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Cabinet Laboratoire

Doit-on toujours se servir


d’un axiographe ?

PH. DUPAS, G. MAYER, S. DESMONS,


F. TOULET et F. DESCAMP
Chirurgiens-dentistes

Quel est l’apport de l’axiographie a simulation, donc la visualisation

L
à la connaissance des déplacements de la cinématique mandibulaire,
et pathologies mandibulaires ? est obligatoirement soumise à son
Comment est-il possible enregistrement précis. Pour ce
de programmer un articulateur faire, de nombreux appareillages
grâce aux données acquises ont fait leur apparition. Certains, comme le
Gnathic Replicator de Lundeen et Gibbs
par l’axiographie ?
(27) furent non seulement construits en un
Dans quelles circonstances seul exemplaire, mais utilisés que dans
peut-on se passer d’un axiographe ? certains protocoles de recherche. Ils n’eu-
rent donc aucune incidence clinique.
Seules les techniques pantographiques et
axiographiques permirent l’utilisation au
cabinet dentaire des différents appa-
reillages s’y rapportant (14).
Historiquement, le pantographe est le

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premier à permettre la programmation premier supporte 2 plages sagittales para


Fig. 1 Axiographe de SAM. des articulateurs adaptables De Stuart et condyliennes sur lesquelles sont collées
Fig. 2 Quick Axis de la celui de la firme Denar. Ces derniers sont des papiers millimétrés interchangeables,
firme FAG.
programmés soit par un pantographe un appui nasal, un index situant le point
mécanique, soit par un pantographe élec- sous orbitaire. Le second réunit une attel-
tronique : le Pantronic. le de fixation qui est agrégée à l’arcade
Malheureusement, ce protocole de mandibulaire, un bras transversal et deux
programmation demande un investisse- bras latéraux supportant un système de
ment important et n’est pas des plus réglage micrométrique et des stylets
simples à mettre en œuvre. d’enregistrement (45, 46, 47) (fig. 1).
Pour simplifier la complexité instrumenta- Le Quick Axis de la firme FAG ressemble
le, Mack et Slavicek ont mis au point la à la conception de l’arc facial de cette
technique axiographique qui permet non même firme, à savoir un arc péri crânien
seulement de programmer les articula- avec deux ogives auriculaires et un appui
teurs SAM, mais aussi de servir d’aide nasal. Il supporte également deux plages
dans le diagnostic des dysfonctionne- paracondyliennes sur lesquelles s’adap-
ments cranio-mandibulaires. tent des papiers millimétrés cartonnés.
Ces appareillages sont également méca- La partie mandibulaire rassemble une
niques ou électroniques. Il s’agit pour ces attelle de fixation qui est adjointe à l’arca-
derniers du Cadiax et de l’Axiotron. de mandibulaire. Un système de
Malheureusement ils sont d’un coût montage agrège une barre transversale à
rédhibitoire ce qui freine leur utilisation deux bras latéraux réglés micrométrique-
en pratique odontologique quotidienne ment et deux stylets d’enregistrement
(20, 23, 38). (12) (fig. 2).
La technique axiographique est de nos Le système axiographique SAM permet
jours la plus utilisée. Elle fait appel à deux la programmation des articulateurs adap-
types d’appareillages : le système SAM tables SAM. Le Quick Axis de la firme
et celui de la firme FAG. Sont-ils toujours FAG aide à la programmation des articu-
indispensables en clinique, peut-on donc lateurs Quick Master quand celle-ci est
s’en passer ? indispensable. L’un et l’autre sont égale-
ment des aides au diagnostic des
L’AXIOGRAPHE dysfonctionnements cranio-mandibu-
Les deux appareillages répondent laires (21). De par son investissement
approximativement aux mêmes proto- plus abordable, le Quick Axis est le plus
coles d’enregistrement de la cinématique utilisé. C’est donc celui qui retient toute
condylienne. L’axiographe du système notre attention tout au long de cet article.
SAM se compose d’un arc péri-crânien Mais les réflexions cliniques qui sont
maxillaire et d’un arc mandibulaire. Le émises ne sont pas différentes qu’il

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s’agisse de l’un ou l’autre appareillage. trement correspondante. Les boutons de


Fig. 3 Initialisation du
L’essentiel est de comprendre si le proto- réglage font correspondre le stylet avec
micromètre du Quick Axis :
cole axiographique quel qu’il soit est le repère orthonormé de cette plage (12). phase 1.
indispensable dans la pratique clinique
Fig. 4 Initialisation du
odontologique. Enregistrement des déterminants micromètre du Quick Axis :
postérieurs condyliens phase 2.
LA PROGRAMMATION Le stylet est éloigné de sa plage d'enre-
DES ARTICULATEURS gistrement, un papier carbone est glissé
SEMI-ADAPTABLES entre les deux. Le relâchement du stylet
Installation de l’axiographe permet d'inscrire le trajet du mouvement
Les dents antérieures mandibulaires sont de propulsion qu'exécute le patient.
recouvertes en partie de cire molle afin Ensuite le stylet est retiré et remplacé par
de faciliter le retrait de l'attelle. Celle-ci, un micromètre. Celui-ci est préréglé
garnie de plâtre à empreinte de type manuellement afin d’être prêt à l’enregis-
Snow-white s'agrège sur les dents trement. Pour ce faire, les deux
mandibulaires en prenant soin de diriger graduations marquées sur l’axe du micro-
sa tige dans le plan sagittal médian. Le mètre sont rendues apparentes (fig. 3). Le
praticien guide la mandibule de son tambour est ensuite tourné dans le sens
patient en relation centrée en le faisant des aiguilles d’une montre pour effacer la
mordre sur l'attelle. Le montage de l'arc deuxième graduation et faire correspondre
d'enregistrement ressemble sensible- le zéro avec la ligne de repère (fig. 4). Le
ment à celui de l'arc facial. Le patient micromètre est introduit sur le bras locali-
introduit lui-même les embouts auricu- sateur et bloqué quand le contact avec le
laires dans ses conduits auditifs, les drapeau d’enregistrement est établi.
boutons de serrage de la partie supérieu- Le micromètre est ensuite débrayé. Le
re de l'arc sont activés, l'appui nasal patient exécute un mouvement de latéra-
installé, la sangle postérieure tendue et lité opposée jusqu’au contact du stylet
les stabilisateurs latéraux verrouillés. avec le premier arc de cercle de la plage
La barre frontale est agrégée au manche d'enregistrement. La vis du micromètre
de l'attelle. La partie postérieure du bras est bloquée. Il affiche la valeur du dépla-
localisateur est introduite sur la vis de cement latéral non travaillant. Pour
fixation des drapeaux paracondyliens. connaître celle-ci, le tambour est tourné,
Une double visée permet de situer cette à nouveau, dans le sens des aiguilles
barre frontale parallèlement à la barre d’une montre jusqu’au contact de l’épau-
transversale de l'arc facial, dans le plan lement de référence (fig. 5).
horizontal et frontal. La pointe du stylet Quand un côté est terminé, le bras locali-
du bras localisateur est mise en contact sateur est démonté pour suivre le même
forcé (+ 1 mm) avec sa plage d'enregis- protocole d’enregistrement de la pente

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condylienne et du déplacement latéral de d’ailes de Bennett ajustables et le choix


Fig. 5 Lecture du déplace- l’autre côté (12). prédéterminé, par la valeur du déplace-
ment latéral non travaillant ment latéral lue sur le micromètre, des
sur le micromètre.
Programmation de l’articulateur inserts amovibles standardisés ne permet
Fig. 6 Aile de Bennett La valeur de l’angle de la pente condy- pas un réglage précis de l’angle de
courbe (C1) dans le boîtier
condylien du Quick Axis.
lienne est lue sur le rapporteur Bennett. Ce protocole d’ajustage des
périphérique du drapeau en traçant une ailes de Bennett ne répond pas à celui
sécante au trajet de propulsion passant des autres types d’articulateur. Ceux-ci
par le point zéro du repère orthonormé et sont programmés à l’aide d’enregistre-
l’intersection avec le deuxième arc de ments intra buccaux permettant le mise
cercle de la plage d’enregistrement. La en contact précis de l’aile de Bennett
pente condylienne est ensuite program- avec la boule condylienne de l’articula-
mée sur l’articulateur Quick Master. teur. Cette technique permet d’obtenir
La valeur numérique de translation est des valeurs qui ne sont pas obligatoire-
lue sur le tambour du micromètre. Un ment standardisées (18,19). Seule la
tour de tambour correspond à 1 mm. Le pente condylienne du Quick Master peut
chiffre lu représente les dixièmes de éventuellement être programmée avec
mm. Cette valeur est reportée sur une des enregistrements intra buccaux.
table de conversion afin de choisir l’aile Pour se passer de l’axiographe et vouloir
de Bennett correspondante. Celles-ci programmer un articulateur semi adap-
sont, soit rectilignes de 10°, 15°, 20°, soit table, il est donc indispensable de
curvilignes C1, C2, C3 représentant changer de famille et d’utiliser d’autres
respectivement 0.5 mm,1 mm,1.5 mm techniques de programmation faisant
de déplacement latéral (fig. 6). Leur appel à un matériau d’enregistrement
sélection détermine l’utilisation de l’arti- intra buccal. Cette technique nécessite le
culateur Quick Master en première ou montage préalable des modèles maxillai-
seconde génération (12, 26). re et mandibulaire en plâtre sur
l’articulateur. Plusieurs techniques ont
L’axiographe est-il indispensable ? été mises au point. La première est celle
Il est indispensable pour la programma- de Lauritzen faisant appel à des mordus
tion des déterminants condyliens du bilatéraux en cire Moyco (02, 31) (fig. 7).
Quick Master. En effet, les résultats Une autre technique est celle de Valentin
numériques donnés par le Quik Axis et de Morin (48) qui ont mis au point une
conditionnent le choix des inserts de méthode d'enregistrement originale. Une
programmation du déplacement latéral seule cire, négligeant la valeur de l’angle
qui sont positionnés dans les boîtiers de Fischer, permet la programmation
condyliens du Quick Master. L’absence simultanée de la pente condylienne et du

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déplacement non travaillant (fig. 8). Enfin,


la technique du jig universel qui facilite la
manipulation mandibulaire et utilise des
mordus en plâtre (09, 10, 11) (fig. 9).
Quelle que soit la méthode, le protocole 11
de programmation de l’articulateur impo-
se le transfert de ces mordus sur les
modèles en plâtre montés antérieure- éventuelle disparition (01, 03, 06, 24, 25,
Fig. 7 Cire de programma-
ment sur l’articulateur. Les boîtiers 30, 32, 33, 37, 39, 40, 47). tion de latéralité droite
condyliens sont alors ajustés en fonction La palpation douloureuse des différents selon la technique de
du déplacement de leurs boules condy- muscles masticateurs permet de mettre Lauritzen.
liennes (fig. 10) (12). en évidence les spasmes musculaires Fig. 8 Cire de programma-
manifestant le bruxisme. La palpation tion de latéralité droite
LE DYSFONCTIONNEMENT douloureuse des articulations temporo- selon la technique de
mandibulaires renseigne sur l’état de la Valentin et Morin.
CRANIO-MANDIBULAIRE
capsule articulaire (13) (fig. 11). Fig. 9 Enregistrement de la
Le diagnostic
L’auscultation des articulations temporo- latéralité droite selon la
Comme toute discipline médicale, le technique du Jig Universel.
diagnostic en odontologie, quel que soit mandibulaires au stéthoscope est soit
silencieuse, soit permet d’entendre des Fig. 10 Programmation de
le travail clinique à réaliser, commence l’angle de la pente condy-
par l’anamnèse, se poursuit par la palpation claquements ou des crépitations. Dans le
lienne de l’articulateur avec
et l’auscultation. L’anamnèse s’intéresse, premier cas, il s’agit d’un bruit de rattra- des mordus en plâtre.
non seulement aux algies de la sphère page du disque situé en avant du
Fig. 11 Palpation des
oro-faciale, mais aussi à celles de son condyle, dans le second cas, il est masséters.
environnement immédiat tel que le cou possible de soupçonner une arthrose des
et aux éventuelles douleurs à distance au articulations temporo-mandibulaires (16).
niveau du dos. Les gênes à la mastication En absence de bruits articulaires les tests
sont évoquées, les bruits présents ou mandibulaires sont exécutés. Les
anciens des articulations temporo-mandi- douleurs apparaissant en avant du condy-
bulaires sont investigués ainsi que leur le permettent de soupçonner des

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Fig. 12 Diagramme de Farrar.


Fig. 13 Image d’arthrose de l’A.T.M.

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spasmes musculaires des ptérygoïdiens L’aide au diagnostic


latéraux. Les algies se manifestant dans avec l’axiographie
l’oreille sont en faveur d’une pathologie Le protocole de montage du Quick Axis
ancienne des articulations temporo man- est le même que précédemment, à ceci
dibulaires (13, 17). près que l’axe charnière est localisé et
La cinématique mandibulaire est étudiée à que les mouvements condyliens enregis-
l’aide de l’axiographie (qui fait l’objet d’un trés sont la propulsion, l’ouverture
chapitre spécial) et en regardant le trajet buccale et la latéralité non travaillante.
du point interincisif inférieur, ou dentalé, Le but de la technique axiographique est
ainsi que l’amplitude de ses déplacements de visualiser, au travers de ses tracés, la
dans le cadre du diagramme de Farrar (15). position du disque articulaire par rapport
La normalité de celui-ci montre des trajets à son condyle.
réguliers d’ouverture buccale et de latéra- L’enregistrement doit donc être précis
lités avec un rapport de 1 sur 4 à 5 des (34, 36). Contrairement à la technique de
valeurs numériques des amplitudes maxi- programmation des articulateurs qui
males de latéralités droite et gauche avec emploie l’axe charnière arbitraire matéria-
celle de l’ouverture buccale (fig. 12). En lisé par le point zéro du repère
observant le diagramme de Farrar, il est orthonormé des plages paracondyliennes
possible de distinguer les troubles muscu- du Quick Axis, la localisation de l’axe char-
laires des troubles articulaires. Enfin, nière est ici indispensable afin de ne pas
l’ouverture buccale maximale forcée par le créer de confusion dans l’interprétation
praticien renseigne sur l’état des articula- des tracés de propulsion et de latéralités.
tions temporo-mandibulaires en fonction Les différents tracés axiographiques
des algies et de la résistance manifestées doivent être réguliers et réitératifs. Ils se
(13, 35). superposent dans le premier centimètre
L’observation des images issues des (fig. 14). Leur amplitude, leur angulation,
radiographies panoramique et transcrâ- leur rupture permettent d’aider le
nienne renseigne sur l’état de la corticale diagnostic d’une pathologie des articula-
osseuse des articulations temporo- tions temporo mandibulaires (13, 17, 34,
mandibulaires et confirme la présence ou 35, 46) (fig. 15).
non de troubles arthrosiques (fig. 13). L’axiographe est-il indispensable ?
Enfin, l’étude de la posture renseigne sur Un diagnostic bien mené du dysfonction-
l’éventuel recours à d’autres praticiens nement cranio-mandibulaire dispense
tels que l’ostéopathe et/ou l’orthoptiste. l’odontologiste de l’emploi d’un axio-

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graphe. Le but de la technique axiogra- confiance qui engage le patient à envi-


phique étant de situer le disque sager sereinement la suite à donner
articulaire par rapport à son condyle, la au traitement de la résolution de
présence de bruits dans les articulations ses troubles articulaires.
temporo-mandibulaires renseigne le Enfin il ne faut pas négliger l’as-
praticien sur sa position. Un claquement pect juridique. L’analyse
articulaire est la manifestation du saut du axiographique réalisée lors de la
condyle sous son disque qui est en anté- première consultation peut être
position. Un crissement articulaire une pièce à conviction pour le
permet de soupçonner une éventuelle tribunal devant lequel un patient
arthrose des articulations temporo- procédurier mettrait en doute le
mandibulaires qui est ensuite confirmée diagnostic et le traitement de son
ou non par l’imagerie classique (22, 41, praticien. Par exemple, dans le cas d’une
14
43). Si à l’anamnèse le patient signale antéposition discale irréductible ancien-
dans le passé des bruits articulaires qui ne il est aisé de montrer à travers les
ont disparu maintenant, il est facile d’ima- tracés axiographiques l’irréversibili-
giner qu’une antéposition réductible est té de la pathologie visualisée dès
devenue irréductible avec le temps. Dans la première visite.
ces cas cliniques manifestes, l’utilisation
de l’axiographe peut apparaître superflue CONCLUSION
(8, 28). L’utilisation ou non de l’axio-
Mais le patient ne se souvient pas graphe est donc une question de
toujours de cette antériorité des bruits bon sens. Il ne faut certes pas le
dans les articulations temporo-mandibu- négliger sans pour autant l’em-
laires, la confusion dans l’anamnèse peut ployer systématiquement.
induire le praticien en erreur. Certains cas cliniques prothétiques ne 15
L’interprétation des signes cliniques nécessitent pas la programmation réelle
d’une pathologie ancienne est délicate. de l’articulateur. En effet, il a été vu
Celle-ci tendant vers une pseudo norma- dans un article précédent que la
lité masque bien souvent la pathologie présence de guidage antérieur
qui peut passer inaperçue. La seule tech- simplifie grandement l’utilisation
nique d’imagerie qui permet de visualiser de l’articulateur qu’il n’est pas
le disque est l’I.R.M. (4, 5, 7, 29). Dans ce nécessaire de programmer. Dans
cas, l’interprétation des tracés axiogra- ce cas bien précis, une program-
phiques est une aide appréciable pour le mation arbitraire des déterminants
praticien (fig. 16) ; d’autant qu’il n’est pas postérieurs condyliens est suffi-
indispensable grâce à l’axiographie de sante. Dans le cas contraire, la
réaliser systématiquement une investiga- réalisation d’un cas clinique peut
tion à l’I.R.M. Les services d’Imagerie ont demander la programmation de l’articu-
lateur sur lequel il est réalisé. Dans ce cas
16
d’autres préoccupations que de réaliser
des images d’I.R.M. à des fins diagnos- il serait dommage de ne pas utiliser le
tiques d’un dysfonctionnement cranio- Quick Master qui est un excellent appa-
mandibulaire ! (42) reillage d’un rapport qualité prix très
Outre le fait que les tracés axiogra- convenable. L’utilisation du Quick Axis
phiques améliorent la finesse du devient donc indispensable.
diagnostic de l’odontologiste, ils permet- Quant au service rendu par le Quick Axis
tent également d’expliquer au patient sa dans l’aide au diagnostic, il est important Fig. 14 Tracés axiogra-
pathologie. Celle-ci étant pour lui un véri- de considérer au préalable la complexité phiques de normalité.
table mystère, leur visualisation le du cas clinique, tant thérapeutique que Fig. 15 Tracés axiogra-
renseigne non seulement sur ses psychique. Devant des signes cliniques phiques d’une antéposition
troubles articulaires, mais aussi le rassu- évidents sur un patient qui n’exprime pas discale réductible.
re en quelque sorte sur la qualité du d’animosité particulière, il est possible de Fig. 16 Tracés axiogra-
diagnostic réalisé. Le sérieux et la préci- se passer de l’analyse axiographique. phiques d’une antéposition
sion apportés lors de l’analyse Mais quand les troubles s’avèrent confus discale d’une pathologie
axiographique créent un climat de et complexes, la perplexité gagne articulaire ancienne.

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GLOSSAIRE souvent le praticien qui la transmet à son


patient. L’emploi de l’axiographe devient
ANGLE DE BENNETT : n.m. Projection BOÎTIER CONDYLIEN : n.m. Dispositif alors indispensable, non seulement pour
sur un plan horizontal de l’angle formé par mécanique guidant les déplacements comprendre les troubles dont se plaint le
la corde de la trajectoire du condyle orbi- d'une des deux boules condyliennes de patient, mais aussi pour ne pas donner à
tant avec un plan sagittal pendant la l'articulateur. Ang : condylar housing. celui-ci matière à discussion voire à polé-
diduction. Ce paramètre de réglage est CONDYLOGRAPHIE : n.f. Analyse instru- mique.
simplifié pour les articulateurs semi-adap- mentale de la cinématique condylienne En fonction de tous ces arguments en
tables de première génération, en faisant par l'enregistrement de la projection des faveur ou non de l’utilité d’un axiographe,
appel à des ailettes de Bennett recti- déplacements d'un point condylien dans chacun, en fonction de ses tropismes et
lignes. En cinématique fonctionnelle, il les trois plans de l'espace. Ang : condylo- de son activité professionnelle peut
correspond à la corde de la courbe décri- graphy. maintenant décider si son achat s’avère
te par le condyle lors de la sortie de cycle,
DÉTERMINANTS DES MOUVEMENTS indispensable dans la réalisation pleine et
et pour laquelle on distingue le début de
MANDIBULAIRES : n.m. Structures entière de son exercice quotidien.
sortie de cycle (correspondant au MTI) et
a n a t omiques qui dictent ou limitent les
la fin de sortie de cycle (correspondant au
mouvements mandibulaires. Les détermi-
MTP). Ang : Bennett’s angle.
nants antérieurs sont constitués par
AXE BI-CONDYLIEN : n.m. Droite virtuel- l'articulation dentaire. Les déterminants
le passant par les condyles mandibulaires, postérieurs sont constitués par les articula-
autour de laquelle la mandibule peut tions temporo-mandibulaires et les
effectuer un mouvement structures associées. Ang : determinants
d'ouverture/fermeture par rotation. Ang : of mandibular movements.
transverse horizontal axis.
PANTOGRAPHE : n.m. Dispositif méca-
AXE CHARNIÈRE : n.m. L'axe bi-condy- nique ou électronique d’enregistrement
lien est appelé axe charnière lorsque les graphique de la projection des mouve-
condyles sont en relation centrée. Ang : ments mandibulaires. Ang : pantograph.
hinge axis.
PENTE CONDYLIENNE : n.f. Angle
AXIOGRAPHIE : n.f. Condylographie formé par la projection sur un plan sagittal
particulière dont le point observé se situe avec le plan horizontal de référence du
sur l'axe bi-condylien. Ang : axiography. trajet condylien lors de la propulsion ou de
la diduction. Ang : condylar path.

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Adresses des auteurs :


PH. DUPAS, G. MAYER, S. DESMONS, F. TOULET et F. DESCAMP
Faculté d’Odontologie de Lille, Place de Verdun 59000 Lille

Stratégie prothétique avril 2005 • vol 5, n° 2


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