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DES MARCHES INTERIEURS AU MARCHE COMMUN EN ZONE
CEEAC-CEMAC : LA CONSOLIDATION PAR LES DROITS DE LA
CONCURRENCE ET DE LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR ?
SUJET DE LA COMMUNICATION :
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politique de concurrence. Nous avons donc, dans le cadre de ce colloque, proposé
d’amorcer cette étude en ce qui concerne la politique communautaire du contrôle des
concentrations.
La réforme portée par le règlement 06/19 n’a pas laissée indemne la politique
communautaire du contrôle des concentrations. Au moins sur le plan d’une
appréciation statistique comparative des articles avant et après la réforme, nous
sommes passés de 15 à 23 articles consacrés à cette politique de concurrence dans le
règlement 06/19, sans y ajouter les 10 articles du règlement de procédure1 et le
formulaire C de saisine à elle consacrée. Il est l’objet du titre IV du règlement 04/19,
en ses articles 57 et suivants. Par ailleurs, le contrôle des concentrations est
également concerné par le grand chamboulement intervenu au niveau du système
institutionnel d’application des règles communautaire de concurrence. La question
juridique centrale de la présente communication est de vérifier si, comme annoncée
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Articles 52 à 62 du Règlement de procédure n° 000350 relatif à la procédure pour l’application des
règles de concurrence du 25 septembre 2020.
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au neuvième Considérant du Règlement n° 06/19, cette réforme a permis d’atteindre
l’objectif d’harmonisation et de simplification de cette branche de notre droit de la
concurrence. Si les résultats de la recherche permettent de démontrer ces deux
objectifs comme atteints, alors nous serions en droit de conclure que cette
harmonisation et cette simplification de notre droit communautaire du contrôle des
opérations de concentration participent désormais de la consolidation de cette
branche de notre politique de concurrence. C’est là l’intérêt principal de notre sujet.
On peut donc dire que dans 4 pays sur les 6 dont les territoires constituent
géographiquement son marché intérieur, la CEMAC peut voir les opérations de
concentration contrôlées. Depuis 1999, la CEMAC elle-même contrôle des opérations
de concentration relevant de son champ de compétence, suivant des critères
anciennement définis à l’article 6 du Règlement n°1//99/UEAC-CM-639 portant
réglementation des pratiques commerciales anticoncurrentielles du 25 juin 1999,
dont l’application cumulée permet de définir la dimension communautaire de
l’opération de concentration projetée.
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attendant la mise en place de la Commission de la concurrence prévue par l’article 3
de la loi sur la concurrence de 1998 et le ministre en charge de l’économie, autorité de
décision en matière de concentration.
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Une interprétation inductive des articles 57, 58 et 59 du règlement n° 06/19
nous donne à considérer que les critères classiques de la compétence communautaire
exclusive sont maintenues, même si la modification du seuil des opérations de
concentrations reste une réforme particulièrement importante. En effet, ajoutée à
l’élargissement à titre conditionnel du champ de compétence de l’autorité
communautaire en matière de concentration, elle participe à une redéfinition
aujourd’hui du champ de compétence de l’autorité communautaire de concurrence,
ratione materie et ratione loci.
La révision du seuil fondé sur le chiffre d’affaires est patente. Selon l’article 59
alinéa 2, « Une opération de concentration est de dimension communautaire lorsque
les entreprises parties à l’opération réalisent ensemble sur le Marché Commun un
chiffre d’affaires supérieur à dix (10) milliards de francs CFA hors taxe (…) ».
L’ancien article 6 alinéa 2 du règlement 01/99 avait fixé pour ce critère le seuil d’un
milliard pour chacune des entreprises parties à l’opération. Cette révision du seuil des
opérations de concentration de dimension communautaire a pour conséquence
directe d’exclure du champ de compétence de l’autorité communautaire de
concurrence, toutes les opérations de concentration en deçà du seuil de dix (10)
milliards de chiffre d’affaires pour l’ensemble des entreprises concernées.
La révision du critère fondé sur les parts de marché détenus par les entreprises
parties à l’opération de concentration est toute en nuance. Mettons en miroir la
formulation de l’ancien article 6 du règlement de celle du nouvel article 59 alinéa 2 «
Une opération de concentration est de dimension communautaire lorsque (…) les
entreprises parties à l’opération détiennent ensemble 30 % du marché ». Selon
l’article 59 alinéa 2, « une opération de concentration est de dimension
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communautaire (…) qu’elles détiennent plus de 30 % du marché ». Nous sommes
passés de « détiennent ensemble 30% de parts de marchée » à « détiennent plus de
30° de parts de marché ». Le critère fondé sur les parts de marché détenus par les
entreprises parties à l’opération n’est plus de 30% de parts de marché, mais de plus
de 30% de parts de marché. Ceci signifie que la Communauté n’est plus compétente à
se prononcer sur les opérations de concentrations lorsque les entreprises parties
réunissent 30% de parts de marché et en deçà de ce pourcentage.
Ces mouvements à la hausse des deux curseurs des seuils des opérations de
concentrations entraînent une importante redéfinition du champ ratione materiae
des opérations de concentration relevant du domaine de compétence de l’autorité
communautaire de la concurrence. Certaines opérations qui autrefois seraient
tombées dans son champ de compétence ne le seront plus, à moins que le critère de
l’effet ne soit vérifié.
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Article 23 a) et b) de la Convention de l’UEAC.
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En matière de contrôle des opérations de concentration, l’autorité
communautaire de concurrence va désormais suppléer les autorités nationales dans
certains Etats. C’est toute la quintessence de l’article 59 alinéa 4 qui dispose que :
« Toutefois, lorsqu’une opération de concentration relève d’un Etat membres qui ne
dispose pas de loi nationale sur la concurrence et/ou d’autorité nationale de la
concurrence, le contrôle de l’opération de concentration est de la compétence de
l’autorité communautaire ». Une disposition similaire existe en matière de pratiques
anticoncurrentielles. C’est celle de l’article 22 alinéa 3 qui prévoit qu’« en l’absence
d’une autorité nationale de concurrence en en cas de carence de celle-ci, dans un
Etat concerné, la Commission exerce les compétences prévues au présent article »4.
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désormais évoluer ensemble la politique de concurrence dans tous les Etats membres,
y compris en suppluéant les autorités non encore mises en place.
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C’est le principe des vases communicants : « Récipients qui communiquent par
leurs bases et qui, quelles que soient leurs formes, se remplissent à la même hauteur
lorsqu'on verse un liquide dans l'un d'eux »6. La Communauté et les Etats membres
dans le langage de l’intégration communiquent. Communiquer, selon le dictionnaire
le LITTRE, signifie c'est « rendre commun, faire part, transmettre »7. C’est ce que le
Règlement essaie de faire en matière de concentration.
L’article 59 alinéa 4 est venu combler en fin de compte des vides juridiques
dans différents Etats membres de la CEMAC. Il faudrait relire ce texte pour s’en
convaincre : « Toutefois, lorsqu’une opération de concentration relève d’un Etat
membres qui ne dispose pas de loi nationale sur la concurrence et/ou d’autorité
6
www.languefrancaise.com. Site internet consulté le 10 mars 2023.
7
https://Littré - communiquer - définition, citations, étymologie (littre.org). Consulté le 10 mars 2023.
8
Dans l’expérience communautaire pionière que constitue l’Union européenne où les droits nationaux
de la concurrence ont précédé le droit communautaire de la concurrence dans la grande majorité de
ses Etats membres, cette dynamique est manifestement compréhensible. Ainsi, lorsqu’arrive l’autorité
communautaire, tandis qu’un instrument juridique, généralement les Actes fondateurs de la
Commauté lui confère des compétences communautaires, le même texte, ou tout autre instrument
communautaire, es adopté aussitôt pour préciser son champ de compétence, considération de celui des
Etats membres.
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nationale de la concurrence, le contrôle de l’opération de concentration est de la
compétence de l’autorité communautaire »9. Cette orientation de notre droit va
permettre de combler les déficits suivants, qui ne sont pas les mêmes dans les Etats
concernés. Il faut pallier l’absence de législation pour certains, et l’absence d’autorité,
pour d’autres.
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On note cependant une contradiction d’avec l’article 2 alinéa 3 de la Directive nº 06/19-UEAC-639-
CM-33 du 8 avril 2019 relative à l’organisation institutionnelle dans les États membres de la CEMAC
pour l’application des règles communautaires de la Concurrence qui prévoit que « les administrations
des Etats membres en charge des questions de concurrence et de consommation font office d’autorité
nationale de la concurrence en attendant la mise en place effective de l’autorité ».
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nouvelles opportunités, notamment de coopération tant pour les autorités
communautaire de nationales de concurrence.
Même si une forte coopération est désormais instituée entre les Autorités
communautaire et nationales de concurrence ( B), il faut cependant relever que la
Commission de la CEMAC, autorité communautaire de la concurrence, reste seule
compétente pour connaitre des opérations de contrôle des concentrations et en
décider (A).
Il n’y aura pas plus que par le passé de partage de compétence entre les autorités
nationales et communautaires de concurrence en matière de concentrations de
dimension communautaire (1). A ce sujet, l’autorité communautaire de concurrence
dispose de pouvoirs procéduraux élargis (2), qui peuvent, pour peuvent partagés avec
les autorités nationales. Celles-ci peuvent d’ailleurs être appelées à intervenir dans le
processus de prise de décision en la matière (3).
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Ces pouvoirs peuvent varier selon que l’autorité communautaire de concurrence
intervient comme autorité communautaire ou comme autorité nationale dans le cadre
d’une opération de concentration projetée.
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Relèvent donc désormais du passé les ambigüités du règlement 01/99, qui avaient justifié des critiques
doctrinales fortes.
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Article 8 alinéa 2.
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V. Egalement, article 11 du règlement 06/19.
14
Article 36 alinéa 1.
15
Article 34.
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note également le droit de communication du procès-verbal d’audition et de saisie
prévu par l’article 37 in fine.
Ainsi, ces mécanismes sont deux ordres. Les autorités nationales sont
naturellement impliquées dans la procédure par le truchement des mécanismes
d’informations prévues à l’article 63 alinéa 2 du Règlement 06/19. Elles peuvent être
finalement amenées à participer activement à la procédure dans le cadre de la mise
en œuvre des droits que leur reconnait l’article 72.
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Ces critères de compétence, ou a contrario, des critères justifiant le renvoi
à telle autorité compétente, sont clairement définis par les dispositions du règlement
06/19, lorsqu’ils ne s’imposent pas par interprétation.
C’est donc en application de ces critères que des renvois respectifs de compétence
entre les autorités nationales et les autorités communautaires sont envisagées par le
règlement de procédure n° 000350 :
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« Ensemble, la Commission, le CCC et les autorités nationales de la concurrence, les
autorités sectorielles de régulation des Etats membres forment un réseau pour le
partage de l’information, le développement des capacités opérationnelles et
l’application homogènes des règles communautaires de concurrence ».
CONCLUSION
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- QUE TOUTES LES OPERATIONS DE CONCENTRATIONS SERONT
DESORMAIS CONTROLEES, SOIT PAR UNE AUTORITE
NATIONALE DE CONCURRENCE, SOIT PAR L’AUTORITE
COMMUNAUTAIRE DE CONCURRENCE ;
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