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Camille

Lequeux

Société et territoires : Environnement/développement

« L'expansion des maquiladoras a généré une part importante de la croissance industrielle du


nord du Mexique au cours des 25 dernières années. À l'origine, ces opérations industrielles faisaient
partie d'une stratégie temporaire du gouvernement mexicain visant à réduire le chômage dans la
zone frontalière avec les États-Unis. Cependant, au fil du temps, ils sont devenus un élément
fondamental de la politique industrielle et ont acquis une importance énorme pour l'économie
mexicaine »1 (Contreras, 2007). Ces maquiladoras sont génératrice d'un assez grand capital.
Cependant, leurs employeuses, les maquilas ne sont pas pour autant bien payées. Leurs conditions
de travail et de vie sont assez déplorables et portent atteinte à santé mentale et physique. Ainsi, nous
pouvons nous demander : Dans quelles mesures les maquiladoras ont des conséquences
désastreuses pour ses employées et pourquoi le gouvernement mexicain n'agit pas en leurs
faveurs ?

Tout d'abord, le visionnage du documentaire intitulé « Maquilapolis 2006 Vicky Funari &
Sergio de la Torre » nous montre les dessous de la vie d'une maquila. La vérité est révélée au
spectateur qui voit alors des images désastreuses de ce que la vie de maquila veut dire. Le
documentaire montre au grand public le travail de plusieurs travailleuses maquilas. Elles racontent
alors comment elles ont commencé à travailler dans les maquiladoras et dénoncent les conditions de
travail. Les mensualités qu'elles perçoivent sont ridicules et ne leur permettent pas de subvenir à
leurs besoins. Elles évoquent notamment les effets secondaires qu'elles avaient suite à des
manipulations, par exemple avec le plomb. Certaines ont ainsi développé des maladies
épidermiques ainsi que des douleurs crâniennes en lien avec leurs travail. L'une d'elles a été
licenciée parce qu'elle était trop souvent malade. Ces maquilas vivent dans des quartiers insalubres
à côté de l'entreprise où elles travaillent. En effet,ces quartiers ne sont pas pourvus de système
d'assainissement, d'eau potable, de routes. Les champs et rivières sont contaminés par les matières
toxiques rejetées par les maquiladoras empêchant toute tentative de trouver une solution naturelle à
leurs problèmes. Les éboueurs ne viennent pas jusqu'à ce quartier, laissant ainsi les habitants vivre
dans un lieu où des montagnes de déchets s'accumulent. Cela participe à la contamination de l'eau et
l'environnement. Lorsque la crise économique a commencé, elle a provoqué le déplacement des
1 Traduction libre : « La expansión de las maquiladoras ha generado una parte sustancial del crecimiento industrial en
el norte de México, durante los últimos 25 años. Originalmente, estas operaciones industriales formaron parte de una
estrategia temporal delgobierno mexicano, para abatir el desempleo en la zona fronteriza con Estados Unidos; sin
embargo, al paso del tiempo se convirtieron en una pieza fundamental de la política industrial, y adquirieron una
importancia enorme para la economía mexicana »
maquiladoras en Indonésie car la main d’œuvre était moins chère. Les maquiladoras à la frontière
des États-Unis ont commencées à fermer et à faire faillite. Lors de cet épisode, de nombreuses
maquilas n'ont pas été payées et le gouvernement n'a pas procédé à leurs indemnisations. A cause de
toutes ces conditions, les maquilas ont créé un syndicat afin de lutter pour leurs droits et récupérer
leurs indemnisations. Un avocat a alors pris parti pour les aider dans ce combat. Lors d'une
confrontation avec des représentants du gouvernement, ceux-ci affirmaient que les conditions de vie
des maquilas était tout à fait normales et sans besoin d'être préoccupé. Il y avait une certaine
défense des maquiladoras, qui, selon eux, apportaient seulement du progrès et non de la misère. Les
maquilas ont alors montré des vidéos de leurs lieux d'habitation insalubres où la précarité se voyait
jusque dans les portes et les murs faits de tôles. A la fin de leur longue et fatigante lutte, les
maquilas ont réussi à obtenir une indemnisation qui ne fut cependant pas à la hauteur de ce qu'elles
auraient dû percevoir. Beaucoup d'entre elles n'ont pas pu retrouver de travail après le déplacement
des maquiladoras en Indonésie. Les situations personnelles ont également été mises en avant. En
effet, les maquilas ont souvent des enfants dont elles doivent s'occuper seules dans une famille
monoparentale. Le travail de nuit les fatigue considérablement et la journée elles doivent prendre
soin de leurs enfants, seules.

Par ailleurs, les maquiladoras ont longtemps été considérées par le gouvernement mexicain
comme un moyen de développer l'industrie du pays. Elles ont ainsi fait partie d'une part importante
de l'économie mexicaine. Si à l'origine la création de celles-ci ont été dans le but de générer de
l'emploi, les conditions de travail et la délocalisation en Indonésie n'a fait qu'aggraver la situation.
Les entreprises étrangères ont vu une fenêtre de bénéfices s'ouvrir à eux. En effet, le faible coût de
production et les salaires faibles des employés étaient des aspects intéressants pour les
entrepreneurs. D'autre part, le gouvernement a décidé de promouvoir l'exportation à travers les
maquiladoras. Les activités de celles-ci se sont alors multipliées et on a pu assister à une véritable
augmentation du nombre de maquiladoras. Encore aujourd'hui, les maquiladoras sont très rentables
pour l’État mexicain, surtout quand il s'agit textile ou d'éléctronique : « En 2006, l’électronique, qui
compte 294 usines (soit 22 % du total des industries maquiladoras d’exportation, IME), emploie
393 500 personnes (32 %) et génère une valeur ajoutée de 9 222 millions de dollars (36 %) »
(Carrillo, 2006). D'après un décret du gouvernement, les maquiladoras ont alors été considérées
comme des sociétés mercantiles mexicaines. Leurs ventes n'étaient pas alors seulement destinées à
l'étranger mais également au Mexique, d'où l'idée selon laquelle elles ont participé au
développement industriel. Le but était alors d'augmenter la compétitivité internationale tout en
améliorant l'industrie du pays. Les maquiladoras sont alors devenues la base du développement
industriel mexicain et un très grand poids dans les exportations du pays. De plus, elles ont participé
à la croissance des technologies comme l’électronique ou la robotique. Les maquiladoras utilisent
des matières étrangères afin de proposer sur le marché étranger des produits finis. Les
transnationales sont alors intéressées seulement par la localisation, c'est à dire, dans le nord du
Mexique, à la frontière des États-Unis. En effet, la main d’œuvre bon marché et la proximité
géographique leur permettent de faire un chiffre d'affaire plus élevé : « Aujourd'hui, il existe
environ 1 880 usines fonctionnant comme des maquiladoras au Mexique, principalement près de la
frontière entre les deux pays. Ces usines emploient directement plus de 450 000 travailleurs, et
représentent une valeur ajoutée d'environ 3 milliards de dollars, ce qui les place en deuxième
position, seulement après le pétrole, comme source d'investissement direct étranger » 2 (Jenner,
1991). D'autre part, le Traité de Libre Commerce États-uniens (TLCE) possède une certaine
influence sur le système de maquiladoras. En effet, les investisseurs voyant des bénéfices dans les
maquiladoras ont moins de difficultés à prendre investir dans ces entreprises puisque le TLCE
minimise les risques d'y perdre au change. Cela est dû au fait qu'il y a de très faibles barrières
tarifaires. Le gouvernement du Mexique y voit également sont intérêt dans la vente de ces produits
étrangers à l'intérieur de son territoire. Cependant, concernant l'industrie automobile, la réalité n'a
pas été à la hauteur des attentes. En effet, les maquiladoras en relation avec l'industrie automobile
n'ont pas participé à la baisse du taux de chômage, elles n'ont pas dynamisé l'industrie mexicaine et
n'ont pas apportées une technologie si importante que cela. Par ailleurs, il est montré que les
femmes sont employées dans ces maquiladoras beaucoup plus que les hommes : « La migration
massive de jeunes femmes, motivées par les entreprises et la modernité qu'elles représentent, a
entraîné un changement de la figure dominante de la féminité dans ces sociétés. » 3 (Lopez, 2010).
Les qualités travailleuses de la femme et son efficacité dans les multinationales sont alors
recherchées. Ces jeunes ouvrières se sacrifient pour le rêve de rapporter une mensualité à leurs
parents. Malheureusement, leur faible salaire parvient à peine à les faire vivre et leurs conditions de
vie sont souvent déplorables. On observe des mouvements migratoires des jeunes filles des
campagnes vers les villes, et plus particulièrement les villes de la frontière avec les États-Unis. Ces
dernières sont à la recherche d'une modernité et d'une stabilité qu'il leur sera malheureusement
difficile d'obtenir : « La transition entre les modes de vie traditionnels et modernes suit de multiples
directions, la dévalorisation de leur travail jouant un rôle important dans la limitation des
possibilités de développement des femmes »4 (Solis, 2011).
2 Traduction libre : « Hoy en dia, hay aproximadamente 1 880 plantas que operan como maquiladoras en Mexico,
principalmente cerca de la frontera entre los dos paises. Estas plantas emplean a mas de 450 000 trabajadores
directamente, y representan un valor agregado de aproximadamente 3 mil millones de dolares, lo cual las pone en el
segundo lugar, s6lo despues del petr6leo, como captadoras de divisas »
3 Traduction libre : « La migración masiva de mujeres jóvenes, motivada por las empresas y la modernidad que ellas
representan, ha provocado un desplazamiento en la figura dominante de la femineidad en estas sociedades. »
4 Traduction libre : « La transición entre los modos de vida tradicionales y los modernos sigue múltiples direcciones,
pues la desvalorización de su trabajo tiene un peso importante como limitante a las posibilidades de desarrollo de las
mujeres »
Pour conclure, les maquiladoras représentent un investissement avantageux pour le
gouvernement mexicain. En effet, elles permettent de développer l'industrie nationale, de créer des
emplois, de stimuler la compétitivité à l'internationale et de propulser la technologie des entreprises.
Cependant, ces maquiladoras génèrent des mouvements migratoires de jeunes filles ou de mères de
famille vers les villes de la frontière, laissant ainsi les campagnes mexicaines très masculines. Par
ailleurs, ces femmes venues à la recherche de la modernité se trouvent être exploitées. Les
conditions de vie et de travail sont extrêmement précaires et malgré leur syndicat, il est très difficile
pour elles d'obtenir gain de cause. Elles vivent dans des logements insalubres sans eaux potable ni
service d'éboueurs. Elles mettent leur vie en danger en manipulant des matériaux toxiques sans
protection et en vivant dans des quartiers très précaires. Malgré ces conditions et leur faible salaire,
même lors d'une faillite ou d'une maladie, les entreprises ne sont pas honnêtes et ne fournissent pas
les mensualités qu'auraient dû percevoir les jeunes femmes. De plus, le gouvernement mexicain
ferme les yeux sur ces agissements et tarde à verser des investissements, minimes car cela serait
remettre en question leur politique industrielle qui leur semble si intéressante du point de vue
économique.

Bibliographie

CARRILLO, Jorge. Les effects geopolitiques de la restructuration productive en Amerique Latine: Le cas des
maquiladoras d'exportation au Mexique, Outre-Terre Revue Francaise de Geopolitique, no. 18, Paris, 2008, pp.
143-152. City, 2006.

CONTRERAS, Óscar F. et MUNGUÍA, Luis Felipe. Evolución de las maquiladoras en México: Política industrial
y aprendizaje tecnológico. Región y sociedad, 2007, vol. 19, no SPE, p. 71-87.

JENNER, Stephen R., MORENO, Hortensia, et MENDIOLA, Salvador. Maquiladoras: una mirada crítica desde
la frontera. Revista Mexicana de Sociología, 1991, p. 221-233.

LÓPEZ ASPEITÍA, Luis. Identidades en la línea: Maquiladoras y figuras de la femineidad en la frontera norte de
México. Revista mexicana de sociología, 2010, vol. 72, no 4, p. 543-570.

SOLÍS PÉREZ, Marlene. El género, la fábrica y la vida urbana en la frontera. Estudios demográficos y urbanos,
2011, vol. 26, no 3, p. 535-561.

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