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JURISTE D’AFFAIRES

La promesse des contrats


Techniques contractuelles
KHALIL ESGHIR
Encadré par : Mme GUENBOUR SAIDA
« Sois constant dans
tes actions et fidèle
dans tes promesses ».

1
La promesse semble, depuis toujours, l’avant contrat d’usage pour les parties qui
entendent formaliser leurs intentions. En effet, il s’agit d’une pratique fréquemment
utilisée aux affaires foncières, permettant au bénéficiaire ou à l’acquéreur de
ne donner son consentement qu’au moment où il décide vraiment de conclure le
contrat définitif, ce qui lui confère, à titre d’exemple, le temps pour chercher les
concours financiers nécessaires1.

En avant-propos, il s’agit dans ce contexte de préciser que La promesse de contrat est


un contrat par lequel un promettant s’engage à conclure un contrat avec un
bénéficiaire. Il s’agit ainsi d’un acte unilatéral, mais qui va ensuite être suivi d’un
contrat synallagmatique. Le contrat objet de la promesse peut être de toute sorte telle
qu’un contrat pour acter une vente ou un bail. Par ailleurs, il convient d’ajouter ici
qu’on peut le qualifier d’avant-contrat, car il précède un contrat ultérieur, futur. Ce
sont également les avant-contrats qui se caractérisent par le degré d’engagement le
plus élevé dans la perspective de cette formation.

La promesse de contrat est distincte du pacte de préférence. Ce dernier est un contrat


par lequel une personne s’engage à ne pas conclure avec un tiers un contrat déterminé
avant d’avoir proposé la conclusion du même contrat avec les mêmes conditions à la
personne qui a accepté le pacte.

De la définition précitée, il ressort que le contrat de promesse est soit unilatéral ou


synallagmatique2. La promesse unilatérale est l’engagement d’un temps. Elle offre à
son bénéficiaire un droit potestatif à la conclusion du contrat pendant un temps donné.
Son caractère temporaire est l’une des manifestations de la nature de ce droit. Il ne
s’agit pas d’un doit réel sur l’œuvre mais d’un droit personnel contre l’auteur. Sa durée
de validité doit être précisée dans le contrat d’option. De ce fait, la conclusion du
contrat définitif ne devrait dépendre que du bon vouloir du bénéficiaire3. Alors que la
promesse synallagmatique de contrat est un engagement par lequel les deux parties
s’engagent réciproquement à conclure un tel ou tel contrat. Autrement, les promesses
ont la particularité de figer le consentement des contractants dans l’attente soit du
consentement de l’autre partie soit d’un événement extérieur essentiel à la conclusion
du contrat définitif.

Sur ce, il est claire que la promesse de contrat ne constitue en aucun cas une offre,
principalement, du fait que l’offrant peu à tout moment se rétracter tant qu’elle ne soit
pas parvenue au destinataire, ou bien avant le délai mentionné sur l’offre. C’est dire
l’importance de la phase précontractuelle eu égard aux obligations qu’elle peut porter à

1
J. GHESTIN, Traité de droit civil : la formation du contrat, 3ème éd, L.G.D.J, Paris, 1993, p. 300.
2
J-M Mousseron, Techniques contractuelles, 2ème ed, Francis LEFEBVRE, 1999, p. 91.
3
O.DESHAYES, L'avant contrat, actualité du processus de formation des contrats, collection
CEORISCA, 2008, p. 149.
2
la charge des parties concernées et, par conséquent, toute la responsabilité qui en
découle4.

En France, et dans le dessein de débarbouiller l’ambivalence qui peut, des fois,


emmener à confondre le contrat de promesse avec d’autres notions qui puissent lui
paraitre similaires, le législateur a pris l’initiative, en 2016, d’incorporer dans le code
civil des dispositions à même d’évincer toute ambiguïté à ce propos. A cet effet,
l’article 1124 du code précité dispose : « La promesse unilatérale est le contrat par
lequel une partie, le promettant, accorde à l’autre, le bénéficiaire, le droit d’opter pour
la conclusion d’un contrat dont les éléments essentiels sont déterminés, et pour la
formation duquel ne manque que le consentement du bénéficiaire… ».

Partant, quand on parle de promesse en matière contractuelle, l’on ne peut omettre


plusieurs aspects qui, du reste, donnent à cette thématique une envergure de taille. Ces
aspects s’articulent principalement autour du champ d’application de la promesse, de
ses différents types ainsi qu’aux droits reconnus au bénéficiaire de la promesse en cas
de rétractation du promettant.

Sur ce, quels effets pour quel type de promesse ?

De cette problématique, il est judicieux avant d’aborder les effets des contrats de
promesse, de s’atteler dans un premier lieu au régime juridique applicable à cette
pratique contractuelle.

4
11 .‫ ص‬،2010 ‫ دار وائل للنشر طبعة‬،‫ اإلطار القانوني للمرحلة السابقة على إبرام العقد‬،‫بلحاج العربي‬
3
Première partie : promesse unilatérale (contrat d’option)
Comme susmentionné, la promesse est un acte juridique pouvant émaner soit d’une
seule personne, auquel cas il s’agit d’un contrat d’option, soit du bon vouloir des deux
parties, ce qui est le cas d’un compromis. Dans ce contexte, le législateur marocain à
travers les dispositions du DOC, met en place un arsenal juridique régissant les deux
derniers types en ce qui concerne les contrats de vente et d’achat, vu que ces derniers
constituent l’archétype des promesses. Cependant, on se limitera dans cette première
partie à mettre en exergues à la fois les différentes règles applicables au contrat
d’option ainsi que les responsabilités pouvant en découler.

4
Premier chapitre : le régime juridique de la promesse unilatérale
Dans ce contexte, il s’agit de mettre en clair les spécificités de ladite promesse en
s’attelant tout d’abord au droit d’option reconnue au bénéficiaire afin de pouvoir en
déduire les conséquences subséquentes.

Afin d’appréhender les spécificités d’une promesse unilatérale, il s’agit de cerner


d’abord sa qualification juridique. En effet, il s’agit d’un contrat unilatéral ne générant
d’obligation que pour l’une des parties contractantes, dans le sens où dans le cadre
d’une promesse de vente, seul le vendeur sera contraint à proposer en vente son bien
au bénéficiaire de le promesse, par priorité. Ce dernier ne se trouve en aucun cas
astreint à apposer sa signature sur le contrat définitif, il dispose d’un droit d’option lui
conférant la faculté soit d’acquiescer la vente ou de la rejeter, sous réserve du délai qui
lui est imparti.

Chose qui a été confirmé par BENABENT sur son ouvrage des contrats spéciaux :
« un engagement souscrit par une seule partie qui promet de vendre ou promet
d’acheter tandis que l’autre conserve toute liberté et réserve ainsi son consentement à
la vente définitive »5. Ainsi que par l’article 18 du DOC qui dispose : « dans les
obligations unilatérales, les engagements sont obligatoires, dès qu’ils sont parvenus à
la connaissance de la partie envers laquelle ils sont pris ».

Dans la même perspective, le législateur marocain n’a pas omis d’encadrer quelques
cas de promesse unilatérale notamment à travers l’article 788 et 834.

L'article 788 du D.O.C. énonce : «Néanmoins, la promesse de recevoir un dépôt


motivé pour cause de départ du déposant ou pour tout autre motif légitime
constitue une obligation qui peut donner lieu à des dommages, en cas
d'inexécution, si le promettant ne justifie que des causes imprévues et légitimes
l'empêchant d'accomplir son engagement »

L'article 834 du D.O.C prévoit : « Cependant, la promesse de prêt faite pour une
cause connue du promettant constitue une obligation qui peut se résoudre en
dommages-intérêts, en cas d'inexécution de la part du prêteur, si ce dernier ne
prouve qu'un besoin imprévu l'a empêché d'exécuter son obligation, ou que les
conditions financières de l'emprunteur ont notablement empiré depuis que
l'engagement a été pris ». De surcroit, l'école « hanafite » a précisé que la promesse
unilatérale n'oblige pas son auteur, contrairement à l'école « malékite » qui l'a
considérée comme devant être honorée par son auteur, vue l'importance octroyée à la
promesse en générale par la religion et les bonnes mœurs.

5
A. BENABENT ; Les contrats spéciaux : civils et commerciaux, 8ème éd., Lextenso, Paris, 2008, p.
65.
5
On peut dire donc que celui qui s’engage envers une autre personne même par la
simple parole se voit obligé à l’honorer. De même lorsque l’on se réfère à l’article
1124 du code civil, l’on s’aperçoit qu’il définit la promesse comme étant, dans un
premier temps, un contrat. Ce qui laisse entendre que ce dernier peut être soit verbal
ou formelle. Cependant, en guise de preuve, il serait préférable qu’il y’ait un écrit
retraçant ladite promesse. Néanmoins, un arrêt a été rendu à ce propos par la cour de
cassation marocaine en 2010, énonçant qu’à la lumière de l’article 489 du doc la
promesse de vente ne peut être établie que par écrit6.

Sur ce, Dans une promesse unilatérale et tout au long de la durée de vie de la
promesse, le promettant n’est tenu ni d’une obligation de faire ni d’une obligation de
donner. Cela peut être justifié du fait que, dans le premier cas, il n’est tenu d’aucune
prestation qui doit être accomplie, alors que dans le second cas, que la formation du
contrat définitif ne dépend pas de l’exécution de l’obligation7.

Néanmoins, dans le cas où le promettant conclue un autre contrat d’option, ayant le


même objet, avec une autre personne, le premier contractant ayant levé l’option est
celui qui bénéficiera du contrat définitif8. Tandis pour l’autre contractant, il verra sen
dommage réparé par le promettant.

6
Cour suprême (de cassation actuellement), arrêt n°1921/2010 du 23/12/10, non publié.
7
P. Malaurie, L. Aynès, P-Y Gautier, Droit des contrats spéciaux, 9ème éd., LGDJ, Paris, 2017, p. 86.
8
M. Hidraoui et A. El fraini, La promesse unilatérale, mémoire, Université Hassan II de Casablanca -
Licence en droit privé, (pas de page mentionnée).
6
Deuxième chapitre : le sort de la promesse unilatérale
Première section : la levée et circulation d’option

En effet, le droit d’option n’est pas permis à tout va. En vue de préserver les intérêts
du promettant également le législateur marocain n’a pas omis d’en délimiter le champ
temporel. A ce titre, l’art. 604 du DOC fixe dispose que « La partie qui s'est réservé le
droit d'option doit déclarer si elle entend tenir le contrat ou s'en départir dans les délais
suivants :

a) Pour les immeubles urbains et les fonds de terre, dans le délai de soixante jours à
partir de la date du contrat ;

b) Pour les animaux domestiques et toutes les choses mobilières, dans le délai de cinq
jours.

Les parties peuvent toutefois convenir d'un délai moindre ; toute stipulation d'un délai
supérieur est nulle et doit être réduite aux délais ci-dessus ».

Si le promettant ne fixe pas dans le contrat la durée de vie de la promesse, le


promettant, sous réserve des délais ci-dessous, doit mettre en demeure le bénéficiaire
pour exercer son droit d’option. On doit noter à ce niveau que si la levée d’option n’a
été exercée qu’à l’expiration du délai de vie de la promesse, la promesse est considérée
en principe comme étant caduque. Toutefois, la jurisprudence française admet que si le
promettant accepte de conclure le contrat définitif, ce dernier est parfait. Ainsi, il
arrive que la promesse unilatérale soit assortie d’une condition suspensive ; si cette
condition défaille, le contrat de promesse devient caduc et donc il ne produira pas ses
effets. Alors que si la condition se réalise, le contrat de promesse produira ses effets
normaux.

Cependant, la pratique des ventes immobilières admet une indemnité


d’immobilisation, souvent insérée dans les contrats, en guise de réparation du
dommage subi par le promettant au cas où il n’y a pas de levée du droit d’option9.
Dans cette même continuité, le bénéficiaire peut, avec l’accord du promettant insérer
une clause dite « faculté de substitution » en vertu de laquelle il aura la possibilité de
se faire substitué par une autre personne qui deviendra bénéficiaire à son tour.
Toutefois, il est interdit une telle possibilité au bénéficiaire initial lorsqu’il est le cas
d’un contrat imprégné d’intuitu personae. D’une perspective fiscale la cour de
cassation française a refusé formellement d’assimiler cette opération à une cession de
créance, afin d’éviter la taxation dédiée à cet effet10. Ainsi, comme il s’agit d’une

9
P. Malaurie, L. Aynès, P-Y Gautier, Droit des contrats spéciaux, op.cit, p. 59.
10
Ibid, P. 67.
7
opération qui concerne de la même façon les promesses synallagmatiques, on abordera
en deuxième partie, de façon plus approfondie, l’ensemble de ses spécificités.

Deuxième section : rétractation et exécution forcée du contrat d’option

Après la levée d’option, le promettant ne peut en aucun cas réfuter la conclusion du


contrat définitif. Par conséquent, il doit impérativement concourir à la formalisation de
l’accord final, qu’il soit sous seing privé, ou bien authentique en matière immobilière
par exemple. Auquel cas, il se trouve contraint également de poursuivre l’ensemble
des formalités qui en découlent.

Cependant, lorsque le promettant se rétracte de l’exécution de sa promesse il engage


ainsi sa responsabilité civile contractuelle. Dans ce sillage on fait appelle alors aux
dispositions du DOC afférentes au cas d’espèce, notamment celles relatives à la mise
en demeure etc…

Parmi les promesses unilatérales, on trouve celles ayant un effet à l’égard des tiers.
Dans ce sillage on fait allusion à la promesse de porte fort.il peut s’agir soit d’une
porte fort d’exécution ou de ratification11. Concernant le premier cas, le porte-fort
s’engage à ce qu’une tierce personne exécute une prestation quelconque pour le
compte du bénéficiaire. Sur ce, le promettant engagera responsabilité si ce tiers ne
procède pas à l’exécution. Quant à porte-fort de ratification, le promettant s’engage à
ce qu’une tierce personne conclue un contrat quelconque avec le bénéficiaire. De ce
fait, s’il n’y a pas de ratification, le promettant engagera sa responsabilité à l’égard du
bénéficiaire.

11
L. El ouazzani chahdi, L. Ben Sedrine, M. Boussouf, A. Slimani, L’essentiel du droit marocain des
affaires, tome1, CIRPEC, 2018, p. 205.
8
Deuxième partie : la promesse synallagmatique
La promesse synallagmatique de vente se définit comme un contrat engageant
réciproquement l’acheteur et le vendeur d’un bien immeuble à honorer leurs
engagements. Elle inclut tous les éléments capitaux d’une vente, notamment les
caractéristiques du bien à vendre et son prix.

Bien que considérée comme un compromis de vente, la promesse synallagmatique ne


se limite pas uniquement à la vente. En effet, ce contrat peut concerner une embauche,
une location ou encore une cession de droits sociaux.

Dans une promesse synallagmatique, le vendeur s’engage à céder son bien tandis que
l’acheteur promet de l’acheter. Le vendeur devient ainsi le promettant, et l’acheteur le
bénéficiaire. Ce contrat est signé trois mois, dans la majorité des cas, avant la
conclusion de l’acte de vente définitif. Ce dernier reprend l’ensemble des conditions
de vente prévue dans la promesse synallagmatique. Cependant, il se peut que le
promettant soit responsable s’il se rétracte. De même, le bénéficiaire peut ne pas
pouvoir récupérer son dépôt de garantie, s’il désiste. Et ce, si ce dernier n’opte pas
pour la cession de son droit dans le compromis dans les conditions requises et prévus
ci-dessous.

9
Premier chapitre : le régime juridique du compromis
La promesse synallagmatique permet dans certains cas d’anticiper la conclusion du
contrat, tout en retardant ses effets. Comme le montre Monsieur Bénabent au sujet de
la vente, « ici les deux consentements sont déjà donnés et l’on pourrait juger inutile ce
contrat « préparatoire » qui paraît déjà constituer en réalité la vente elle-même »12.

Dans ce sens, l’article 1589 du code civil français dispose que « la promesse de vente
vaut vente lorsqu’il y a accord réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix ».
La portée de la promesse synallagmatique de vente doit s’étendre à toutes les
promesses synallagmatiques de contrat consensuel. Cette disposition n’est qu’un
rappel du principe du consensualisme. Dès lors que les parties se sont entendues sur le
principe du contrat et sur ses obligations essentielles, le contrat définitif est déjà
conclu, sans formalité supplémentaire.

Cette position, largement contestée a été corroborée par la cour de cassation à travers
un arrêt rendu en 2009, énonçant le principe suivant : le compromis de vente vaut
contrat d’achat13.

En clair, il est question dans ce contexte d’un contrat en vertu duquel les deux parties
s’obligent l’une envers l’autre de la conclusion du contrat final. Par conséquent, aucun
des contractants ne peut se retirer de sa promesse vu qu’aucun d’eux ne dispose d’un
droit d’option, comme c’est le cas de la promesse unilatérale.

Partant, le seul article retranscrivant les spécificités de cette promesse est celui de la
force obligatoire du contrat. A cet effet l’article 230 du DOC dispose : « Les
obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites, et ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas
prévus par la loi. ».

De surcroit, et comme susmentionné, l’accord final se trouve sursis dans l’attente d’un
événement extérieur. Son contenu est déjà défini au sein du compromis, c’est du reste
ce qui le distingue du pacte de préférence. Sur ce, aucun des contractants n’est fondé à
imposer d’autres clauses que celles prévues à priori. Chose qui a été défendu par la
cour de cassation14.

Dans ce sillage, et encore qu’il s’agisse d’un avant contrat, le compromis de vente et la
promesse synallagmatique en général demeurent soumis aux dispositions de la loi n°
31.08 édictant des mesures de protection du consommateur, dans le sens où l’acheteur,

12
A. BENABENT, Les contrats spéciaux civils et commerciaux, op. cit., n°151, p. 77.
13
Cour suprême (de cassation actuellement), arrêt n°492/2009 du 11/02/09, non publié.
14
Cour suprême (de cassation actuellement), arrêt n°404/2011 du 31/01/11, non publié.
10
étant considéré comme consommateur se trouve doté, de plein droit, du droit de
rétractation qui est de 7 jours de la conclusion du contrat.

Contrat réciproque, le compromis de vente fait naître des obligations tant du côté du
vendeur que de l’acquéreur. Le premier s’engage à vendre son bien selon les
conditions déterminées par le compromis (prix, conditions suspensives…) et l’acheteur
à l’acquérir selon les mêmes conditions.

Il est d’usage de demander à l’acquéreur le versement d’un dépôt de garantie lors du


compromis de vente. En général, le montant est fixé à 10 % du prix du bien et cette
somme sera ensuite déduite à la signature de l’acte définitif. Si l’acquéreur ne ratifie
pas ce dernier, il perd le dépôt de garantie, sauf s’il se rétracte dans le délai légal, ou si
l’une des conditions suspensives du compromis de vente ne se réalise pas.

Si le compromis de vente prend la forme d’un acte sous seing privé, l’acheteur versera
le dépôt de garantie à l’expiration du délai de rétractation. Dans l’hypothèse d’un acte
authentique, il peut être versé à la signature du compromis.

11
Deuxième chapitre : cession du compromis (clause de substitution)
La clause de substitution est un mécanisme juridique. Grâce à ce mécanisme, un des
contractants à la possibilité de se désister au profit d’un tiers qui deviendra partie au
contrat15.

C’est une clause selon laquelle l’acquéreur initial du bien immobilier se réserve le
droit de se substituer à une autre personne dans le rapport contractuel initial avec le
vendeur dans le cadre d’un compromis de vente relatif à l’achat d’un bien immobilier.
Ainsi, l’acquéreur se réserve donc le droit de se retirer de la vente s’il le souhaite au
profit d’un autre acquéreur.

Il existe deux sortes de substitutions : une substitution d’une personne physique et une
substitution d’une personne morale. La clause de substitution permettra à l’acquéreur
de substituer une autre personne à la vente. Le compromis de vente est donc plus
souple grâce à la clause de substitution. C’est pour cela que la clause de substitution
est depuis longtemps largement acceptée par les juridictions dans les avant-contrats.

En principe, il n’existe aucune formalité légale relative à la clause de substitution. La


clause de substitution doit néanmoins obligatoirement figurée dans l’avant contrat. Le
vendeur, l’acquéreur initial et le tiers de substituant à l’acquéreur initial doivent
donner leur accord à la clause de substitution. C’est pour cela que la faculté de
substitution doit être prévue spécifiquement dans le compromis de vente dans une
clause attitrée. Si la clause n’est pas expressément fixée dans l’avant-contrat, le
vendeur peut s’opposer à la substitution.

Dans l’hypothèse où la clause de substitution est nulle, cela n’a aucun impact sur la
validité du compromis de vente. Le compromis de vente reste valable. Les parties au
compromis de vente peuvent néanmoins choisir d’appliquer certaines formalités à la
clause de substitution. Elles doivent alors être convenues contractuellement par avance
dans le compromis de vente.

La clause de substitution n’est ni une cession de créance, ni une cession de contrat, bu


que cette circulation est à titre gratuit. Etant donné que la clause de substitution n’est
pas synonyme de cession de créance ou de cession de contrat, elle ne doit pas être
soumise aux exigences fiscales. Une clause de substitution ne doit en aucun cas cacher
une cession de contrat. Or, c’était ce qui se passait régulièrement auparavant. En effet,
une clause de substitution doit être en principe gratuite. Comme le montre la
jurisprudence par le passé, elles étaient pourtant pour la plupart onéreuses, ce qui
amenait à une requalification du compromis de vente en cession de créance.

15
P. Malaurie, L. Aynès, P-Y Gautier, Droit des contrats spéciaux, op.cit, p.
12
C’est ce qui a été soutenu par la cour de cassation française qui rappelle depuis une
décision de la 3ème chambre civile du 12 avril 2012 : « Le fait pour les bénéficiaires
d’un « compromis de vente » de se substituer un tiers ne constituait pas une cession de
créances et n’emportait pas obligation d’accomplir les formalités de l’article 1690 du
Code civil » si la clause est à titre gratuit. ».

La personne substituée se trouve dans la même position que l’acquéreur initial. Il est
donc tenu par les termes initiaux du compromis de vente. Tout lui est opposable au
même titre qu’à l’acquéreur initial lors de la conclusion du compromis de vente ; c’est-
à-dire le prix, le moyen de paiement, le bien immobilier, etc. Le tiers substitué n’a pas
le droit de changer les conditions du compromis de vente. La personne morale ou
physique substitué deviendra le propriétaire définitif du bien immobilier.

La substitution doit se réaliser avant la signature définitive de l’acte de vente final.


Sinon, c’est l’acquéreur initial qui sera tenu d’acheter le bien immobilier
définitivement. Il pourra néanmoins par la suite céder le bien à un tiers. La substitution
ne sera néanmoins plus possible dans le cadre du compromis de vente.

Cependant, L’acquéreur initial reste après substitution tout de même solidaire du


paiement du prix et de l’exécution de l’ensemble des conditions prévues dans le
compromis de vente.

13
Conclusion :
En définitive, la promesse des contrats demeure une pratique indispensable à plusieurs
disciplines. C’est le cas de la vente où l’on recourt fréquemment aux compromis
précédant la conclusion du contrat final. Cependant, il est toujours nécessaire à nos
jours d’y consacrer un arsenal juridique propre, à même d’encadrer l’ensemble des
problématiques que cela puisse soulever. De même, il s’agit dans ce sillage d’un
avant-contrat d’envergure, dont l’évolution dépend de ce que la pratique fait naitre
comme conditions et clauses répondant aux nécessités précontractuelles. De ce fait, il
faut qu’il y’ait un régime juridique exhaustif en phase avec les pratiques actuelles, et
ce grâce aux dires prétoriens

14
Bibliographie :
 Ouvrages
 J. GHESTIN, Traité de droit civil : la formation du contrat, 3ème éd, L.G.D.J,
Paris, 1993.
 J-M Mousseron, Techniques contractuelles, 2ème ed, Francis LEFEBVRE,
1999.
 O.DESHAYES, L'avant contrat, actualité du processus de formation des
contrats, collection CEORISCA, 2008.
 A. BENABENT ; Les contrats spéciaux : civils et commerciaux, 8ème éd.,
Lextenso, Paris, 2008.
 P. Malaurie, L. Aynès, P-Y Gautier, Droit des contrats spéciaux, 9ème éd.,
LGDJ, Paris, 2017.
 L. El ouazzani chahdi, L. Ben Sedrine, M. Boussouf, A. Slimani, L’essentiel du
droit marocain des affaires, tome1, CIRPEC, 2018.
 2010 ‫ دار وائل للنشر طبعة‬،‫ اإلطار القانوني للمرحلة السابقة على إبرام العقد‬،‫بلحاج العربي‬

 Mémoire
 M. Hidraoui et A. El fraini, La promesse unilatérale, mémoire, Université
Hassan II de Casablanca - Licence en droit privé

15
Table des matières :
Introduction :………………………………………………………...1

Première partie : promesse unilatérale (contrat d’option)………..4

Premier chapitre : le régime juridique de la promesse unilatérale……...5

Deuxième chapitre : le sort de la promesse unilatérale…………………..7


Première section : la levée et circulation d’option……………………………...7

Deuxième section : rétractation et exécution forcée du contrat d’option……..8

Deuxième partie : la promesse synallagmatique…………………..9

Premier chapitre : le régime juridique du compromis………………...10

Deuxième chapitre : cession du compromis (clause de substitution)….12

Conclusion :………………………………………………………. 14

16

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