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DIAGNOSTIC DE LA QUALITE DU SOUS-SOL

Diagnostic de la qualité du sous-sol


Principe et incertitudes

1. Préalables au diagnostic
1.1 Objectifs
Les objectifs d’un diagnostic de la qualité du sous-sol, sur un site à développer ou en activité, peuvent être :
— de répondre à une contrainte réglementaire ou contractuelle ;
— d’élaborer un référentiel (sol et nappe) opposable aux tiers, dans le cadre de transfert d’exploitation ou de
propriété ainsi que dans le cadre de contentieux de voisinage ;
— de disposer d’éléments indispensables à une stratégie de réhabilitation d’un site et/ou de réception de
travaux de requalification.
Quel que soit le besoin à satisfaire, un diagnostic du sous-sol nécessite de s’appuyer sur un schéma
d’exposition intégrant les trois composantes d’une analyse de risque : sources de pollution potentielle, voies
de transfert, cibles exposées à des effets néfastes. Pour illustrer, nous donnons en exemple le schéma de la
figure 1.

Figure 1 – Schéma d’une pollution du sous-sol

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1.2 Contraintes spécifiques au projet et au site


On cherche à répondre aux différentes questions suivantes.
 Quels sont les outils de reconnaissance (§ 2.2) les plus appropriés en fonction de la nature du
sous-sol, de l’encombrement du site, des difficultés d’accès, des contraintes économiques ou du
calendrier d’exécution, d’intempéries, de représentativité des données ?
 Sur la base des informations existantes, quelle densité d’échantillonnage (figure 3) effectuer sur
les sources potentielles de pollution (nature, volume, surface) ?
 Quelles modalités de mesure mettre en œuvre (in situ ou hors site) sur les sols, les eaux et/ou les
gaz (tableau 2), suivant les caractéristiques physicochimiques des contaminants potentiels (densité,
solubilité, constante de Henry, spéciation…) ?
 Quelles sont les obligations de conservation des données, sur le plan juridique notamment ?
 Quelles sont, enfin, les contraintes de communication avec les différents partenaires (collectivités,
banques, assurances, administrations)?

1.5 Plan et grille d’échantillonnage


Différentes procédures de plans d’échantillonnage ont été élaborées depuis une décennie, tant pour les
eaux que pour les sols, dans différents pays. Des documents de synthèse ont été publiés par l’EPA
(Environment Protection Agency) aux États-Unis (1991-1992) et d’autres sont en cours d’élaboration dans le
cadre de l’ISO, reprises pour partie par la normalisation française et européenne. Ces documents soulignent
l’importance d’un plan d’échantillonnage adaptée à la spécificité des cas étudiés.

Exemple : la probabilité de ne pas détecter une « tache » de pollution en fonction de ses dimensions et de
la maille de reconnaissance a fait l’objet d’une approche systématique par l’EPA et a donné lieu à
l’élaboration de tables pour des grilles de reconnaissance à maille carrée (figure 3b) ou triangulaire.
Une tache de sol contaminé de forme circulaire et de rayon 10 m aura une probabilité de 21 % de ne pas
être découverte si l’on s’appuie sur une reconnaissance à maille carrée de 20 m (incomplétude des
résultats). Une maille carrée d’échantillonnage de 15 m permet de garantir une probabilité de découverte
proche de 100 %.

Outre le fait que le plan et la maille de reconnaissance doivent être adaptés aux caractéristiques du milieu, il
convient d’éviter que la grille d’échantillonnage soit en phase avec des phénomènes naturels
(granoclassement d’un dépôt, par exemple).
En fonction des caractéristiques du site, on choisira une grille de reconnaissance adaptée ; cette stratégie
d’échantillonnage aléatoire stratifié ou systématique, de recherche spécifique, d’approches basées sur le
jugement d’expert fait appel :
— soit à une sélection subjective ;
— soit à une grille d’échantillonnage suivant des cercles concentriques, disposés en profils ou suivant des
contours prédéterminés.
La figure 2 donne un exemple de stratégies d’échantillonnage pour détecter une source circulaire occupant 5
% de la superficie totale d’un site.

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Figure 2 – Performance des différents types de stratégies pour détecter une source circulaire
occupant 5 % de la superficie totale d’un site [d’après Fergusson]

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Figure 3 – Plan
d’échantillonnage et de
qualité du milieu

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2. Mise en œuvre et aléas de réalisation


2.1 Réalisation des prises d’essai
Un des objectifs du plan d’échantillonnage est, en particulier, de définir la répartition d’un élément polluant et
sa variabilité dans l’espace et dans le temps en fonction de son support. La figure 3 donne des exemples de
stratégie d’échantillonnage, suivant la constitution et l’hétérogénéité de la distribution du milieu.
 Les résultats seront entachés d’incertitudes liées à des erreurs systématiques ou aléatoires.
-Erreurs systématiques (ou biais) : on peut les détecter par des mesures statistiques. Elles
proviennent toujours de défauts de procédure que l’on peut « réduire » par une organisation plus
rigoureuse.
-Erreurs aléatoires (sans biais) : elles peuvent être prises en compte statistiquement et se
traduisent par une variance de l’échantillonnage.
Il est possible de les réduire par des procédures adaptées sans toutefois les éliminer complètement.
 L’erreur d’échantillonnage au sens large qui entache la mesure d’une teneur est le cumul de
plusieurs erreurs dont les variances s’ajoutent :
— erreur et biais de prélèvements (du fait du choix de l’outil, par exemple) ;
— erreur de préparation, dite aussi erreur d’échantillonnage au sens strict ; cette erreur, au-delà
des problèmes de correction de prise et d’outils d’échantillonnage, découle de l’hétérogénéité du lot
à échantillonner ;
— erreur fondamentale : elle est liée à la constitution d’un lot, celle-ci résultant des fréquences et
des particularités physico-chimiques des particules ; elle est irréductible sans modification de l’état
physique de la matière et correspond à une limite optimale idéalement atteinte quand les conditions
d’équiprobabilité de prélèvements sont respectées ; elle peut être calculée.

Ainsi, dans le cadre du contrôle d’une mise à niveau de friche industrielle issue de la sidérurgie, a-t-on été
conduit à constituer un échantillon de référence de 250 t pour un volume de terrassement de 200 000 t de
terres contaminées, à partir de 200 prises élémentaires aléatoires afin de garantir un seuil minimal d’erreur
fondamentale de 10 % sur l’élément chrome qui constituait le polluant critique.

2.2 Outils de reconnaissance : du qualitatif au semi-quantitatif et au quantitatif


2.2.1 Généralités
La reconnaissance de la qualité d’un sol et des nappes d’eau souterraine associées peut s’appuyer sur
divers outils. Compte tenu de la démarche progressive généralement mise en œuvre, on a recours :
— dans un premier temps, à des méthodes directes ou indirectes d’investigation de screening (ou
criblage) permettant d’apprécier rapidement les différentes zones homogènes à reconnaître à l’issue de
l’analyse historique ;
— dans un deuxième temps, à des reconnaissances quantitatives détaillées (méthodes directes) qui
conduisent à définir précisément l’importance des sources potentielles de dommages, les caractéristiques
du milieu (en particulier, les vecteurs de transferts des polluants), ainsi que les constats d’impact au niveau
des cibles exposées.

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2.2.2 Optimisation du processus de caractérisation et de reconnaissance


L’homme de l’art dispos d’une panoplie d’outils qui permet d’apporter une information objective sur le milieu
à reconnaître. Chaque cas rencontré résulte de la conjugaison de produits potentiellement polluants
associés à un milieu dont les spécificités sont variables d’un site à l’autre. L’objectif du maître d’œuvre
consiste donc à optimiser les moyens mis en œuvre pour obtenir des informations dont le niveau
d’incertitude et d’incomplétude (§ 1.3) est maîtrisé dans un cadre économique défini. Pour ce faire, il devra
donc, en intégrant les contraintes de sécurité et la cohérence globale de la démarche à caractère progressif,
associer :
— des méthodes de reconnaissance indirectes (§ 2.2.3) ;
— des méthodes de mesures directes avec mesures sur site ou « en différé » hors site (§ 2.2.4).

2.2.3 Approche par mesures indirectes in situ ou sur site. Criblage


Le tableau 1 rassemble les différentes approches possibles d’une reconnaissance in situ ou sur site à l’aide
de mesures indirectes. Ces méthodes permettent un criblage des zones de terrain potentielles à l’origine de
contamination et leur domaine d’usage est défini.
Ces différentes techniques ont, pour chacune d’entre elles, leur propre limitation liée à leur conception ou
aux conditions restrictives de mise en application (interférences avec des phénomènes naturels, conditions
de sécurité à la mise en œuvre, par exemple).
Elles nécessitent, dans une phase ultérieure, d’avoir recours à des méthodes directes de reconnaissance
permettant d’apprécier la qualité du milieu (eau et sol) en terme quantitatif et d’étalonner les mesures
indirectes de criblage.

2.2.4 Approche par mesures directes sur site ou hors site


Les mesures de reconnaissance sur site ou hors site s’appuient sur la réalisation de sondages. Les outils de
prélèvement doivent être adaptés aux caractéristiques physiques du sol, à la profondeur du niveau d’eau, à
la nature des éléments à échantillonner.
Le tableau 2 résume les différentes techniques d’échantillonnage susceptibles d’être mises en œuvre.
Les prélèvements d’échantillons de sol sur les fouilles et sondages peuvent s’accompagner de prélèvements
de gaz (par méthode passive – sans pompage – ou active – avec pompage) et analyses sur site (cf.
tableau1).
Les sondages sont susceptibles d’être équipés en piézomètres, destinés – après leur nettoyage – à :
— définir le sens d’écoulement des eaux souterraines à partir du nivellement de la tête de l’ouvrage et
mesurer la profondeur du niveau d’eau par rapport à ce repère ;
— contrôler l’évolution dans le temps du niveau piézométrique et définir les caractéristiques hydrauliques du
milieu ;
— prélever des échantillons pour analyse des eaux.

Piézomètre : équipement d’un sondage constitué d’un tube plein et/ou crépiné, d’un massif filtrant, d’un
bouchon de fermeture, nettoyé, protégé et nivelé pour le contrôle des nappes (niveau, qualité) et mesures
in situ (perméabilité…).

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Les sondages qui ne sont pas destinés à être équipé pour des mesures ultérieures doivent être obstrués à
l’aide d’un coulis de bentonite-ciment afin de ne pas constituer des voies préférentielles de pénétration de la
pollution. Les piézomètres doivent être conçus de manière à éviter le mélange de nappes superposées et la
pénétration de contamination superficielle vers des nappes profondes jusque-là non polluées.

Le tableau 3 donne une fiche standard de collecte d’informations sur un sondage équipé d’un piézomètre :
mise en cohérence des différentes données collectées.
Certains outils de reconnaissance [par exemple, sondeuse munie d’appareil en destructif type rotary
(tableau 2) avec mesures in situ en continu (diagraphie) associée à des carottiers de petit diamètre à l’air]
permettent d’obtenir une reconnaissance de criblage et un échantillonnage ponctuel, pour la définition
précise du type de pollution.
Diagraphie : enregistrement en continu d’un paramètre de sondage (vitesse d’avancement, pression sur
l’outil, radioactivité naturelle, carbone organique volatil …)

En ce qui concerne les méthodes analytiques (tableau 4) les outils disponibles permettent aujourd’hui de
regrouper :
— des mesures sur site, kits d’analyse de type immuno-enzymatique, méthode colorimétrique,
fluorescence X ou infrarouge, dont la mise en œuvre nécessite du personnel formé afin d’éliminer les erreurs
de reproductibilité ;
— des mesures hors site, en laboratoire, réunissant les différentes techniques analytiques disponibles
[chromatographie en phase gazeuse ou liquide, spectrométrie de masse, ICP/MS (Inducted Coupled
Plasma/Mass Spectometry) …].

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Aux mesures chimiques devront être associées des mesures physiques (humidité, densité, granulométrie,
perméabilité…) ou environnementales (tests de toxicité ou d’écotoxicité normalisés, type test daphnies, test
de germination, test de croissance…), indispensables à l’appréciation des dommages potentiels au niveau
des cibles et au calage des modèles de transfert et d’exposition.

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2.3 Conditionnement, transport, stockage et réception des échantillons


Les échantillons constitués à partir de prises élémentaires (§ 2.1) peuvent être à l’origine de nombreuses
erreurs qui constituent autant de sources d’incertitudes sur les résultats, en particulier :
— interférences avec les emballages de conditionnement ;
— défauts de stabilisation ou de prétraitement des prises élémentaires, notamment pour les échantillons
d’eau ;
— manque d’étanchéité des flaconnages vis-à-vis des éléments volatils ;
— rupture de la chaîne de froid (–4 °C) durant le transport ;
— bris de flacons et mélanges de prises d’échantillons élémentaires ;
— erreurs d’étiquetage ou d’adressage ;
— prises d’échantillons en quantité insuffisantes…

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Ces anomalies, qui peuvent altérer la qualité des résultats, sont susceptibles d’être maîtrisées par
l’amélioration des procédures de contrôle :
— prise d’échantillons de contrôle et plan d’assurance-qualité ;
— réalisation de blanc de rinçage du flaconnage, de blancs de parcours (référentiels), de double
échantillonnage, d’échantillons colocalisés, d’échantillons du fond géochimique naturel extérieur au site ;
— mise en place d’indicateurs de contrôle de la chaîne de froid ;
— identification et traçabilité des échantillons qui peuvent être rompues du fait de causes extérieures
(décollage d’étiquettes, vandalisme, disparition de l’identification sur les conteneurs…).

2.4 Analyses et traitement des résultats


La dernière phase de la reconnaissance porte sur la réalisation des analyses en s’appuyant sur les normes
existantes, AFNOR ou ISO, voire sur des procédures spécifiques en l’absence de normes. Si
l’automatisation des chaînes de mesure permet d’éviter des ruptures dans l’identification des échantillons et
des résultats, il convient, par contre, de maîtriser les erreurs et incertitudes liées à la réduction de
l’échantillon, au contrôle des chaînes de mesure avant analyses, à la conduite de la ventilation des locaux…

La présentation des résultats doit être assortie d’une appréciation des incertitudes et erreurs en fonction
du niveau de diagnostic et de l’état d’avancement de la réflexion. Ainsi une conclusion du style : « 5 000 ±
800 t de sols contaminés hors d’eau à plus de 700 ± 50 p.p.m. d’hydrocarbures » reflète le niveau de
connaissance acquis sur un site et permet un meilleur choix de la filière de traitement à mettre en œuvre.

Les erreurs analytiques peuvent être évaluées et contrôlées en maîtrisant la dérive analytique des bancs de
mesure, des blancs d’étalonnage et la reproductibilité des résultats.
Après analyses, il n’est plus nécessaire de conserver les échantillons et on les élimine suivant les filières
autorisées par la législation.
Le traitement graphique et/ou statistique nécessite, enfin, la mise en œuvre d’outils adaptés afin d’éviter
des interpolations abusives entre des données ponctuelles trop peu nombreuses.

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