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C H A P I T R E 3

PROVOQUE LA
TRANSFORMATION
DU HÉROS
... AFIN QU’ON AIT ENVIE DE LE SUIVRE,
QU’IL SOIT SYMPATHIQUE OU NON !
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...

La majorité des œuvres cinématographiques et littéraires répondent à une demande inconsciente de l’être
humain : suivre une histoire où le personnage, relativement quelconque au départ, se transforme, évolue, en
bien ou en mal. Pour la simple raison que l’humain a envie de suivre un homme, une femme auquel il peut
s’identifier. Lui dont la vie est normale, normée même, peut s’imaginer l’espace d’une heure et demi ou deux,
dans une salle obscure, ou en lisant un roman, devenir un autre : il devient et se sent plus grand, plus beau, plus
courageux, plus intelligent, plus passionné, plus puissant, plus vivant au fond. Il devient, en même temps que
le personnage, en se déplaçant dans sa peau, un héros. C’est tout le pouvoir de l’histoire.

De tous temps, les sociétés ont aimé le pouvoir des mots et de l’histoire. Contes, légendes orales puis écrites,
romans, maintenant les histoires deviennent films. Mais c’est toujours le même processus : plonger le spectateur,
comme on plongeait l’auditeur ou on plonge le lecteur, dans la peau d’un autre, un autre qui change et se
métamorphose en héros. Et même si l’histoire de ce héros se termine parfois mal, le spectateur en sort toujours
grandi ou ému, ou les deux, parce qu’il a vécu plus profondément, avec plus d’émotions, de sensations que dans
sa réalité quotidienne.

C’est cela qu’il faut provoquer chez le lecteur de ton scénario, chez le spectateur de ton futur film : l’identification
avec le héros et l’émotion. Comment ? On en parle ici…
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...
FICHE 11
RÉGLER SON HISTOIRE COMME UNE HORLOGE
… ET NE PAS SE PERDRE EN CHEMIN
LA BASE D’UNE HISTOIRE
Sur le site channel 101, le réalisateur et
scénariste Dan Harmon résume en une série
d’articles courts les bases qui constituent la
mécanique d’une histoire. En tant qu’auteur,
tu dois impérativement en comprendre les
ficelles. Le maître mot ? La transformation.
Nous rendrons compte de la densité et de la
complexité de ce concept au fil de ce guide.
Dans un premier temps, nous dit Harmon,
dessine un cercle, divise-le en 8 parties
égales et numérote-les de 1 à 8.
Chaque point correspond à une unité
temporelle de ton histoire. Grossièrement,
une histoire évolue de cette manière :
- 1 : Le personnage est dans sa zone de
confort
- 2 : Mais il souhaite obtenir quelque chose
- 3 : Il se retrouve dans une situation
inconfortable
- 4 : Il s’adapte
- 5 : Il obtient ce qu’il veut
- 6 : Il en paie le prix
- 7 : Puis il revient à la situation initiale
- 8 : En ayant changé
Si on simplifie un peu plus encore :
• 1 : Il
• 2 : Veut
• 3 : Va
• 4 : Cherche
• 5 : Trouve
• 6 : Prend
• 7 : Revient
• 8 : Change
Et si on simplifie encore davantage :
• Il
• Change
u Le héros est avant tout celui qui change,
celui qui se transforme. Une bonne
histoire raconte cette transformation.
L’égoïste devient altruiste, l’homme pauvre
devient un homme riche, un homme riche
devient ermite.... Ton récit doit mettre en
place une succession d’évènements qui
poussent le héros à comprendre un aspect
fondamental de sa personnalité, voire
plusieurs.
La transformation peut, bien entendu, être
plus rapide si tu écris un court métrage.
Alors que placer sur le chemin de ton héros
pour l’obliger à cette transformation ?
Ce sont justement ces éléments qui
construisent ce qu’on nomme, un
peu pompeusement dans le jargon
scénaristique, l’arc transformationnel.
Concrètement, le personnage est donc
imparfait au départ de ton histoire ; des
événements inhabituels se produisent,
le bousculent, il réagit ; cela le change
profondément et il devient un personnage
moins imparfait.
On peut y glisser des nuances tout de
même. Il existe trois natures différentes
à l’arc transformationnel.
En effet, il n’est bien sûr pas obligatoire de
pousser la transformation de ton héros
vers une fin positive ; ton film n’a pas à
être bien pensant et particulièrement
moraliste. Dans les histoires comme
dans la vie, certains individus refusent
le changement ou, pire, prennent une
direction diamétralement opposée au
bien ou au bonheur. Si tu écris un scénario
de dessin animé, il est certain que tu vas
aller plus facilement vers une résolution
moraliste et normée. Mais de nombreux
films se terminent autrement, et cela
reflète aussi une réalité. Les Affranchis
(Martin Scorsese) se terminent mal
pourtant, on ne peut pas dire que ce
soit un film moraliste… Par conséquent, la
transformation finale de ton personnage
peut être, au choix, de trois natures
différentes :
• Transformation positive : un homme sans
le sou devient un riche millionnaire et décide
d’aider son prochain.
• Transformation négative : un riche
millionnaire devient pauvre et se coupe de
ses pairs.
• Transformation plate : un homme sans le
sou reste sans le sou, les différentes actions
ne l’ont pas transformé.
(Puisque le personnage peut tout à fait
échouer, ou refuser le changement et rester
ce qu’il était.)
Pour résumer
Le personnage perd son équilibre de vie
à cause d’un évènement inhabituel.
Pour le retrouver, il n’a pas d’autre choix
que d’agir.
Il décide d’un objectif dans le but de
résoudre ce problème.
En poursuivant cet objectif, le héros
subit une transformation interne.
Ce parcours interne est intrinsèquement
lié à la résolution du problème, ce qui
rend ce voyage plus décisif, important,
que la destination. Ce sont ce parcours
et ce voyage qui constituent au fond
la matière du film. C’est le comment.
Comment réagit-il, comment agit-il ?
Que l’objectif soit atteint ou non, le
héros sort grandi et trouve un nouvel
équilibre. Ou devient même héroïque.
Ou non. Parfois, il meurt. Ou échoue. Ou
reste ce qu’il était. Etc. Certains films
se terminent bien, d’autres non. C’est la
pertinence de ce parcours, sa subtilité,
son intérêt qui font un film de qualité ou
ennuyeux.
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...
LE VOYAGE DU HÉROS DE JOSEPH CAMPBELL
VOYAGE INTERNE ET
EXTERNE
LE MYTHE DU MONO-MYTHE
Le concept du Voyage du héros est défini
en 1949 par Joseph Campbell, écrivain et
grand mythologue, dans son très célèbre
livre, Le Héros aux mille et un visages.
Ses recherches et comparaisons de
mythologies, de fables, de récits issus de
tous types de civilisations l’emmènent à
considérer que tous les mythes suivent les
mêmes schémas archétypaux. Et de ses
observations et sa conclusion, il élabore sa
théorie du mono-mythe.
Il est vrai que de l’Antiquité au dernier Star
Wars, la mécanique initiatique d’une histoire
suit un schéma similaire, ce mono-mythe
qui déroule le Voyage du héros, schéma
transformationnel que le héros traverse.
Par ailleurs, Joseph Campbell explique très
bien la séparation entre le voyage interne du
héros et son voyage externe, et la symbiose
des deux.
Christopher Vogler, écrivain et scénariste
américain, rencontrera Joseph Campbell et
s’inspirera de ses travaux pour rédiger Le
Guide du Scénariste, devenu une véritable
Bible pour les scénaristes d’aujourd’hui. Ce
guide s’appuie plus particulièrement sur
le Voyage du héros et en décrit toutes les
étapes pour les rendre facilement utilisables.
Il fait toutefois un distinguo entre Voyage
extérieur (dans le monde) et Voyage
intérieur (psychologique, en lui-même.)
C’est un schéma particulièrement bien
adapté aux histoires dont l’issue est
heureuse et le personnage principal est
héroïque. Mais avec un peu d’habileté, on
peut adapter ce schéma à une issue moins
positive et un héros moins brillant. Rien
n’oblige jamais à calquer, entrer dans un
moule. Tous les éléments de savoir que je
te fournis te serviront de boussole ; il est
indispensable de les connaître mais n’oublie
pas ta liberté créative et ton originalité.
Voici donc ces étapes :
LES 12 ÉTAPES DU VOYAGE EXTERIEUR
DU HÉROS (par Christopher Vogler) :
Chaque étape du voyage du héros est liée
à des événements extérieurs. On parle
donc ici plus particulièrement de l’action.
Le voyage du héros suit un pattern
chronologique en 12 balises :
1. Le monde ordinaire : ton personnage
principal nous montre sa faiblesse et son
besoin.
2. L’appel à l’aventure : un évènement vient
rompre l’équilibre de vie de ton héros et
le pousse à l’action ; on parle d’élément
déclencheur.
3. Le refus de l’appel : ton héros refuse
d’effectuer ce changement.
4. La rencontre avec le mentor : quelqu’un
aide ton héros à prendre la bonne
décision et à s’embarquer dans
l’aventure.
5. Le passage du seuil : ton héros se lance
volontairement dans l’aventure (il quitte
le monde Ordinaire) et affronte un
premier ennemi, une première menace
et prouve sa volonté d’aller de l’avant.
6. Le nouveau monde : ton héros découvre
un nouveau monde, il se fait des alliés et
des ennemis en affrontant les premiers
obstacles.
7. L’approche de la caverne : avant de se
lancer dans le grand combat, ton héros
et ses alliés élaborent un plan. C’est le
moment d’améliorer leurs armes.
8. L‘épreuve suprême : il est temps d’aller
chercher le trésor gardé par de puissants
ennemis. Ton héros manque de mourir,
c’est un moment de désespoir.
9. La récompense : ton héros s’empare de ce
qu’il est venu chercher. C’est l’heure du
bilan, il apprend alors de son échec et en
sort grandi.
10. Le chemin du retour : le méchant n’a pas
dit son dernier mot ! Alors qu’il s’apprête à
rentrer dans son monde, le héros se lance
dans une dernière tâche de son propre
chef.
11. La résurrection : c’est le moment du grand
combat, l’heure pour ton héros de montrer
ce qu’il a appris et d’affronter le mal,
l’heure de montrer au monde que sa
transformation a eu lieu.
12. Le retour avec l’élixir : le héros revient
grandi de son aventure. Cette nouvelle
sagesse guérit son monde.
LES 12 ÉTAPES DU VOYAGE INTÉRIEUR
DU HÉROS DE VOGLER :
Chaque étape du voyage du héros est
intimement liée à sa transformation
intérieure. On parle donc ici plus
particulièrement de sa psychologie.
1. Le monde ordinaire : ton héros n’a pas ou
peu conscience de son problème.
2. L’appel à l’aventure : puis il prend
doucement conscience de ce problème.
3. Le refus de l’appel : mais il hésite à
changer.
4. La rencontre avec le mentor : soudain,
ton héros voit ses craintes de changement
disparaître.
5. Le passage du seuil : alors il s’engage dans
le changement de son plein gré.
6. Le nouveau monde : ton héros expérimente
ses premiers changements intérieurs,
psychologiques.
7. L’approche de la caverne : il se prépare à un
plus grand changement encore.
8. L‘épreuve suprême : il tente de changer.
9. La récompense : mais cette tentative a des
conséquences (positives ou négatives).
10. Le chemin du retour : maintenant, ton
héros se dévoue à son changement.
11. La résurrection : il tente encore une
dernière fois de changer.
12. Le retour avec l’élixir : finalement, ton
héros est fondamentalement transformé.
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...
En tant qu’auteur, tu dois faire en sorte
que les voyages intérieur et extérieur de
ton personnage principal fonctionnent en
symbiose, les deux se nourrissant de leurs
énergies mutuelles afin de faire avancer
l’intrigue et la psychologie.
Cependant, comme je te le disais plus
haut, et j’insiste, même si la structure de
Campbell peut sembler être un modèle à
copier pour l’auteur débutant, tu te rendras
vite compte qu’il n’en est rien. La structure du
mono-mythe est avant tout une supposition
théorique qui permet de faire ressortir
les concepts de changement, de voyage
interne et de voyage externe. Une fois ces
concepts très utiles compris et intégrés,
tu peux prendre un peu de distance avec
cette structure et te l’approprier, l’adapter,
la transformer car elle n’est pas toujours
applicable à la lettre.
Ne t’inquiète pas, je te montrerai dans
les chapitres suivants plusieurs autres
structures possibles. Mais ces modèles
à trous ne seraient que d’une très faible
utilité si nous ne cherchions pas à pousser
davantage notre degré de compréhension
des fondations d’une intrigue.
Passe à l’action
u Commence à répertorier tous les
événements et intrigues que tu veux
faire vivre à ton personnage
u Commence à répertorier tous les
changements psychologiques
que ceux-ci induisent dans son
caractère, son tempérament
u Décide de la fin de ton arc
transformationnel : quelle fin pour
ton héros ?
u Commence à organiser
chronologiquement et logiquement
les événements, intrigues que ton
personnages va rencontrer
u Définis en gros 12 étapes
fondamentales, sachant que tu vas
bien entendu affiner tout cela par la
suite
u Ces 12 étapes sont des balises pour
ne pas te perdre. Elles ne sont pas
une trame parfaite et immuable
mais des repères. Tu gardes toujours
ton libre-arbitre de créateur, ne
l’oublie pas.
u Donc si cela ne colle pas
exactement, pas de panique : nous
allons voir d’autres modèles qui te
permettront d’affiner ton travail de
structure du récit et du personnage
principal.
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...
FICHE 12
COMMENT DÉFINIR LES 3 ÉLÉMENTS QUI MOTIVENT TON HÉROS
… ET RENDRE SA PROGRESSION PLUS DYNAMIQUE
Dans son livre L’anatomie du scénario,
John Truby va encore plus loin. Selon le
théoricien, la transformation du héros se
baserait sur les trois piliers fondateurs
suivants : sa faiblesse, son besoin et son
désir. Comprendre la synergie de ces trois
éléments te permettra de faire un grand
pas en avant dans ta compréhension de la
dramaturgie.
La théorie de Truby se résume par cette
simple formule :
FxD=B
F : la Faiblesse du héros
D : le Désir du héros (ou son objectif
principal)
B : le Besoin du héros (ou ce qu’il a à
apprendre de son voyage)
u Pour les moins matheux d’entre nous :
en poursuivant son désir (ou son
objectif), un personnage surpasse ses
faiblesses et comble son besoin.
Nous allons décortiquer tout cela.
QU’EST-CE QUE LA
FAIBLESSE DU HÉROS ?
Dès le début de votre histoire, le héros doit
avoir une ou plusieurs faiblesses majeures
qui tendent à l’entraver. Il y a quelque
chose qui manque en lui, quelque chose de
tellement profond que cela lui gâche la vie.
Anatomie du Scénario, John Truby
Ton héros va devoir travailler sur sa propre
faille tout au long de l’intrigue, cette faille,
cette blessure interne qui l’empêche
de se réaliser pleinement. Prenons les
titres des pièces de théâtre de Molière :
Le malade Imaginaire, Les Fourberies de
Scapin, L’Avare... Ces titres sont pertinents
parce qu’ils mettent en avant la faiblesse
du personnage, celle sur laquelle il va devoir
travailler, et le spectateur le sait avant même
que la pièce de théâtre ait débuté.
QU’EST-CE QUE LE DÉSIR
DU HÉROS ?
Le désir, c’est ce que votre héros souhaite
obtenir, son objectif dans l’histoire.
Anatomie du Scénario, John Truby
Le désir engendre le mouvement ; le désir
pousse le personnage à un ensemble
d’action qui permet d’arriver à l’issue de
l’intrigue et la fin du film - quelle que
soit sa résolution. Le désir est au fond
l’objectif poursuivi par ton personnage :
sauver une princesse, devenir une rock
star, millionnaire, bon père de famille …
Mais y parviendra-t-il ? On parle alors
de question dramatique : le héros va-t-il
réussir dans sa quête ?
QU’EST CE QUE LE BESOIN
DU HÉROS ?
Le besoin, c’est ce que le héros doit
accomplir en lui-même pour améliorer
sa vie. Et pour réussir, il doit en général
dépasser ses faiblesses et changer, ou
évoluer, d’une façon ou d’une autre.
Anatomie du Scénario, John Truby
Le besoin du héros est de surmonter sa
faiblesse et d’évoluer. Certains théoriciens
utilisent le terme de désir inconscient
à mettre en opposition avec son désir
conscient . L’objectif est donc externe
et le besoin est interne. Le besoin interne
est un véritable moteur inconscient pour
l’avancée de ton personnage. Finalement,
son objectif devient quasiment secondaire
car le besoin est la clé nécessaire à
sa transformation. Si Luke Skywalker
sauve la princesse Leia, ce n’est pas
pour le sport, mais pour prouver et se
prouver qu’il possède de la valeur ! Si
Walter White commence à vendre de la
méthamphétamine, ce n’est pas tant pour
laisser de l’argent à sa famille que pour
répondre à son besoin d’estime personnelle !
Tu peux faire un exercice simple : cherche
les vraies raisons, les raisons cachées,
qui te poussent à agir. Acheter une Rolex
pour regarder l’heure ? Non ! En revanche,
pour montrer une appartenance à une élite
sociale, oui. Il faut bien comprendre que ce
sont au fond des besoins primaires qui nous
poussent à nous mettre en route.
DÉTERMINER LE BESOIN DU
HÉROS AVEC LA PYRAMIDE
DE MASLOW
Selon Abraham Maslow, psychologue
américain qui a beaucoup étudié la
motivation humaine, un individu puise sa
motivation dans cinq catégories de besoins.
Maslow les a hiérarchisés en pyramide. Un
besoin amène la nécessité d’être satisfait
et créé ainsi un mouvement en avant pour
conquérir le besoin suivant. Ici commence
la quête de notre héros. En puisant dans
ses besoins fondamentaux, tu trouveras un
allié de poids dans la construction de ton
personnage.Maslow considère que l’individu
ne peut passer à un besoin d’ordre supérieur
que lorsque le besoin du niveau inférieur est
satisfait.
Voici les cinq catégories de besoins qu’il
distingue :
1. Les besoins physiologiques : faim, soif,
sexualité…
2. Le besoin de sécurité : besoin de se
protéger, d’avoir une maison, un abri…
3. Le besoin d’appartenance et d’amour :
avoir des relations sociales, être accepté
dans un groupe d’individus, recevoir de
l’affection de la part de son entourage…
4. Le besoin d’estime : confiance et respect
de soi, reconnaissance et appréciation des
autres…
5. Le besoin de s’accomplir : s’épanouir, être
qui l’on veut, apporter aux autres…
Bien entendu tout cela agit en synergie :
faiblesse, besoin, désir
POUR RÉSUMER :
• Le désir va pousser le héros à affronter sa
faiblesse
• En affrontant sa faiblesse, le héros va
réaliser son besoin
• En réalisant son besoin, le héros va
combler son désir
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...

C’est là que ça devient intéressant : si Il est donc important de définir en amont

l’histoire, dans le fond, raconte la réalisation
du besoin du héros, nous l’oublions en tant
que spectateur car nous nous concentrons
davantage sur la réalisation de son objectif.
Le besoin est en quelque sorte caché par le
désir. Construire un récit uniquement sur
le besoin du héros reviendrait à écouter
une séance de psychanalyse, ce qui serait
affreusement long et inintéressant. En
revanche, en passant par le biais d’une
quête contenant ce qu’il faut de suspense
et d’actions, il est plus facile de capter
l’attention du spectateur.
de manière claire le besoin, la faiblesse et
l’objectif de ton héros. Ces trois piliers te
donnent les réponses à tes questions.
Passe à l’action
Détermine les 3 piliers de ton intrigue :
u La faiblesse (les faiblesses) de ton
héros
u Le désir principal de ton héros (et
les désirs secondaires s’il y en a)
u Le besoin principal de ton héros (et
les besoins principaux s’il y en a)
principal.

Le héros, s’il se définit par un dosage

réaliste de forces et de faiblesses, avance
et grandit avant tout par ces mêmes
faiblesses. Celles-ci l’empêchent d’atteindre
son désir (la quête). Ses besoins sont
directement liés à ses faiblesses. Au
début d’une histoire, le héros ne sait pas
encore de quoi il a besoin pour vaincre
ses démons, ses faiblesses. Le chemin
parsemé d’embuches qu’il empruntera lui
permettra de découvrir de quoi il est fait,
de comprendre son besoin profond afin
d’atteindre son but. But, désir et quête
deviennent alors un concept unique.
Les clés d’un scénario réussi :
Cinéma, TV, pub, docu, corporate
Martin Matte, Virginie Coffineau, Aurélie Coffineau
CHAPITRE 3 PROVOQUE LA TRANSFORMATION DU HÉROS...
FICHE 13
COMMENT CRÉER DES OBSTACLES
… POUR FORCER LE PERSONNAGE À LA TRANSFORMATION
Nous avons souvent tendance à être trop
gentils envers nos personnages, or écrire un
scénario c’est se montrer un peu sadique
! Il est temps de sortir le monstre qui est
en toi. N’aie pas peur de faire vivre les pires
aventures à ton héros, tu dois placer des
obstacles sur son chemin !
Un obstacle correspond à tout ce qui
s’oppose à la réalisation de votre objectif.
Les fondamentaux du scénario, Edouard Blanchot
Pose-toi la question : que pourrait-il arriver
de pire à mon personnage ? Liste tout
cela sur une feuille. Personne n’a envie de
regarder un film dans lequel les scènes
s’enchaînent de façon trop linéaire : il se
passe ça, puis il se passe ça, puis il se passe
ça…
Ton personnage doit rencontrer un certain
nombre de difficultés sur sa route. Il va falloir
qu’il résolve les problèmes qui en découlent
afin de tenir en haleine le spectateur.
Souviens-toi : c’est le Comment. Une
histoire se déroule toujours mal dans le
sens où rien ne se passe comme prévu.
Même si c’est un film très psychologique
avec peu d’actions spectaculaires. Même
les films de Woody Allen, bien éloignés des
standards hollywoodiens, sont parsemés
d’embûches psychologiques et matérielles !
Pour définir des obstacles, essaie cette
technique :
u Le héros vit une vie banale, MAIS il se
passe ça, ET DONC le héros décide de
faire ça, MAIS il se passe ça, ET DONC le
héros décide de faire ça, etc.
Pour chaque MAIS, trouve un OBSTACLE
Pour chaque ET DONC, provoque une
ACTION chez ton héros.
Fais simple : OBSTACLE/ACTION, OBSTACLE/
ACTION, OBSTACLE/ACTION, etc.
Il est évidemment préférable que les
difficultés liées aux obstacles auxquels doit
faire face ton héros aillent crescendo au fil
de ton récit.
DERNIÈRES REMARQUES
SUR LES OBSTACLES
EXTERNES ET INTERNES :
D’un côté, les obstacles externes viennent
interférer sur la route du héros (il perd sa
carte, il se foule la cheville, il y a une tempête,
sa voiture est en panne…)
D’un autre côté, les obstacles internes (il a
peur de sa mère, il a honte de son gros nez,
il n’ose pas aborder la femme de sa vie, il
manque d’audace devant son patron…) sont
en lien direct avec sa faiblesse.
L’obstacle interne a ceci d’intéressant
qu’en se concentrant sur la faiblesse du
héros, il lui permet de réaliser son besoin.
Cet obstacle interne, ce défaut fatal du
protagoniste donc, lorsqu’il y en a un,
est un obstacle particulier qui lui barre
la route. Pour atteindre son objectif,
le protagoniste va donc devoir d’abord
prendre la décision de changer, c’est-à-
dire de dépasser son défaut fatal.
Les fondamentaux du scénario, Edouard Blanchot
Finalement, le plus grand obstacle d’un
personnage se trouve au fond de lui. Et
c’est en appuyant où ça fait mal (sa plus
grande faiblesse) que vous permettrez
l’épiphanie. Cette phase dite de “test”
Passe à l’action
u Qu’est ce qui pourrait arriver de pire
à ton héros ?
u Quelles embûches le pertubent
dans sa course ? Quelles sont ses
actions pour les dépasser ?
u Élabore les obstacles externes de
ton histoire et les obstacles internes.
u Essaie de trier chacun de ces
obstacles du plus petit au plus
grand pour voir comment tu peux
les faire arriver dans ton histoire de
doit obliger le héros à se transcender pour manière graduelle.
assouvir son besoin.
En changeant, le protagoniste devient
capable d’affronter les obstacles qui se
dressent entre lui et son objectif.
Les fondamentaux du scénario, Edouard Blanchot
Tous les types d’obstacles ne sont pas
adaptés à tous les personnages et tous
les genres de films. Adopte une stratégie
et choisis les obstacles nécessaires à la
transformation de ton héros.
9
C H A P I T R E 9

MONTE UN
DOSSIER DE
PRODUCTION
... DE LA MEILLEURE FAÇON
CHAPITRE 9 MONTE UN DOSSIER DE PRODUCTION… DE LA MEILLEURE FAÇON
FICHE 31
COMMENT ÉCRIRE UNE NOTE D’INTENTION
… ET DÉFENDRE TON PROJET COMME UN LION !
Ma première note d’intention était
catastrophique. Je n’en avais absolument
pas compris l’intérêt. Pire encore, je l’avais
rédigée pour faire pro et faire plaisir.
Or, on ne rédige pas une note d’intention
pour faire plaisir. On écrit une note
d’intention pour appuyer son film et avant
tout pour s’aider soi-même.
QU’EST CE QU’UNE NOTE
D’INTENTION ?
Une note d’intention est un document d’une
longueur d’une à deux pages expliquant
clairement tes intentions : en d’autres
termes, ce qui se cache derrière ton
scénario.
Le scénario est la surface de l’histoire ; la
note d’intention explique la partie immergée
de l’iceberg.
POURQUOI ÉCRIRE UNE
NOTE D’INTENTION ?
Souvent perçue comme inutile et
laborieuse, la note d’intention est
essentielle dans ton processus d’écriture :
d’un côté, pour mieux prendre du recul
sur ton histoire, de l’autre pour définir
clairement ses enjeux. Elle te servira de
guide lors de l’écriture mais aussi pour
donner envie de lire les centaines de pages
de ton projet et pour le vendre.
POURQUOI TU NE VEUX
PAS ÉCRIRE DE NOTE
D’INTENTION ?
La note d’intention c’est un peu l’étape
du feu et on a souvent tendance à éviter
le plus possible ce genre de tâches
(souviens-toi de la Résistance dont parle
Pressfield). Tu penses peut-être, comme
moi au départ, que « la note d’intention ça
sert à rien », que de toute façon « tu sais
ce que tu veux », que tes lecteurs « liront
bien le scénario de toute façon » : eh bien,
permets-moi de te dire que tu as tort !
Car d’une part, la note d’intention sert
à ton lecteur à mieux comprendre tes
intentions, à percevoir de manière très
claire l’essence de ton projet. D’autre
part, la note d’intention t’aidera, TOI, à
mieux comprendre ton projet et à en
tirer le maximum. Ne brûle pas cette étape
en concentrant toute ton énergie sur ton
scénario. La note d’intention est aussi
importante : elle peut faire toute la
différence dans une commission !
À QUELLES QUESTIONS
DOIT-ON RÉPONDRE
DANS CETTE NOTE
D’INTENTION ?
Ta note d’intention doit répondre aux
questions suivantes :
• Que raconte l’histoire ?
• Qui es-tu ?
• Pourquoi veux-tu personnellement
réaliser cette histoire ?
• De quoi parle ton histoire au fond ? Quel
est le thème et la problématique ?
• En quoi ton histoire est-elle originale ?
• En quoi le personnage principal répond-il
à cette problématique ?
• Quelles sont tes influences ?
• Comment souhaites-tu réaliser ce
projet ? Quelle esthétique visuelle/
sonore ?
Évite de rendre la note d’intention
universitaire, longue, hésitante.
Ma première note d’intention était
terriblement longue et ennuyeuse.
Elle transpirait l’universitaire qui a lu
Chion, Bazin ou Deleuze et se tue à le
faire savoir. Au contraire, sois concis
et efficace. Tu dois donner l’impression
d’avoir sous la main un projet UNIQUE,
PRÉCIS, PERSONNEL ET SOLIDE.
LE PLAN TRÈS SIMPLE
POUR ÉCRIRE UNE NOTE
D’INTENTION EFFICACE :
Bien que différente pour chaque projet,
la note d’intention suit tout de même
une certaine logique. Si tu ne sais par où
commencer, suis ce plan par défaut.
Tu pourras toujours revenir dessus par la
suite pour l’affiner. Il n’existe aucun plan
miracle, la note d’intention est un élément
complexe.
Réponds dans l’ordre à ces questions :
• Qui es-tu ?
• Quel est le thème de ton histoire ?
• De quoi parle ton film ?
• Pourquoi avoir voulu raconter cette histoire
et pas une autre ?
• En quoi le personnage de cette histoire
traite de manière pertinente le sujet ?
• En quoi ton traitement formel est original
et pertinent ?
• Quels sont tes influences ?
• Enfin, conclus sur un message
important.
TROIS QUESTIONS
FONDAMENTALES
AUXQUELLES RÉPONDRE
DANS TA NOTE
D’INTENTION :
Je t’ai donné plus haut le plan possible
d’une note d’intention. Peut-être qu’il
ne te conviendra pas parfaitement et tu
l’adapteras. Mais s’il n’y avait que trois
questions auxquelles répondre pour
convaincre une commission, ce seraient
celles-ci :
• Pourquoi faire ce film ?
• Pourquoi tu dois toi, faire ce film ?
• Pourquoi le faire de la manière dont tu
souhaites le traiter ?
LA SINGULARITÉ DU
POINT DE VUE
Ta note d’intention doit démontrer la
singularité de ton point de vue. Après
tout, pourquoi toi et pas un autre ? Tu dois
montrer que tu veux faire ce film ! Tu dois
ressentir une nécessité à réaliser ce film ! Il
y a une pensée spécifique du cinéma. Après
tout, tu veux faire un film et pas un livre ou
une B.D. ! Tu dois convaincre ton lecteur
qu’il y a bien un film intéressant caché
derrière ton scénario.
CHAPITRE 9 MONTE UN DOSSIER DE PRODUCTION… DE LA MEILLEURE FAÇON
LE MEILLEUR CONSEIL
QUE J’AIE REÇU POUR LA
RÉDACTION D’UNE NOTE
D’INTENTION :
Sois honnête et authentique : c’est un
impératif ! La note d’intention doit te
ressembler et être la plus honnête possible
aussi bien en parlant de ton projet que de
toi.
Quand j’ai déposé mon premier dossier
au CNC avec cette note d’intention
absolument pompeuse, très éloignée de ce
qu’il fallait faire, j’avais au moins le mérite
d’être honnête ! J’étais alors en Master de
Recherches cinématographiques et comme
un bon universitaire, j’étais ennuyeux à en
mourir. Toute réflexion faite, c’est la seule
véritable règle : sois authentique, sincère ;
tous les autres conseils sont seulement
des pistes. Lâche prise. Si tu as écrit ton
super projet, c’est que tu sais pertinemment
pourquoi il te touche et ce qui en fait la
beauté.
QUELQUES CONSEILS :
• Sois précis : pas de blabla, va droit au but
de manière claire et concise.
• Évite le langage universitaire pompeux.
En effet, il ne s’agit pas de montrer que
tu es le prochain Balzac. Tu dois donner
envie de lire ton projet et de comprendre
ta démarche.
• Sois le plus succinct possible : pas de
mots en trop. Pense à tes lecteurs qui
liront des dizaines de projets dans la
journée. La note d’intention peut être
courte et géniale. La longueur de ta note
ne veut pas dire qu’elle est incroyable. Je
pense, entre autres, au projet Junior de
Julia Ducourneau. La note fait à peine une
page mais est parfaitement pertinente.
• Ne sois pas trop technique. Fais
attention : une note d’intention doit Passe à l’action !
montrer tes intentions mais ne doit pas
être un faire-valoir de ta technique. Ton Ta note d’intention est primordiale. Il
chef op’ sera content de savoir quels s’agit d’un espace dans lequel tu peux :
objectifs tu utiliseras, mais les lecteurs
de commissions beaucoup moins. u Laisser transparaître ta personnalité
Toutefois des indices plus techniques u Tes intentions en tant qu’auteur
peuvent être intéressants s’ils u Un peu de ton vécu
s’inscrivent dans ta démarche créative. u Indiquer quelles sont tes
• Bien entendu, lis des projets d’auteurs inspirations et tes aspirations
qui
ont réussi à faire produire leurs projets ! C’est une belle occasion de faire valoir
Inspire-toi toujours des meilleurs. ton projet. Ne la néglige pas, et fais-en
un atout.
OÙ LIRE DES
EXEMPLES DE NOTES
D’INTENTION ?
Je te conseiller d’aller faire un tour sur la
scénariothèque du CNC pour y lire des
notes d’intention. Tu y trouveras un panel
d’exemples de qualité : les dossiers de
films y sont disponibles gratuitement,
notes d’intentions comprises.
De plus, le CNC est extrêmement sélectif,
ce qui te donne l’opportunité de lire ce
qu’il y a théoriquement de mieux.
CHAPITRE 9 MONTE UN DOSSIER DE PRODUCTION… DE LA MEILLEURE FAÇON
FICHE 33
COMMENT CRÉER UN STORYBOARD
… ET AIDER TOUTE L’ÉQUIPE DE TOURNAGE
Ça y est, ton scénario est prêt ! Ta note
d’intention est impeccable. Le tournage de
ton film approche à grand pas. Tout d’abord,
félicitations ! Monter un projet n’est jamais
facile, il faut l’avouer. Il te reste cependant
une étape cruciale pour venir à bout de
ton film : celle du storyboard. Eh oui ! Un
film, c’est avant tout des images et des
sons. Il va maintenant falloir retranscrire
tes superbes idées de mise en scène en
storyboard.
QU’EST CE QU’UN
STORYBOARD ?
Un storyboard est une suite de dessins
correspondant chacun à un plan. Il permet
de visualiser le découpage du film lors de
sa préparation.
Le storyboard permet de visualiser le
découpage d’un film en dessins. On
pourrait simplifier et dire que le storyboard
est une sorte de B.D. du film.
QUI FAIT LE
STOYBOARD ?
Sur ce point il n’y a pas de règles, surtout
en France. Si le métier de storyboarder
est bien défini et très présent dans
l’industrie cinématographique américaine,
cette profession est souvent absente des
génériques français.
Quoi qu’il en soit, la création du
storyboard se construit en collaboration
avec le réalisateur, le directeur de la
photographie et le storyboarder.
Le storyboard peut aussi être réalisé
sommairement par le réalisateur lui-même.
À QUOI SERT
EXACTEMENT LE
STORYBOARD ?
Le storyboard a plusieurs fonctions, nous
pourrions cependant en sélectionner deux
principales :
• Découper en plans l’action de manière
claire et précise.
• Traduire les idées du metteur en scène
en images de sorte qu’elles soient bien
comprises par son équipe.
Tu l’as compris, non seulement le storyboard
permet au réalisateur de préciser ses
intentions mais aussi de les communiquer à
son équipe. En effet, le scénario apporte des
indications quant à l’histoire mais donne
très peu d’informations quant aux choix de
mise en scène du réalisateur.
Le storyboard apporte ces réponses en
donnant des informations sur la valeur du
plan, sur sa composition, sur la focale
utilisée, le mouvement de caméra et
parfois même sur la durée de celui-ci.
FAUT-IL SAVOIR
DESSINER POUR FAIRE
UN STORYBOARD ?
La réponse est : NON !
Pas du tout, tu dois juste être en mesure
de traduire tes idées correctement.
Le storyboard n’est en rien une
démonstration de style.
Tu ne me crois pas ? Prenons Scorsese,
dont tout le monde est d’accord pour dire
qu’il est l’un des plus grands réalisateurs
du monde. Il réalise lui-même certains
de ses storyboard, et ce n’est pas un
dessinateur né.
Aussi pitoyable que tu penses être en
dessin, je suis sur que tu te débrouilleras vouloir utiliser des logiciels alors qu’un stylo découper ta première scène.
à merveille. Des bonhommes bâtons fait très bien l’affaire – sans compter qu’il Ici, il n’est pas question de commencer à
suffisent ! nous sort de nos écrans. Tu as besoin d’un dessiner. Tu vas visualiser ta scène dans ta
crayon, d’un modèle de storyboard vierge tête et noter, pour chaque plan, la valeur
QUEL LOGICIEL UTILISER (ou de post-it), d’une imprimante et d’un du plan mais aussi le mouvement, s’il y en
POUR FAIRE UN scanner. a un.
STORYBOARD ? On appelle cela faire le découpage.
COMMENT FAIRE UN
Il existe de nombreux logiciels pour STORYBOARD ? Étape 2 : Dessiner l’image correspondante :
réaliser des storyboards. J’en ai testé de Maintenant nous allons dessiner les plans
nombreux et je dois dire que j’ai toujours Étape 1 : Découper la séquence correspondants.
été déçu. Nous avons souvent tendance à Imprime ton scénario et commence à Une technique sympa est d’utiliser des
CHAPITRE 9 MONTE UN DOSSIER DE PRODUCTION… DE LA MEILLEURE FAÇON
post-it pour une ébauche facilement
recomposable.
Étape 3 : Supprimer du scénario découpé
toutes les informations induites par l’image.
Avant de monter le tout ensemble, enlève
toutes les informations décrites dans
le scénario quand elles sont déjà
présentes dans l’image. Cela évite au
lecteur de perdre du temps à lire deux fois
la même information. Tu remarques que les
indications sonores sont toujours laissées.
Certaines actions sont difficiles à traduire
en dessins, je préfère parfois laisser une
petite description pour éviter les confusions.
Étape 4 : Compiler le tout
Il faut maintenant coller l’ensemble de
ces informations sans oublier d’ajouter
le numéro des plans et pourquoi pas sa
durée estimée. Personnellement, j’utilise
Photoshop mais rien ne t’empêche de le
Passe à l’action !
Alors, plaie ou plaisir ? Si comme moi, tu
aimes dessiner, régale-toi à représenter
ton film en dessins tel que tu l’imagines.
u Pas de panique : même si tu n’es
pas dessinateur, avec quelques
faire à la main ou même de faire du collage. mots pour indiquer tes intentions,
Encore une fois, le but est que tu sois à tes techniciens comprendront très
l’aise. Ne complexifie pas ta tâche. bien comment tu souhaites tourner
les plans.
OÙ TROUVER DES u Suis simplement les 4 étapes
EXEMPLES DE décrites plus haut.
STORYBOARD DE FILMS ?
Les storyboards ne sont pas évidents à
trouver sur le net gratuitement. J’ai pour ma
part une belle collection de storyboards !
J’en suis très fan. Je te conseille vivement
de te procurer le storyboard du premier
Star Wars - qui est magnifique, ou encore
ceux des films de Miyazaki, absolument
superbes.
CHAPITRE 9 MONTE UN DOSSIER DE PRODUCTION… DE LA MEILLEURE FAÇON
FICHE 36
COMMENT METTRE EN PAGE TON SCÉNARIO
… TOUT CE QUE TU DOIS SAVOIR
Un scénario est un document codifié : sa
mise en page est normalisée à travers le
monde. Ne te risque pas à une mise en page
originale. Si tu ne veux pas que ton lecteur
fasse une tête de trois pieds de long, voici
comment mettre en page ton scénario :
LA PAGE DE GARDE DE
TON SCÉNARIO :
Utilise toujours la même police que ton
script. Seul le titre est en gras.
LES NUMÉROS DE PAGES :
En haut à droite, Sergent ! Fais commencer
le décompte à la première page du script,
c’est-à-dire sans compter la page de garde.
QUELLE POLICE UTILISER
POUR TON SCÉNARIO?
De manière générale, le scénariste utilisera
Arial, Times New Roman ou Courier pour
écrire son scénario. Tu trouveras ces polices
dans la plupart des logiciels de traitement
de texte.
QUELLE TAILLE DE
POLICE ?
La taille de la police peut varier de 12 à 14.
La grande majorité des auteurs utilise la
taille 12.
QUELLE INTERLIGNE ?
Pour faciliter la lecture, l’interligne d’un
scénario est standard : 1 ou 1,5.
POURQUOI NE PAS
UTILISER D’AUTRES
POLICES ET RÈGLES DE
PRÉSENTATION ?
D’une part les polices fantaisistes peuvent
gêner la lecture de ton scénario, d’autre
part, le format permet une normalisation
du temps par page.
Avec ce format :
1 page = 1 minute de film
C’est pratique, non ?
Mais libre à toi de faire autrement même si
je te le déconseille.
L’EN-TÊTE :
Il est obligatoire et comprend :
“NUMERO DE LA SCÈNE – INTÉRIEUR OU
EXTERIEUR – LIEU – JOUR OU NUIT”
Rédige cet en-tête au-dessus de chacune
de tes séquences. L’en-tête permet donc
de situer ta scène dans le temps et LES DIALOGUES :
dans l’espace. Il doit toujours être en
majuscules et en gras. • Le nom du personnage qui parle est noté
en gras, en majuscules et centré.
NOTE : Ne donne pas de titre à ta scène. • Les didascalies ou indications de ton,
d’humeur et de comportement doivent
LES DESCRIPTIONS être en italiques et centrées.
NARRATIVES OU • Le dialogue est centré, sans majuscules
ACTIONS : ni italiques.
Lorsqu’un personnage fait quelque chose NOTE : Tu n’es pas obligé de mettre des
ou qu’un évènement se produit, tu dois didascalies à chaque dialogue. C’est un plus
décrire ce moment. Décris ce que l’on dans la compréhension mais elles gênent la
voit et ce que l’on entend. Ne décris lecture quand elles sont trop présentes. De
surtout pas les pensées du personnage. même, évite les évidences. Comme dans le
On ne doit jamais lire : « Patrick pensait à roman, si ton personnage lance une insulte,
Jessica. » Un scénario s’écrit en langage inutile de préciser qu’il est fâché.
visuel, tu ne rédiges pas un roman ! (Et
même dans un roman, on évite le plus
possible !) Écris les actions au présent,
sois clair et évite les effets de style.
Tu dois faire en sorte que le lecteur
comprenne parfaitement ce qu’il se
passe.
NOTE : Quand tu introduis un personnage,
il est assez commun d’ajouter son âge
entre parenthèses et sa description
physique. Par exemple, ici, Patrick (55),
blond, les yeux clairs, taille et corpulence
moyennes, marche en roulant les
mécaniques.