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Séance n°03 : l’Administration centrale

Intitulé du module :

DROIT ADMINISTRATIF

Année scolaire : 2018

1er Semestre

Cours dispensés par Dr Mouloud DIDANE

Séance n°03 :

Thèmes de la séance : L’Administration centrale

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Séance n°03 : l’Administration centrale

L’ADMINISTRATION CENTRALE : L’ADMINISTRATION D’ETAT

Au sens large, l’administration centrale désigne l’ensemble des organes


administratifs centraux de l’Etat, au sens étroit, les services centraux des
différents départements ministériels.

Les administrations centrales n’ont pas de personnalité juridique distincte


de celle de l’Etat, en application du principe de l’unité de la personnalité
juridique de l’Etat.

LES ORGANES SUPREMES DE L’ADMINISTRATION :

1) Le Président de la République :

Les attributions du président de la République sont définies par la


Constitution. Il dispose d’un certain nombre de compétences parmi
lesquelles on recense le pouvoir réglementaire autonome, celui de
légiférer par voie d’ordonnances, la présidence du conseil des ministres. Il
nomme le premier ministre et met fin à ses fonctions, signe les décrets
présidentiels, nomme aux emplois civils et militaires de l’Etat.

En cas de circonstances exceptionnelles, le président de la République se


voit reconnaitre des pouvoirs supplémentaires exorbitants. Il est habilité à
décréter l’état d’urgence, l’état de siège, l’état d’exception, périodes
durant lesquelles il est qualifié pour prendre toutes les mesures
nécessaires au rétablissement du fonctionnement normal des institutions.
Enfin, en cas de guerre, la constitution est suspendue et le président de la
République assume tous les pouvoirs.

2) Le Premier ministre :

Le Gouvernement comprend un Premier ministre et des départements


ministériels.

Le Premier ministre, qui est nommé par le président de la République,


coordonne l’action du Gouvernement. Il élabore son plan d’action et le
présente en Conseil des ministres. Ce plan est ensuite soumis à
l’approbation de l’Assemblée populaire nationale qui ouvre un débat
général à cet effet et à la lumière duquel le plan d’action peut être adapté.
Ce dernier, une fois approuvé par l’Assemblée populaire nationale, est
soumis au Conseil de la Nation qui peut émettre une résolution. Si le plan
n’est pas approuvé, le Premier ministre présente la démission de son
Gouvernement au président de la République.

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Séance n°03 : l’Administration centrale

En outre, le Premier ministre répartit les attributions entre les membres


du Gouvernement, veille à l’exécution des lois et règlements, signe les
décrets exécutifs, nomme aux empois de l’Etat non réservés à la décision
du président et veille au bon fonctionnement de l’administration, dans le
respect des dispositions de la Constitution.

En Algérie, la Constitution, en vigueur, version 2016, stipule :

Art. 93 : « Le Président de la République nomme les membres du


Gouvernement après consultation du Premier ministre.

Le Premier ministre coordonne l’action du Gouvernement.


Le Gouvernement élabore son plan d’action et le présente en
Conseil des Ministres ».

Art. 97 : « Le Premier Ministre exécute et coordonne le plan d’action


adopté par l’Assemblée Populaire Nationale ».

Art. 99 : « Outre les pouvoirs que lui confèrent expressément d’autres


dispositions de la Constitution, le Premier ministre exerce les attributions
suivantes :

(1) il répartit les attributions entre les membres du Gouvernement, dans


le respect des dispositions constitutionnelles;

(2) il veille à l’exécution des lois et règlements;

(3) il préside les réunions du Gouvernement;

(4) il signe les décrets exécutifs.

(5) il nomme aux emplois de l’Etat, après approbation du Président de la


République et sans préjudice des dispositions des articles 91 et 92 ci-
dessus;

(6) il veille au bon fonctionnement de l’administration publique ».

En Tunisie, selon la Constitution de janvier 2014 :

Art. 71 : « Le pouvoir exécutif est exercé par le Président de la


République et par un Gouvernement présidé par le Chef du
Gouvernement ».

Art. 77 : « Le Président de la République représente l’État. Il détermine


les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations
étrangères et de la sécurité nationale relative à la protection de l’État et

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du territoire national contre toutes menaces intérieures ou extérieures


après la consultation du Chef du Gouvernement ».

Art. 89 « Le Gouvernement se compose du Chef du Gouvernement, de


ministres et de Secrétaires d’État choisis par le Chef du Gouvernement. Ce
dernier choisit en concertation avec le Président de la République les
ministres des Affaires étrangères et de la Défense.
Dans un délai d’une semaine suivant la proclamation des résultats
définitifs des élections, le Président de la République charge le candidat du
parti politique ou de la coalition électorale ayant obtenu le plus grand
nombre de sièges au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple de
former le Gouvernement dans un délai d’un mois renouvelable une seule
fois. En cas d’égalité du nombre des sièges, le plus grand nombre de voix
est retenu… ».
Art. 91 : « Le Chef du Gouvernement détermine la politique générale de
l’État ….».
Art. 93 : « Le Chef du Gouvernement préside le Conseil des Ministres.
Le Conseil des Ministres se réunit à la demande du Chef du Gouvernement
qui fixe son ordre du jour.
Le Président de la République préside impérativement le Conseil des
Ministres dans les domaines de la défense, des relations extérieures, et de
la sécurité nationale relative à la protection de l’Etat et du territoire
national contre les menaces intérieures et extérieures. Le Président de la
République peut également assister aux autres réunions du Conseil des
ministres et, dans ce cas, il les préside.
Tous les projets de lois font l’objet de délibération en Conseil des
Ministres ».
Art. 94 « Le Chef du Gouvernement exerce le pouvoir réglementaire
général ; il prend les décrets à caractère individuel qu’il signe après
délibération en Conseil des ministres.
Les décrets émanant du Chef du Gouvernement sont appelés décrets de
gouvernement ».

En France, selon la Constitution de 1958, dernière version juillet 2008 :

Art. 5 : « Le Président de la République veille au respect de la


Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des
pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. ... »

Art. 15 : « Le Président de la République est le chef des armées. Il


préside les conseils et comités supérieurs de la Défense nationale ».

Art. 20 : « Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la


Nation.

Il dispose de l'administration et de la force armée. .. »

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Art. 21 : « Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est


responsable de la Défense nationale. Il assure l'exécution des lois. Sous
réserve des dispositions de l'article 13, il exerce le pouvoir réglementaire
et nomme aux emplois civils et militaires ».

3) Les départements ministériels :

La structure gouvernementale :

Les départements ministériels constituent l’ossature de l’administration de


l’Etat. Les pouvoirs publics privilégient le découpage vertical des affaires
entre ministères. Chaque ministre se voit confier un ensemble
d’attributions en relation avec un secteur d’activités : enseignement
supérieur, agriculture, commerce, santé … selon les gouvernements, le
nombre et la dimension des ministères varient en fonction de divers
paramètres.

Ils sont tous organisés selon le même schéma de base. La répartition des
attributions et des services entre eux n’est pas figée. Il existe
traditionnellement des ministères que les changements gouvernementaux
n’affectent pas : justice ; intérieur, affaires étrangères, finances, défense,
éducation, mais leurs appellations peuvent changer et leurs attributions
classiques être restreintes ou élargies à d’autres domaines. Des ministères
englobent parfois de larges secteurs (emploi, travail, sécurité sociale),
d’autres peuvent être limités à un domaine étroit (enseignant supérieur).
Il arrive que des ministères soient imbriqués à l’intérieur d’un autre
(ministère ou secrétaire d’Etat délégué auprès d’un ministre ou du Premier
ministre). Le décret de nomination du gouvernement désigne les ministres
et identifie ainsi les ministères correspondants.

L’organisation du gouvernement : Le gouvernement est divisé en


ministère. À la tête de ces ministères, les ministres sont eux aussi divisés,
au sens où il existe entre eux une hiérarchie.

1) Les ministères : La Constitution de 1791 (en France) qui


établissait une monarchie constitutionnelle prévoyait six ministères :
Justice, Intérieur, Contributions et revenus publics, Marine, Guerre,
Affaires étrangères. Le nombre de ministères n’est plus aujourd’hui,
limité par la Constitution. En 2015, il y avait 16 ministères et 16
secrétariats généraux. Hormis quelques exceptions (Ministère de la
qualité de la vie en 1974, Ministère du temps libre en 1981), les

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frontières des ministères d’un gouvernement à un autre restent


relativement stables.
2) La hiérarchie gouvernementale : Au sein des membres du
gouvernement, une hiérarchie existe :
– ministre d’État. La qualité de ministre d’État est honorifique. Elle
traduit cependant la reconnaissance qui est donnée à un homme ou
l’importance qui est donnée à un ministère et donc à une action
politique (André Malraux en 1959, ministre d’État chargé des
Affaires culturelles ; Michel Debré en 1969, ministre d’État chargé
de la défense nationale) ;
– ministre. Ils sont à la tête d’un département ministériel, dont les
contours varient selon les gouvernements. Les ministres, bien que
de rang égal, sont hiérarchisés par l’ordre du décret portant
composition du gouvernement. Cette hiérarchie sert d’abord à
montrer les priorités de l’action gouvernementale ;
– ministre délégué. Ils peuvent exercer leurs fonctions soit auprès
du Premier ministre, soit auprès d’un ministre afin de prendre en
charge plus particulièrement certaines de ses attributions ;
– secrétaires d’État. Ils peuvent, eux aussi, exercer leurs fonctions
auprès du Premier ministre ou d’un ministre. Ils peuvent également
être autonomes à la tête d’un département ministériel. Les
secrétaires d’État n’assistent généralement au Conseil des ministres
que lorsque l’ordre du jour comporte une question concernant
leur département ministériel.

L’organisation interne des ministères : Les ministres participent à la


définition de la politique gouvernementale. Ils exercent également leur
autorité sur l’ensemble des services de leur ministère. Pour mener
ces deux missions, ils disposent d’un cabinet ministériel, de compétences
administratives et surtout, d’un ministère.

La principale formation gouvernementale est le Conseil des


ministres qui réunit tous les ministres sous la présidence du président de
la République. Pour s’en tenir à ses fonctions administratives, il examine
tous les projets de lois et d’ordonnances et les mesures individuelles de
nomination des hauts fonctionnaires.

Le Conseil du gouvernement est la réunion du gouvernement sous


la présidence du premier ministre.

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Les questions soumises au conseil du gouvernement sont dans la forme,


de trois sortes :

- des textes de nature juridique. Il s’agit des avants projets


de lois ou projets d’ordonnances, des décrets.
- Des communications : soit des questions intéressants la
politique générale du gouvernement exposés par les
ministres intéressés en vue, le plus souvent, de provoquer
une décision, et quelquefois, simplement à titre
d’information, pour recueillir d’éventuelles observations du
conseil.
- Des décisions individuelles (nominations par décret
exécutif).

Les conseils interministériels ou comités restreints, organes de


coordination, réunissant certains ministres, sous la présidence du premier
ministre, afin de régler des questions sur lesquelles des ministres ne
partagent pas la même opinion. Ils sont occasionnels.

Des membres des cabinets ou des hauts fonctionnaires sont souvent


réunis sous la direction du cabinet du premier ministre, sous forme de
réunions interministérielles, pour décider de mesures techniques.

Le cabinet ministériel : Comme pour le chef de l’État, ou le Premier


ministre, les ministres disposent, pour les seconder, d’un cabinet
ministériel qui regroupe leurs collaborateurs directs. Le cabinet assure le
suivi administratif de l’action des services du ministère. Il assiste
également le ministre dans ses activités politiques. Lorsque le ministre
quitte son ministère, le cabinet disparaît avec lui. En principe, le cabinet
ne devrait pas dépasser dix personnes, comme le précise un décret du 28
juillet 1948 toujours en vigueur. En réalité, cette limite n’est pas
respectée. De même, les cabinets ne devraient pas posséder d’attributions
administratives. Cependant, un décret du 23 janvier 1947 autorise le
ministre à déléguer sa signature, s’il n’a pas déjà délégué sa compétence
aux fonctionnaires de l’administration centrale, au directeur de cabinet,
directeur adjoint et au chef de cabinet.

Place des ministres dans le pouvoir central :

Au sein de l’administration centrale, le ministre est investi d’une double


qualité ;
En tant que membre du gouvernement, il participe à l’action
collégiale de celui-ci et a un rôle politique ; (Le ministre, comme

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autorité politique, est responsable du fonctionnement de son


ministère devant le Parlement).

En tant que chef de département ministériel, il constitue une autorité


administrative centrale.

Attributions administratives des ministres :


Les ministres ont des attributions administratives multiples à l’égard du
département ministériel qu’ils dirigent ; chaque ministre est en effet le
chef hiérarchique supérieur de son administration. Sans dresser un
tableau complet des attributions ministérielles, on peut en rendre compte
en les groupant sous divers titres.
1. les ministres prennent d’abord eux-mêmes de multiples décisions
relatives à la gestion des services compris dans leur
département ministériel. Sans doute beaucoup de décisions sont
elles prises par leurs subordonnés et leurs représentants locaux ;
mais cette déconcentration n’existe que dans la mesure de textes
qui la prévoient ou des délégations que le ministre est en droit de
prononcer. Parmi les compétences que détient ainsi le ministre on
peut citer notamment l’ordonnancement des dépenses de l’Etat, la
gestion des biens, la conclusion des contrats de l’Etat.

2. A l’égard du personnel relevant de leurs départements, les ministres


exercent l’ensemble des compétences incluses dans la notion de
pouvoir hiérarchique ; pouvoir disciplinaire, pouvoir sur les actes
des subordonnés, notamment pouvoir général de leur donner des
instructions. Ils peuvent également à l’égard d’une partie limitée de
leur personnel, fixer les conditions de recrutement et procéder à des
nominations.

3. Les ministres ont un certain pouvoir réglementaire et préparent


les décrets intéressant leur département ministériel. (Les ministres
ne disposent pas, en principe, du pouvoir réglementaire. Il est
normalement exercé par le Premier ministre qui peut en déléguer
l’exercice à ses ministres. Cependant, en vertu de la
jurisprudence Jamart, ils disposent d’un pouvoir réglementaire,
même si celui-ci n’est pas prévu par les décrets de répartition des
pouvoirs entre les ministères. Ce pouvoir d’organisation des services
s’exerce essentiellement par la voie de circulaire ou de directives).

Organisation interne des ministères :


L’organisation des ministères est évidemment variable d’un département à
l’autre. Il existe cependant une sorte de « modèle type » que l’on retrouve
dans les principaux ministères avec quelques adaptations de détail.

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Les services du ministère proprement dits sont, en général répartis entre


plusieurs directions ou directions générales. La distinction entre direction
et direction générale (la seconde possédant seule, en théorie, des services
extérieurs) n’a plus aujourd’hui de signification absolue.
Ces services sont parfois, pour certains départements ministériels, placés
sous l’autorité d’un secrétaire général.
Le secrétaire général apparait ainsi comme le chef des services
administratifs du ministère. Il s’agit en général, d’un haut fonctionnaire
dont la carrière n’est pas directement liée à la personne du ministre.
Souvent l’institution d’un secrétaire général correspond au souci d’assurer
la permanence de l’action gouvernementale dans un secteur déterminé,
indépendamment des changements de titulaire du portefeuille ministériel.

 Fonction de secrétaire général de ministère


Décret présidentiel n°97-01 du 4 janvier 1997 relatif à la fonction de
secrétaire général de ministère. 1

Le secrétaire général assure, sous l’autorité du ministre, l’animation et la


coordination des activités de l’ensemble des structures du ministère.
Il exerce le pouvoir hiérarchique sur l’ensemble des personnels relevant
de ces structures. (art.2)
Dans la limite de ses attributions, le secrétaire général est habilité à
signer tous actes et décisions, y compris les arrêtés. (art.3)

Les ministères regroupent à la fois des services d’intervention et des


services de gestion ; l’importance relative de ces deux catégories de
services est évidemment fonction des effectifs du ministère considéré et
de ses attributions.
Les directions d’intervention correspondent à une mission du ministère,
à la gestion d’une activité d’intérêt général. Au contraire, les directions
de gestion traitent des problèmes de contentieux, du personnel, ou du
caractère financier ; ces directions ne sont donc pas tournées vers la
satisfaction d’un besoin public, mais correspondant simplement à la
gestion du ministère lui-même.
Il faut enfin mentionner les corps d’inspection. Ceux-ci sont, le plus
souvent rattachés directement au ministre. Leur rôle de départ consiste à
examiner le fonctionnement des services, à le contrôler, et à rendre
compte au ministre, mais leur intervention va parfois au-delà de ce travail
de contrôle proprement dit. Il s’agit de participer directement aux
décisions ministérielles, par exemple en préparant telle ou telle réforme,
en prenant en charge la mise en œuvre, en suggérant des changements
qui paraissent nécessaires. Ces travaux peuvent d’ailleurs être confiés à
l’inspection dans son ensemble ou à un tel ou tel de ses membres.

1
(JO n°01 du 05.01.1997 p 4).

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Séance n°03 : l’Administration centrale

La plupart des ministères ont leur propre corps d’inspection. Certains


corps d’inspection ont pris une importance pratique particulière, au-delà
même de leur ministère de rattachement ; le plus connu est l’inspection
générale des finances.

L’organisation interne des ministères en Algérie :

Placée sous l’autorité hiérarchique du ministre, l’administration centrale


comporte des organes et des structures. – Décret exécutif n°90-188 du 23
juin 1990 déterminant les structures et les organes de l’administration
centrale des ministères - . 2

S’agissant des organes, le ministre est assisté d’un cabinet qui comprend
un secrétaire général, un chef de cabinet, des chargés d’études et de
synthèse, des attachés de cabinet.

Quant aux structures de l’administration centrale, elles peuvent être


organisées selon le cas, et suivant la spécialité de chaque ministère, en
directions générales ou centrales, divisions, directions, sous directions et
bureaux.

Enfin, le ministre est habilité à mettre en place tous organes


d’inspection, de contrôle et d’évaluation adaptés à la nature des
missions qui relèvent de ses attributions dans le cadre de l’exécution du
programme d’action du gouvernement.

 Structures et organes de l’administration centrale des


ministères
Décret exécutif n°90-188 du 23 juin 1990 déterminant les structures et
les organes de l’administration centrale des ministères 3

Dans le cadre de l’unité d’action du Gouvernement et dans le respect de


son programme adopté, l’administration centrale du ministère et les
services déconcentrés en dépendant s’assurent dans le respect de leurs
attributions respectives de la réalisation des objectifs assignés au secteur
par le plan national de développement.
L’administration centrale est placée sous l’autorité du ministre. Elle
comporte des structures et des organes. (art.1er)

2
(JO n°26 du 27.06.1990).
3(JO n°26 du 27.06.1990 p 734)

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L’administration centrale a pour fonction de préparer et d’élaborer les


actes et décisions politiques, économiques, administratifs et techniques
liés aux prérogatives de direction, d’orientation, de coordination, de
régulation, de planification et de contrôle du ministre à l’égard du secteur
dont il a la charge.

Elle peut susciter ces actes et décisions, elle en suit l’application. (art.2)

- I - DES STRUCTURES :
Les structures de l’administration centrale du ministère sont chargées
d’assurer les fonctions visant à garantir la pérennité de l’action
administrative et le bon fonctionnement des services publics.

Elles peuvent être organisées selon le cas, et suivant la spécificité de


chaque ministère en :

1 directions générales ou centrales ;


2 divisions ;
3 directions ;
4 sous directions ;
5 bureaux. (art.3)

- II – DES ORGANES :
I DU CABINET :

Pour l’exercice des missions ne relevant pas des attributions et


compétences des structures et des autres organes de l’administration
centrale, le ministre est assisté d’un cabinet. (art10)

Le cabinet est chargé d’effectuer pour le ministre tous travaux d’études et


de recherche liés à ses attributions. (art.11)

Le cabinet du ministre comprend :

1 un directeur de cabinet ; (remplacé ensuite par le thème secrétaire


général )
2 un chef de cabinet ;
3 des chargés d’études et de synthèse ;
4 des attachés de cabinet. (art.13)

II DES ORGANES D’INSPECTION, DE CONTROLE ET


D’EVALUATION :

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Pour assurer l’application de la législation et la réglementation en vigueur


spécifique au secteur et assurer le fonctionnement normal et régulier des
structures, organismes et établissements relevant de son autorité, le
ministre est habilité à mettre en place tous organes d’inspection, de
contrôle et d’évaluation adaptés à la nature des objectifs qui leur sont
assignés dans le cadre du programme d’action du Gouvernement.(art.17)

III DES ORGANES CONSULTATIFS :

Dans le cadre du développement de la concertation avec les partenaires


socio-économiques et usagers des services publics et en vue de
promouvoir et améliorer les activités et prestations du secteur, le ministre
est habilité à mettre en place toute instance de consultation et/ou de
concertation. (art.18)

IV DE L’ADMINISTRATION DE MISSION :

Pour l’étude de dossiers et la réalisation de projets particuliers, le ministre


peut désigner, pour une période déterminée et sur la base d’un
programme préétabli, des responsables d’études ou de projets qu’il peut
investir, le cas échéant, d’un pouvoir d’administration et de gestion.

La décision de désignation doit préciser les contours de la mission ou du


projet à réaliser et en fixer l’échéance.

Elle doit également déterminer les moyens à mettre en œuvre pour


concrétiser la mission ou le projet. (art.19)

Les organes particuliers de l’administration centrale :

Ces organes, situés au niveau central de l’Etat mais échappent à la


structure générale décrite ci-dessus, sont principalement :

Les organes consultatifs :

Face à la multiplicité et à la technicité de plus en plus patente des tâches


qui relèvent des compétences des pouvoirs publics, ces derniers sont
astreints à recueillir les avis des experts. Il peut être fait appel à des
expertises externes.

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Séance n°03 : l’Administration centrale

Dans d’autres cas, l’administration s’adresse à des organes administratifs


dont la mission est d’assister les pouvoirs publics dans le processus de
prise de décisions.

Parmi ces organes, certains exercent exclusivement des compétences


consultatives. Tel est le cas du Conseil national économique et social -
Décret présidentiel n°16-309 du 28 novembre 2016 portant composition
et fonctionnement du Conseil national économique et social (JO n°69 du
06 décembre 2016) - chargé d’assurer la permanence du dialogue et de la
concertation entre partenaires économiques et sociaux, d’évaluer et
d’étudier les questions d’intérêt national portant sur le développement
économique et culturel, d’initier des propositions et recommandations et
de donner des avis sur des questions d’intérêt économique, social et
culturel.
Art. 204 : « Le Conseil National Economique et Social, ci-dessous
dénommé « le Conseil », est un cadre de dialogue, de concertation
et de proposition dans le domaine économique et social.

Il est le conseiller du Gouvernement ».

Art. 205 : « Le Conseil a notamment pour mission :

- d’offrir un cadre de participation de la société civile à la


concertation nationale sur les politiques de développement
économique et social ;

- d’assurer la permanence du dialogue et de la concertation entre


les partenaires économiques et sociaux nationaux;

- d’évaluer et d’étudier les questions d’intérêt national dans les


domaines économique, social, de l’éducation, de la formation et de
l’enseignement supérieur ;

- de faire des propositions et des recommandations au


Gouvernement ».

D’autres organes exercent des attributions consultatives à coté de leurs


compétences décisionnelles. C’est le cas du Conseil d’Etat qui, outre ses
attributions en tant que juridiction administrative, exerce des
compétences consultatives. – Loi organique n°98-01 du 30 mai 1998
relative aux compétences, à l’organisation et au fonctionnement du
Conseil d’Etat JO n°37 du 01.06.1998 –

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Il est en effet obligatoirement consulté par le Gouvernement sur les


projets de lois. Il peut proposer toute modification qu’il juge nécessaire au
texte qui lui est soumis.

C’est également le cas du Conseil de la concurrence. –Ordonnance


n°03-03 du 19 juillet 2003 relative à la concurrence, JO n°43 du
20.07.2003, modifiée et complétée par la loi n°08-12 du 25 juin 2008, JO
n°36 du 02.07.2008 et la loi n°10-05 du 15 août 2010 JO n°46 du
18.08.2010- Il donne son avis sur toute question concernant la
concurrence à la demande du Gouvernement et formule toute proposition
sur les aspects de concurrence.

On peut citer enfin le Conseil supérieur de la magistrature. –Loi


organique n°04-12 du 6 septembre 2004 fixant la composition, le
fonctionnement et les attributions du Conseil supérieur de la magistrature,
JO n°57 du 08.09.2004- Il est consulté sur les problèmes généraux
relatifs à l’organisation judiciaire, la situation des magistrats, leur
formation et leur recyclage.

Généralement, la consultation est facultative. Dans certains cas


cependant, la saisine de l’organe consultatif est obligatoire.

Dans le cas de la saisine obligatoire, on distingue entre deux types


d’avis :

- l’avis simple : ici l’administration est tenue de saisir


l’organe consultatif mais n’est pas liée par l’avis de ce
dernier. A titre d’exemple, si le Conseil supérieur de la
magistrature est consulté sur les problèmes généraux
relatifs à l’organisation judiciaire, la situation des
magistrats, leur formation et leur recyclage, le
Gouvernement n’est pas lié par l’avis qu’il émet.
- l’avis conforme : dans cette hypothèse, l’administration
est tenue non seulement de saisir l’organe consultatif, mais
également de suivre l’avis qu’il émet. A titre d’exemple,
l’article 165 du statut général de la fonction publique
dispose que « Les sanctions disciplinaires des 3ème et 4ème
degrés sont prononcées par décision de l’autorité investie
du pouvoir de nomination après avis conforme de la
commission administrative paritaire compétente, siégeant
en conseil de discipline, qui doit se prononcer dans un délai
n’excédant pas les quarante cinq (45) jours, à compter de

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Séance n°03 : l’Administration centrale

la date de la saisine ». De même les magistrats du tribunal


des conflits sont nommés par le président de la République
sur proposition du ministre de la justice après avis
conforme du Conseil supérieur de la magistrature.

Les autorités administratives indépendantes :

Leur institution, relativement récente (création du conseil supérieur de


l’information en 1990) est liée à la recherche de formules permettant
d’isoler dans l’administration des organes disposant d’une autonomie par
rapport au gouvernement et aux départements ministériels, pour
l’exercice d’attributions dans des domaines aussi sensibles que les
libertés publiques et les activités économiques. Toutefois, depuis la
dissolution du conseil supérieur de l’information, leur domaine
d’intervention se limite au secteur économique et financier.

 Il s’agit d’autorités parce qu’elles sont spécialement aménagées et


disposent de certains pouvoirs.
 Elles sont administratives parce qu’elles appartiennent à
l’administration active et ne sont pas assimilables à des juridictions.
 Elles sont indépendantes essentiellement parce que, outre certains
aspects de leur composition, elles ne sont soumises à aucun pouvoir
hiérarchique.

Elles ne répondent pas à un modèle juridique uniforme.

C’est dans le domaine de l’information qu’a été instituée la première


autorité administrative indépendante sous la dénomination du Conseil
supérieur de l’information. Durant la même année, la loi relative à la
monnaie et au crédit institue deux (02) organes, le Conseil de la monnaie
et du crédit et la commission bancaire.

En dehors du champ économique, le législateur institue une autorité


administrative indépendante ayant pour champ de compétence la
transparence financière de la vie publique : il s’agit de l’Organe national
chargé de la prévention et de lutte contre la corruption.

Enfin la loi relative aux hydrocarbures institue deux agences nationales


indépendantes : l’Agence nationale de contrôle et de régulation des
activités dans le domaine des hydrocarbures (autorité de régulation des
hydrocarbures) et l’Agence nationale pour la valorisation des ressources
en hydrocarbures (ALNAFT).- loi n°05-07 du 28 avril 2005 relative aux

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Séance n°03 : l’Administration centrale

hydrocarbures JO n°50 du 19.07.2005, modifiée et complétée par


l’ordonnance n°06-10 du 29 juillet 2006 Jo n°48 du 30.07.2008-

Si elles sont dotées de larges prérogatives de puissance publique, il reste


qu’elles sont soumises aux règles du droit commercial dans leurs rapports
aux sociétés pétrolières et aux tiers d’une manière générale. A ce titre,
elles ne peuvent être qualifiées d’autorités administratives. Ici, on est en
droit de faire le parallèle avec le distinguo classique entre les
établissements publics à caractère administratif et les établissements
publics à caractère industriel et commercial pour supposer que le
législateur a entendu reproduire une telle dualité dans le domaine de la
régulation : à coté des autorités administratives indépendantes, on
assisterait ainsi à l’institution d’autorités commerciales indépendantes. Le
processus de régulation serait ainsi ventilé entre les deux types de
structures et, à ce titre, on aboutit à la dissociation entre la notion
d’autorités de régulation, pour souligner la fonction qui échoit à de telles
structures, et celle d’autorités administratives indépendantes ou autorités
commerciales indépendantes, pour s’attacher aux aspects
institutionnels de la régulation.

Leur organisation est variée. Contrairement à la solution française qui ne


leur reconnait pas de personnalité juridique (sauf quelques exceptions),
elles en sont pourvues pour la plupart d’entre elles en droit algérien. Elles
engagent ainsi leur propre responsabilité pour les préjudices qu’elles
peuvent causer. Elles sont collégiales et leur composition diversifiée. La
nomination de leurs membres résulte d’un décret présidentiel. Quant à
leur désignation, elle relève souvent de la compétence du ministre chargé
du secteur, parfois des juridictions, plus rarement des professionnels.

Leurs fonctions sont aussi diverses. Elles s’assurent l’encadrement des


activités économiques, soit dans leur ensemble (Conseil de la
concurrence) soit sans certains secteurs (Commission de surveillance des
opérations de bourse, Commission bancaire, Commission de supervision
des assurances).

Leurs pouvoirs sont plus ou moins forts : décisions individuelles ou


réglementaires (Conseil de la monnaie et du crédit, Commission de
surveillance des opérations de bourse), ce qui constitue un cas original
d’exercice du pouvoir réglementaire national.

L’autorité de régulation de la poste et des télécommunications dispose du


pouvoir d’arbitrer les différends entre les opérateurs intervenant en

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Séance n°03 : l’Administration centrale

matière de télécommunication et d’un pouvoir de sanction. Le pouvoir de


sanction attribué à ces autorités pose la question du respect du
contradictoire et de l’impartialité qui doivent être garantis.

Leur autonomie ne les fait pas échapper au contrôle juridictionnel :


autorités administratives, elles sont soumises à la justice administrative. –
A l’exception notable du conseil de la concurrence dont le contentieux est
ventilé entre le Conseil d’Etat et la chambre commerciale de la cour
d’Alger-

Leurs décisions peuvent en principe être contestées devant lui, voire


annulées. Elles peuvent s’autosaisir, l’acte de saisine d’office ne pouvant
s’apparenter à un préjugement.

Des difficultés peuvent survenir dans les rapports entre ces Autorités,
essentiellement entre le Conseil de la concurrence et les autorités de
régulation sectorielles. Les textes qui les instituent leur accordent souvent
des pouvoirs de contrôle des opérations de concentration d’entreprises
dans le secteur soumis à leur autorité tandis que la loi relative à la
concurrence accorde le même pouvoir au Conseil de la concurrence.

Les organes de contrôle ont vocation à contrôler la bonne marche des


services publics et la régularité de leur fonctionnement :

– les corps d’inspection (Inspection générale de l’Administration, des


Finances, des Affaires sociales…) appartiennent à cette catégorie
d’organisme ;

– la Cour des comptes :

Art. 192 : « La Cour des Comptes est indépendante. Elle est chargée
du contrôle a posteriori des finances de l’Etat, des collectivités
territoriales, des services publics, ainsi que des capitaux marchands
de l’Etat.

La Cour des comptes contribue au développement de la bonne


gouvernance et de la transparence dans la gestion des finances
publiques.

La Cour des comptes établit un rapport annuel qu’elle adresse au


Président de la République, au Président du Conseil de la Nation, au
Président de l’Assemblée Populaire nationale et au Premier
Ministre.

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Séance n°03 : l’Administration centrale

La loi détermine les attributions, l’organisation et le fonctionnement de la


Cour des Comptes et la sanction de ses investigations, ainsi que ses
relations avec les autres structures de l’Etat chargées du contrôle
et de l’inspection ».

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