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Proposé par Mlle TALEB…Mélodie

Texte :
 L’enseignement à distance ne doit pas faire école

(…) Certains élèves ont trouvé un réconfort dans une situation d’école à distance. Des
témoignages voient dans l’individualisation, dans le renforcement du lien entre familles et
enseignant·e·s, ainsi que dans une meilleure attention aux conditions de travail à la maison
des évolutions positives attribuées au confinement.

Quelques éléments doivent pourtant alerter. Tout d’abord, l’enseignement à distance


détériore la qualité des apprentissages dans de nombreuses situations : écouter un cours,
faire un exercice nouveau, dialoguer, coopérer, mener un projet. A cela s’ajoute une
accentuation des inégalités sociales : les élèves ayant le capital culturel et les conditions
matérielles les plus propices continuent à progresser, alors que les plus éloigné·e·s de
l’école ne bénéficiant pas d’un espace serein de travail, ni de l’accompagnement d’adultes
disponibles dans leur entourage, perdent pied plus encore qu’en «présentiel». Ces
inégalités sociales se doublent comme toujours d’inégalités de genre, aussi bien du côté des
élèves que de leurs familles et des personnels d’éducation. (…)

En outre, le «distanciel» est un enseignement plus numérisé encore. Le temps trop long
passé devant des écrans chez soi(…) provoque fatigue ophtalmique, troubles musculo-
squelettiques, baisse de la capacité à se concentrer, etc. Autant de facteurs qui, avec le
manque de contact humain, peuvent expliquer l’épuisement des personnels, des élèves et
des familles.

Enfin, et c’est sans doute le plus important, l’enseignement à distance n’est pas et ne
pourra jamais être l’école(…). Une classe n’est pas une masse d’individus isolés(…) Il s’agit
au contraire d’un ensemble complexe d’interactions, verbales et non verbales,
indispensables aux apprentissages et à l’affirmation d’une petite société. Ce qui se joue
dans une salle de classe, c’est la construction du commun, le tissage des liens qui peuvent
éviter l’atomisation et l’anomie sociale, y compris quand ces liens sont ceux du désaccord
voire du conflit.

Christophe Cailleaux et Amélie Hart-Hutasse , enseignant·e·s et syndicalistes. 


https://www.liberation.fr/debats/2021/01/05/

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