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Lequeux
L'ordre de mes questions se base sur un fil conducteur chronologique. En effet, dans
un premier temps, je commence par poser des questions faciles à réponses rapides pour
mettre à l'aise la personne interrogée. Puis, je lui demande des renseignements sur ses
voyages et visions qu'il a de l'étranger ainsi que les capacités d'ouverture d'esprit qu'il a pu
acquérir au fur et à mesure. En effet, ces éléments vont me servir par la suite, car son
expérience à l'étranger va m'être utile pour m'appuyer sur des exemples lorsque je vais
aborder des sujets précis. Je fais ensuite le lien entre les voyages et la colonisation afin
d'avoir son point de vue en tant que descendant de peuple colonisé, et en tant qu'étranger
arrivant en Europe. Ce qui va m'intéresser ici, c'est la vision des brésiliens, que ce soit dans
l'enfance à travers la scolarisation, ou dans la phase adulte, sur la colonisation, puis sur la
décolonisations. Ici, j'ai décidé d'aborder plutôt les conséquences de cette colonisation sur le
Brésil qui souffre encore aujourd'hui de ses effets dévastateurs, notamment autour de la
question de l'identité. Enfin, je vais terminer l'entretien sur des questions plutôt actuelles
comme les droits des amérindiens dans la société brésilienne sous le gouvernement
d'extrême droite de Jair Bolsonaro, ou la question d'une éventuelle réparation.
Au cours de l'entretien, j'ai remarqué différentes difficultés qui n'ont en aucun cas
entaché l'entretien, mais qui ne l'ont pas facilité non plus. En effet, Guilherme avait parfois
des difficultés à s'exprimer en français : « je ne sais pas comment dire ça ». Certains mots
lui étaient inconnus, comme « amérindiens » puisque lui, utilise le mot indigenas dans sa
langue. Il ne sait pas alors si c'est la même chose en français, si l'emploi de tel mot est
correct ou non. Ainsi, il doute et se retrouve en proie aux hésitations ponctuant ses réponses
de « euh » ou de blancs. Il n'est pas sûr des mots employés et me demande alors
confirmation. On remarque ainsi qu'il est dur de s'exprimer dans une langue étrangère sur un
sujet aussi délicat qui mérite réflexion. Lui comme moi, nous sommes alors les victimes des
balbutiements dû au fait que c'était notre premier entretien, mettant alors en relief notre
inconfort. Les « euh » faisaient également beaucoup parti de mes questions ou remarques.
Par ailleurs, sa prononciation est parfois différente, créant ainsi des situations où j'ai parfois
du mal à comprendre. Cela n'est cependant arrivé que peu de fois. Certaines situations ont
ainsi prêté à confusion, que ce soit de son côté ou du mien, à cause de la barrière de la
langue. S'il a pu faire des fautes de français, cela était tout à fait normal et compréhensible
de toute manière. Pour l'aider à exprimer certaines idée, l'utilisation de mots anglais ou
portugais, ou de mots français n'existant pas mais étant compréhensible, a pu se remarquer.
En cherchant mon approbation concernant divers mots de vocabulaire, je me devais de le
mettre en confiance en approuvant d'un hochement de tête ou d'un « Hm hm ». Par ailleurs,
sa scolarité remontant déjà à un certain temps, il ne possédait plus beaucoup de souvenirs,
ou tout du moins pas précis, se traduisant par des hésitations, des réponses brèves ou des
réflexions pour essayer de se souvenir. Nous avons également été perturbés par le fait de
couper la parole à l'autre sans le vouloir puisqu'il s'agissait d'un décalage dû au fait que
l'entretien était réalisé via Whatsapp. Si de nombreux soufflements sont repérables dans
l'entretien, c'est parce qu'ils traduisent la réflexion de Guilherme. En effet, la colonisation,
l'identité et la décolonisation sont des sujets qui suscitent une profonde réflexion. De plus,
les soufflements peuvent également traduire sa frustration à peiner à trouver ses mots et
exprimer ses idées en français. Par ailleurs, on peut remarquer qu'il a dû tousser à quelques
reprises, à cause du covid, ne facilitant pas la fluidité de l'entretien. A la suite de cet
entretien, nous avons de nouveau échangé sur la question de l'identité brésilienne puisque
certains éléments dont il m'a fait part étaient très intéressants et montraient l'ambivalence de
ce sujet.