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Économie Industrielle (cours de M. Baudry et E.

Darmon)
L3 Économie – 2022/2023

TD 4

« Le monopole naturel de La Poste »

I. Question de cours
En quoi la théorie des marchés contestables peut-elle être considérée comme une vision encore
plus radicale que celle de l’approche Structure-Comportement-Performance de la notion
d’intensité concurrentielle dans un secteur ?

II. Analyse de documents


En vous appuyant sur les documents en annexe, vous chercherez à identifier si le secteur du
courrier est un monopole naturel ou non et pour quelle(s) raison(s). Vous chercherez également
à déterminer s’il est envisageable d’adopter pour ce secteur le même type de régulation que
dans les télécoms ou le transport ferroviaire.

Annexes

Un an après l'ouverture à la concurrence, La Poste garde l'hégémonie sur le courrier


LIONEL STEINMANN
13 janvier 2012
Les Echos

La libéralisation totale du marché du courrier, le 1er janvier 2011, n'a attiré aucun acteur
d'envergure. Une prudence liée notamment au déclin programmé de cette activité. La Poste,
elle, voit plus large et se positionne comme un média de la relation client des entreprises.

Le marché du courrier n'est pas celui des télécoms ou du fret ferroviaire. Alors que l'ouverture
à la concurrence dans ces deux secteurs a fait fondre la part de marché des opérateurs
historiques, La Poste ne voit, un an après la fin de son monopole, aucun acteur d'envergure se
positionner pour lui contester son hégémonie.

La libéralisation, le 1er janvier 2011, du dernier segment de marché protégé, celui des lettres
de moins de 50 grammes, avait de quoi aiguiser les appétits : il représente près de 80 % du
marché total de la correspondance (envois de moins de 2 kilos). Mais le big bang annoncé au
début des années 2000 n'a pas eu lieu. Un an après, « nous avons toujours plus de 99 % de part
de marché sur le courrier adressé en boîte aux lettres », rapporte Nicolas Routier, directeur
général du courrier. Une quinzaine d'entreprises ont bien obtenu une autorisation de l'Autorité
de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) pour la distribution de
correspondance. Mais ces opérateurs se positionnent sur des marchés locaux (Post Center à
Dole, 3L à Angers...) Personne n'est venu défier La Poste au niveau national et ceux qui en
avaient un temps l'ambition (comme Adrexo) ont remisé leurs projets.
Un marché orienté à la baisse

Cette prudence s'explique tout d'abord par les particularités du secteur : « La distribution de
courrier est une activité de coût fixe », explique Nicolas Routier. L'ampleur des investissements
initiaux et des besoins en main-d'oeuvre refroidit les ardeurs. De surcroît, la Poste française a
eu le temps de s'adapter à l'ouverture du marché. Le projet Cap Qualité Courrier, notamment,
lui a permis de restructurer son appareil industriel et d'affûter sa compétitivité.

Enfin et surtout, contrairement à celui des télécoms par exemple, le marché du courrier a été
ouvert à la concurrence alors qu'il était orienté à la baisse. « De la mi-2008 à fin 2011, soit en
trois ans et demi à peine, le marché est passé de 18 à 15,5 milliards d'objets adressés, rapporte
Nicolas Routier. Et nous pensons qu'il sera à 13 milliards en 2015. » Pas de quoi, là encore,
attirer la concurrence. Pour autant, La Poste ne se repose pas sur son monopole de fait. Plutôt
que de raisonner sur le seul marché du courrier, Nicolas Routier voit plus large : « La
correspondance entre particuliers ne représente que 3 % de notre activité. 68 % de celle-ci
repose sur les envois des entreprises à leurs clients ou leurs prospects et 20 % vers d'autres
entreprises. Nous nous voyons donc plutôt comme un média de cette relation "B to C", au même
titre que TF1 ou Decaux. » Un marché beaucoup plus concurrentiel, mais qui a l'avantage, lui,
de ne pas être sur le déclin.

La Poste ajoute une nouvelle corde à son arc avec la téléphonie mobile
RENAUD HONORE
24 mai 2011
Les Echos

Le groupe public a lancé hier son offre de téléphonie mobile, avec des tarifs qu'il estime
agressifs. L'objectif est de capter 3 % du marché d'ici à 2016, avec de 2 à 2,5 millions de clients.
Une façon aussi de valoriser au mieux un réseau de bureaux de poste extrêmement étendu.

C'est l'histoire d'un « retour aux racines ». Pour le lancement de l'offre de téléphonie mobile de
La Poste, Jacques Rapoport, son directeur général délégué chargé de l'enseigne, n'a pas cherché
à chasser le fantôme des PTT d'autrefois, présents dans toutes les têtes. Au contraire : « Nous
avons une histoire dans la téléphonie, cela fait partie des traditions pour nos clients de trouver
une offre dans nos bureaux », a expliqué, hier, le dirigeant pour justifier la création de cet
opérateur mobile virtuel (MVNO), constitué en partenariat dans une coentreprise avec SFR.

Depuis hier, une centaine de bureaux présentent, bien en évidence à l'entrée, des îlots dédiés à
la téléphonie mobile. Au menu sept cartes prépayées à partir de 5 euros et une douzaine de
forfaits - certains sans engagement -dès 10 euros. « Nous ne sommes pas un opérateur low cost,
dont nous jugeons la qualité insuffisante », a commenté Jacques Rapoport. Mais La Poste « veut
se situer dans les niveaux les plus bas en matière tarifaire, avec en prime un réseau étendu de
distribution, à la manière de ce que propose La Banque Postale », a-t-il ajouté.

Compenser le déclin du courrier


D'ici à juin, le déploiement sera étendu aux 1.000 principaux bureaux du groupe - ils
représentent 40 % de l'activité d'un réseau qui compte 10.000 bureaux de plein exercice -puis
aux 2.000 plus gros (60 % de l'activité) en septembre.

Il sera alors temps de lancer une expérimentation dans une dizaine de points en milieu rural
pour voir « s'il existe un potentiel de clientèle dans ces zones », selon le dirigeant. Celui-ci
n'exclut pas d'étoffer la gamme avec une box Internet à moyen terme, si le succès est au rendez-
vous.

A plus long terme, La Poste vise de 2 à 2,5 millions de clients en cinq ans. Si cet objectif est
atteint, cela lui donnerait alors une part de marché de 3 % environ. Mais la concurrence promet
d'être acharnée (lire ci-dessous).

Le groupe public n'en table pas moins à l'horizon 2016 sur des revenus de l'ordre de 500 à
600 millions d'euros. A l'échelle du chiffre d'affaires du groupe (environ 21 milliards), cela
restera encore modeste. Mais ce développement fait partie des relais de croissance trouvés par
La Poste pour compenser le déclin de son activité principale - les volumes de courrier devraient
chuter de 30 % entre 2009 et 2015 selon tous les experts du secteur -et surtout valoriser un
réseau extrêmement étendu. Du fait de la pression politique, le nombre de points de contact
(17.000) du groupe public a été sanctuarisé par la loi, représentant une charge importante. Celle-
ci devrait être allégée dans les années qui viennent, puisque La Poste entend inverser d'ici à
2015 la répartition actuelle entre bureaux (10.000 aujourd'hui) et partenariat (quand l'activité
est reprise par un commerce ou une mairie soit 7.000 points aujourd'hui).

Malgré cette évolution programmée, La Poste doit réfléchir aux meilleurs moyens de
rentabiliser ce grand réseau, alors que d'autres Postes en Europe ont fait le choix de sabrer dans
le leur. Pendant quelques années, le groupe public a tenté la voie de la diversification (ventes
de produits divers et variés, comme des sacs), mais cela s'est conclu par un échec. « Nous ne
voulons pas être un distributeur généraliste, seulement servir les métiers historiques de La Poste
dont fait partie la téléphonie », a souligné Jacques Rapoport. La Poste se rapproche ainsi de son
homologue italien, seul équivalent en Europe à l'heure actuelle et dont l'opérateur MVNO
revendique plus de 2 millions de clients.

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