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Mouhieddine Afdel
Le LBO est l’ acronyme en anglais de la notion d’ achat avec effet de levier , c’ est à dire financer une
grande partie du prix d’ acquisition d’ une filiale cible par l’ endettement . Cette opération ne s’ effectue
pas d’ une manière directe , les parties intéressées par le rachat de la cible créent un Holding de reprise
, c’ est à dire une autre société intermédiaire qui va détenir une participation dans la société cible à l’
allure de 100% afin de préserver le contrôle total .
Les opérations du LBO sont fréquemment qualifiées comme un effet de levier managérial (LMBO) car
la majorité des LBO sont montées et initiées par les dirigeants ( Top Management ) de la cible pour des
raison de succession . Ces managers connaissent bien la cible , ils disposent d’ une expertise dans le
secteur d’ activité de la cible mais ils n’ ont pas les moyens nécessaires pour racheter la société qui
paye leurs salaires . La Holding de reprise ( HOLDCO dans le jargon financier ) est une société crée AD
HOC , c’ est à dire elle a un but spécifique c’est la participation dans le capital de la cible et pour cela
le financement permanent du Holding contient des fonds propres , des éléments du capital financés d’
un côté par l’ épargne des dirigeants et d’ un autre coté par des fonds d’ investissement spécialisés
dans le secteur d’ activité de la cible ou bien des fonds d’ investissement diversifiés .
Dans le cadre de ces opérations, ces sociétés ont pour objet de prendre des participations minoritaires
ou majoritaires selon leur statut, dans des entreprises, aux côtés des repreneurs (SENHAJI OMAR ,
BENCHEKROUN ISMAIL). Les modes d’intervention les plus utilisés sont les actions ordinaires (La
participation normale dans le capital ) et éventuellement des obligations convertibles en actions ( Des
titres financiers qui donnent droit d’acquérir à l’avenir une ou plusieurs actions de la société HOLDCO
à un prix fixe ).
La dette est l’ élément crucial d’ une opération LBO , l’ effet de levier optimal consiste à maximiser la
valeur de la dette par rapport aux fonds propres apportés .
L’ équation de la rentabilité des fonds propres dans un montage LBO consiste à ajouter l’ effet de levier
financier obtenu par l’ endettement à la rentabilité économique détenue indépendamment du schéma
précité . La rentabilité économique est le rapport entre le résultat courant après impôt et la somme
entre la valeur des immobilisations (investissements) et le besoin en fonds de roulement d’
exploitation , ce ratio nous indique la rentabilité de l’ actif économique de la société . L’ opération LBO
va hybrider cette mesure en introduisant un effet de levier en ajoutant à la rentabilité économique le
rapport dettes/fonds propres multiplié par la différence entre la rentabilité économique déterminée
et le cout de la dette affranchi d’ impôt :
On développe le cas suivant afin de mieux comprendre l' effet de levier financer obtenu ;
Deux sociétés X et Y disposent d' un résultat d' exploitation (économique) identique , la différence est
que la société X n' utilise que des fonds propres (100000 FP) pour financer son activité tant que la
société Y dispose d' une dette de financement( 50000 FP et 50000 DF). Le résultat imposable de la
société X est son résultat d' exploitation , le résultat imposable de la société Y est égal à son résultat
d' exploitation net des intérêts financiers sur la dette qui sont déductibles fiscalement.
Si le résultat d' exploitation est de 10000 DH à titre indicatif et que les charges financières de Y sont de
4000 DH , alors :
La rentabilité financière de l' entreprise se défini par le rapport du résultat net sur les capitaux investis,
alors :
Ce qui fait que Rf(Y)>Rf(X) , la rentabilité financière de l' entreprise augmente en fonction de l'
évolution de la dette .
On approfondit l' application de ce mécanisme sur un cas réel, c' est le rachat de l' hôtel B§B par le
fonds d' investissement PAI .
Le management de B§B et API créent un Holding de reprise (HoldCo) , cette nouvelle structure va
acquérir la cible pour un prix de 823 millions d'euros, cette acquisition est financée par des fonds
propres à l' allure de 484 millions d'euros et le reste sous format d' une dette senior. Les dirigeants n'
ont financé que 4% du montant des fonds propres précité , c' est à dire la reprise de la société où ils
travaillaient pendant longtemps ne dépend que du fonds d' investissement . Les dirigeants sont
impliqués dans l' opération vu leur engagement comme actionnaires mais le coût de la reprise subi par
ces repreneurs est non significatif. Une schématisation comptable de l' opération nous illustre la
destruction irréversible des fonds propres tout en maximisant le coût de la dette.
Alors , pour tout dirigeant qui veut racheter la société où il travaille, il doit seulement faire un rapport
théorique ( Moins de 5% ) et rapporter le reste par des fonds d' investissement , l' endettement
bancaire et par d' autres pistes comme la dette mezzanine (Les instruments les plus utilisés dans un
financement mezzanine sont les obligations à bon de souscription d’actions) .
Dans le cas du montage LBO de B§B l' état de la dette était de 339 millions d'euros, obtenue par une
dette bancaire sur 7 ans à un taux équivalent à Euribor + 5% avec un plancher de 1% . Le risque de telle
opération est la raison pour laquelle la banque opte pour un taux d'intérêt révisable, dans ce cas l'
Euribor qui est le taux interbancaire moyen de la zone euro varie selon différentes maturités,
généralement l' Euribor référence est celui d 1 an , la clause du plancher de 1% surendette les sociétés
en vigueur car l' Euribor peut être négatif pour certaines maturités.
Les Cash-flows générés par l' activité de la cible doivent être susceptibles de couvrir les charges d'
intérêts de la dette , le cas échéant la plus-value réalisée par la revente de la cible sera la solution
optimale.
Les Charges d' intérêts sont des éléments déductibles fiscalement, alors en parle ici d' un levier fiscal
qui réduit l' assiette fiscale imposable . Le régime d' intégration fiscale entre la société mère ( Holding
) et la cible ( Filiale) est une solution pour l' optimisation fiscale du résultat, cette technique indique
une compensation des résultats fiscales imposables entre la société mère et ses filiales afin d'éponger
les déficits subis et réduire l' impôt exigible. Si la société mère (Holding) détient plusieurs filiales , au
lieu d’ imposer chacune d’eux en matière de l’ IS sur la base de son résultat fiscal , on impose le résultat
fiscal consolidé chez la société mère . On illustre ce mécanisme dans le tableau suivant :
La création de valeur souvent observée à l'occasion d'un LBO ne s'explique pas par l'effet de levier ni
par la déductibilité des frais financiers mais bien davantage par le poids de la dette qui incite
fortement les dirigeants à gérer au mieux l'entreprise dont ils deviennent souvent, à cette occasion,
actionnaires (théorie de l'agence). Les performances opérationnelles des entreprises sous LBO sont
bien souvent meilleures que celles de leurs concurrents. Les LBO apportent un mode de gouvernance
d'entreprise différent et bien souvent meilleur que celui d'un groupe coté ou de l'entreprise familiale
en mettant l'accent sur la génération de cash flows et la création de valeur. Ceci explique pourquoi
une entreprise peut rester sous LBO pendant de nombreuses années, un fonds de LBO la cédant à un
autre fonds de LBO (Vernimmen) .