
capsulaire, sont plus nettes sur le versant interne des apophyses
Niveau pédiculoarticulaire (Fig. 4)
articulaires supérieures. Tous ces caractères permettent de
La coupe axiale intéresse le corps vertébral, les pédicules, les différencier une facette articulaire d’une zone de déhiscence
colonnes articulaires et l’espace interlamaire. isthmique (Tableau 2). L’interligne articulaire, arciforme, est

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Tableau 2.
Diagnostic différentiel entre lyse isthmique et articulation postérieure.
Facette articulaire Lyse isthmique
Corticale nette et régulière Absence de corticale ; contours
Encoche d’insertion capsulaire irréguliers
Hauteur uniforme de l’espace Absence d’encoche
articulaire Hauteur irrégulière de l’espace
Condensation sous-chondrale articulaire
régulière Condensation sous-chondrale
étendue et irrégulière

Figure 7. Coupe axiale pédiculolamaire (en L3-L4). 1. Gouttière radi-


culaire ; 2. racine L4 ; 3. lame de L4 ; 4. corps de L4 ; 5. pédicule de L4 ;
6. processus transverse ; 7. processus articulaire supérieur de L4 ;
8. processus articulaire inférieur de L3 ; 9. processus épineux de L4.

Figure 6. Processus articulaires postérieurs. Reconstruction 3D VRT.


Vue oblique endocanalaire. 1. Processus articulaire supérieur ; 2. interli-
gne articulaire ; 3. processus articulaire inférieur.

Figure 8. Rupture isthmique bilatérale (flèches) : interruption de l’an-


présente dans le plan frontal ou axial par rapport à l’horizon- neau osseux.
tale, avec une orientation variable d’un sujet à l’autre, allant de
quelques degrés à 90° ; l’angulation moyenne à l’étage lombaire,
est d’environ 45°. Il existe très souvent une asymétrie d’orien-
tation des facettes droites et gauches. Dans le plan sagittal, canalaire puisqu’il correspond au siège des contraintes nerveuses
l’orientation des interlignes est proche de la verticale (Fig. 6). par sténose constitutionnelle du canal vertébral.
L’angulation que les facettes déterminent avec le plan sagittal
médian varie de L1 à L5. La valeur de cet angle augmente Structures paravertébrales
progressivement de haut en bas et correspond au changement
progressif d’orientation des facettes articulaires. Les facettes Parmi l’ensemble des structures paravertébrales, il importe de
plutôt sagittales en L1, deviennent plus frontales en L5. reconnaître sur les coupes axiales, deux structures particulières :
L’interligne articulaire mesure à sa partie moyenne entre 2 et la veine lombaire ascendante et les éléments nerveux du plexus
4 mm [7]. Les récessus supérieur et inférieur renferment des lombosacré [10].
franges graisseuses pouvant en haut communiquer avec la
Veine lombaire ascendante
graisse du foramen. Une augmentation du volume de ces
franges graisseuses se traduit par un élargissement de l’interligne Elle présente un trajet vertical dans le plan du trou de
articulaire associé à une hypodensité qui peut s’insinuer entre conjugaison (Fig. 9). Née de la veine iliaque primitive, elle
la lame et le ligament jaune. L’articulation interapophysaire est chemine le long du rachis lombaire en avant des apophyses
recouverte par le ligament jaune sur sa face antéro-interne. transverses, pour se jeter dans le système azygos. Elle est difficile
à différencier du ligament iliolombaire.
Niveau pédiculolamaire ou isthmopédiculaire (Fig. 7)
Branches du plexus lombosacré [10]
La coupe axiale passant par le plan pédiculolamaire fait
apparaître un anneau osseux complet, délimitant le canal Le plexus lombosacré est formé par les branches ventrales des
lombaire. Cet anneau est formé par le bord postérieur du corps nerfs rachidiens lombaires et sacrés. Les branches ventrales de
vertébral, les pédicules, les isthmes et les lames. Un anneau L1 à L3 et un contingent provenant de la branche ventrale de
osseux complet exclut l’existence d’une spondylolyse (Fig. 8). L4 constituent le plexus lombaire. Le reste de la branche
La gaine radiculaire est située dans la partie basse du récessus ventrale de L4 et la branche ventrale de L5 se réunissent pour
latéral. Elle est plaquée au fond du récessus contre le pédicule. former le tronc lombosacré. Les coupes axiales pratiquées au
Le récessus latéral, dans sa partie basse, présente des parois de niveau lombaire intéressent surtout les branches antérieures des
nature uniquement osseuse et non articulaire [8, 9]. C’est au nerfs rachidiens, le nerf fémoral et le nerf obturateur
niveau pédiculolamaire que l’on peut apprécier la morphologie (Fig. 10, 11).

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1
2
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Figure 12. Segmentation radiculaire. 1. Segment d’émergence ;


Figure 9. Coupe axiale passant par le plan L5-S1. 1. Veine iliaque 2. segment discal ; 3. segment pédiculaire ; 4. segment foraminal.
primitive ; 2. veine lombaire ascendante ; 3. tronc lombosacré.

Contenu du canal lombaire [11]


Le canal lombaire contient des éléments neuroméningés, de
la graisse et des veines épidurales.
Le sac dural contient les racines de la queue de cheval
baignant dans le liquide cérébrospinal (LCS). La densité du sac
est homogène et ses contours sont réguliers. La taille du sac
dural, sa situation intracanalaire et la hauteur de sa terminaison
sont variables.
Les racines nerveuses : le trajet intracanalaire de chaque
racine se décompose en quatre segments (Fig. 12, 13) :
• le segment d’émergence ;
• le segment discal : la racine est dans le défilé inter-disco-
articulaire ;
• le segment pédiculaire dans le récessus latéral ;
• le segment foraminal à la partie supérieure du trou de
conjugaison.
La graisse épidurale : la quantité de graisse épidurale varie
d’un sujet à l’autre et en fonction de l’étage ; elle est en
quantité plus importante en L5-S1 qu’en L4-L5.
Les veines épidurales [12] ; les plexus veineux longitudinaux
sont situés dans l’espace épidural antérieur ; l’un à droite et
l’autre à gauche (Fig. 14A). Les veines émissaires du trou de
Figure 10. Coupe axiale visualisant le nerf fémoral. 1. Nerf fémoral ; conjugaison sont identifiables dans le foramen accompagnant la
2. racine L4. racine (Fig. 14B).

Mensurations du canal lombaire (Tableau 3)


Le scanner permet à tous les niveaux de mesurer le diamètre
antéropostérieur des structures canalaires lombaires. Ces mesures
sont toujours effectuées à partir de coupes axiales examinées en
fenêtre osseuse, ou à partir de reconstructions sagittales média-
nes et paramédianes. Les coupes doivent être perpendiculaires à
l’axe du canal pour éviter que la valeur mesurée soit plus grande
que la valeur réelle. Les critères morphologiques ou métriques
du canal lombaire et leurs variations ont été définis sur les
coupes pédiculoarticulaires et pédiculolamaires. Lee propose de
mesurer le diamètre antéropostérieur, le diamètre interpédicu-
laire, le diamètre interarticulaire et la longueur du pédicule
(Fig. 15). Il est possible de retenir des valeurs statistiques
moyennes pour les dimensions du canal :
• le diamètre interpédiculaire augmente de L1 (20 mm) à L5
(25 mm) ;
• la valeur moyenne du diamètre antéropostérieur est de 15 à
Figure 11. Plexus lombosacré. 1. Tronc lombosacré ; 2. nerf fémoral ; 17 mm ;
3. nerf obturateur. • la longueur du pédicule diminue de L1 (16 mm) à L5
(8 mm) ;
• le diamètre antéropostérieur du récessus latéral est supérieur
Par ailleurs, l’exploration scanographique du rachis lombaire ou égal à 5 mm. Il augmente de L1 à L5.
révèle parfois l’existence de lésions extrarachidiennes : tumeurs L’appréciation du calibre canalaire ne saurait se départir d’une
rétropéritonéales, adénopathies, lésions vasculaires (anévrisme étude de la surface canalaire ainsi que de la place occupée par
aortique), urinaires ou musculaires (hématomes ou abcès du les structures molles intracanalaires telles que le ligament jaune
psoas). ou un éventuel kyste synovial articulaire postérieur.

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Figure 13. Émergence radiculaire au niveau L5-S1.


A. La racine L5 occupe la partie haute du foramen L4-L5 après son trajet dans la gouttière radiculaire de L5. Les racines S1 sont localisées à la face antérolatérale
du sac dural.
B. Émergence des racines S1.
C. Les racines S1 sont séparées du sac dural.
D. En regard du disque L5-S, les racines S1 croisent la face postérolatérale du disque et se dirigent obliquement vers l’avant pour gagner la gouttière radiculaire.
E. Les racines S1 occupent le segment supérieur du récessus latéral.
F. Progression des racines S1 dans la gouttière radiculaire en direction du foramen.

Figure 14. Veines épidurales.


A. 1. Veine épidurale antérolatérale externe ; 2. racine ; 3. veine basivertébrale ; 4. veine épidurale antérolatérale interne.
B. 1. Veine épidurale antérolatérale externe ; 2. veine lombaire ascendante ; 3. veine radiculaire ; 4. ganglion rachidien.

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Tableau 3.
Mensurations du canal lombaire.
Diamètre antéropostérieur Diamètre transverse interarticulaire Surface du canal osseux
Normal ≥ 15 mm > 20 mm > 200 mm2
Étroitesse relative 13-14 mm 150-200 mm2
Étroitesse absolue ≤ 12 mm < 15 mm < 145 mm2

3 2 5
1
4

Figure 15. Dimensions du canal lombaire. 1. Diamètre antéroposté-


rieur ; 2. largeur du récessus ; 3. diamètre interpédiculaire ; 4. diamètre
interfacettaire ou interarticulaire ; 5. hauteur du pédicule.

L’ensemble de ces critères permet d’apprécier l’existence


d’une sténose canalaire et des mensurations particulières
caractérisent le canal lombaire étroit. Deux types de sténose ont
été définis en fonction du degré de sévérité :
• la sténose absolue quand le diamètre antéropostérieur ne
dépasse pas 10 mm ; Figure 16. Pseudocalcification du ligament jaune correspondant à un
• la sténose relative quand sa valeur est comprise entre 10 et effet de bord au niveau du bord supérieur de la lame, visualisé sur les
12 mm. coupes sucessives (A à D).
On parle d’étroitesse du récessus latéral lorsque son diamètre
est inférieur à 3 mm.
En pratique, apprécier la morphologie canalaire et les
rapports existant entre le contenu et le contenant, est plus (coupe pédiculolamaire). Une image analogue peut exister au
important que de s’attacher aux mensurations. L’IRM est plus niveau des facettes articulaires et est à différencier d’un proces-
performante dans ce domaine, mais dans les deux sus arthrosique.
cas les contraintes statiques ne peuvent valablement L’artefact facettaire par durcissement du rayon (beam harde-
s’exprimer. ning) se traduit par une hypodensité du fourreau dural dans son
segment postérieur simulant l’existence d’un débord discal
postérieur (Fig. 17).
Variantes et images pièges
Les variantes tomodensitométriques sont nombreuses et elles Variations anatomiques
constituent autant d’images pièges. Elles ne sont pas toutes
abordées ici. Nous distinguons les variantes liées à la technique Fentes vasculaires [5] (Fig. 18)
et les variations anatomiques. Des structures canalaires axiales et médianes sont souvent
visualisées au niveau des corps vertébraux. Elles prennent un
Variantes liées à la technique aspect variable : image en V, en Y ou simple fenestration
corticale postérieure avec un septum osseux. Ces canaux, lieu de
Les outils actuels de reconstruction des coupes dans le plan passage des veines basivertébrales, peuvent simuler une fracture
axial ainsi que le mode d’acquisition permettent d’éviter la du corps vertébral.
survenue d’images souvent présentes sur les coupes axiales
réalisées en mode incrémental. Éperon osseux rétrocorporéal
Pseudodébord discal : une rotation est responsable d’un Cet éperon osseux médian, sur le bord postérieur du corps
débord discal latéral, projeté dans le trou de conjugaison ; la vertébral, correspond à un tubercule situé au point d’émergence
rotation peut être corrigée secondairement pendant la recons- des vaisseaux vertébraux (Fig. 19).
truction des images. Cette image est à différencier d’une hernie
discale foraminale.
Ossification de l’insertion supérieure du ligament jaune
Pseudocalcification du ligament jaune (Fig. 16) : le bord
interne du ligament jaune présente parfois un liseré dense de Une arête d’insertion à la face antérieure des lames est une
densité osseuse qui ne doit pas être confondu avec une calcifi- réalité anatomique fréquente alors qu’elle est beaucoup plus
cation ligamentaire. Cette limite « pseudo-osseuse », due à un rarement présente sur les examens tomodensitométriques. Sa
phénomène de volume partiel, n’est autre que le rebord lamaire fréquence est maximale en T9-T10 ; elle diminue progressive-
qui est retrouvé sur la coupe immédiatement sous-jacente ment en allant vers T1 et L5.

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Figure 20. Hernie intraspongieuse rétromarginale antérieure.

Figure 17. Artefact facettaire : beam hardening (flèches).

Figure 21. Hernie intraspongieuse.

Figure 18. Fentes vasculaires intrasomatiques (flèches).

Figure 22. Ossicules accessoires.

pourrait correspondre à une ossification du ligament jaune. Il


est asymptomatique et doit être différencié d’un ostéophyte,
d’un fragment discal calcifié ou d’un fragment osseux d’origine
traumatique.

Hernies intraspongieuses
L’aspect scanographique est évocateur sous la forme d’une
zone arrondie, hypodense, de taille variable, cernée par un liseré
dense. Le siège corporéal de ces hernies est proche de l’espace
intervertébral. Les hernies intraspongieuses peuvent être
Figure 19. Éperon osseux rétrosomatique au niveau de la zone d’émer- antérieures, médianes ou postérieures (Fig. 20, 21).
gence de la veine basivertébrale (flèche).
Ossicules accessoires [13]
Les ossicules accessoires proviennent de noyaux d’ossification
Éperon foraminal secondaires non fusionnés. Ils se rencontrent au sommet des
Un éperon osseux très souvent bilatéral, né de la région différentes apophyses vertébrales (Fig. 22). Mis en évidence sur
isthmique ou du pédicule, peut occuper le trou de conjugaison. des coupes axiales ou coronales, ils sont nettement délimités par
Situé en arrière des éléments nerveux, ce processus osseux une corticale en périphérie (Fig. 23).

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 9


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

Figure 23. Ossicule accessoire situé au niveau de l’extrémité supérieure Figure 25. Ostéocondensation à la jonction corps-pédicule au niveau
de l’apophyse articulaire supérieure de L5 (flèche). de la synchondrose (tête de flèche).

2
3

4 5

6
Figure 26. Principaux sites de déhiscence arcuale. 1. Synchondrose
neurocentrale ; 2. déhiscence rétrosomatique ; 3. déhiscence isthmique ;
4. déhiscence rétro-isthmique ; 5. déhiscence paraspinale ; 6. déhiscence
Figure 24. Synchondrose de type canalaire (tête de flèche). spinale.

Le diagnostic différentiel principal est l’arrachement osseux


traumatique.

Défaut de fusion du listel marginal antérieur


Le listel marginal, qui normalement fusionne vers l’âge de
15 ans, peut rester individualisé. L’aspect tomodensitométrique
est identique à celui d’une hernie rétromarginale.

Reliquats de synchondroses
Les synchondroses neurocentrales persistent parfois chez
l’adulte. Situées dans l’angle postérolatéral du corps vertébral,
les synchondroses neurocentrales s’étendent verticalement au
travers du corps vertébral ; elles s’ossifient progressivement pour
disparaître à l’étage lombaire, vers l’âge de 6 ans. La persistance
d’une synchondrose se traduit par une déhiscence (Fig. 24). Plus
souvent, on note une bande d’ostéocondensation (Fig. 25).
Les déhiscences pédiculaires ou rétrosomatiques relèvent du
même mécanisme ; elles sont très rares, de même que les Figure 27. Déhiscence de l’arc postérieur de S1.
déhiscences rétro-isthmiques (Fig. 26). Les déhiscences paraspi-
nales ou spinales (spina bifida) sont beaucoup plus fréquentes
(Fig. 27).
Canaux vertébraux lombosacrés (Fig. 28, 29)
Vide articulaire interapophysaire
Des orifices de taille variable, bien circonscrits, sont souvent
La présence d’une image hypodense, de tonalité aérique, au présents de part et d’autre du canal lombaire en L5 ou en S1.
niveau des articulations interapophysaires postérieures, est un Situés à la base de l’apophyse articulaire supérieure et à la base
phénomène fréquent. Les facettes articulaires sont normales, de l’apophyse transverse, ces orifices peuvent correspondre à la
sans signe d’altération dégénérative ; cette image est beaucoup coupe axiale d’un tunnel résultant de la calcification du
plus fréquente dans un contexte d’arthrose facettaire. Ce ligament mamillo-accessoire. Ce ligament est tendu entre le
phénomène du « vide articulaire », bien connu, relève d’un processus mamillaire, situé à la base de l’apophyse articulaire
mécanisme de traction sur les articulations vertébrales posté- supérieure et le processus accessoire, localisé à la base de
rieures au cours de mouvements rachidiens. l’apophyse transverse. Selon certains auteurs, ce canal serait le

10 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

Figure 28. Canal vertébral de petit diamètre (flèche).

Figure 30. Racines conjointes. Déformation du sac dural et élargisse-


ment du recessus latéral droit (têtes de flèches).
A. Fenêtre molle.
B. Fenêtre osseuse.

Figure 29. Exemple de canal vertébral large.

lieu de passage de structures nerveuses [14] , alors que pour


d’autres auteurs les canaux d’un diamètre inférieur à 3 mm sont
occupés par des veines.

Racines conjointes
L’émergence conjointe de deux racines à un même niveau se
traduit sur une coupe scanographique par l’association :
• d’une anomalie du sac dural qui est déformé, ovalaire,
déplacé et étiré latéralement vers le récessus. Ce récessus est
occupé par une structure dont la densité se rapproche de celle Figure 31. Kyste arachnoïdien radiculaire.
du disque intervertébral, faisant suspecter une hernie discale
migrée, voire exclue (Fig. 30A) ;
• d’une déformation osseuse du récessus latéral qui est élargi du
côté de l’anomalie. Le doute diagnostique peut être levé avec graphie conventionnelle. Très souvent, il s’agit d’une hypertro-
la mise en évidence de l’anomalie d’émergence par la radicu- phie d’un massif transversaire et de la création d’une néo-
lographie ou l’IRM (Fig. 30B).
articulation avec l’aileron sacré en regard.
Kystes méningés
Ligaments inconstants
La fréquence des ectasies méningées radiculaires est grande ;
leur volume est également très variable. Les kystes, en fonction Certaines structures ligamentaires foraminales, en raison de
de leur volume et de leur siège, peuvent laisser une empreinte leur caractère inconstant, peuvent être assimilées à des varia-
sur les structures osseuses avoisinantes : élargissement d’un tions anatomiques. Des ligaments souvent bilatéraux, situés à la
récessus latéral occupé par une grosse racine, empreinte lamaire, partie basse du foramen, orientés dans le plan antéropostérieur,
etc. L’IRM ou la radiculographie affirment le diagnostic en cas unissent le bord postérolatéral du disque intervertébral au
de doute (Fig. 31). pédicule, à l’apophyse articulaire supérieure ou à l’apophyse
transverse (Fig. 33).
Anomalies transitionnelles (Fig. 32) La face antérieure du fourreau dural est parfois unie à la face
Elles sont à la limite de la variante morphologique puisqu’elles postérieure du corps vertébral par une lame fibreuse qui
correspondent à une malformation mineure. L’aspect en coupe cloisonne l’espace épidural antérieur : ligament de Hoffmann
axiale est tout à fait superposable à l’aspect décrit en radio- (Fig. 34).

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 11


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

Figure 34. Ligament de Hoffmann (flèche).


Figure 32. Anomalie transitionnelle lombosacrée : hémisacralisation
gauche de L5 (flèche).

Considérations techniques
Antennes
Ce sont des antennes de surface réceptrices, adaptées à l’étude
du rachis. On utilise les antennes à réseau phasé (phased-array)
pour améliorer le rapport signal/bruit et par voie de consé-
. quence la résolution spatiale. L’antenne rachis assure une
exploration globale du rachis. L’activation segmentaire de
l’antenne permet d’effectuer un examen centré.

Séquences
De nombreuses séquences sont utilisées pour explorer le
rachis : des séquences en spin écho (SE) avec une pondération
T1 et T2 et des séquences en écho de gradient. Les séquences
en SE rapide fast spin echo (FSE) ou turbo spin echo permettent
d’obtenir des images pondérées T2 en un temps plus court
qu’avec les séquences SE ; ces séquences réduisent les artefacts
métalliques, notamment d’origine chirurgicale, et elles ne sont
pas perturbées par les artefacts de flux au niveau du sac dural.
En FSE, le LCS présente un hypersignal homogène et la graisse
possède un signal plus élevé. L’inconvénient majeur des
séquences FSE est sa faible sensibilité pour analyser la moelle
osseuse vertébrale. La séquence T1 FLAIR (fluid attenuated
inversion recovery) permet une meilleure différenciation du cône
médullaire et de la queue de cheval par rapport au LCS (Fig. 35).
Pour l’étude de la moelle osseuse ou de structures à forte
composante graisseuse, la séquence SE pondérée en T1 peut être
couplée avec une technique de suppression de la graisse (fat sat)
ainsi qu’avec l’injection d’un agent paramagnétique (gadoli-
nium) (Fig. 36). On peut également utiliser la séquence STIR
(short tau inversion recovery) (Fig. 37), l’écho de gradient, ainsi
que les séquences en diffusion et en opposition de phase.
Figure 33. Ligament foraminal (flèches) (A, B).

Coupes
Elles sont acquises et reconstruites en 2 DFT (double transfor-
■ Imagerie par résonance mée de Fournier). L’épaisseur des coupes doit être assez faible
pour réduire au maximum les effets de volume partiel ; cette
magnétique épaisseur est généralement de 3 à 5 mm. Les coupes peuvent
être jointives ou espacées. Les machines actuelles permettent
L’IRM s’est rapidement imposée comme la principale l’utilisation d’une matrice élevée (512) tout en conservant un
temps d’acquisition court.
méthode d’exploration du rachis. Tout son intérêt réside dans
sa capacité de fournir une image des structures vertébrales, du
contenu du canal rachidien et des structures paravertébrales Plan de coupe de référence
dans les différents plans de l’espace, sans injection de produit C’est le plan sagittal qui permet d’étudier l’ensemble du
de contraste. Dans ce domaine, l’IRM est une méthode particu- rachis lombaire à la fois au niveau des structures paramédianes
lièrement efficace. L’injection d’un agent paramagnétique (le et médianes. Les coupes axiales transverses, positionnées en
gadolinium) est cependant utile pour l’étude des rachis opérés fonction des anomalies constatées sur les coupes sagittales, sont
à la recherche d’une récidive de hernie discale ainsi que dans les utiles pour l’analyse du rebord postérieur du disque interverté-
processus infectieux et tumoraux. bral, des structures canalaires et de leur contenu ainsi que des

12 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

Figure 35. Coupe sagittale T1 FLAIR (fluid attenuated inversion Figure 37. Coupe sagittale en séquence STIR (short tau inversion
recovery). recovery).

l’axe du foramen, visualisent le trajet de la racine jusqu’au


trou de conjugaison. Les coupes sagittales obliques perpendi-
culaires à l’axe du foramen, sont utiles à l’étude des foramen ;
• les coupes coronales dont la réalisation est parfois rendue
difficile en fonction de l’importance de la lordose, intéressent
les structures vertébrales et paravertébrales [16] ; au niveau du
canal vertébral, elles objectivent les racines de la queue de
cheval depuis leur émergence du sac dural jusqu’au-delà du
trou de conjugaison ;
• Morvan [17] propose de débuter l’examen du rachis lombaire
par des coupes frontales épaisses avec un grand champ de
vue, en séquence STIR, couvrant la totalité du rachis
jusqu’aux hanches comme l’incidence de De Sèze. Ces coupes
peuvent révéler l’existence de lésions qui échappent aux
coupes sagittales et axiales habituelles ;
• l’injection d’un agent paramagnétique rehausse le signal des
éléments vasculaires (plexus veineux) et des structures
hypervascularisées.

Artefacts
. Les artefacts [18] sont d’origines diverses et un bon nombre
d’entre eux peuvent être évités au niveau du patient ou en
fonction de la technique retenue pour réaliser l’examen.
On peut citer :
• l’artefact de flux du LCS dû aux pulsations du LCS ;
• les artefacts de mouvements du patient ;
Figure 36. Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium et avec • l’artefact de repliement (aliasing) ;
suppression du signal de la graisse. • l’artefact de déplacement chimique notamment au niveau des
plateaux vertébraux ;
• l’artefact d’inhomogénéité de champ souvent rencontré au
cours des bilans postopératoires : matériel d’ostéosynthèse,
structures paravertébrales [15]. Les coupes frontales servent de ciment acrylique, greffon, etc.
plan de référence pour la réalisation des coupes sagittales ; les
coupes axiales transverses sont utiles pour la réalisation des IRM lombaire à 3 tesla [3]
coupes frontales, sagittales et obliques.
D’autres plans de coupe viennent compléter l’examen du Elle est caractérisée par plusieurs paramètres :
rachis : • l’augmentation du rapport signal/bruit permet d’optimiser la
• les coupes obliques sont utiles à la recherche d’une compres- qualité de l’image et son efficience ;
sion radiculaire. Le plan de repérage est soit le plan axial, soit • l’augmentation de la résolution spatiale et la réduction du
le plan frontal. Les coupes frontales obliques, situées dans temps d’acquisition ;

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 13


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

Figure 38. Coupe sagittale médiane pondérée T1 réalisée avec une IRM
3 tesla.

• l’accentuation des artefacts de déplacement chimique, de


susceptibilité magnétique et de flux ;
• l’augmentation de l’énergie délivrée aux tissus (SAR) ;
• l’allongement du temps de relaxation T1 diminue le contraste Figure 39. Coupe sagittale médiane pondérée T1. 1. Corps vertébral de
du LCS et rend difficile la discrimination entre la moelle, le L1 ; 2. veine basivertébrale ; 3. ligament vertébral commun antérieur ;
cône médullaire, la queue de cheval et le LCS (Fig. 38). 4. liquide cérébrospinal ; 5. disque intervertébral ; 6. corps vertébral de
S1 ; 7. cône médullaire ; 8. graisse épidurale ; 9. ligament interépineux ;
Anatomie IRM du rachis lombaire [19, 20] 10. ligament jaune ; 11. ligament supraépineux ; 12. limite postérieure du
fourreau dural ; 13. racines de la queue de cheval ; 14. processus épineux.
L’analyse des différentes structures rachidiennes est réalisée à
partir de coupes sagittales et axiales pondérées T1 et T2 (Fig. 39
à 41).

Structures vertébrales
Corps vertébral
Différents plans de coupe conviennent pour l’analyse des
corps vertébraux : les coupes sagittales, frontales et axiales.
Sur les séquences pondérées T1, le corps vertébral, composé
de moelle hématopoïétique, se présente avec un signal élevé et
d’intensité intermédiaire entre le signal de la graisse paraverté-
brale et le signal des structures musculaires. Sur les séquences
pondérées T2, le signal médullaire diminue.
Le signal corporéal reflète la composition de la spongieuse et
plus particulièrement, le rapport existant entre les trois compo-
santes médullaires : moelle hématopoïétique ou moelle rouge,
moelle graisseuse ou moelle jaune et os trabéculaire [21-23]. La
distribution normale de la moelle, et donc son signal, varie avec
l’âge et d’autres facteurs. Après la phase de maturation, il existe
une conversion physiologique normale de la moelle hémato-
poïétique active en moelle hématopoïétique inactive de façon
proportionnelle. Quatre aspects de la conversion physiologique
avec l’âge de la moelle hématopoïétique active en moelle jaune
inactive ont été décrits en pondération T1.
Le signal de la moelle jaune évolue comme le signal de la
graisse sous-cutanée en pondération T1 et T2. Son intensité est
faible ou intermédiaire en T2 avec saturation de la graisse ; la
séquence STIR supprime le signal de la moelle jaune. La moelle
rouge apparaît avec un signal intermédiaire en pondération
Figure 40. Coupe sagittale médiane pondérée T2. 1. Ligament verté-
T1 et un aspect hétérogène est fréquent. En pondération T2, le
bral commun antérieur ; 2. fente (cleft) discale ; 3. veine basivertébrale ;
signal d’intensité intermédiaire de la moelle rouge est souvent
4. liquide cérébrospinal ; 5. corps vertébral de L5 ; 6. disque L5-S1 ;
difficile à distinguer de celui de la moelle jaune. Les séquences
7. cône médullaire ; 8. ligament supraépineux ; 9. ligament jaune ;
STIR ou avec saturation de graisse sont très utiles dans ce cas :
10. bord postérieur du fourreau dural ; 11. queue de cheval ; 12. graisse
le signal de la moelle rouge est plus élevé que celui de la moelle
épidurale ; 13. ligament vertébral commun postérieur.
jaune saturée.

14 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

Figure 42. Éperon postérieur. Présence d’un éperon cortical au niveau


du mur vertébral postérieur situé immédiatement au-dessus de l’orifice
d’émergence de la veine basivertébrale (flèche).

Son émergence corporéale se traduit par un defect cortical au


niveau du mur vertébral postérieur qu’objectivent les coupes
. sagittales et axiales. Un éperon cortical domine parfois le point
d’émergence corporéale de la veine (Fig. 42). Le signal de la
veine basivertébrale est également élevé en pondération T2.
Une empreinte nucléaire est fréquemment présente sur les
plateaux vertébraux à l’union du tiers postérieur avec les deux
tiers antérieurs (Fig. 43). Parfois, il existe une hernie intraspon-
gieuse, le plus souvent rétromarginale antérieure, constituant
une variation anatomique d’autant qu’il n’existe pas de signes
associés pouvant faire évoquer une ostéochondrose vertébrale.
Figure 41. Coupe axiale pondérée T2.
A. Passant par le disque intervertébral. 1. Psoas ; 2. espace articulaire ; Arc postérieur (Fig. 41, 44)
3. processus articulaire inférieur ; 4. disque intervertébral ; 5. processus
Les éléments de l’arc postérieur sont analysables sur les
articulaire supérieur ; 6. lame ; 7. processus épineux.
coupes frontales, sagittales et axiales.
B. Passant dans le plan des pédicules. 1. Canal vertébral ; 2. processus
transverse ; 3. espace articulaire ; 4. processus articulaire inférieur ;
Les pédicules sont essentiellement composés d’os compact
5. corps vertébral ; 6. pédicule ; 7. surface articulaire supérieure ; sous la forme d’une corticale épaisse, en hyposignal franc en
8. ligament jaune ; 9. processus épineux. pondération T1 et T2. L’os spongieux central présente un signal
identique au signal médullaire corporéal en T1.
Les structures de l’arc postérieur : massif articulaire, lame,
apophyse épineuse présentent le même aspect. Évalué sur les
En pondération T1, le signal de la moelle rouge est plus élevé coupes sagittales paramédianes et sur les coupes axiales, le
. que le signal du muscle normal ou du disque intervertébral. signal de l’arc postérieur est continu ; une solution de conti-
Cette confrontation permet d’apprécier les modifications nuité serait la traduction d’une déhiscence isthmique.
pathologiques.
La coexistence d’éléments rouges et jaunes au sein de la Structures canalaires (Fig. 44, 45)
moelle vertébrale explique la possibilité d’un aspect hétérogène
avec parfois la concentration focalisée d’éléments rouges ou L’étude des structures canalaires et de leur contenu s’effectue
jaunes pouvant faire évoquer l’existence d’un processus sur les coupes sagittales et axiales pondérées T1 et T2. Les
pathologique. coupes sagittales paramédianes permettent d’apprécier les
Le corps vertébral, de même que l’arc postérieur, est délimité . modifications de calibre des récessus latéraux et des trous de
en périphérie par l’hyposignal de la corticale aussi bien en conjugaison. Les foramen sont également étudiés sur des coupes
T1 qu’en T2. Le bas signal cortical au niveau du mur vertébral sagittales obliques (Fig. 45).
antérieur juxtaposé au bas signal du ligament commun anté-
rieur, est à l’origine de l’hyposignal marqué du rebord corporéal Articulations vertébrales postérieures [6, 24]
antérieur ; il en est de même au niveau du mur vertébral (Fig. 46, 47)
postérieur avec la confusion du signal cortical et du signal du
ligament commun postérieur. La différence fréquente de signal Les facettes articulaires et l’interligne articulaire sont identifiés
entre le plateau vertébral inférieur et supérieur au niveau de sur les coupes sagittales et surtout sur les coupes axiales. La
deux vertèbres adjacentes correspond à un artefact de déplace- différenciation entre la spongieuse et la corticale est mieux
ment chimique. perçue sur les séquences SE en densité protonique qu’en T1 ou
Le drainage veineux au niveau du plateau vertébral se en T2. La spongieuse présente un signal intermédiaire homo-
manifeste parfois par une ligne en hypersignal, parallèle au gène, identique au signal corporéal et la corticale est en
plateau vertébral, dont le signal est rehaussé par l’injection de hyposignal.
gadolinium. Cette image se différencie de l’artefact de déplace- Le cartilage hyalin recouvrant les facettes articulaires est
ment chimique par le fait qu’elle persiste en dépit du change- visible dans le plan sagittal et axial. Dans le plan sagittal, la
ment de direction de l’encodage de phase. coupe de référence est la coupe passant par la partie médiane de
La veine basivertébrale, dans son chenal localisé à la partie l’articulation, le milieu du pédicule et l’isthme. Le plan axial est
moyenne du corps vertébral, présente en T1 un signal d’inten- le meilleur plan d’examen pour l’étude des facettes et de
sité élevée lié à la graisse périveineuse et/ou au flux lent l’interligne. Le signal cartilagineux est situé entre le signal de la
intraveineux. graisse et celui de la moelle osseuse. Le cartilage peut être

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 15


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

Figure 44. Coupe sagittale pondérée T1. 1. Veine épidurale ; 2. disque


intervertébral ; 3. corps vertébral ; 4. pédicule ; 5. processus articulaire
supérieur ; 6. ligament jaune ; 7. racine ; 8. graisse épidurale.

Le signal de l’annulus et du nucleus avec les séquences SE


pondérées T1 et T2 ainsi qu’en écho de gradient, reflète la
teneur en eau et la distribution des fibres collagènes dans ces
deux structures.
Le disque intervertébral présente un signal intermédiaire sur
les séquences pondérées T1 et un hypersignal en pondération
T2 (Fig. 48). Il n’existe pas de différence de signal entre le
nucleus et les couches profondes de l’annulus ; dans les deux
Figure 43. Empreintes nucléaires sur les plateaux vertébraux. pondérations, ces deux structures ne peuvent être distinguées.
A. Empreintes nucléaires (flèches). En pondération T1, l’hyposignal est plus marqué dans le
B. Hernies intraspongieuses rétromarginales antérieures (flèche). segment antérieur du disque intervertébral traduisant la situa-
tion excentrée du nucleus et, en conséquence, la diminution
progressive de la teneur discale en eau du centre vers la
périphérie. Cette transition est prononcée chez le sujet jeune et
identifié sur les images en SE mais surtout avec les séquences en elle s’estompe chez le sujet plus âgé [26]. La couche externe des
écho de gradient. L’épaisseur du cartilage n’est pas valablement fibres de l’annulus est matérialisée par une bande en hyposignal
mesurée en raison de phénomènes de volume partiel et des en pondération T1 et T2 à la périphérie du disque, aussi bien
possibilités d’artefact chimique. dans son segment antérieur que postérieur. Les fibres de Sharpey
La capsule articulaire n’est pas visible : dans son segment en hyposignal sont indissociables du bas signal du ligament
antérosupérieur, elle se confond avec le ligament jaune et dans commun postérieur. Les fibres annulaires externes insérées sur
son segment postéro-inférieur, elle se confond avec l’os. le cartilage du plateau vertébral et les fibres de Sharpey insérées
Il existe de nombreux aspects des articulations vertébrales sur le listel marginal sont parfois bien individualisées dans le
postérieures en IRM, en raison de la possibilité d’expansion des segment postérieur de l’espace discal. Les variations de l’état
franges graisseuses et synoviales au-delà de l’espace articulaire. d’hydratation discale durant le nycthémère ne se traduisent pas
L’extension des structures intra-articulaires en dehors de la par une modification perceptible du signal discal.
cavité articulaire, se traduit par des anomalies de signal de part En pondération T2, une bande horizontale, en hyposignal
et d’autre de l’espace articulaire, sous ou au sein du ligament (cleft centronucléaire) [27], existe au centre du disque chez plus
jaune. de 90 % des patients âgés de plus de 30 ans. Cette ligne
. correspond à une fibrose dégénérative de la matrice gélatineuse
Disque intervertébral [25] le long de la ligne de séparation des sclérotomes de la
notochorde.
Le disque intervertébral se compose de trois structures bien Le disque intervertébral s’étudie sur les coupes sagittales et
distinctes : les plaques cartilagineuses, l’annulus et le nucleus. axiales. En vue sagittale, il est réniforme avec une différence de
Le cartilage qui recouvre les plateaux vertébraux est indiscer- hauteur entre sa portion antérieure et postérieure (le disque est
nable de la corticale et du nucleus. plus haut en avant qu’en arrière). Sur les coupes axiales, le bord

16 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

Figure 46. Articulations vertébrales postérieures.


A. Coupe sagittale pondérée T1. 1. Foramen ; 2. pédicule ; 3. racine ;
4. processus articulaire supérieur ; 5. processus articulaire inférieur ;
6. espace articulaire.
B. Coupe coronale pondérée T1 1. Processus articulaire supérieur ;
2. processus articulaire inférieur ; 3. espace articulaire.

ligament jaune présente un signal intermédiaire en T1 (supé-


rieur au signal cortical, inférieur au signal de la graisse) et en T2
(signal supérieur au signal de la corticale, signal inférieur au
Figure 45. Foramen : coupe sagittale.
A. Matérialisation des coupes. signal du LCS) et un signal élevé en écho de gradient pondéré
B. Coupe sagittale pondérée T1. 1. Racine ; 2. graisse épidurale ; T2:T2* (signal équivalent au signal du LCS et à celui du cartilage
3. foramen. des facettes articulaires).
Le ligament jaune est bien identifié sur les coupes axiales où
il se confond avec la face interne de la capsule articulaire à son
extrémité supérieure ; il apparaît également sur les coupes
postérieur des quatre premiers disques intervertébraux est sagittales paramédianes, tendu entre deux lames adjacentes
concave ou rectiligne ; le bord postérieur du disque L5-S1 est (Fig. 39 à 41).
convexe.
Ligament vertébral commun antérieur (LVCA)
Espace épidural et ligaments [28, 29] Il adhère à la face antérieure du corps vertébral et du disque
intervertébral. Il se traduit par un hyposignal indissociable de la
L’espace épidural contient de la graisse, des éléments nerveux, .
corticale osseuse et de l’annulus quelle que soit la séquence plus
vasculaires et les ligaments. particulièrement sur les coupes sagittales ainsi que sur les
coupes axiales (Fig. 50).
Graisse épidurale
Elle apparaît avec un signal d’intensité élevée sur les coupes Ligament vertébral commun postérieur (LVCP)
pondérées T1 et avec un signal intermédiaire par rapport au LCS
Il apparaît sur les coupes sagittales comme une bande en
et aux structures vertébrales, sur les coupes en pondération T2.
hyposignal en pondération T1 et T2 ; indissociable de l’annulus
La graisse épidurale entoure le fourreau dural et remplit le canal
et de la dure-mère du sac dural adjacent, les espaces périmédul-
vertébral. En avant, elle est en quantité plus importante en
laires sont de ce fait surestimés. Il adhère à l’annulus et délimite
L5-S1. La répartition et le volume de la graisse épidurale sont
un espace en regard de la concavité postérieure du corps
comme en scanographie, plus faciles à apprécier sur les coupes
.

vertébral. Cet espace renferme de la graisse et les structures


axiales transverses (Fig. 49).
vasculaires afférentes et efférentes au corps vertébral (Fig. 50).
En avant, il est adjacent au sac dural dans la région lombaire
Ligament jaune
haute ; dans le segment inférieur, il peut être distinct du
Il se distingue des autres ligaments par l’évolution de son fourreau dural si la graisse épidurale antérieure est abondante.
signal. Cette différence proviendrait de sa composition diffé- Une étude sur pièces anatomiques a permis d’identifier l’exis-
rente de celle des autres ligaments ; le ligament jaune contient tence sur la ligne médiane d’une cloison fibreuse (ligament de
80 % de fibres élastiques et une faible quantité de fibres Hoffmann) unissant le ligament longitudinal postérieur et le
collagènes de type I (20 %) alors que pour les autres ligaments, périoste de la face postérieure du corps vertébral. Ce septum, en
la participation des fibres collagènes de type I est importante. Le hyposignal en T1 et en T2, est plus visible dans la région

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 17


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

LJ
AS
AI

Type 1 Type 2 Type 1 Type 2

Type 3 Type 4 Type 3 Type 4


I II
B
Figure 47. Articulations vertébrales postérieures. AS : processus articu-
laire supérieur ; AI : processus articulaire inférieur ; LJ : ligament jaune.
A. Coupe axiale pondérée T2.
B. Schéma des facettes articulaires. I. Face ventrale ; II. face dorsale.

lombaire inférieure où il est plus large (Fig. 51). Le ligament


longitudinal postérieur et le septum médian forment une image
en T qui délimite deux compartiments au sein de l’espace
épidural antérieur. Cette image en T est uniquement présente en
arrière du corps vertébral ; elle n’existe pas en regard du disque Figure 48. Disques intervertébraux.
intervertébral puisqu’à ce niveau le ligament longitudinal A. Coupe sagittale pondérée T1. 1. Disque intervertébral ; 2. ligament
adhère à l’annulus. vertébral antérieur ; 3. fibres de Sharpey ; 4. fourreau dural ; 5. ligament
vertébral postérieur.
Ligaments du trou de conjugaison B. Coupe sagittale pondérée T2.
D’autres structures ligamentaires peuvent être présentes sur
les coupes axiales et sagittales paramédianes à hauteur de la
partie basse du foramen [4]. Ces ligaments souvent bilatéraux, à d’intensité intermédiaire, semblable au signal du disque inter-
direction antéropostérieure, se traduisant par un signal d’inten- vertébral et légèrement supérieur au signal du LCS. En T2, les
sité équivalente au signal discal en T1, unissent la face postéro- racines se distinguent au sein de l’hypersignal du LCS par leur
latérale du disque intervertébral à l’apophyse articulaire . signal d’intensité intermédiaire. La répartition sur les coupes
supérieure, à l’apophyse transverse ou au pédicule. Le fascia axiales pondérées T1 ou T2 des structures radiculaires, à
cribriforme visualisé sur les coupes axiales en pondération T1, l’intérieur du sac dural, varie en fonction du niveau vertébral.
passant par le plan du foramen, constitue la limite externe du Le trajet antéro-inférieur et latéral des racines, depuis leur
émergence du fourreau dural, dans le récessus latéral jusqu’au
foramen. Le fascia possède un hyposignal linéaire allant de
.

trou de conjugaison, est parfaitement bien analysé sur les


l’angle vertébral postéroexterne au bord antéro-interne du
coupes axiales (Fig. 53 à 55), sagittales, et sur les coupes
massif articulaire [16, 30].
.

parasagittales en pondération T1.


L’étude du foramen s’effectue sur des coupes sagittales
Sac dural et racines paramédianes (Fig. 56) et également sur des coupes sagittales
obliques. La racine motrice et le ganglion spinal sont visualisés
Le cône médullaire se termine en L1-L2 pour faire place aux dans la partie supérieure du foramen, avec un signal d’intensité
racines de la queue de cheval (Fig. 52). Les éléments nerveux et intermédiaire en pondération T1 et T2 [31] (Fig. 57). En pondé-
les espaces sous-arachnoïdiens présentent en T1 un signal ration T1, ces structures sont surlignées par un hypersignal

18 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

Figure 49. Espace épidural. Coupe axiale pondérée T1. 1. Racine ; Figure 51. Ligament de Hoffmann. Coupe axiale pondérée T1.
2. sac dural ; 3. filum terminal ; 4. graisse foraminale ; 5. espace épidural 1. Graisse épidurale ; 2. ligament de Hoffmann ; 3. racine ; 4. fourreau
antérieur ; 6. fourreau dural. dural.

Figure 50. Structures ligamentaires. Coupe sagittale pondérée T2.


1. Ligament vertébral antérieur ; 2. espace épidural postérieur ; 3. liga- Figure 52. Coupe sagittale médiane pondérée T2 visualisant le cône
ment vertébral postérieur. médullaire et les racines de la queue de cheval. 1. Cône médullaire ;
2. racines de la queue de cheval ; 3. liquide cérébrospinal.
.

d’origine graisseuse et elles sont accompagnées par les veines


Structures paravertébrales
épidurales situées au-dessus et en avant de la racine. Le signal
veineux est plus faible que le signal radiculaire. Les veines et la Les coupes frontales (Fig. 63) et les coupes axiales permettent
. racine sont cernées par la graisse épidurale qui peut être à la visualisation :
l’origine d’un artefact de déplacement chimique au niveau des • des structures musculaires adjacentes au rachis ;
parois du sac dural et au pourtour des gaines radiculaires. • de la veine lombaire ascendante ;
Les coupes frontales (Fig. 58) et frontales obliques permettent • et des éléments du plexus lombosacré.
également de suivre le trajet radiculaire pendant la traversée du
défilé radiculaire.
■ Conclusion
Structures vasculaires L’imagerie en coupe constitue actuellement la méthode
d’exploration du rachis lombaire la plus souvent réalisée ;
Les veines sont objectivées avec un signal de faible intensité
compte tenu de la fréquence des troubles fonctionnels rencon-
en pondération T1 sur les coupes axiales dans l’espace épidural
trés à l’étage lombaire ces examens tiennent une place impor-
. antérieur (plexus veineux antérieurs) (Fig. 59), sur les coupes tante dans l’exercice quotidien. La connaissance de la radio-
sagittales paramédianes au niveau des trous de conjugaison anatomie en coupes du rachis lombaire est indispensable et une
(veine radiculaire) (Fig. 60), sur les coupes sagittales médianes aide de tous les instants.
. au milieu du corps vertébral (Fig. 61, 62) et sur les coupes
frontales. L’injection de gadolinium rehausse nettement le
signal de ces veines comme celui de la veine basivertébrale. Conflit d’intérêt : aucun.

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 19


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

Figure 53. Coupe axiale foraminale en L4-L5 pondérée T2. 1. Fourreau


dural ; 2. racines ; 3. graisse épidurale ; 4. corps de L4 ; 5. foramen L4-L5 ;
6. processus articulaire supérieur de L5 ; 7. espace articulaire ; 8. processus
articulaire inférieur de L4 ; 9. processus épineux de L4.

Figure 56. Coupe sagittale paramédiane visualisant la position de la


racine dans le foramen. 1. Pédicule ; 2. ligament jaune ; 3. veines épidu-
rales ; 4. graisse épidurale ; 5. racine.

Figure 54. Coupe axiale dans le plan du disque L4-L5 en pondération


T2. 1. Veine radiculaire ; 2. foramen ; 3. ligament jaune ; 4. processus
articulaire inférieur de L4 ; 5. lame ; 6. disque intervertébral L4-L5 ;
“ Points forts
7. fourreau dural ; 8. processus articulaire supérieur de L5 ; 9. espace
articulaire ; 10. processus épineux de L4. IRM
Un examen IRM du rachis lombaire comporte au
minimum :
• des coupes sagittales pondérées T1 ;
• des coupes sagittales pondérées T2 ;
• des coupes axiales pondérées T2 ou T1.
Étude systématique du signal et de la morphologie :
• des structures vertébrales ;
• des disques intervertébraux ;
• des structures intracanalaires ;
• des structures paravertébrales.
Étude de la moelle normale :
• la séquence spin écho pondérée T1 est la séquence de
référence ;
• le signal de la moelle normale en spin écho T1 est
supérieur au signal du disque intervertébral ;
Figure 55. Coupe axiale pondérée T2 dans le plan pédiculolamaire en
• la séquence STIR sensible et non spécifique ne permet
L4-L5. 1. Fourreau dural ; 2. ligament jaune ; 3. processus épineux ;
4. corps vertébral de L5 ; 5. pédicule de L5 ; 6. processus articulaire
pas d’affirmer la normalité de la moelle osseuse ;
supérieur de L5 ; 7. processus articulaire inférieur de L4. • les séquences en opposition de phase peuvent détecter
une lésion médullaire occulte en spin écho T1 ;
• le signal de la moelle osseuse normale présente de
nombreuses variations anatomiques.
Scanner
L’interprétation d’un scanner du rachis lombaire implique
une analyse systématique :
• des structures vertébrales ;
• des structures nerveuses intracanalaires ;
• des disques intervertébraux ;
• des structures paravertébrales.

20 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

Figure 57. Coupe axiale pondérée T2 visualisant le ganglion spinal.


1. Veine épidurale ; 2. ganglion spinal ; 3. veine lombaire ascendante ;
4. veine foraminale.
Figure 58. Coupe frontale pondérée T2 : visualisation de la racine à
l’entrée (1), dans le segment moyen (2) et à la sortie du défilé radiculaire
(3). 4. Pédicule ; 5. racine ; 6. sac dural.

Figure 59. Coupe axiale pondérée T1 (A, B) avec visualisation des plexus veineux épiduraux antérieurs (flèches, A). 1. Veine radiculaire ; 2. plexus veineux
antéro-interne ; 3. plexus veineux antéroexterne.

Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 21


30-650-A-11 ¶ Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe

Figure 62. Coupe frontale pondérée en T1 passant par le plan des


pédicules. 1. Veine lombaire ascendante ; 2. pédicule ; 3. apophyse
transverse ; 4. sac dural ; 5. ligament jaune ; 6. veine radiculaire ; 7. racine
intrathécale ; 8. racine dans le défilé radiculaire.

Figure 60. Plexus veineux épiduraux. Coupe sagittale médiane pondé-


rée T1. 1. Plexus veineux antérieur.

Figure 63. Coupe frontale pondérée en T1. 1. Pilier diaphragmatique ;


2. veine lombaire ; 3. artère lombaire ; 4. psoas ; 5. corps vertébral ;
6. disque intervertébral.

Figure 61. Plexus veineux épiduraux. Coupe sagittale paramédiane


pondérée T1. 1. Plexus veineux antérolatéral ; 2. annulus + ligament
vertébral commun postérieur (LVCP) ; 3. corticale + LVCP ; 4. plexus
veineux anastomotique.

22 Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale


Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe ¶ 30-650-A-11

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M. Runge, Radiologiste des Hôpitaux, praticien hospitalier (mrunge@chu-besancon.fr).


J.-F. Bonneville, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de radiologie B, CHU Jean Minjoz, boulevard Alexandre-Fleming, 25030 Besançon cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Runge M., Bonneville J.-F. Radioanatomie du rachis lombaire : imagerie en coupe. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale, 30-650-A-11, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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