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COUR DE RADIOPROTECTION
Incident et accident
Radiologique
Réalisé par :
Mr AISSANI MSA
Il s’agit d’un incident ou d’un accident pouvant conduire à un rejet d’éléments radioactifs à
l’extérieur des conteneurs et enceintes prévus à cet effet.
Les effets radiologiques résultent du rejet dans l’environnement de particules radioactives à des
concentrations telles qu’elles sont susceptibles d’entraîner des effets sur la santé par inhalation,
ingestion, ou contact cutané. Les effets peuvent être immédiats en cas d’irradiation aigüe (lésions
cutanée ou des organes) ou différés en cas d’irradiation chronique (cancers, leucémies,
effetstératogènes et reprotoxiques…).
Echelle INES
Une échelle internationale a été établie pour caractériser les incidents et accidents nucléaires. Il
s’agit de l’échelle INES (de l’anglais International Nuclear Event Scale).
Près de 600 "accidents radiologiques" ont été répertoriés dans le monde depuis 1945 conduisant à
180 décès (rapides), consécutifs à un syndrome aigu d'irradiation, et donc bien plus de morts avec
les cancers, leucémies, etc.
3 février 1961 - Idaho Falls (USA) - Réacteur nucléaire uranium enrichi (93 %) eau ordinaire
bouillante
Un retrait rapide de la barre centrale de commande a entraîné une excursion de puissance très élevée
(30 000 MW); la cuve est projetée vers le haut (3 m) ; le circuit primaire est rompu. 20 % des
produits de fission sont volatilisés dans le réacteur. [7 irradiations, jusqu'à 3,5 Gy).]
Deux hommes sont tués sur le coup, un troisième blessé à la tête décède pendant son transport à
l'hôpital.
84 Ci d'iode 131 ont été rejetés à l'extérieur.
durée de durée de
âge dose (rems)
l'exposition survie
10 4700 12,5 jours 5 semaines
57 3000 1,5 mois 7 mois
27 3500 2 mois 4 mois
3 2900 2,5 mois 4,5 mois
1 janvier 1963 - Sanlian (Chine) - Irradiateur de semences
Une source de cobalt 60 est trouvée dans une décharge, 6 irradiations, deux personnes reçoivent
environ 8 Sv et meurent dans les deux semaines.]
24 juillet 1964 - Wood River Junction (USA) - Usine de retraitement du combustible irradié
Criticité obtenue en versant par inadvertance une solution de nitrate d'uranyle (uranium enrichi)
dans un réservoir de 63 cm de diamètre.
Trois personnes irradiées : 15 000, 80 et 50 rems. Décès de la plus irradiée 49 heures après.
1972 - Bulgarie :
1974 - New Jersey (USA) : exposition à une source de rayonnement gamma dans une entreprise
d'irradiation. Une personne reçoit une dose d'environ 4 Gy et survit au syndrome.
Début mai 1978 - Sétif (Algérie) - Perte d'une source d'un appareil de gammagraphie
[Après sa chute d'un camion, la source avait été récupérée par deux jeunes frères (trois et sept ans)
qui l'utilisèrent comme jouet pendant quelques heures, avant de se la faire confisquer par leur
grand-mère, à la suite de disputes. La source se retrouva enfouie dans un panier où étaient stockés
les légumes verts destinés aux repas familiaux, suspendu au mur de la cuisine et servant de dossier à
l'aïeule. Pendant trente-huit jours, cette dernière fut la plus gravement exposée, en raison de la
courte distance qui la séparait de la source et des temps prolongés qu'elle passait à préparer les
repas. Deux jeunes femmes de vingt et dix-neuf ans faisaient des séjours fréquents dans la cuisine ;
leurs distances à la source étaient comprises entre 0,80 et 1,50 m et leurs expositions duraient de six
à huit heures par jour. Les deux plus jeunes sœurs (dix-sept et quatorze ans) faisaient des séjours
plus occasionnels et moins longs que ceux de leurs sœurs aînées. Les hommes de la famille ne
furent quasiment pas exposés, car ils travaillaient à l'extérieur et ne pénétraient que rarement dans la
cuisine. C'est un communiqué des autorités de santé, alertées à la suite de la perte de la source, qui a
permis à un médecin de campagne d'évoquer l'étiologie des symptômes. - Les accidents dus aux
rayonnements ionisants, le bilan sur un demi-siècle, IRSN, 15 février 2007 -]
Le porte-source renfermait 17 curies d'irridium 192, 22 personnes se feront irradier (débit de dose à
1 mètre = 8 rad/h environ). La source ne sera découverte que le 12 juin 1978. Les premières
personnes sont évacuées en France le 16 juin 1978.
Parmi les 22 personnes irradiées, 7 le seront sévèrement :
A) Les deux garçons : état général en amélioration, mais radio-lésions aux mains (greffe +
amputation d'un doigt) ;
B) Deux jeunes filles (17 et 19 ans) et deux jeunes femmes (20 et 22 ans) présentent un syndrome
général sévère; pas de lésions locales ;
C) La grand-mère (47 ans) décède dans les 15 jours qui suivent la fin de l'irradiation (brûlure et
nécrose des tissus des parois abdominales et thoraciques).
La reconstitution de l'incident est particulièrement difficile et les réactions de l'organisme ne
s'apparentent pas nécessairement à celles d'une irradiation unique et limitée dans le temps. Les
doses sont probablement comprises entre 500 et 1000 rads, bien que les évaluations déduites de
l'analyse des cellules sanguines donnent une fourchette de doses comprises entre 230 et 550 rads
pour les quatre femmes en vie et 220 à 250 rads pour les jeunes garçons. L'une des jeunes femmes
(20 ans), enceinte lors de l'incident, a avorté spontanément dans les deux semaines qui ont suivi la
phase de restauration. Quatre malades ont nécessité 300 transfusions en un mois et demi.
Montpellier en 1979:
un blessé grave amputé d'une jambe après avoir ramassé une source de gammagraphie
désolidarisée de l'appareil
A Saintes, (France, 2 avril 1981), lors du chargement d'une source neuve de cobalt 60 de 137 TBq
(3 700 Ci), trois opérateurs (un technicien chevronné, son assistant et un chauffeur
manutentionnaire) ont été gravement exposés ; la source était restée coincée dans le conteneur de
chargement et la confusion entre la source réelle et une source fictive présente dans le barillet de
l'appareil de chargement pour son bon équilibrage a causé la chute sur le sol de la source réelle. Le
technicien, malgré ses vingt-cinq ans d'expérience et sa connaissance des dangers, a immédiatement
remis à mains nues la source à sa place dans l'appareil. Son assistant, qui devait récupérer la source
fictive, a eu les deux mains fortement exposées, lors de leur contact avec la tête de chargement,
dans laquelle la source était restée coincée. La reconstitution dosimétrique pour la main droite de
l'opérateur a montré que la courbe isodose 25 Gy passait au niveau de la face interne du poignet et à
la base des doigts pour la face dorsale.
[La figure 2 permet de comparer la reconstitution des doses reçues par la main droite de cette
victime, telle qu'elle a été effectuée dès les premiers jours, et l'état clinique de la même main au
bout de trois semaines. Les doses reçues par la main gauche, bien que moins élevées que celles
reçues par la main droite, étaient largement suffisantes pour entraîner la nécrose de tous les tissus de
la main. La situation était encore pire pour l'assistant, dont les deux mains avaient reçu des doses
supérieures ou très supérieures à 25 Gy. Le chauffeur avait reçu des doses élevées à une seule main,
sans que l'on n'ait jamais pu en comprendre la raison. Il en est résulté l'amputation des deux mains
des deux premiers et l'amputation d'une partie importante de la partie préhensible de la main droite
du troisième.
1981 - Oklahoma (États-Unis) - Exposition à un appareil de radiographie industrielle,
iridium 192.
1985/1986 - Texas (USA) - 3 irradiations, 2 morts suite à un accident sur un accélérateur linéaire.
A San Salvador (El Salvador, 5 février 1989), trois employés d'une installation industrielle de
stérilisation (source de cobalt 60, 0,66 PBq) ont été irradiés alors qu'ils tentaient de débloquer le
porte-source (IAEA, 1990). L'irradiation n'a été reconnue qu'avec l'apparition d'une brulure trois
jours après l'accident. Deux semaines furent nécessaires pour que l'installation soit à nouveau sûre.
Les doses furent évaluées à 8, 4 et 3 Gy, avec une répartition hétérogène ; chez le plus gravement
atteint la dose en certains points dépassait 10 Gy. Les trois victimes furent traitées par un facteur de
croissance (GM-CSF), dont l'efficacité n'a pu être prouvée. Les suites ont été très graves pour deux
des irradiés : chacun a dû être amputé d'une jambe ; six mois plus tard, ils ont subi, l'un l'amputation
de l'autre jambe et l'autre une intervention thoracique, cause de sa mort.
A Hanoi (Vietnam,
17 novembre 1992),
un ingénieur a été irradié gravement aux mains par le faisceau d'un accélérateur linéaire d'un institut
de physique, alors qu'il positionnait un échantillon pour l'analyser (IAEA, 1996b). Bien que la
victime ait eu la notion immédiate de son accident, l'origine de ses brûlures ne fut reconnue qu'après
deux semaines, à cause de l'aggravation de son état clinique. Quatre mois plus tard, le patient fut
transféré en France dans un état grave et amputé de la main droite et des deux derniers doigts de la
main gauche. [Irradiation aux mains de 20 à 50 Gy, le patient n'a pu retourner au Vietnam qu'après
avoir subi plus de dix-huit mois de soins.]
Tallin (Estonie, 21 octobre 1994), Un accident grave a eu lieu après qu'une source de césium 137,
vraisemblablement d'origine militaire, ait été dérobée dans le centre de stockage de Tammiku et soit
restée dans une maison pendant 27 jours . Le décès rapide de l'acteur principal, âgé de 25 ans, est
attribué à une toxémie d'origine traumatique. Il a fallu qu'un jeune garçon de 14 ans présents des
brûlures et une aplasie pour que l'étiologie soit évoquée par le pédiatre. [Les doses ont été estimées
à 30 Gy aux doigts et à 3 Gy à l'organisme entier (par calcul et analyse cytogénétique). L'alerte a été
donnée dans la nuit et a été suivie par l'évacuation des occupants de quinze maisons situées dans un
périmètre de 200 mètres autour de la maison où la source était entreposée ; ces habitants n'ont été
autorisés à regagner leur maison que le lendemain. La source, dont l'activité n'a pas été précisée, a
été récupérée dans des conditions précaires puis déposée, dans une enveloppe blindée de protection,
au centre du site de stockage disponible, destiné à des sources beaucoup moins puissantes. En tout
sept personnes ont été exposées à des doses supérieures à 100 mGy, et cinq ont subi des dommages
graves. Les sept intervenants qui ont participé à la récupération de la source ont reçu des doses
inférieures ou égales à 0,13 Gy. Les habitants des maisons voisines ont reçu, pour les plus exposés,
entre quelques dizaines et quelques centaines de mGy.]
Trois années plus tard, des gardes-frontière du centre d'entraînement de Lilo (Géorgie) [à 20 km à
l'est de Tbilissi], ont été exposés à des sources militaires de césium 137, dont onze ont pu être
identifiées. [De plus, 200 systèmes de visée nocturne au
radium 226 pour armes individuelles avaient été
abandonnés et ont été retrouvés éparpillées sur le centre.]
L'irradiation a duré
approximativement un an, de mi-
1996 à avril 1997 et a été
formellement reconnue en août
1997 (IAEA, 2000b ; Peter et
al., 2001). Les quatre victimes les
plus gravement atteintes, toutes avec des brulures multi-focales, ont été traitées en France et sept
autres en Allemagne. Certaines ont bénéficié, pour la première fois dans le cas de brulures
radiologiques, de greffes de peau artificielle, couronnées de succès. Le nombre de sources
retrouvées sur le terrain [Après une fouille systématique, 15 sources de césium ont été retrouvées
sur cette ancienne base militaire russe.] permettent de penser que de nombreuses autres recrues ont
pu être exposées.
La figure 9 montre les lésions multiples présentées par les victimes qui, pendant leurs gardes et leur
sommeil, utilisaient une capote militaire dont une poche contenait une source de césium, en guise
de couverture pour se protéger du froid de la nuit. . - Les accidents dus aux rayonnements ionisants,
le bilan sur un demi-siècle, IRSN, 15 février 2007 -]
[A la suite de cet accident, d'autres sources abandonnées ont été identifiées dans le cadre de
missions de l'AIEA, en particulier en 1998 à proximité du village de Matkhoji, situé à 300 km à
l'ouest de Tbilissi.
Voir le documentaire "Géorgie: Les secrets d'une contamination" Une enquête de la rédaction de 90
minutes sur les sources radioactives abandonnée par l'Armée rouge dans cette ex-république
soviétique 15 mn en RealVideo 33kb.]
A Sarov (Russie, 17 juin 1997),
dans le centre militaire d'Arzamas-16, des erreurs de manipulation sur un assemblage d'uranium
causèrent une excursion critique ; l'employé fut exposé à un flux neutronique élevé, prépondérant
par rapport à l'exposition gamma (IAEA, 2001). La dose moyenne fut estimée à environ 15 Gy,
avec un gradient très important suivant les régions du corps, certaines pouvant avoir reçu jusqu'à 60
Gy. Moins de trois jours après l'accident, la victime est morte d'insuffisance cardiaque.
A [Samut Prakarn] (Thaïlande) une source de radiothérapie de cobalt 60, non utilisée depuis son
achat en 1974, a été volée les 25 et 26 janvier 2000 dans un entrepôt, puis rapidement revendue
[voir vols de sources radioactives]. L'activité de la
source était alors d'environ 16 TBq. Pendant près de
trois semaines, les quatre voleurs, deux jeunes
ferrailleurs, le patron d'une boutique d'occasions et six
membres de sa
famille furent
exposés à de fortes
doses, plus ou
moins localisées.
Dix d'entre eux
furent hospitalisés pour hémorragies et brulures graves (Suzuki,
2000). La relation de cause à effet fut établie très
tardivement. Trois personnes, âgées de 18, 23 et 44 ans,
décédèrent au cours du deuxième mois après le vol de la source. Les informations sur les autres
blessés furent contradictoires ; sans doute afin d'éviter une panique parmi la population, et devant le
nombre très élevé de personnes pouvant avoir été exposées, les autorités thaïlandaises ont été
particulièrement silencieuses. Il a été néanmoins établi qu'une dizaine de victimes nécessitèrent des
soins intensifs et que certains durent subir des amputations. [Voir photos des mains et jambes,
extraites du rapport de l'AIEA] Quarante-quatre personnes, dont 5 femmes enceintes, ont présenté
des signes éventuellement attribuables à l'irradiation. Un contrôle hématologique a été pratiqué chez
plus de mille personnes ; 19 d'entre elles présentaient une leucopénie. Cet accident a été considéré
comme une catastrophe nationale.
Bibliographie
Les accidents dus aux rayonnements ionisants, le bilan sur un demi-siècle, IRSN, 15 février 2007 -]