Vous êtes sur la page 1sur 6

Procédés d’Adsorption et Séparation Membranaire 1

MODELISATION DU FLUX EN PRESENCE DU COLMATAGE

I. Lois classiques de la filtration


Ces modèles expriment l’évolution du débit du filtrat au cours de la filtration. Selon la taille
des particules par rapport à celle des pores, on peut envisager un colmatage total ou partiel des
pores. La rétention des particules sur la surface membranaire engendre une formation de
gâteau au travers duquel la filtration peut continuer. Dans ce qui suit, on assimilera la
membrane à un milieu poreux auquel la loi de Darcy peut s’appliquer.

I.1. Loi de colmatage total des pores

On considère que la suspension ne contient que des particules, chaque particule qui se dépose
sur la membrane de surface S0 obstrue un pore, ce qui implique que les particules ne peuvent
se superposer ni se déposer entre deux pores. Le passage d’un volume V de filtrat correspond
à une surface poreuse bouchée égale à V. Donc à chaque instant, la surface active de la
membrane est : S = S0 -V

pouvoir colmatant de la solution (fonction de la taille des particules, du titre massique de la


suspension et...)

On peut démontrer cette loi en exprimant S et S0 à partir de la loi de Darcy et en posant


∆P
k= ∅ d’où :
μRm

Q = Q0 𝑒 −𝑘𝑡

L’application de ce modèle est limitée aux suspensions particulaires de taille


supérieure à celles des pores de la membrane, ce qui est très loin des conditions réelles
de la microfiltration

I.2. Loi de colmatage partiel des pores


Pour étendre le champ d’application du modèle précédent, on considère que les
particules ne colmatent les pores que partiellement et peuvent se superposer. Cela
revient à évaluer la probabilité pour qu’une particule obstrue un pore. Pendant le
passage d’un volume [dV] à travers la membrane, la variation de la surface active [dS]
est proportionnelle à la surface de la membrane disponible pour la filtration.

HM
Procédés d’Adsorption et Séparation Membranaire 2

dS S
= −∅
dV S0

∅ μ Rm μ Rm
En posant k = avec S0 = Q 0 S =Q
S0 ∆P ∆P

L’intégration de l’équation précédente donne : Q = Q0 e−kV ou encore

Q0
Q=
1 + k Q0 t

N.B. Ce modèle est plus proche de la réalité. Il correspond mieux au cas de la microfiltration
tangentielle à très grande vitesse tangentielle ou l’épaisseur du dépôt reste faible.

Afin de calculer le pouvoir colmatant de la membrane on peut récrire l’équation


précédente comme suit :

1 1
= + 𝑘𝑡
𝑄 𝑄0

En traçant 1/Q en fonction de t, on peut déterminer la pente de la droite c’est-à-dire k = S0


et par conséquent 

I.3. Loi de filtration sur gâteau


Dans le cas de la filtration sur gâteau, le dépôt crée une résistance R g à l’écoulement qui
s’ajoute à la résistance de la membrane.
Dépôt

Rd

Rm
Membrane

En admettant que le gâteau se dépose régulièrement et que sa texture reste la même pendant
toute la filtration, la résistance du colmatage R g est proportionnelle au volume V de filtrat.
αg w αg Mg
Rg = V = αg = 1.6 × 10+7 ∆P 0.83
S S
g : résistance spécifique du gâteau [m/Kg]
Mg : Masse du dépôt [Kg]

HM
Procédés d’Adsorption et Séparation Membranaire 3

w : Masse de dépôt formé par unité de volume de filtrat [Kg/m 3]


Le filtrat traverse deux résistances en série à savoir, la résistance du gâteau qui augmente dans
le temps avec l’accroissement de l’épaisseur du gâteau et la résistance de la membrane R m. La
résistance de l’ensemble est alors la somme de celle de la membrane et du gâteau. R = Rm+ Rg
Q ∆P dV
La loi de Dacy s ′ écrit alors ∶ = 𝑜𝑟 Q =
S μ (R m + R g ) dt

dV S ∆P αg w S ∆P
= α w ⇒ (R m + V) dV = dt
dt μ (R m +
g
V) S μ
S
V αg w 𝑡 αg w V 2
S ∆P S ∆P
∫ (R m + V) dV = ∫ dt ⇒ R m V + = dt
0 S 0 μ S 2 μ

Rm μ αg w μ V 2 αg w μ S ∆P
V + 2 = t En posant k c = 2
et Q0 =
S ∆P S ∆P 2 S ∆P μ Rm
1 V2
donc V + k𝑐 = t
Q0 2
Pour mettre en évidence les paramètres liés à la formation du gâteau et à la résistance initiale
de la membrane, on préfère mettre l’équation précédente sous la forme :
t 1 kc t
= + V c ′ est à dire = a V + b
V Q0 2 V
a et b peuvent être déterminer graphiquement
αg w μ
a= 𝑒𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑡𝑟é 𝑜𝑛 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑑é𝑡𝑒𝑟𝑚𝑖𝑛𝑒𝑟 𝑅𝑔
2 S2 ∆P
1 Rm μ
b= = 𝑝𝑒𝑟𝑚𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑑é𝑡𝑒𝑟𝑚𝑖𝑛𝑒𝑟 𝑅𝑚
Q0 S ∆P

II. Modèle du film


La concentration d’une espèce au voisinage de la membrane va augmenter jusqu’à ce qu’un
équilibre s’établisse entre le flux transféré à travers la membrane sous l’action du gradient de
pression et le flux qui diffuse en sens inverse sous l’action du gradient de concentration, de la
couche limite vers la solution.

HM
Procédés d’Adsorption et Séparation Membranaire 4

M Cm
E
M U
JCp B
R
A
N C0
E
JC Convection

D dC/dx Diffusion
x

Couche
limite

En régime stationnaire, le bilan de matière relatif à l’espèce retenue, dans la portion de la


couche limite , conduit à l’expression du flux de perméat :

D cm − cp cm − cp
J= ln ( ) = k ln ( )
δ c0 − cp c0 − cp
D: coefficient de diffusion du soluté à l’interface membrane-solution [m²/s]
k=D/: coefficient de transfert de matière du soluté
C0, Cm, Cp : concentrations en soluté, respectivement au sein de la solution, à la paroi de la
membrane et dans le perméat

Coefficient k de transfert de matière

Pour une espèce donnée, le coefficient de transfert de matière k dépend des propriétés
physico-chimiques de la solution (viscosité, coefficient de diffusion…) et des conditions
hydrodynamiques du système.
Les analogies entre le transfert de matière et transfert de chaleur, rendent possible le calcul du
coefficient de transfert de matière.

1- Cas d’un écoulement turbulent


Le coefficient de transfert de matière k a été relié empiriquement aux différents paramètres
hydrodynamiques du système.
k dh
= Sh = α1 (R e )α2 (Sc)α3
D
k dh
avec Sh nombre de Sherwood = dh [m]: diamètre hydraulique
D
dh U ρ
R e nombre de Reynolds = U [m⁄s] ∶ vitesse du fluide
μ

HM
Procédés d’Adsorption et Séparation Membranaire 5

μ
Sc nombre de Schmidt = ρ [Kg⁄m3 ] ∶ masse volumique
ρD
𝜇 [Pa. s] ∶ viscosité dynamique

sont des coefficients déterminés expérimentalement. Ces relations montrent que le


coefficient de transfert de matière (et par la même le flux) peut être amélioré en augmentant la
vitesse de passage du fluide U (expression du Re) et, pour un débit donné, en diminuant le
diamètre hydraulique.

En première approximation on peut utiliser, en régime turbulent, la relation de Chilton et


Colburn :
k dh
= Sh = 0.023 (R e )0.83 (Sc)0.33
D
2- Cas d’un écoulement laminaire
Dans ce cas, le coefficient de transfert de matière du soluté peut être déterminé si on suppose

que le profil parabolique de vitesse est établi dès l’entrée dans le système membranaire et que

le profil de concentration évolue le long de la membrane.

k dh dh
= Sh = α1 (R e )α2 (Sc)α3
D L
Où L représente le chemin parcouru par le liquide à l’intérieur du module.
Les valeurs expérimentales de etsont données dans le tableau suivant :

Auteur 1 2 3 Conditions
2 3
Régime turbulent : Sh  1 (R e ) (Sc )
Chilton et Colburn 0.023 0.80 0.33
Harriot et Hamilton 0.009 0.913 0.346
Sc> 1000
Levich 0.015 0.88 0.33 Sc> 10
Dworak et Wendt 0.011 0.9 0.33 Re> 3000
Sherwood et coll. 0.023 0.33 0.33
Calderbank et Young 0.082 0.69 0.33
dh 2
Régime laminaire : Sh  1 (R e ) (Sc )3
L
Bird et coll. 1.86 0.33 0.33
Grober et coll. 0.664 0.50 0.33 100 <Re
Porter 1.62 0.33 0.33 dh
Sc  5000
Blatt et coll. 1.18 0.33 0.33 L
Probstein et coll. 1.31 0.33 0.33
COEFFICIENT DE TRANSFERT DE MATIERE (k)

HM
Procédés d’Adsorption et Séparation Membranaire 6

k dh d
En première approche, on peut utiliser la relation :  Sh  1.86 (Re h )0.33 (Sc )0.33
D L

Modèle du gel en ultrafiltration


En ultrafiltration, la concentration Cm de macromolécules près de la membrane peut atteindre
la concentration de gel Cg. Si l’on suppose que la concentration de l’espèce dans le perméat
Cg
est nulle, l’équation obtenue en modèle du film devient : Jlim  k ln
C0
Cette relation est appelée modèle du gel. On peut tirer les conclusions suivantes qui,
rappelons-le, ne sont valables que lorsque le flux limite est atteint :
Jlim : est indépendant des caractéristiques de la membrane
Jlim : est indépendant de la pression
Jlim : est inversement proportionnel au logarithme de la teneur massique de soluté dans la
solution
Jlim : tend vers zéro pour une concentration qui est supposée être la concentration de gel
Jlim : étant directement proportionnel au coefficient de transfert de matière k, il peut être
modifié en augmentant la turbulence donc la vitesse tangentielle de liquide.

HM

Vous aimerez peut-être aussi