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RSE

-RAPPEL-

RSE - EN FRANCE ET AU MONDE

DEFINITION - RSE

La responsabilité sociale des entreprises, également appelée responsabilité sociétale des


entreprises (RSE), est la contribution des entreprises au développement durable. C’est la
définition de référence qu’en donne Novethic1.


1 L'accélérateur de transformation durable du Groupe Caisse des Dépôts.
Informer, former et susciter l’action des acteurs financiers, des entreprises et des citoyens est notre mission. À
la croisée des stratégies de finance durable et des pratiques de responsabilité sociétale des entreprises,
Novethic déploie ses expertises – média, recherche, audit et formation - pour permettre aux professionnels de
relever les défis de la transformation durable. Fondée en 2001, Novethic est une filiale du Groupe Caisse des
Dépôts.

1- RAPPEL - QU’EST-CE QUE LA RESPONSABILITE SOCIETALE DES ENTREPRISES


OU RSE ?

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), est la mise en pratique du développement


durable par les entreprises. Pour les organisations au sens large, on parle de RSO.

Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société,
à respecter l’environnement tout en étant économiquement viable. Un équilibre qu’elle va
construire avec l’aide de ses parties prenantes, c’est à dire ses collaborateurs, ses clients,
ses fournisseurs, ses actionnaires ou les acteurs du territoire.

Les entreprises qui s’engagent à la mettre en place vont donc intégrer, de façon volontaire,
ces dimensions au-delà du cadre légal qui leur est imposé, en mettant en place de bonnes
pratiques (ex: promotion de la diversité au sein des collaborateurs) voire en s’ouvrant à de
nouveaux modèles économiques (ex: location de matériel plutôt que vente).

Pour certaines entreprises, principalement celles dont l’activité à un gros impact sur
l’environnement (ex: industries minières ou pétrolière) cela suppose une remise en cause de
leur business model pour le rendre compatible avec la lutte contre le changement
climatique (limitation de la hausse de la température mondiale à 2°C) ou une gestion
durable des ressources (ex: sauvegarde de la biodiversité).

2- QUI EST CONCERNE ?

Toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur statut ou leur secteur d’activité,
peuvent mettre en œuvre une démarche de RSE.

a) Depuis l’adoption de la loi Pacte et la modification du code civil en 2019, toutes


les entreprises françaises sans exception, doivent "prendre en considération" les
enjeux environnementaux et sociaux dans la gestion de leurs activités. Ce qui

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consacre un socle minimal légal d’intégration de ces dimensions RSE dans la
conduite des affaires économiques. Les entreprises volontaires peuvent adopter
la qualité de société à mission en intégrant une raison d'être avec des objectifs
sociaux et environnementaux dans ses statuts. Cela demande cependant un suivi
par un comité spécifique, contrôlé par un tiers.

b) Les plus grandes entreprises et les entreprises cotées sont de plus en plus
soumises à des réglementations spécifiques. Depuis une quinzaine d’années, il
leur est ainsi demandé de publier des informations sur leurs impacts
environnementaux et sociaux (c’est ce que l’on appelle le reporting
ESG ou Déclaration de performance extra-financière (DPEF). En 2015, la loi sur la
Transition énergétique a renforcé les dispositions climatiques à la fois pour les
entreprises et les investisseurs. Et depuis la loi sur le devoir de vigilance adoptée
en 2017, les grandes entreprises doivent aussi mettre en place des mesures de
surveillance qui permettent de prévenir les risques environnementaux (ex:
pollution), sociaux (ex: violations de droits humains) et de gouvernance (ex:
corruption) dans leurs unités de production, leurs filiales et chez
leursfournisseurs.

c) En tant que fournisseurs ou sous-traitants des grandes entreprises, les PME sont
donc aussi de plus en plus incitées à adopter une telle démarche. On le voit
notamment avec les appels d’offre ou les politiques d’achats des grands groupes-
donneurs d’ordre qui demandent de plus en plus de précisions sur les mesures
environnementales, sociales et de gouvernance de leurs fournisseurs. De plus en
plus d’entreprises en tiennent compte et sélectionnent les plus vertueux.

3- QUELS SONT LES IMPACTS DES ENTREPRISES ?

• Pour produire leurs biens et services, les entreprises peuvent avoir des impacts
négatifs sur la planète. Elles peuvent par exemple participer à la destruction de la
biodiversité (via la déforestation ou la pollution des sols ou de l’eau par exemple) ou
contribuer au changement climatique (via l’émission de gaz à effet de serre comme
le méthane ou le Co2). C’est ce que l’on appelle l’impact environnemental de
l’entreprise.

Pour réduire leurs impacts, elles peuvent utiliser des technologies propres (ex:
éoliennes), faire du recyclage, etc. Elles peuvent aussi fournir des produits ou
services qui vont permettre à d’autres entreprises ou aux particuliers de réduire leur
consommation d’énergie par exemple.

• Les entreprises peuvent aussi avoir un impact social. Les pollutions engendrées par
l’activité des entreprises peuvent conduire à une dégradation de la santé humaine
(ex: problèmes respiratoires liés aux émissions de particules fines des véhicules
diesel) et notamment des riverains (ex: contamination de l’eau par le déversement
de déchets toxiques dans les rivières). L’entreprise peut aussi contribuer à la
dégradation de la santé de ses collaborateurs en ne les équipant pas suffisamment
pour manipuler les produits toxiques par exemple (ou via une surcharge de travail…).
Dans les pires cas, elles peuvent contribuer au travail des enfants ou à l’esclavage
moderne, via notamment leur chaîne de sous-traitance.

A l’inverse, une entreprise peut avoir un impact positif sur la société en favorisant
l’insertion des personnes éloignées de l’emploi ou en situation de handicap
(notamment le secteur de l’économie sociale et solidaire ou ESS), en favorisant la
diversité de son personnel ou en dialoguant en amont des projets avec les riverains
et en favorisant l’emploi local.

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• Enfin, l’activité des entreprises peut avoir un impact sur l’économie. Elle peut
favoriser la corruption mais aussi contribuer à la dégradation des services publics par
exemple. En effet, en optant pour des techniques d’optimisation fiscale agressives ou
en pratiquant l’évasion fiscale, elles privent les gouvernements de ressources,
notamment fiscales, ce qui peut amener ces derniers à augmenter les impôts et/ou à
réduire les services publics.

Les entreprises peuvent cependant avoir des actions vertueuses en choisissant d’être
transparentes sur les paiements (comme les droits à la production, les impôts ou
taxes, ou les redevances) qu’elles font aux gouvernement pour l’utilisation des
ressources du pays (ex: entreprises minières) ou en répartissant de façon juste leurs
bénéfices entre leurs actionnaires, les collaborateurs et les communautés affectées
par leur activités.

L’ensemble de ces impacts, environnementaux, sociaux et de gouvernance sont réunis dans


ce que l’on appelle les critères ESG, qui servent de boussoles pour appréhender les risques
d’une entreprise et de sa performance globale.

4- POURQUOI FAIRE DE LA RSE ?

La RSE est une nouvelle grille de lecture qui va permettre à l’entreprise de mieux répondre
aux défis auxquels elle est confrontée (climat, approvisionnement, demande de
transparence…) et aux attentes de ses parties prenantes qui sont de plus en plus
nombreuses sur ces sujets. C’est aussi une nouvelle vision de son rôle et de sa
responsabilité dans la société.

Mesurer et évaluer l’impact de ses activités en matière environnementale et sociétale (ex:


consommation d’eau, d’énergie, taux d’accidents du travail…) va d’abord permettre à
l’entreprise de mieux identifier et donc de mieux maîtriser les risques auxquels elle pourrait
être confrontée. Mais aussi d’agir plus efficacement pour réduire son empreinte, mieux

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s’adapter aux nouvelles contraintes et dégager de nouvelles opportunités (ex: nouveaux
produits plus respectueux de l’environnement).

A terme, si les entreprises ne prennent pas en compte les impacts environnementaux et


sociétaux de leurs activités, c’est leur pérennité qui est menacée. Par exemple,
l’approvisionnement des entreprises en matières premières peut devenir problématique au
fur et à mesure que les ressources se raréfient voire s’épuisent (minerais, plantes, pétrole…)
ou du fait des effets du changement climatique, avec la multiplication des sécheresses (ex:
mauvaises récoltes) et des inondations par exemple (ex: usines hors d’usage).

Par ailleurs, les attentes des parties prenantes, qu’il s’agisse des consommateurs, des
associations, syndicats ou actionnaires, étant de plus en plus fortes sur ces sujets,
l’entreprise risque de voir son image ternie et donc de perdre une partie de sa valeur
immatérielle (risques réputationnels). Dans une version plus positive, les consommateurs
poussent aussi les entreprises à être plus transparentes sur les conditions de production et à
proposer des produits plus respectueux de l’environnement et des travailleurs (ex : produits
bio et assurant un revenu juste aux producteurs).

Il faut enfin savoir que ces risques de moyen et long termes sont de plus en plus identifiés
par les actionnaires et investisseurs. Ils sont de plus en plus enclins à choisir les entreprises
qui identifient et gèrent le mieux ces risques et qui savent les transformer en opportunités.

5- QU’EST-CE QUE LA RSE IMPLIQUE POUR L’ENTREPRISE ?

Quand une entreprise s’engage dans une démarche de RSE, cela implique qu’elle prenne des
mesures concrètes qui permettent de répondre aux enjeux particuliers de son secteur
d’activité.

Quelques cexemples :

• Une cimenterie privilégiera des actions de réduction de ses émissions de gaz à effet
de serre

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• Une entreprise ayant beaucoup d’activité dans des pays à faible régulation,
privilégiera la lutte contre la corruption.
• Une entreprise ayant une activité dans un territoire très touché par le chômage
privilégiera l’emploi local et favorisera l’insertion de personnes éloignées de l’emploi.
• Une petite entreprise ayant recours à des ressources naturelles (ex: bois) cherchera
des matériaux plus respectueux de l’environnement (ex: bois issu de forêts gérées
durablement)

Ce type de démarche ne peut pas se faire seul. Il est important et même essentiel de
dialoguer avec ses différentes parties prenantes, dès le début de la réflexion jusqu’à la mise
en place des actions et de leur suivi.

Il faut aussi souligner que la RSE ne se contente pas des déclarations d’intention.
Beaucoup d’entreprises signent des chartes (ex: charte de la diversité). C’est un premier
pas. En revanche, il est nécessaire que ce type d’engagement soit suivi d’effets par des
actions concrètes de promotion de la diversité. Pour les valoriser, il est d’ailleurs bien vu
de les faire évaluer par des tiers, via des labels et des certifications qui apporteront une
garantie sur la réalité de l’action.

Enfin, précisons que la responsabilité de l’entreprise s’exerce sur l’ensemble de sa sphère


d’influence, c’est à dire tout au long de la chaîne d’approvisionnement, de l’extraction des
matières premières nécessaires à la fabrication d’un produit jusqu’à la fin de vie de celui-ci
(déchets).

6- QUELS SONT LES BENEFICES DE LA RSE POUR LES ENTREPRISES ?

Pour l’entreprise, une démarche de RSE est récompensée par une meilleure performance
globale: elle assure son approvisionnement en matières premières, gère mieux ses risques,
réalise des économies, se différencie davantage de la concurrence, attire et
fidélise davantage ses collaborateurs...

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Pour les autres parties prenantes de l’entreprise, ce sont aussi de meilleures conditions de
travail pour les salariés, de meilleures relations donneurs d’ordre/fournisseurs, un meilleur
dialogue avec les ONG, une plus grande reconnaissance de leurs besoins pour les
communautés locales, une meilleure gestion des risques pour les actionnaires…

De nombreuses études convergent également sur le fait que les entreprises pratiquant la
RSE sont des entreprises plus performantes économiquement.

7- QUEL EST LE LIEN ENTRE RSE ET INVESTISSEMENT RESPONSABLE (ISR) ?

L’investissement responsable est étroitement lié à la RSE. En effet, il s’agit pour les
investisseurs qui pratiquent ce genre d’investissement, d’évaluer et de sélectionner dans
leurs portefeuilles les entreprises les plus vertueuses de leurs secteurs selon des critères
Environnementaux Sociaux et de Gouvernance, appelés “critères ESG”. Ces investisseurs
considèrent en effet que ces entreprises sont plus performantes et plus solides. Une vision
de plus en plus partagée par le secteur bancaire et financier en général.

En France, les investisseurs pratiquant l’ISR (investissement socialement responsable)


utilisent principalement la technique du best-in-class. Ils ne choisissent que les meilleurs
élèves en la matière dans leur portefeuille d’investissement. Pour cela, ils ont notamment
recours à la notation extra-financière, qui se base en partie sur les reporting ESG fournis par
les entreprises.

Les investisseurs responsables peuvent aussi choisir d’exclure certains secteurs (ex: tabac,
armes, pornographie…) ou certaines entreprises, dites controversées en raison de leurs
pratiques en matière de droits humains par exemple, de leurs portefeuilles.

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8 - QUEL EST LE LIEN ENTRE RSE ET LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT
DURABLE (ODD) ?

Pour contribuer aux ODD, il ne s’agit plus de seulement réduire ses impacts négatifs, comme
c’est encore trop souvent le cas dans une démarche de responsabilité sociétale, mais de voir
comment son modèle d’affaires contribue positivement à la durabilité de la planète.

Et ce, dans le cadre d’objectifs définis par des acteurs multiples et internationaux si possible,
validés par la science.

Dans le cas de l’action climatique, c’est l’idée de l’initiative Science Based Targets qui
permet de voir si les objectifs de l’entreprise sont en ligne avec ce qui est demandé par
l’Accord de Paris.

A) QU’EST-CE QUE LES ODD, LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE ?

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) définissent 17 priorités pour un


développement socialement équitable, sûr d’un point de vue environnemental,
économiquement prospère, inclusif et prévisible à horizon 2030. Ils ont été adoptés en
septembre 2015 par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 2030.

Ils prennent la suite des Objectifs du Millénaire, huit objectifs couvrants les grands enjeux
humanitaires (réduction de la pauvreté, de la faim, des maladies, accès à l’éducation) qui
étaient destinés aux pays en développement pour la période 2000-2015. Cet agenda de
développement a permis d’avancer sur la réduction de la pauvreté et de la faim mais a
montré ses limites en termes de réduction des inégalités et pêchait par manque de
transversalité. Les ODD entendent dépasser ces écueils en s’attaquant aux grands défis
mondiaux dans leur ensemble.

Voici la liste des 17 objectifs de développement durable :

1. L’éradication de la pauvreté
2. La lutte contre la faim

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3. La santé et le bien-être des populations et des travailleurs
4. L’accès à une éducation de qualité
5. L’égalité entre les sexes
6. L’accès à l’eau salubre et l’assainissement
7. L’accès à une énergie propre et d’un coût abordable
8. Le travail décent et la croissance économique
9. La promotion de l’innovation et des infrastructures durables

10. La réduction des inégalités


11. La création de villes et de communautés durables
12. La production et la consommation responsable
13. La lutte contre le changement climatique
14. La protection de la faune et de la flore aquatiques
15. La protection de la faune et de la flore terrestres
16. La paix, la justice et des institutions efficaces
17. Le renforcement des partenariats pour les objectifs mondiaux

Chacun des 17 ODD est détaillé par des cibles (169 au total) qui définissent les priorités des
différents objectifs et les actions à mettre en place. Pour l’ODD n°5 sur l’égalité des sexes par
exemple, une des cibles prioritaires est de garantir l’accès des femmes à toutes les fonctions
de direction, à tous les niveaux de décision dans la vie politique, économique et publique.
Parmi les moyens mis en avant pour y parvenir : donner les mêmes droits politiques et
économiques aux femmes et aux hommes ou leur favoriser l’accès et la maîtrise des
nouvelles technologies.

Parmi les limites que l’on peut opposer aux ODD : le manque de mention directe aux
objectifs démocratiques comme la liberté d’expression, de la liberté de la presse ou des
élections libres même si l’ODD n°16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces fait
référence à la protection des libertés fondamentales. L’aspect culturel est aussi absent des
ODD.

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B- QUELS SONT LES APPORTS DES ODD ?

Les Objectifs de développement durable ont de nombreux atouts. On peut en distinguer


quatre principaux.

• Un cap chiffré, propre à l’action, pour 2030


L’agenda 2030 a une durée de vie de 15 ans. Pour suivre les progrès de façon
régulière, 244 indicateurs ont été définis au niveau mondial, avec une déclinaison
nationale. Chaque année, les États sont invités, sur une base volontaire, à rendre
compte de leurs progrès lors du Forum politique de haut niveau (FPHN) pour le
développement durable de l’ONU.

• Un agenda universel
Contrairement aux Objectifs du Millénaire qui concernaient les seuls pays en
développement et les États, les ODD concernent l’ensemble des pays de la planète et
des acteurs, publics comme privés. Comme pour l’Accord de Paris, le processus
d’élaboration des ODD a d’ailleurs été extrêmement inclusif, en travaillant avec les
ONG et les entreprises, via le Global compact (la branche entreprises de l’ONU).

• Un langage commun
Les ODD assurent un langage commun qui permet aux différents acteurs de travailler
ensemble dans la même direction. Cela peut être utile entre acteurs privés et publics
ainsi qu’entre acteurs privés eux-mêmes : entreprises, investisseurs, agences de
notation, ONG.

Ce langage commun est nécessaire à la réalisation des partenariats, clé de voûte des
Objectifs de Développement Durable, formalisé par l’ODD N° 17. Il reste cependant
parfois théorique car les différentes cibles, qui précisent les objectifs et les moyens
d’y parvenir, s’adressent en priorité aux États. Les entreprises et investisseurs
doivent donc les traduire dans un langage plus opérationnel en termes économiques
et financiers, une démarche en cours d’élaboration.

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• Un cadre holistique
Les ODD sont indivisibles et transversaux. Ils sont liés entre eux, d’une façon positive
ou négative. Agir sur un ODD comme l’eau (ODD N°6) permet ainsi d’agir sur la santé
(ODD N°3) car 2,6 millions de personnes meurent encore aujourd’hui de maladies
véhiculées par l’eau. Cela permet aussi d’agir sur la réduction des inégalités entre les
sexes (ODD N°5) car dans les pays en développement, de nombreuses femmes ne
sont pas scolarisées ou ne travaillent pas pour aller chercher de l’eau potable loin de
leur village.

L’idée générale des ODD est qu’il ne peut exister de prospérité économique si le
bien-être des populations et le respect des écosystèmes ne sont pas assurés. Il s’agit
donc d’agir sur l’ensemble des ODD en même temps, avec la même intensité
d’efforts.

C- QUI EST CONCERNE PAR LES ODD ?

Tout le monde, y compris les citoyens, est concerné par les ODD. Chaque acteur a des
impacts positifs comme négatifs sur la réalisation des ODD et a un rôle à jouer pour assurer
la réussite de l’Agenda 2030.

! Les États
Les États sont les destinataires naturels des textes onusiens. Leur action, en
termes politiques et économiques, peut avoir des effets positifs (protection
sociale, législations et réglementations incitant les entreprises à produire de
façon plus responsable…) mais aussi négatifs sur les ODD (déforestation,
conflits…).

Pour contribuer aux ODD, les États fixent le cap, par pays, à l’aide de feuilles de
routes, définies en collaboration avec leurs parties prenantes. Celles-ci
permettent de donner la vision que le pays a de sa contribution aux ODD, les
objectifs qu’il estime prioritaires et les actions à mener pour assurer leur réussite.

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Certains États comme la Norvège ou le Mexique vont jusqu’à aligner leur budget
sur les ODD. D’autres, notamment dans les pays en développement, font du
respect des ODD définis comme prioritaires par leur feuille de route, des critères
décisifs d’attributions des marchés publics.

! Les entreprises
Elles sont explicitement appelées à contribuer aux ODD par le texte de l’Agenda
2030. Elles y sont incitées à intégrer les ODD dans leur stratégie de responsabilité
sociétale (RSE) mais aussi leur stratégie au sens large, en collaboration avec leurs
parties prenantes.

De nombreuses entreprises, partout dans le monde, ont pris conscience de ce
rôle et mettent en place des politiques destinées à contribuer de façon positive
aux ODD. Il s’agit par exemple de créer de nouveaux produits et services
permettant un accès à l’énergie, à une eau salubre par exemple ou en mettant en
place des processus de production plus respectueux des hommes et de
l’environnement (ce qui se recoupe avec la stratégie RSE de l’entreprise).

Par leurs activités ou leurs pratiques, celles-ci peuvent en effet aussi avoir un
impact négatif sur certains ODD comme la lutte contre le changement climatique
(émissions de gaz à effet de serre), au travail décent (recours au travail des
enfants) ou au respect de la biodiversité (déchets, déforestation…).

! Les investisseurs
Les investisseurs peuvent contribuer aux ODD en orientant leurs investissements
vers des entreprises qui proposent des produits ou services permettant
d’améliorer le quotidien des populations ou l’état de la planète.
C’est l’investissement à impact, une branche de l’investissement responsable.

Au contraire, en sélectionnant des entreprises liées au tabac, aux énergies
fossiles ou à des armes servant à tuer des civils lors de conflits, les investisseurs

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obstruent la réalisation des ODD.

! Les ONG
Les associations et organisations non gouvernementales ont un rôle de
sensibilisation des populations et de vigie concernant l’atteinte des ODD. Par
leurs actions de plaidoyer, elles peuvent alerter sur les impacts négatifs des États
et des entreprises. Elles peuvent aussi les pousser - et parfois les aider - à changer
leurs comportements.

! Les citoyens
Chaque citoyen est appelé à participer à l’agenda 2030 en adoptant des éco-
gestes au quotidien mais plus généralement en modifiant ses comportements
(réduction de sa consommation d’eau, du gaspillage alimentaire, utilisation de
modes de transports doux, etc.) et en se mobilisant pour des causes qui
permettent de contribuer aux ODD.
! Les collectivités locales, les écoles...
Tous les acteurs politiques, académiques, économiques, etc sont appelés à se
mobiliser sur les ODD dans leurs sphères de compétences. Cela passe notamment
par la mise en place de politiques territoriales intégrant ces dimensions ou
l'intégration de la logique ODD dans les programmes académiques.

D- EST-ON SUR LA BONNE TRAJECTOIRE ?

Adoptés en 2015, l’agenda 2030 et les objectifs de développement durable courent jusqu’en
2030. Mais nous ne sommes pas sur la bonne voie pour les atteindre. Pour le secrétaire
général des Nations Unies, Antonio Guterres, la mise en œuvre des ODD est compliquée
par "une croissance inégale, des niveaux d'endettement en hausse, des hausses possibles de
la volatilité financière et des tensions commerciales mondiales accrues". Pour les atteindre,
nous avons également besoin de plus d’investissements dans certains domaines clés comme
les infrastructures résilientes au changement climatique et plus généralement de réorienter
les financements vers les activités qui contribuent positivement aux ODD.

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Surtout, en 2020, la crise du Covid-19 a eu un effet dévastateur sur plusieurs ODD. Tant et si
bien que "la crise sanitaire, sociale et économique sans précédent causée par la pandémie
risque d'aboutir à l'échec du programme 2030 et ses 17 objectifs de développement durable
(ODD)", alerte l’ONU.

Parmi les objectifs les plus durement touchés par la pandémie et ses conséquences : la
santé, la lutte contre la faim et la pauvreté. Alors que l’on observait déjà un ralentissement
du rythme de réduction de la pauvreté dans le monde, la pandémie devrait faire basculer 40
à 60 millions nouvelles personnes dans l’extrême pauvreté. En 2020, la pauvreté dans le
monde augmentera pour la première fois depuis plus de 20 ans.

Selon le rapport annuel du Sustainable Development Network (SDSN) qui analyse chaque
année la progression de 166 pays dans l’atteinte des ODD, ce sont les pays nordiques
(Suède, Danemark et Finlande) qui sont le plus en voie d’atteindre les ODD, la France se
classant quatrième. Mais "même ces pays sont confrontés à des défis importants pour
atteindre au moins l’un des 17 objectifs et aucun pays n’est en voie d’atteindre tous les
ODD", pointe le SDSN.

9- QUELLES SONT LES DEFINITIONS QUI FONT REFERENCE AU NIVEAU


INTERNATIONAL ?

LA RSE SELON L’ISO 26 000


En 2010, la norme internationale sur la RSE ISO 26 000 permet de donner pour la première
fois une définition de la RSE au niveau mondial.

La RSE y est définie comme "la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses
décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par :

• adopter un comportement transparent et éthique qui contribue au développement


durable y compris à la santé et au bien-être de la société
• prendre en compte les attentes des parties prenantes
• respecter les lois en vigueur et être compatible avec les normes internationales".

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Pour définir le périmètre de sa responsabilité sociétale, identifier les domaines d’action
pertinents et fixer ses priorités, l’entreprise doit traiter les "questions centrales", que l’ISO
26 000 classe en 7 catégories: la gouvernance de l’organisation, les droits de l’Homme, les
relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques (ex: lutte contre
corruption), les questions relatives aux consommateurs (ex: traitement des données
numériques), les communautés et le développement local.


LA RSE SELON L’UNION EUROPEENNE
En 2011, la Commission européenne définit la RSE (responsabilité sociétale des entreprises)
comme étant "la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la
société".

Elle précise qu'il "convient que les entreprises aient engagé, en collaboration étroite avec
leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière
sociale, environnementale, éthique, de droits de l'Homme et de consommateurs dans leurs
activités commerciales et leur stratégie de base.

Ce processus vise :

• d’une part, à la création d'une communauté de valeurs pour leurs


propriétaires/actionnaires, ainsi que pour les autres parties prenantes et l'ensemble
de la société
• et d’autre part à recenser, prévenir et atténuer les effets négatifs potentiels que les
entreprises peuvent exercer".

C’est également cette définition que retient la France.

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COMMENT LA RSE SE DEVELOPPE-T-ELLE AU NIVEAU INTERNATIONAL ?
POURQUOI LA RSE EST-ELLE PAR NATURE UNE QUESTION INTERNATIONALE ?

La responsabilité sociale ou sociétale des entreprises (RSE) est une question par nature
internationale car elle est liée au modèle de la mondialisation qui a éclaté les chaînes de
production à travers le monde. La RSE s'est développée parallèlement à la montée en
puissance des multinationales. Elle propose des garde-fous face au pouvoir de ces
organisations devenues aussi, voire plus, puissantes que certains États. Elle constitue en cela
un outil de régulation de la mondialisation.

Si la RSE se développe partout dans le monde, elle n'est cependant pas appréhendée de la
même manière en Europe, aux États-Unis, en Afrique ou en Asie.

Des textes internationaux, adoptés sous la pression de la société civile, précisent


cependant petit à petit le cadre de la responsabilité des multinationales, notamment en
matière de respect des droits humains (lignes directrice de l'ODE et principes directeurs des
Nationaux Unies par exemple). On les qualifie de "soft law" (droit mou) puisque les
procédures qui viennent sanctionner leur application ne passent pas par des tribunaux mais
par un jeu d’action des parties prenantes ou des instances spécifiques. Les Objectifs de
développement durable (ODD), adoptés en 2015 par les Nations Unies, sont aussi destinés à
répondre au défi d'une mondialisation plus responsable et mettent en avant les entreprises
comme des acteurs clés de leur réalisation. Un traité contraignant les entreprises à exercer
un devoir de vigilance sur l'ensemble de leur chaine d'approvisionnement est également en
cours d'élaboration à l'ONU même si celui-ci n'est pas encore sûr de voir le jour.

Des initiatives sont également prises volontairement par les entreprises. De nombreuses
coalitions internationales existent pour promouvoir un modèle plus responsable ou travailler
sur des thématiques spécifiques comme les droits humains dans la chaîne
d'approvisionnement ou la lutte contre le changement climatique.

Et pour mieux évaluer les pratiques des entreprises sur les aspects environnementaux,
sociaux et sociétaux, un reporting extra-financier est de plus demandé aux grandes
compagnies, dans un nombre de plus en plus important de pays.

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Fig – Cadre de référence internationale - RSE se développe partout dans le monde mais
sous des formes et à des degrés divers. Novethic dresse un panorama de l’évolution de la
RSE au niveau international et la façon dont elle est appréhendée dans les différents
pays.

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1 - RSE ET MULTINATIONALES

Les normes que porte la RSE permettent de limiter les éventuelles dérives des activités des
entreprises multinationales dont certaines ont acquis une puissance équivalente à celle
des États.

Les multinationales peuvent faire jouer la concurrence entre États.

Cela concerne le choix de ses pays d’implantation ou de ceux de ses filiales et sous-traitants
en fonction des coûts de production (salaires mais aussi réglementations sociales et
environnementales en place). C’est ce qui explique par exemple que le secteur de la mode
délocalise régulièrement ses zones de production dans les pays où les salaires et les
réglementations sont les plus faibles.

Cela concerne aussi la fiscalité. Des secteurs entiers, à l'image des GAFA (les géants du net:
Google, Apple, Facebook et Amazon) peuvent pratiquer une optimisation fiscale agressive
notamment au sein de l'Union européenne, en ne payant que très peu d’impôts dans des
pays où ces entreprises ont pourtant de réelles activités.

Cela concerne également les pays à faible gouvernance. Dans certains pays, il est difficile de
faire appliquer certaines réglementations environnementales ou sociales. Cela est
particulièrement problématique pour des secteurs comme le pétrole ou l'extraction minière,
générateurs de richesses à partir de l'exploitation de ressources naturelles et dont la
production a des impacts extrêmement forts sur l’environnement mais aussi sur les
populations locales.

2 - LA CHAINE DE SOUS-TRAITANCE, UN SUJET CLE POUR LA RSE

La chaîne de sous-traitance, de plus en plus complexe et de plus en plus mondialisée, est


au cœur de la problématique de responsabilité des entreprises. Elle pose des questions
essentielles sur le périmètre de la sphère d’influence des entreprises donneuses
d’ordre. Jusqu’où doivent-elles connaître et contrôler une chaîne de production qui peut
compter plus d’une vingtaine de rangs de fournisseurs ? Quelles sont les garanties qu’elles

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doivent offrir à leurs clients ? Autant de questions auxquelles la RSE permet d’apporter des
réponses.

Les catastrophes ou les controverses constituant des manquements graves s aux grands
principes de la RSE peuvent coûter cher aux entreprises quand elles ont un retentissement
mondial.

! RISQUES SOCIAUX

Pour déployer une politique RSE crédible, il est essentiel de contrôler sa chaîne de sous-
traitance sinon l’entreprise peut être mise en difficulté par des violations de droits
fondamentaux commises par ses fournisseurs.

C'est ce que montre par exemple le drame du Rana Plaza. L’effondrement de cette usine
textile au Bangladesh a fait plus de 1138 morts en 2013 parmi les ouvriers qui travaillaient
pour des marques de vêtement occidentales très connues. Ce drame a montré que les
donneurs d’ordre (les marques dont les étiquettes ont été retrouvées dans les décombres)
ne savaient pas forcément que leurs produits étaient fabriqués à cet endroit et dans ces
conditions. Ils ont mis en avant cette ignorance pour ne pas endosser leur responsabilité, ce
qui a compromis l’indemnisation des victimes et la réparation du préjudice.

Le cas du Rana Plaza, très médiatisé et mis en avant par les ONG, a permis de faire avancer la
prise de conscience sur les conditions de travail dans les ateliers du monde. Elle a conduit à
la mise en place de nouvelles réglementations, sur place et dans les pays où siègent les
multinationales (ex: loi sur le devoir de vigilance en France). Mais le travail reste immense.

Pour faire avancer les choses, la réputation des grandes marques est un autre levier. Leur
nom constitue une grande partie de leur valeur et celle-ci peut être entachée par des
violations graves et répétées de droits sociaux fondamentaux. Au début des années 90, Nike
en avait fait l’expérience avec l’exploitation des enfants pour fabriquer des ballons de foot.
Plus récemment Apple et Samsung ont été mis en cause pour les conditions de travail chez
leur sous-traitant chinois, Foxconn.

21
! RISQUES ENVIRONNEMENTAUX

Les catastrophes environnementales engendrent des procédures judiciaires complexes et


longues qui peuvent entraîner de très lourdes amendes.

Dans le domaine de la sécurité et des risques environnementaux, l’explosion en 2010 de la


plateforme pétrolière Deepwater, qui a fait 11 morts parmi le personnel et provoqué la plus
importante marée noire de l'histoire de l'Amérique, dans le Golfe du Mexique, a couté plus
de 40 milliards de dollars et a fragilisé en profondeur l’une des majors mondiales (BP).

Autre cas de figure : la compagnie pétrolière américaine Chevron est engluée depuis plus de
20 ans dans une bataille judiciaire qui se déroule dans trois pays (Equateur, États-Unis et
Pays-Bas) autour de la pollution de l’Amazone. Le montant des dommages a été estimé à 9
milliards d’euros par un tribunal Equatorien en 2011. Mais les différents recours ont jusqu'à
présent empêchés tout paiement de cette amende colossale.

3 - QUEL CADRE INTERNATIONAL SUR LA RSE ?

Si les multinationales n'ont pas de personnalité juridique internationale en soi, des textes
internationaux adoptés sous la pression de la société civile, précisent petit à petit le cadre de
leur responsabilité. En matière de droits de l'Homme, les deux principaux textes sont les
principes directeurs des Nations unies relatifs aux droits de l'Homme et aux sociétés
transnationales et les Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des multinationales. Ils
sont qualifiés de soft law puisque les procédures qui viennent sanctionner leur application
ne passent pas par des tribunaux mais par un jeu d’action des parties prenantes ou des
instances spécifiques comme les Points de contacts de l’OCDE

22
• LA DECLARATION TRIPARTITE DE L’OIT SUR LES ENTREPRISES MULTINATIONALES
(1977)
• LES PRINCIPES DIRECTEURS DES NATIONS UNIES RELATIFS AUX ENTREPRISES ET
AUX DROITS DE L’HOMME (2011)
• LES PRINCIPES DIRECTEURS DE L’OCDE A L’INTENTION DES ENTREPRISES
MULTINATIONALES (1976)
• LE PACTE MONDIAL DES NATIONS UNIES (2000)
• LA NORME ISO 26000 (2010)
• LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE (2015)

LA DECLARATION TRIPARTITE DE L’OIT SUR LES ENTREPRISES MULTINATIONALES (1977)
Les conventions de l’Organisation internationale du travail, élaborées par des représentants
des États, des employeurs et des travailleurs, sont des traités internationaux juridiquement
contraignants

La Déclaration tripartite de l’OIT sur les entreprises multinationales et la politique sociale, a


été adoptée en 1977 et amendée en 2000, 2006 et 2017. Elle fournit une orientation directe
aux entreprises sur leur politique sociale et sur des pratiques inclusives, responsables et
durables dans le milieu de travail (emploi, formation, conditions de travail et de vie, relations
professionnelles). La dernière révision ajoute les principes du travail décent, de la sécurité
sociale, de la lutte contre le travail forcé, de la transition de l'économie informelle vers
l'économie formelle et sur l'accès des victimes à des voies de recours et d'indemnisation.Ces
principes s’adressent aux entreprises multinationales, aux gouvernements et aux
organisations d’employeurs et de travailleurs.

Le Bureau international du travail fournit une assistance technique pour soutenir


l'application des principes de la Déclaration. Ces services incluent le service d’assistance aux
entreprises (Helpdesk du BIT), l’assistance au niveau national pour certains pays, le
développement de matériels d’information et autres ressources, ainsi que l’organisation de
sessions de formation.

Huit autres conventions de l’OIT qualifiées de "fondamentales" (travail forcé, liberté


syndicale ou travail des enfants) traitent de questions considérées comme des principes et
des droits fondamentaux au travail. L’OIT vise une ratification universelle pour ces

23
conventions, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les États-Unis, notamment, n’en ont ratifié
que deux.

• La Convention n°29 sur le travail forcé (1930)


• La Convention n°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948)
• La Convention n°98 sur le droit d’organisation et de négociation collective (1949)
• La Convention n°100 sur l’égalité de rémunération (1951)
• La Convention n°105 sur l’abolition du travail forcé (1957)
• La Convention n°111 sur la discrimination (emploi et profession) (1958)
• La Convention n°138 sur l’âge minium (1973)
• La Convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants (1999)

LES PRINCIPES DIRECTEURS DES NATIONS UNIES RELATIFS AUX ENTREPRISES ET AUX
DROITS DE L’HOMME (2011)
Le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a adopté, en juin 2011, les Principes
directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme des Nations Unies. Ce texte
complète et élargit le champ classique de la RSE (responsabilité sociale de l’entreprise),
limité à l’environnement, au social et à la gouvernance économique, en y incluant les droits
de l’Homme. Il pose que la référence en la matière est constituée par les conventions
internationales relatives aux droits fondamentaux des Nations Unies et de l’OIT
(Organisation internationale du travail).

Ces principes s’articulent autour de trois axes : les États doivent protéger les droits de
l’Homme en mettant en œuvre les traités internationaux à vocation universelle avec tous les
moyens de la puissance publique, dont la loi et la justice ; les entreprises doivent les
respecter, c’est-à-dire essentiellement ne pas violer le droit national et le droit international,
ni directement, ni par un défaut de surveillance de leur chaîne de fournisseurs ; États et
entreprises doivent veiller à ce que les victimes de violations aient un accès aisé à des
réparations justes.

Un mécanisme de suivi de l’application de ces principes a été mis en place à travers un


comité de cinq experts indépendants, représentant les cinq continents. Celui-ci est chargé
d’observer comment les principes sont respectés et de proposer des interprétations
permettant de réduire les éventuelles incertitudes qu’ils pourraient susciter, en particulier la

24
responsabilité à l’égard de la chaîne d’approvisionnement, les contours de la notion de
"diligence raisonnable", la frontière entre ce qui relève de l’obligatoire et du facultatif, etc.


LES PRINCIPES DIRECTEURS DE L’OCDE A L’INTENTION DES ENTREPRISES
MULTINATIONALES (1976)
Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales fournissent
un aperçu complet des principaux instruments et méthodes dont peuvent disposer les
entreprises pour adopter un comportement responsable dans leurs activités. Plusieurs
thématiques sont abordées : l’emploi et les relations professionnelles, les droits de
l’Homme, la lutte contre la corruption, l’environnement, la science et la technologie, la
concurrence et la fiscalité. La dernière révision des principes directeurs en 2011 consacre la
"sphère d'influence des entreprises" et leur responsabilité vis-à-vis des droits humains.

46 pays adhèrent aux principes directeurs de l’OCDE : les 34 pays membres de l’OCDE
auxquels s’ajoutent 12 pays non membres (Argentine, Brésil, Colombie, Égypte, Lettonie,
Lituanie, Maroc, Pérou, Roumanie, Tunisie, Costa Rica et Jordanie).

Différents mécanismes sont mis en place afin de faire respecter ces principes directeurs : les
points de contact nationaux (PCN), le comité de l’investissement international et des
multinationales, le comité consultatif économique et industriel, la commission syndicale
consultative, etc. Ils peuvent être activés lorsque les sociétés ont leur siège ou leur filiale
dans un pays membre de l’OCDE.

Les points de contacts nationaux ont été mis en place dans les années 2000. Chaque État
adhérant aux Principes directeurs doit en établir un sur son territoire. Ils permettent à la
société civile de soumettre des "circonstances spécifiques", soit des "plaintes" lorsqu’elles
estiment que des entreprises violent les principes directeurs. Les PCN sont alors chargés
d’un rôle de médiation et de conciliation.

LE PACTE MONDIAL DES NATIONS UNIES (2000)


Lancé en juillet 2000, le Pacte mondial des Nations Unies (ou Global Compact) est une
initiative volontaire, par laquelle des entreprises, associations ou organisations non-
gouvernementales sont invitées à respecter dix principes universellement acceptés,

25
touchant les droits de l’Homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la
corruption.

Les adhérents doivent attester chaque année de leur mise en œuvre effective de ces
principes dans une "communication de progrès", rapport mis en ligne sur le site internet du
Pacte. Ceux qui ne transmettent pas régulièrement leur communication de progrès sont
radiés. A ce jour, 8 900 entreprises, dans 166 pays, adhèrent au Pacte mondial des Nations
Unies.

LA NORME ISO 26000 (2010)


La norme ISO 26 000, publiée en 2010, constitue la première définition de la RSE issue d’un
consensus international. Celle-ci désigne ainsi "la responsabilité d’une organisation vis-à-vis
des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se
traduisant par un comportement transparent et éthique qui contribue au développement
durable y compris à la santé et au bien-être de la société ; prend en compte les attentes des
parties prenantes ; respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes
internationales".

Une définition qui met en valeur l’importance d’une démarche proactive de la part de
l’organisation dans l’identification de ses impacts en fonction de ses activités (devoir de
vigilance) mais aussi l’étendue des responsabilités de l’entreprise par rapport à toutes les
activités nécessaires à la réalisation de ses propres objectifs, tout au long de sa chaîne
d’approvisionnement (sphère d’influence).

ISO 26 000 peut s'appliquer à tout type d'organisations, entreprises, collectivités locales ou
encore ONG, quelles que soient leur activité, leur taille ou leur localisation. Sept domaines
ont été définis : la gouvernance de l'organisation (la transparence, la responsabilité de
rendre compte et le dialogue avec les parties prenantes) ; les droits de l'Homme ; les
conditions et les relations de travail ; l'environnement ; les bonnes pratiques des affaires ;
les questions relatives aux consommateurs ; l'engagement sociétal.

Cette norme est non contraignante et n’est pas certifiable, mais il existe des démarches
d'évaluation par une tierce-partie.

26
LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE (2015)
Adoptés en septembre 2015 par l’ONU, les Objectifs de Développement Durable (ODD) sont
destinés à élaborer le cadre d’un nouvel agenda mondial pour un développement
respectueux des Hommes et de la planète à horizon 2030.

Au nombre de 17, ils ont pour objectif d’éradiquer la pauvreté, de protéger la planète et de
garantir la prospérité de tous.

Bien qu’ils s’adressent d’abord aux gouvernements, les ODD sont conçus pour mobiliser un
large éventail d’organisations et à unifier les priorités et les aspirations en matière de
développement durable. Ils reconnaissent notamment le rôle clé que les entreprises
peuvent et doivent jouer dans leur réalisation, tout au long de leur chaîne
d’approvisionnement. Parmi les ODD qui concernent plus spécifiquement les entreprises on
trouve : celui de travail décent et de croissance économique ; la consommation et la
production responsable ou encore l’énergie propre et d’un coût abordable.

4 - LES INITIATIVES VOLONTAIRES

Certains secteurs ont décidé d’adopter des standards communs qui sont souvent définis en
concertation entre entreprises et investisseurs. Elles permettent de diffuser au plan
international de bonnes pratiques et de permettre d’identifier les entreprises les plus
engagées sur la RSE.

On peut citer l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) pour le secteur
minier
Les Principes d’Équateur pour le secteur financier ou le CDP pour la mesure de l’impact
environnemental (émission de CO2, déforestation et consommation d’eau).

27
5 - COMMENT LE REPORTING ESG PERMET DE FAIRE AVANCER LA RSE DANS LE
MONDE ?

La RSE est une démarche volontaire sur laquelle chaque entreprise détermine sa stratégie.
Pour pouvoir comparer leurs performances environnementales et sociales, il leur est
demandé ce qu’on appelle un reporting ESG, c'est à dire sur les aspects environnementaux,
sociaux et de gouvernance de l'entreprise. Il permet théoriquement aux parties prenantes, à
commencer par les investisseurs responsables, de comprendre ce que font les entreprises
dans ce domaine.

Le reporting ESG s’est beaucoup développé un peu partout dans le monde mais sans
standardisation. Si le mouvement est parti d’Europe, et notamment de France dans les
années 2000, il s’est étendu progressivement en Amérique et en Asie. Dans certains pays où
la réglementation est faible, certaines initiatives émanent des entreprises ou des bourses
locales.

7 - LA RSE DANS L’UNION EUROPEENNE

Mentionnée pour la première fois dans la stratégie de Lisbonne en mars 2000, la RSE a
depuis pris de l'importance dans la stratégie de l’union européenne. En 15 ans, plusieurs
documents (livres verts, communication de la communication, etc.) ont permis d’établir une
définition et un cadre d’action communs pour la RSE.

La stratégie actuelle se base sur une communication de la Commission qui date de 2011.
Celle-ci y définit alors la RSE comme “la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets
qu'elles exercent sur la société”.

Depuis lors, le cadre réglementaire européen sur la RSE s’est étoffé. Il concerne bien sûr le
reporting ESG qui est désormais obligatoire pour quelque 6 000 grandes entreprises
européennes. Mais pas seulement. Diverses réglementations ont été mises en place: par
exemple pour mieux réglementer le commerce du bois (FLEGT) ou des minerais mais aussi

28
pour accroître la transparence autour de la rémunération des dirigeants des sociétés cotées
(directive sur le droit des actionnaires).

La commission européenne demande également à chaque État membre d'adopter un plan


national d'action pour mettre en oeuvre les Principes directeurs des Nations Unies relatifs
aux droits de l'Homme et aux entreprises.

Le Green Deal, qui doit permettre à l'Union européenne de s'engager dans la voie de la
neutralité carbone, comporte également un ensemble de mesures destinées à favoriser la
responsabilité des entreprises et à flécher l'argent des investisseurs vers les plus vertueuses,
via notamment un plan d'action sur la finance durable qui demande plus de transparence
aux investisseurs et entreprises.

8 - LA RSE EN AFRIQUE

La conception africaine de la RSE reste fortement associée à la philanthropie. Elle est


cependant très diversement appliquée au sein du continent africain. Certains pays comme
l’Afrique du Sud, le Maroc, le Sénégal ou le Cameroun développent des initiatives mais de
nombreux obstacles ralentissent son déploiement à grande échelle.

Parmi les défis prioritaires : le respect des lois fiscales, environnementales et sociales par les
entreprises dans les pays où l’État est faible, les contre-pouvoirs peu nombreux et
l’économie encore en partie informelle.

Pour autant, le mouvement est en marche. Poussés par une population plus en plus
préoccupée par les questions de répartition des richesses et des dégradations
environnementales; par les donneurs d’ordre et la concurrence internationales, les acteurs
économiques africains ou opérant sur le territoire africain sont de plus en plus nombreux à
mettre en place des actions RSE.

29
9- LA RSE EN AMERIQUES

ETATS-UNIS

C’est aux États-Unis qu’est née officiellement la notion de “Corporate social responsibility”
(la traduction anglaise de RSE, CSR) sous la plume d’Howard Bowen, un homme d’Église,
dans son ouvrage “responsibility of the business man” (1953). L’entreprise y est alors
considérée comme un être moral devant assurer le bien-être de ses travailleurs, de leur
famille et de la communauté.

Aujourd’hui, la conception américaine de la RSE reste marquée par l’implication de


l’entreprise dans la communauté locale, la philanthropie (avec des fondations d’entreprise)
et le mécénat. L’entreprise va notamment favoriser le bénévolat des salariés auprès
d’associations et leur contribution financière à des causes.

Le rôle de l’État, traditionnellement plus libéral, y est également moins marqué sur les
thématiques liées à la RSE qu’en France avec une réglementation moins lourde mais aussi
plus disparate. L’accent est cependant davantage mis sur les questions d’éthique des affaires
et de gouvernance comme la loi Sarbanes Oxley, adoptée après les scandales financiers
comme celui d'Enron.
Sous la pression des consommateurs, on voit également se développer des initiatives privées
de labellisation par exemple. L’un des labels les plus connus est le label B-Corp destiné à
promouvoir un modèle d’entreprise plus engagé, plus responsable, plus transparent et ayant
un impact positif sur la planète. Né aux Etats-Unis, il commence aussi à se développer en
France.

CANADA

Le gouvernement canadien a élaboré une stratégie de RSE baptisée “le modèle d’affaires
canadien”. L’idée est que le comportement responsable des entreprises accroît leurs
chances de succès et peut apporter des avantages économiques au Canada et dans les pays
où elles sont actives. Une déclinaison de cette stratégie est appliquée aux industries
extractives qui agissent à l’étranger.

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En termes de reporting extra-financier, les entreprises canadiennes ne sont pas contraintes
par la loi d'en élaborer un, excepté les banques et autres institutions financières dont les
capitaux propres sont égaux ou supérieurs à 1 milliard de dollars. Celles-ci doivent publier
une déclaration (certifiée) “faisant état de leur contribution et de celle des entités de leur
groupe à l’économie et à la société canadienne”. Pour autant, beaucoup d’entreprises
canadiennes en réalisent volontairement un.

BRESIL

Au Brésil, pays très inégalitaire en matière sociale, économique et environnementale, la


question de la responsabilité de l’entreprise a émergé au début des années 90 avec des lois
inspirées du Sommet de la Terre de Rio (1992). Mais ce sont des initiatives publiques-privées
comme celles de l’institut Ethos qui ont poussé entreprises et gouvernement sur le sujet en
promouvant volontariat et politiques publiques contraignantes.

Aujourd’hui, la RSE est plutôt bien intégrée par les entreprises brésiliennes qui ont
notamment des obligations de reporting ESG. Même s’il reste encore beaucoup à faire,
notamment en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

10 - LA RSE EN ASIE

CHINE

La RSE est une pratique récente en Chine. Mais elle est de plus en plus poussée par l’État.
Depuis 2006, elle a fait son entrée dans le droit des sociétés chinoises avec la tenue d’un
reporting RSE. Créé au départ pour les entreprises d’État, il est aujourd’hui demandé par les
bourses de Shenzen et de Shangaï.

De plus en plus de réglementations environnementales s’imposent également aux


entreprises sous la pression de la population qui dénonce avec vigueur la dégradation de
l’environnement (pollution de l’air, du sol et de l’eau principalement), des conditions
sanitaires et demande une plus grande traçabilité dans la production. La question reste celle
de l’application de ses normes avec un problème de corruption endémique. C’est également
sous la pression des travailleurs, qui demandent depuis quelques années des salaires plus
conséquents et de meilleures conditions de travail, que la situation s’est améliorée dans ces

31
domaines.
La philanthropie joue également un rôle important en Chine, notamment depuis le séisme
du Sichuan en 2008. Elle est également très liée aux orientations étatiques (ex: plan de
reforestation).

INDE

En Inde, la notion de responsabilité d’entreprise est très liée à la philanthropie et à l’aide à la


communauté. C’est dans cet esprit qu’a été adopté en 2013 le “Companies bill”. Les grandes
entreprises indiennes (environ 8 000 sociétés cotées en bourse) doivent allouer 2% de leur
bénéfice net à des investissements “responsables”. Elles doivent spécifier dans un rapport
RSE joint à leur rapport d’activité comment ces sommes ont été investies et évaluer l’impact
des actions mises en place.

Aujourd’hui les actions des entreprises indiennes en matière de RSE sont surtout focalisées
sur le social mais la conscience de l’impact environnemental prend progressivement de
l’ampleur.

RUSSIE

La RSE est encore balbutiante en Russie. Elle émerge essentiellement avec les filiales des
entreprises occidentales et les échanges commerciaux internationaux. Sans réglementation
spécifique sur la RSE, les entreprises pionnières se basent sur les standards internationaux
comme la GRI ou l’ISO 26 000.

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