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L’enregistrement analogique de l’occlusion en relation centrée - G. Laborde et coll.

Enregistrement analogique
de l’occlusion en relation centrée :
moderne, efficient, assisté
G. LABORDE, C. SANTUNIONE,
L. CHEVÈNEMENT, C. MANSUY
Chirurgiens-dentistes

––L’empreinte à l’alginate est-elle


efficiente ?
––Ressentez-vous du stress
lors de l’enregistrement de l’occlusion
en relation centrée ?
––Utilisez-vous une butée antérieure
L’ enregistrement analogique de l’occlusion
et sa finalité, la parfaite simulation au labo-
ratoire, cumulent de nombreuses étapes
à maîtriser, tant cliniques que techniques,
avant de réussir l’intégration clinique de nos restaura-
tions. Cette réussite est caractérisée par un minimum
de retouches cliniques.
pour cet acte clinique ? Il est donc nécessaire de maîtriser : la connaissance de
nombreux matériaux (cires, oxydes de Zinc, alginates,
––Utilisez-vous des clés vestibulaires
silicones, polyéthers, plâtres, résines, et composites,
pour enregistrer l’occlusion ? etc..), les matériels (porte-empreintes, et seringues) ;
les techniques d’empreinte globales, classique et
clinique (Alginates, silicones VPS et polyéthers, en
double mélanges, silicones VPS en empreinte reba-
Les auteurs ne déclarent aucun lien d’intérêt. sée) ; l’efficience des différents modèles (d’étude/

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alginate, 1 temps VPS DM, 1 temps VPS rebasé, 2 temps polyéther DM, 1 temps

1. Étude de quatre antagoniste, d’analyse occlusale, et pour occlusale, et de projet prothétique (fig. 1).
techniques d’empreinte projet thérapeutique) ; une nouvelle tech- Nous insisterons uniquement sur certains
et de la qualité nique d’enregistrement de l’occlusion en détails en relation avec l’enregistrement
des modèles. relation centrée (RC), manuelle vs assis- de l’occlusion, pas à pas, sans manipula-
tée. tion mandibulaire mais avec un dispositif
Les objectifs de cet article sont la com- médical d’assistance, du type butée anté-
paraison clinique de l’efficience des rieure (BA). La bibliographie vous permet-
empreintes et des modèles qui en sont tra de faire le point, si nécessaire, sur les
issus, la démystification de la phase cri- autres détails de ces techniques.
tique qu’est l’enregistrement de l’occlu-
sion en RC, et l’utilisation d’un dispositif Le choix du porte-empreinte
d’assistance afin de faciliter la maîtrise Les différents matériels pour empreinte
de l’apprenant et du patient à cet acte cli- globale sont divers et nombreux, métal-
nique redouté. lique ou plastique, perforé ou pas, avec
Tout ce qui concerne les matériaux et rétention ou pas, anatomique, voire indi-
les matériels n’est donc pas pleinement viduel. Notre choix est celui du porte-em-
abordé dans cet article. La partie concer- preinte 3M, plein, plastique avec des
nant la simulation au laboratoire fera l’ob- bords rétentifs, anatomiques (fig. 2).
jet d’un article futur. Disponibles en trois tailles optimisées,
pour le maxillaire et la mandibule, ces
porte - empreintes sont conçus pour
LES TECHNIQUES s’adapter à pratiquement tous les patients
D’EMPREINTES SONT-ELLES adultes. Leur conception minimise les
COMPARABLES ? défauts et les manques en distal afin
d’améliorer la précision de l’empreinte.
« Il n’y a pas de mauvaises techniques, Les rebords postérieurs réduisent le
il n’y a que des techniques mal appli- fluage du matériau d’empreinte et ses
quées » : voici un vieil adage qui repré- dépassements. De plus, un réservoir pala-
sente une réalité quotidienne, car nous tin limite les réflexes nauséeux et offre un
perdons notre savoir-faire et, pire encore, meilleur confort au patient. Prêts à l’em-
nous perdons notre faire savoir. Il s’ap- ploi, ces porte-empreintes sont dotés
plique parfaitement à notre discipline. d’une bande auto-rétentive intégrée au
Nous comparerons les différentes niveau de leur plancher qui empêche tout
empreintes globales, réalisées par décollement du matériau d’empreinte.
des apprenants briffés, au travers de L’application d’un adhésif n’est ainsi pas
modèles antagonistes, d’étude, d’analyse nécessaire.

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2. Choix du porte-
empreinte anatomique
(3M).
3. Empreintes à l’alginate
et détails de modèles.
Un seul défaut est
susceptible d’empêcher
l’engrènement des
2 modèles (flèche rouge).

L’empreinte aux hydrocolloïdes bonne stabilité dimensionnelle est pré-


irréversibles sente tant que les phénomènes d’imbibi-
Excellent matériau hydrophile, pourtant tion/synérèse sont contrôlés.
galvaudé car mal mis en œuvre, c’est Pour une empreinte de qualité, le
une technique qui finit par se perdre. mélange dosé se prépare avec de l’eau
Les hydrocolloïdes irréversibles, appelés froide (réfrigérateur), afin d’augmenter le
aussi alginates, sont très fragiles et se temps de travail, sans stress. En bouche,
déchirent facilement en fine épaisseur, il est nécessaire de supprimer le biofilm
comme en situation intrasulculaire. Mais avec le spray de la seringue, sans sécher
ils sont excellents pour des restaurations car le matériau hydrophile épouse faci-
à limites supra-gingivales. Dans ce cas, lement toutes les surfaces humides. Le
ce matériau est véhiculé par une seringue porte-empreinte est chargé et sa surface
spécifique dans une technique en un est aussi mouillée au doigt. Une enduc-
temps, où le porte-empreinte chargé tion digitale d’alginate est faite sur les
du même produit, est mis en place. Les surfaces occlusales et axiales humides et
résultats sont rapides (un temps) et le porte-empreinte est mis en place. Suite
époustouflants, en utilisant des alginates à la dépose, les excès de matériau débor-
de classe A [1,2]. De nos jours, galvaudé, dant du porte-­empreinte sont supprimés
l’alginate est utilisé la plupart du temps au bistouri afin d’éviter tout décollement
pour des modèles primaires, antago- de l’alginate. La qualité de l’empreinte
nistes, d’études, d’analyse occlusale et peut mieux être appréciée après la coulée
de projet prothétique, mais la technique du modèle en plâtre (fig. 3).
est très souvent mal appliquée. La décontamination des empreintes est
Certes, ils sont fragiles et se dessèchent, faite à 80 % avec un rinçage à l’eau pen-
et nécessitent une coulée en plâtre dant 30 secondes. Pour finir, sa désinfec-
immédiate qui contrarie les praticiens. La tion est faite par pulvérisation et non par

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4. Empreintes injectées immersion, en respectant les temps de Notons que ce matériau a profité d’évo-
VPS en double mélange contact et de rinçage, en appliquant les lutions ; néanmoins, il reste très hydro-
et qualité des modèles. différents protocoles des solutions bacté- phobe, et ne deviendra jamais hydrophile.
5. Empreintes injectées ricides [3]. Afin de différer la coulée en Le principe de la technique, un temps/
VPS rebasée (wash-technic) plâtre, il suffit de conserver une hygro- deux viscosités, impose de choisir des
et qualité des modèles. métrie constante dans une enveloppe viscosités rapprochées, afin d’éviter la
Un seul défaut est étanche, un simple sachet plastique châsse du matériau injecté (light) de sur-
susceptible d’empêcher
zippé, hermétique, saturé en humidité faces axiales provoquant du tirage, et
l’engrènement des
modèles (flèche rouge). constante. au contraire d’épouser parfaitement ces
surfaces et la fusion des deux viscosités.
L’empreinte au silicone Une mise en place du porte-empreinte en
Vinyl-Poly-Siloxane (VPS) douceur aide à éviter ces défauts. Cette
en technique à « double technique est applicable aux matériaux
mélange » alginates, VPS, et Polyéthers.
Le matériau silicone VPS est sûrement Le choix du porte-empreinte 3M, plein,
le plus utilisé dans le domaine des plastique avec des bords rétentifs, anato-
empreintes (fig. 4) [4]. Les divers fabricants miques influence le choix des viscosités.
sont nombreux et offrent des gammes de Le « light » est injecté sur des surfaces
viscosités très abondantes, différentes et séchées tandis que le porte-empreinte
diverses, très lourdes, lourdes, moyennes est investi de matériau « putty soft », mis
et légères (hard, putty, putty soft, heavy, en place en douceur pour finir, et main-
médium, light x, xl, xxl). tenu jusqu’à la polymérisation totale.

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L’empreinte au silicone VPS repère interincisif est nécessaire afin d’as- 6. Empreintes injectées
« rebasée » surer une parfaite mise en place. aux polyéthers en double
Appelée aussi technique du lavis (signi- mélange et modèles.
fiant, très fine épaisseur) ou wash-tech- L’empreinte au polyéther 7. Image des modèles
nic, cette technique, en deux temps/ (Duo Soft, 3M) grossis, sans défauts.
deux viscosités impose de choisir des Les polyéthers sont des produits anciens,
viscosités éloignées en rapport avec les jamais concurrencés, faisant partie de
contraintes subies. L’empreinte primaire la famille des élastomères, avec les sili-
nécessite un matériau VPS de haute vis- cones. Ils sont dotés d’une grande résis-
cosité qui résiste le mieux aux déforma- tance au déchirement, un recouvrement
tions permanentes aux passages des élastique inégalé. Contrairement aux
contre-dépouilles (désinsertion réinsertion silicones, ils sont hydrophiles, et donc
au deuxième temps, et deuxième désin- capables d’absorber et de perdre de l’eau.
sertion après rebasage) (fig. 5) [5]. Après un rinçage à l’eau (30 secondes)
Au deuxième temps, un matériau de faible et une désinfection selon les différents
viscosité doit créer une couche très fine. protocoles des solutions bactéricides,
En revanche, il enregistre davantage de l’empreinte est placée dans un sachet
déformations permanentes au passage plastique zippé si sa coulée en plâtre est
des contre-dépouilles. Il faut privilégier la différée.
qualité du repositionnement de l’empreinte Le Duo Soft (3M) est une proposition pour
primaire afin de limiter les déformations de les empreintes de dentisterie restauratrice
la viscosité très légères. Le recours à un et de réhabilitation (fig. 6 et 7). Le coffret

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8. Coulée du modèle
et moulage du socle.
9. Modèle amovible
et montage
sur articulateur.

propose deux viscosités : une moyenne toujours au même endroit. Il est véhiculé
à mettre dans le porte-empreinte et une par une manipulation délicate de l’opéra-
viscosité légère à injectée. La fusion des teur, le but étant, dans ce premier temps,
matériaux est excellente. de faire glisser en douceur le plâtre sur
Notons que ces matériaux sont très résis- toutes les surfaces de l’empreinte.
tants et rendent la dépose de l’empreinte • Le deuxième temps consiste à inves-
délicate. En amont, il est donc impératif tir la totalité de l’empreinte jusqu’à ses
de fermer les contre-dépouilles impor- limites. Après la prise et matériau refroidi,
tantes et les embrasures ouvertes. le moulage est défait de l’empreinte. Il
est passé au taille-plâtre afin d’aplanir et
La coulée des modèles de paralléliser la base du moulage au plan
La mouillabilité des matériaux d’empreinte d’occlusion.
facilite la coulée des modèles. Hydro- • Le troisième temps consiste à utiliser
philes, les alginates vaporisés d’eau en un moule Cup pour faire un socle afin
surface, sont facilement investis sans dif- de terminer le modèle en plâtre. À cette
ficultés. À l’opposé, les matériaux hydro- occasion, le système Cup fournit un dis-
phobes nécessitent l’usage d’un abaisseur positif clippé mâle/femelle qui permet de
de tension superficielle afin d’améliorer la libérer le modèle de l’articulateur selon les
mouillabilité de la surface des matériaux besoins du prothésiste. La partie femelle
silicones. Néanmoins, la coulée de ces noire est mise en position dans le moule
empreintes est très difficile et demande en caoutchouc et le plâtre est coulé dans le
une attention de tous les instants. socle. L’arcade dentaire est déposée méti-
Le principe de coulée se fait en quatre culeusement sur le plâtre avant sa prise.
temps : Pour terminer, après la prise du plâtre, le
• Le premier temps se déroule au cabi- contour du socle est formé et finalisé au
net ou au laboratoire, avec du plâtre taille-plâtre. La partie mâle blanche du dis-
synthétique de type 4, GC Fujirock Pre- positif est conservée pour l’étape du mon-
mium (fig. 8). Dosé en poudre et en eau, tage sur articulateur (fig. 9).
le plâtre est malaxé sous vide pendant 45 • Le quatrième temps est celui du
à 60 secondes ; il est déposé dans l’em- toilettage pour supprimer les bulles de
preinte vibrée, par petits apports, répétés, plâtre en positif. Il se fait avec une lame

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Toilettage des modèles et OIM

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de bistouri. L’emplacement de ces défauts une butée antérieure (BA) maxillaire, faite
10. Le toilettage
sur les faces occlusales est capable de en résine et placée à cheval, en position des modèles
contrarier l’engrènement des modèles et médiane sur le bord incisif des incisives est nécessaire
de perturber l’occlusion d’intercuspidie centrales ; elle vient recouvrir la face pala- pour perturber
maximale (OIM) (fig. 10). tine de façon homothétique à la pente inci- l’engrènement
sive. Elle permet une augmentation de la des modèles.
dimension verticale d’occlusion (DVO). Ce
NOUVELLE TECHNIQUE dispositif libère un espace sans contacts
D’ENREGISTREMENT occlusaux. Le contact médian sur cette
ANALOGIQUE BA est réglé facilement, afin d’obtenir des
positions condyliennes répétitives en RC,
DE L’OCCLUSION sans manipulations mandibulaires, sans
L’évolution des connaissances en occlu- aucun effort ou difficulté pour le patient ou
sodontie s’est faite grâce à différentes le praticien. Pour l’enregistrement, il suffit
écoles de réhabilitation (prothétique, de déposer un matériau plastique sur les
restauratrice, orthodontique). C’est au faces occlusales des arcades dentaires et
travers d’âpres discussions et de mises d’inviter le patient à fermer pour atteindre,
au point nombreuses et continuelles que sans contrainte le point de contact répéti-
l’oclusodontie a progressé à propos de la tif identifié sur le JIG. Suite à la prise du
RC, de ses positions condyliennes et de matériau, l’enregistrement de l’occlusion,
leur enregistrement, des différentes mani- sans contacts dento-dentaires, définit
pulations mandibulaires, toutes controver- précisément une position articulaire en
sées, et de sa simulation. RC, réitérative.
L’enseignement de l’enregistrement de Le JIG présente une pente incisive impor-
l’occlusion en RC, utilisant le plus sou- tante qui amène la mandibule vers une
vent des manipulations mandibulaires est position des condyles postérieurs, sans
extrêmement délicat pour les apprenants, aucune contrainte lorsque les ATMs fonc-
qu’ils soient, patients, étudiants et/ou tionnent physiologiquement. En présence
confrères. Cet apprentissage fait appel à de dysfonctions temporo-mandibulaires
des notions peu évidentes à inculquer à (DTM) ou de laxité ligamentaire, le JIG est
des novices telles la communication, les contre-indiqué pour éviter d’amener des
intuitions et ressentis, le sensitif et le sen- positions condyliennes trop postérieures.
soriel, le feedback ou retour d’expérience.
Le principe du concept d’aide à l’enregis- Le plan de Kois, en tant
trement de l’occlusion est de Lucia VO que dispositif médical
[6], précurseur, en 1964 ; ce dernier pro- d’assistance
pose le premier dispositif médical, appelé Le plan de Kois est un dispositif médical
Jaw Incisival Guidance (JIG) afin d’éviter d’assistance à l’enregistrement de la RC. Il
toutes manipulations mandibulaires. C’est est réalisé en résine de façon artisanale ou

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11. Modèles et réalisation
du plan de Kois classique Butée
(impression 3D). antérieure

12. Modèles
et réalisation du plan
de Kois, sans rétentions Rétention VG
Rétention VG
vestibulaires Appuis
(impression 3D). palatins
11

Sans rétentions V
12 avec Fit (Kerr)

en impression trois 3D (NextDent 5100) verticale et une surface de contact unique


(fig. 11) [7-10]. Parmi les nombreuses BA, et répétitive. L’absence de contact den-
c’est le dispositif le plus récent. Il s’appuie to-dentaire permet l’enregistrement de
sur le palais, et contourne les deuxièmes la RC en interposant un matériau entre
molaires maxillaires pour chercher des les faces occlusales postérieures et un
rétentions sur les parties vestibulaires appui sur la butée antérieure. L’utilisation
postérieures, quand cela est possible. Le de composite autopolymérisable per-
manque de hauteur derrière les molaires met de faire des clés vestibulaires, plus
est alors pallié par le rajout de Fit (Kerr) en résistantes et plus précises. Ce disposi-
tant que fixateur (fig. 12) ; la butée anté- tif réglé est une aide précieuse pour les
rieure est plate et parallèle au plan d’occlu- apprenants, sans expérience, qu’ils soient
sion ou du plan de Camper pour éviter des patients, étudiants et/ou confrères.
positions condyliennes trop postérieures. Les BA modernes sont réglées, plates
Cette butée permet le contact avec les en rapport avec le plan d’occlusion ou le
dents antérieures. Son ajustement per- plan de Camper afin d’éviter des positions
met de définir l’ouverture de la dimension condyliennes trop postérieures.

La technique d’enregistrement de la RC pas à pas [11,12]

13
Étape 1 (fig. 13). L’accès à toutes les surfaces dentaires et leur environnement est facilité grâce à la mise en place
d’un écarteur de lèvres et de joues (Optragate, Ivoclar Vivadent).

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Étape 2 (fig. 14). Le plan de Kois est essayé. En l’absence de rétentions vestibulaires possibles, son immobilisation est
assurée par un « liner » de Fit de Kerr mis en place l’intrados palatin du dispositif d’assistance. Ensuite la BA est réglée
afin d’obtenir une position mandibulaire répétitive et une Dimension Verticale augmentée, sans contact dento-dentaire.

Oblitération des anfractuosités occlusales au Duo Soft light (3M)

15a b c
sillons et embrasures occlusales

Étape 3 (fig. 15 et 16). Les contrôles


Seringue Stabyl d’occlusion sur la BA sont faits à toutes les
étapes de la technique d’enregistrement
grâce à des marqueurs de couleur
différentes, après le réglage de la BA
(contacts bleus, fig. 15a), et à l’étape
suivante (contacts verts, fig. 15b).
L’oblitération des anfractuosités est réalisée
avec une seringue à très petit débit
16 (ex : seringue Stabyl, fig. 16 ).

Étape 4 (fig. 17). Le réglage Enregistrement de la RC avec du composite Luxabite (DMG)


du plan de Kois permet
une occlusion antérieure
répétitive sans manipulation
du praticien, qui maintient
une DV augmentée, réglé
et visualisé par le praticien
marqué en rouge…
Le praticien demande
au patient de venir se poser
dans la position répétitive, 17 clés vestibulaires épaisses

sur la BA, sans serrer


ces mâchoires. Il peut facilement déposer un composite autopolymérisable d’occlusion (Luxabite, DMG) pour former
des clés épaisses sur les faces vestibulaires [13], dans la position guidée par la BA. L’absence de manipulation
mandibulaire est profitable au patient et au praticien. Le patient ferme dans la position répétitive, sans difficultés,
et sans intervention du praticien.

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18a b c
Étape 5 (fig. 18a-c). Le plan de Kois crée l’absence de toute occlusion de toutes les dents sauf 32, 31, 41 et 42
sur la BA et maintient une DV augmentée. Le dispositif guide le patient vers la position répétitive. Il est nécessaire
de fermer les anfractuosités des faces occlusales, sillons et embrasures occlusales des dents maxillaires
et mandibulaires. Deux matériaux sont recommandés, le polyéther « light » ou de l’alginate que l’on distribue
avec une seringue adéquate, à débit très fin (ex : seringue Stabyl).

19a b c
Étape 6 (fig. 19a-c). Avant l’enregistrement, les anfractuosités des faces occlusales maxillaires sont fermées
avec de l’alginate, et la position contrôlée par du papier marqueur vert (fig. 19a). Les clés vestibulaires sont modelées
avec du composite autopolymérisable. Après l’enregistrement de la RC, le contrôle est visualisé avec un papier
marqueur vert (fig. 19c). Après la fin de l’enregistrement, les contacts verts sont des points statiques et les trajets
dynamiques sont en rouge (fig. 19c). L’enregistrement est réalisé avec des clés vestibulaires, plutôt épaisses
que fines, sans interposition de matériau entre les faces occlusales des dents. À toutes les étapes de la méthode,
il est possible de contrôler la position recherchée.ents. À toutes les étapes de la méthode, il est possible de contrôler
la position recherchée.

Défauts de mise en place


20
Étape 7 (fig. 20). La précision des clés n’est pas parfaite (voir les zones fléchées). Des petites retouches
sont envisagées.

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L’enregistrement analogique de l’occlusion en relation centrée - G. Laborde et coll.

Étape 8 (fig. 21). Les clés


doivent être épaisses pour être
résistance. Des mini-retouches
suffisent à une mise en place
parfaite. Elles concernent
les anfractuosités
des embrasures vestibulaires
et les interférences
avec les tissus parodontaux
21 du modèle en plâtre.

Évaluation des résultats sur les différents modèles


Chaque clé doit être parfaitement s’adapter au modèle maxillaire et au modèle mandibulaire (fig. 22 à 26).

Après mini retouches, mise en place précise des clés vestibulaires

22 embrasures vestibulaires et contacts des tissus parodontaux (en plâtre)

Alginates = parfaite mise en place des clés vestibulaires

23 vue en plongée, droite et gauche vue en contre-plongée, droite et gauche

VPS DM = parfaite mise en place des clés vestibulaires

24 vue en plongée, droite et gauche vue en contre-plongée, droite et gauche

VPS rebasée = parfaite mise en place des clés vestibulaires

25 vue en plongée, droite et gauche vue en contre-plongée, droite et gauche

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polyéthers DM = parfaite mise en place des clés vestibulaires

26 vue en plongée, droite et gauche vue en contre-plongée, droite et gauche

CONCLUSION Auto-évaluation
L’enregistrement analogique de l’occlusion
en RC et sa finalité, la parfaite simulation 1. Les protocoles d’empreintes et de modèles en plâtre
conditionnent la précision de l’enregistrement de l’occlusion.
au laboratoire, cumulent de nombreuses
étapes à maîtriser, tant cliniques que tech- 2. La qualité des modèles est dépendante d’un protocole
niques. Cette réussite est caractérisée par de coulée fait en quatre étapes.
un minimum de retouches cliniques. 3. L’oblitération des anfractuosités occlusales
Les dispositifs médicaux modernes d’as- et/ou des embrasures interdentaires est inutile.
sistance à l’enregistrement de la RC évitent 4. L’enregistrement de l’occlusion par mordus occlusaux
les techniques de manipulation, toujours est préférable aux clés vestibulaires
délicates. Ils représentent une solution 5. L’utilisation d’un dispositif médical d’assistance
irremplaçable pour les novices (étudiants, à l’enregistrement de la RC guide sans stress
confrères, patients et enseignants), et les apprenants, étudiants, patients et confrères novices.
même les experts.
Les clés vestibulaires ont été testées, jadis patient et le traitement proposé. Suppri-
pour l’enregistrement de l’occlusion des mant toutes les difficultés, la planification
petites restaurations intercalaire issues pas à pas de cette méthode moderne
d’empreintes sectorielles [13]. Les nou- assistée guide tous les protagonistes (soi-
veaux matériaux composites de l’occlu- gnants, patients et enseignants) vers l’ad-
sion, associés aux butées antérieures dans hésion thérapeutique, sans stress. CORRESPONDANCE
un protocole réfléchi d’enregistrement de
Gilles Laborde (MCU-PH, prothèses)
la RC démystifient cette étape clinique,
Charlotte Santunione (AHU, prothèses)
toujours délicate et anxiogène. Toutes les Luc Chevènement (interne en médecine bucco-dentaire)
techniques d’empreintes, bien appliquées, Charlotte Mansuy (AHU, prothèses)
et les modèles qui en sont issus, font la Faculté des sciences médicales et paramédicales de Marseille,
preuve clinique de la précision de ce pro- École de médecine dentaire, Service de réhabilitation orale, Pôle d’odontologie,
cédé. Le principe de l’observance théra- Hôpital de la Timone Marseille, UMR 7268 ADES, EFS, CNRS,
peutique est très important. Il recherche Faculté de médecine nord, Aix-Marseille Université
l’adéquation entre le comportement du gilles.laborde2@wanadoo.fr

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