Vous êtes sur la page 1sur 8

L'état des lieux des pays libérés

Cela fait 138 ans qu'a eu lieu la conférence de Berlin où les puissances
colonisatrices européennes se sont réunies pour se partager les territoires africains
et leurs ressources, en divisant le continent et sa population principalement en six
régions. Dans une moindre mesure pour Le Royaume d'Italie, L’Empire Allemand, le
Portugal et l’Espagne qui n’avaient pas la possibilité de plus s'élargir. Pendant que
l’Angleterre et la France, les deux forces militaires, politiques et économiques du
moment ont reçu presque la totalité des territoires, laissant place à la naissance du
pouvoir colonial français dans la terre africaine.

Un siècle plus tard et après une décennie de guerres et luttes pour leurs
indépendances, ces nouvelles nations ont traversé des processus internes et
externes dans leur formation qui les ont menés à leur situation actuelle.

Dans ce travail nous allons présenter ces processus de formation de quelques


territoires colonisés, des interventions étrangères et leur situation actuelle. Cela pour
mieux comprendre le phénomène de la francophonie dans le contexte mondial.

Haïti (indépendance 1804)


L’indépendance d’Haïti a été proclamée le premier janvier 1804 par Jean-Jacques
Dessalines, Haïti devient donc la deuxième nation à être indépendante dans le
continent américain et la première république noire libre.

La première Constitution d’Haïti proclamait que tous les Haïtiens, de n’importe quelle
couleur de peau, devaient être appelés “noirs”, y compris les groupes d’allemands et
polonais qui avaient combattu avec le mouvement de libération et étaient devenus
citoyens. (Nicholls, 1978)

Même si la déclaration de l’Acte d’indépendance stipulait l’intention “...d’assurer à


jamais aux indigènes d’Haïti un gouvernement stable” les événements à l’avenir la
contrediront énormément puisqu’entre 1804 et 1857, 24 chefs d’État seront
assassinés ou renversés sur un total de 36. Le premier entre eux a été Jean-
Jacques Dessalines qui n’a été en poste que deux ans, jusqu’à son assassinat.

En 1825 le roi de France, Charles X, reconnaît finalement l’indépendance du pays


mais il exige une indemnité de 150 millions de franc-or, cette somme sera réduite à
90 millions en 1938. Il faudra plus de cent ans à Haïti pour s’acquitter de cette dette.

Dès 1910, les États-Unis commencent à s’installer en Haïti et à s’en approprier. Ils y
construisent des voies ferrées et chassent les paysans sans titre de propriété. En
1915, prenant le prétexte de la Première Guerre mondiale, ils occupent militairement
le pays. Les Haïtiens sont très hostiles à l’occupant qui n’hésite pas à les fusiller par
centaines lorsque cela lui semble nécessaire. Les États-Unis contribuent néanmoins
à moderniser le pays au niveau de ses infrastructures (téléphone, routes, éclairage,
etc.).

En 1957, François Duvalier, surnommé “Papa Doc” a été élu président. Il impose
dès le début de son mandat une politique dictatoriale : interdiction des partis
d’opposition, instauration de l’état de siège, utilisation d’une milice paramilitaire, les
tristement célèbres « tontons macoutes ». Avec l’aide de cette garde personnelle, il
neutralise l’armée et, en 1964, se proclame « président à vie ». En modifiant la
Constitution, il désigne son fils Jean-Claude comme successeur.

En 1971, Jean-Claude Duvalier, 19 ans, accède à la présidence du pays. En raison


de son très jeune âge, on le surnomme « Baby Doc ». Comme son père, il tient le
pays d’une poigne de fer mais, à cause de la corruption et de l’incompétence, son
régime s’enlise. Il finit par être renversé, en 1986, par un soulèvement populaire et
part se réfugier en France.

La constitution en vigueur d’Haïti a été acceptée le 29 mars 1987 après la chute du


régime de Duvalier. Cette constitution établit un système semi-présidentiel. Le
président est élu par suffrage universel direct tous les 5 ans. il peut être deuxième
fois mais pas immédiatement. En aucun cas, il ne sera réélu pour un troisième
mandat.

Si le français est déclaré langue officielle en 1918, Haïti est un pays officiellement
bilingue depuis la Constitution de 1987. Le français est généralement pratiqué par
l’élite scolarisée et le créole par l’ensemble de la population. Faute de statistiques
fiables, il est possible d’affirmer que le nombre de locuteurs de français est d’un peu
moins que la moitié de la population. Le français est la principale langue
d’enseignement à tous les niveaux du système éducatif haïtien. (CENTRE DE LA
FRANCOPHONIE DES AMÉRIQUES, 2022)

Haïti est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis


sa création. Il est aussi membre de l’Assemblée parlementaire francophone et a été
membre fondateur de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), créée
en 1970, qui deviendra l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Viêt-Nam - L’Indochine- (indépendance 1945)

Occupée de 1883 jusqu'à 1945 (Saez, 2020), l’Indochine a été la première nation qui
a initié et gagné une révolution d'indépendance contre la France de la post-guerre et
qui a éveillé un sentiment révolutionnaire chez les autres colonies françaises. Ce
que l’on peut considérer a posteriori comme une motivation de la future vague
d'indépendances de la deuxième partie du XXème siècle.

A partir de son indépendance, le pays a initié une guerre civile qui a été marquée
par deux fronts, le nord d’un gouvernement socialiste soutenu par l’Union Soviétique
et la République Populaire de Chine, et le sud, pro-occidental soutenu par Les États
Unis d’Amérique.

Ce conflit interne, conjugué avec les tensions entre les puissances américaine et
soviétique dans un scénario bipolaire vécu après la deuxième guerre mondiale a
adressé le pays dans un conflit armé directe contre les Etats Unis, quand après
“l'attentat” du Golf de Tonkin, un incident où deux destroyers américains ont été
prétendument attaqués par le nord, les américains ont commencé un engagement
contre le Nord-Viêt Nam et bombardent le pays en 1965.

A partir de ce moment-là, de plus en plus de soldats américains et alliés


commencent à débarquer dans le territoire vietnamien.

En 1968, on en arrive à compter plus de 500 000 Américains en uniforme au Sud-


Vietnam. Ces soldats et leurs alliés (50 000 Sud-Coréens, 7500 Australiens, 500
Néo-Zélandais, 2000 Philippins, 8000 Thaïlandais) sont néanmoins en minorité à
côté du million de soldats et miliciens engagés dans l'armée sud-vietnamienne.
(Larané, 2020)

10 ans plus tard et après plusieurs manifestations aux États Unis contre la guerre
qui demandaient le retour des soldats américains, ajouté aux pressions des
mouvements afro-américains qui demandaient ne plus envoyer des noirs à la guerre,
en plus des désertions des soldats et de la défaite de son partenaire, Viet Nam du
sud, les États Unis quittent le territoire asiatique pour mettre fin à la guerre de 30
ans.

Le pays maintient un gouvernement socialiste sous la direction du parti communiste.


État membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Viet Nam garde
le français comme langue étrangère dû au nombre de francophones dans le territoire
(693,000) qui représente le 1% de la population (Organisation Internationale de la
francophonie , 2022). Bref, “le français est peu visible, voire inexistant en dehors des
grandes villes”. (Noir, 2016)

A partir de 1994, les États Unis décident de retirer le blocus économique imposé
trois décennies avant. (Caño, 1994) Actuellement, le pays maintien des relations
commerciales avec l'occident et il est devenu une des économies les plus grandissantes de
la région. En 2021, l’Ambassade Française au Viêt Nam l’a nommé “Champion du Monde de
la croissance économique en 2020” (OCHSENBEIN, 2021) en pleine pandémie du COVID-
19.
Algérie (indépendance 1962)

Les accords d'Évian, du 18 mars 1962, sont des accords conclus entre le gouvernement
français et les représentants du Front de libération nationale (FLN). Du côté des Français,
les pourparlers sont menés par Louis Joxe, R. Buron et J. de Broglie ; du côté algérien par
Belkacem Krim, L. Ben Tobbal, S. Dahleb et M. Yazid.

La France reconnaît l'indépendance de l'Algérie, l'intégrité de son territoire (qui comprend le


Sahara) et l'intégrité de son peuple. Elle s'engage notamment à évacuer progressivement
ses troupes et à maintenir pendant trois ans le taux de l'aide fournie à l'Algérie en 1961. Aux
accords est jointe une déclaration de principe sur la coopération franco-algérienne, qui
donne des assurances à la France, notamment dans le domaine du pétrole. Le 8 avril 1962,
un référendum français approuve les accords d'Évian ; le 1er juillet, un référendum algérien
consacre l'indépendance de l'Algérie.

DÉCLARATIONS GOUVERNEMENTALES DU 19 MARS 1961 RELATIVES À L'ALGÉRIE

A) DÉCLARATION GÉNÉRALE

Le peuple français a, par le référendum du 8 janvier 1961, reconnu aux Algériens le droit de choisir,
par voie d'une consultation au suffrage direct et universel, leur destin politique par rapport à la
République française.

Les pourparlers qui ont eu lieu à Evian, du 7 mars au 18 mars 1962 entre le gouvernement de la
République et le FLN., ont abouti à https://francophoniedesameriques.com/zone-franco/la-
francophonie-des-ameriques/antilles/haiti https://francophoniedesameriques.com/zone-franco/la-
francophonie-des-ameriques/antilles/haitila conclusion suivante.

Un cessez-le-feu est conclu. Il sera mis fin aux opérations militaires et à la lutte armée sur l'ensemble
du territoire algérien le 19 mars 1962, à 12 heures.

Les garanties relatives à la mise en œuvre de l'autodétermination et l'organisation des Pouvoirs


publics en Algérie pendant la période transitoire ont été définies d'un commun accord.

La formation, à l'issue de l'autodétermination d'un État indépendant et souverain paraissant conforme


aux réalités algériennes et, dans ces conditions, la coopération de la France et de l'Algérie répondant
aux intérêts des deux pays, le gouvernement français estime avec le FLN, que la solution de
l'indépendance de l'Algérie en coopération avec la France est celle qui correspond à cette situation.
Le gouvernement et le FLN ont donc défini d'un commun accord cette solution dans des déclarations
qui seront soumises à l'approbation des électeurs lors du scrutin d'autodétermination.
L'ALGÉRIE DE BEN BELLA (1962-1965)

Depuis le mois de mai 1962, une épreuve de force est engagée entre Ben Khedda,
d'une part, et Ben Bella, d'autre part. Une Assemblée nationale constituante, élue le
20 septembre, désigne Ben Bella comme chef du premier gouvernement algérien
(29 septembre). Peu après (8 octobre), l'Algérie est admise à l'ONU.

Le nouvel État s'emploie à réduire l'opposition intérieure et en même temps à


résoudre les graves difficultés économiques créées par le départ massif des
Européens. Le chômage atteint 70 % des travailleurs (plus de 2 millions de
chômeurs) et plus de 1 million d'hectares de terre sont vacants. L'État est ainsi
amené à rechercher des solutions socialistes originales, telle la prise en charge des
grandes exploitations agricoles par des « comités de gestion » élus par les fellahs.

La Constitution de 1962 déclarait dans son article 3: «L'arabe est la langue nationale
et officielle.» Même si le texte constitutionnel omet délibérément de spécifier le type
d'arabe, il s'agit de l'arabe classique issu du Coran. Le nouveau régime refusait tout
statut à l'arabe algérien et au berbère (tamazight) en invoquant le motif que les
Français s'y seraient intéressés durant la colonisation. Les autorités algériennes
décidèrent en plus que l'arabe algérien et le berbère étaient des langues « impures »
parce qu'elles contenaient des mots étrangers.

L'ALGÉRIE de Houari Boumediene (1965-1978)


Candidat unique du parti unique, Boumediene est élu en décembre président de la
République algérienne ; il organise, en février 1977, des élections législatives et la
mise en place d'une Assemblée nationale.

Durant treize ans, le colonel Houari Boumediene domine la scène politique


algérienne. Il exerce un pouvoir autoritaire, compensé, au plan social, par une
redistribution de la rente pétrolière. Les principaux axes de sa politique sont : le
développement systématique de l'enseignement ; la récupération des richesses
nationales en hydrocarbures ; une politique économique étatiste à coloration
marxiste, axée sur l'industrialisation ; une diplomatie offensive qui hisse l'Algérie,
héritière d'une guerre de libération constamment rappelée, au rang de pays phare
du tiers-monde.

Ressentant une profonde animosité face à la langue française, le colonel-président,


qui se disait un « authentique Algérien », met au point une politique linguistique
d'arabisation destinée à éradiquer le français et à promouvoir la langue coranique,
c’est-à-dire l'arabe classique ou littéraire que personne ne parlait dans le monde
arabe.
L'Algérie de CHADLI (1979-1988)

En 1979, le colonel Chadli Bendjedid, qui ne parlait pas français (mais le tamazight
qu'il détestait), succéda à Boumédiène comme troisième président de l'Algérie.

Le 31 janvier 1979, le colonel Chadli est porté à la tête du secrétariat général du


parti du FLN ; désigné comme candidat unique à la présidence, il est élu le 7 février.
La politique qu'il va mener pendant est une remise en cause, prudente et
progressive, de celle de son prédécesseur.

Au plan diplomatique, l'Algérie se rapproche de la France : à partir de 1981-1982, les


deux pays retrouvent leurs « relations privilégiées », concluant d'importants accords
sur la fourniture de gaz et de gros contrats d'équipement. Chadli améliore également
les rapports avec les autres pays maghrébins en signant des traités de fraternité et
de concorde avec la Tunisie, puis la Mauritanie, et en rétablissant, à partir de 1983,
les relations avec le Maroc.

Réélu à la présidence en janvier 1984, Chadli fait adopter par l'Assemblée, en 1986,
une nouvelle charte nationale qui consacre sa politique : encouragement de
l'initiative privée, politique d'arabisation et d'islamisation, engagée dès 1984, avec la
mise en place d'un code de la famille, qui est cependant combattu par les féministes
et les modernistes.

Guerre civile algérienne


La guerre civile algérienne ou décennie noire a été une guerre civile qui oppose le
gouvernement algérien, disposant de l’Armée nationale populaire (ANP), et divers
groupes islamistes. Le conflit se termine par la victoire des forces gouvernementales
avec la reddition de l'Armée islamique du salut (AIS) et la défaite du Groupe
islamique armé (GIA). En dix ans, les violences font entre 60 00019 et 150 000
morts, ainsi que des milliers de disparus, un million de personnes déplacées, des
dizaines de milliers d'exilés et plus de vingt milliards de dollars de dégâts.

La réforme constitutionnelle de 2008 établit un système politique du type


présidentiel. Le président est élu par suffrage universel et direct. Le gouvernement
est responsable face au président et il y a un mécanisme de control parlementaire.
Le Parlement est composé par l’Assemblée Populaire Nationale et le Congrès de la
Nation.

La réforme constitutionnelle de 2008 établit un système politique du type


présidentiel. Le président est élu par suffrage universel et direct. Le gouvernement
est responsable face au président et il y a un mécanisme de control parlementaire.
Le Parlement est composé par l’Assemblée Populaire Nationale et le Congrès de la
Nation.
La langue officielle et nationale de l’Algérie est arabe classique, la langue nationale
est le tamazigh mais l’arabe dialectal et le français sont les langues couramment
utilisées, en fait, il y a 15 millions d’Algériens qui parlent la langue française d’après
l’Observatoire de langue française et de l’Organisation internationale de la
francophonie. (A., 2022)

Depuis l'indépendance, les différents leaders algériens ont toujours refusé les liens
avec ce qui est devenu aujourd'hui la Francophonie. L'Algérie s'est toujours dérobée
à toutes les rencontres qui ont donné naissance à cette organisation internationale.
(Leclerc, 2021)

Travaux cités
A., A. (2022). Voici le nombre d'Algériens qui parlent français . ZAIR AILY.
Caño, A. (1994). Estados Unidos levanta el embargo económico a Vietnam tras 30 años. El
País.
CENTRE DE LA FRANCOPHONIE DES AMÉRIQUES. (2022). Récupéré sur CENTRE DE
LA FRANCOPHONIE DES AMÉRIQUES :
https://francophoniedesameriques.com/zone-franco/la-francophonie-des-ameriques/
antilles/haiti
Larané, 1.-1. A. (2020). La guerre du Vietnam. Herodote.net. Récupéré sur
https://www.herodote.net/La_guerre_du_Vietnam-synthese-1750.php
Leclerc, J. (2021, 09 27). L'aménagement linguistique dans le monde . Récupéré sur
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/index.html
Nicholls, D. (1978). Race, couleur et indépendance en Haïti. Revue d'histoire moderne et
contemporaine.
Noir, F. (2016). Vietnam: la langue française a-t-elle encore sa place face à l'influence
grandissante de l'anglais ? rfi.
OCHSENBEIN, H. (2021, 01 04). Tresor Économique. Récupéré sur
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/63086759-1014-49ed-8eb0-
a88bfe9c8fa8/files/156436e3-cb96-44e2-a4eb-558d92fdbdd3?
adlt=strict&toWww=1&redig=98A2BBF40B6C44E7B274E754624C37B3
Organisation Internationale de la francophonie . (2022). Récupéré sur
https://www.francophonie.org/vietnam-991?
adlt=strict&toWww=1&redig=116C614CE65C4FDFBA96F8B67D989129
Saez, R. G. (2020, 09 02). CUBA DEBATE . Récupéré sur
http://www.cubadebate.cu/especiales/2020/09/02/vietnam-aniversario-75-de-la-
independencia-bajo-el-liderazgo-de-ho-chi-minh/?
adlt=strict&toWww=1&redig=418DBAF31DE24C5D9D7D168FB9107E4D

Vous aimerez peut-être aussi