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Simon Maquoi
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2
Sommaire
1 Historique 5
2 Structure atomique 7
2.1 Atome de Bohr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.2 Tableau périodique (de chimie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Neutron et force nucléaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 Isotopes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.5 Masse atomique relative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.6 Energie de liaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.7 Stabilité nucléaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3 Radioactivité 13
3.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.2 Particules émises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.2.1 Particules α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.2.2 Particules β − . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.2.3 Particules β + . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2.4 Particules γ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2.5 Représentation d’une transition nucléaire dans le tableau des isotopes . . . . . . . . . . . . . 15
3.3 Cinétique de la transformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3
4 SOMMAIRE
7 Normes et techniques de protection 33
7.1 Législation et principes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
7.1.1 Réglementation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
7.1.2 Analyse des limitations de doses individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
7.1.3 Principes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
7.2 Techniques de radioprotection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
7.2.1 Protection contre l’irradiation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
7.2.2 Protection contre la contamination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
7.2.3 Décontamination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
7.2.4 Interdiction en zone contrôlée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
7.2.5 Obligations en zone contrôlée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Bibliographie 37
radioactivité environnementale: rayonnement terrestre, rayonnement cosmique,
eau/aliments, le radon (gaz radioactif spontanément émis par les sols)
=> radioactivité naturelle +/- 70%
médical +/-28,5%
industriel +/-1,5%
=> artificiel +/-30%
Chapitre 1
Historique
5
6 CHAPITRE 1. HISTORIQUE
• Marie Curie crée un service de radiologie de campagne.
• Radiographies de guerre faites à la bourrin. Plein d’observations d’effets néfastes.
— 1928 : Suite aux dangers que représente les éléments radioactifs face à leur utilité, création du Comité
International de Protection contre les Rayons X et le Radium (Commission Internationale de Protection
Radiologique en 1950) : ONG qui émet des recommandations concernant la mesure et l’exposition, aux
normes de sécurité
— 1940-1945, Seconde guerre mondiale : projet Manhattan (bombe atomique). Nécessité de protéger la santé
des chercheurs (sinon la recherche de guerre s’arrête).
Chapitre 2
Structure atomique
7
8 CHAPITRE 2. STRUCTURE ATOMIQUE
On ne va pas se mentir : le modèle de Bohr aurait dû être mort-né car il entre en contradiction avec les observations
et la loi de Coulomb, validée par un siècle et demi d’expériences 2 . Si le modèle de Bohr a survécu, c’est parce qu’il
était le premier à fournir une explication théorique aux spectres des éléments 3 alors que le problème était considéré
comme insoluble avant plusieurs siècles par Rutherford.
La solution sera apportée par Chadwick en 1932 : il découvre expérimentalement qu’il existe une particule neutre,
qu’il baptise neutron et que l’on notera n0 . La découverte du neutron lui vaudra le prix Nobel de Physique en 1935.
Cette particule :
— apporte de la masse (' 1 u) sans apporter de charge, ce qui explique le déséquilibre entre A et Z,
— apporte une nouvelle force qu’est la force nucléaire, qui amène une cohésion entre protons.
Puisqu’ils sont tous deux situés dans le noyau, les neutrons et les protons porteront le nom de nucléons.
La force nucléaire, qui est une force qui s’applique entre nucléons, a ceci de particulier qu’elle possède une portée
maximale au delà de laquelle elle ne peut agir 4 . La portée maximale de la force nucléaire est de 2.10−15 à 3.10−15
m. Cette distance maximale de portée fait que le nombre de neutrons augmente plus vite que le nombre de protons
lorsqu’on parcourt le tableau périodique de chimie. En effet, la compétition entre la force de répulsion coulombienne
qui se fait sentir entre tous les protons du noyau et la force de cohésion nucléaire entre uniquement les nucléons
voisins fait que chaque proton ajouté dans le noyau nécessite l’ajout de plus d’un neutron.
2.4 Isotopes
Maintenant que l’on connaît l’existence du neutron, on déduit que derrière chaque case du tableau périodique
classique (qui ne tient compte que du nombre de protons et de la disposition des couches des électrons) se cachent
d’autres atomes qui ne différent entre eux que du nombre de neutrons. Ces mêmes éléments, mais au nombre de
neutrons différents sont appelés isotopes car ils sont situés au même endroit dans le tableau périodique de chimie.
Alors, comment différencier des isotopes ? En utilisant la notation nucléaire des éléments.
On notera un atome (ou plus exactement son noyau) avec son symbole X, accolé du numéro atomique Z, de la
masse atomique Z et éventuellemen le nombre de neutrons N selon la disposition suivante :
A
Z XN (2.1)
Rappelons que le symbole X est totalement déterminé par le numéro atomique Z qui correspond au nombre de
protons, et la masse atomique A est égale au nombre de nucléons (protons et neutrons). On peut donc déterminer
Z grâce au symbole X et N par A − Z. Sachant cela, on peut donc écrire de façon équivalente et sans ambiguïté :
A
X (2.2)
12 11 13
A titre d’exemple, le carbone possède quatre isotopes : le (6) C(6) classique, mais également le (6) C(5) , (6) C(7) et
14
le (6) C(8) ,
utilisé pour la datation archéologique.
Il est maintenant possible de calculer ce que donnerait la conversion intégrale de cette u en énergie :
1
E (1 u) = m1 u .c2 · (2.7)
| {z } e
valeur en J
|{z}
conversion en eV
1
= 1, 660539.10−27 .(2, 99792458.108 )2 · (2.8)
1, 602176.10−19
= 931, 49 MeV (2.9)
L’unité étant définie, on a ensuite pu mesurer les masses du neutron, du proton et de l’électron :
• mn0 = 1, 008665 u
• mp+ = 1, 007276 u
• me− = 0, 000548 u
Sachant cela, une contradiction apparaît : on a posé qu’un atome de 12 C avait exactement une masse de 12 u,
mais lorsqu’on calcule la somme des masses de ses composants, on n’obtient pas 12 u :
En physique nucléaire on parle du défaut de masse δ, qui est la différence entre la masse M d’un atome, et W
la somme des masses de ses constituants. C’est en quelque sorte la masse qui semble disparaître quand on assemble
des particules pour former un atome. Dans le cas du 12 C elle est de
δ ,W −M (2.13)
= Z.mp+ + (A − Z).mn0 + Z.me− − M (2.14)
A cette masse "perdue" (en u) on peut associer une énergie (en MeV) :
EL = (W − M ).931 (2.15)
Afin de comprendre ce que représente concrètement ce EL , faisons une petite analogie dans une situation inverse
en chimie : pour séparer un électron de son atome, il faut lui fournir de l’énergie (l’énergie d’ionisation). La relativité,
via son équivalence entre masse et énergie, nous dit que cette énergie fournie peut être considérée comme de
l’ajout de masse dans l’électron et dans l’atome dont il provient. L’énergie supplémentaire étant très faible, la masse
supplémentaire équivalente l’est d’autant plus, raison pour laquelle ce n’est en pratique pas perceptible et presque
toujours ignoré dans les cours de chimie. Retenons de cet exemple que si la configuration "électron lié à un atome"
est plus stable que la configuration "atome ionisé + électron un peu plus loin, non lié", c’est pare qu’elle est à un
niveau énergétique plus faible, donc de masse plus faible.
Dans le cas d’un noyau, c’est absolument pareil : un noyau entier est une configuration plus stable que celle où
ses nucléons sont séparés. Pour enlever un nucléon d’un noyau, il faut lui fournir de l’énergie, donc de la masse. En
étant ôté, le nucléon embarque avec lui l’énergie fournie, ce qui fait qu’il est plus lourd. L’énergie totale à fournir
10 CHAPITRE 2. STRUCTURE ATOMIQUE
pour disloquer totalement un noyau en ses particules est appelée énergie de liaison EL .
EL W −M
El , = · 931 (2.16)
A A
Dans le cas de l’17 O, l’énergie de liaison et l’énergie de liaison par nucléon sont :
Figure 2.1 – Evolution de l’énergie de liaison par nucléon en fonction du nombre de nucléons [8].
On voit bien que les isotopes s’écartent progressivement de l’autre diagonale Z = N, comme expliqué au début du
chapitre dans les défauts du modèle de Bohr avant la découverte du neutron.
Notons le dégradé de couleurs sur la figure 2.2. Ce dégradé représente la stabilité des éléments, qui est liée comme
on vient de le voir à l’énergie de liaison par nucléon. Les isotopes les plus stables, marqués en noir, constituent ce
qu’on appelle la vallée de stabilité, tandis que de part et d’autre, on remarque que la stabilité diminue en tendant
vers le bleu. Les éléments moins stables auront donc tendance à se rapprocher de la vallée de stabilité par des
transformations radioactives que l’on va étudier dans le chapitre suivant.
12 CHAPITRE 2. STRUCTURE ATOMIQUE
Chapitre 3
Radioactivité
3.1 Définitions
La radioactivité est la le phénomène par lequel un noyau instable (appelé élément radioactif ) se transforme
spontanément en un noyau d’élément différent, plus stable.
La transformation en elle-même est appelée désintégration radioactive.
Le noyau initial instable est qualifié de noyau mère tandis que le noyau résultant de la désintégration est appelé
noyau fille.
Au cours de la désintégration, un ou des rayonnement(s)/particule(s) 1 sont émis. L’énergie de cette émission
varie de l’eV au MeV, sa nature ainsi que la vitesse à laquelle la probabilité de déinstégration évolue au cours du
temps sont caractériques du noyau mère.
L’activité d’un échantillon 2 correspond au nombre de désintégration radioactive y ayant lieu par seconde et
s’exprime en Becquerel (Bq). Elle est homogène à des s−1 . On voit encore parfois apparaître dans la littérature des
mentions à l’unité précédente qu’est le Curie (Ci) qui est une unité énorme : 1 Ci = 3, 7.1010 Bq. Elle correspond à
l’activité que représent un gramme de 226 Ra ou d’une tonne d’238 U .
Si l’on place une certaine quantité de 226 Ra dans une enceinte plombée dans laquelle un petit couloir est percé,
que cette enceinte est placée dans le vide et à proximité d’une plaque photographique située dans le prolongement
du couloir, on peut voir apparaître une tache en face du couloir. On en déduit que le radium émet quelque chose.
Si l’on plonge ensuite l’ensemble dans un champ magnétique rentrant, comme représenté sur la figure 3.1, la tache
se scinde en trois : une à l’emplacement précédent de la tache, une légèrement à gauche (quand on regarde depuis
l’origine du champ magnétique) et une plus à droite.
On déduit de cela que le radium émet trois types de particules. Celle déviée à gauche (si l’on observe depuis
l’origine du champ magnétique) est chargée positivement, celle beaucoup déviée à droite est chargée négativement
et celle qui n’est pas déviée par le champ est électriquement neutre
13
14 CHAPITRE 3. RADIOACTIVITÉ
A l’époque de la découverte, puisque nous n’avions aucune idée de la nature de ces trois rayonnements, ils ont
été respectivement baptisés α, β et γ.
3.2.1 Particules α
La particule alpha s’est révélée être un noyau d’He complètement ionisé : α = He++ . Il est libéré par des noyaux
possédant trop peu de neutrons, ce qui entraîne que la répulsion coulombienne surpasse l’attraction nucléaire. Comme
un α est une particule très lourde (en comparaison avec les autres), elle emmène avec elle une quantité d’énergie
énorme. Elle ne peut donc pas être émise par des atomes légers car seuls des atomes très lourds (dont A > 82, à
l’exception du 147 Sm) peuvent être suffisamment instables pour l’émettre.
En considérant qu’un noyau mère X émetteur α, de masse atomique A et de nombre atomique Z donné se dépare
de quatre nucléons dont deux neutrons et deux protons, on peut conclure que le noyau fille Y ne peut pas posséder
autrement qu’une masse atomique de A-4 et un numéro atomique de Z-2. On écrira cela sous la forme d’une équation
nucléaire :
A
ZX −→A−4 4
Z−2 Y +2 He (3.1)
238
Par exemple, dans le cas de l’ U :
238
92 U −→234 4
90 T h +2 He (3.2)
On remarque que la somme des valeurs des masses atomiques et des nombres atomiques avant et après la réaction
nucléaire sont bien conservées. Cette loi de conservation sera utilisée dans tout le cours.
De manière générale, puisque la désintégration alpha fait perdre deux neutrons et deux protons au noyau mère,
on peut représenter la désintégration alpha par un déplacement de deux cases vers le bas et deux cases vers la gauche
dans le tableau des isotopes comme on pourra le voir sur la figure 3.3.
Notons que l’énergie embarquée des particules α n’est pas forcément unique. Prenons l’exemple du 226 Ra se
désintégrant en 222 Rn, comme nous pouvons le voir sur la figure 3.2 : il peut le faire directement et émettre une
particule α de 4,77 MeV, ce qui arrive dans 94,3% des cas, ou bien en émettant un α d’énergie plus faible (4,591
MeV, dans les 5,7% restants), qui produit un noyau excité du 222 Rn, qui libèrera les 0,186 MeV restants sous la
forme d’un rayonnement γ.
226
Figure 3.2 – Energie des alphas émis par le Ra. [3]
Attention à bien remarquer que bien que l’énergie des α n’est pas unique, elle reste discrète, non-continue ! Cela
ne sera plus le cas pour la suite.
3.2.2 Particules β −
Les particules β − sont en réalité des électrons. Elles sont générées et libérées par des noyaux comportant trop de
neutrons. Un (ou plusieurs) neutron va se transformer en un proton, un électron (et un anti-neutrino électronique,
de masse quasi-nulle ou nulle, que l’on ne détaillera pas ici) :
1
0n −→11 p +'0
−1 e (+ν̄e ) (3.3)
L’équation explicitée ligne précédente ne concerne que la désintégration d’un neutron en d’autres particules. Si
cette désintégration a lieu dans un noyau, l’équation "globale" du noyau sera la suivante :
A '0
ZX −→A
Z+1 Y +−1 e (+ν̄e ) (3.4)
T 1/2= 'Demi-vie'
denouveau là "période RA"
A(t)? (=activité au cours du temps)
32p: jour 0 : A= Ao 131 N(t)? (=temps qui passe par rapport
N(t) = No
J 14,3 : A= 0,5 Ao I : J 0 : Ao No au temps de la demi-vie)
N(t)= 0,5 No
J 8 : Ao/2 No/2
3.3. CINÉTIQUE DE LA TRANSFORMATION J 28,6 : A = 0,25 Ao N(t)= 0,25 No
J 16 : Ao/4 No/4
15
J 24: Ao/8 No/8
Le fait qu’un anti-neutrino soit également, ce qui n’est pas le cas dans la désintégration α implique que l’énergie
emportée par une particule β n’est pas unique mais continue. En effet, l’énergie disponible pour propulser les particules
(électron et anti-neutrino) n’est fonction que du défaut de masse. Par exemple, dans le cas de la réaction 31 H −→23
H +'0 3
−1 e + ν̄e , l’énergie de masse du noyau 2 H dépasse de 0,0186 MeV la somme des énergies de masse du noyau
3
2 H et de l’électron. Si l’électron était seul à récupérer cette énergie, il serait mono-énergétique. MAIS, comme il est
accompagné par un anti-neutrino qui embarque n’importe quelle fraction de cette énergie, l’électron ne peut avoir
qu’au MAXIMUM 0,0186 MeV et donc un spectre continu.
3.2.3 Particules β +
Lorsqu’un noyau comporte trop peu de neutrons, mais ne possède pas assez d’énergie pour libérer une particule
α, il peut, sous certaines conditions, émettre un positron pour atteindre la stabilité nucléaire.
Un positron est un électron dont la charge est positive. Toutes les autres caractéristiques (masse, spin, valeur
absolue de la charge,...) seront absolument identiques à l’électron.
Puisqu’en émettant un positron, le noyau perd une charge positive, le numéro atomique du noyau fille sera d’une
unité moindre que le noyau mère :
A '0
ZX −→A
Z−1 Y ++1 e (3.5)
3.2.4 Particules γ
Des noyaux instables possèdent un reste d’énergie (d’une désintégration dont ils sont le noyau fille, par exemple).
Cette énergie peut être libérée par l’émission d’un rayonnement ou d’une particule γ qui n’est rien de moins d’un
rayonnement électromagnétique de haute énergie.
Comme ils ne sont pas constitués de matière contrairement aux rayonnements α et β, ils feront souvent bande à
part dans leur comportement dans la matière. Nous verrons cela plus loin.
Figure 3.3 – Mouvement dans le tableau des isotopes lors d’une transformation radioactive [13].
Nous voyons bien qu’un noyau, s’il se désintègre via une réaction α, va produire comme noyau fille le noyau situé
deux cases à gauche et deux cases en bas de la position du noyau mère. Une désintégration β + produit un noyau fille
situé une case à gauche et une case plus haut que la case du noyau mère.
A0
= 2n (3.6)
A
où n est le nombre de périodes qui s’écoulent. Ce nombre peut être une décimale.
Comment expliquer ceci ? En réalité cela est assez simple. Considérons un unique noyau radioactif : sa probabilité
de s’être désintégré est très faible et est proche de 0 pendant la première nano-seconde. Elle augmente progressivement
au cours du temps, jusqu’à atteindre les 100% après une durée très grande par rapport à la période radioactive. A
un certain moment, la probabilité de s’être désintégré est passée par la valeur de 50%.
Notons N (t) le nombre de noyaux radioactifs restants dans notre échantillon au cours du temps. L’activité A(t)
correspond à la variation instantanée du nombre de noyaux restants (le signe "-" vient du fait que la variation
instantanée est négative puisque N diminue, tandis que A est positive) :
dN
−A(t) = (3.7)
dt
Cependant, on peut affirmer que la variation instantanée de N est proportionnelle à −N . En effet, plus il y aura de
noyaux radioactifs, plus il y aura de noyaux qui se désintégeront à chaque seconde. Et puisqu’il y a proportionnalité,
on peut utiliser une constante de proportion λ
dN
∝ −N (3.8)
dt
dN
⇔ = −λN (3.9)
dT
La constante λ sera appelée constante radioactive. Dans le SI, les unités doivent être en s−1 .
Il est alors possible de résoudre cette équation différentielle par intégration, et en prenant comme bornes d’inté-
gration pour t : de 0 à t et pour N : de N0 à N (t) :
dN
= −λN (3.10)
dT
dN
= −λdt (3.11)
13 812,768s-1 N
Z N (t) Z t
dN
= −λ dt (3.12)
N0 N 0
N (t)
ln = −λt (3.13)
N0
N (t) = N0 e−λt (3.14)
Nous obtenons là l’expression du nombre de noyaux radioactifs (non-encore désintégrés) au cours du temps. Il est
possible de là d’exprimer l’activité au cours du temps en rappelant l’équation 3.7 :
dN
A(t) = − (3.15)
dt
dh i
=− N0 e−λt (3.16)
dt
= N0 λ e−λt (3.17)
|{z}
,A0
Nous voyons maintenant que la courbe de l’activité (et du nombre de noyaux résiduels) possède une allure
exponentielle dont la tangente à l’origine intersecte l’axe du temps en une valeur égale à 1/λ, comme on peut le voir
sur la figure 3.4.
3.3. CINÉTIQUE DE LA TRANSFORMATION 17
La constante radioactive peut être liée à la demi-vie t1/2 en considérant que la demi-vie est, par définition, le
temps qu’il faut attendre pour que l’activité (ou le nombre de noyaux résiduels) diminue de moitié :
A0
A(t1/2 ) = (3.19)
2
A0 −λt1/2
A
= 0e (3.20)
2
1
ln = −λt1/2 (3.21)
2
ln 2
λ= (3.22)
t1/2
3.9 (ex):
a. faux pcq unité de A : Beckrel= s-1
b. Vrai
c. Vrai
d. vrai
e. faux
3.10:
= 4,38.10(^-4)
T½=
3.11. :
A(t)= Ao.e(^-t)
T½= 12h
3.12:
1) A(t)= Ao.e(^-t)
= 74.e(^-(ln2/14).7)
= 52,2 MBq
2) A(t)=74.e
3.13:
1) Ao= 100MBq
= ln(2)/8=0,0866J-1
A(t)= Ao.e(^-t)
= 100.e(^-ln2/8.24)
=12,5 MBq
2) N(t)= A(t)/
T1/2=8j
=0,0866J-1
= 1,0028.10^-6
N=A/= 100.10^6/ 1,028.10^-6= 9,97.10^13 atomesRA
N/Na= 9,97.10^13/6,02.10^23 = 1,65.10^-10 mol
3.14: m= n.MM= 1,65.10^-10. 131= 2,1615.10^-8g = 2,2.10^-2µg
a. = ln2/T½
=ln2/ 624
=1,11.10^-³ s-1
18 CHAPITRE 3. RADIOACTIVITÉ
Chapitre 4
4.1 Particules α
La figure 4.1 représente le taux de comptage, en quelque sorte le nombre d’alphas encore présents après avoir
traversé une épaisseur x d’air.
On remarque que le nombre d’alphas comptés après chaque centimètre d’air est constant, puis s’effondre autour
d’une certaine valeur (ici, environ 3,8 cm) que l’on appellera range, qui signifie "Portée".
L’explication à cela est aisée : faisons l’hypothèse d’une unique énergie d’émission de rayonnements alpha. Les
collisions avec les électrons périphériques des atomes du milieu traversé vont provoquer leur ionisation/excitation,
diminuant ainsi l’énergie cinétique des alphas jusqu’à l’arrêt. Cet arrêt se situe grosso-modo à la même profondeur
pour tous les alphas, ce qui explique l’allure plate puis très abrupte de la figure 4.1. Augmenter la couche absorbante ne
va pas diminuer progressivement le nombre de particules alphas en passage, mais uniquement leur énergie individuelle.
La physique de l’excitation/ionisation du milieu amène un second effet amusant. Les particules alphas étant très
lourdes (comparées au beta, mais également aux gamma 1 ), cela implique qu’elles vont avoir tendance à se déplacer
lentement et vont avoir une trajectoire très rectiligne. Cela implique que les alphas vont voir un temps d’interaction
assez long avec les électrons du milieu, et donc pouvoir ioniser énormément sur leur passage : de l’ordre de dizaines
de milliers d’ionisations par centimètre (dans l’air).
Avec les collisions successives, les alpha vont ralentir, ce qui va leur donner encore plus de temps pour ioni-
ser/exciter des électrons sur leur passage. Le nombre de paires d’ions créés par cm va alors augmenter jusqu’à un
maximum auquel les alpha vont transmettre à l’environnement la quasi-totalité de l’énergie qu’il leur reste puis
s’arrêter un peu plus loin.
La figure 4.2 illustre bien l’évolution du nombre de paires d’ions créés par une particule alpha dans l’air. On y
voit bien le pic de Bragg ainsi que l’effondrement de la courbe une fois le pic franchi.
En pratique, on peut définir un nouveau concept qu’est le transfert d’énergie linéique (TEL). En effet, en sachant
l’énergie que nécessite une ionisation et en sachant combien d’ionisations ont lieu à chaque cm, on peut convertir le
compte d’ionisations par centimètre en énergie transmise au milieu par cm. En pratique on prendra la limite de cette
valeur pour une distance tendant vers 0 : T EL , dE dx .
1. Les gamma n’ayant pas de masse, il est nécessaire de faire une pirouette calculatoire pour comparer la masse des alphas et
des gamma en passant par la quantité de mouvement relativiste, mais cela ne sera pas abordé ici. Retenez jusque que les alphas
sont les particules radioactives les plus lourdes.
19
20 CHAPITRE 4. INTERACTIONS AVEC LA MATIÈRE
Figure 4.2 – Paires d’ions créés par cm par une particule alpha, pic de Bragg. [3]
On remarque également que les alphas sont très vite arrêtés dans l’air. On l’a vu : au delà de quelques centimètres
d’air, toutes les particules alphas sont arrêtées. Lorsqu’on est dans des tissus, cette distance est réduite à quelques
microns. Vous verrons que les betas et les gammas seront plus pénétrant que cela, ce qui rend les alphas les particules
les moins pénétrantes.
Cette faible pénétration semble en faire un rayonnement peu dangereux, mais il n’en est rien : les alphas vont
déposer leur énergie sur une très petite zone, ce qui veut dire qu’ils feront énormément de dégâts dans une zone très
localisée. La manipulation des produits émetteurs alphas est parfois réalisée avec laxisme comparée aux autres types
d’émetteurs, ce qui n’est absolument pas judicieux.
A la fin du parcours, lorsque l’alpha n’a plus d’énergie cinétique, il fini par capturer deux électrons du milieu
environnant et termine sa vie sous la forme d’un atome d’He neutre et stable.
Les conséquences pratiques de tout cela :
— Les α peuvent être complètement stoppés avec suffisamment de matériau absorbant.
— Le blindage pour se propéger d’un émetteur alpha est très facilement constitué (une feuille de papier suffit,
ou quelques centimètres d’air).
— La pollution en émetteur alpha est très difficile à détecter car le détecteur doit absolument être contre le
produit radioactif (moins de quelques centimètres d’air) sous peine d’être en dehors de la zone atteinte par
les alpha, rendant leur détection impossible.
— La couche de peau morte qu’est l’épiderme suffit en général pour se protéger du rayonnement (mais pas de la
contamination, nous verrons cela plus loin).
— Cependant, en cas d’ingestion d’un produit émetteur alpha, toute détection sera impossible du fait de sa faible
pénétration dans les tissus.
— En cas d’ingestion, l’intégralité de l’énergie contenue dans les émetteurs alpha sera déposée dans le corps, à
très grande proximité des produits radioactifs, causant énormément de dégâts sur des zones localisées.
4.2 Particules β −
Lors de leur entrée dans un matériau, les électrons vont interagir de différentes manières avec l’environnement et
lui transmettre de l’énergie.
4.2.1 Ionisation/excitation
Le premier mécanisme par lequel les électrons vont perdre leur énergie est une simple collision avec les électrons
du milieu. Cette collision, en transmettant l’énergie du β aux électrons environnants, va les ioniser ou les exciter.
Les β étant de masse beaucoup plus faible que celle des α, elles vont aller beaucoup plus vite, ce qui augmentera
la distance entre les interactions. En conséquence de cela, le TEL des β sera beaucoup plus petit que celui des α.
La distance parcourue dans la matière par les β sera donc plus grande que celle parcourue par les α : de l’ordre du
millimètre dans les tissus organiques et de l’ordre du mètre dans l’air.
Les collisions se faisant entre particules de même masse, les β vont être déviés et ne suivront plus une trajectoire
rectiligne comme le font les α.
4.3. PARTICULES β + 21
4.2.2 Bremsstrahlung
Une deuxième mécanique par lequel les β perdent leur énergie dans la matière est le bremsstrahlung, ce qui veut
dire "rayonnement de freinage" en allemand.
Lorsqu’un β passe à proximité d’un noyau, il va en ressentir l’attraction électrostatique. Cette attraction va lui
faire suivre une trajectoire courbe tant qu’il sera à proximité du noyau. Le fait que le β suive une trajectoire courbe
est indissociable du fait qu’il subit une accélération. On sait, grâce à l’électromagnétisme de Maxwell, qu’une charge
électrique accélérée rayonne son énergie sous la forme d’un rayonnement électromagnétique 2 . Dans le cas qui nous
concerne, le rayonnement de freinage produit des photons dans le domaine des rayons X.
De manière plus précise, l’énergie exacte rayonnée par le β dépend de l’accélération qu’il subit, autrement dit de
la façon dont il se déplace à proximité du noyau (plus près, plus loin, quelle est sa déviation, etc). Conséquence de
cela : puisque chaque β va aborder chaque noyau différemment, l’énergie du rayonnement RX sera différente, ce qui
implique que le rayonnement total sera continu en énergie. On parlera donc de spectre RX.
En fin de parcours, l’électron rejoint un ion positif de la matière.
4.3 Particules β +
Les particules β + vont, lorsqu’elle rencontreront un électron, se lier à lui et ensemble s’annihiler selon l’équation
de la relativité restreinte E = mc2 où m est deux fois la masse d’un électron. Le résultat sera l’émission de deux
photons de 511 keV dans des directions (presque) opposées. Ce sont ces deux photons qui sont mesurés lors d’un
examen médical de type PET-scan.
4.4 Rayons γ
On l’a dit, les γ, étant des rayonnements électromagnétiques et non des particules de matière comme les α et les
β, ils vont avoir un comportement différent de ces derniers.
L’exemple le plus notable est le fait que, là où les particules de matière sont toutes progressivement ralenties puis
totalement arrêtées, les γ ne sont pas ralentis mais arrêtés un à un dans la matière selon une proportion qui sera
fonction du matériau. Le mot "proportion" va être important ici, puisqu’il va avoir pour conséquence qu’il ne sera
pas possible de totalement arrêter un rayonnement de γ, mais seulement de l’atténuer.
dI ∝ −Idx (4.1)
On remarque l’usage du signe - pour marquer que la viariation est négative puisque le matériau est absorbant.
Puisqu’il y a proportionnalité, on peut remplacer le symbole de proportion par un signe égal si on ajoute une
constante de proportionnalité. Cette constante µ sera appelée coefficient d’absorption, s’exprimant en cm−1 :
dI = −µIdx (4.2)
dI
⇔ = −µdx (4.3)
I
Z I(x) Z x
dI
⇔ = −µ dx (4.4)
I0 I 0
2. C’est la base du problème du modèle atomique pré mécanique quantique : les électrons devraient s’effondrer sur le noyau.
Cette impossibilité a été résolue par Bohr.
3. C’est en réalité une reformulation de la loi de Beer-Lambert que vous connaissez de vos laboratoire de spectro.
22 CHAPITRE 4. INTERACTIONS AVEC LA MATIÈRE
h iI(x) h ix
⇒ ln I = − µx (4.5)
I0 0
I(x)
⇔ ln = −µx (4.6)
I0
⇔ I(x) = I0 e−µx (4.7)
Nous remarquons que nous obtenons une équation à la même structure que celle de la décroissance exponentielle
puisque nous sommes partis d’une équation différentielle de même structure. Ici, l’épaisseur du matériau absorbant a
remplacé le temps, l’intensité a remplacé l’activité (ou le nombre d’atomes radioactifs encore présents) et le coefficient
d’absorption du matériau (qui nous dit comment varie l’intensité par centimètre de matériau ajouté) a remplacé la
constante radioactive (qui nous dit comment varie l’activité par seconde qui passe).
On peut donc trouver un équivalent à la demi-vie, qui était le temps nécessaire à la diminution de l’activité d’un
facteur 50%. Ici, on parlera d’une épaisseur nécessaire pour diminuer l’intensité du rayonnement de 50% également.
On parlera de couche de demi-atténuation (CDA). En calculer la valeur est aisé : la CDA est la couche x pour laquelle
l’intensité émergeante sera la moitié de l’intensité incidente :
I0
I(CDA) = = I0 e−µCDA (4.8)
2
⇔ ln 2 = µCDA (4.9)
ln 2
⇔ = CDA (4.10)
µ
On remarque une équation qui lie la CDA à µ avec la même structure que la relation qui lie l’équivalent de la
CDA avec l’équivalent de µ 4 .
Maintenant que l’on sait que le flot de γ qui va traverser un matériau va progressivement se faire atténuer jusqu’à
ce qu’il en émerge, voyons les mécanismes qui vont provoquer cette atténuation.
H = D.WR (5.3)
où WR est un facteur multiplicatif qui dépend du rayonnement : WR = 1 pour les γ et les β mais WR = 20 pour les
α[14].
L’unité pour la dose équivalente est le Sievert (Sv). Il est techniquement égal au Gray car WR n’a pas d’unité,
mais il revêt une signification supplémentaire que ne porte pas le Gray 1 .
Le second problème de la dose absorbée, qui n’a pas été résolu par la dose équivalente, est que nous n’avons pas
encore tenu compte de la sensibilité des différents tissus. En effet, le foie et la peau "peuvent" être plus irradiés avec
une plus grande dose que le colon ou le poumon sans voir émerger de graves problèmes de santé. On définit ainsi la
dose efficace :
E = H.WT (5.4)
où WT est un facteur multiplicatif qui dépend des tissus. Les valeurs sont empiriques, propres à chaque organe et
varient régulièrement lorsqu’une mise à jour des documents de référence sortent.
1. Un peu comme le Becquerel et le Hertz qui tous deux reviennent à des s−1 , mais qui ne sont évidemment pas interchangeables.
23
24 CHAPITRE 5. DOSES ET EFFETS SUR LA MATIÈRE BIOLOGIQUE
La contamination a lieu lorsque l’organisme entre en contact intime avec la source. La contamination peut être
interne (par ingestion, inhalation ou effraction cutanée) ou externe (sur la peau).
La contamination implique l’irradiation, puisque le contact avec une sources implique que la source émette des
rayonnements ionisants interceptés par le corps.
La contamination est plus grave que l’irradiation car on ne peut pas s’éloigner de la source pour s’en protéger.
De plus, la distance nous séparant de la source étant plus faible, la dose sera à priori plus grande, comme nous le
verrons plus loin.
Radiolyse de l’eau
L’eau peut être ionisée ou excitée par l’apport en énergie d’un photon qui passait par là :
hν + H2 O → H2 O+• + e− (5.5)
∗
hν + H2 O → H2 O (5.6)
Problème : H2 O+• et H2 O∗ sont des molécules très instables et vont se dissocier en <10−12 s :
H2 O+• + H2 O → OH • + H3 O+ (5.7)
∗ • •
H2 O → OH + H (5.8)
OH • + H • → H2 0 (5.9)
• •
H + H → H2 (5.10)
• •
HO + OH → H2 O2 (5.11)
L’électron libéré en 5.6 va s’entourer d’une cage de molécules d’eau pour former un électron aqueux. Les molécules
d’eau l’entourant peuvent alors se dissocier en radicaux OH • ou H • .
Les produits finaux de ces cascades de réactions sont donc : OH • , H • , un électron aqueux et H2 O2 . Ces produits
sont très toxiques car ce sont soit des radicaux libres, soit des oxydants.
Tous ces produits peuvent ensuite produire des lésions dans des molécules en solutions. Par exemple, le radical
OH • peut modifier la liaison chimique R − H en l’oxydant :
R − H → R• + H2 O (5.12)
R + OH • → R − OH
•
(5.13)
R − H + H • → R• + H2 (5.14)
R• + R• → R − R (5.15)
Lésions de l’ADN
Les possibles altérations à l’ADN dues aux radicaux libres sont multiples :
— modifications des bases,
— ruptures simple brins,
— rupture double brins,
— lésions de bases,
— pontages (ADN-ADN ou ADN-protéine).
5.2. IRRADIATION "BIOLOGIQUE" 25
La figure 5.1 illustre les différents cas possibles.
Les lésions subies ne vont pas forcément subsister : l’organisme dispose de moyens de réparations de l’ADN : pour
une irradiation de 1 Gy, l’ADN va subir environ 1500 cassures. Il n’en restera que quelques dizaines après plusieurs
heures (le nombre exact dépend du débit de dose).
Selon que la réparation aura lieu correctement ou non, ou non lieu, différents scénarios peuvent se produire,
comme on peut le voir sur la figure 5.2.
26 CHAPITRE 5. DOSES ET EFFETS SUR LA MATIÈRE BIOLOGIQUE
Effets déterministes
— Ils n’apparaissent jamais en dessous d’une dose seuil (l’effet n’est décelable que lorsque le nombre de cellules
tuées est élevé).
— Au delà de ce seuil, ils apparaissent toujours.
— La sévérité de l’effet augmente avec la dose absorbée.
— Ils sont liés aux morts cellulaires radio-induites.
La figure 5.3 illustre la relation entre la sévérité et la dose reçue dans le cas d’un effet déterministe (non-
stochastique).
Un exemple à cela est la radiodermite (lésion de la peau suite à une irradiation). Elle n’apparaît qu’à partir
d’une dose de 5 Gy. Au delà, la sévérité (perte des poils temporaire, desquamation > perte presque totale des poils,
apparition de cloques > perte définitive des poils, nécrose de la peau) augmente avec la dose.
5.2. IRRADIATION "BIOLOGIQUE" 27
Effets stochastiques
— Ils sont décelables au delà d’une dose seuil.
— Leur apparition n’est pas systématique et semble soumise aux lois du hasard.
— Cependant, leur probabilité d’apparition est proportionnelle à la dose.
— Ils ont lieu ou pas, mais il n’y a pas d’impact de la dose sur la sévérité (effet ON/OFF).
— Ils sont liés aux mutations.
La figure 5.4 illustre la relation entre la probabilité d’apparition de l’effet et la dose reçue dans le cas d’un effet
stochastique.
Un exemple générique de l’effet stochastique est le cancer. Il peut avoir lieu même sans irradiation, mais on
remarque une probabilité d’occurrence accrue à partir d’une certaine dose. Par exemple, il semblerait que recevoir
une irradiation uniforme et de très courte dourée augmenterait la probabilité de développer un cancer de 5% par Gy
si la dose aux organes dépasse les 100 mSv [14].
— 10-100 Gy : manifestations pulmonaires et digestives plus intenses et neurologiques. Décès après quelques
jours à deux semaines.
— > 100 Gy : décès en quelques heures (max 2 jours).
Chapitre 6
6.2 Film-badge
Le film-badge est basé sur un film composé d’une émulsion radiosensible (qui se noircit sous l’action d’un rayonne-
ment ionisant, comme les films photos se noircissent à la lumière visible). Ce noircissement (appelé densité optique)
permet de détecter une irradiation mais également de réaliser une mesure de la dose par la mesure de l’opacité du
film.
Ils se portent dans des petits badges nominatifs (comme on peut le voir sur la figure 6.1) à hauteur de la poitrine
et sont régulièrement développés et remplacés pour lecture.
29
30 CHAPITRE 6. DÉTECTION ET MESURE DE LA RADIOACTIVITÉ
Le dosimètre film-badge est conçu de manière à laisser les rayonnements frapper directement le film à travers
une fenêtre, ou bien le faire traverser le boîtier, ou encore traverser un ou plusieurs filtres faits d’Al, de Cu, de Cd,
de Sn, d’Ag ou de P b intégrés dans le boîtier[3]. La distinction de différents rayonnements (les β seront arrêtés
avant les γ) de différentes énergies se fait en comparant la densité optique des zones situées derrières l’un ou l’autre
matériau.. La figure 6.2 représente un schéma de la composition interne d’un film-badge et la figure 6.3 illustre le
développement de films exposés à différents rayonnements.
Après la mesure, l’électron est retourné dans son état initial. Cela implique deux choses :
— le TDL est réutilisable, ce qui en diminue le coût de fonctionnement,
6.4. OPTICALLY STIMULATED LUMINESCENCE (OSL) 31
— l’information est malheureusement détruite lors de la mesure, ce qui empêche une seconde lecture pour contrôle
en cas de doute.
Notons que même à température ambiante, les électrons piégés ont une légère tendance à spontanément retomber
dans la bande de valence. A titre d’exemple, la lecture d’un film 30 jours après l’exposition aux rayonnements induira
une sous-estimation de la dose d’environ 3%[3].
Le seuil de détection varie selon les cristaux choisis et les tubes photomultiplicateurs utilisés. A titre d’indication,
le seuil de détection du Li2 B4 O7 : M g est de approximativement de 40 µGy et descend à 1 µGy pour le LiF :
M g, Cu, P [15], [16] et [17] cités par [9].
Comme nous pouvons le voir sur la figure 6.5, un rayonnement ionisant (ici un faisceau de photons mais cela peut
aussi être du rayonnement α ou β) va ioniser l’air en le traversant. Les charges positives et négatives ainsi créées
devraient se recombiner suite à leur attraction électrostatique. Cependant, si on applique une différence de potentiel
entre les deux extrémités de l’enceinte, les ions et cations vont être séparés et ne se recombineront pas.
32 CHAPITRE 6. DÉTECTION ET MESURE DE LA RADIOACTIVITÉ
Les charges vont alors participer à un courant électrique que l’on peut mesurer à l’aide d’un ampèremètre (suivi
d’un circuit d’amplification). L’apparition d’un courant signifie la création de charges dans l’enceinte, et donc le
passage d’un rayonnement ionisant.
Pour un même rayonnement mesuré, le détecteur peut avoir différents comportements selon la valeur de la
différence de potentiel appliquée de part et d’autre de la cavité, comme on peut le voir sur la figure 6.6.
Figure 6.6 – Régimes d’un détecteur à gaz selon la tension appliquée. [11]
Les cinq zones que nous observons sur la figure 6.6 peuvent aisément s’expliquer :
1. Recombinaison. Une tension nulle ne permet aucune mesure (puisqu’on ne suscite aucun courant électrique).
Une fois non nulle, la différence de potentiel ne suffit pas pour systématiquement séparer tous les ions créés.
Une plus grande tension permet de mieux séparer les ions qui seront alors mesurés, ce qui augmente le nombre
d’ions collectés par les électrodes.
2. Ionisation primaire. La tension est suffisante pour que tous les ions soient collectés. L’énergie donnée aux ions
par la différence de potentiel n’est cependant pas suffisante pour créer des ionisations secondaires même avec
une augmentation de la tension (dans une certaine mesure). Cela explique le profil en palier du graphique. Les
détecteurs réglés sur ce régime sont appelées des chambres d’ionisation.
3. Proportionnalité. La tension est suffisante pour provoquer des ionisations secondaires, le nombre d’ions collec-
tés est supérieur au nombre d’ions créés par le rayonnement ionisant (l’ionisation primaire). Une augmentation
de la tension fourni plus d’énergie aux ions primaires, ce qui leur permet de produire plus d’ionisations secon-
daire. Le profil du régime est donc croissant.
4. Régime de Geiger-Muller. L’ionisation de l’entièreté du gaz dans l’enceinte est quasi totale : la tension est
telle que chaque ionisation primaire provoque une énorme cascade d’ionisation. Cela permet de mettre en
évidence la présence d’une particule mais ne permet ni de qualifier ni de quantifier. Les contaminamètres et
les activimètres sont réglés selon ce régime.
5. Décharge permanente. La tension est tellement grande qu’elle suffit à ioniser le gaz même en dehors d’un
rayonnement ionisant et de provoquer un arc électrique[11].
Chapitre 7
En analysant les principes qui ont été retenus par la CIPR pour établir les limites de dose, on constate
que :
— dans le cas des effets non stochastiques 1 , la garantie absolue qu’aucun dommage ne puisse jamais
apparaître, est apportée par le choix d’une limite de dose bien inférieure à la dose-seuil la plus basse
de tous les effets possibles.
Le dépassement éventuel de cette limite n’entraînera pas nécessairement de conséquences radiolo-
giques dommageables, dès lors que la dose reçue reste au dessous de la dose-seuil la plus faible.
33
34 CHAPITRE 7. NORMES ET TECHNIQUES DE PROTECTION
— dans le cas des effets stochastiques, la limite de dose a été fixée en prenant pour référence un niveau
théorique de risque très faible, le risque réel étant encore plus faible.
Si même le dépassement représente plusieurs fois la limite annuelle, la dose reçue n’entraînera qu’une
augmentation négligeable du risque de décès par cancer.
On en déduit donc que la limite de 20 mSv/12 m.c.g n’est pas un droit. On ne peut pas faire ce qu’on veut sous
prétexte qu’on reste sous les 20 mSv/12 m.c.g (en particuler quand on frise avec cette limite).
7.1.3 Principes
Le but de la radioprotection est de protéger le public et les travailleurs face aux dangers de l’irradiation/de la
contamination. Pour protéger efficacement les individus, le plus simple et le plus efficace serait encore d’absolument
tout interdire et de ne jamais utiliser la radioactivité pour quelque activité que ce soit.
Cette position extrême nécessite cependant de faire une croix sur les avantages indéniables de la radioactivité :
radiographie, analyse, recherche scientifique, production d’énergie...
La radioprotection va donc se faire en admettant que des individus seront soumis à différentes doses mais qu’il est
possible de tirer toute une série d’avantages de la radioactivité tout en restant dans un domaine d’utilisation qualifié
de "sûr".
Pour ce faire, la philosophie de la radioprotection repose sur trois principes fondamentaux que je cite de [10] :
La prise de décision doit être fondée sur une analyse coût-avantage montrant que le coût total de
l’activité considérée, y compris les dommages éventuels pour la santé de l’homme, est largement compensé
par les avantages que la société et les individus retireront de cette activité.
Lorsque plusieurs techniques permettent d’obtenir le même résultat, le choix se portera sur celle dont
le bilan est le plus favorable.
Les autorités compétentes nationales interdisent certaines opérations présentant des risques d’expo-
sition élevés, ou au contraire, en autorisent d’autres, entraînant des expositions négligeables.
En Belgique, par exemple, la commercialisation de jouets contenant des substances radioactives et la
fabrication de paratonnerre contenant une petite quantité de radium et d’américium sont interdites.
Par contre, la fabrication de montres à cadrans lumineux, faiblement radioactives, et les vols com-
merciaux à haute altitude, exposant aux rayonnements cosmiques sont autorisés.
Pour les usages médicaux ou scientifiques, les médecins ou les chercheurs doivent faire le bilan entre
le bénéfice et le risque éventuel et choisir les techniques qui, à efficacité égale, comportent le risque le
plus faible.
Il est conseillé, par exemple, de remplacer les examens radiologiques, chez la femme enceinte, par les
explorations échographiques, d’éviter les examens radiologiques superflus et de n’effectue
En clair : on n’irradie pas quelqu’un si on peut l’éviter.
Optimisation de la radioprotection
Le deuxième principe implique que le niveau d’exposition des individus et des populations soit maintenu
le plus bas que l’on puisse raisonnablement atteindre, compte tenu des facteurs économiques et sociaux.
Il vise à réduire au maximum les équivalents de dose reçus par les individus en agissant au niveau de
la source. [...]
Il est la conséquence du fait, d’une part, qu’une amélioration de la protection coûte d’autant plus cher
que la diminution de l’exposition recherchée est plus petite, d’autre part, qu’une réduction du risque à
zéro pour une population, entraîne généralement un transfert de risque, éthiquement inacceptable, vers
une autre population.
En vertu du principe d’optimisation, les équivalents de doses reçus doivent être limités au niveau le
plus bas possible.
Les équivalents de dose reçus, par exemple, par les travailleurs de l’industrie nucléaire en Belgique
sont d’environ 2 mSv par an 2 .
Distance
Le débit de dose diminue avec le carré de la distance à laquelle on se trouve d’une sources :
On en déduit qu’il est toujours préférable de manipuler une source à distance, comme par exemple en utilisant
des pinces
Activité
L’activité diminue avec le temps selon l’équation 3.18. En particulier, après 10 demi-vies, l’activité est diminuée
d’un facteur 1000 4 . Si l’activité diminue, le débit de dose également.
C’est un moyen économique et pratique de diminuer la dose reçue, mais elle prend évidemment du temps ce qui
n’est pas toujours faisable (T1/2 du 131-I : 8j, du 60-Co : 5,3 ans). Heureusement, en milieu médical/de laboratoire
les demi-vies sont assez courtes pour que ce moyen soit envisageable.
Temps d’intervention
On a vu plus haut (éq. 5.2 que la dose reçue pouvait s’exprimer par :
D = Ḋ.∆t (7.2)
Minimiser la dose reçue peut donc se faire en minimisant le temps ∆t pendant lequel on est irradié. Pour cela, il
faut disposer d’un appareillage performant, réaliser des essais avec une fausse source et mettre dehors toute personne
inutile à la manipulation.
Ecran
On peut utiliser des écrans (blindages) pour se protéger des rayonnements. A priori non nécessaires pour les
rayonnements alpha (portée de quelques centimètres dans l’air, microns dans la peau), ils deviennent essentiels pour
les rayonnements bêta qui nécessitent un blindage de plexiglas et de plomb et pour les gamma pour lesquels il faut
utiliser du plomb et/ou du béton.
2. Alors que la limite de dose pour ces travailleurs est également de 20 mSv/12 m.c.g.
3. Celles-ci ont été énoncées dans le tableau 7.1.1
4. D’un facteur 210 = 1024 plus exactement.
36 CHAPITRE 7. NORMES ET TECHNIQUES DE PROTECTION
7.2.2 Protection contre la contamination
Personnel
— Port de vêtements de protection (gants, tabliers, overshoes, charlottes, peut aller jusqu’à une combinaison
complète, étanche et pressurisée).
— Contrôle du matériel/des vêtements/de soi-même après un risque.
Collectif
— Ventilation (épuration, filtration, surveillance).
— Cascade de dépression.
— Renouvellement de l’air.
— Sources scellées et/ou blindées
7.2.3 Décontamination
La décontamination consiste à déplacer et à regrouper dans d’autres lieux la contamination[2].
Elle dépend de la phase, de la nature chimique (et physique) du contaminant et de où/sur quoi a lieu la conta-
mination
D’une surface
En règle générale, elle se fait via du papier absorbant, de la crème abrasive, du détergent de laboratoire.
Toujours éponger de l’extérieur vers l’intérieur de la zone contaminée pour éviter la dispersion.
Du personnel
Si contamination externe : laver/rincer la zone, prendre une douche, utiliser du savon décontaminant. Éventuel-
lement raser le crâne si contamination des cheveux.
Si contamination interne : compliqué à gérer, mais des pistes existent :
— en cas d’inhalation : éternuer/se moucher abondamment,
— en cas d’ingestion : utiliser des laxatifs, des diurétiques,
— la saturation avec un isotope stable (127-iode en cas de rejet nucléaire d’131-iode),
— la dilution dans le corps (boire beaucoup d’eau pour diluer le tritium),
— chélation (captation du métal radioactif pour élimination naturelle)
[1] 20 juillet 2001 - Arrêté royal portant règlement général de la protection de la population, des travailleurs et
de l’environnement contre le danger des rayonnements ionisants. http://www.ejustice.just.fgov.be/
cgi_loi/change_lg.pl?language=fr&la=F&cn=2001072046&table_name=loi. Accédé le 17/07/2020
(cf. page 33).
[2] Arnaud Boquet. Physique nucléaire et radioprotection : à l’usage de l’environnement nucléaire. EDP
sciences, 2019 (cf. page 36).
[3] Herman ember et Thomas E. Johnson. Introduction to Health Physics. 4e édition. McGraw-Hill, 2009
(cf. pages 14, 19, 20, 30, 31).
[4] C. É Guillaume. “Les méfaits des rayons X”. In : La nature 1896 : Vingt-quatrième année, deuxième
semestre : n. 1201 à 1226 (1896), pages 406-407 (cf. page 5).
[5] Dr. Chantal Humblet et Dr. Philippe Martinive. Notes de cours : Radiobiologie. Fév. 2013 (cf. pages 24-
26).
[6] Dr. Roland Hustinx. Notes de cours : Radioprotection et problèmes d’hygiène. 2012 (cf. pages 27, 28).
[7] Island of stability - Wikipedia. https://en.wikipedia.org/wiki/Island_of_stability. Accédé le
11/09/2020 (cf. page 11).
[8] Liaison nucléaire - Wikipédia. https : / / fr . wikipedia . org / wiki / Liaison _ nucleaire. Accédé le
11/09/2020 (cf. page 10).
[9] Philip Mayles, Alan Nahum et Jean-Claude Rosenwald. Handbook of radiotherapy physics : theory
and practice. CRC Press, 2007 (cf. pages 30, 31).
[10] Véra Pirlet. Techniques de radioprotection. 2007 (cf. pages 33, 34).
[11] Véra Pirlet. Notes de cours : Radioprotection : Techniques de radioprotection et compléments. 2012 (cf.
pages 29-33, 35).
[12] Properties of Alpha α, Beta β and gamma γ rays. http://www.brainkart.com/article/Properties-
of-Alpha---945-,-beta---946--and-gamma---947--rays_2958/. Accédé le 11/09/2020 (cf. page 13).
[13] Radioactiev decay - Wikipedia. https : / / en . wikipedia . org / wiki / Radioactive _ decay. Accédé le
11/09/2020 (cf. page 15).
[14] International Commission on Radiological Protection. “ICRP publication 103”. In : Elsevier (2007)
(cf. pages 23, 27).
[15] BF Wall et al. “The suitability of different preparations of thermoluminescent lithium borate for medical
dosimetry”. In : Physics in Medicine & Biology 27.8 (1982), page 1023 (cf. page 31).
[16] S Wang et al. “A new TL detector developed for multiple applications”. In : Radiation Protection Dosi-
metry 47.1-4 (1993), pages 223-225 (cf. page 31).
[17] Z Zha et al. “Preparation and characteristics of LiF : Mg, Cu, P thermoluminescent material”. In :
Radiation Protection Dosimetry 47.1-4 (1993), pages 111-118 (cf. page 31).
37