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ASLI Amina
Enseignante Chercheure
ENCG, Université Hassan I, Settat
Email : amina_asli@yahoo.fr
ZERRAD Jaouad
Enseignant Chercheur
ENCG, Université Hassan I, Settat
E-mail : zerradjaouad@gmail.com
BENCHRIFA Hanaâ
Doctorante en Gestion
ENCG, Université Hassan I Settat,
E-mail : benchrifa_hanaa@hotmail.com
Résumé
Aujourd’hui le concept de l’entrepreneuriat occupe une place importante dans notre société et
ce, par sa contribution à la création d’emplois, à la création et au renouvellement des
entreprises, à l’innovation sous toutes ses formes ainsi au développement régional. La
littérature sur le concept est foisonnante et n’a cessé de se développer depuis les travaux de
Schumpeter. Dans un contexte marocain, elle devient un refuge pour l’emploi d’un bon
nombre de jeunes diplômés et une reprise de la croissance économique. En effet, on
interrogera utilement sur le sujet de l’entrepreneuriat des jeunes en tant que processus qui
s’apprend en commençant en amont et ce par l’adoption d’un dispositif pédagogique
spécifique et efficace permettant de développer l’esprit entrepreneurial exigé d’ un étudiant du
21ème siècle. Il s’agit en premier, de clarifier les éléments théoriques de l’entrepreneuriat et en
particulier l’entrepreneuriat des jeunes puis identifier les pratiques pédagogiques
universitaires permettant la promotion de l’esprit entrepreneurial. A la lumière de ses
pratiques, nous allons mettre en avant les facteurs parascolaires permettant d’activer le
potentiel entrepreneurial chez les jeunes étudiants marocains.
Mots clés : Entrepreneuriat, étudiants, esprit entrepreneurial.
Abstract:
Nowadays, the concept of entrepreneurship holds a key position in our society, through its
contribution to job creation, renewal of companies, and multiform innovation as well as the
regional development. The existing literature on the concept is abundant and continues to
grow ever since the seminal work of Schumpeter. In parallel, the youth entrepreneurship has
grown increasingly in academic research and development strategies adopted by countries
around the world. In the Moroccan context, it has become an outlet for employment and a tool
for stimulating the economy. Actually, in this paper, we are going to shed light on the concept
of youth entrepreneurship as a process that is initiated and that goes crescendo within the
framework of educational system. The aim is to help 21st century students to develop and
foster it. First, we are going to clarify the tenets of youth entrepreneurship, then we are going
to identify the existing practices at university level including extracurricular activities that
help tap the dormant potential of entrepreneurship in youth.
Introduction :
La recherche sur l’entrepreneuriat demeure fragmentée et examinée par différentes
disciplines. De nombreux spécialistes, économistes (Cantillon, 1755 ; Say, 1816 ; Perroux,
1935 ; Schumpeter, 1954 ; Boutillier et Uzunidis, 1999), sociologues (Weber, 1930)
psychologues (Mclelland 1967), et gestionnaires (Gartner, 1990 ; Arellano, Gasse et Verna,
1994 ; Albagli et Hénault, 1996 ; Filion, 1997 ; Verstraete, 2000) se sont intéressés à l’étude
de ce concept. En réalité, la notion de l’entrepreneuriat occupe une place importante dans
notre société contemporaine et ce, par sa contribution à la création d’emplois, à la création et
au renouvellement des entreprises et à l’innovation sous toutes ses formes (Fayolle, 2005). La
contribution de l’entrepreneuriat d’une façon significative à la croissance économique ainsi
que l’accroissement des travaux de recherches académiques justifient parfaitement la
nécessité d’étudier cette notion. En ce sens, la promotion de l’entrepreneuriat auprès des
étudiants est une nécessité économique (Léger-Jarniou, 1999), ainsi que le jeune entrepreneur
devient la pierre angulaire dans le processus et la gestion de l’entreprise en particulier et la
société en général. A travers cet article, on s’interrogera sur le sujet de l’entrepreneuriat des
jeunes en tant que processus qui s’apprend en commençant en amont et ce par l’adoption
d’un dispositif pédagogique spécifique et efficace permettant de développer l’esprit
entrepreneurial exigé d’ un étudiant du 21ème siècle.
Durant les décennies 1980 et 1990, de nombreuses recherches essentiellement américaines ont
enrichi le champ de l’entrepreneuriat. Du côté français, on trouve également des thèses
qu’ont été consacrés à la modélisation entrepreneuriale (C. BRUYAT ,1993 ; A.FAYOLLE,
1996 ; S.MARION, 1999 ; P.SENICOURT, 1997. T.VERSTRAETE, 1996). Par conséquent,
la clarification du concept est fondamentale, citons l’interrogation de Gartner (1990) « What
are we talking about when we talk about entrepreneurship »
En effet, la revue de littérature affirme que l’entrepreneuriat est un phénomène qui associe
deux niveaux d’analyse ayant une relation dynamique et dialectique : Entrepreneur et
l’organisation qui se définissent mutuellement ( Boussetta, 2013) .Tout au long des dernières
décennies, plusieurs auteurs ont défini l’entrepreneuriat, mais il manque toujours un
consensus concernant sa définition. Selon Stevenson et Jarillo (1990), l’entrepreneuriat est la
volonté de concrétiser une opportunité sans tenir compte au préalable des ressources
disponibles. Yvon Gasse (1992) définit l’entrepreneuriat comme étant l’appropriation et la
gestion des ressources humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et
d’implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus. L’entrepreneur se
trouve donc dans une démarche d’organisation des ressources dans le but de lancer puis
garder en activité une entreprise qui viendra combler un besoin. Pour sa part, Stevenson
(1992) énonce que l’entrepreneuriat est un processus qui amène des personnes à envisager la
propriété d’une entreprise comme une option ou solution de carrière viable, à arriver avec des
projets d’entreprise, à apprendre à devenir des entrepreneurs, à lancer et à développer une
entreprise. Selon Julien et Marchesnay (1996), le terme entrepreneuriat tourne autour de trois
concepts : entrepreneur, esprit d’entreprise et la création d’entreprise. Dans le même sens,
Gartner souligne que si on peut définir qui est entrepreneur, on saura ce qu’est
l’entrepreneuriat. Quant à Filion (1997), il définit l’entrepreneuriat comme étant « le champ
qui étudie la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets
économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont
apportés pour faciliter l’expression d’activités entrepreneuriales ». D’un autre côté, M. G.
Scott (1988) postule que « l’entrepreneuriat consiste à mettre à profit de façon créative les
valeurs de l’environnement ». En dernier, Thierry Vestraete (2000) considère
l’entrepreneuriat comme étant un phénomène combinant un individu et une organisation. L’un
se définit par rapport à -l’autre et vice versa. Il s’agit d’une relation symbiotique entre un
entrepreneur et une organisation. L’entrepreneur agit, structure et engage son environnement à
des fins socioéconomiques. Son action induit du changement et conduit à une modification
partielle d’un ordre existant. L’entrepreneur construit son ordre. Celui-ci ne lui est profitable
(pas seulement économiquement) que si l’ordre socioéconomique dans lequel il s’insère y
trouve également un intérêt et en tire de la valeur. Il est considéré comme un individu qui
favorise le risque, la créativité, la croissance et l’innovation.
En résumé, différents auteurs ont essayé d’établir les fondements nécessaires pour la
compréhension du phénomène de l’entrepreneuriat, en mettant en avant le rôle de
l’entrepreneur comme étant la pierre angulaire de l’innovation et la croissance et le cœur du
processus entrepreneurial.
L’ensemble des travaux et définitions ci-dessus constituent les fondements d’une théorie
entrepreneuriale. L’évolution de la recherche dans ce sens contribue à l’émergence de trois
approches différentes mais complémentaires: Fayolle (2002) résume ainsi les différentes
étapes de l’évolution des recherches : «Trois questions fondamentales peuvent résumer une
grande partie de l’activité de recherche en entrepreneuriat. S’inspirant, d’une formulation de
Stevenson et Jarillo (1990), ce triple questionnement peut ainsi être proposé : « What on
L’approche sur les individus décrit les caractéristiques psychologiques d’un entrepreneur, ses
traits de personnalité, ses motivations, ses comportements, ses origines et sa trajectoire
sociale. Cette approche essaie de répondre aux questions relatives au caractère inné de
l’entrepreneur ainsi son profil idéal. A partir de ces réflexions, on distingue deux courants de
pensées.
Le premier courant repose sur la théorie de réalisation de soi développée par McClelland
(1961) qui s’intéresse à la détermination des attributs psychologiques d’un entrepreneur et les
liens qui existent entre ses caractéristiques et le succès de l’entreprise (Messeghem et
Sammut, 2001). McClelland s’est appuyé sur le besoin de réalisation de soi (need for
achievement) et le besoin de puissance pour clarifier le comportement des entrepreneurs.
Dans ce sens, Fayolle (2002) insiste sur la contribution de l’école psychanalytique : « Un
point de vue originale appartenant à l’école psychanalytique est apporté par Kets de Vries
(1977). Ce dernier stipule que le comportement entrepreneurial est la résultante
d’expériences vécues dans la tendre enfance et caractérisées par un environnement familial
hostile et de nombreux problèmes affectifs. Ces situations ont conduit les individus à
développer des formes de personnalités déviantes et peu insérables dans des environnements
sociaux structurés, au sens où ils ont des difficultés à accepter une autorité et à travailler en
équipe avec d’autres personnes ». Le comportement de l’entrepreneur paraît comme la
résultante des expériences vécues et de son environnement d’appartenance.
L’entrepreneuriat des jeunes est devenue un sujet incontournable, cela est due à plusieurs
raisons : D’une part la forte demande nationale des pouvoirs publics pour redynamiser le tissu
économique par la création d’emplois. D’une autre part, il s’agit d’une demande sociale de la
part des entreprises qui cherchent à recruter et à fidéliser des jeunes dynamiques, autonomes,
responsables en un mot d’entrepreneur. Aujourd’hui, le jeune entrepreneur devient la pierre
angulaire dans le processus et la gestion de l’entreprise. La position du jeune entrepreneur a
été traitée également par différents courants de pensée comme illustré dans la figure n°1
En fait, l’emploi non salarié gagne du terrain dans les pays de l’OCDE .Cette croissance du
travail indépendant crée des emplois puisque les entrepreneurs deviennent eux mêmes
employeurs. Les données d’enquête indiquent que l’emploi indépendant procure des
avantages micro-économiques directs aux personnes concernées (OECD, 2001). Les jeunes
travailleurs s’imaginent plus facilement travailler à leur compte que les plus âgés et expriment
souvent une préférence pour un travail dans une petite entreprise.
1
Cité par Zemzami, Achour. (). Entrepreneuriat, intrapreneuriat et orientation entrepreneuriale : Origines et évolution
2
Traduction libre « the scholarly examination of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods
and services are discovered, evaluated and exploited »Venkatraman (1997).
3
Traduction libre «the study of the sources of opportunities: the process of discovery, evaluation and exploitation of
opportunities; and the set of individuals who discover , evaluate and exploit them» Shane et Venkataraman (2000).
Au Maroc, les problèmes d’emploi des jeunes présentent une diversité assez grande,
particulièrement au niveau des jeunes diplômés. Par ailleurs, les statistiques du Haut
Commissariat au Plan démontrent un taux de chômage avoisinant les 20% auprès de ces
jeunes (Figure n°2).
Pour faire face, les pouvoirs publics ; conscients du rôle de l’entrepreneuriat dans le
développement du tissu économique marocain, s’intéressent davantage à la promotion de
l’entrepreneuriat auprès des jeunes. Plusieurs programmes d’appui à la création d’entreprises
par les jeunes, ont été mis en place à partir des années 80 du siècle dernier, à titre d’exemple
le Crédit Jeunes Promoteurs et le programme Moukawalati.
Etant donnée que le terme entrepreneuriat se rapproche aux expressions suivantes : esprit
d’entreprise ou esprit d’entreprendre. Aujourd’hui ces deux notions sont au cœur du débat du
management moderne. Certes, l’esprit d’entreprendre ou l’esprit entrepreneurial ne doit pas
créer une confusion avec l’esprit d’entreprise. Nous allons aborder les principales recherches
traitant cette distinction à savoir les travaux de Léger Jarniou (2001) :
Esprit d’entreprise est l’ensemble des attitudes générales vis-à-vis de la notion d’entreprise et
de celle d’entrepreneur. Alors que l’esprit entrepreneurial semble renvoyer à la volonté d’agir
pour créer un changement de la nouveauté et réaliser des projets et met en évidence le
développement des attitudes entrepreneuriales qui permettent aux jeunes de se construire une
personnalité entreprenante au fil de leur vie. Il garantit, en fait la transition entre la vie
estudiantine et celle professionnelle tout en facilitant aux étudiants l’intégration au monde des
affaires. En d’autres termes, les individus dotés d’un esprit d’entreprendre n’ont pas
nécessairement l’intention ou le désir de créer une entreprise ni même d’avoir une carrière
entrepreneuriale. Il semble donc que l’esprit d’entreprendre est au-delà de la seule création
d’entreprise, à vrai dire c’est la phase amont requis dans une multitude de situations telles
que le fait :
Trois éléments déterminent l’intention d’un individu et permettent de prédire les perceptions
décrites ci-dessus (Figure n°3):
Dans le cadre d’un projet fédérateur « Best procedure project on Entrepreneurship Education
and Training », l’UE a mis l’accent sur la nécessité de développer des comportements
entreprenants pour toute la vie. Dans ce cadre, elle a déterminé l’esprit d’initiative et
d’entreprise comme étant la 7e compétence clé pour la formation et l’éducation tout au long
de la vie. Par ailleurs, elle a proposé un cadre d’objectifs et activités pour mettre en évidence
les meilleures pratiques en éducation à l’entrepreneuriat aux niveaux primaire, secondaire et
supérieur comme illustré dans la figure n°4
Camille Carrier (2009) s’interroge sur l’ensemble des méthodes pédagogiques utilisées. Elle a
montré l’importance d’enrichir les approches traditionnelles à savoir : conférences, cours
magistraux, études de cas et l’enseignement du plan d’affaires, tout en expérimentant de
nouvelles approches. En effet, elle a présenté des propositions d’approches ou d’outils
pédagogiques originaux et innovateurs. On trouve en premier, les simulations et jeux
permettant aux étudiants à résoudre les problèmes, d’expérimenter des situations nouvelles et
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REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X
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parfois inattendues, élaborer des stratégies et prendre un certain nombre de décisions pour
améliorer la situation de leur entreprise. De surcroît, elle a signalé l’importance de se servir
des classiques (romanciers, penseurs, philosophes) pour enseigner l’entrepreneuriat afin
d’aider les étudiants à comprendre l’importance de l’intuition et l’instinct sachant que les
héros et les personnages peuvent être des sources de motivation pour les étudiants (Benson,
1992). Ensuite, elle a mis en exergue l’importance de la projection de vidéos (films) pour
développer les attitudes nécessaires chez les étudiants. D’ailleurs, elle a mis le point
également sur l’utilisation des expériences de vie (Rae et Casewell, 2000) en les étudiant pour
détecter les situations et les processus par lequel ces entrepreneurs ont appris à prendre le
risque et développer des entreprises performantes. La dernière démarche pédagogique
originale est l’utilisation de jeux de rôles pour sensibiliser les étudiants à l’émotion,
particulièrement à mieux gérer les émotions négatives associées à l’échec. Sans oublier
l’intégration des entrepreneurs pouvant devenir source de motivation aux jeunes étudiants,
vient à l’esprit l’approche adoptée par l’université d’Harvard ; cette dernière s’est associée à
une liste d’entrepreneurs acceptant de travailler personnellement avec les étudiants sur une
période bien déterminée et leur aider à développer une ou des habilités particulières.
Pour le cas marocain, les universités quant à elles ; conscientes de l’importance d’enseigner
l’entrepreneuriat, offrent des modules de formation en entrepreneuriat ayant pour cible les
doctorants issus des centres d’études doctorales en sciences et gestion, les masters et licences
scientifiques ou de gestion , particulièrement les masters et licences professionnels et les
étudiants des écoles d’ingénieurs et de commerce (ENCG, ENSA…).
L’Université Mohammed V Agdal de Rabat a relevé le défi par l’offre d’une formation dédiée
aux doctorants de cette université afin de développer l’esprit entrepreneurial. Le programme
de formation adopte une approche de l’apprentissage participatif comme décrit dans la figure
n°5
Ce programme est décomposé en étapes successives et progressives visant en premier à
appréhender le concept de l’entreprise et son environnement, par la suite promouvoir l’esprit
d’entreprendre, et faire connaître aux doctorants les différentes étapes du processus de
création d’entreprise.
Pour les grandes écoles de commerce (ENCG , ISCAE), on trouve également des modules de
formation en entrepreneuriat ayant pour principal objectif la sensibilisation des étudiants à
l’entrepreneuriat en premier lieu, et aux différentes étapes nécessaires au montage d’un plan
d’affaires en second lieu et ce avec un volume horaire qui varie entre 30 heures à 45 heures.
L’approche pédagogique adoptée comporte deux volets essentiels : Il s’agit en premier d’un
cours magistral qui repose sur des exposés académiques assurés par le professeur dans le but
d’approfondir les connaissances en matière d’entrepreneuriat, d’appréhender l’environnement
des affaires et de maîtriser le processus de création d’entreprise. En second lieu, on trouve les
travaux pratiques comprenant les études de cas, les témoignages d’experts et d’entrepreneurs,
la présentation des fiches de lectures effectuées par les étudiants et la présentation d’un état
d’avancement relatif à l’élaboration d’un plan d’affaires qui fera objet d’une soutenance en fin
de session.
Les activités parascolaires jouent un rôle important dans le développement des habilités
entrepreneuriales chez les étudiants. Ils doivent être encouragées au sein des universités et
même soutenus.
On ne peut pas nier l’importance des pratiques pédagogiques favorisant l’entrepreneuriat dans
un cadre scolaire, cependant l’immersion dans une culture entrepreneuriale dépasse le seul
cadre scolaire, et suppose l’intégration des apprentissages réalisés dans les associations
estudiantines4. Yifan Wang affirme par une étude menée sur 10 ans et conclue par une thèse
l’impact des activités parascolaires sur l’esprit d’entreprendre. Certainement, l’engagement
associatif contribue à la construction de comportements sollicités pour la création d’entreprise
et l’entrepreneuriat en général à savoir la prise de risque et d’initiative, l’autonomie, la gestion
d’équipe, le sens de responsabilité, l’orientation vers les objectifs…Selon l’enquête établie par
NCGE (National Council for Graduate Entrepreneurship ) sur les entreprises et
l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur en 2007 et menée auprès de 127 universités
en Angleterre ,les activités parascolaires alimentaient 64% d’entreprises et activités
entrepreneuriales. En outre, les étudiants sont plus intéressés au travail associatif, ce qui a été
prouvé par un sondage national approuvé par le NCEC (National Consortium of
Entrepreneurship Center ,2006) dans 146 centres d’entrepreneuriat aux Etats-Unis.
D’un autre côté, Fayolle (1996) assure que les étudiants impliqués dans la vie associative ou
qui ont crée des associations ont tendance à opter pour une carrière entrepreneuriale. Wang
Yifan inspiré de Fayolle, rejoint son idée et montre que les élèves ingénieurs ayant une telle
tendance prennent des responsabilités plus importantes dans les associations et s’investissent
là dessus. S’ajoute une seconde étude de Fayolle et Gailly (2009) sur les étudiants en
management qui indique l’effet positif de l’implication associative des étudiants sur leur
intention d’entreprendre. Cependant, d’autres études montrent que la participation aux
activités parascolaires n’a absolument pas d’effet sur l’esprit entrepreneurial.
En gros, dans le cadre de sa thèse Wang Yifan a introduit un nouveau concept « la trajectoire
d’intention » ; présentée dans la figure n°6, construite autour de l’intention d’entreprendre, de
l’évolution d’intention, de l’identité professionnelle (la vision qu’à l’élève de son futur
métier) et des capacités et comportements entrepreneuriaux. Comme illustré ci après, le
modèle de la trajectoire d’intention met l’accent sur le sentiment de compétence en contacts
sociaux et les attitudes envers la prise de responsabilités comme étant les facteurs influençant
cette intention. Ces facteurs sont également encouragés réciproquement par l’investissement
associatif mis en place par l’école ou l’université d’une part, et les pédagogies actives d’une
autre part.
4
Wang Yifan, « L’évolution de l’intention et le développement de l’esprit d’entreprendre des élèves ingénieurs d’une école
française : une étude longitudinale », Thèse de doctorat de l’Ecole Centrale de Lille, spécialité Génie Industriel, 28/09/2010.
Conclusion :
En guise de conclusion, l’entrepreneuriat est un processus qui s’apprend tout en commençant
en amont afin de cultiver l’esprit d’entreprendre. L’entrepreneuriat constitue un réel
apprentissage surtout dans un contexte actuel où règnent concurrence et incertitude. Face à
ces attentes, plusieurs pratiques et outils pédagogiques ont été développés par les chercheurs
et les praticiens qui sont aussi disparates qu’embryonnaires. Les recherches et les expériences
pédagogiques débouchent plus souvent sur des questions que des certitudes (Verzat,
Surlemont, 2011).
Outre, le concept d’entrepreneuriat englobe différents aspects, notamment l’aspect de
création d’entreprise. Pourtant, la finalité de l’éducation à l’entrepreneuriat ne peut se résumer
seulement dans la création d’entreprise. Il nous semble aussi que l’éducation à
l’entrepreneuriat et le développement de l’esprit entrepreneurial seront également bénéfiques
pour les étudiants n’ayant pas cette intention de création d’entreprise ou qu’ils se voient que
c’est encore loin de se lancer dans cette aventure. En attendant, ils peuvent faire preuve
d’innovation et de créativité au sein des entreprises auxquelles ils travaillent. Cela nous réfère
automatiquement au concept de l’intrapreneuriat qui s’inscrit dans le cadre général de
l’entrepreneuriat, et qui repose sur un mode de gestion collaboratif permettant d’instiller
l’esprit entrepreneurial dans les organisations tout en mobilisant le personnel au service de la
performance de l’organisation et permettant aux employés d’exprimer leur potentiel créateur.
Notons enfin qu’à l’origine de l’innovation, il ya des idées, et à l’origine des idées, il ya de
créativité et cette créativité engendre un esprit d’entreprendre (Bouchard ,2012).
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Annexe
Figure n°1 :
Shaver et Scott Le jeune entrepreneur est celui qui développe Bygrave et Hofer
(1991) des opportunités et crée une organisation pour (1991)
les exploiter.
http://www.hcp.ma/Taux-de-chomage-national-selon-le-diplome_a267.html
5
ZAMMAR, R., & ABDELBAKI, N. (s. d.). L’université marocaine et la problématique de l’entrepreneuriat innovant.
Consulté à l’adresse https://emnet.univie.ac.at/uploads/media/Zammar__Abdelbaki_01.pdf