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PARTIE II 

: L’impact des insurtechs sur le secteur de


l’assurance

TITRE I : Les différents impacts de l’entrée sur le marché de


ces nouveaux acteurs

CHAPITRE I : Impact sur les assureurs dits « traditionnels »

• Rupture organisationnelle : la ‘Désintermédiation’


et la transition digitale interne

L’ensemble des technologies qui ont investi le monde de


l’assurance a, bien entendu, eu des conséquences à tous les
niveaux sur le marché.
Cela se traduit inexorablement par rupture organisationnelle forte
qui a pour conséquence, d’une part, la ‘Désintermédiation’ du
business et d’autre part, l’adaptation des métiers inhérents à
l’assurance.
Cette ‘Désintermédiation’ implique une approche nouvelle en
matière de partenariats, axée sur la priorité donnée à la relation
client et à ses besoins.
Elle englobe également l'intégration et la promotion d'écosystèmes
collaboratifs, tels que des partenariats industriels avec des fabricants
automobiles pour les objets connectés, ainsi que des partenariats avec des
fournisseurs de services, tels qu'une plateforme de mise en relation
visuelle.
De plus, l'utilisation d'extranets facilite les échanges à distance et simplifie
ainsi la relation avec le client final.
En outre, grâce au marketing digital et à une meilleure connaissance des
clients, le rôle du courtier est grandement simplifié.
En effet, les compagnies d'assurance doivent maintenir des relations
solides avec les courtiers, qui sont constamment sollicités par des
concurrents et de nouveaux acteurs du marché.
Elles doivent adopter une approche globale des canaux de distribution et
d'information, en les abordant de manière simultanée plutôt que de
manière isolée, afin de bénéficier des interactions et des synergies
potentielles entre eux (stratégie "cross-canal"). Leurs offres doivent être
adaptées aux spécificités des canaux numériques.
La mise en place d'une transition digitale à l'échelle interne implique de
former l'ensemble du personnel aux nouveaux outils de travail et aux
applications qui y sont intégrées.
Il est essentiel de les accompagner à long terme pour exercer leur
profession de manière différente. En effet, afin d'accroître les interactions
avec les clients et d'améliorer l'expérience client, il est nécessaire de
décharger les employés des tâches à faible valeur ajoutée et de favoriser
le travail collaboratif en éliminant les silos organisationnels.
Par exemple, cela peut impliquer de regrouper la gestion et la
souscription afin d'établir une relation directe avec les clients sur
tous les canaux numériques.

• La suppression, l’adaptation et la
création de nouveaux métiers dans l’assurance

La transformation numérique dans le secteur de l'assurance


entraîne également des changements significatifs dans les métiers
existants, ainsi que l'émergence de nouveaux métiers.
Certaines fonctions traditionnelles peuvent être supprimées ou
adaptées, tandis que de nouveaux métiers peuvent être créées.
Avec l'avènement de l'intelligence artificielle, se pose la question de la
pertinence de maintenir certains métiers existants qui pourraient
éventuellement être automatisés. Par exemple, Aviva a récemment
interrogé ses 16 000 employés pour savoir s'ils estimaient qu'un robot
pourrait effectuer leur travail de manière plus efficace. Si la réponse est
positive, ces employés seront requalifiés pour occuper d'autres fonctions
au sein de l'entreprise. Cette approche de la question directement posée
aux employés fait d'Aviva la première entreprise mondiale à adopter une
telle démarche, comme rapporté par The Sunday Times Magazine. Les
avancées de plus en plus sophistiquées dans le domaine de la robotique
suscitent des inquiétudes chez les dirigeants d'entreprises du monde
entier, qui cherchent à réduire les coûts et à améliorer l'efficacité.au sein
de leurs entreprises. Par ailleurs, Le gouvernement britannique a
récemment déclaré qu'il allouerait une somme de 17 millions de livres
sterling aux universités afin de soutenir la recherche dans le domaine de
l'intelligence artificielle. Selon les estimations de la société de conseil
Accenture, l'IA pourrait générer une croissance économique de
654 milliards de livres sterling pour l'économie britannique d'ici
2035, tout en créant des emplois nécessitant des compétences
plus avancées. Cette initiative vise à capitaliser sur le potentiel de
l'intelligence artificielle pour stimuler l'innovation, la productivité
et la compétitivité du Royaume-Uni dans le domaine
technologique.
Les avancées technologiques, notamment dans le domaine de la robotique
et de l'automatisation, ont déjà conduit à la substitution de dizaines de
milliers d'emplois dans le secteur manufacturier, y compris l'industrie
automobile. Les experts avertissent que des professions entières
telles que la comptabilité, l'actuariat et la téléassistance
pourraient également disparaître, car les progrès du numérique
rendent leurs rôles redondants.
Mark Carney, gouverneur de la Banque d'Angleterre, a récemment
mis en garde contre le fait que près de la moitié de la population
active britannique, soit environ 15 millions de personnes,
pourraient être remplacées par des robots dans les prochaines
années.
Les prévisions alarmantes de la Banque soulignent que cela
pourrait avoir des conséquences particulièrement dévastatrices
pour les travailleurs à faible revenu. Les chercheurs de l'Université
d'Oxford ont compilé une liste d'emplois présentant le plus grand
risque d'automatisation, et ils ont constaté que 35 % des emplois
au Royaume-Uni pourraient être effectués par des robots.
Dans cette étude, les souscripteurs d'assurance figuraient en tête
de liste, avec un risque de 98,9 % d'automatisation.
D'autres professions à haut risque comprenaient les agents
immobiliers, les travailleurs des services postaux et les
comptables. Ces chiffres mettent en évidence la nécessité pour les
individus et les secteurs de se préparer à une évolution rapide du
marché du travail et à l'impact potentiel de la technologie sur les
emplois existants.
Pour prendre un autre exemple concret, Fukoku Mutual Life
Insurance, une compagnie d'assurance japonaise, a décidé de se
séparer de trente-quatre de ses employés parce qu'elle considère
que leur travail peut être effectué par une intelligence artificielle.
Dans un autre registre, la Bank of America teste des mini-agences
100% automatiques, sans employé.

Plutôt que de supprimer les métiers, ce qui semble tout de même


assez radical, une autre solution est de les adapter.
La digitalisation accentue la porosité entre les différents métiers
de l'assurance et réaffirme, de manière paradoxale, l'importance
des relations humaines.
Cette évolution peut être observée à plusieurs niveaux.
Tout d'abord, les métiers liés à la création de l'offre intègrent
désormais des analyses comportementales des clients pour définir
les produits, les services et les prestations adaptés.
Ensuite, les professionnels de la vente personnalisent la relation
client en utilisant des techniques de marketing opérationnel, telles
que la collecte de données personnelles et la promotion
personnalisée par SMS ou par e-mail.
Par ailleurs, les tâches administratives sont facilitées grâce à
l'utilisation d'outils modernes tels que les tablettes et les
signatures électroniques.
Enfin, les gestionnaires de contrats ou de prestations adoptent de
nouvelles méthodes de réception et de traitement des dossiers,
telles que la gestion électronique des documents, qui prennent
une dimension commerciale avec une part croissante de conseils
personnalisés à la clientèle.
Ils fournissent également de plus en plus de prestations
réparatrices en nature, par exemple en envoyant un plombier pour
réparer un sinistre de dégât des eaux au lieu de simplement verser
une indemnisation en espèces.

On observe aussi, en raison du développement des nouvelles


technologies, la création de nouveaux métiers.

Avec la digitalisation de l'industrie de l'assurance, se pose la question des


compétences et de la pertinence du personnel actuellement en place.
En effet, pour assurer la viabilité du modèle économique, il est essentiel
de disposer d'une équipe qualifiée dans le domaine des nouvelles
technologies.
Par exemple, pour le développement d'outils basés sur le Big Data, il est
crucial d'avoir du personnel compétent afin d'éviter toute erreur ou lacune
pouvant survenir, notamment dans la conception des algorithmes.
De nouvelles compétences seront nécessaires, telles que des scientifiques
des données, des spécialistes du comportement et des experts en sciences
sociales.
Il sera également nécessaire de former le personnel et de développer une
expertise spécialisée pour concevoir des algorithmes, gérer, analyser et
surveiller tout processus décisionnel basé sur l'analyse du Big Data.
En outre, des profils tels que des webmasters, des spécialistes du
numérique et des réseaux sociaux, des concepteurs d'offres, des experts
en protection des données, des consultants en gestion des risques, etc.,
seront également indispensables.
Au-delà de l'impact sur les métiers traditionnels, les sociétés
InsurTech bénéficient d'un véritable avantage concurrentiel grâce
à leur expertise en matière de technologies numériques et à leur
capacité à innover dans le domaine de l'assurance. Une régulation
nécessaire face à la transformation digitale.

CHAPITRE II : Impact sur les consommateurs


• Les exigences de protection du consommateur : frein
au développement du Big Data
Les entreprises qui exploitent le potentiel du Big Data doivent être
conscientes des obligations de protection des consommateurs liées
au traitement des données personnelles, notamment en ce qui
concerne la collecte des données, leurs sources, les informations fournies
aux consommateurs et leur consentement. Il est essentiel que tout
traitement de données personnelles respecte la légalité et l'équité vis-à-
vis des consommateurs concernés. Les assureurs ont été des pionniers
dans la protection de ces données. Avant la mise en place du règlement
européen sur la protection des données, ils ont collaboré avec la CNIL
pour mettre en place un "pack de conformité" régissant l'utilisation des
données personnelles. Cependant, ces mesures se sont révélées
insuffisantes car le Règlement général sur la protection des données
(RGPD) du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 (2016/679)
a élevé le respect de la vie privée au rang de norme, obligeant les
compagnies d'assurance à restreindre considérablement le traitement des
données à caractère personnel. L'article 21 du règlement met en évidence
les restrictions liées au profilage, ce qui constitue un véritable frein au
développement du Big Data. Les nouvelles réglementations en matière de
protection des données confèrent des droits renforcés aux
consommateurs, tels que l'accès et la rectification de leurs données
personnelles, le droit à l'oubli, le droit de contester le traitement des
données, le droit d'être informé en cas de violation de la sécurité des
données, ainsi qu'une meilleure information sur les politiques de
protection des données des entreprises et la portabilité des données. Elles
apportent également une plus grande clarté quant à l'obligation de
diligence raisonnable que les entités doivent respecter lors du traitement
de données personnelles. Ces réglementations peuvent encourager
l'analyse de "big data" en utilisant des données anonymes ou
pseudonymisées.
À la différence de l'Europe, qui accorde une priorité à la protection
des consommateurs, d'autres marchés tels que le marché
américain favorisent davantage le développement économique et
offrent plus de liberté à l'innovation.
Un exemple de réussite est la start-up OSCAR, qui utilise les données de
santé des assurés pour proposer des assurances. En revanche, en France,
l'arrivée récente de Generali Vitality a suscité méfiance et polémique.
Ainsi, cette révolution du Big Data comporte des risques pour le secteur
de l'assurance. Tout d'abord, bien que plus de 50 % des assurés soient
disposés à partager leurs données (si cela se traduit par une réduction de
leur prime), une certaine méfiance persiste chez les
consommateurs, qui perçoivent le Big Data comme une potentielle
intrusion dans leur vie privée. De plus, la législation devient de plus en
plus contraignante, poussée par la volonté du législateur de limiter les
atteintes à la liberté des consommateurs et surtout d'éviter une
démutualisation des risques.

• Adaptation des assureurs à la demande

Les compagnies d'assurance adoptent une approche commerciale axée sur


l'analyse de la demande de produits et de services, ainsi que sur l'étude
des besoins et des attentes des clients consommateurs, marquant ainsi un
changement de paradigme de l'offre vers la demande.
Le client est désormais considéré comme le point de départ de toute leur
activité. Cette évolution permet aux consommateurs de bénéficier de
produits et de services de meilleure qualité, innovants et plus
personnalisés, offrant ainsi des avantages significatifs.
Selon Felix Anthonj, PDG de la plate-forme de communications flexperto,
les nouveaux acteurs du marché ont remarqué que le secteur de
l'assurance était resté stagnant au cours de la dernière décennie, sans
aucune innovation notable. Les compagnies d'assurance n'ont pas su
s'adapter aux besoins changeants des clients et ont perdu le lien avec
eux, se comportant de manière avide et semblant être à l'abri des
perturbations.
L'assurance est de plus en plus liée à des comportements
spécifiques, notamment dans le domaine de la télématique. La mise
en place de dispositifs de télématique tels que les boîtes noires dans les
voitures permet d'évaluer la manière de conduire des conducteurs et
d'adapter la couverture d'assurance en conséquence. Cela peut également
avoir un impact positif sur la sécurité routière, car les conducteurs seront
incités à adopter une conduite plus prudente afin de réduire le coût de leur
assurance.
Avec l'émergence croissante des objets connectés, une nouvelle
génération d'assurance pourrait voir le jour. Cette nouvelle approche
utiliserait des capteurs et des appareils intelligents dans votre maison
pour vous offrir une couverture adaptée à votre situation, vous
récompenser pour certains comportements ou même assurer votre
sécurité.
Par exemple, si vos tuyaux présentent une fuite, votre maison
intelligente serait en mesure de couper l'arrivée d'eau et d'alerter
votre assureur qui pourrait ensuite contacter le plombier approprié pour
résoudre le problème avant qu'il ne provoque des dégâts importants.
Ce type de système permettrait de réduire les paiements d'assurance tout
en offrant un meilleur service, créant ainsi une situation bénéfique pour
toutes les parties impliquées. Les dispositifs portables tels que les
trackers d'activité ou les bracelets connectés offrent désormais la
possibilité de partager directement avec votre assureur des informations
sur votre mode de vie et votre condition physique. Par exemple, des
entreprises comme Fitbit collectent déjà des données qui peuvent être
utilisées par les compagnies d'assurance pour évaluer les primes. Cette
tendance permet aux consommateurs de bénéficier d'une plus grande
flexibilité en payant uniquement pour l'assurance dont ils ont réellement
besoin. Par exemple, les personnes pratiquant le ski de manière
occasionnelle ne souhaitent plus payer une prime pour une couverture
annuelle complète. Cette évolution répond à la demande des
consommateurs qui souhaitent une personnalisation accrue de leur
assurance en fonction de leurs besoins spécifiques.

• L’influence des réseaux sociaux et des chatbots

Les avancées dans la technologie mobile et les réseaux sociaux sont


exploitées pour rendre l'assurance attrayante et accessible à la génération
Y, également connue sous le nom de "Millennials" (les individus nés entre
les années 1980 et 2000). Un exemple de cette utilisation est
Insurgram, une plateforme d'assurance qui fonctionne à travers
des discussions en ligne, notamment par le biais de chats. Les
utilisateurs peuvent communiquer avec des experts en assurance
en utilisant les données disponibles sur leurs profils Facebook et
Twitter, y compris leurs préférences et centres d'intérêt ("likes").
Ensuite, ils peuvent obtenir une couverture d'assurance via un
système simple et mobile. Cette approche vise à s'adapter aux
préférences et aux habitudes de communication des utilisateurs de
la génération Y, en leur offrant une expérience pratique et
personnalisée pour souscrire à une assurance.
Les "chatbots" sont des robots logiciels conçus pour interagir avec les
utilisateurs ou les consommateurs via des services de conversation
automatisée. Ils jouent un rôle central dans la fourniture de conseils sur la
plateforme Insurgram, bien que des intervenants humains soient
également disponibles pour répondre aux questions lorsque les chatbots
ne peuvent pas fournir des réponses appropriées.
Selon une étude e-Assurance publiée par CCM Benchmark en mars 2017,
environ 11% des internautes ont montré un intérêt pour les chatbots et
ont trouvé l'idée pratique, préférant les utiliser plutôt que d'entrer en
contact avec un conseiller humain. Cependant, il convient de nuancer
l'intérêt des Français pour les robots conversationnels dans le domaine de
l'assurance, car environ 60% des internautes ne les connaissent pas.
De plus, 49% des internautes se disent prêts à utiliser des
chatbots, mais sans pour autant renoncer à la possibilité de
dialoguer avec un conseiller réel.
Il est important de noter que cette réticence peut en partie s'expliquer par
une différence intergénérationnelle face aux nouvelles technologies. Les
générations actuelles et futures grandissent dans un monde où la
technologie numérique est omniprésente, ce qui les rend familières avec
ces innovations. Par conséquent, à mesure que le temps passe, les
nouvelles technologies deviendront de plus en plus courantes. Selon cette
perspective, on peut estimer que les innovations proposées par les
InsurTech plaisent aux consommateurs d'aujourd'hui et seront inévitables
pour les consommateurs de demain.
Les réseaux sociaux jouent un rôle prépondérant dans l'évaluation en
ligne, avec la notation et les avis des consommateurs qui sont devenus
essentiels. Depuis leur introduction à la fin des années 90 par des
entreprises comme Amazon, ces évaluations ont transformé la relation
entre les marques et leurs clients. Ainsi, les compagnies d'assurance
doivent soigner leur image afin d'obtenir des avis favorables sur la toile.
Un exemple concret est celui d'AXA qui a établi un partenariat avec
Facebook. L'Axa Lab, la cellule de veille de l'assureur basée à San
Francisco, a constaté que la relation de proximité avec les clients passe
désormais inévitablement par les réseaux sociaux. Ce constat a été
confirmé par la pratique, puisque les premiers agents d'AXA aux États-
Unis à bénéficier d'une formation dans le cadre de cet accord et à être
présents sur Facebook ont obtenu des résultats nettement supérieurs à
leurs homologues. En contactant leurs clients lors d'événements majeurs
tels que les mariages, les naissances, les anniversaires, les
déménagements, etc., ces agents ont réussi à créer un lien plus fort et
une plus grande fidélisation. Au-delà de leur impact sur les
consommateurs, les nouvelles technologies ont également des
répercussions sur les compagnies d'assurance et les intermédiaires en
assurance.

TITRE II : Enjeux et avenir des Insurtechs

CHAPITRE I : Les insurtechs : partenaires ou concurrents des assureurs ?

• L’exploration des nouvelles tendances et innovations par


les assureurs en place (mise en place d’incubateurs et
accélérateurs)

Les opérateurs historiques de l'assurance sont activement engagés dans la


surveillance des nouvelles tendances et innovations. Ils sont conscients de
l'importance de rester à l'affût des développements technologiques et des
évolutions du marché. Certains d'entre eux ont même établi une présence
dans des pôles d'innovation clés, tels que la Silicon Valley, afin
d'apprendre en temps réel les dernières avancées. Cette approche leur
permet de réagir rapidement face à de nouvelles opportunités ou menaces
susceptibles de perturber leur secteur. Lorsqu'ils identifient une entreprise
jugée innovante et pertinente pour leur marché, ils peuvent établir des
partenariats stratégiques pour collaborer et tirer parti de ces nouvelles
technologies ou approches. Ce processus de veille et de mise en place de
partenariats leur permet de rester compétitifs et de saisir les opportunités
offertes par l'innovation.

• La participation des assureurs dans le


développement des InsurTech

Certains assureurs établis collaborent avec des start-ups et mettent en


place des projets pilotes pour tester de nouvelles solutions sur le marché.
Ils créent des environnements de test, appelés communément
"sandboxes", qui offrent un cadre propice à l'expérimentation.
De plus, ils fournissent aux start-ups les outils et les ressources
nécessaires pour concevoir des prototypes de solutions potentielles, ce qui
favorise la créativité et l'innovation.
Prenons l'exemple d'un partenariat entre une start-up et des assureurs,
comme l'Insurtech américaine Trov. Cette entreprise propose une
assurance "à la demande" pour les biens personnels tels que les
ordinateurs portables, les instruments de musique, les vélos ou les
appareils photo. Les utilisateurs peuvent souscrire une couverture
instantanément pour la durée de leur choix et activer ou désactiver leur
assurance via une application mobile. Trov a réalisé une levée de fonds de
25,5 millions de dollars en avril 2016 et a lancé ses services en Australie
en mai de la même année, en partenariat avec l'assureur local Suncorp
Group. La start-up a également étendu son activité au Royaume-Uni avec
Axa, et a conclu des partenariats avec Munich Re et l'assureur japonais
Sompo Holdings pour commercialiser ses produits aux États-Unis. Les
assureurs peuvent participer activement aux programmes de démarrage
de différentes manières pour résoudre des problèmes spécifiques qui
pourraient autrement ne pas être abordés à court terme. Cette
participation peut prendre la forme d'investissements directs ou la forme
d'incubateurs (« accélérateurs ») pour soutenir les entreprises
émergentes.
En 2014, les start-ups InsurTech axées sur le secteur de l'assurance ont
bénéficié d'un financement de moins de 800 millions de dollars.
Cependant, en 2015, ce montant a été multiplié par plus de trois,
atteignant environ 2,5 milliards de dollars. Cette tendance à la croissance
semble se poursuivre, car au premier semestre de 2016, les jeunes
entreprises émergentes de l'assurance, soutenues par des investissements
en capital-risque, ont reçu un financement d'un milliard de dollars. Les
innovateurs et les acteurs établis répondent ainsi aux défis de la
digitalisation de l'assurance. Selon un rapport de KPMG International et
CB Insights, les start-ups InsurTech qui ont attiré le plus de fonds
comprennent Oscar Health, Clover Health, Bright Health et Justworks.
Les investissements les plus importants en 2016 ont été réalisés aux
États-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni. Bien que les start-ups
InsurTech puissent être considérées comme des concurrentes ou des
perturbatrices, une collaboration avec les compagnies d'assurance établies
peut offrir des avantages compétitifs significatifs. Des assureurs
importants tels qu'AXA (avec Axa Strategic Ventures), Aviva, Allianz,
American Family, MassMutual, Transamerica et Ping An ont mis en place
des fonds d'investissement et réalisé d'importants investissements dans
des start-ups InsurTech. Ces investissements visent à réduire les coûts et
les risques pour les assureurs, tout en capitalisant sur de nouveaux
marchés émergents. En outre, certaines compagnies d'assurance ont opté
pour la création d'incubateurs et d'accélérateurs afin de soutenir et de
promouvoir ces start-ups dans leur développement. Ces initiatives
permettent aux assureurs d'encourager l'innovation, d'explorer de
nouvelles opportunités et de favoriser une collaboration étroite avec les
jeunes entreprises prometteuses du secteur InsurTech.

• La mise en place de partenariats stratégiques

Les opérateurs historiques établissent des partenariats avec des start-ups


et mettent en place des solutions pilotes pour les tester sur le marché. Ils
créent un environnement de test appelé "sandbox" et fournissent des
outils et des ressources pour permettre la conception de prototypes
potentiels. Cette approche vise à stimuler la créativité en offrant aux
start-ups un espace sécurisé pour expérimenter et développer des
solutions innovantes. En offrant un soutien et des ressources aux start-
ups, les opérateurs historiques favorisent la collaboration et l'échange
d'idées, tout en recherchant de nouvelles opportunités pour répondre aux
besoins changeants du marché de l'assurance. Un exemple de partenariat
entre une start-up et des assureurs est celui de Trov, une Insurtech
américaine. Trov propose une assurance "à la demande" pour les objets
personnels tels que les ordinateurs portables, les instruments de musique,
les vélos ou les appareils photo.
Les utilisateurs ont la possibilité d'assurer instantanément leurs biens pour
la durée qu'ils souhaitent et peuvent activer ou désactiver leur couverture
via une application mobile. En avril 2016, Trov a annoncé une levée de
fonds de 25,5 millions de dollars et a lancé ses services en Australie en
mai de la même année, en partenariat avec l'assureur local Suncorp
Group.
La start-up a également étendu son activité au Royaume-Uni en
collaborant avec Axa. De plus, Trov a signé un partenariat avec Munich Re
et l'assureur japonais Sompo Holdings pour commercialiser ses services
aux États-Unis. Cette collaboration entre Trov et les assureurs démontre
comment les start-ups Insurtech peuvent s'associer avec des acteurs
établis pour offrir des solutions d'assurance innovantes et adaptées aux
besoins des consommateurs.
CHAPITRE II : Risques et enjeux des insurtechs dans l’avenir

• Le devenir incertain de la mutualisation face à une


personnalisation de plus en plus poussée
Dans notre société actuelle, on observe une tendance générale vers
l'individualisation du consommateur. Jusqu'à présent, cette approche était
difficilement applicable dans le secteur de l'assurance, qui privilégiait une
segmentation des assurés. Cependant, avec l'avènement du Big Data, il
devient possible de proposer une offre d'assurance plus individualisée en
fonction des caractéristiques et de l'exposition au risque de chaque
individu. Les produits d'assurance sont désormais conçus et tarifés
différemment, en se basant sur de nouvelles données capturées grâce au
Big Data, plutôt que sur les critères traditionnels tels que l'âge ou le type
de véhicule. Cela offre aux assureurs un avantage certain, car ils peuvent
évaluer les risques de manière plus précise.
Cependant, en poussant à l'extrême cette personnalisation, on pourrait
arriver à une situation où chaque individu paierait pour son propre risque,
ce qui remettrait en question le principe fondamental de la mutualisation
des risques, sur lequel repose l'assurance.
Gontran Peubez, directeur conseil chez Deloitte, souligne ce point
en mettant en garde contre le piège de pousser à ses limites un
système basé sur la mutualisation : "Pour l'industrie de
l'assurance, un des pièges à éviter est de pousser à ses limites un
système fondé sur la mutualisation. En effet, si à la fois les
données plus nombreuses et les moyens d'analyse plus pertinents
permettent par exemple une tarification extrêmement fine,
quasiment individualisée, quelle place restera-t-il à la
mutualisation ? […] Dans une industrie friande de modèles prédictifs, la
capacité d'anticipation devenue “infaillible” sonnerait la fin de l'incertitude
et de l'assurance".
La question se pose alors de ce qui arrivera aux "mauvais risques" : qui
voudra les assurer ? En effet, selon Eric Froidefond, manager dans le
domaine de l'assurance et auteur d'un mémoire sur le Big Data dans
l'assurance, "le premier qui gérera la collecte et l'analyse de données
pourra s'assurer de n'avoir que des bons risques". Cela signifie que les
assureurs seraient enclins à tarifer les contrats d'assurance de manière
individuelle en fonction du risque, ce qui aurait pour conséquence de
pénaliser les "mauvais risques" tandis que les "bons risques"
bénéficieraient de primes réduites.
Cela pourrait entraîner un déséquilibre entre les deux groupes.
Cependant, il est important de souligner que cette idée selon laquelle
l'exploitation du Big Data pourrait mettre fin à la mutualité doit être
tempérée.
Elle repose sur l'hypothèse de l'élaboration d'un modèle prédictif parfait
capable d'anticiper la survenue d'un sinistre. Or, aucun système, aussi
sophistiqué soit-il, ne peut anticiper de manière parfaitement exacte des
événements qui dépendent d'un nombre incalculable de facteurs
aléatoires.
Ainsi, même avec l'utilisation du Big Data, il est peu probable que la
mutualisation disparaisse complètement. L'assurance continuerait à être
un mécanisme de préparation financière face aux aléas de la vie, plutôt
qu'un simple produit d'épargne.

• Les risques liés à l'utilisation du Big Data

Il existe plusieurs problématiques liées à l'exploitation du Big Data dans le


domaine de l'assurance. Nous considérerons ici trois points importants. Le
premier : la question de la liberté individuelle et de la confidentialité des
données. En effet, l'utilisation croissante du Big Data permet aux
assureurs de collecter et d'analyser une quantité importante de données
personnelles des assurés. Cela soulève des préoccupations non seulement
concernant la vie privée mais aussi la protection de ces informations
sensibles. Il est crucial de trouver un équilibre entre l'utilisation des
données pour améliorer les produits d'assurance et le respect de la vie
privée des individus. Les réglementations en matière de protection des
données, telles que le Règlement général sur la protection des données
(RGPD) en Europe, sont mises en place pour garantir que les données
personnelles sont traitées de manière transparente et sécurisée. Par
ailleurs, l'incertitude quant au devenir de la mutualisation. Avec une
personnalisation de plus en plus poussée de l'offre d'assurance basée sur
les données individuelles, il existe une préoccupation quant à l'impact sur
le principe de mutualisation des risques. Si chaque individu est tarifé en
fonction de son risque spécifique, il y a un risque de déséquilibre et de
discrimination. La mutualisation permet de répartir les risques entre les
assurés, assurant ainsi une protection financière collective en cas de
sinistre. Il est essentiel de trouver des solutions qui préservent cet
équilibre tout en exploitant les avantages du Big Data. Enfn, les risques de
défauts de fonctionnement du Big Data. Bien que le Big Data offre des
opportunités d'amélioration de l'assurance, il n'est pas sans risques. Les
erreurs dans la collecte, l'analyse ou l'interprétation des données peuvent
conduire à des conclusions erronées et à des décisions inappropriées.
D’autant plus que les modèles prédictifs basés sur le Big Data peuvent
être biaisés si les données utilisées ne sont pas représentatives de
l'ensemble de la population assurée. Il est donc crucial de mettre en place
des mécanismes de contrôle de la qualité des données et des processus
d'analyse pour minimiser les risques d'erreurs et de biais. Ainsi, il est
observé une augmentation significative de la quantité de données
collectées, ce qui soulève des préoccupations quant à l'intrusion dans la
vie privée des assurés. En conséquence, les exigences en matière de
protection des consommateurs peuvent freiner le développement du Big
Data. Avec la prolifération des objets connectés et l'omniprésence des
réseaux sociaux, des données sont générées en temps réel partout où des
capteurs effectuent des mesures et où des dispositifs électroniques
peuvent enregistrer et stocker des informations. Les assureurs, dans leur
quête d'éliminer l'asymétrie d'information en faveur de leurs assurés,
s'intéressent de plus en plus à l'utilisation de cette technologie pour mieux
appréhender les risques couverts. Cependant, cette démarche suscite des
inquiétudes. «On essaye de suivre les peurs des gens pour les atténuer.
Or, la première peur, en France, ce n’est pas l’épidémie, le chômage ou la
guerre, c’est le big data», affirme le président de la FFA, Bernard Spitz.

• L’appréhension des assureurs face à l’ubérisation

Le concept d'« ubérisation » fait référence à un modèle économique dans


lequel une entreprise, souvent une start-up, utilise une plateforme
numérique pour connecter des prestataires de services à des clients.
Lorsqu'il est appliqué au domaine de l'assurance, ce phénomène remet en
question les acteurs traditionnels en offrant aux clients une expérience
plus simple et satisfaisante. Il est donc compréhensible que les assureurs
se sentent menacés. En effet, comme nous l'avons vu, les Insurtechs
jouent le rôle de perturbateurs sur le marché et obligent les acteurs
historiques à se réinventer pour maintenir leur position. L'émergence des
Assurtech reflète un changement de paradigme dans l'industrie de
l'assurance. Cela met en évidence d'énormes opportunités de croissance,
mais malheureusement la plupart des assureurs ne sont pas préparés à
exploiter pleinement ces opportunités.
D'après une étude réalisée par Target Group, il ressort que trois quarts
des professionnels du marketing dans le domaine de l'assurance estiment
que leur entreprise est trop lente dans le lancement de nouveaux produits
ou services sur le marché, et qu'elle a du mal à suivre le rythme des
évolutions constantes des marchés et des consommateurs. Les assureurs
traditionnels sont confrontés à plusieurs obstacles qui ralentissent leur
progression. Par exemple, leur modèle opérationnel est souvent complexe,
les différentes parties prenantes travaillent en silos. Les systèmes hérités
(legacy) ne sont pas ouverts et ne permettent pas de traiter ou d'exploiter
les données en temps réel. Il existe également un écart entre l'approche
actuarielle de masse et les attentes croissantes en matière
d'hyperpersonnalisation des offres. Dans cette dynamique, de nombreuses
entreprises aspirent à devenir le "Uber" de leur secteur à tout prix. Cette
ambition les pousse à se concentrer de manière excessive sur des
innovations disruptives, c'est-à-dire des produits ou services qui
perturbent totalement les marchés existants ou créent de nouveaux
marchés.
Il n'est pas toujours nécessaire de rechercher une idée révolutionnaire et
miraculeuse pour innover. Les projets de cette envergure comportent des
risques élevés et ont peu de chances de réussite. Bien qu'ils puissent
susciter l'enthousiasme et les discussions internes, ils peuvent ne jamais
se concrétiser. Les compagnies d'assurance doivent certes continuer à
explorer des idées disruptives, mais elles doivent également se concentrer
sur l'innovation adjacente qui permet de créer rapidement de la valeur.
L'ubérisation est un terme utilisé pour décrire l'émergence de modèles
économiques qui s'appuient sur des plateformes numériques pour faciliter
la connexion entre les clients et les prestataires de services. Dans le
secteur de l'assurance, cela peut se traduire par l'apparition de nouveaux
acteurs proposant directement aux consommateurs des produits et
services d'assurance, contournant ainsi les assureurs traditionnels et les
intermédiaires traditionnels. Les assureurs sont confrontés à l'ubérisation
de diverses façons. Tout d'abord, ils doivent faire face à une concurrence
accrue de la part de ces nouveaux acteurs, qui sont souvent en mesure de
proposer des produits d'assurance à des prix plus compétitifs ou mieux
adaptés aux besoins spécifiques des clients. Ces nouveaux acteurs
peuvent également offrir une expérience client plus fluide et intuitive
grâce à l'utilisation de plateformes numériques. En conséquence, les
assureurs traditionnels doivent repenser leur stratégie pour rester
compétitifs sur le marché. En effet, l'émergence de nouvelles activités
liées aux plateformes numériques peut engendrer des risques qui ne sont
pas nécessairement couverts par les polices d'assurance traditionnelles.
Par exemple, les conducteurs de VTC utilisent leurs propres
véhicules à des fins commerciales, ce qui peut entraîner des
risques supplémentaires non pris en compte par les polices
d'assurance automobile standard. Les assureurs doivent donc
s'adapter à ces nouveaux risques et développer des produits d'assurance
spécifiques pour répondre aux besoins des conducteurs de VTC et des
autres acteurs impliqués dans l'économie de plateforme. Cette évolution
du paysage des risques nécessite une réflexion et une adaptation
constantes de la part des assureurs. Par ailleurs, l'avènement des
plateformes numériques peut engendrer l'émergence de nouveaux risques
qui ne sont pas couverts par les polices d'assurance conventionnelles. Un
exemple concret serait les conducteurs de VTC (Véhicules de Tourisme
avec Chauffeur) qui utilisent leurs propres véhicules pour transporter des
passagers. Cette activité peut entraîner des risques supplémentaires qui
ne sont pas nécessairement pris en compte dans les polices d'assurance
automobile traditionnelles. Afin de rester compétitifs, les assureurs
doivent être capables de s'adapter rapidement aux évolutions
concurrentielles et technologiques. Cela peut impliquer la création de
partenariats avec des acteurs de l'écosystème de l'ubérisation, afin de
proposer des produits et services d'assurance innovants. De plus, les
assureurs peuvent également investir dans des technologies leur
permettant de mieux comprendre et évaluer les risques liés à ces
nouvelles activités économiques. L'objectif est de continuer à offrir des
solutions d'assurance pertinentes et compétitives dans ce contexte en
évolution constante.
Les assureurs sont confrontés à l'impact de l'ubérisation de différentes
manières. Tout d'abord, ils doivent faire face à une concurrence croissante
de la part de nouveaux acteurs qui proposent directement des produits
d'assurance aux consommateurs, contournant ainsi les assureurs
traditionnels. Ces nouveaux acteurs sont souvent en mesure de proposer
des produits d'assurance à des tarifs plus compétitifs ou mieux adaptés
aux besoins spécifiques des clients. De plus, les assureurs doivent
également s'adapter à l'utilisation croissante des plateformes numériques
dans le secteur de l'assurance. Ils peuvent tirer parti de l'ubérisation en
développant leurs propres solutions de distribution en ligne, ce qui leur
permet de toucher un public plus large et de simplifier le processus de
souscription et de gestion des polices d'assurance. En outre, les assureurs
peuvent exploiter les données massives générées par l'ubérisation pour
améliorer leur connaissance des risques et leur capacité à prédire les
sinistres. En analysant ces données en temps réel, ils peuvent ajuster
leurs offres et tarifications pour répondre de manière plus précise aux
besoins des clients.

Dans l'ensemble, les assureurs doivent trouver des moyens de s'adapter à


l'ubérisation et d'innover dans leur approche commerciale pour rester
compétitifs sur un marché en constante évolution. Cela peut impliquer de
repenser leurs modèles de distribution, d'exploiter les opportunités
offertes par les plateformes numériques et de capitaliser sur les avantages
des données massives. En outre, l'essor des plateformes numériques peut
entraîner l'apparition de risques nouveaux qui ne sont pas inclus dans les
polices d'assurance traditionnelles. Un exemple concret est celui des
chauffeurs de VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur) qui utilisent
leur propre véhicule pour transporter des passagers, ce qui génère des
risques supplémentaires non couverts par les polices d'assurance auto
classiques. Dans ce contexte, les assureurs doivent s'adapter et proposer
des produits d'assurance adaptés pour couvrir ces activités émergentes.
Cela peut impliquer la création de polices spécifiques destinées aux
chauffeurs de VTC, prenant en compte les risques inhérents à leur activité
et offrant une couverture adéquate.
Il est primordial pour les assureurs de rester à l'affût des évolutions du
marché et de collaborer avec les acteurs de l'ubérisation afin de
comprendre les nouveaux risques et de trouver des solutions d'assurance
appropriées. En anticipant ces changements et en proposant des produits
adaptés, les assureurs peuvent répondre aux besoins des clients et
maintenir leur pertinence dans un environnement en constante évolution.
Les assureurs doivent donc être en mesure de réagir rapidement aux
évolutions de leur environnement concurrentiel et aux avancées
technologiques afin de maintenir leur offre de produits et services
pertinents et compétitifs. Cette adaptation peut nécessiter l'établissement
de partenariats avec les acteurs de l'écosystème de l'ubérisation, afin de
proposer des solutions d'assurance innovantes qui répondent aux besoins
spécifiques de ce marché en plein essor. De plus, les assureurs peuvent
investir dans des technologies qui leur permettent d'améliorer leur
compréhension et leur évaluation des risques liés à ces nouvelles activités
économiques.
En se positionnant de manière proactive et en saisissant les opportunités
offertes par l'ubérisation, les assureurs peuvent non seulement maintenir
leur compétitivité, mais aussi tirer parti de ces nouveaux modèles
économiques pour développer de nouveaux produits, élargir leur clientèle
et renforcer leur position sur le marché de l'assurance. Enfin, les
assureurs ont la possibilité de tirer parti de l'ubérisation à leur avantage
en développant des solutions de distribution en ligne et en exploitant les
données massives pour améliorer leur compréhension des risques et leur
capacité à prédire les sinistres. La "kodakisation" représente un scénario
encore plus problématique que l'ubérisation. Cela se produit lorsqu'une
entreprise, à l'instar de Kodak, échoue à anticiper ou à s'adapter aux
transformations majeures de son secteur, entraînant ainsi sa propre
obsolescence.

II- La Kodakisation

Alors que l'ubérisation est le résultat d'un manque de vision sur les
marchés, les modèles commerciaux et les opportunités offertes par le
numérique, la kodakisation représente la peur de se transformer. Ce
terme tire son origine de l'expérience de la société Kodak, pionnière de la
photographie numérique en 1975. Cependant, elle a été éclipsée par la
révolution numérique en raison de son manque d'innovation dans son
modèle commercial. Le problème ici ne réside pas dans l'incompétence ou
l'ignorance face à ce phénomène, mais dans la crainte de se transformer
et d'adopter une approche totalement nouvelle pour s'adapter à un
marché en évolution. Avoir un produit futuriste tout en restant attaché à
un modèle dépassé ne suffit pas. Ainsi, réagir à l'ubérisation ne garantit
aucunement une protection contre la kodakisation, d'autant plus que la
concurrence numérique est féroce.
En se focalisant trop sur les autres acteurs du marché (concurrents,
startups, etc.), on finit par perdre de vue sa propre entreprise. La peur de
l'ubérisation est souvent évoquée, mais la kodakisation est une menace
bien réelle. Réagir à l'ubérisation ne protège pas contre la kodakisation,
qui est déjà une réalité pour certaines entreprises. En effet, des réactions
à l'ubérisation sont possibles, comme le montrent certains exemples
concrets. Mais en ce qui concerne la menace de kodakisation, l'ennemi ne
se trouve pas à l'extérieur de l'entreprise, mais très probablement à
l'intérieur. Il peut prendre différentes formes, que ce soit parmi les
décideurs stratégiques tels que les dirigeants, les actionnaires, les
administrateurs, qui ont peur de se transformer et de quitter l'ancien
monde pour un nouveau dont la visibilité n'est pas encore claire. Il peut
également résider parmi les collaborateurs, où ceux qui travaillent sur des
produits d'avenir côtoient ceux qui développent des modèles économiques
obsolètes. Des groupes d'influence internes peuvent également s'opposer
à toute remise en question de l'existant.
La véritable problématique réside dans la nécessité pour l'entreprise de
tourner définitivement la page et d'écrire sa nouvelle histoire. Cela peut
impliquer d'abandonner certaines activités, d'intégrer de nouveaux
écosystèmes, de trouver sa place, d'explorer de nouveaux territoires sans
se perdre et de prouver sa valeur, voire même de changer d'activité ou de
s'étendre vers des secteurs adjacents. Il s'agit d'un processus complexe
qui demande une adaptation et une évolution profonde de l'entreprise.
Comme le dit le dicton : « mieux vaut dire la vérité au malade ». Peut-on
anticiper et prévenir le risque de "kodakisation" de manière proactive ?
Cela semble improbable, cependant, il existe des symptômes et des
signaux qu'il est essentiel d'identifier et d'analyser de manière objective,
souvent avec l'aide d'experts externes. Une fois identifiés et analysés, les
dirigeants doivent aborder ces signaux et prendre le risque de remettre en
question des activités qui semblent lucratives à court terme, ou bien
entamer une transformation structurelle profonde de leur organisation,
tout en préservant la cohérence et l'essence de leur ADN. Il s'agit d'un
processus délicat qui demande d'intégrer de nouvelles compétences sans
perdre ce qui fait l'identité de l'entreprise.
Il est courant de constater que de nombreuses entreprises cherchent à
effectuer leur transformation en digitalisant quelques services et en les
mettant en ligne, mais cela peut être insuffisant. Une véritable
transformation nécessite un changement plus profond, en commençant
par une transformation interne de l'entreprise. Il est essentiel de ne pas
ignorer les problèmes existants et de réfléchir à la manière d'organiser sa
propre disruption. Les grandes entreprises anticipent déjà une possible
disruption de leur modèle économique, et il est important de considérer
comment "détruire son business" afin de réfléchir concrètement à la façon
dont la "kodakisation" pourrait affecter l'entreprise. Une approche
possible parmi d'autres est d'envisager l'ajout d'un Chief
Disruption Officer (CDO) dans l'équipe de direction, qui serait
chargé de gérer et d'anticiper les changements disruptifs au sein
de l'entreprise.

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