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Chapitre premier- L’administration d’Etat 

L’administration centrale est constituée par les autorités dont la


compétence s’étend à l’ensemble du Maroc. Il comprend les organes
centraux (Section 1ère) et d’autres organes qui constituent les
prolongements territoriaux de l’administration centrale d’Etat. Ce
sont les organes locaux déconcentrés (Section 2ème).

Section 1ère - les organes centraux :

Le Roi (§I) et le gouvernement (§II) constituent deux éléments


essentiels de l’organisation du pouvoir exécutif central.

§1- Les compétences Royales :

La constitution de 2011 a doté le Roi des attributions


administratives, qui découlait de sa qualité de chef de l’Etat.

Cette constitution a distingué nettement entre le rôle religieux


et politique du Roi. C’est ainsi que son article 41 dispose que, « le
Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l'Islam. Il est le garant
du libre exercice des cultes. 

Il préside le Conseil supérieur des Oulémas, chargé de l'étude


des questions qu'il lui soumet. 

Le Conseil est la seule instance habilitée à prononcer les


consultations religieuses (Fatwas) officiellement agréées, sur les
questions dont il est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et
desseins tolérants de l'Islam. 

Les attributions, la composition et les modalités de


fonctionnement du Conseil sont fixées par dahir.

Le Roi exerce par Dahirs les prérogatives religieuses inhérentes


à l'institution d'Imarat Al Mouminine qui lui sont conférées de
manière exclusive par le présent article ».

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L’article premier ladite constitution de 2011 stipule que « le
Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique,
parlementaire et sociale ». 

Pour sa part, l’article 42 précise que « le Roi, chef de l'Etat, son
représentant suprême, symbole de l'unité de la nation, garant de la
pérennité et de la continuité de l'Etat et arbitre suprême entre ses
institutions, veille au respect de la constitution, au bon
fonctionnement des institutions constitutionnelles, à la protection du
choix démocratique et des droits et libertés des citoyennes et des
citoyens, et des collectivités, et au respect des engagements
internationaux du Royaume. 

Il est le garant de l'indépendance du Royaume et de son


intégrité territoriale dans ses frontières authentiques. Le Roi exerce
ces missions par Dahirs en vertu des pouvoirs qui lui sont
expressément dévolus par la présente constitution…».

Le Roi dispose de certains pouvoirs administratifs de


nomination et de commandement et de certains pouvoirs en période
exceptionnelle.

Les pouvoirs de nomination du Roi :

L’article 1 alinéa 2 de la constitution de 2011 dispose que « le


régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation,
l'équilibre et la collaboration des pouvoirs… ».

En vertu de l’article 47 de la constitution précitée de 2011, au


lendemain des élections, le Roi nomme le chef du gouvernement au
sein du parti politique qui a obtenu le plus grand nombre de voix. Il
nomme les membres du gouvernement sur présentation du chef du
gouvernement.

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Mais, une partie du pouvoir de nomination du Roi est transférée
au chef du gouvernement.

De même que le Roi conserve le pouvoir de nomination aux


emplois militaires. Dans ce sens, l’article 53 précise expressément
que « le Roi est le chef suprême des Forces Armées Royales. Il
nomme aux emplois militaires et peut déléguer ce droit». Alors que la
nomination aux emplois civils est accordée au chef du gouvernement.

L’alinéa 4 de l’article 130 ajoute que « le président de la cour


constitutionnelle est nommé par le Roi, parmi les membres
composant la cour… ».

Le Roi approuve par Dahir la nomination des magistrats par le


Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (article 57).

De même que le Roi accrédite les ambassadeurs auprès des


puissances étrangères et des organismes internationaux (article 55
de la constitution).

Les pouvoirs de commandement :

Le Roi préside le conseil des ministres dont les attributions sont


développées par l’article 49 et font l’objet d’une délibération en
conseil des ministres.

Sur la base de l’article 54, « le Roi préside le Conseil supérieur


de Sécurité ou par le chef du gouvernement sur la base d’un ordre du
jour déterminé.

Ce conseil est une instance de concertation sur les stratégies de


sécurité intérieure et extérieure du pays, et de gestion des situations
de crise… ».

Le Roi préside le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (articles


56 et 115), censé garantir l’indépendance de la justice.

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Le Roi préside le conseil des ministres composé du chef du
gouvernement et des ministres. Le conseil des ministres se réunit à
l'initiative du Roi ou à la demande du chef du gouvernement. Celui-ci
peut être appelé à présider une réunion du conseil des ministres sur
la base d'un ordre du jour déterminé (article 48).

Au-delà de ces compétences à vie normale, le Roi conserve les


pouvoirs de crise et demeure l’acteur principal en état d’exception.

Les pouvoirs du Roi en période exceptionnelle :

En période exceptionnelle, le Roi concentre tous les pouvoirs


entre ses mains, en particulier exécutif et réglementaire.

Le Roi est habilité à prendre les mesures qu'imposent la


défense de l'intégrité territoriale et le retour, dans un moindre délai,
au fonctionnement normal des institutions constitutionnelles. De ce
fait, il peut, après avoir consulté le chef du gouvernement, le
président de la chambre des représentants, le président de la
chambre des conseillers, ainsi que le président de la cour
constitutionnelle, adressé un message à la nation et proclamer, par
Dahir, l'état d'exception (article 59).

Responsable de la sécurité et de l’intégrité territoriale du


territoire, le Roi peut, aussi, déclarer l’état de siège pour 30 jours par
Dahir contresigné par le chef du gouvernement et après délibération
du conseil des ministres. Dépassée ce délai, sa prolongation doit être
autorisée par le parlement. Il peut, aussi, déclarer la guerre après
délibération du conseil des ministres et communication au
parlement.

En matière administrative, les décisions Royales sont


insusceptibles de faire l’objet d’un recours juridictionnel. Elles
jouissent d’une immunité totale.

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Le Dahir du 27 septembre 1957 instituant la cour suprême
prévoit une double condition pour intenter un recours en annulation
pour excès de pouvoir contre un acte ou une décision : il doit s’agir
d’un acte administratif et doit être pris par une autorité
administrative.

La chambre administrative de la cour suprême a affirmé, dans


ce sens, que le Roi n’est pas une autorité administrative, par
conséquent, elle a refusé de se prononcer sur les recours en
annulation intentées contre les décisions administratives du Roi. La
cour tient compte, seulement, de la qualité de l’auteur de l’acte qui
est le Roi.

Les tribunaux administratifs, crées en 1993 se sont alignés sur la


position de la cour suprême.

Cependant, le régime du contentieux des décisions Royales est


réexaminée selon l’alinéa 2 article118 de la constitution de 2011 qui
dispose que « Tout acte juridique, de nature règlementaire ou
individuelle, pris en matière administrative, peut faire l'objet de
recours devant la juridiction administrative compétente ».

Le constituant se réfère, dans ce sens, au critère matériel de la


nature de la décision et non pas au critère organique qui se réfère à
l’auteur de la décision pour ouvrir le droit au recours devant la
juridiction administrative.

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