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MODULE 2- CONSIDERATIONS GEOTECHNIQUES

DANS LA GESTION DES RESIDUS MINIERS

12/02/2024
Sommaire

1. Les principales causes géotechniques des ruptures de digues à stériles,


2. Les méthodes d'évaluation des risques liés aux résidus et l'acceptabilité des
risques,
3. La conception des digues et de stockage des résidus,
4. Les principaux paramètres géotechniques des résidus,
5. Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité avec les
objectifs de la conception.

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Les principales causes géotechniques des
ruptures de digues à stériles

1. Les principales causes géotechniques des ruptures de digues à stériles,


2. Les méthodes d'évaluation des risques liés aux résidus et l'acceptabilité des
risques,
3. La conception des digues et de stockage des résidus,
4. Les principaux paramètres géotechniques des résidus,
5. Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité avec les
objectifs de la conception.

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Les principales causes géotechniques des
ruptures de digues à stériles
Potentiel de liquéfaction
L’évaluation du potentiel de liquéfaction des matériaux (résidus et matériaux de la digue et de la fondation) peut
être réalisée selon quatre approches :

• Approche 1 : Evaluation de la sensibilité à la liquéfaction


des sols à partir des essais d’identification des matériaux,
en introduisant les limites de liquidité et les indices de
plasticité dans le Diagramme de Seed (2003);

• Approche 2 (approche mécanique des sols à l’état


Diagramme de Seed (2003)
critique) : Evaluation de potentiel de liquéfaction
principalement à partir des essais de labo triaxiaux CIU qui
permettent de caractériser le comportement des matériaux
(dilatant ou contractant) lors d’un cisaillement via la
définition de la ligne d’état critique et les paramètres d’état.
Un matériau contractant montre un potentiel de
liquéfaction important.
Ligne d’état critique avec définition des paramètres
d’état 4
Les principales causes géotechniques des
ruptures de digues à stériles
Potentiel de liquéfaction
• Approche 3 (approche analytique) : Evaluation du potentiel de liquéfaction à partir des essais de cisaillement
cycliques en laboratoire; ex. essai CDSS, essai triaxial cyclique. Un coefficient de sécurité FS vis-à-vis de la
liquéfaction est défini par le rapport CRR/CSR (avec CRR : résistance au cisaillement cyclique, CSR : ratio de
cisaillement cyclique CSR).

• Approche 4 : Evaluation du potentiel de liquéfaction à partir des essais in-situ (essais SDMT et CPTu) en
utilisant :
- Le digramme développée par Andrus & Stokoe (2000) en fonction des vitesses des ondes de
cisaillement identifiées par les essais SDMT,
- L'abaque normalisé de Robertson (2016) en fonction des résultats des essai CPTu.

Digramme de Andrus
& Stokoe (2000)
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Les principales causes géotechniques des
ruptures de digues à stériles
Méthode de construction (méthode amont)

Un inconvénient inhérent aux digues construites selon la méthode amont réside dans le fait que les petites digues
construites successivement à partir des résidus miniers peuvent reposer sur des matériaux relativement fins, peu
consolidés, qui ont été mis en place au cours des étapes précédentes.
En général, ces résidus possèdent des caractéristiques géotechniques peu favorables comme une faible résistance
au cisaillement et une grande susceptibilité à la liquéfaction. Les digues sont alors assises sur une zone
potentiellement instable.

Les digues construites par la méthode amont sont les plus


vulnérables face à des incidents de rupture, représentant près
de 90 % des instabilités documentées (Aubertin et al., 2002b;
Bocking, 2010).

Cette méthode de construction nécessite un niveau élevé


de surveillance et d'instrumentation pendant l'exploitation.

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Les principales causes géotechniques des
ruptures de digues à stériles

Infiltration et érosion interne


L’érosion interne est l’un des mécanismes de dégradation ou de vieillissement des digues pouvant conduire à leur
rupture plus ou moins soudaine. On distingue cinq principaux scénarios ou configurations favorables à l’amorce
d’érosion interne dans les digues:
• Une géométrie inadaptée ou modifiée (soit par un phénomène naturel ou bien une action anthropique) ;
• La présence d’hétérogénéités de perméabilité dans le remblai et /ou dans sa fondation ;
• Des interfaces « sols – structures maçonnées » non ou mal maitrisées ;
• Des conditions hydrogéologiques particulières ;
• La présence des conduites sous pression détériorées.

Le retour d’expérience montre que ces scénarios entraînent


des dégradations telles que :
• L’apparition de fontis, des « sand-boils » (ou volcans de
sable),
• La formation de conduits (par pourrissement de racines),
• L’apparition d’une fuite (due au creusement de terriers
d’animaux fouisseurs) qui peuvent conduire à la
formation d’une brèche inopinée dans la digue. 7
Les méthodes d'évaluation des risques liés
aux résidus et l'acceptabilité des risques

1. Les principales causes géotechniques des ruptures des digues à stériles,


2. Les méthodes d'évaluation des risques liés aux résidus et
l'acceptabilité des risques,
3. La conception des digues et de stockage des résidus,
4. Les principaux paramètres géotechniques des résidus,
5. Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité avec les
objectifs de la conception.

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Les méthodes d'évaluation des risques liés
aux résidus et l'acceptabilité des risques

Objectives de l’évaluation des risques

L’évaluation et la gestion des risques sont essentielles à la gestion efficace des parcs à résidus miniers. Elles
sont une partie intégrante de tous les éléments du cadre de gestion des résidus miniers et de toutes les étapes
du cycle de vie.

Il est indispensable de déterminer les risques potentiels associés aux parcs à résidus miniers, y compris les risques
physiques et chimiques, les risques opérationnels, organisationnels et financiers, ainsi que les risques de gestion.

Les activités de planification, de conception, de construction, d’opération et de fermeture des parcs doivent
être réalisées de façon à gérer efficacement le risque pour atteindre l’objectif de réduire au minimum les
dommages potentiels.

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Les méthodes d'évaluation des risques liés
aux résidus et l'acceptabilité des risques
Méthodes de l’évaluation des risques
Les méthodes de l’évaluation des risques comportent :
• Analyse de sécurité du travail,
• Analyse des modes de défaillance et de leurs effets (AMDE/FMA): L'AMDE et la PFMA sont souvent utilisées
de manière interchangeable, mais elles sont très différentes:
- Analyse des modes de défaillance potentiels « PFMA » : Méthode couramment utilisée pour l'évaluation des
risques des digues à stériles et nécessite une connaissance a priori des modes de défaillance, commence par
les dangers, l'événement déclencheur et se termine par l'événement indésirable (défaillance),
- Analyse des modes de défaillance et de leurs effets « AMDE » ou « FMEA » (Failure Modes and Effects
Analysis) : Approche objective et systématique, examine les éléments et les composants individuels d'un
système et la manière dont leur défaillance peut influencer la fonction globale du système. Études des
dangers et de l'exploitabilité (HAZOP),
• Analyse des erreurs humaines,
• Évaluation et contrôle des risques sur le lieu de travail (WRAC),
• Analyse des contrôles,
• Analyse de l'arbre des défaillances et des événements (version semi-quantitative de l'AMDE),
• Evaluation de la probabilité d’occurrence des risques.
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Les méthodes d'évaluation des risques liés
aux résidus et l'acceptabilité des risques

Probabilité d’occurrence des risques et conséquences


La gestion responsable repose sur des évaluations complètes des risques physiques et chimiques associés à un parc à
résidus miniers ainsi que la probabilité d’occurrence de ces dernières. Ces évaluations mesurent les conséquences
éventuelles sur la santé, la sécurité, l’environnement, la société, le commerce, l’économie et la réglementation.
Probabilités et conséquences "relatives" typiques

CATÉGORIE PROBABILITÉ DESCRIPTION

1 Rare Peut se produire dans des circonstances exceptionnelles, par exemple 1 fois sur 1 000 ans
2 Peu probable Pourrait se produire à un moment donné, disons 1 fois sur 300 ans
3 Modérée Probabilité modérée de survenance, par exemple 1 fois sur 100 ans
4 Probable Se produira probablement, disons 1 fois sur 30 ans
5 Presque certain Peut se produire pendant la durée de vie de la mine, par exemple 1 fois sur 10 ans

CATÉGORIE CONSÉQUENCES DESCRIPTION

1 Négligeable Ne nécessite aucune action

2 Faible Menace l'efficacité de la réhabilitation


3 Moyenne Nécessite une révision ou une modification importante de l'exploitation

4 Élevée Menace l'intégrité de la réhabilitation, nécessitant des réparations importantes

5 Extrême Risque de dommages substantiels à l'environnement, nécessitant reconstruction


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Les méthodes d'évaluation des risques liés
aux résidus et l'acceptabilité des risques

Risques « acceptés » et critère d’acceptabilité

Tableau typique de classement des risques

CONSEQUENCE
PROBABILITE
Négligeable Faible Moyenne Élevée Extrême

Rare Acceptable Acceptable Significatif Significatif Contestable

Peu probable Acceptable Significatif Significatif Contestable Substantiel

Modérée Significatif Significatif Contestable Substantiel Substantiel

Probable Significatif Contestable Substantiel Substantiel Inacceptable

Presque certain Contestable Substantiel Substantiel Inacceptable Inacceptable

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La conception des digues et de stockage des résidus

1. Les principales causes géotechniques des ruptures des digues à stériles,


2. Les méthodes d'évaluation des risques liés aux résidus et l'acceptabilité des
risques,
3. La conception des digues et de stockage des résidus,
4. Les principaux paramètres géotechniques des résidus,
5. Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité avec les
objectifs de la conception.

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La conception des digues et de stockage des résidus

Méthodes d’analyse de stabilité

• L'approche déterministe traditionnelle et la plus courante du facteur de sécurité, impliquant une analyse de
l'équilibre limite, généralement en 2D, mais aussi en 3D. Les facteurs de sécurité FoS requis ont généralement
été calibrés pour des analyses en 2D. Un FoS plus élevé est souvent requis pour les analyses en 3D (Stark et
Ruffing, 2017),
• L'approche observationnelle, dans laquelle des paramètres de conception conservateurs sont initialement
sélectionnés, puis raffinés sur la base des performances observées,
• L'approche du facteur de réduction des contraintes, impliquant des analyses par éléments finis (par
exemple, Plaxis) ou par différences finies (par exemple, FLAC) avec des paramètres de résistance au cisaillement
réduits et/ou des pressions d'eau interstitielle augmentées pour provoquer la " rupture " du modèle,
• L'approche de la probabilité de rupture, qui implique généralement plusieurs analyses des équilibres limites,
avec des paramètres géotechniques variant dans la plage mesurée ou de manière aléatoire à l'aide d'une
approche de type Monte Carlo,
• L’approche de conception basée sur la fiabilité, qui vise spécifiquement une probabilité de rupture
acceptable pour la société et qui dépend à la fois des conséquences de la rupture et du niveau de connaissance
du site et du modèle de prédiction.

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La conception des digues et de stockage des résidus

Considérations de design géotechnique de la digue et stockage des résidus

• L'emplacement du TSF (Tailings Storage Facility) ou parc à résidus, déterminé par les conditions du site
(climat, topographie et sismicité), les exigences de stockage et le coût :
➢ climat :
- En particulier les précipitations et l'évaporation,
➢ La topographie :
- Le relief topographique détermine le volume de "stockage libre" disponible dans les vallées,
- Dans un climat sec, ce volume peut être consacré aux résidus,
- Dans un climat humide, il doit généralement être partagé entre les précipitations et les résidus,
➢ Sismicité :
- La sismicité élevée régit souvent la conception des barrages/stockages de résidus,
- La sismicité élevée peut devoir être prise en compte après la fermeture (à long terme) partout.

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La conception des digues et de stockage des résidus

Considérations de design géotechnique de la digue et stockage des résidus


• Choix de la méthode de construction de la digue,
• Évaluation de la catégorie de conséquences de la rupture de la digue et de la catégorie de déversement dans
l'environnement, y compris la considération de la fermeture de la digue,
• Évaluation des critères de conception correspondant à la conséquence attribuée :
✓ Crue de conception : généralement basée sur des données fiables,
✓ Sollicitations sismiques de référence :
✓ Rupture de la digue et écoulement : limité aux ruptures de barrages hydrauliques et aux méthodes
empiriques,
• Programme d'études et d'essais géotechniques pour développer le modèle géotechnique, fournir des données
pour la sélection des paramètres de conception et trouver des matériaux d'emprunt pour la construction du la
digue,
• Analyses de la stabilité géotechnique, de la liquéfaction, de l'infiltration et de la déformation,
• Spécifications de la construction de la digue.

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Les principaux paramètres géotechniques des résidus

1. Les principales causes géotechniques des ruptures des digues à stériles,


2. Les méthodes d'évaluation des risques liés aux résidus et l'acceptabilité des
risques,
3. La conception des digues et de stockage des résidus,
4. Les principaux paramètres géotechniques des résidus,
5. Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité avec les
objectifs de la conception.

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Les principaux paramètres géotechniques des résidus

Caractéristiques d’identification physique des résidus


Relations entre la mécanique des sols et les résidus miniers
• Teneur en eau gravimétrique, w = 100 x Masse d'eau/Masse de solides, en %,
• Teneur en eau totale (minière) = 100 x Masse d'eau/Masse totale (solides + eau), en %,
• % de solides en masse = Masse des solides/Masse totale (solides + eau) = 1/Teneur en eau totale,
• Densité sèche = Poids spécifique/(1 + indice de vide) = Poids spécifique/(1 + Teneur en eau gravimétrique) x
Poids spécifique/Degré de saturation = Poids spécifique/(1 + Teneur en eau gravimétrique x Poids spécifique), pour
une saturation totale (la densité sèche peut être calculée à partir de la GMC et de la SG)
• Densité humide = Densité sèche x (1 + teneur en eau gravimétrique/100),
• Taux d'infiltration/surface d'écoulement = conductivité hydraulique x gradient hydraulique
• Gradient hydraulique = hauteur de chute/longueur du trajet d'écoulement

• Pourcentage de la fraction > 0,075mm : identifié par la granulométrie,


• Pourcentage de la fraction fine < 0,075mm : identifié par l’hydromètre,
Permettant la
• Pourcentage de la fraction de 0,02 micron à 2 mm : identifié par Granulométrie laser,
classification
• Limites d’Atterberg: limites de liquidité et indice de plasticité, des matériaux
• Teneur en eau optimale et poids volumique sec maximal: identifiés par l’essai Proctor,
• Indice de portance CBR: identifié par l’essai CBR.

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Les principaux paramètres géotechniques des résidus
Caractéristiques mécaniques des résidus et essais d’identification
• Paramètres de consolidation Cc et Cs et perméabilité : identifiés par l’essai de
consolidation à l'oedomètre avec mesure de la conductivité hydraulique,
• Détermination effective de la limite de retrait : par la réalisation d’essai de
dessiccation sur un prélèvement non remanié,
• Résistance au cisaillement non drainée :
✓ Scissomètre in situ ou en laboratoire,
✓ CPTu,
✓ Essai triaxial non consolidé non drainé CUU,
• Conductivité hydraulique et pressions interstitielles : à partir d'essais de
dissipation, CPTu
• Cohésion et angle de frottement effectifs :
✓ Essais triaxial consolidé non drainé CU+u,
✓ Essai de cisaillement direct,
• Résistance au cisaillement non drainée post cyclique (après liquéfaction
dynamique):
✓ Essais de cisaillement direct cyclique et monotone post cyclique,
✓ Essais triaxiaux cyclique et monotone post cyclique. 19
Les opérations de construction et d’exploitation assurant
la conformité avec les objectifs de la conception

1. Les principales causes géotechniques des ruptures de digues à stériles,


2. Les méthodes d'évaluation des risques liés aux résidus et l'acceptabilité des
risques,
3. La conception des digues et de stockage des résidus,
4. Les principaux paramètres géotechniques des résidus,
5. Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité
avec les objectifs de la conception.

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Les opérations de construction et d’exploitation assurant
la conformité avec les objectifs de la conception

Les opérations de construction et d’exploitation assurant la conformité avec les objectifs


de la conception:

Aspects liés à la construction :


• Assurer la sélection de matériaux d'emprunt appropriés, y compris les résidus,
• Assurer l'AQ/CQ (procédures d’assurance de la qualité et de contrôle de la qualité), en particulier pour le
zonage et le compactage,
• Conserver de bons dossiers de construction et d'exécution.
Aspects opérationnels :
• Respecter les exigences relatives au dépôt des résidus ; par exemple :
- Dépôt cyclique à partir d'orifices périmétriques en couches minces pour la construction en amont,
- Maintenir un bassin de décantation aussi petit que possible, à moins qu'une couverture d'eau ne soit
nécessaire pour la stabilité géochimique ou qu'une surface humide ne soit requise pour la suppression
des poussières.
Surveillance et contrôle : détaillée dans le module 4.

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MERCI POUR VOTRE ATTENTION

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