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POURQUOI ?
Au-delà des effets de mode, ce mouvement trouve sa justification dans
trois types de nécessité :
1. Customer-centricity. Remettre le client au centre est au cœur de
toutes les stratégies d’entreprise. Cet objectif se heurte souvent à la grande
complexité des grandes entreprises qui fonctionnent comme des silos où
chaque fonction dicte ses règles, avec des strates de management empilées,
et bâtit des systèmes qui au final ne répondent pas toujours bien à la
demande des clients.
2. Aller plus vite. Dans le contexte de transformation numérique que
nous vivons, où les technologies accentuent la versatilité des
consommateurs, la rapidité à saisir les besoins et à les transformer en
produit ou service (« time-to-market ») est critique. Les longs processus de
recueil des besoins, recherche-développement, validation, etc. ne sont plus
adaptés (bien qu’on en comprenne la nécessité dans certains secteurs très
particuliers comme l’industrie pharmaceutique par exemple).
3. Innover. Au royaume de la disruption permanente dans tous les
secteurs, l’innovation est plus que jamais un impératif de survie. Or,
l’innovation ne se décrète ni ne se planifie. Sans évoquer la notion de
sérendipité, selon laquelle l'innovation pourrait fleurir par hasard, on peut
tout au moins reconnaître que l’innovation a sa part de créativité et de
liberté qui a du mal à s’épanouir dans des modèles d’organisation trop
pesants avec des exigences de maitrise du risque très serrées.
COMMENT ?
Comment devenir une Entreprise Agile avec… agilité ? Loin des modèles
trop intellectualisés, l’approche « Agile » peut finalement se résumer à
quelques principes à mettre en œuvre au quotidien.
1. Simplifier = réduire la complexité. Trop d’échelons hiérarchiques,
trop de procédures, trop de systèmes de mesure, trop de reporting font
perdre aux entreprises le sens des réalités du terrain et brident la réactivité
nécessaire pour répondre aux exigences opérationnelles (demande du
client, opportunité de recrutement, interruption de service…). Tout ce qui
concourt à fluidifier les chaines de décision va dans le sens de l’agilité.
2. Libérer les talents. L’entreprise agile met le collaborateur au centre
du jeu en lui offrant un degré de liberté pour proposer des solutions
innovantes, gérer les questions opérationnelles courantes ; elle redonne de
l’autonomie et du pouvoir de décision (‘Empowerement’) aux équipes
proches du terrain et des clients. Tout ne doit pas remonter jusqu’au
sommet. Le cas de la MAIF qui laisse aux équipes des centres d’appel la
latitude de gérer les plannings de présence en est un bon exemple.
L’entreprise agile fait confiance aux collaborateurs ; en cela elle s’oppose
aux modèles où tout est régulé et surveillé.
3. Faire confiance. Les entreprises agiles sont optimistes, font
confiance à la capacité de leurs employés de résoudre les problèmes
courants. Elles encouragent l’expérimentation dans une boucle
d’amélioration continue ; a contrario, les entreprises qui sont trop hostiles à
la prise de risque (‘risk-averse’) développent moult systèmes de
planification et contrôle qui à la longue s’avèrent tout aussi inefficaces que
paralysants.
4. Favoriser la communication et encourager la collaboration. Une
entreprise agile est une entreprise où l’information circule vite et librement.
L’âge où la détention voire rétention d’information était la clé du pouvoir
est derrière nous. Les technologies numériques décloisonnent
complètement l’accès à l’information et aux données.
Ces quelques principes simples seront d’autant plus aisés à mettre en
œuvre et d’autant plus efficaces que l’organisation du travail se
développera dans une unité opérationnelle à taille humaine. Sans aller
jusqu’à reconnaître comme l’anthropologue Robin McDonald Dunbar que
la limite du nombre de personnes avec lesquelles un individu peut avoir
des relations stables est de 148, on comprend aisément que c’est difficile
au-delà d'un certain nombre (sans doute variable en fonction des activités,
probablement de l'ordre de 250 à 500 personnes d'après mon expérience
personnelle) d'encadrer, communiquer, partager, discuter efficacement.
Jean-Michel JANOUEIX
(Mars 2017)