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Le sociologue et son terrain

Autrefois, la sociologie était un raisonnement à partir de données déjà produites, des données de
seconde main. Aujourd’hui, cette discipline est définie par la pratique du terrain. Les livres sont des
enquêtes plus que de la théorie. Les compétences du sociologue sont tournées vers l’expérience du
terrain, des entretiens, questionnaires… Il faut aimer lire et comprendre ce qu’on lit mais ce n’est
plus suffisant.
Une enquête est associée à un terrain de recherche.

Séance 1

L’utilisation du texte comme terrain : Norbert Elias, Sur le processus de


civilisation (1939)

Norbert Elias est né en 1877 en Allemagne et mort en 1990 à Amsterdam. Son ouvrage Sur le
processus de civilisation est paru en France en deux parties : La civilisation des mœurs en 1973 et La
dynamique de l’Occident en 1975. Il s’intéresse aux transformations des mœurs et des émotions
entre le 15ème et le 19ème siècle en Europe de l’Ouest. Pour cela, il faut trouver des textes révélateurs
des comportements des gens et avoir une très bonne culture historique, notamment économique,
politique et des rapports sociaux.

Elias s’intéresse à des aspects de la vie quotidienne qui paraissent dérisoires, comme par exemple, la
façon dont on se tient à table, dont on se mouche…
Pour cela, il trouve des manuels de savoir vivre, ou de civilité, des traités (écrits par Erasme par ex).
Ces textes inexploités forment un corpus très riche.
Il ne retient que les textes les plus imprimés (c’est-à-dire les plus lus, et destinés aux classes
supérieures, qui savent lire). Ces manuels s’adressent à des adultes.
Il constate que notre sensibilité, notre pudeur et sensibilité à la violence s’est accrue.

Exemples :
-Dans son traité, Erasme (16ème) conseille à ses élèves de ne plus cracher sur la table mais en
Choisir sa méthode : Philippe Bourgois, En quête de respect, Le crack à New
York (2001)

Au début des années 90, il vit pendant 3ans avec sa femme dans un barrio d’Harlem ouest. Cette
communauté portoricaine est extrêmement pauvre. Son premier objectif était d’écrire un livre sur
l’expérience de la pauvreté, de la ségrégation ethnique et de l’économie clandestine (garde d’enfants,
couture, prostitution pour les mères de famille ; réparation automobile, pari, trafic de drogue pour les
hommes) : comment vivre quand on est pauvre ?
Il s’intéresse de plus en plus au trafic de drogue (cocaïne et crack) qui prend place en bas de son
immeuble, et à la façon dont les dealers font la loi.
Ici, la méthode quantitative (du questionnaire) ne peut pas marcher : demander à des gens de parler
de leurs activités non-déclarées/illégales, ce n’est pas fiable.
La méthode qualitative s’impose donc. Pour gagner la confiance des habitants, l’étude doit être de
longue durée. Pendant plusieurs années, il fait des observations de nuit, il fréquente des maisons de
crack, il enregistre (avec accord) des entretiens, des récits de vie…

P. Bourgois à rencontrer plusieurs difficultés, notamment à cause de son apparence : c’est un étudiant
(bac+8), blanc, aisé, homme (WASP), cela rend difficile de se fondre dans la masse et de gagner la
confiance des habitants. Pour eux, blanc=cop mais pour la police, blanc=crackhead. Il s’est fait arrêter
plusieurs pas et les policiers ne le croient pas.
En refusant de se droguer, il pensait avoir encore plus de mal à s’intégrer mais le contraire se produit :
il gagne leur respect, il n’est pas là pour se droguer gratuitement.
Exemple d’erreurs :
-Il a une relation de confiance avec le chef du quartier. Un jour, il lui montre une photo et un article
sur lui dans le journal (qui prouve encore qu’il est bien sociologue) et lui demande de lire l’article. Le
chef est en réalité illettré et a été humilié.
-Ce même homme lui demande de blanchir son argent : jusqu’où va l’engagement ?
-Il récolte des récits qui vont à l’encontre de ses valeurs : tabasser des Sdf, le viol qui est quasiment un
rite de passage. Il sort de sa neutralité mais ne parvient pas à les faire changer d’avis. Il tombe en
dépression et arrête son enquête pendant quelque temps.
Comment parler des pauvres en tant qu’universitaires ?
Comment de pas donner raison aux classes moyennes moralisatrices et racistes ? (« N’étudiez pas les
pauvres et les sans-pouvoirs, tout ce que vous direz sur eux pourra être retenu contre eux »).
Bourgois à peur de renforcer les préjugés, d’alimenter le déterminisme racial, de tomber dans une
« pornographie de la violence ou un voyeurisme raciste ». Il remarque que certains chercheurs
avaient ces peurs et ne faisaient paraître que ce qui allait dans le sens de la morale. Pour lui ce n’est
pas la solution, il veut décrire tous les aspects de la réalité, tout dépend de l’interprétation. Il écrit les
faits de façon brute, sans en rajouter ni en enlever, il raconte, il donne des extraits d’entretien pour
expliquer leur pratique (le travail d’un sociologue).
Séances 2 et 3

L’observation participante : William Foote Whyte, Street corner society, la


structure sociale d’un quartier italo-américain (1943)

William Foote Whyte est né en 1914 à Springfield, et mort en 2000. Il est issu d’une classe sociale
supérieure (pôle culturel) : son père est professeur d’université. Il est élevé dans la religion
presbytérienne, et même s’il n’est pas vraiment proche de la religion, il est sensible au mouvement
réformiste protestant.
Il va accompagner son père en Allemagne dans les 30’s, il est donc témoin de la montée du nazisme.
Il étudie l’économie à l’université. Il découvre les slums (quartiers pauvres surpeuplés) de
Philadelphie, et les settlement houses, institution charitable américaine où travaillent les travailleurs
sociaux qui s’occupent des immigrants, censés les ‘américaniser’.
Pendant ses études, il lit l’autobiographie d’un journaliste qui lui donne le goût du travail de terrain et
d’une écriture personnalisée et atypique.
A Harvard, il décide d’écrire un livre sur un quartier italien de Boston, qu’il nomme Cornerville. Il
s’installe là-bas pendant 3 ans. Il part ensuite à Chicago où il intègre une équipe de sociologues qui lui
permettent de publier son enquête. Son livre connaît le succès qu’en 1955 lors de sa publication.

Contexte socio-économique de Boston dans les 30’s :


● Les italiens ont beaucoup contribué à la population des USA depuis les 1880’s.
● En 1920-1940, Boston compte 1/3 d’étrangers.
● WFW s’intéresse au conflit entre les italiens (les derniers arrivés) et les irlandais (les plus
anciens). Les rapports sont violents, on peut même parler de ségrégation. Au moment de
l’enquête, les conflits sont toujours là mais les affrontements physiques sont devenus
politiques.
● Il s’intéresse aux jeunes garçons, ceux qui sont sortis de l’école sans qualifications (corner
boys), les college boys, inscrits dans le 1er cycle universitaires et les sénateurs.
● En 1930 le quartier abrite 28 000 habitants, principalement des cols bleus, 95% sont italiens.
● Il y a une très faible mobilité sociale.
● Les conditions de logement sont détestables, comparable aux slums. La moitié des
appartements n’ont pas de toilettes, ni de douche.
● Fort taux de chômage (40% en 1934). Les italiens bénéficient peu aides dans les programmes
fédéraux, dont les irlandais ont plus facilement accès.

I-Faire la monographie d’un quartier

Le livre comporte deux parties :


Partie 1 : Gars de la rue, gars de la fac
Partie 2 : Racketteurs et politiciens

Les corners sont des lieux de rencontres, on s’y donne rdv, on y reste la nuit. Chaque groupe ethnique
possède un coin de rue à lui.
Dans les préjugés, les lieux de vie des minorités ethniques est synonyme de désorganisation sociale.
WFW veut prouver le contraire, et que justement les bandes sont extrêmement bien organisés (clubs,
lobbys politique…).
L’ouvrage est original : observation participante, l’auteur décrit sa vie, livre peu académique
(exemples, pas de vocabulaire technique spécifique)

II-La méthodologie mise en œuvre par WFW

La postface du livre : un appendice méthodologique en 7 points (le choix du terrain, l’entrée dans le
milieu, les rôles occupés, les conditions d’observation, la prise de notes, la découverte du schème
principal, la relation avec la communauté étudiée après la rédaction de l’ouvrage)

● Le choix du terrain : Son intérêt pour les slums l’amène à découvrir ce quartier. Ce choix est
un peu un hasard.

● L’entrée dans le milieu : WFW n’a de formation sociologique de terrain : il a beaucoup


improvisé. Il est parti naïvement sans connaissance des coutumes.

Ex d’erreur : comment se lier avec les gens ? Il décide en 1er d’aller dans un bar, lieu de rencontre. Il
repère un homme et 2 femmes et décide de les aborder, mais cela ne se fait pas, personne ne
fréquente ce genre de bar, on n’aborde pas les gens comme ça.

Il va ensuite voir les travailleurs sociaux dans les settlement houses, façon très classique dans les
sciences sociales. Cela lui permet de rencontrer Doc, chômeur de 29 ans, chef d’une bande de jeunes
corner boys âgés de 25 à 28 ans. Il devient son principal informateur, un référent qui facilite l’entrée.
Il présente son enquête et Doc accepte de lui ouvrir toutes les portes. Il lui donne des conseils.

Rapidement, il cherche à habiter dans le quartier. Il prend un appart au-dessus d’une pizzeria, il est
proche d’une famille italienne
Il décide d’apprendre l’italien : pas complètement indispensable puisque tous parlent anglais. Il le fait
pour faciliter son intégration sur le terrain, pour consolider sa position sociale.

Journée type : il se lève vers 9h, il déjeune dans un bar, il revient dans sa chambre et tape toutes ses
notes de la journée précédente. Il mange midi et soir à la pizzeria et il passe ses après-midis et ses
soirées dans les corners, à parler avec les gens et participer aux activités. Le dimanche il participe au
repas familial des martini. L’observation continue est très fatigante et il apprécie les moments en
famille. Il ne se prend pas la tête avec sa tenue vestimentaire mais n’essaye pas d’imiter les jeunes.

Les débuts avec Doc : dans une boite de jeu, il est présenté comme son ami Bill. Personne ne remet
en doute son identité
Il faut être en mesure de présenter le sujet d’enquête aux enquêtés, de manière claire et simple
plutôt que précise. Il disait simplement qu’il écrivait un livre sur Cornerville.
Doc lui apprend à se tenir sur le terrain : observer et être patient plutôt que de poser trop de
questions. WFW il imite le langage familier des jeunes pour leurs ressembler, alors que les enquêtés
admire sa différence, son langage.

● Les rôles occupés par Whyte : il n’a aucune expérience et a endossé plusieurs rôles
-enquêteur traditionnel : il prend rdv avec les enquêtés pour des entretiens formels avec des guides
d’entretien.
-entretien informels : discussions dans les corners, bars… où on peut recueillir plein d’infos sur les
modes de vies et de pensés 🡪 méthode privilégiée.
-observation participantes : son statut est connu de tous mais comme il participe, on oublie.
-il participe à des associations, il devient secrétaire du sénateur pour rentrer dans le monde politique
-il rend service, il aide à la rédaction de CVs. L’idée est de rendre service sans influencer.
Il a souvent prêté de l’argent, des petites sommes, mais quand les enquêtés ne peuvent pas le
rembourser, cela change les relations (dette).

Il y a très peu d’Italiens qui ont lu son livre, mais quelques années plus tard il y a eu des critiques par
rapport à l’utilisation de Doc comme informateur, quand a sa rémunération.
Peut-on donner une partie des droits d’auteurs à Doc ?
Doc aurait eu l’impression d’être exploiter par Whyte.
Selon lui, il a très bien réussi son intégration : on lui a même demander de frauder aux élections. Il a
voté trois fois

III-Retour réflexif sur son expérience

● Incursion dans le monde politique


Après ses vacances et après avoir étudier les jeunes il décide d’étudier les hommes politiques. Il
s’engage dans la campagne d’un sénateur local, Ravello, comme secrétaire bénévole. On lui demande
de voter plusieurs fois, de plusieurs bureaux de votes différents. Il le fait mais le regrette : ca aurait pu
mettre un terme à sa recherche « se découvrir faudeur perturbe sa confiance ». De plus, il aurait pu
refuser : il était bénévole et déjà bien intégré. -> Pour être accepter par les gens d’un quartier, vous
n’êtes pas obligé de faire tout ce qu’ils font.

● L’étude du racket
Il est invité à un banquet avec plusieurs personnalités locales, il y a des policiers, des politiciens mais
aussi des racketteurs. Il rencontre un racketteur, Tony Cataldo. Ils discutent de la vie associative et
deviennent amis. Ils se revoient ensuite mais Tony commence à l’éviter :
-Tony a des problèmes financiers (il s’est fait braquer).
-Question de mobilité sociale : Whyte ne lui permet pas de rencontrer d’autres universitaires

● Rester neutre ?
Pour renouer avec Tony, il défend le candidat adverse, protégé par Tony. Il brise ainsi sa neutralité et
cela ne convient pas à l’observation participante.
Séances 3 et 4 :
L’expérience de Milgram

I-Contextualisation de la recherche

Stanley Milgram (1933-1984) chercheur en psychologie connu pour l’enquête Soumission à l’autorité,
1974.
Originaire d’une famille d’immigré juifs d’Europe de l’est, arrivé dans les 30’s. Il veut comprendre
l’holocauste, ses causes. Il porte donc intérêt à l’obéissance. Il veut savoir la propension des individus
à obéir à des choses atroces.

II-La présentation de l’expérience

Mise en scène : on fait tout pour ce que ca paraisse réel


Le sujet naïf est présenté à deux hommes : un homme qui à
l’air « gentil », présenté comme un élève est volontaire
également. Le 2ème est un prof austère -> l’expérimentateur.
On cherche à connaitre l’impact de la punition sur la
mémoire.
Le sujet doit poser des questions et envoyé une décharge
électrique si la réponse est fausse (décharges de + en +
fortes).
Si le sujet à des doutes, le « prof » a des répliques déjà
écrites pour le persuader.

L’expérience est suivie d’un entretien où on lui révèle le vrai


objet de l’enquête.

On découvre que les personnes vont jusqu’au bout de l’expérience (65%). Ils continuent d’obéir aux
ordres en dépits de leurs valeurs morales.

Les 18 variations de l’expérience

Milgram se demande lesquelles de ces variables pouvaient influencer les sujets à aller jusqu’au bout
de l’expérience afin de relativiser avec le résultat principal.
1. La proximité avec l’élève
Est-ce que l’éloignement de la victime facilite la poursuite de l’exp ? 4 cas sont proposés :
o L’élève est dans la même pièce que le moniteur sans qu’on puisse entendre ses cris.
o Le moniteur peut entendre les cris
o Ils sont dans la même pièce
o Ils sont dans la même pièce et ont un contact physique
Dans les 2 premiers cas, 65% des sujets vont jusqu’au bout, tout en témoignant de signes d’agitation
et d’anxiété.
Pour les cas 3 et 4, l’élève va beaucoup moins loin : la moitié seulement obéissent jusqu’à la fin.

2. L’incarnation de l’autorité
Confier la tache de l’expérimentateur à un individu ordinaire, qui ne ressemble pas à l’imaginaire du
scientifique. Le taux d’obéissance baisse sensiblement : on a seulement 20% qui vont au bout au lieu
de 65%. L’individu qui donne les ordres ne dispose pas d’une légitimité aux yeux du sujet. 🡪 la
légitimité du scientifique pousse l’individu à se soumettre à l’autorité.

3. La présence de l’autorité
L’expérimentateur n’est pas dans la même pièce. Les sujets vont bcp moins loin dans l’exp : moins de
20%. Les volontaires mettent en œuvre des subterfuges pour désobéir sans mettre directement en
cause l’autorité, en prétendant augmentation l’intensité des électrochocs par ex.

4. Le sexe des sujets


Il s’agissait initialement d’hommes recrutés pour l’expérience. Cette fois des femmes ont participé en
tant que monitrices. 65% des femmes vont jusqu’au bout, cad la même proportion que les hommes.
Cela déconstruit un certain nb d’idées reçues, par ex les femmes seraient soi-disant plus sensible,
plus empathique que les hommes.

5. Les limites fixées par le sujet


On demande à l’élève de prétendre une maladie cardiaque pour interrompre l’exp. 49% des
moniteurs vont jusqu’au bout. Pour ceux qui ont refuser de continuer, il craignent les conséquences
légales de leurs actions, plus que de la condition exprimée par l’élève.

6. Le lieu et cadre de l’expérience


Originalement se déroule à l’université 🡪 légitimité aux yeux des participants.
On choisis de mener l’exp dans des locaux commerciaux délabrés dans une ville indus voisine, la
recherche sert à des entreprises privées. 47% vont jusqu’au bout.
Le caractère scq de l’expérience contribue à son déroulement.

7. Une contrainte moindre de la part de l’autorité


Existe-t-il des pulsions cruelles et sadiques chez les hommes ? On permet aux sujets de choisir eux
même le niveau de voltage. 95% des participants s’arrêtent des que l’élève donne des signes de
protestations. On en conclue que la capacité a faire le mal n’est pas propre à la nature humaine.

8. Plusieurs représentants de l’autorité


Deux expérimentateurs. Le sujet obéit à celui qui incarne l’autorité la plus élevée.
9. L’effet de groupe
Plusieurs sujet réunis : vont-ils être incités par le groupe ?
● Le sujet est avec deux complices qui défient ouvertement l’autorité et refusent d’obéir aux
ordres dès les 1ères protestations. Le sujet se range à leurs coté. Seuls 10% vont jusqu’au
bout en les contredisant.
● Deux complices dociles : 92% vont au bout 🡪 influence majeure du groupe.

Pour Milgram, l’obéissance apparait comme réponse spontanée des citoyen si ils reconnaissent
l’autorité, mais le degré de soumission dépend du contexte exacte.
La psycho sociale peut démontrer que ce n’est pas l’individus mais la situation qui détermine son
action. L’individu n’est pas par essence cruel ou empathique.

Le débat dans la communauté universitaire sur l’expérience de Milgram

Cette exp à donné lieu à des débats aux US, tant sur la forme que sur le fond. On dénonce les
modalités de l’exp en reconnaissant l’utilité des résultats.

Une remise en cause de la nature éthique de sa démarche en 2 points :


- Avoir manipuler des sujets naïfs portés volontaires pour une étude sur la mémoire. Milgram
répond que ce n’était pas un piège mais une mise en scène.
- Affliger une souffrance au sujet (capacité à faire confiance et estime de soi). Ils comprennent
qu’ils auraient pu tuer réellement l’élève, ils se sont ridiculisés. Pour Milgram, il n’y a pas eu
de mal fait à ses sujets, il n’y a pas d’effet sur le long terme, puisqu’ils ont réalisé des test
psychiatriques et aucun des sujet n’a subit de traumatisme à MT et LT.

Critiques sociologiques :
- Milgram ne prend pas en compte ls propriétés sociale des individus. Il ne fait pas apparaitre
le poids du profil socio-pro, de la trajectoire sociale 🡪 les dispositions socialement construites
par les individus.
Les enquêtes statistiques utilisées par Pierre Bourdieu

Sociologie de l’art :
-L’amour de l’art
-La Distinction
Bourdieu (1930-2002) Né à Denguin, mort à Paris, un des sociologues les + importants du XXème.
Il enseigne la socio à Alger de 1957 à 1960. EN 1981 il devient titulaire.
Il s’inscrit dans un courant critique de la sociologie.
La socio de PB reprend l’idée de dévoiler et de dénaturer le social, qu’on retrouve aussi chez
Durkheim. L’objectif est de démystifier les problèmes sociaux qu’on étudie.
Les recherches de PB placent les cs au centre du recueil des données et de l’analyse, pour l’éducation,
l’art, la culture, la politique, … L’appartenance sociale organise les pratiques.

1) L’enquête sur le public des musées avec Alain Darbel (1966)

AD est un sociologue français et ancien administrateur de l’INSEE. Il s’est intéressé a la socio de


l’administration mais est associé a PB grâce a cette étude. Il est chargé par PB de la construction du
sondage et de l’élaboration du modèle mathématique.

Contexte : dans les 60’s, il y a le service des études et recherches qui a été fondé par le ministère de la
culture et qui lance un certain nb d’enquêtes.
L’objectif est de dressé le publique des musées.

Thèse générale : le fait d’apprécier l’art ne vient pas de dons innées, au contraire, c’st le fruit d’un
apprentissage. On déconstruit l’idéologie du dom naturel, déjà déconstruite par les recherches sur
l’éducation.

Méthodo :
Il s’agit d’une enquête par questionnaire. Grande équipe de chercheurs dirigée par PB, qui rédige le
rapport d’enquête et l’ouvrage. AD s’occupe du plan de sondage et de l’élaboration du modèle
mathématique. Les enquêteurs sont chargé de recueillir les données dans 6 pays européens.
Plusieurs questionnaires ont été réalisés.
Il a mené des pré-enquête et des enquêtes de vérification, ainsi que des entretiens semi directif.
Ce brassage d’enquête, le recueil et le traitement repose sur une grande rigueur méthodologique.

● Le questionnaire :
Distribué à un large échantillon de visiteurs de musées européens avec une préenquête menée par
entretien libres. On distribue les questionnaires au début de la visite.
Les questionnaires sont courts et clairs.
Les questions sont regroupées par thématiques : le type de visites préférées (seul ou accompagné, de
qui (ami, conférencier)), le motif des visites, les musées préférés

● L’échantillon :
Quelles sont les personnes interrogées ?
On a sélectionné 123 musées en France, représentatifs des types de musées. On en a tiré un panel
représentatif de 21. On a fait de même pour les 5 autres pays.
Les répondants étaient choisis au hasard parmi les visiteurs.
Quels jours enquêter ? (semaine, we, vacances,..)
Pour trancher, on s’appuie sur des préenquêtes : 45% des visites se fond pdt les vacances scolaires et
le type de public varie en fonction des jours de la semaines.
Il choisi d’intégré les vacances de paques et procède a une enquête de vérification en juillet.

● Analyse des résultats


On fait des corrélations entre les diff parties du questionnaire, on fait des calculs de moyennes et de
quartiles.
Au final, les analyses reposent sur les 9226 questionnaires obtenus puis on a fait une série de calcul
stats, puis recours à des enquêtes de vérification pour minimiser le nb d’erreurs possibles,
notamment sur le temps de visite.

En France, dans les 60’s, 32% des classes populaires ont pour motif déclaré de visite le hasard, contre
5% des classes supérieurs.

Résultats :
● Les conditions sociales de la pratique culturelle :
1% agriculteurs
4% d’ouvriers
5% d’artisans/commerçants
18% d’employés et de cadres moyens
46% de classes sup
On remarque que ces proportions sont inverses à celle de la population française.
🡺 Les ouvriers ont 40 fois moins de chances de visiter un musée que les cadres sup : la pratique
du musée est donc un fait de classe.
55% des visiteurs ont au moins le bac.
Le niveau d’instruction est la variable déterminante.

● Œuvres d’art et disposition cultivée


La possibilité de fréquenter des musées dépend de la position sur l’échelle sociale. La capacité de
comprendre les œuvres dépend de l’instruction. Les classes populaires sont plus portés vers les
musées d’objet historiques et folklorique, moins élitistes.
Par quels mécanismes la culture ne peut -elle être accessible qu’a ceux déjà cultivés ?
« Pour éprouver l’amour de l’art, il faut l’avoir appris ». Ce n’est que le produit de l’éducation.
Contrairement à ce que veulent faire croire les habitués de l’art, les œuvres n’ont pas le pouvoir à
elles seules à procurer des émotions.
La socio de la culture est critique. Elle met en évidence le principe caché des inégalités devant la
culture contre les idéologies charismatiques. (idéologie qui consiste à croire que certains seraient fait
pour être touché par l’art, en refusant de voir que cela résulte d’un apprentissage familial, scolaire)

2) L’enquête sur les goûts et les styles de vie

La distinction, critique sociale du jugement


Recherche commencée en 1962
Enquête par questionnaire.
Le gout n’est pas une affaire de choix perso
Méthode :
Enquête menée en 1963 après une préenquete par entretien approfondi ethnographique auprès de
692 individus habitant à paris, Lille et une ville de province. 🡪 combinaison de questionnaires et
d’entretiens.
Seconde enquête en 1968 pour avoir 1217 personnes interrogées.
Pour chaque CSP, il a été attentif à la répartition selon le sexe, l’âge et le diplôme pour être au plus
proches des données du recensement en 68.
Il pose des questions sur les pratiques de la photographie et ensuite 25 questions sur les gouts (déco
inter, vêtement, musique, cuisine, cinéma, photo, art,…)

Résultats :
Nos pratiques individuelles (alimentaires, vestimentaire, culturelle, politique) forment un ensemble
homogène défini par notre appartenance à une classe.
Il n’y a pas de gouts perso mais une hiérarchie sociale des gouts définie par l’espace des cs.
Grace à la méthode des ACM (analyse des correspondances multiples) qui permet de faire des
représentations visuelles des cs. On relie des positions socio-pro avec des pratiques culturelles et des
styles de vie correspondant.
Au final, PB pourra construire des idéaux-types de gouts et donc des habitus.
L’idée est de montrer la correspondance entre l’espace social et les styles de vie. On parle alors d’une
idéologie structurelle entre ces deux espaces qui se superposent très bien.
A partir de cette méthode, Bourdieu va dessiner un graphique où se superposent des espaces de
gouts et de pratique.
L’espace social est traversé de luttes fondées sur l’accumulation du k symbolique
La consommation de biens culturels s’inscrit dans une volonté de distinction sociale. Les goûts sont
aussi des dégouts.
Le rapport à la culture est différent selon les classes sociales :
-le sens de la distinction : rapport à la culture des classes dominantes
-la bonne volonté culturelle : rapport à la culture des classes moyennes (prétention)
-le choix du nécessaire : rapport à la culture des classes populaires. Valorisation de la virilité,
refus de s’assimilé à la petite bourgeoisie. Leur domination est intériorisée et ils s’excuent eux
même de la culture. (privation)
Une longue expérience de recherche dans les familles fortunées,
Voyage en grande bourgeoisie, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Monique PC, chercheuse au CNRS et activiste politique avec son mari.


Ils travaillent depuis les 70’s sur les politiques urbaines, puis sur les beaux quartiers parisiens.
L’objectif était de rendre compte de la ségrégation urbaine et de travailler sur les conditions de
transmission du patrimoine.
La pop enquêtée est particulière puisqu’on travail sur les pop fortunées aristo et bourgeoises
anciennes, pop qui cumule du k éco, culturel, social, et symbolique. Et ancienneté d’appartenance à
ces classes. Ces fam sont membres de l’aristo depuis plusieurs siècles🡪 transmission de patrimoine de
gen en gen.

Les PC sont d’origine sociale éloigné de ces pop. MPC est fille de magistrat, petite fille d’industriel et
de médecin 🡪 petite bourgeoisie provinciale
MPC fils d’ouvrier, petit fils d’ouvrier et de garagiste 🡪 milieu populaire

1) Mener des entretiens dans la grande bourgeoisie

1.1) Le sociologie en position dominée lors des entretiens

Préparation des entretiens : ici, obtenir un entretien n’est pas si simple. Il faut être recommandé. PC
sont refusés s’il n’a pas de recommandation.
Ca rassure la famille d’avoir un avis de proche.
Il y a obligation de faire déférence : montrer du respect. Ne pas être condescendant. Pour préparer
l’enquête, le sociologue disposent d’outils (annuaires, listes de rallyes).
L’entretien produit des effets sur le discours recueilli. L’interaction est un rapport social qui se
construit tout au long de l’entretien. La confiance est fragile. La configuration est particulière puisque
le sociologue est dominé.
Thèmes de l’entretien : modes de vie de ces familles, organisation de la vie quotidienne, la vie
familiale et la construction des patrimoines.

1.2) L’importance de la présentation de soi

Il faut réduire les réticences de l’interviewé à parler de sa vie. Il est important de bien présenter la
recherche, ses finalités.
- Le tact et le contrôle du lexique : Les PC recommandent de présenter l’étude comme la
transmission des patrimoines et le devoir des héritiers envers les générations suivantes,
plutôt que de parler de la reproduction des inégalités (trop politique, inquisiteur).
- Présenter une image la moins agressive possible pour ne pas « choquer le bourgeois ». Cad
respecter les manières d’êtres en faisant attention à sa tenue vestimentaire et sa position
corporelle. Dans ces milieux, le négligé de la tenue peut être interprêter comme un affront.
Les milieux bourgeois sont soucieux de l’apparence et du savoir vivre. Les hommes sont vetus
de complets, les femmes portent des tailleurs. 🡪 refus de se laisser-aller.
- Assumer son angoisse. La relation est tjrs délicate à établir, il faut faire preuve d’empathie. =
comprendre l’individu, respecter sa parole mais pas forcément accord.
- La langue de bois
1.3) Se confronter à un discours maîtrisé

-contexte de l’entretien
-contenu du discours : le sociologue peut être dominer par le discours : langage soutenu,
condescendance, le discourt de l’enquêté est extrêmement maitrisé. Ils sont discret et n’étalent pas
leurs richesse économique et culturelle.
🡪Préparer les entretiens par une recherche documentaire. Il faut avoir un guide d’entretien et des
informations sur la famille (généalogie, entreprises) grâce aux annuaires, arbres généalogiques, bottin
mondain. Ca permet de ne pas être naïf, être informé, ne pas se faire manipuler

Le malaise des chercheurs : les sociologues travaillant sur ces familles ont le sentiment de trahir et de
manquer à la vocation de la sociologie (analyser les problèmes sociaux pour aider à leurs solutions).

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