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CETTE RUBRIQUE

A ÉTÉ RÉALISÉE AVEC


LE SOUTIEN DE ONCOLOGIE

Imagerie de la mastite granulomateuse : apport de l’IRM


● J.L. Pagès*, C. Cadel**, A. Oksman***, J. Becue****

F ÉCHOGRAPHIE
emme de 54 ans ayant présenté trois semaines aupa-
ravant un épisode inflammatoire du sein gauche traité
On note, d’une part (figure 3), une image hypoéchogène en
par antibiotiques et anti-inflammatoires.
bande superficielle et, d’autre part (figure 4), une plage hypo-
Les phénomènes inflammatoires ont disparu sous l’effet du
échogène profonde mal limitée, très suspecte.
traitement, mais il persiste une tuméfaction palpable de la
région paramamelonnaire interne gauche.

MAMMOGRAPHIE
Sur le cliché de face (figure 1), on note la présence d’une plage
glandulaire centromammaire, mal limitée, sans caractère rétractile Figure 3.
ni microcalcifications associées, dont la forme se modifie sur le
cliché en oblique externe (figure 2), où il existe une bande opaque
à point de départ mamelonnaire barrant la partie moyenne du sein.

Figure 1.

Figure 4.

IRM
Séquence T1-FFE avant injection de gadolinium (figure 5) :
Figure 2. on retrouve en situation centromammaire gauche une plage en
hyposignal étendue, venant se raccorder à la région paramame-
lonnaire interne.

Figure 5.

* Unité de sénologie, nouvelle clinique de L’Union, Toulouse.


** Cabinet de gynécologie, Saint-Jean.
*** Laboratoire d’anatomie-pathologie, Toulouse.
**** Service de gynécologie, hôpital Rangueil, Toulouse.

La Lettre du Sénologue - nos 13-14 - 3e-4e trimestres 2001 35


C A S C L I N I Q U E

Après injection de gadolinium et soustraction d’image, la tota- ÉVOLUTION


lité de cette plage en hyposignal prend le contraste de façon
intense et précoce, en se rehaussant de la première (figure 6) à Le contrôle IRM réalisé à trois mois de l’épisode initial montre
la troisième minutes (figure 7). sur la coupe en pondération T1 avant injection de gadolinium
(figure 9), la persistance de la plage hypo-intense centromam-
maire gauche.

Figure 6.

Figure 9.

Après injection de gadolinium, la prise de contraste est diffé-


Figure 7. rée, nulle à la première minute (figure 10), et n’intéressant que
la périphérie de la plage hypo-intense à la troisième minute
(figure 11).

BIOPSIE MAMMAIRE (figure 8)


Figure 10.
La biopsie échoguidée a été réalisée avec une aiguille de 14 G,
intéressant la plage hypoéchogène profonde.
À faible grossissement (H E x 40), la carotte biopsique montre
un effacement total de l’architecture mammaire par un infiltrat
inflammatoire granulomateux.
En cartouche, un plus fort grossissement (H E x 200) permet
d’identifier un granulome épithélioïde à droite et quelques aci-
nus résiduels à gauche.
Conclusion : mastite granulomateuse.
Figure 11.

Figure 8. Une tentative de corticothérapie (5) a été réalisée, mais mal


supportée par la patiente.
Devant la persistance d’une tuméfaction clinique, il a alors été
décidé une intervention chirurgicale qui a définitivement
confirmé le diagnostic en montrant une lésion inflammatoire
de type réticulo-histiocytaire.

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COMMENTAIRE CONCLUSION
La mastite granulomateuse est une affection inflammatoire du La mastite granulomateuse est une affection bénigne qui
sein d’étiologie inconnue qui, cliniquement, simule un cancer simule parfaitement la mastite carcinomateuse.
(2, 3). L’échographie peut montrer des signes évocateurs (lésions
Peu d’études (1, 4, 6, 7) se sont intéressées à son imagerie et tubulaires), mais trouve surtout son intérêt dans le guidage de
aucun cas n’a fait l’objet d’une exploration par IRM. la microbiopsie.
Sur le plan mammographique, Boo-Kyung Han décrit essen- L’IRM n’est pas spécifique lors du diagnostic initial, un cancer
tiellement deux types : soit de multiples petites masses mal étendu pouvant montrer les mêmes images.
définies, soit une asymétrie de densité. Elle permet en revanche un suivi évolutif en montrant la dispa-
Aucune lésion ne présente de calcification ou d’aspect spiculé. rition progressive de la prise de gadolinium au niveau de la
Sur le plan ultrasonore, le même auteur insiste sur la grande lésion. ■
fréquence de lésions tubulaires hypoéchogènes identiques à
celle observée sur la figure 3.
R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S
Il peut également s’agir d’une masse hypoéchogène de contours
mal définis : notre observation associe les deux aspects. 1. Boo-Kyung Han, Yeon Hyeon Choe, Seol-Jin Nam. AJR 1999 ; 173 : 317-20.
L’IRM offre l’intérêt de confirmer le caractère très inflamma- 2. Osborne BM. Granulomatous mastitis caused by histoplasma and mimicking
toire de la lésion, avec une prise de contraste intense et pré- inflammatory breast cancer. Hum Pathol 1989 ; 20 : 47-52.
coce de la totalité de la plage hypo-intense. 3. Imoto S, Kitaya T, Kodama T, Hasebe T, Mukai K. Idiopathic granulomatous
mastitis : case report and review of the literature. J Clin Oncol 1997 ; 27 : 274-7.
Elle présente aussi un intérêt indiscutable dans le suivi évolu- 4. Fletcher A, Magrath IM, Riddell RH, Talbot IC. Granulomatous mastitis : a
tif, en montrant la disparition progressive de cette prise de report of seven cases. J Clin Pathol 1982 ; 35 : 941-5.
contraste sous l’effet du traitement. 5. DeHertogh DA, Rossof AH, Harris AA, Economou SG. Prednisone manage-
Il faut cependant souligner la possibilité de persistance ou de ment of granulomatous mastitis. N Engl J Med 1980 ; 308 : 799-800.
récidive de ce processus inflammatoire (4, 6), conduisant à 6. Jorgensen MB, Nielsen DM. Diagnosis and treatment of granulomatous mas-
titis. Am J Med 1992 ; 93 : 97-101.
l’exérèse chirurgicale de la lésion, ce qui s’est produit dans 7. Van Ongeval C, Schraepen T, Van Steen A, Baert AL, Moermman P. Idiopa-
notre observation. thic granulomatous mastitis. Eur Radio 1997 ; 7 : 1010-2.

Réf. DENV 1660-2001/09

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