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Saé 1.

01 – Situer une organisation dans son environnement

RIONDET GEA2
Maxence TD4

Enseignant référant : Mme. Passaquay Année : 2022/ 2023

Introduction :

La Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) est la combinaison et l’héritage d’une longue
histoire nationale autour du chemin de fer. Ayant connu les guerres successives (1914-1918 ;
1939-1945 ; guerre d’Algérie), les multiples bouleversements structurels du siècle dernier
(crise économique de 1929 ; immigration du début du siècle ; déportations) les chemins de fer
ont eu une place centrale stratégique pour la puissance publique en s’imposant comme
l’épine dorsale de l’interconnexion des réseaux de transports français. De ce fait, les chemins
de fer français découpés en compagnies distinctes vont être unifiés et nationalisés par décret
le 31 août 1937. Dans un contexte de dépression économique et avec l’essor du trafic routier
les différentes sociétés privées ferroviaires de l’époque sont en déficit. C’est alors que Camille
Chautemps (Président du Conseil des ministres de 1937 à 1938) acte l’unification du marché
ferroviaire sous la tutelle de l’État avec une réorganisation profonde des compagnies
ferroviaires privées (Compagnie du Nord, Compagnie du Midi, Compagnie Paris-Lyon-
Méditerranée …) qui vont prendre le nom de : SNCF. Grâce à cette politique interventionniste
et à un fort investissement humain et financier, la SNCF devient un fleuron technologique
français. La SNCF bat tous les records de vitesse avec le Train à Grande Vitesse (TGV) lancé en
1974 et qui va s’étendre en Europe avec l’Eurostar ou le Thalys. De plus, la SNCF se mue en
outil au service de l’attractivité des territoires avec la naissance des Train Express Régionaux
(TER) et les voitures Corail. Transportant aujourd’hui plus de 15 millions de voyageurs par jour,
la SNCF est l’un des premiers groupes mondiaux de services de transport de voyageurs, et de
marchandises en plus de gérer le rail français. La SNCF dispose de plus de 650 filiales réparties
en France et à l’étranger qui déploient des brevets, un savoir-faire unique et se décompose
autour de cinq sociétés :
-SNCF Réseaux qui se charge d’entretenir les infrastructures, fixe le prix des péages et en
collecte les bénéfices. De ce fait, c’est la société la plus rentable des cinq.
SNCF Réseaux est elle-même constituée de SNCF Gares & Connexions qui a pour but de
moderniser et animer les gares.

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-SNCF Voyageurs qui se charge de répondre aux besoins des voyageurs en s’occupant de la
vente des billets. Elle a en charge l’espace de réservation de billet en ligne « SNCF Connect »
que ce soit pour les trajets longs distances (TGV) ou du quotidien (RER ou encore TER)
- GEODIS qui est un des leaders mondiaux dans le domaine de la logistique, avec une présence
dans plus de 60 pays. Sa mission est d’optimiser la « Supply Chain », afin de minimiser les coûts
de transports.
-KEOLIS : appartenant à hauteur de 70% par la SNCF, KEOLIS travaille auprès des collectivités
territoriales pour développer des réseaux de transport de mobilité partagée en ville (tramway,
bus…).

Identification des aspects ECONOMIQUES et JURIDIQUES

Ressource 1.01 Environnement économique :

Connue de tous, la SNCF dispose d’un gros avantage : celui du monopole sur les services de
transport de marchandises pour les entreprises et les ventes de billets pour les particuliers.
De ce fait, elle s’inscrit dans un secteur marchand car elle produit un service destiné à être
vendus sur un marché moyennant un prix économiquement significatif (c’est-à-dire, qui
recouvre au moins 50% des coûts de production). Cet avantage est non-négligeable, car les
clients n’ont pas d’autres alternatives en termes de déplacements ferroviaires, ce qui
contribue à rendre la SNCF bénéficiaire vis-à-vis de son seul actionnaire : L’État. En effet
comme toute entreprise privée la SNCF vise à répondre aux intérêts de son actionnaire qui,
quant à lui, apporte les fonds en investissant.
Toutefois, en ayant l’État comme unique actionnaire, la SNCF se singularise d’autres
entreprises car le profit n’est pas sa principale vocation. L’État a plusieurs casquettes : celui
d’actionnaire (intérêts financiers) mais est aussi le donneur d’ordre (intérêts politiques et
citoyens), car les collectivités souhaitent une égalité d’accès au train sur le territoire national
au détriment, parfois, de la rentabilité. Il existe donc clairement un déséquilibre entre ces
intérêts qui font naître des contradictions (exemple : des petites lignes ferroviaires non-
rentables mais utiles à la population locale et aux collectivités). L’état apparaît comme une
partie prenante vitale à la SNCF car il est aussi son unique client qui définit les besoins, remplit
le carnet de commandes et finance les projets. Une relation d’interdépendance se noue entre
ces deux acteurs. Au-delà du sol national, la SNCF cherche à conquérir le marché européen
dans le cadre de la mise en concurrence progressive du marché. Sur le volet international, la
SNCF est déjà implantée avec une présence dans 120 pays et 62 000 employés déployés à
l’étranger. Représentant 1/3 du chiffre d’affaires en 2021, le marché mondial constitue un
enjeu primordial pour être plus compétitif face à l’émergence de la concurrence. C’est à partir
de son chiffre d’affaires qui s’élève à 34,7 milliards d’euros en 2021 que la richesse créée est
comptabilisée dans le PIB (Produit Intérieur Brut) français.

Ressource 1.02 : Environnement juridique :

Chargée d’histoire, la SNCF a connu de nombreux changements quant à son statut et ses
qualifications juridiques.

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Cette frise chronologique illustre bien ces trois ruptures :

Lors de sa création via le décret du 31 août 1937, la SNCF est d’abord est une « société
anonyme d’économie mixte ». Marquant la fusion des compagnies privées ferroviaires, le
capital de la toute nouvelle SNCF est détenu majoritairement par l’état puisqu’il détient 51%
des actions et 49% sont pour les compagnies privées. L’intérêt pour l’état est de s’assurer que
l’intérêt public sera pris en compte dans le processus de décision. Le virage de la
nationalisation est pris par la SNCF. Puis un 1983, sous l’impulsion d’Anne-Marie Idrac
(secrétaire d’État chargée au transport), la SNCF devient un « établissement public à caractère
industriel et commercial » (EPIC) qui a pour objectif de remplir uniquement une mission de
service public. La SNCF devient donc une personne morale soumis au droit public. Malgré cela,
la SNCF a du mal à devenir rentable. C’est donc sous l’impulsion d’E.MACRON et de son
Premier ministre E. PHILIPPE que la SNCF va se libéraliser sous la tutelle de l’État avec
l’application du « Nouveau Pacte Ferroviaire ». Ce dernier acte le retour du statut de « société
anonyme » soumis au droit commercial. L’État devient l’unique actionnaire et reprend la
dette à hauteur de 35 milliards d’euros. En retour, la SNCF accepte l’ouverture au marché
européen souhaité par le président et la fin du recrutement au statut de cheminot. De ce fait,
la SNCF est soumise au droit européen et au droit public car elle a des obligations vis-à-vis de
l’état et des collectivités (mission du service public), elle dépend alors du tribunal judiciaire.
S’ajoute à cela, les revendications salariales traitées par le droit social qui garantit les droits
des salariés de la SNCF vis-à-vis, notamment, des nouveaux opérateurs ferroviaires dans le
cadre de la mise en concurrence. C’est le Conseil des Prud’hommes qui est compétent pour
cela. Et plus, logiquement, s’inscrivant dans le secteur marchand, la SNCF est sujette au droit
commercial concernant la vente, l’échange et l’annulation de billets. Elle dépend donc aussi
du tribunal de commerce et correctionnel s’il y a délit (comme ce fut le cas le 12 juillet 2013
lors d’un déraillement d’un Intercités en gare de Brétigny faisant sept morts). Comme toute
grandes entreprises, la SNCF conclut des contrats de plusieurs natures. Tout d’abord des
contrats nommés (prévues par le Code Civil) et synallagmatiques (qui fait naître des
obligations) comme des contrats commerciaux (vente, bail, dépôt…) et innommés (non prévus
par le Code Civil) comme des contrats de performance vis-à-vis de son actionnaire (objectifs
financiers ou écologiques, régularité des trains…). Enfin, la SNCF prévoit des contrats
d’adhésion (dont les clauses sont non-négociables) comme des contrats d’embauche (CDD ou
CDI) ; tout cela afin d’assurer la pérennité de l’organisation.

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Identification des aspects SOCIAUX et MANAGERIAUX

Ressource 1.03 : Ressources humaines

Composé de 270 000 salariés partout dans le monde, il est important, pour le groupe SNCF,
d’établir une politique RH cohérente afin que les salariés se complètent et travaillent dans la
même direction. De plus, la SNCF est dotée de savoir-faire uniques et convoités, elle tient donc
à fidéliser ses salariés pour continuer à performer. C’est ainsi que l’entreprise propose toutes
sortes d’avantages à commencer par le statut de « cheminot ». Emblématique à la SNCF, le
statut de cheminot est historique et une véritable scission est faite au sein de la SNCF entre :
- Les Statutaires (cheminots) qui sont soumis au droit public et jouissent de nombreux
avantages. A commencer, par un régime de retraite spécial avec une caisse de retraite à part
(départ anticipé entre 55 et 60 ans), une assurance maladie SNCF (médecin, centres médicaux
et maisons de retraite qui leur sont dédiés) et une sécurité de l’emploi. Par cet
accompagnement durable, la SNCF est bien plus qu’une entreprise pour eux, elle est une
garantie de leurs droits indispensables au quotidien. Une forte attache et un fort esprit de
groupe existe donc entre les salariés statuaires qui voient la défense de leur statut comme un
combat. Cela a pu être constaté lors des grèves en 2020 pour montrer leurs désaccords par
rapport à la loi PACTE qui stipule la fin progressive du statut de cheminots, jugé trop onéreux,
par la direction et le pouvoir exécutif.
-Les salariés contractuels, quant à eux, sont des agents SNCF de droits privés. Comme dans
une entreprise privée, il dispose du régime de retraite général avec la caisse de retraite
nationale « ARGIC/ARCO » (départ en retraite à l’âge légal : 64 ans à taux plein, actuellement).
En minorité, pour l’instant, ce statut tend à s’accroître pour devenir l’unique statut, à terme.
Pour tous les salariés, la semaine de travail est fixée à 35 heures, sauf exception comme les
conducteurs de trains qui conduisent de nuit par exemple.
Pour rationaliser les rémunérations, la SNCF a mis en place un système de classification du
personnel en trois rangs :
-Rang A à C : Ouvriers (ou exécution)
-Rang D et E : Agents de maîtrise
-Rang F à H : Cadres
Avec ces classifications, le salaire et les
responsabilités sont différents. Et au
sein de chaque rang, il y a des grades
qui permettent à l’employé de monter
en compétences et d’évoluer en
classification en fonction de
l’ancienneté.
S’ajoute à cela, des compléments de
revenus comme le 13ème mois ou les
primes d’ancienneté et des prix de
billets de train à tarifs préférentiels
(réduction à 90% pour le salarié et sa
famille).

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Ressource 1.04 : Management d’activités :
Découpé autour des sociétés, le groupe SNCF possède une structure divisionnelle :

(Sources : « Lettres du Cheminots »)


L’avantage de cette structure est qu’elle confère une plus grande autonomie à chaque société
et permet une adaptation rapide de chaque société à son marché.
Depuis la loi PACTE (mai 2019), qui oblige les entreprises à un devoir de transparence, la raison
d’être de la SNCF est de développer sa RSE (Responsabilité Sociétal des entreprises) avec une
série d’engagements comme revitaliser des zones géographiques mal desservie ou jouer un
rôle de catalyseur dans la décarbonisation des modes de transports et ainsi garantir la
soutenabilité de notre système économique. Avec tous ces engagements à long terme, le
management de la SNCF est surtout un management par projet dans lequel le manager à un
rôle fondamental pour maintenir une cohésion de travail saine et efficiente. Ainsi, le style de
management consultatif est privilégié avec des prises de décisions qui se font après avis des
collaborateurs et qui repose sur une communication descendante et ascendante.

Ressource 1.05 : Environnement sociologique


Fruit d’un savoir-faire précis, la SNCF possède une grande culture organisationnelle qui est
celle de la culture du ferroviaire. Constituant l’ADN de l’entreprise, les salariés sont portés
par l’histoire et les valeurs que la SNCF alimente au fil du temps et qui sont :
-L’engagement : Chaque salarié est fier de contribuer aux missions du service public.
-L’efficacité : Ce n’est pas rien de faire rouler 15 000 trains par jour, essentiels à la mobilité
de chacun ; c’est pour cela que la SNCF à un devoir d’efficacité vis-à-vis des usagers.
-L’ouverture : Pour innover, la SNCF se met à l’écoute de chacun pour rechercher de
nouvelles idées qui correspondent aux attentes de tous.

Au-delà de ces valeurs, il existe, toutefois, une dissension interne entre cheminots et
statuaires. Les uns ne bénéficiant pas des mêmes avantages que les autres, le traitement ne
sera parfois pas le même. Une distinction est faite mais le mot de « conflit » serait inapproprié
car la culture d’entreprise tend à unifier les travailleurs par une politique RH jalonnée par des
réunions collectives, une prise en compte des exigences des salariés et le développement de
projets transversaux comme avec la « Fondation SNCF » qui est une démarche associative
interne qui vise à soutenir des associations par le mécénat ou la participation de salariés à un
projet.

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