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Dans ce cas,
l'audit est réalisé par une organisation externe à l'entreprise pour évaluer la mise en œuvre et
l'efficacité des principes de Lean Manufacturing. Voici quelques éléments clés qui peuvent être
évalués dans le cadre d'un audit externe du Lean Manufacturing :
o 1.2.2 L'organisation de la production
Une production en flux tiré selon la demande réelle du client
et non en flux poussé selon des prévisions de ventes
Cette notion va à l’encontre des approches classiques de gestion de
production qui se basent sur le fait qu’une entreprise doit s’organiser
pour produire des grandes séries et ainsi faire des économies
d’échelle. Par conséquent, autrefois, l’entreprise produisait par
campagnes et constituait des stocks de produits qui étaient ensuite
écoulés selon la demande du marché. Avec le Lean, il faut agir à
l’inverse ; c’est-à-dire adapter la production à la consommation des
marchés puisque le contraire est générateur de stocks. On fabrique ce
qui est vendu et non pas ce qu’il est prévu de vendre.
o 1.2.3 Le management
Une élimination des causes réelles des problèmes dès que
ceux-ci apparaissent
Ce qui devient important n’est pas forcément ce qui est urgent. Il faut
savoir prendre le temps de la réflexion car c’est un investissement
pour la performance à long terme. Encore une révolution culturelle
pour nous autres occidentaux pour qui l’importance réside dans ce
qu’il faut produire pour la fin de la semaine ou pour la fin du mois afin
de réaliser le chiffre d’affaires planifié. Cela explique les difficultés que
nous avons partout pour mettre en place des dynamiques
d’amélioration car elles prennent du temps sur les travaux dits
« urgents ».
Un management par le terrain car c’est « celui qui fait qui
sait »
Ce principe rejoint et complète le précédent car les bonnes idées
d’amélioration d’un poste de travail ou de l’environnement d’un poste
de travail proviennent des personnes qui l’occupent. Ce ne sont plus
les spécialistes de l’organisation qui décident de ce qu’il faut faire. La
responsabilité du changement incombe aux personnels de terrain. Ils
ont l’expérience du poste, la connaissance de leur environnement de
travail et de ses difficultés et par là même des potentiels
d’amélioration.
o 1.2.4 La stratégie
Une prédilection pour les enjeux du long terme
Toutes nos sociétés fonctionnement sur le court terme (sur l’année
fiscale) et cela a généré des habitudes et des comportements à courte
vue. C’est d’autant plus vrai dans les organismes qui sont gérés par
des financiers pour lesquels le profit doit être rapide afin de
récompenser les actionnaires pressés de récupérer leurs mises (fonds
de pension par exemple). Cette prédilection pour les enjeux à long
terme se base sur le principe que la performance (productivité et
qualité) dépend d’une culture de tous les personnels qui développeront
des comportements et des habitudes positifs, lesquels ne s’acquièrent
pas en quelques mois.
La planification des audits internes Lean ne présente aucune différence avec les
pratiques courantes. Autrement dit, il faut établir la liste des processus (des
composantes de l’organisation) et préparer un planning de ces audits en choisissant
les équipes d’auditeurs.
En revanche, la remise en question est de rigueur. Les audits Lean servent à poser
des questions à propos de pratiques routinières que personne ne discute plus. Elles
sont devenues des méthodes que l’on reproduit parce que c’est ainsi que l’on a
toujours fait. Les audits Lean sont des occasions de repenser l’organisation et les
façons de travailler. Par exemple, la planification habituelle des besoins en formation
doit être revue pour savoir si d’autres pratiques plus proches de la pensée Lean
peuvent être mises en œuvre. Le Lean demande des changements dans les
manières de procéder et il faudra examiner les réponses avec prudence et ne pas
accepter celles qui s’appuient seulement sur la reproduction d’habitudes du passé.
D’une manière générale, les premiers audits de Lean concerneront l’existence de
méthodes ou d’outils de remise en question des pratiques habituelles. Par exemple,
pour la standardisation des tâches, l’auditeur demandera, quel que soit le processus
audité, si des analyses des tâches ont été entreprises et si de nouvelles méthodes
permettant une simplification des activités ont été décidées ou mises en œuvre. Des
réponses négatives ne sont pas acceptables bien entendu. Dans ce cas précis, la
standardisation des tâches passe obligatoirement par un inventaire des travaux
effectués dans le processus audité et par une analyse des méthodes et des pratiques
de travail pour savoir si des regroupements sont possibles ou si des simplifications
sont permises. L’analyse des modes opératoires était la base de toutes les actions
d’amélioration en production et ces approches sont tout à fait possibles dans les
autres processus et notamment dans les processus de support.
Pour qu’un organisme puisse répondre aux demandes des clients – et pour
celles qui fabriquent des produits, réduire ou supprimer les stocks – il faut qu’il
soit réactif et souple. Pour cela, il faut par exemple de la polyvalence. Les
audits pourront creuser cet aspect de l’entreprise :
Questions à se poser :
C’est certainement une des plus grandes difficultés à traiter à propos du Lean
Management car ce principe va à l’encontre de notre culture d’entreprise
taylorienne qui a quelques siècles d’habitude. Dans nos organisations, nous
appliquons encore des doctrines qui consistent à organiser le travail des
employés et des ouvriers et à décider à leur place. Ce principe Lean de
management par le terrain est important parce qu’il implique les personnels et
leur donne du pouvoir de décision. L’auditeur Lean s’attachera donc à
identifier les pouvoirs qui sont réellement et concrètement donnés aux
employés et à voir si ceux-ci peuvent réellement et concrètement les exercer.
Ces pouvoirs impliquent bien entendu une certaine liberté de décider des
pratiques de travail et des équipements à acheter. Cette liberté n’est pas
totale bien entendu. Il s’agit simplement de s’assurer qu’elle existe et que les
personnels ont voix (comme on dit) au chapitre.
Les audits vont donc, comme pour le management de la qualité, commencer par
s’intéresser aux processus de management, c’est-à-dire à la stratégie de l’organisme.
Il conviendra que l’auditeur travaille sur les engagements de la direction en matière
de principes relatifs au Lean Management, sur les orientations stratégiques découlant
de l’adoption du concept Lean, sur les objectifs de réduction de coût et d’amélioration
de la qualité, sur la communication qui est faite auprès des personnels et sur les
rôles et responsabilités de chacun en regard de la mise en œuvre des éléments du
Lean. On constate que cette logique ressemble à celle de la norme ISO 9001 qui
démarre ses exigences par la responsabilité et l’engagement des directions,
l’orientation client, la politique et les objectifs qualité, les rôles et responsabilités.
Cette première phase d’audit débouche sur la nécessité de mettre en place ces
approches analytiques ou ces méthodes de fonctionnement ou de management.
L’audit va donc générer des réflexions à propos des principes du Lean et ces
réflexions vont produire de nouvelles méthodes et de nouvelles pratiques de travail et
de management. Si des dispositions sont déjà en place, le questionnement de
l’auditeur va se poursuivre pour savoir si ces dispositions donnent des résultats et si
on peut d’ores et déjà observer des effets positifs au regard des objectifs prévus.
Tous les processus doivent être concernés, même les processus supports qui ne
contribuent pas directement aux activités de production et par conséquent aux
activités productrices de valeur ajoutée.
Dans ces processus, il est important que le personnel prenne conscience que la
quasi-totalité des tâches de support sont, par définition, sans valeur ajoutée et que
des remises en question de fond doivent être opérées. La présence d’un auditeur
intervenant avec un regard neuf, une faculté d’étonnement et une curiosité nouvelles
peut aider à cette prise de conscience difficile. Le questionnement des auditeurs doit
tourner en permanence autour du lien qui doit exister entre les travaux effectués dans
les processus de support et la valeur ajoutée attendue par les clients.
Les questions à poser peuvent être les suivantes :
o Cette tâche que vous avez identifiée dans votre analyse, en quoi
contribue-t-elle à apporter une valeur ajoutée au client final ?
o Quelles demandes ont été formulées par vos clients internes et qui
justifient la production de cette donnée de sortie ?
Les principes du Lean appliqués aux processus de support sont toujours délicats à
mettre en œuvre car il faut distinguer l’utilité des tâches (ou leur obligation
réglementaire ou légale) de la notion de valeur ajoutée.
En revanche, s’il existe des activités relatives à la GPEC (Gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences), il est possible de remettre ces activités en question en
se demandant ce qui se passerait concrètement si cette activité n’existait pas. Le mot
« concrètement » est important car on ne peut se contenter de réponses
conceptuelles du genre : « Avec l’évolution de la pyramide des âges, nous
risquerions de manquer de compétences d’ici quelques années. »
Dans cet exemple, l’auditeur poussera son questionnement sur les résultats obtenus
dans cette activité (les données de sortie) et sur des exemples concrets d’utilisation
de ces données de sortie par l’organisme :
o Quelles actions (quels changements) ont été mises en œuvre suite aux
activités de GPEC ?
o Dans quelles situations les données de sortie de la GPEC ont-elles été
mises en œuvre ?
o Quels exemples pouvez-vous donner de ces actions ou des
changements générés par la mise en œuvre de la GPEC ?
2 Conclusions
Mettre en œuvre des audits internes dans le cadre d’un projet de Lean Management est
relativement aisé car nous disposons d’un référentiel assez précis sur le concept et les
principes du Lean.
0 Généralités
0 Les principes de Lean Management
0 Approche processus
0 Roue de Deming
0 Approche par les risques
0 Compatibilité avec les autres normes de système de management
1 Domaine d’application
2 Références normatives
3 Termes et définitions
4 Contexte de l’organisme
4.1 Compréhension de l’organisme et de son contexte
4.2 Compréhension des besoins et des attentes des parties intéressées
4.3 Détermination du domaine d’application du système de management de la qualité
4.4 Système de Lean Management et processus associés
5 Responsabilité de la direction
5.1 Responsabilité et engagement de la direction
5.1.1 Responsabilité et engagement de la direction relatifs au Lean Management
5.1.2 Orientation client
5.2 Politique Lean
5.3 Rôles, responsabilités et autorités au sein de l’organisme
6 Planification du système de Lean Management
6.1 Actions à mettre en œuvre face aux risques et opportunités
6.2 Objectifs Lean et planification pour les atteindre
7 Support
7.1 Ressources
7.2 Compétences
7.3 Sensibilisation
7.4 Communication
7.5 Informations documentées
8 Réalisation des activités opérationnelles
8.2 Détermination des exigences relatives aux produits et services et à leur valeur ajoutée
8.3 Conception et développement de produits et services (Lean Conception)
8.4 Maîtrise des produits et services fournis par des prestataires externes
8.5 Production et prestation de service (identification et réduction des tâches sans valeur ajoutée)
8.6 Libération des produits et services
9 Évaluation des performances
9.1 Surveillance, mesure, analyse et évaluation
9.2 Audit interne
9.3 Revue de direction
10 Amélioration
Réaliser les audits internes en Lean Management et surtout produire des recommandations
d’amélioration est cependant plus difficile car cela remet en question des modes de
fonctionnement ancestraux qui ne sont jamais remis en cause. Par ailleurs, cela génère du
changement, ce qui n’est jamais accepté avec enthousiasme.
Mais c’est pour cette raison que les audits internes sont des compléments indispensables
des projets de Lean Management : ils apportent un autre regard sur les organisations et ce
regard nouveau est indépendant de la hiérarchie en place, ce qui prépare les personnels à
une autre approche managériale.
La possibilité – on peut même dire la nécessité – de réaliser des audits de Lean
Management montre bien l’importance de ces outils comme des compléments aux activités
et aux responsabilités des managers. Les audits internes ne sont plus seulement aujourd’hui
des activités de contrôles de conformité de quelques dispositions normatives mais des aides
à la recherche permanente de la performance collective et organisationnelle.