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Comme nous l’avons déjà vu, les méthodes de calcul de coûts complets (celle des centres
d’analyse notamment) se sont développées au début du siècle, dans une "économie de
l'offre" (vendre n’est pas un problème), où les entreprises sont souvent mono productrices
et centrées autour de l'atelier de production. Au détour des années 20, elles se sont avérées
inadaptées face à un double mouvement de concentration et de diversification.
C'est pourquoi d'autres méthodes se sont imposées qui refusent les imputations arbitraires et se
prêtent davantage à la prévision et à la modélisation. Ce sont les méthodes dites de "coûts
partiels" que nous présenterons au chapitre 2 après avoir mis l’accent sur le comportement de
charges et son influence sur le coût et le résultat de l’entreprise ; et ce à travers le modèle « coût -
volume – profit », objet du chapitre 1.
Charges
23000
21000
19000
17000
3000
a. Définition
Méthodes du coût partiel M. Atlagh
4
Le seuil de rentabilité comptable correspond au niveau d'activité (exprimé en volume ou chiffre
d'affaires) à partir duquel l'entreprise réalise un bénéfice, c'est-à-dire couvre la totalité de ses charges
fixes.
Le terme de "seuil de rentabilité" est cependant mal choisi puisqu'il n'est ici aucunement question de
"rentabilité" (bénéfice / capitaux engagés), mais simplement de bénéfice (produits - charges). On peut
très bien réaliser un faible bénéfice sans être pour autant rentable.
b. Calcul
Il peut être calculer à partir des deux relations précédentes :
R = (PV - CV) x Q - F (1)
MCV
m = ------------------
(2) CAHT
Pour que R = 0 , il faut que : (PV-CV) x Q = F et donc : MCV = F
Si l'on appelle SR le chiffre d'affaires qui correspond au seuil de rentabilité dans la relation 2 :
F
SR = ------------
m
SR = …………………………………………………..
d. Représentation graphique
Le problème du « seuil de rentabilité » ou « point mort » peut également être abordé graphiquement.
• Représentation par le coût total
Au point d'intersection des deux droites le résultat est nul puisque la marge sur coût variable couvre
tout juste
les charges fixes.
d. Hypothèses simplificatrices
La simplicité et l'opérationnalité du modèle sont obtenues au prix d'hypothèses simplificatrices:
- Le volume est la seule variable qui influence vraiment les coûts;
- Les rendements sont constants, à l'intérieur de la fourchette de variation de volume retenue; les
charges variables évoluent donc proportionnellement au volume d'activité;
- Les prix de ventes sont constants;
- Les prix unitaires des facteurs sont constants;
- Les frais fixes (ou de structure) sont constants
- Il n'y a qu'un seul produit ou le "mix-produit" ne varie pas.
Dès que l'une de ces contraintes se trouvent modifiées, le graphique du seuil de rentabilité doit être
reconstruit. Celui qui en fait l'analyse doit constamment vérifier ses hypothèses.
𝑺𝑹 × 𝟏𝟐
𝑷𝒐𝒊𝒏𝒕 𝑴𝒐𝒓𝒕 = ; 𝒔𝒊 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒏𝒏é𝒆𝒔 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒂𝒏𝒏𝒖𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔
𝑪𝑨
✓ Dans l’hypothèse où les ventes sont i rrégulières sachant que les coefficients saisonniers ont
été les suivants :
MOIS J F M A M J J A S O N DF
COEF SAISO 0,53 0,14 0,85 0,68 1,3 0,81 1,5 1,66 0,9 0,42 1,33 1,88
Plus le point mort est atteint tardivement, plus grand est le risque car un renversement de
tendance pourrait rendre l'entreprise déficitaire.
CAHT- SR
Indice de sécurité = -----------------------
CAHT
Lorsqu'il est élevé, il est plus difficile pour l'entreprise d'atteindre le point mort.
d. Le levier opérationnel
La notion de "levier opérationnel" traduit la sensibilité du résultat à une variation du chiffre d'affaires:
var. R / R
Levier opérationnel = ----------------------------
var.CAHT / CAHT
Une augmentation du chiffre d'affaires de +10% (il passerait à 330 000) conduirait à un résultat de
……………………………………………………………………………………………,
Soit une augmentation de …………………………………….
Le levier opérationnel est donc égal à 3, ce qui est élevé et risqué en cas de renversement de tendance
Méthodes du coût partiel M. Atlagh
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CAHT- SR
Indice de sécurité = -----------------------
CAHT
Soit ici: ……………………………………………………………………..
Une telle marge de sécurité laisse à penser qu’il est très peu probable de faire une perte.
Une augmentation du chiffre d'affaires de +10% (il passerait à 330 000) conduirait à un résultat de 39
000, soit
une augmentation de +30%.
Le levier opérationnel est donc égal à 3, ce qui est élevé et risqué en cas de renversement de tendance.
1. Exemples d'application
EXEMPE1
Combien faut-il vendre de billets d'entrée (à 80 €) pour pouvoir équilibrer la gestion d'un concert
sachant que la location de la salle a coûté 5000 €, que le cachet des musiciens se montent à 10 000 € et
les frais divers de gestion à 1000€ ?
EXEMPLE2
Qu'elles sont les conséquences sur le résultat net comptable de l'introduction d'une nouvelle
machine plus performante, dont le coût d'achat est de 120 000€, amortissable linéairement sur cinq
ans et qui permettrait d'abaisser l'ensemble des charges variables de 10% ?
Le compte résultat différentiel simplifié (mensuel) avant l’introduction de la machine :
Chiffre d'affaires 50 000
Coûts variables 35 000
Marge sur coût 15 000 (taux de marge : 30%)
variables
Frais fixes 10 000
Résultat (avant impôt) 5 000
Dans quelle mesure faut-il engager un nouveau vendeur ? Le salaire fixe est de 6 000 € et il
touche une commission de 10% sur les articles vendus. Il aurait la charge d'un seul produit dont le prix
de vente unitaire est de 100 € et le coût variable de production de 70 €.
Réponse
EXEMPLE 4
Est-il opportun de lancer une campagne publicitaire (coût : 2 880 000 €) qui permettrait
d’augmenter les ventes de 20% pendant trois ans ?
Le compte de résultat (mensuel) avant le lancement de la
campagne : Chiffre d'affaires 2 000 000 (20 000 articles)
Coûts variables 1 200 000
Marge sur coût variables 800 000 (taux de
marge : 40%) Frais fixes 600 000
Résultat (avant impôt) 200 000
Réponse :
EXEMPLE 5
Doit-on accepter une commande supplémentaire de 100 articles à 165 € alors que le prix
habituel est de 200 € ?
Le compte de résultat (mensuel) avant l'introduction :
Chiffre d'affaires 200 000 (1000 articles)
Coûts variables 150 000
Marge sur coût 50 000 (taux de marge : 25%)
variables
Frais fixes 40 000
Résultat (avant impôt) 10 000
L'entreprise dispose de capacités excédentaires
Réponse :
I- Notions de base
Affectabilité
1 3
Matières, composants Main Loyer ou amortissements
Charges directes d'oeuvre directe Sous- d'équipements spécifiques.
traitance
2 4
Charges Energie consommée par les Frais généraux des services
indirectes ateliers centraux (informatiques,
- Les charges directesPetites fournitures
et variables (cadran 1)non juridiques....)
peuvent Recherche
être affectées et des produits sans
aux coûts
stockées
difficulté particulière. développement..
- Les charges indirectes et variables (cadran 2) posent beaucoup plus de problèmes ; en effet,
elles nécessitent la mise en place d'un réseau d'analyse, avec toutes les lourdeurs que cela
implique, mais sont en général d’un montant relativement faible. C’est pourquoi, certains ont
été amenés à simplifier la méthode des coûts variables, en n'affectant aux objets de coûts que
les seules charges variables et directes (cadran 1). On parlera alors de "méthode des coûts
variables simplifiés".
- La présence de charges directes et fixes (cadran 3), d’un montant significatif, a conduit au
contraire, à perfectionner la méthode des coûts variables, en les affectant également aux coûts
des produits ; il s'agit de la "méthode du coût variable évolué" ou « méthode des coûts
spécifiques » (voir la section 3).
- Les charges indirectes et fixes (cadran 4) ne sont pas analysées mais simplement regroupées,
avant d'être absorbées grâce aux marges dégagées par les différents produits. Ces charges, en
pleine croissance, sont justement celles qui posent VSle plus de problèmes.
Le choix entre ces différentes méthodes de coûts partiels dépend de l'importance relative des
différents types de charges et de la nature des décisions à prendre.
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On aboutit alors au schéma de base qui constitue la trame des différentes méthodes de coûts
partiels:
Les produits dégagent des marges (et non des résultats) qui contribuent à couvrir une
masse indifférenciée de charges non réparties (charges fixes communes, etc.).
On appelle marge la différence entre le prix de vente et un coût partiel; il existe autant de marges
que de coûts partiels: marge sur coûts variables, marges sur coûts directs,.....
Toutes les analyses ou décisions de gestion se feront à partir des marges ainsi dégagées.
Chiffre d'affaires Chiffre d'affaires Chiffre d'affaires
Produit A Produit B Produit C
Charges communes
= Résultat de la firme
En retranchant à la somme des marges les charges communes, on obtient un résultat global:
Résultat = marges - charges communes
II- La méthode du coût variable
La méthode du coût variable porte également le nom de "direct costing" en raison de ses
origines américaines. Mais le terme est un "faux ami", puisque "direct" doit être traduit par
variable et non par direct.
A. Principes
La méthode du coût variable consiste à ne prendre en compte que les seules charges variables,
qu’elles soient directes ou indirectes, pour le calcul des coûts et à gérer à partir de la marge sur
coût variable.
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La méthode du direct costing est devenue très prégnante à partir des années 50 dans les
pratiques du management (surtout outre-Atlantique) et les managers ont, en effet, vu un outil
leur permettant de modéliser les coûts pour analyser et prendre de nombreuses décisions de
gestion :
- apprécier la profitabilité des différents produits à partir de leurs marges sur coûts variables;
- développer les produits à forte marge;
- abandonner une ligne de produits dont la marge sur coût variable serait négative;
- indiquer un prix minimum, le coût variable, pour tarifer une commande supplémentaire;
- décider de "faire" soi-même une activité dès lors que les coûts variables sont inférieurs au
prix du "faire faire" par un soutraitant;
- juger de la performance des responsables en fonction de la marge dégagée par leur secteur;
- établir des prévisions en fonction du niveau d'activité envisagée.
Nous allons maintenant examiner la pertinence de la méthode au travers d’un exemple simplifié.
La société Coblenz fabrique et commercialise trois lignes de produits A,B et C. Le calcul des
coûts de revient complets pour la période de référence a permis de déterminer un résultat par
produit :
A B C TOTAL
Quantités vendues 100 300 200 600
Chiffre d'affaires 1 000 1 500 500 3 000
- Coût de revient - 1 050 - 1 150 - 600 - 2 800
Résultat
complet analytique - 50 + 350 - 100 + 200
Profitabilité - 5% - 23,3% -020% 6,7%
Le directeur se demande s'il doit abandonner l'une des lignes de produits déficitaires, en faveur
de
quel produit mettre en oeuvre une politique commerciale plus active et comment apprécier le
travail des trois responsables de produits ? Ces derniers lui expliquent fréquemment qu'ils ne
peuvent assumer certaines charges de structure dont ils n'ont pas l'entière maîtrise.
Conscient d'un certain arbitraire dans la répartition des frais fixes (difficultés de trouver des
unités d'oeuvre satisfaisantes dans les centres d'analyse) qui ne lui permet plus d'évaluer
correctement la profitabilité de ses produit, ni de juger objectivement de la performance
des différents responsables, le directeur a demandé à ses comptables d'établir un nouveau
compte d'exploitation analytique plus opérationnel, basée sur la méthode des coûts variables :
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m = MCV / CA
Il faut envisager l'abandon des produits dont la marge sur coûts variables est négative,
mais conserver tous les autres qui contribuent à la couverture des charges fixes.
A. Principes
La méthode du coût variable n'est significative que si les charges variables sont majoritaires;
quel sens cela aurait-il, en effet, de gérer sur 30 ou 40% des charges et de laisser dans l'ombre
une masse indifférenciée de 60 à 70%. Or les charges fixes n'ont cessé de croître.
La méthode du coût variable évolué consiste donc à aller plus avant dans l'analyse des charges
fixes et d'en distinguer deux types: les charges fixes directes (loyer ou amortissements
des matériels spécifiques à tel ou tel produit, certains frais commerciaux) et les charges fixes
indirectes (amortissements des installations communes, l'essentiel des frais administratifs,...).
L’ensemble des charges variables et les charges fixes directes (case 1, 2 et 3 de notre schéma
de référence) seront imputées aux objets de coûts.
On obtient alors deux niveaux de marge successifs: une marge sur coûts variables, puis une
marge
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L'importance des charges fixes a conduit la société Coblenz à les analyser plus finement : sur
les
1 400 de charges fixes, 600 peuvent être considérées comme directes et imputées aux différents
produits.
Le compte d'exploitation analytique se trouve ainsi modifié:
A B C TOTAL
Chiffre d'affaires 1 000 1 500 500 3 000
- Coûts variables des ventes -400 -800 -200 -1 400
Marge sur coût variable
Taux de marge sur c.v. 600 700 300 1600
- Charges fixes directes -100 -300 -200 -600
Marge sur coûts 500 400 100 1000
spécifiques Taux de marge …. …. .... 800
sur c.s. ….
- Charges fixes communes 200
Résultat
Cette méthode ne tient compte donc que des coûts variables.
1. DEFINITION :
Le coût marginal est la différence entre l’ensemble des charges courantes nécessaires à une
production donnée et l’ensemble de celles qui sont nécessaires à cette même production majorée
ou minorée d’une unité. L’unité peut correspondre à un lot, une série, un produit, …
2. EXEMPLE :
Une entreprise fabrique normalement 10 séries de 25 articles par mois. Le coût total des 10
séries : 2 000 € comprend 1 200 € de CV et 800 € de CF. Il est envisagé de limiter la production
à 9 séries pour la période à venir. Les CF resteraient inchangées et les CV totales diminueraient
de 120 €.
Calcul du coût marginal :
Série Charges variables Charges fixes Coût total Coût marginal
10 1200 800 2000
9 1080 800 1880 120
Le coût marginal de la production d’une série en un moins, 120 €, est appelé coût marginal de
régression. Par unité le coût marginal = 120/25 = 4,8 €
Il prévu de produire une série supplémentaire. Dans cette hypothèse, les CV passeraient à 1 320
€ et les CF sont constantes.
Calcul du coût marginal relatif à la 11ème série.
Série Charges variables Charges fixes Coût total Coût marginal
10 1200 800 2000
11 1320 800 2120 120
Le coût marginal de la production d’une série en plus, est appelé coût marginal de
développement. Par article, le coût marginal = 120/25 = 4,8 €
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