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STATUE de la
LIBERTÉ
et ELLIS ISLAND
Départs fréquents de NY et NJ
Statue Cruises is the concessioner authorized by the National Park Ser vice, Department of the Interior, to ser ve the
public at the Statue of Liberty National Monument and Ellis Island. ©2018 Statue Cruises. All Rights Reser ved
EDITION
Directeurs de collection et auteurs :
Dominique AUZIAS et Jean-Paul LABOURDETTE
Auteurs : Martin FOUQUET, Gaétan MATHIEU,
Tio Mitio, Clémentine GALLOT,
Delphine BERTHELLIER, Lionel GOMEZ,
Welcome to
Jean-Paul LABOURDETTE et Dominique AUZIAS
et alter
Directeur Editorial : Stéphan SZEREMETA
New York
Responsable Editorial Monde : Patrick MARINGE
Rédaction Monde : Caroline MICHELOT,
Morgane VESLIN, Pierre-Yves SOUCHET A peine les portes de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy
et Talatah FAVREAU passées, la magie opère. Les taxis jaunes se succèdent
Rédaction France : Elisabeth COL, dans un capharnaüm réjouissant. Un rapide geste de la
Maurane CHEVALIER, Silvia FOLIGNO main, aperçu des dizaines de fois dans les films de Woody
et Tony DE SOUSA
Allen ou dans Sex and the City, et un chauffeur s’arrête.
FABRICATION Prochain arrêt, New York. Assis sur la banquette arrière, on
Responsable Studio : Sophie LECHERTIER aperçoit au loin Manhattan et sa skyline. Toutes les images
assistée de Romain AUDREN
Maquette et Montage : Julie BORDES,
connues de la ville se mélangent. On a l’impression de déjà
Sandrine MECKING, Delphine PAGANO connaître New York. On se trompe. Times Square, l’Empire
et Laurie PILLOIS State Building, la statue de la Liberté, le pont de Brooklyn
Iconographie : Anne DIOT étonnent encore et toujours. Et ces lieux mémorables ne
Cartographie : Jordan EL OUARDI sont que la partie visible d’une ville aux mille facettes. New
WEB ET NUMERIQUE York, c’est aussi les rues étroites de Greenwich Village,
Directeur Web : Louis GENEAU de LAMARLIERE l’animation et les odeurs de Bleecker Street, les maisons
Chef de projet et développeurs : victoriennes de Ditmas Park, les cafés de Williamsburg, les
Nicolas GUENIN, Cédric MAILLOUX, boutiques de la Cinquième avenue… New York fait partie
Florian FAZER, Caroline LAFFAITEUR,
Andrei UNGUREANU et Nicolas VAPPEREAU de ces villes où se perdre est un régal. On découvre alors,
au coin d’une rue, un jardin caché, des enfants qui jouent
DIRECTION COMMERCIALE
Directrice des Régies : Caroline CHOLLET
avec l’eau d’une borne d’incendie, un match de basket de
Responsable Régies locales : rue, un quartet reprenant a cappella Michael Jackson…
Michel GRANSEIGNE Et l’on apprend à connaître les autochtones. Ils sont
Relation Clientèle : Vimla MEETTOO Américains, Mexicains, Chinois, Portoricains, Philippins,
et Sandra RUFFIEUX Italiens, mais avant tout New-yorkais. Et ils aiment qu’on
Chefs de Publicité Régie nationale : découvre leur ville. Ils vous diront que New York leur donne
Caroline AUBRY, François BRIANCON-MARJOLLET,
Perrine DE CARNE MARCEIN, Caroline GENTELET l’envie de se surpasser, la volonté de rencontrer sans cesse
et Caroline PREAU de nouvelles personnes. Ville-monde où le melting-pot
Responsable Clientèle : Déborah LOICHOT est une règle d’or, New York rassemble plus de 8 millions
REGIE INTERNATIONALE d’âmes vivant à un rythme effréné. S’immiscer dans le
Chefs de Publicité : Jean-Marc FARAGUET, quotidien d’un New-yorkais pour plusieurs jours n’est pas
Guillaume LABOUREUR de tout repos. Là où le Financial District, le quartier des
assistés de Michelle MAYER
affaires, se vide après 18h, le Lower East Side, quartier
Régie NEW YORK : Jean Christian DAVID
aux immigrations multiples, n’est jamais aussi peuplé qu’à
DIFFUSION ET PROMOTION 1h du matin. Il n’y a qu’à voir les diners, qui proposent les
Directrice des Ventes : Bénédicte MOULET plats américains les plus classiques, faire salle comble
assistée d’Aissatou DIOP et Vianney LAVERNE
Responsable des ventes : Jean-Pierre GHEZ
passé minuit. Avec ses cinq boroughs, tous différents
assisté de Nathalie GONCALVES les uns des autres, New York ne décevra personne. S’il
Relations Presse-Partenariats : est impossible de dompter la ville, ce guide va essayer
Jean-Mary MARCHAL de rendre compte du New York d’aujourd’hui et de vous
ADMINISTRATION aider à profiter au mieux du spectacle quotidien qui sera
Président : Jean-Paul LABOURDETTE sous vos yeux, forcément ébahis.
Directrice Administrative et Financière :
Valérie DECOTTIGNIES L’équipe de rédaction
Directrice des Ressources Humaines :
Dina BOURDEAU assistée de Sandra MORAIS wwREMERCIEMENTS. A toutes les personnes
Responsable informatique : Pascal LE GOFF rencontrées lors de ce séjour.
Comptabilité : Jeannine DEMIRDJIAN,
Christelle MANEBARD et Adrien PRIGENT
Recouvrement : Fabien BONNAN
assisté de Sandra BRIJLALL et Belinda MILLE IMPRIMÉ EN FRANCE
Standard : Jehanne AOUMEUR
Skyline New-York.
© AUTHOR’S IMAGE
© FILIPPOBACCI
INVITATION AU VOYAGE
regorge de senteurs exotiques et de ruelles musée d’Occident, et le Museum of Natural History
étroites, Little Italy conserve les saveurs italo- le plus grand du monde dans son genre (et le
américaines conformes aux clichés du cinéma. mieux fourni), le nom du MoMA a fait le tour du
Il se dégage de l’East Village et du Lower East monde, tout comme l’architecture du Guggenheim.
Side une atmosphère plutôt rock’n’roll, fidèle au La Frick Collection est un trésor avec ses chefs-
New York des années 1980. Greenwich Village d’œuvre de tous les artistes majeurs du XIVe au
est bohème, libre et contestataire, SoHo chic, XIXe siècle, collectionnés avec dévotion par Henry
TriBeCa branché, Chelsea festif. Midtown est Clay Frick. Autant de lieux où les collections et les
démesuré et Times Square féerique, du genre expositions sont synonymes d’excellence. De quoi
babylonien. L’Upper East Side est sélect, l’Upper satisfaire les visiteurs les plus exigeants et les plus
West Side chic et gourmand, Harlem authentique férus de culture. Le spectacle vivant n’est pas en
et en mutation. New York est un champ des reste : chaque soir un opéra, un concert de jazz,
possibles, immense et extraordinairement de rock, de hip-hop, de musique brésilienne ou
dense. Et la visite de Brooklyn vous aidera à une représentation d’orchestre philharmonique a
approfondir votre connaissance de New York. lieu dans une des nombreuses salles de spectacle
Vous serez surpris par les ambiances variées de la ville. Pas de doute, New York est une terre
qui se dégagent de ses nombreux quartiers, plus bénie pour les sens et les cellules grises.
résidentiels qu’à Manhattan dans l’ensemble.
De Williamsburg le branché à Prospect Park
le verdoyant. Le Queens fait la part belle Une vie nocturne sans équivalent
aux quartiers ethniques (coréens, chinois, New York, the city that never sleeps (la ville qui ne
jamaïquains, noirs-américains, dominicains, dort jamais), est sans conteste une des villes au
mexicains, italiens, etc.) et le Bronx, surprenant et monde où la vie nocturne offre le plus de possi-
attachant, s’affranchit peu à peu de sa mauvaise bilités. Si vous aimez sortir, boire un verre ou
réputation. Quant à Staten Island, elle a le goût danser toute la nuit, New York est the place to be.
de la province. Aucune ville ne propose autant D’autant que le métro fonctionne 24h/24. Les bars
de diversité et ne se métamorphose aussi vite. rivalisent de décorations originales, de cocktails et
Quelle qu’en soit votre connaissance, New York de concepts pour attirer un chaland bien sollicité.
demeure à découvrir et représente une des Les clubs aux dimensions souvent hors normes
expériences urbaines ultimes aux Etats-Unis. ont des sonos parmi les plus performantes et des
Ceux qui ont visité New York dans les années soirées parmi les plus folles au monde. Y défilent
1980-90 seront peut-être déçus de ne plus en permanence les meilleurs DJ de la planète
retrouver le New York grungy qu’ils avaient (normal, beaucoup y résident). Les New-Yorkais
laissé. Certes la ville s’est enrichie, les artistes et écoutent leurs envies, sans crainte du jugement
les marginaux ont été poussés en-dehors de la d’autrui. Sortir, au sens large, constitue une véritable
ville, mais New York reste une métropole multi- culture pour eux, qui n’est pas réservée aux seuls
culturelle qui continue d’attirer des jeunes pleins 16-35 ans et pas limitée aux vendredis et samedis
de rêves du monde entier. Des nouveaux arrivant soir. Dans une ville qui regorge de célibataires,
qui font de New York une ville dynamique. Et en on sort souvent pour se rencontrer et croquer la
lisant ce guide, vous vous rendez compte que vie à pleines dents. Un grand souffle de liberté se
la Grosse Pomme a encore beaucoup à offrir propage dans la ville à la tombée de la nuit. New
de jour comme de nuit. York est bel et bien le paradis des couche-tard !
Les drapeaux
Le drapeau des États-Unis
Fabriquée pour la première fois en
1776 par Betsy Ross, la bannière étoilée
(stars and stripes) prit sa forme définitive
en 1782. Elle est composée de treize
bandes horizontales rouges et blanches
en alternance avec un rectangle bleu dans
le coin supérieur gauche. Ce rectangle
est parsemé de cinquante petites étoiles
blanches disposées en neuf colonnes
horizontales composées alternativement
de six et de cinq étoiles. Le blanc symbolise la pureté et l’innocence, le rouge le courage et
la hardiesse et le bleu, la prudence, la persévérance et la justice. Les 50 étoiles du drapeau
sont mises pour les 50 Etats du pays tandis que les 13 bandes horizontales représentent
les 13 Etats fondateurs de la nation : Connecticut, New Hampshire, New York, New Jersey,
Massachusetts, Pennsylvanie, Delaware, Virginie, Caroline du Nord, Caroline du Sud,
Georgie, Rhode Island et Maryland. La légende dit que George Washington interpréta le
drapeau comme suit : les étoiles viennent du ciel, le rouge vient des couleurs britanniques
et les bandes blanches marquent la sécession d’avec l’Angleterre. La composition du
drapeau américain a inspiré ceux d’autres nations, à l’instar du Chili, de la Malaisie et de
Porto Rico.
wwLes numéros que vous verrez auront tous Tous les numéros commençant par 1 800,
10 ou 11 chiffres (selon qu’ils indiquent le 1 888 et 1 877 (ex : 1 800 654 7777) sont des
code pays des Etats-Unis ou non) : 1 chiffre numéros gratuits mais ne peuvent pas être
pourlecodedesEtats-Unis(le1)•3chiffres composés depuis la France. Il arrive que le
pour l’indicatif régional, généralement le numéro de téléphone soit donné sous forme de
212 ou le 718 pour un fixe et le 917 pour un lettres : pour le composer, il suffit de composer
portable•7chiffrespourlenumérolocal, les numéros correspondants aux lettres de votre
présenté en deux groupes de 3 et 4 chiffres clavier téléphonique. Par exemple pour le (212)
(ex : 741 9226). 347-FARM, composez (212) 347 3276.
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le Museum Mile (dans l’Upper East Side), où une des plus belles au monde. Continuez votre
près d’une quinzaine de superbes musées journée par la visite de l’adjacent et ravissant
se succèdent le long du parc, sur 1,5 km. Brooklyn Botanic Garden (à admirer : un jardin
Le plus fameux d’entre eux, le Metropolitan de roses d’une beauté incroyable, surtout au
Museum of Art (l’équivalent du Louvre), est mois de juin) avant d’effectuer une balade dans
immanquable. Vous pourrez arpenter des le vieux quartier de Brooklyn Heights (à proximité
heures ses somptueuses galeries. Entre la Frick du Brooklyn Bridge), où les bâtiments figurent
Collection, la Neue Galerie, et le Guggenheim parmi les plus beaux de la ville. Marchez le long
(pour ne citer que les plus fameux), le choix ne de la promenade qui fait face aux buildings de
sera pas facile, mais pourquoi ne pas tous les Downtown et admirez un spectaculaire coucher
visiter, quitte à revenir le lendemain ? En dessous de soleil. Rendez-vous à Williamsburg le soir.
de Central Park se trouve l’indispensable musée Baladez-vous sur Bedford Ave pour trouver un
d’Art moderne, le MoMA. Vous pouvez tout à fait bon restaurant puis sur les rues parallèles Berry
INVITATION AU VOYAGE
répartir sur deux jours une visite plus poussée et Driggs pour un bar sympa. Enfin, marchez
du Museum Mile. Vous ne le regretterez pas. jusqu’à l’East River pour avoir une vue inoubliable
wwJour 4. Quartiers ethniques et shopping. de Manhattan la nuit.
Après le faste des musées et des grandes zones wwJour 7. Greenwich Village et Chelsea. Dernière
touristiques, les balades dans l’East Village et journée. Détente, balades informelles dans le
le Lower East Side permettent de souffler un très attachant et intimiste quartier de Greenwich
peu, de s’éloigner de la foule et des buildings et Village. Prenez une photo de l’immeuble ou
de s’imprégner de l’ambiance de ces quartiers. étaient censés habiter les protagonistes de la
Commencez par vous restaurer dans un des Deli’s série Friends, au croisement de Grove et Bedford
typiques du coin, puis partez à la découverte de Ave. Détour dans le Meatpacking District, un
ce quartier multiethnique (juif d’Europe de l’Est au quartier qui oscille entre vétustes entrepôts
sud du Lower East Side, polonais et ukrainien vers de viande, magasins branchés hors de prix,
la 2nd Avenue, indien sur Curry Row) et des bars restaurants à la mode et clubs, et découverte de
du coin. Nombre de boutiques de fripes, de jeunes Chelsea et de ses galeries. Pour finir, faites une
créateurs, de déco et d’antiquités vous attendent. dernière balade sur la Highline, une voie verte
Allez plus au sud et arpentez les quartiers de suspendue à 20 mètres du sol. Un lieu, calme,
Chinatown (fascinant d’activité) et de NoLita, relaxant, pourtant en plein cœur de Manhattan.
au nord de Little Italy (entre temps suspendu et Retour à l’hôtel et direction l’aéroport.
boutiques élégantes). De quoi terminer son tour wwSi vous disposez de 10 ou 15 jours, profitez-
du monde en une journée d’une belle manière. en pour aller à Coney Island (Brooklyn), avec
wwJour 5. Harlem et l’Upper West Side. Montez sa fête foraine du fond des âges, passez une
vers Harlem et ses vieilles maisons de briques, journée à la plage à Rockaway ou prenez le
promenez-vous dans ce quartier en plein ferry pour découvrir Staten Island. Vous pourrez
renouveau autour de la 125th Street et régalez- également aller dans le Bronx pour visiter le
vous avec de la soul food ou un gospel. Faites fantastique zoo, ou dans le Queens pour y
un tour sur le campus de Columbia University, visiter, entre autres musées, le PS1, annexe
une des facultés les plus prestigieuses des du MoMA et Centre d’art contemporain qui met
Etats-Unis. Baladez-vous dans le sud de l’Upper en valeur le visage actuel de l’art contemporain
West Side entre la 80e rue et la 59e rue. Arrêter- américain. Des soirées Warm Up prisées par les
vous à Central park ouest, à hauteur de la 72e jeunes, avec des DJ à la mode, sont organisées
rue. D’un côté de la rue, le Dakota Hôtel, d’où ici certains jours de la semaine et surtout le
sortait John Lennon avant de se faire assassiner samedi en été.
en 1980. En face de l’hôtel, dans le parc, une
plaque à sa mémoire. Séjours thématiques
wwJour 6. Brooklyn. La diversité de cette
banlieue de Manhattan mérite qu’on y passe Le New York de Woody Allen
la journée. L’ambiance y est différente, plus Le cinéaste américain préféré des Français
calme et plus reposante. Traversez de bon matin est new-yorkais jusqu’au bout des ongles.
l’emblématique Brooklyn Bridge. Vous allez Source d’inspiration inépuisable, sa ville de
tomber sur un quartier bohème peuplé d’artistes prédilection plante le décor de la majorité de
avec ses rues en pavés et vieilles maisons : ses films. En témoigne le premier plan-séquence
DUMBO (Down Under the Manhattan Bridge de Manhattan (1979), véritable hommage à la
Overpass). Visite du Brooklyn Museum of Art, dont beauté spectaculaire de cette ville. On retrouve
l’esplanade, récemment rénovée et résolument les thèmes chers à Woody Allen dans ce film
moderne, contraste avec le reste du bâtiment. assez autobiographique : le jazz, l’amitié, l’écri-
A ne pas rater : la collection sur l’Egypte ancienne, ture et bien sûr, les femmes…
14 IDÉES DE SÉJOUR
teurs. Quand il ne la détruise pas (Independance l’école située sur la 110e rue, entre 1st Avenue
Day, le Jour d’Après, Cloverfield), les réalisateurs et 2nd Avenue. Plusieurs scènes ont d’ailleurs
filment la Grosse Pomme sous tous ses angles. été tournées sur ce block, et vous reconnaîtrez
wwMidtown East, le 15 septembre 1954, des les beaux immeubles en briques avec leurs
centaines de photographes furent invités à se escaliers de secours. Seules les voitures garées
rendre au coin de la 52e rue et de Lexington. devant ont changées. Harlem Est est un quartier
Le réalisateur de Sept ans de réflexion, à découvrir car il a, dans son ensemble, peut
s’apprêtait en effet à tourner une des plus changé en terme d’architecture.
célèbres scènes du cinéma : Marylin Monroe, wwNew York Public Library, ce lieu iconique de
marchant dans les rues de New York surprise par New York est un très présent dans de nombreux
le passage sur une bouche de métro qui soulevait films où les personnages ont un travail de
sa robe blanche. Le réalisateur, Billy Wilder, fit recherche à faire. On retrouve la bibliothèque
refaire la scène plusieurs fois, provoquant la dans L’Affaire Thomas Crown, Spider-Man,
INVITATION AU VOYAGE
colère du petit ami de l’époque de Marylin, le ou Sex And the City : The Movie. C’est aussi
joueur de baseball Joe DiMaggio. Deux semaines ici que se réfugient les survivants du Jour
plus tard, les deux stars se séparaient. d’après, non sans brûler quelques livres pour
wwMidtown East toujours, juste au sud de se réchauffer.
Central Park pour marcher sur les pas d’une wwTriBeCa dispose de la caserne de pompiers
autre star de la mode et du cinéma Audrey la plus célèbre de New York ! C’est effet derrière
Hepburn. C’est en effet devant le magasin les portes de la caserne du 14N. Moore Street
Tiffany & Co., au croisement de la 57e rue et que se trouvait la Ghostbusters FireHouse !
de la 5e Avenue que furent tournées plusieurs Qui sait, Bill Murray cache peut-être encore
scènes d’extérieur de Diamants sur canapés quelques aliens dans ce lieu !
avec Audrey Hepburn, un café à la main, en train wwTimes Square a été le théâtre d’une photo
d’admirer les vitrines de la boutique. Tiffany & d’une star de cinéma très célèbre, symbole du
Co. n’a pas bougé depuis le tournage, en 1961. New York de l’époque. Si la photo n’est pas tirée
wwHarlem East, sur les traces d’un des films d’un film, on y voit l’acteur James Dean sous la
les plus emblématiques sur New York, West pluie, habillé d’un trenchcoat, une cigarette à
Side Story. Les deux gangs rivaux, les Sharks la bouche. Cette photo a été prise en 1955 par
et les Jets s’affrontent au début du film, et Dennis Stock lors du tournage de La Fureur de
dans la scène finale sur la cour de récréation de vivre, sur la 7e Avenue entre la 43e et 44e rue.
© JCARILLET
Visite architecturale de New York la 46e rue, on découvre le côté sud de ce petit
Empire State Building, St. Patrick’s Cathedral, immeuble. Quatre niches en façade abritent les
Grand Central Terminal,… des incontournables statues des plus célèbres actrices des années
que vous visiterez quel que soit votre intérêt 1920, la deuxième à partir de la gauche est Mary
pour l’architecture ancienne ou moderne. Pickford, surnommée « America’s Sweetheart »,
Que les férus d’Art déco, de style georgien, pionnière d’Hollywood.
Beaux-Arts ou gothique russe se rassurent, wwJour 2, SoHo. Le Little Singer Building
voici une visite de Manhattan sous tous ses (561/563 Broadway), magnifique immeuble
angles architecturaux ! de 1903, est en acier et brique rouge, avec des
wwJour 1, Times Square. Le New Amsterdam décors en terre cuite. Une grande baie centrale,
Theater (214 West 42nd street), est l’un des plus sur neuf niveaux et cinq fenêtres de large, et
anciens théâtres de Broadway et le plus vieil des balcons ouvragés lui donnent toute son
exemple d’Art nouveau à New York. A noter, élégance. On peut admirer l’autre façade de ce
sa façade style Beaux-Arts, en partie cachée bâtiment en L au 88 Prince Street, entre deux
en 1937, lors de sa transformation en cinéma, immeubles avec escaliers de secours.
par un pilier surmonté d’une horloge. On peut On remarque à côté le Scholastic Building,
encore apercevoir au-dessus de l’horloge les immeuble moderne d’Aldo Rossi qui utilise
sculptures représentant des groupes d’angelots. les mêmes matériaux. Il fut achevé après la
Les belles décorations Art nouveau ont été mort accidentelle de son concepteur italien
conservées à l’intérieur. en 1997.
Le Lunt-Fontanne Theatre (205 West 46th Le Roosevelt Building (478 Broadway) est un
street), achevé en 1909, a été dessiné par les superbe exemple de cast-iron building, type de
architectes Carrère et Hastings, concepteurs de constructions à ossature de fonte qu’on admire
la bibliothèque principale de New York sur la 5e essentiellement dans SoHo. Cet immeuble de
avenue. Il a conservé sa façade Beaux-Arts qui 1873 qui annonce l’Art nouveau, est l’œuvre
est toujours intacte au-dessus de la marquise de Richard Morris Hunt, l’architecte du socle de
dorée qui longe tout le bâtiment. la Statue de la Liberté.
Le Paramount Building (1501 Broadway), En continuant Broadway vers le sud, on peut
de type pyramidal, était le plus haut du voir du 36 au 56 White Street un ensemble de
quartier à son achèvement en 1927. cast-iron buildings, ceux-là de style Renaissance
Il est surmonté d’une horloge monumen- italienne.
tale et d’un globe terrestre lumineux. Il fut Thomas Twinns (319 Broadway) : encore plus au
longtemps le siège de la Paramount, dont les sud, on peut découvrir la façade principale de
studios de cinéma se trouvent aujourd’hui cet ancien immeuble commercial cast-iron sur
à Hollywood. Jusqu’en 1964 une salle Thomas Street, qui date de 1869. Son jumeau,
de cinéma s’y trouvait, lieu privilégié des de l’autre côté de la rue a malheureusement été
avant-premières du géant de la production détruit au profit d’un Mc Donald’s… Les grandes
cinématographique. surfaces vitrées sont caractéristiques de ce
The Chatwal Hotel (128 West 44th Street), fondé type de constructions.
en 1905 par un groupe d’acteurs professionnels En continuant Thomas Street sur 50 mètres
et alors appelé The Lambs club, fut le premier (8 Thomas street), on arrive à une curiosité : le
club de théâtre américain. Il servait à la fois de rez-de-chaussée de type cast-iron est surmonté
clubhouse et de lieu de résidence et de travail par trois étages en briques avec colonnades en
pour les professionnels du théâtre. Le bâtiment granit… de type gothique russe !
fut réalisé par Stanford White, l’architecte de En poursuivant vers l’Hudson, on peut voir
l’arc du Washington Square, qui termina sa vie la House of Relief, « La maison du soupir »
sous les balles d’un rival amoureux. (67 Hudson Street), un immeuble de style
Immeuble de briques, de style georgien, le Renaissance italienne. Les échelles de secours
premier étage est orné de colonnes et de sont postérieures à sa construction en 1904.
pilastres décorés de têtes de béliers, allusion Si l’on en fait le tour, dans Staple Street on voit
aux commanditaires. Les têtes de béliers le passage entre les immeubles inspiré par le
se retrouvent sculptés sur les deux niveaux Pont des Soupirs de Venise.
suivants. Le bâtiment abrite aujourd’hui un hôtel, Au bout de Staple Street, on aperçoit au
le Chatwal, et un restaurant qui a repris le nom 6 Harrison Street un bel immeuble de briques
originel du lieu, The Lambs Club. I. Miller Building rouges avec une tour, le Mercantile Exchange,
(1552 Broadway) : on est là en plein Times ancienne bourse de New York, achevé en
Square, toutes les façades sont cachées par les 1884. Tout près, d’autres beaux exemples
écrans. Mais au 1552, si on tourne à l’angle de de cast-iron, comme l’immeuble d’un seul
IDÉES DE SÉJOUR 17
étage du 172 Duane Street (1872) ou celui du décoration sont éclectiques : en partie basse,
75 Murray Street (1858), une des plus anciennes des grands médaillons représentent des
façades dans ce matériau, où la fonte imite monnaies grecques antiques, son sommet est
la pierre. de style gothique, avec des gargouilles.
wwJour 3, Lower Manhattan. Arrêt devant le Le Twenty Exchange Place (20 Exchange Place),
One Wall Street – BNY Mellon Building. Construit non loin de Wall Street, à l’origine The City Bank
à l’angle de Wall Street et Broadway et en Farmers Trust Building, de type Art déco, a
face de la Trinity Church, le gratte-ciel qui été achevé en 1931. Il est difficile d’en voir le
abrite aujourd’hui la Bank of New York a été sommet à 226 mètres dans cette rue étroite.
achevé en 1931. Il culmine à 199 mètres, avec Quatorze bustes de personnages encapuchonnés
50 étages et une façade en pierre calcaire décorent sa façade ; ils représenteraient les
sans décrochage destinée à impressionner par géants de la finance, dont sept sourient et sept
sa hauteur. À l’intérieur, le hall offre de belles grimacent ! Ne pas manquer le hall.
mosaïques Art déco. The Delmonico’s Building (56 Beaver Street),
The Trump Building (40 Wall Street), construction un peu plus au sud, est une exception. Ce petit
de type Art déco avec sa structure en acier et bâtiment de briques de huit étages achevé en
sa façade calcaire, était le plus haut gratte- 1891 est de style Beaux-Arts. On dit que le
ciel du pays à son achèvement en 1931, avec portail de marbre derrière les colonnes de façade
72 étages et 281 mètres de haut. Il fut doublé provient de Pompéi. Les Del Monico, une famille
la même année par le Chrysler Building dont de restaurateurs l’aurait rapporté et déjà utilisé
l’architecte ajouta secrètement une flèche de pour un précédent restaurant bâti en 1835.
38 mètres, totalisant 319 mètres, nouveau Le Barclay Vesey Building (140 West Street)
record… jusqu’à l’achèvement de l’Empire est situé juste en face du World Trade center
State building l’année suivante. et a été endommagé en 2001, avant d’être
Le Wall & Hanover Building, “The Crest” (63 Wall réhabilité. Il occupe tout un block. Construit de
Street, à l’angle de Hanover Street), est un 1923 à 1927 dans un style Art déco, haut de
immeuble de 35 étages (123 mètres) qui fut 152 mètres, c’est un bel immeuble de briques
construit en un temps record en 1929. Il est ocre jaune ornées de sculptures sur pierre
d’inspiration Art déco, mais ses éléments de calcaire, avec des arcades sur Vesey Street.
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découvrir New York à l’occasion d’une courte ou d’un long séjour, vivez au rythme d’un New York
escapade. Pour ce voyage, à chacun de choisir chic et branché ! Admirez sa superbe skyline, et
l’hébergement qui lui convient parmi la sélection la diversité de ses paysages. Sortez des sentiers
de 3, 4 ou 5-étoiles proposée. L’agence propose battus et dégustez une cuisine variée dans la ville
également une formule « Capitales de l’Est en de la créativité culinaire. Quel que soit votre projet,
train », qui passe par New York, Philadelphie Club Faune construit votre voyage, pas à pas,
et Washington. avec vous. A deux pas du Trocadéro, l’équipe Club
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Escapade aux Bahamas 19
Imaginez la combinaison d’un séjour urbain recèlent également des réserves marines ainsi
et magique à New York suivi de quelques que le 2e plus grand parc national des Bahamas
jours sur l’une des plus belles plages du et son fameux perroquet d’Abaco (espèce
monde. Au départ de New York il est tout endémique de l’île).
à fait possible d’envisager une extension wwAndros. Au sud-ouest de Nassau et le long
vers les Bahamas. Des vols desservent de la Grande barrière, c’est la plus grande île
directement Nassau la capitale, ou Freeport de l’archipel mais aussi la moins explorée.
sur Grand Bahama Island. Sinon, on pourra Une destination éco-touristique à part entière
transiter par Miami ou Fort Lauderdale pour qui est aussi la capitale mondiale de la pêche
rejoindre en direct une des îles extérieures au bonefish et qui se targue de regrouper la plus
comme l’archipel des Abacos, Eleuthera/ grande concentration au monde de trous bleus
Harbour Island, les Exumas, Andros, Bimini terrestres et océaniques : plus de 200 ! Amateurs
et bien d’autres encore. Pays d’îles, d’îlots de nature et de plongée y seront comblés.
et de récifs coralliens, cet archipel unique
au monde s’étend sur 250 000 km² entre les wwEleuthera – Harbour Island. Située à l’est
côtes de Floride et de Cuba. de Nassau, l’île principale, longue de 160 km,
Les Bahamas sont une grande région possède deux îles « satellites » au nord : Harbour
constituée de 700 îles regroupées en Island et Spanish Wells. Ceux que l’on a appelé
16 destinations, toutes différentes… Si les Aventuriers d’Eleuthère (« liberté » en grec) y
bien que l’on parle souvent dune véritable ont fondé la première démocratie au monde en
« Caraïbe dans la Caraïbe » ! Au départ de 1648. Eleuthera/Harbour Island est considérée
New York retenons 7 îles pour des raisons comme la destination la plus « glamour » des
pratiques et de priorité. Bahamas avec ses hôtels chic et de charme,
ses innombrables plages de sable rose et ses
wwD’abord Nassau/Paradise Island, une île villages à l’architecture préservée.
qui conjugue l’exotisme tropical et le charme
colonial du XVIIIe siècle, la capitale est reliée par wwThe Exumas. Chaîne de 365 îles et îlots,
un pont à Paradise Island, lieu de villégiature et dont les deux dernières îles au sud (Great et
paradis du tourisme avec son complexe grandiose Little Exuma) sont reliées entre elles par un pont
Atlantis, idéal en famille. La destination Nassau/ et regroupent la majorité des hébergements
Paradise Island offre une multitude de possibilités disponibles. Au nord, les Exuma Cays se
d’hébergement et un large choix d’activités et composent d’îles désertes, protégées ou
d’excursions. privées et abrite le 1er parc naturel sous-marin
et terrestre créé aux Bahamas en 1958 : l’Exuma
wwBimini. À peine à 75 kilomètres des côtes de la Land and Sea Park. C’est dans la baie de George
Floride, partez sur les traces d’Ernest Hemingway,
Town qu’a lieu tous les ans, le dernier week-
cette terre de légende est considérée comme la
end d’avril, la régate des sloops (bateaux
Mecque de la pêche au gros ! Mais Bimini réserve
traditionnels) qui concourrent pour le titre du
d’autres surprises comme aller à la rencontre des
meilleur équipage des Bahamas !
dauphins sauvages tachetés et rencontrer les
chercheurs du centre mondial de recherche sur
les requins : le Bimini Shark Lab. Comment y aller
wwGrand Bahama Island. Au nord des Bahamas, De Paris, Bruxelles ou Genève à Nassau via
cette grande île (160 km de long) offre 2 visages : New York tous les jours avec Air France, Delta
un côté animé autour de sa capitale Freeport/ Airlines, American Airlines ou British Airways.
Lucaya et l’autre très sauvage, avec la présence Passeport en cours de validité + 6 mois pour
de 5 parcs nationaux. Au programme pour tous : les ressortissants de la CEE et les Suisses.
sports aquatiques et terrestres, sorties nature, vie Pas besoin de vaccin, ni de visa tant que le
culturelle et nocturne. séjour n’excède pas 3 mois. Avec le transit
aux Etats-Unis, se munir d’un passeport
wwThe Abacos. Au nord-est des Bahamas, cet biométrique et de l’ESTA (https://esta.cbp.
archipel dans l’archipel est considéré comme la dhs.gov) pour l’entrée aux Etats-Unis.
capitale de la plaisance aux Bahamas. Il y flotte
un doux parfum de Nouvelle Angleterre le long wOFFICE DE TOURISME DES BAHAMAS
des nombreuses marinas et villages pittoresques 113-115, rue du Cherche-Midi, Paris 6e
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de découvrir New York de l’intérieur. Il est possible location de véhicules, programme de visites
de sélectionner son voyage selon deux critères : le guidées… Parmi ces offres : le voyage « Spécial
quartier où l’on désire séjourner et la catégorie de Big Apple » de 7 jours et 5 nuits avec entre
l’hébergement (studio, appartement de deux ou autres : visite de Brooklyn, Manhattan, Wall
trois pièces, duplex ou même loft). Possibilité de Street et le Financial District, Greenwich Village,
voir la fiche descriptive et les photos de chaque Soho et Chinatown, Ellis Island et son musée
logement sur le site Internet et de faire une de l’Immigration, et passage en bateau devant
demande de disponibilité. Roots Travel possède la statue de la Liberté.
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un circuit « De New York à Boston » de 14 jours Vous trouverez ici quelques tours opérateurs
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jour. Informations pratiques pour préparer son www.quotatrip.com
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Plusieurs sites permettent de comparer les offres Le but de ce rapprochement est simple :
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trouve le vol le moins cher parmi les offres et les Il est également possible d’affiner sa recherche
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et low cost. Le site est également un comparateur randonnée, plongée, All Inclusive, voyages
d’hébergements, de loueurs d’automobiles et de en famille, voyages de rêve, golfs ou encore
séjours, circuits et croisières. départs de province.
Partir seul
En avion départ et à destination du Canada ainsi que sur
le marché transfrontalier (Canada-Etats-Unis).
Prix moyen d’un vol Paris-New York : entre Plus de 35 millions de passagers utilisent chaque
500 et 1 200 E en classe éco. A noter que année les services d’Air Canada dont le trafic
la variation de prix dépend de la compagnie couvre plus de 175 destinations sur cinq conti-
empruntée mais, surtout, du délai de réserva- nents. Au départ de Paris, profitez de deux vols
tion. Pour obtenir des tarifs intéressants, il est quotidiens vers Montréal et vers Toronto, villes où
indispensable de vous y prendre à l’avance. les plates-formes de correspondance d’Air Canada
Généralement, les meilleurs tarifs sont dispo- vous donnent accès à plus de 60 destinations
nibles deux à trois mois avant votre départ. canadiennes et 50 destinations américaines.
Principales compagnies desservant w AIR FRANCE
la destination & 36 54 – www.airfrance.fr
Air France assure 7 vols quotidiens au départ de
w AIR CANADA Roissy-CDG (terminal 2E), à destination de New
11 bis, rue Scribe (9e ) York. Compter environ 7h45 pour aller de Paris à
Paris & 0 825 880 881 New York, et entre 6h30 et 7h pour aller de New York
www.aircanada.com à Paris. Six vols quotidiens atterrissent à l’aéroport
Air Canada est la plus importante compagnie JFK, et un à Newark (EWR), dans le New Jersey.
aérienne canadienne. Elle assure le plus grand Avec un peu de chance, vous voyagerez peut-être
nombre de vols réguliers internationaux au à bord de l’Airbus A380, en service depuis fin 2009.
Partir seul - COMMENT PARTIR ? 23
INVITATION AU VOYAGE
Delta Airlines propose environ 6 vols quotidiens w KIWI.COM
et directs entre Paris et New York, au départ www.kiwi.com
de Paris-CDG (terminal 2E) jusqu’à l’aéroport Kiwi.com (anciennement Skypicker) fut créé
J.-F.-Kennedy (terminal 3). Comptez environ par un entrepreneur Tchèque Oliver Dlouhy en
3 heures de vol. avril 2012 et propose une approche originale
w WOW AIR de la vente de billets d’avion en ligne. Ce site
& 01 76 54 12 70 permet à ses utilisateurs de débusquer les
www.wowair.com – wow@wow.is vols les moins chers et de les réserver ensuite.
Cette compagnie a ouvert la voie aux vols Il emploie pour cela une technologie unique en
transatlantiques low cost, transportant ses son genre basée sur le recoupement de données
passagers de la France à l’Amérique du Nord et les algorithmes, et permettant d’intégrer
en transitant par Reykjavík. Départs de Lyon, les tarifs des compagnies low cost à ceux des
Paris ou Bruxelles pour l’aéroport de Newark compagnies de ligne classiques créant ainsi
(près de New York), Washington D.C., Pittsburgh que des combinaisons de vols exceptionnelles
ou Boston. dégageant des économies pouvant aller jusqu’à
50 % de moins que les vols de ligne classiques.
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bagage, repas et système de divertissement Le samedi de 10h à 20h.
sans fil, XL Cloud compris. MisterFly.com est le nouveau-né de la toile pour
La compagnie aérienne française relie Roissy la réservation de billets d’avion. Son concept
Charles de Gaulle à New York JFK jusqu’à 7 fois innovant repose sur un credo : transparence
par semaine d’avril à novembre. tarifaire !
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première page de la recherche, c’est-à-dire par personne pour un aller simple. N’hésitez
qu’aucun frais de dossier ou frais bancaire ne pas à consulter le site Web de la compagnie.
viendront alourdir la facture finale. Idem pour le
prix des bagages ! L’accès à cette information
se fait dès l’affichage des vols correspondant
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à la recherche. La possibilité d’ajouter des w ALAMO
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service des voyageurs. L’objectif est de rendre au Canada, le forfait de location de voiture tout
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Se loger - COMMENT PARTIR ? 25
Se loger
Hôtels davantage à des hôtels, à la différence près que
la porte de la chambre donne sur un parking,
wwHôtels. On rencontre dans la plupart des plutôt que sur un couloir. Les motels se trouvent
villes des Etats-Unis des groupements d’hôtels aux sorties des grands axes reliant les villes
sans aucun charme. L’avantage de ces hôtels entre elles. La plupart restent modestes et
corridors, c’est la fiabilité des chaînes. On sait à peu onéreux. Le petit déjeuner est rarement
quoi s’attendre rien qu’en voyant l’enseigne sur inclus, mais on peut y préparer un thé ou
le bord des autoroutes. Ils sont généralement un café dans sa chambre. Les chambres
impersonnels, mais commencent doucement comprennent également une télévision et
INVITATION AU VOYAGE
à faire des efforts pour se démarquer. Ils se un téléphone. Une façade décrépite et peu
distinguent cependant des hôtels indépendants engageante cache parfois des chambres
ou de gamme supérieure (bien entendu). Quelle d’une propreté irréprochable. L’inverse est
que soit la catégorie choisie, les chambres aussi vrai. Il est conseillé de demander à voir
ont téléphone, TV avec câble, salle de bains la chambre avant de prendre la clé. Il y en a
et le prix comprend souvent le petit déjeuner. peu à New York mais on en trouve quelques-uns
En catégorie moyenne s’ajoutent minibar, micro- au sud de Brooklyn, vers les aéroports, et dans
ondes, sèche-cheveux, connexion Internet, le Queens.
climatisation ou chauffage et piscine. Les hôtels
de catégorie supérieure ajoutent salle de
fitness, centre d’affaires, restaurants et bars.
Chambres dhôtes
La plupart sont des adresses romantiques
Le problème des hôtels indépendants est que installées dans des demeures historiques
la décoration et la propreté peuvent varier, y restaurées et meublées avec goût, tenues
compris d’une chambre à l’autre. Normalement, par des propriétaires indépendants aimables
les chambres ont un lit king size (largeur de et préparant de délicieux petits déjeuners.
deux lits jumeaux) ou queen size, soit environ Les prix dépassent habituellement les 100 US$,
150 cm de large. Le prix est pour deux adultes. pour se situer, dans les plus beaux B&B,
C’est souvent gratuit pour les enfants, quoique entre 200 US$ et 300 US$ et plus par nuit.
le lit d’appoint soit parfois payant. Attention à Une durée de séjour minimum est parfois exigée
la facturation des appels téléphoniques à partir pour les séjours en fin de semaine. Les B&B
de la chambre : les appels longue distance sont peuvent fermer hors saison et la réservation
toujours hors de prix, les appels locaux sont est essentielle pour les établissements
rarement facturés. les plus luxueux. Sites à consulter : www.
wwMotels. A l’origine, les motels se situaient bedandbreakfast.com, www. bnbfinder.com,
près des autoroutes. On y garait sa voiture www.booking.com, www.trivago.com et
devant sa chambre. Aujourd’hui, ils s’assimilent www.selectregistry.com.
INVITATION AU VOYAGE
24h/24 et n’imposent pas de participation aux propose des appartements ou maisons à louer
tâches ménagères, ailleurs elles peuvent fermer pour votre séjour aux Etats-Unis. Réputés pour
entre 10h et 17h. Certaines demandent à leurs être moins cher que son principal concurrent,
hôtes de faire le ménage, en contrepartie de la on vous conseille de faire un tour sur leur site
gratuité de leur chambre. Le prix des dortoirs afin d’avoir un plus large éventail de locations
va de 25 US$ à 80 US$. Les réservations sont disponibles durant votre séjour.
Se déplacer
Transports en commun gratuits (map) sont à demander aux guichets
(booth). Ils vous seront fort utiles car, s’il y a des
Plus que centenaire, le subway new-yorkais plans affichés près de chaque guichet, une fois
est l’un des plus vieux métros américains. passé le tourniquet, ils sont quasi inexistants
Il n’avait qu’une seule ligne en 1904, il en compte sur les plates-formes et difficiles d’accès dans
à présent 26 (soit le plus grand nombre de les wagons souvent bondés. N’hésitez pas à
lignes au monde). Principalement souterrain demander votre chemin autour de vous, les
depuis les années 1950, le métro n’a gardé que New-yorkais renseignent toujours volontiers
quelques lignes en surface, dans le Queens, le les personnes désorientées. Notez que le terme
Bronx ou Brooklyn. Il a été rénové, nettoyé et subway désigne l’infrastructure et non pas les
modernisé : les wagons ont l’air conditionné en lignes, pour lesquelles on emploie le mot « train »
été, le chauffage en hiver. Des plans de métro (B train ; 7 train).
© PATRICK MARINGE
Le métro est le moyen de déplacement une région donnée sur une période de 15 ou de
le plus rapide. Il fonctionne 24h/24, 7j/7, 30 jours. Le prix (de 300 US$ à 600 US$) dépend
avec une périodicité très variable allant de de la région, de la durée du forfait et de la saison.
2 à 4 minutes en heure de pointe et 10 à
15 minutes le reste de la journée. Vous
pourrez l’attendre jusqu’à 30 minutes la nuit.
Voiture
Les stations sont repérables dans les rues wwPour un séjour de moins de trois mois : le
grâce à de grosses boules vertes (station et permis de conduire français (un ou trois volets)
guichet ouverts en permanence) ou rouges de plus d’un an est valable dans tous les Etats.
(entrée à horaires restreints). Certaines entrées Vous devez être âgé d’au moins 21 ans (dans
de stations affichent « Downtown only » (vers quelques cas 25 ans) pour louer une voiture aux
le sud) ou « Uptown only » (vers le nord). Etats-Unis.
Les lignes sont indiquées par leur lettre ou wwDès lors que le temps de séjour dépasse
numéro apparaissant sur le rond de couleur trois mois, le permis français ne suffit plus
qui leur est assigné. Encore une fois, sachez et il devient obligatoire de passer le permis
toujours si vous allez Uptown ou Downtown, international (valable un an à l’étranger) ou le
c’est affiché le long des quais. Il n’y a pas permis de conduire dans l’Etat de résidence.
ces indications pour certaines lignes qui
vont par exemple d’est en ouest. Dans ce wwLes lois étant différentes selon l’Etat, nous
cas-là, le nom des quartiers où se trouvent vous conseillons de contacter les consulats
les deux terminus sont indiqués, par exemple français des Etats concernés.
« Manhattan » et « Brooklyn ». Plusieurs lignes
peuvent emprunter un même quai alors ne Taxi
sautez pas dans le premier train qui s’arrête Les taxis circulent dans les zones les plus
devant vous ! Attention également au fait fréquentées des grandes villes. Ils sont
qu’une même ligne peut être local ou express équipés de compteurs et font payer la
(les express ne s’arrêtent que toutes les trois prise en charge 2,50 US$, puis 2,50 US$
stations en moyenne ; leurs arrêts sont repré- par mile (1,6 km) en journée, 3 US$ la nuit
sentés sur les plans par des ronds blancs et et 3,50 US$ en semaine entre 16h et 20h.
annoncés par le conducteur). Exemple, sur la N’oubliez pas d’ajouter un supplément si vous
ligne verte qui regroupe les lignes 4, 5, 6 : la 4 et avez beaucoup de bagages et un pourboire
la 5 sont des express et ne s’arrêtent pas à tous de 15 à 20 %.
les arrêts.
A l’inverse, la 6 est beaucoup plus lente car wwSi vous prenez un taxi d’une société
n’omettant aucune station. A noter que de privée et non les taxis jaunes ou verts de la
nombreux express deviennent local entre minuit ville, pensez bien à demander à l’avance si
et 5h du matin, le week-end, les jours fériés, et le chauffeur est équipé d’un lecteur de carte
lorsqu’il y a des travaux sur la ligne. Enfin, la dans le cas où vous n’êtes pas en mesure de
nuit, le métro a largement gagné en sécurité, payer en liquide.
et les conseils de prudence sont les mêmes
qu’ailleurs. Deux-roues
Paris a le Vélib, New York a le City Bike.
Train Le concept est simple et surtout très pratique,
La compagnie Amtrak (& +1 800 872 7245, d’autant que la ville ne cesse d’aménager de
wwww.amtrak.com) gère un immense réseau nouveaux espaces pour les deux-roues comme
ferroviaire à travers tout le pays. Le train des parkings à vélos publics où l’on vient prendre
représente rarement la solution la plus rapide, un vélo que l’on peut ensuite utiliser 30 minutes
la moins chère ou la plus pratique, mais consécutives avant de le garer à nouveau sur une
offre une manière de voyager pittoresque et borne City Bike. Plus de 600 stations émaillent
confortable. Le réseau permet de relier entre la ville (Manhattan, Brooklyn, Queens et même
elles les plus grandes agglomérations du pays et Jersey City) pour 10 000 vélos. Deux options
de nombreuses villes plus modestes. En général, pour le visiteur de passage : le Day Pass à
plus on réserve tôt, moins on paie cher. Amtrak 12 US$, valable pour une période de 24 heures,
propose des forfaits vacances comprenant la ou le 3-Day Pass à 24 US$, valable pour une
location d’une voiture, l’hôtel, les excursions et période de 72 heures.
les visites. Les forfaits « Air-Rail » combinent wwPlus d’infos sur le site : www.citibikenyc.
un aller en train et un retour en avion (ou vice- com – Si vous disposez d’un smartphone,
versa). Le forfait « USA Rail » permet d’effectuer l’application City Bike peut égalament s’avérer
un nombre illimité de trajets en 2e classe dans très utile.
DÉCOUVERTE
Le Brooklyn Bridge, une cathédrale de filins.
© TOM PEPEIRA – ICONOTEC
New York en 25 mots-clés
Bagels de la ville de New York, au Nord. A noter qu’il
existe également une autre Broadway Avenue à
Le bagel, la baguette du New-Yorkais ! Brooklyn. Broadway est évidemment célèbre dans
Importé par les immigrants d’Europe de l’Est le monde pour être l’avenue où se trouvent les
au XIXe siècle, le bagel s’achète dans les deli- théâtres qui accueillent les comédies musicales.
catessen, ou épiceries (deli ). Ce pain rond Cette section de l’avenue où se succèdent les
avec un trou au milieu se décline sous toutes théâtres est à hauteur de Times Square, entre
les formes : plain (normal), sesame (avec des la 35e et la 50e rue. Le quartier s’anime à partir
graines de sésame), garlic (à l’ail), ou everything de 18h lorsque touristes et New-Yorkais boivent
(avec tout). Il se mange plutôt toasté, avec du un dernier verre avant d’assister à une représen-
fromage frais ou du saumon. A ne pas confondre tation. Même effervescence vers 23h, à la sortie
avec le bialy, qui ressemble à un bagel sans trou des théâtres, où les fans attendent les stars
(il y a des subtilités !). des comédies musicales pour un autographe
ou une photo.
Big Apple
La « Grosse Pomme », le fameux surnom de New Choc culturel
York. Cette appellation traduit toute l’importance Ville occidentale qui ressemble en bien des
culturelle et artistique de cette ville pour les points à Paris, New York présente pourtant moult
artistes du monde entier. Plusieurs voies sont petites différences culturelles qui ne manquent
possibles pour expliquer l’origine du nom « Big pas d’étonner les touristes français. La tradition
Apple » : ce nom a pu être donné par les artistes du tip bien sûr (le pourboire quasi obligatoire),
qui se produisaient à New York dans les années mais aussi l’expérience au restaurant, avec
1930, et a été repris au tout début des années un serveur très présent qui vous interroge sur
1970 lors d’une campagne de pub. Pour les votre bien-être toutes les 10 minutes. La façon
artistes new-yorkais, comédiens ou musiciens, de payer est aussi différente puisqu’on ne vous
jouer à New York représentait une consécration. demande que rarement d’entrer votre code
L’un d’eux a dit un jour : « Il y a beaucoup de secret et qu’il est souvent nécessaire de signer
pommes dans l’arbre du succès, mais quand tu le reçu. Parmi les petites différences culturelles
joues à New York, tu cueilles la grosse pomme » qui interpellent souvent les Français, on pourrait
Une autre version nous apprend que les artistes aussi citer les pharmacies qui vendent bonbons
surnommaient « la pomme » la boule qui se et cigarettes, la taille XXL des voitures, les
forme dans la gorge ou au niveau de l’estomac bouteilles de vin de 3 litres, les glaçons dans
quand on a le trac. Pour eux, se produire à New les boissons même en hiver, les voitures auto-
York, c’était la « grosse pomme ». L’origine risées à doubler par la droite (attention lorsque
de ce surnom vient peut-être du nom d’un vous traversez donc !). On s’arrête là et on vous
night-club de Harlem dont l’enseigne affichait laisse le plaisir de découvrir toutes ces petites
The Big Apple. Les musiciens de jazz qui s’y choses qui font aussi le bonheur du touriste qui
produisaient auraient étendu ce nom à toute découvre un nouveau pays.
la ville. Autre explication : en 1971, lors d’une
campagne publicitaire de promotion du tourisme
à New York, le terme « Big Apple » a été adopté
Cinéma
pour définir la ville, et les affiches de l’époque New York a été le cadre d’une quantité inima-
mettaient en valeur de belles pommes golden. ginable de films. La ville s’est prêtée à tous
Depuis, l’expression « Big Apple » collerait à la les styles de films, et les réalisateurs ont su y
peau de New York. En tout cas, elle est restée trouver l’inspiration qui leur a permis de créer
dans l’esprit des New-Yorkais et est encore des chefs-d’œuvre. Des cinéastes renommés
utilisée aujourd’hui pour promouvoir le tourisme. comme Woody Allen, Martin Scorsese ou Spike
Lee ont utilisé New York comme toile de fond
dans bon nombre de leurs films. Avant de partir,
Broadway courez dans le magasin de location de DVD le
L’avenue la plus célèbre de New York s’étend plus proche et faites une cure de télévision. Côté
sur 21 kilomètres sur Manhattan et sur 3,2 kilo- comédies musicales : West Side Story (1961),
mètres dans le Bronx. Il faut ajouter à cela les Hair (1979), Fame (1980), New York New York
29 kilomètres de l’avenue qui se situe en dehors (1977), La Fièvre du samedi soir (1977).
PLUS FORT QUE LA FICTION
TOP GEAR
FRANCE
Pour les comédies drôles et romantiques : Annie « branchés » sont appréciés par les artistes,
Hall (1977), Recherche Susan désespérément comme Williamsburg, Red Hook et DuMBo, à
(1985), Big (1988), Quand Harry rencontre Sally Brooklyn. D’autres, comme SoHo et TriBeCa,
(1989), Nuit Blanche à Seattle (1993) ou Un regorgent de magasins, d’ateliers de mode,
amour à New York (2011). Des films retracent et de restaurants haut de gamme. Enfin des
le passé et l’histoire de New York et de sa quartiers d’affaires comme le Financial District
population : Le Parrain I, II et III (1972-1990), ou Midtown East regorgent d’hommes d’affaires
Radio Days (1987), Wall Street 1 et 2 (1987 et au téléphone, un café à la main. Dans les avenues
2010). New York a été pour certains réalisateurs de la Grosse Pomme, il n’est pas rare de croiser
le lieu privilégié d’histoires tragiques ou cauche- des traders en costume cravate hélant un taxi,
mardesques : After Hours (1985), Marathon Man des femmes en tailleur basket marchant vers
(1976), Rosemary’s Baby (1968), Taxi Driver leur lieu de travail au pas de course, des touristes
(1976), Do The Right Thing (1989), Gangs of New et des étudiants du monde entier. New York est
York (2002). Sans oublier le fameux King Kong une ville qui fait rêver. Elle est le symbole du
(1933), ou encore un film comme Manhattan de capitalisme et de la réussite professionnelle.
Woody Allen, hommage du cinéaste à sa ville. Et si la crise a porté un coup au rêve américain,
New York au cinéma, ce sont aussi des scènes New York reste une des rares villes où les offres
de destruction de la ville restées célèbres : d’emploi ne manquent pas.
Escape from New York (1981), Godzilla (1998),
Le jour d’après (2004), Cloverfield (2008), The
Avengers (2012)… Il n’est pas impossible que Extension et gentrification
durant votre séjour vous tombiez sur le tournage A New York, les prix de l’immobilier frisent
d’un film, d’une série ou d’une télé-réalité. souvent l’indécence. Beaucoup de raisons à
Chaque jour, on dénombre une cinquantaine de cela : le niveau de vie moyen est élevé, les
shooting dans toute la ville ! Pour connaître les loyers peuvent évoluer beaucoup plus librement
lieux et les dates exacts, connectez-vous sur le qu’en France (parfois du mois au mois), les
site : www.onlocationvacations.com assurances sont coûteuses et la demande de
logement toujours très élevée (de nouveaux
habitants et immigrants continuent d’affluer),
Delis etc. Trop à l’étroit sur ses 56,6 km2, Manhattan
Appelés delis (abréviation de delicatessen) ou abrite dans des tours qui rivalisent de hauteur
bodegas, vous les trouverez presque à chaque une masse humaine en nombre croissant.
pâté de maison à Manhattan (au-dessus de la La demande est supérieure à l’offre dans trois
14e rue), et par dizaines dans les rues princi- boroughs de la ville, Manhattan, Brooklyn et le
pales des autres boroughs. Ces petites supé- Queens. Résultat : les prix flambent, même en
rettes ouvertes pour la plupart 24h/24 ont des périphérie. En 2016, le loyer mensuel moyen d’un
aliments de première nécessité et beaucoup deux-pièces (une chambre et une pièce avec
de friandises et de sodas. On peut y acheter salon et cuisine non-séparés) à Manhattan était
du riz, des pâtes, de la farine, des conserves, de 4 081 US$, et de 4 815 US$ pour un deux-
du beurre et des céréales. Pas de viande, chambres (en plus du salon-cuisine). Le quartier
de légumes ou de poisson en revanche. le plus cher étant Carnegie Hill, dans l’Upper
La plupart des delis préparent également East Side, avec un prix moyen de 6 062 US$
des sandwichs et des omelettes. Idéal pour pour un appartement avec une chambre et
un breakfast pas cher à déguster en marchant. plus de 8 000 US$ pour un deux-chambres.
On y vend également quelques produits du Pour se loger pas cher à Manhattan, il faut se
quotidien : sopalin, papier-toilette, savon, médi- tourner vers Harlem où le prix moyen pour un
caments type aspirine, des cigarettes, et parfois T1 est de 2 473 US$ ou tout au nord-ouest,
les tabloïds du jour. dans le quartier de Washington Heights, avec
un loyer moyen de 2 346 US$. Le quartier le
Diversité moins cher de la ville est tout au sud de Staten
A New York, on rencontre le monde entier, Island, Prince’s Bay, avec un prix moyen pour un
c’est le fameux melting-pot. En ce sens, l’on T1 de 478 US$ par mois. Mais comptez environ
entend souvent dire que New York se distingue 1 heure 40 pour vous rendre en transport en
du reste des Etats-Unis. Certains quartiers commun à Times Square…
regroupent des communautés, à l’instar de Il est fréquent d’entendre les New-Yorkais se
Chinatown, du nord de Harlem (Noirs américains), plaindre de la gentrification, un phénomène
du Queens où s’est installée une importante qui touche les quartiers dégradés et bon
communauté Philippine, de Washington Heights marché, qui sont peu à peu pris d’assaut par
où les hispaniques, de plus en plus présents des promoteurs immobiliers. La reconstruction
dans le pays, sont nombreux. Certains quartiers et la rénovation du quartier entraînent alors un
NEW YORK EN 25 MOTS-CLÉS 33
afflux des classes moyennes, une augmentation La France est aussi le symbole du vin du qualité,
des loyers et de la spéculation immobilière. et il est de plus en plus facile de trouver des
La g entrification a particulièrement touché bouteilles importées (mais à des prix souvent
l’ancien quartier bohème de Greenwich Village, rédhibitoires). Le cinéma français est toujours
terreau de la contre-culture dans les années la production européenne la plus distribuée aux
1960 et désormais l’un des plus onéreux de la Etats-Unis (elle n’en représente pas moins un
ville. Le sud de Harlem (en-dessous de la 125e chiffre infime). Les New-Yorkais raffolent aussi
rue), ainsi que le Lower East Side et Alphabet de la chanson française vieillotte (Piaf, Aznavour
City ; Greenpoint, Williamsburg et Bushwick, à toujours) et de la musique électro-pop made in
Brooklyn, réputés infréquentables et dangereux France (Daft Punk, Phoenix, David Guetta, Air,
il y a 15 ans, sont devenus très à la mode et Justice). Stromae, qui a réalisé une tournée
voient leurs loyers exploser. Cette hausse a forcé sold out aux Etats-Unis en 2014, est l’artiste
les locataires les plus démunis à s’installer à francophone le plus en vogue aux Etats-Unis et
l’est de Brooklyn ou du Queens. tout particulièrement à New York où il s’est déjà
La gentrification a eu une conséquence à laquelle produit au Madison Square Garden. Quant aux
personne ne s’attendait : des habitants des presque cent restaurants français implantés à
DÉCOUVERTE
quartiers aujourd’hui branchés de Williamsburg New York, force est de constater, sans chau-
et Park Slope à Brooklyn décident de revenir vinisme, qu’ils constituent pour la plupart la
s’installer à Manhattan dans l’Upper West Side référence gastronomique suprême dans une
ou le Financial District, car les loyers y sont ville pourtant fertile en cuisine internationale.
parfois moins chers !
La ville qui ne dort jamais
Françaises, Français Si Paris s’éveille à 5h, comme le dit la chanson
Près d’un tiers des Français résidant aux Etats- de Jacques Dutronc, New York ne s’endort
Unis vit à New York. La présence française jamais et est surnommée « The City That Never
est dynamique et présente dans de nombreux Sleeps ». De jour comme de nuit, les voitures et
secteurs de l’activité locale : restauration, les passants affluent sur les avenues. Le ronron-
banques, professions libérales, commerces nement de la ville ne s’arrête à aucun moment.
de luxe, mode, distribution. Les deux tiers Du Bronx à Brooklyn, en passant par Manhattan
des sociétés françaises implantées aux Etats- et Queens, l’activité ne cesse jamais vraiment.
Unis ont leur siège à New York et la France se Dans cette ville où règne énergie et dynamisme,
situe au 6e rang des partenaires commerciaux tout un chacun peut trouver ce qu’il désire à
des Etats-Unis pour les échanges de biens. n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
La communauté française, patchwork de profils De plus, la ville regorge de delis, ces épiceries
dont le seul point commun est l’appartenance à ouvertes 7j/7 et pour la plupart 24h/24. Bon
la langue, fait cohabiter milliardaires, garçons côté de l’activité incessante, vous ne vous
de café, scientifiques, cadres supérieurs, retrouverez jamais seul le soir dans une rue,
banquiers, femmes au foyer, étudiants, artistes, ni même dans le métro. Alors n’hésitez pas à
aventuriers ou oisifs. Traditionnellement, les profiter de la ville autant que votre sommeil
Français ont la réputation d’être individualistes. vous l’autorise !
Ils n’offrent donc pas le meilleur exemple d’une
communauté soudée et solidaire, à la manière Livreurs à vélo
des expatriés des pays de l’Est ou d’Amérique A New York, on peut se faire livrer à n’importe
latine. Mais, pour peu qu’on s’ancre dans la quelle heure… Bon nombre de ces livraisons se
ville et qu’on ne perde pas le contact avec font à vélo. Les coursiers étant payés à la tâche,
ses concitoyens, on découvre qu’à New York, ce sont de véritables bolides qui déboulent de
c’est comme à Clochemerle. Les habitants partout sur leurs deux-roues, se faufilent entre
de la Grosse Pomme éprouvent souvent des les voitures, empruntent les sens interdits,
sentiments contradictoires envers cet allié, passent au rouge et louvoient entre le trottoir
agacés par une certaine prétention gauloise et la chaussée. Soyez toujours sur vos gardes
et une avarice avérée (le problème culturel des quand vous traversez la rue, même si le signal
tips, les « pourboires »). Cela n’empêche pas le vous indique que c’est à vous de passer et
pays d’incarner l’idée du luxe, de la légèreté, regardez bien dans les deux sens pour vous
de la tradition, du charme. Paris is so romantic. assurer que la voie est libre. Et si vous êtes la
Et les French lovers… Le mythe. On ne compte personne à qui la pizza est destinée, n’oubliez-
plus ces dernières années les livres américains pas de donner un tip à votre livreur. Et, faites
sur ces incroyables Français : French women comme les New-Yorkais, soyez plus généreux
don’t get fat, French women don’t get facelifts, si la livraison a eu lieu sous la pluie ou sous
Bringing up Bébé (sur l’éducation des enfants)… la neige.
34 NEW YORK EN 25 MOTS-CLÉS
Majorité dans leur vie privée des réserves qui reflètent leur
puritanisme. De plus en plus de New-Yorkais ont
Dans l’Etat de New York, elle est à 18 ans. donc recours à Internet pour trouver l’âme sœur.
En revanche, la majorité ne donne pas le droit Le site de rencontres gratuit Okcupid connaît un
d’acheter de l’alcool ni de commander des succès phénoménal dans la Grosse Pomme, avec
boissons alcoolisées dans les bars. Il faut
plus de 250 000 utilisateurs. Tinder, l’application
avoir 21 ans au minimum pour cela, on vous
de dating, est aussi très utilisée chez les céliba-
demandera systématiquement votre carte
taires new-yorkais. Un phénomène qui change
d’identité ou votre passeport (c’est la loi) même
des fameux blind dates (littéralement : le « rendez-
si vous n’avez que des cheveux blancs sur le
vous aveugle ») et speed dating, désormais
crâne. Toutefois, les Américains de New York
peuvent commencer à conduire dès 16 ans. complètement démodés. On estime qu’il y a à
New York deux hommes célibataires pour une
seule femme, alors mesdames, préparez-vous
Marathon à une forte compétition !
Le marathon de New York se déroule tous les ans,
le premier dimanche de novembre. Il incarne l’une
des principales épreuves d’athlétisme américain
Rotten Apple
et le plus grand marathon des Etats-Unis. Environ La « Pomme pourrie », telle est l’appellation
30 000 coureurs du monde entier y participent ironique (par opposition à la Big Apple, surnom
chaque année, encouragés par plus de deux officiel de New York) donnée par les habitants
millions de spectateurs. Le parcours traverse des quartiers pauvres et repris par tous les
les cinq boroughs de New York. Après un départ New-Yorkais à une époque pas si éloignée où la
de Staten Island du pont Verrazano, les coureurs criminalité était omniprésente. Si la ville a changé
passent à travers Brooklyn, le Queens, le Bronx, de visage dans ce domaine, l’appellation perdure
et finissent leur parcours à Manhattan, avec une et trouve d’autres motifs d’être employée (corrup-
arrivée prévue à Central Park. tion des fonctionnaires, pauvreté des projets,
etc.). Il n’est d’ailleurs pas rare de retrouver
l’expression à la une des journaux gratuits et
« New York, New York » des tabloïds lorsqu’une affaire de corruption ou
En 1979, le chanteur et acteur d’origine italienne un fait-divers sordide s’y prêtent.
Frank Sinatra écrit New York, New York, hymne à
la Grosse Pomme dans lequel il dit son envie de
conquérir New York. « If I can make it there, I’ll Rapidité
make it anywhere » (Si je peux réussir dans cette Très vite, vous vous apercevrez que les
ville, alors je pourrai réussir partout ailleurs), New-Yorkais ne prennent pas le temps. Pas
chante-t-il. Ces mots mettent en lumière le fait le temps de manger assis le midi notamment.
que, de tout temps, New York a vu et voit défiler Nombreux sont ceux qui dégustent en cinq
beaucoup de personnes ayant soif de réussite, minutes une part de pizza, un sandwich, tout
d’ambitieux (et aussi beaucoup d’opportunistes) en marchant. Les New-Yorkais ne marchent
voulant faire fortune. C’est LA ville de tous les pas non plus à une allure normale. Certains
possibles, la ville qui brille, fait rêver et constitue se montrent d’ailleurs rapidement impatients
un tremplin pour les artistes. Un deuxième lorsqu’ils sont coincés derrière des touristes
hymne s’est greffé à New York, Empire State of sur un trottoir étroit. Bref, que ce soit lorsqu’ils
Mind, du rappeur Jay-Z, désormais joué avant commandent à manger au fast-food, un café au
chaque match de l’équipe de basket des New Starbucks, lorsqu’ils conduisent ou se déplacent à
York Knicks et des Brooklyn Nets, au même pied dans les couloirs du métro, les New-Yorkais
titre que la chanson de Sinatra. sont toujours pressés !
Rencontres Skyline
Manhattan est une ville de célibataires : on y vient La skyline est la ligne d’horizon formée par les
pour réussir dans sa carrière avant de fonder une toits des gratte-ciel. La skyline de New York est
famille. Vous n’y verrez pas beaucoup d’enfants, la plus connue et l’une des plus belles du monde.
les familles vivant plutôt dans les boroughs Cet alignement de buildings a évidemment
périphériques. Une aussi vaste concentration changé après les attentats du 11-Septembre.
de célibataires exige l’existence de règles très Les deux tours grises du World Trade Center se
explicites (que faire au premier date, le premier sont effondrées et ont été remplacées par le One
rendez-vous, et aux suivants) ainsi qu’une forte World Trade Center et cinq autres gratte-ciel en
culture single. Et si New York est une ville où l’on verre de taille moyenne. On peut, entre autres,
sort beaucoup, on constate sans peine que les admirer la skyline new-yorkaise depuis le pont
hommes et les femmes – s’ils cohabitent néces- de Brooklyn ou du pont du ferry qui se rend à
sairement dans le domaine du travail – s’imposent Staten Island. Les quartiers de Williamsburg à
NEW YORK EN 25 MOTS-CLÉS 35
Brooklyn et de Long Island City dans le Queens sont plus talentueux et plus téméraires qu’eux. Se
offrent également une vue imprenable sur les sont succédé pendant deux décennies des styles
buildings de Manhattan. wars (guerres de style), au cours desquelles les
graffiti artists rivalisèrent d’adresse, d’audace
Skyscrapers et de créativité pour développer de nouvelles
techniques de peinture (lettrages, formes, espace,
Les gratte-ciel sont l’une des caractéristiques couleurs, etc.). La MTA (qui gère le métro new-
de New York, par leur nombre, leur variété, leur yorkais) y laissa des fortunes en nettoyage et,
forme, leur matière et leur hauteur. Ils confèrent surtout, ces « nuisances visuelles » furent tota-
à la ville une singularité attachante, qui révèle lement assimilées au climat d’insécurité sauvage
sa beauté lorsqu’on contemple Manhattan le qui planait sur New York à cette époque. A son
soir tombant, depuis le Brooklyn Bridge ou arrivée à la mairie, Rudolph Giuliani déclara une
depuis la vedette au retour d’Ellis Island, ou guerre sans pitié au graffiti (nettoyage immédiat,
encore de Staten Island. Savez-vous que c’est condamnations à des peines de prison, amendes
en 1902 qu’est né le premier gratte-ciel ? Il astronomiques, patrouilles policières, etc.). Tant
s’agit du Flatiron Building, haut de 91 m, record et si bien qu’aujourd’hui le graffiti est beaucoup
mondial pour l’époque. De nos jours, une bonne
DÉCOUVERTE
moins présent dans les rues, si ce n’est par le biais
quarantaine d’édifices new-yorkais dépassent de fresques murales à la gloire de tel enfant du
les 200 m. Le Woolworth mesure 241 m, le quartier décédé, de tel champion ou de tel crew.
Chrysler 320 m, et l’Empire State Building 380 m. Néanmoins, nombreuses sont les boutiques qui
Le One World Trade center, qui a remplacé les commandent des fresques pour leur rideau de fer.
tours jumelles détruites le 11 septembre 2001, Enfin, bien sûr, les artistes ayant dû trouver d’autres
est depuis avril 2013 le plus haut gratte-ciel
supports, les galeries d’art ont depuis longtemps
de Manhattan. L’antenne de la tour culmine à
récupéré le phénomène et ont introduit l’argent
541 m, soit 1 776 pieds, un chiffre symbolique
dans ce milieu (resté farouchement « sauvage » et
qui correspond à l’année de la rédaction de la
« gratuit » pendant une vingtaine d’années). Si l’âme
Déclaration d’indépendance des Etats-Unis.
originelle est moins là, cela a aussi ouvert de
nouvelles voies d’expression et de renouvellement
Subway pour cet art pictural. Les plus beaux graffitis sont
Le métro de New York est réellement un lieu aujourd’hui à Brooklyn : à Williamsburg le long
vivant et fascinant. Dans les stations, tous de Kent Avenue, et à Bushwick autour de l’arrêt
les arts sont représentés. Des musiciens, des Jefferson St., sur la ligne L, deux des derniers
chanteurs, des DJ et parfois des groupes entiers, lieux où les artistes peuvent encore s’exprimer
tous très talentueux, animent presque chaque sans risquer d’amende et sans craindre de voir
station, de jour comme de nuit. Il existe même leurs œuvres repeintes le lendemain.
des concerts officiels dans Grand Central Station
sur la 42e Rue, organisés par une association qui
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Tags et graffitis
C’est à New York que sont réellement nés le tag et
le graffiti. Au tout début du hip-hop (milieu et fin
des années 1970), c’est une véritable déferlante
de peintres à la bombe aérosol qui s’abat sur New
York, ville où cette culture urbaine a vu le jour.
Les artistes peignent des rames entières de métro
la nuit afin que leurs œuvres voyagent dans tout
New York et que les crews (bandes) de South Bronx
sachent que ceux de Franklin Avenue à Brooklyn
Le dôme fantastique du Chrysler Building.
Faire Ne pas faire
36
DÉCOUVERTE
aux services des indispensables taxis jaunes, Pomme et décident de rentrer dans leurs familles
dont le prix est relativement modéré (environ pour ce long week-end.
15 US$ pour aller de Greenwich Village au sud
de Central Park). The New Yorker
Le cab ne peut pas vous échapper, on en trouve Créé en 1925 par Herold W. Ross (1892-1951),
à peu près partout dans Manhattan, mais aussi ce magazine hebdomadaire est l’un des plus
désormais à Brooklyn : il y a aujourd’hui plus prestigieux au monde. Réputé pour ses articles
de 55 000 chauffeurs de taxi enregistrés de grande qualité journalistique, il est le magazine
dans l’agglomération, selon la Taxi Limousine d’actualité préféré des intellectuels américains.
Commission. Les plus nombreux sont originaires Il est également fameux pour ses dessins humo-
du Bengladesh, du Pakistan et d’Inde, mais les ristiques et d’illustration : depuis la création du
Américains arrivent désormais en 5e position. New Yorker, plus de 70 000 dessins de plus
Le conducteur de taxi new-yorkais est devenu de 400 auteurs différents auront été publiés.
une figure mythique depuis les frasques de Un imposant ouvrage de 655 pages et contenant
Travis Bickle (Robert De Niro), le dangereux une sélection des meilleurs dessins du New
protagoniste du film Taxi Driver (1976) de Martin Yorker est sorti en France en 2005, suivi d’un
Scorsese. Le journaliste francophile du New autre (2006), consacré aux dessins sur la France
Yorker, Adam Gopnik, remarque dans son livre et les Français. Le magazine a quitté en janvier
Through the children’s gate que, contraire- 2015 ses bureaux du 4 Times Square et s’est
ment aux Français qui patientent en file, les installé dans la tour 1 du One World Trade Center.
New-Yorkais, eux, se livrent à une lutte sans
merci pour héler un taxi – surtout le samedi
soir. N’hésitez pas à être offensifs, tout en
Yankees
Il est très fréquent de croiser des New Yorkais
restant courtois et en laissant un pourboire de
– en costume-cravate ou jean baggy – avec
15 % au moins.
une casquette bleue où sont inscrites les lettres
wwNe soyez pas surpris si vous apercevez « N » et « Y » entrecroisées. Ce sigle mondiale-
des taxis verts ! Appelés Boro cabs, ces taxis ment connu est le logo de l’une des équipes de
au nombre de 5 000 n’acceptent que les clients baseball de la ville, les Yankees. Ces derniers,
se trouvant dans les quartiers où les yellow qui jouent au Yankee Stadium dans le Bronx, sont
cabs ne vont que trop rarement : à Manhattan l’équipe la plus titrée de l’histoire, tous sports
(au-dessus de la 96e rue est, et au nord de la nord-américains confondus (baseball, football
110e ouest), à Brooklyn, dans le Bronx, dans le américain, basketball et hockey). Les pires
Queens et à Staten Island. Rien ne sert donc ennemis pour un fan des Yankees sont les Red
d’essayer d’attraper ces taxis verts dans le Sox de Boston. Alors ne vous avisez pas de
sud de Manhattan, ils ne sont pas autorisés porter une casquette rouge des Red Sox dans
à s’y arrêter. le sud du Bronx !
Survol de New York
Géographie
New York est composée de cinq boroughs
(districts), mais, par abus de langage, le nom
Une histoire portuaire
« New York » désigne souvent exclusivement A l’époque de sa plus grande extension, le port
Manhattan, que les New-Yorkais nomment « The de New York atteignait la 60th Street côté ouest
City » par opposition aux boroughs de Brooklyn, et la 30th Street côté est. Les quais de Brooklyn
du Bronx et du Queens (baptisés avec dérision s’étendaient de Gowanus Basin à Red Hook ; les
BBQ), qui constituent, avec Staten Island, le Grand quais du New Jersey s’alignaient sur l’Hudson.
New York. Seul le Bronx fait partie du continent ; Staten Island, où les marins aimaient prendre
les quatre autres boroughs, dont Manhattan, leur retraite, avait aussi ses quais. Les photos
sont des îles. Du reste, selon certains, le nom du XIXe siècle montrent le Lower Manhattan
de Manhattan viendrait de Menatay, appellation entouré d’une épaisse forêt de mâts. Plus tard,
qui, chez les Indiens Delaware, veut dire « île ». à l’époque des grands transatlantiques, les
Pour d’autres, Manhattan signifie originellement paquebots accostaient directement à l’extrémité
« l’île aux collines rocheuses ». Les collines sont des principales rues transversales (Midtown
toujours là, plus ou moins perceptibles. L’île est Crosstown Streets) : 23rd, 34th, 42nd et 57th
orientée nord-est sud-ouest. Elle mesure 14 miles Streets. Les fumées du Queen Mary, du Queen
(21 km) en longueur et 2,5 miles (4 km) dans sa Elizabeth, de l’Ile de France, de l’S.S.United
partie la plus large, à hauteur de la 14th Street. States se sont évanouies.
Manhattan est bordé à l’ouest par l’Hudson Les navires de croisière sont rares, les vieux
River (ou encore la North River) qui, à ce stade, quais côté ouest tombent en ruine, et les
n’est plus un fleuve mais un estuaire. L’Hudson supertankers vont vider leur cargaison dans
River, qui a sa source dans les Adirondacks le New Jersey, à Port Newark, non loin de
Mountains, dans le lac des Nuages (Lake of the l’aéroport du même nom. Le Brooklyn Navy Yard
Clouds), est navigable sur 200 miles (environ fut pendant plus d’un siècle le plus grand port
350 km) entre Albany et New York. A l’est, l’East de guerre des Etats-Unis. Les ponts enjambant
River sépare Manhattan de Long Island. L’East l’East River devaient avoir une certaine hauteur
River et l’Hudson River se rejoignent au sud de pour que même les plus gros croiseurs puissent
Manhattan. Au-delà s’ouvre la baie de New York, naviguer sans danger sous leur tablier
considérée, comme celle de Sydney, comme l’un d’acier.
des meilleurs ports naturels du monde.
Une ville en danger ?
A l’heure où Los Angeles vit dans la hantise d’un
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Climat
DÉCOUVERTE
Au XVIII siècle, à une époque où le grand
e
les effets d’un soleil déjà chaud. Les parcs
ennemi de la santé s’appelait miasme et mauvais s’animent, les bancs se remplissent, les rues
air, le climat de New York était réputé pour accueillent des flâneries diurnes et nocturnes,
sa salubrité. La ville, située sur le parcours la ville tout entière semble renaître. Mais ce
du Gulf Stream, jouissait d’une brise quasi printemps-là succombe bien trop vite à la
permanente qui lui arrivait le plus souvent chaleur suffocante de l’été.
de l’ouest. wwÉté. En été, la ville est une étuve où l’on
Le vent de l’ouest généralement sec, l’air frais transpire et où l’on étouffe. La direction du
et les zones de haute pression apportent à New vent dominant en cette saison est un élément
York des cieux incroyablement bleus. A l’opposé,
décisif pour le climat. S’il suit son cours
le vent du sud, souvent chargé de l’odeur marine
normal, il doit cantonner au sud une poussée
de l’océan, transporte un air chaud et moite.
très supportable d’air chaud et sec venu du
Selon les saisons, l’effet du Gulf Stream peut
désert et qui peut atteindre la ville s’il remonte
être très différent.
vers le nord. Beaucoup plus typique, et bien
plus dévastateur, est l’air chaud et moite
Un véritable microclimat du sud-est.
New York étant bordé par 578 miles de water- A New York, on vous dira que ce n’est pas la
front (soit 925 km de rivage), on pourrait chaleur qui est redoutable, mais l’humidité.
s’attendre à un climat quelque peu tempéré : Le vent dominant s’oriente vers le nord, et une
eh bien, non ! La complicité du Jet Stream, zone de haute pression, large et plate, roule
du Gulf Stream et de divers vents dominants lentement de la mer vers New York, qui se met
imposent à New York un climat continental et à transpirer et se transforme en un sauna géant.
conforme à la démesure du pays : les saisons Ces journées estivales sont chargées d’une
sont très marquées et les écarts de température moiteur telle qu’elle annule tous les bienfaits
vertigineux. de la chaleur et du soleil.
Le temps reste néanmoins lunatique et impré- L’humidité monte à 90 %, la température peut
visible et peut changer d’une heure à l’autre, atteindre 45 °C. Les gens « se hâtent avec
d’un jour à l’autre, d’une année à l’autre : il lenteur », l’air devient palpable, opaque. A ce
arrive que bourrasques et pluies diluviennes stade, les étrangers imploreraient presque
fassent une intrusion inopinée alors que le une bonne averse rafraîchissante. Mais les
beau temps semblait durable et installé tout vrais New-Yorkais savent bien que l’asphalte
au moins pour la journée. s’est imprégné d’une si grosse quantité de
wwPrintemps. Le printemps ne s’éveille chaleur que pleuvoir équivaut à asperger
de sa longue torpeur qu’au milieu du mois d’eau les braises incandescentes d’un sauna
de mai. Encore tout engourdi, sur chaque finlandais.
branche des arbres, il dépose des bourgeons Attention au choc de température dans le métro
qui deviennent feuilles la semaine suivante. et dans les magasins où l’air conditionné (AC)
Magicien du renouveau, il fait resplendir les est omniprésent et vous donnera la chair de
fleurs et s’égosiller les oiseaux, émoustille les poule. Il n’est pas rare d’avoir mal à la gorge les
écureuils et souffle sa brise tiède qui atténue premiers jours à cause de ces fortes différences
tantôt les dernières rigueurs de l’hiver, tantôt de températures.
40 © BEKLAUS – ISTOCKPHOTO SURVOL DE NEW YORK
wwAutomne. C’est vers la fin du mois de une importante dépression se dirigeant vers la
septembre que l’été prépare sa transition vers côte est. Ce phénomène explique que quelques-
l’automne. Le grimage s’effectue lentement dans unes des plus importantes chutes de neige qu’ait
une palette de couleurs magnifiques : un aplat connues New York soient survenues après des
bleu cobalt pour le ciel sur lequel se découpent températures hivernales exceptionnellement
buildings et frondaisons avec majestueuse douces. Chaque année, la ville est prête pour un
intensité, un dégradé savant de touches vertes, nouveau challenge : il est impératif de se couvrir,
rousses et ocre dont se gorgent peu à peu les parfois comme pour aller au ski ! L’hiver nous
feuilles des arbres, et voilà l’automne installé. rappelle avec fierté qu’il a plusieurs tempêtes
Températures et hygrométrie se font plus sages, mémorables à son actif dont le dernier est
rendant l’air transparent comme du cristal. le blizzard de 2010 qui paralysa la ville le
Qu’il fait bon flâner dehors ! Si vous ne pouvez lendemain de Noël. De quoi faire la joie des
assister à ce spectacle de la nature, dans enfants et provoquer la colère des travailleurs.
l’Hudson Valley ou les Catskills de préférence, La plus grande tempête de neige de l’histoire
Central Park est là pour vous consoler. Enfin, de la ville date de 2006, où plus de 68 cm de
en octobre et en novembre, l’automne offre neige sont tombés sur la ville. Pour la première
un deuxième et fabuleux printemps, appelé fois depuis les attentats du 11 septembre,
été indien. Un seul ennui : les jours diminuent. les trois aéroports de la ville ont été fermés.
wwHiver. La jolie neige (avant de se transformer Les dégâts causés par la tempête ont coûté
en gadoue) qui tombe fréquemment sur New plus de 27 millions de dollars (22,2 millions
York compense souvent les désagréments du d’euros) à la municipalité. La Grosse Pomme
vent glacial qui s’engouffre entre les buildings. étant habituée à être recouverte d’un manteau
Gla gla ! Tandis qu’on assiste au tourbillon final blanc, les chasse-neige (snow blades ) sont
des feuilles, l’hiver appelle à la rescousse les immédiatement de service et dégagent les
vents dominants avec lesquels il complote les routes de Manhattan à une vitesse record.
rudes frimas de janvier et de février. En règle Les autres boroughs doivent par contre attendre
générale, le vent souffle d’ouest en est en hiver. plusieurs jours avant de voir leurs grands axes
Il naît dans l’Arctique, traverse en mugissant déblayés. Autant profiter de la neige et skier
l’Alberta, dans le nord-ouest du Canada (où dans la ville. Plusieurs New-Yorkais font les joies
on l’appelle l’Alberta Clipper), plonge vers les des photographes chaque année en se rendant
Grands Lacs avant de passer au nord de la ville. à leur travail en ski, le tout en costume cravate.
Et s’il est balayé au passage par l’air moite du Si la plus forte tempête date donc de 2006, le
Gulf Stream, il s’en va déverser des quantités plus terrible blizzard s’est abattu sur New York
considérables de neige humide sur New York. en 1888. La tourmente éclata au mois de mars
Selon un autre scénario, la neige peut résulter et fut précédée et suivie de températures très
du choc de la rencontre entre une énorme masse douces. Mais la chute brutale de la température
d’air tiède stagnant au-dessus du nord-est et de près de 30 °C causa la mort de plusieurs
SURVOL DE NEW YORK 41
centaines de personnes. La dépression dura tout est immédiatement recouvert d’une sorte
plusieurs heures. On retrouva des chevaux de perfection blanche. Les clochards restent
gelés dans les rues, où la neige s’empilait en enfermés dans leurs pitoyables abris et seuls les
congères de près de 10 m de hauteur. gens sérieux vaquent encore dehors. Le silence
est assourdissant. Tout ce que vous entendez
Ouragans (hurricanes) est le bruit de votre propre respiration et le
crissement de vos pas dans la neige. L’air est
A l’image de Sandy, qui a frappé la ville le d’une pureté cristalline. S’il a suffisamment
29 octobre 2012, New York est un colosse au
neigé, les écoles ferment pour la plus grande
pied d’argile. Personne n’imaginait les dégâts
joie d’un million d’écoliers. Les amateurs de
que pourrait causer un ouragan dans cette
ski de fond glissent le long des rues désertes,
mégalopole. Plus que le vent, New York a
et, quand le soleil brille à travers les arbres,
souffert par la rapide montée des eaux. Dans
on a brièvement l’impression d’être dans une
le sud de la ville, l’eau est montée jusqu’à
station de sports d’hiver. Mais, bien vite, la
quatre mètres ! Le plus gros des intempéries
ville retourne à la normale. Des chasse-neige
avait pourtant été absorbé par Long Island,
forment des petits monticules blancs sur les
le long de la côte entre les Hamptons et Fire
DÉCOUVERTE
bas-côtés. Des bus équipés de chaînes se
Island. Le sud de Brooklyn et du Queens, à
hasardent sur les avenues. Des taxis pointent
hauteur de Rockaways et de Coney Island
leur capot jaune pour transporter leurs clients
a été la zone la plus touchée de la ville. De très
là où ils doivent aller. Le jour suivant, la neige,
nombreuses maisons côtières ont été détruites.
qu’une épaisse couche de suie a teintée de
Transporté par une immense vague, un bar situé
noir, est réduite à une matière visqueuse et
à Rockaway a été retrouvé à onze kilomètre
glacée, le slush. Les sacs d’ordures, ignorés
de son emplacement initial le lendemain de
la tempête ! par les éboueurs trop occupés à déblayer la
neige, s’imprègnent de ce slush qui les fige
la nuit quand tout gèle à nouveau. Après que
Tempêtes de neige les ordures ont été enlevées, la neige, ou ce
Une forte chute de neige sur New York peut qu’il en reste, se retrouve livrée à elle-même.
être source d’émerveillement. Si elle est D’ordinaire, une nouvelle zone dépressionnaire
assez importante, toute circulation s’arrête. venue de l’Atlantique se charge du travail, et une
Des blessures de la rue aux bosses des voitures, pluie tiède nettoie toute trace de cette féerie.
Environnement écologie
Pollution de l’air et de l’eau, recyclage limité, supplémentaires. Bill de Blasio, nouveau maire
voitures par milliers, pas facile de faire de New de la ville et fervent opposant à la politique
York une ville exemplaire en matière d’éco- de son prédecesseur, a néanmoins décidé de
logie. Pourtant, la Grosse Pomme est loin d’être poursuivre les projets écologiques de Michael
pourrie. Un New-Yorkais ne rejette en moyenne Bloomberg. Un des principaux objectifs est de
que 7 tonnes de CO 2 par an, soit trois fois réduire les émissions de gaz à effet de serre
moins que la moyenne nationale. Avec Michael de près de 30 %. Pour atteindre ce chiffre, la
Bloomberg, maire de 2002 à décembre 2013, mairie a lancé 127 initiatives. Parmi elles, la
la ville a trouvé en lui un vrai ambassadeur du création de nouveaux parcs, la plantation d’un
développement durable. Pourtant, lorsqu’il million d’arbres, la transformation des taxis
a récupéré les clés de la ville, la charge de jaunes en voitures hybrides, ou encore l’ajout
travail pour faire de New York une mégalopole d’une couche de peinture blanche sur plusieurs
écologiquement responsable était immense. milliers de toits d’immeubles afin de refléter les
Mais avec ses trois mandats successifs, Michael rayons du soleil et de ne pas retenir la chaleur à
Bloomberg a réussi à mettre en place de longs et l’intérieur en été. Pour réduire la consommation
ambitieux projets, telle la Highline (Meatpacking d’énergie, une loi oblige désormais les nouveaux
District), un ancien chemin de fer transformé buildings à utiliser des ampoules basse consom-
en parc. mation. Et pour encourager les vieux immeubles
à réduire leur facture d’électricité, la ville a
New York, ville verte en 2030 décidé de montrer l’exemple en utilisant des
Michael Bloomberg a lancé en 2007 le ampoules dites écologiques pour les nouvelles
programme PlaNYC2030 pour transformer tours du World Trade Center. Quant à la statue
New York en ville verte d’ici à 2030, lorsque la de la Liberté, elle tire aujourd’hui intégralement
Grosse Pomme comptera 1 million d’habitants son énergie d’éoliennes.
42 SURVOL DE NEW YORK
CitiBike, le Vélib new-yorkais légumes. Selon une étude, si tous les toits de
la ville étaient recouverts de terre cultivable, il
Autre grand chantier mis en place par Michael y aurait suffisamment de nourriture pour tous
Bloomberg, l’accès à des vélos en libre-service. les habitants de la Grosse Pomme. New York,
Annoncés pour début 2012, les CitiBike ne bientôt une ville de banquiers, d’artistes…
fleuriront à New York qu’au printemps 2013 avec Et d’agriculteurs !
plus de 10 000 vélos disponibles, principalement
dans le sud de Manhattan, à Midtown, à l’est du
Queens dans le quartier de Long Island City et Faire son marché à New York
au nord de Brooklyn. Pensés pour les nombreux On dénombre près de 70 marchés à New York
New-Yorkais qui veulent se rendre au travail à dont certains proposent uniquement des produits
vélo, les CitiBike feront sans aucun doute le bio (organic en anglais). Le plus connu étant
bonheur des touristes qui apprécieront le peu celui d’Union Square qui s’installe tous les
de dénivelé qu’offre la ville. Et pour ceux qui lundis, mercredis, vendredis et samedis sur la
craignent pour leur sécurité face à la horde de 14e rue entre Broadway et la 4e avenue. Tous les
taxis déjantés, rassurez-vous, la plupart des produits sont bien sûr locaux et viennent de New
avenues et des rues comptent une piste cyclable. York ou des Etats voisins : du fromage de chèvre
Pour l’anecdote, seul le quartier juif hassidique du Vermont, des légumes de Pennsylvanie, du
de Brooklyn n’a pas de couloirs pour les vélos. sirop d’érable du Massachusetts, et des fleurs
Une spécificité due à une demande des habitants du New Jersey.
de la zone, craignant un afflux de personnes
en tenue légère à vélo. Il faut compter 12 US$
pour une utilisation illimitée (par périodes de
Recyclage
30 minutes) du CitiBike sur un jour et 24 US$ Premiers pollueurs au monde, les Américains
pour trois jours (citibikenyc.com). jouent pourtant la carte de l’écologie en matière
de recyclage. A New York, les collectes de verre
et de papier ont lieu toutes les deux semaines, et
Les jardins suspendus de New York chaque foyer possède des conteneurs différents
Manger de la salade, des tomates, des carottes pour séparer les ordures ménagères du reste
ou des concombres de New York, c’est possible ! (pratique d’autant plus respectée qu’en cas de
Que les locavores (adeptes de la nourriture contrôle, s’ils découvrent dans les poubelles des
locale) se rassurent, il est désormais possible matières à recycler, les agents du Sanitation
d’acheter ses fruits et légumes à des produc- Department (service de voirie) n’hésitent pas
teurs new-yorkais. Depuis les années 2000, les à verbaliser contre le mauvais trieur). La ville
plantations sur les toits de New York se multi- traite 1 300 tonnes d’ordures par jour. Vous
plient, notamment à Brooklyn. Plusieurs de ces serez peut-être choqué de vous promener le
potagers fonctionnent sur la base du bénévolat. long de monceaux d’ordures odorantes, les
Une heure de travail sur le toit contre 1 kg de jours de collecte.
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DÉCOUVERTE
de New York étaient habités par les Iroquois, au poste de gouverneur, la prospérité revient.
d’où des tensions récurrentes entre les deux La ville de La Nouvelle-Amsterdam est offi-
tribus. Ce n’est qu’en 1570 que les différents ciellement fondée. A cette même période où la
peuples sont arrivés à faire la paix et ont formé Hollande réclame toute la côte comprise entre
la puissante Confédération des Iroquois. Quant Cape Cod et le fleuve Delaware, Stuyvesant
à la faune et la flore, New York était jusqu’à part en guerre contre les colonies suédoises
l’arrivée des Européens une vaste forêt d’érables, implantées dans le Delaware. Puis, Anglais et
de châtaigniers et de pins. On y trouvait aussi de Hollandais se déclarent la guerre. En 1653, les
nombreux arbres à fruits rouges. Les habitants pionniers de La Nouvelle-Amsterdam érigent
se nourrissaient aussi beaucoup de poissons et un mur de protection sur la limite nord du sett-
de moules qu’ils pêchaient à l’aide de radeaux. lement. Ce mur suivait le tracé de l’actuelle
Wall Street. Alors que les Anglais se préparent
Les origines de la ville à attaquer la colonie, la paix est déclarée.
Les relations entre les habitants de La Nouvelle-
La première reconnaissance du site de la future Amsterdam et de la Compagnie des Indes occi-
New York est menée en 1524 par Giovanni da dentales n’ont jamais été bonnes : les impôts
Verrazano, un marin italien qui navigue pour le sont levés et les conditions de vie sur les lieux
compte du roi de France, François Ier. Verrazano sont mauvaises. En 1664, une flotte anglaise
pénètre dans la baie de New York, mais se contente commandée par le duc d’York fait le blocus de
d’en faire le tour, peut-être parce qu’il craint la cité. Le 8 septembre, grâce à la complicité
d’être attaqué par les Indiens algonquins. Puis, de ses habitants, les Anglais s’emparent de La
le silence retombe et l’on n’entend plus parler Nouvelle-Amsterdam et la rebaptisent New York.
du site pendant près d’un siècle. En 1609 (un an Le 30 juillet 1673, les Hollandais reprennent
après la fondation de Québec), Henry Hudson, un la ville. Ils seront contraints de l’abandonner
navigateur anglais au service de la Compagnie définitivement en novembre 1674. La situation
hollandaise des Indes occidentales, retrouve la géographique de New York, qui bénéficie du
baie et la remonte vers le nord. Hudson, qui est à Long Island Sound (sound signifie « chenal »)
la recherche d’un passage pour l’Orient, découvre relié à la côte sud de la Nouvelle-Angleterre,
que le fleuve qui porte aujourd’hui son nom est va largement contribuer au développement du
navigable sur 200 km (jusqu’à l’actuelle Albany) commerce.
et que sa vallée contient des richesses promet-
teuses en fourrures. Pour exploiter ce commerce,
la Compagnie hollandaise des Indes occidentales Pirates et esclaves
décide d’établir Fort Amsterdam, à l’extrémité sud A la fin des années 1690, les pirates y trouvent
de l’île de Manhattan. Selon l’une des plus vieilles refuge et approvisionnements. A partir de 1724,
légendes de New York, le premier gouverneur de des esclaves africains sont importés à New
la nouvelle colonie, Peter Minuit, acheta la totalité York. Ils sont si prisés comme domestiques
de l’île pour 60 guinées (24 US$). Selon une autre que, bientôt, la population noire de la ville
légende, typiquement new-yorkaise, il l’acheta à dépasse la population blanche. L’année 1741 est
des Indiens, les Canarsie, auxquels elle n’appar- marquée par une série d’incendies d’origine
tenait pas. Quoi qu’il en soit, Manhattan, dont le suspecte ; une récompense de 100 livres est
nom signifierait « le lieu des collines rocheuses », offerte à qui dénoncera le coupable. Une jeune
est à l’époque strictement utilisé comme réserve servante en apprentissage dénonce son maître,
de chasse par les Indiens. des domestiques de la maison, et des Noirs.
Chronologie
44
ww1524 > Giovanni da Verrazano découvre le industrie de la mode. Les banques s’implantent
site de la future New York. à New York et la ville devient le centre du
ww1609 > Henry Hudson explore l’Hudson commerce et des affaires mondiales.
River. wwJusqu’en 1950 > Immigration massive des
ww1624 > La Compagnie hollandaise des Indes peuples du Sud de l’Europe, de l’Europe de
occidentales établit sa première colonie (New l’Est et de Chine, mais aussi de Noirs venus
Netherland). des Etats du sud du pays. Ils seront suivis,
quelques années plus tard, par les habitants de
ww1653 > Construction de fortifications de Puerto Rico, des Caraïbes et d’Amérique latine.
protection contre les Anglais et les Indiens.
ww1950-1955 > New York, à l’apogée de la
ww1664 > Le gouverneur Peter Stuyvesant civilisation occidentale, est aussi la capitale
s’empare de la colonie, qui sera reprise par les de l’art.
Hollandais quelques années plus tard.
wwAnnées 1970 > Une grave crise fiscale met
ww1674 > Traité de Westminster qui donne la ville au bord de la banqueroute. Déblocage
définitivement New York aux Anglais. de fonds spéciaux par le gouvernement fédéral.
ww1775-1783 > Révolution américaine, durant ww1977 > Election du maire Edward Koch.
laquelle New York, envahie par les troupes
anglaises, est décimée lors de la sanglante ww1987 > Krach boursier mondial entraînant
bataille de Long Island (Battle of Long Island, licenciements et faillites. Montée en flèche du
1776) et ravagée par deux gigantesques nombre des sans-abri.
incendies (1776 et 1778). ww1989 > Election du premier maire noir de la
ww1785-1790 > New York devient première ville en la personne de David N. Dinkins.
capitale fédérale. George Washington y est ww1990 > Un climat d’insécurité règne
nommé premier président des Etats-Unis en sur la ville. New York n’est pas remise des
1789. problèmes engendrés par un appauvrissement
ww1789 > Fondation de la Tammany Society, grandissant.
parti démocrate contrôlant le monde politique, ww1993 > New York victime du terrorisme
la police, la justice, les gouvernements et la international avec l’explosion d’une voiture
presse. piégée au World Trade Center, faisant six morts
ww1825 > Inauguration du canal Erié, reliant et plus de mille blessés.
l’Hudson River et le lac Erié, ce qui permet à ww1993 > Election de Rudolph W. Giuliani,
New York de devenir l’un des plus grands centres premier maire républicain à être élu depuis 1965.
commerciaux. ww1997 > Nouvelle victoire municipale pour
ww1795-1849 > De nombreuses émeutes et Giuliani. New York fait désormais partie des cinq
épidémies ravagent la ville. villes les plus sûres des Etats-Unis.
ww1820-1840 > Arrivée massive d’immigrants ww2000 > Hillary Clinton (démocrate) élue
irlandais, allemands, juifs et italiens. En 20 ans, sénateur de l’Etat de New York. Atteint d’un
la population a doublé. cancer, le maire renonce, à mi-parcours, aux
ww1883 > Construction du Brooklyn Bridge par élections sénatoriales.
les Roebling. Celle des autres ponts ne tardera ww2000 > Nouveau président des Etats-Unis,
pas. Ce qui permet, en 1898, d’appeler New George W. Bush succède à son adversaire
York la Five Boroughs City. démocrate Bill Clinton.
ww1904 > Création du métro new-yorkais. ww2001 > Le 11 septembre, les deux tours du
L’industrialisation intense du pays, depuis le World Trade Center sont détruites par deux
milieu du XIXe siècle, se poursuit, tandis qu’on avions pilotés par des terroristes d’Al-Qaida.
assiste à de grandes inventions. ww2002 > Michael R. Bloomberg devient maire
ww1920 > Exode rural massif dû à la Grande de New York.
Dépression. Grand centre industriel, New York ww2003 > Le projet Memory Foundation de
est moins touchée par la crise que le reste Daniel Libeskind, modifié depuis, remporte
du pays. le concours de projets de reconstruction du
ww1939-1945 > La Seconde Guerre mondiale World Trade Center. George Bush envoie les
est plutôt favorable à la ville. Grande phase troupes américaines en Irak, supposé abriter
d’expansion économique. Création d’une des terroristes d’Al-Qaida et détenir des armes
45
de destruction massive, malgré l’opposition de wwNovembre 2010 > Les midterms elections
la communauté internationale. (élections de mi-mandat) redonnent au pouvoir
ww3 novembre 2004 > George W. Bush est législatif une majorité républicaine. La marge de
réélu président des Etats-Unis avec 51,1 % des manœuvre du président est réduite.
voix contre 48 % pour John Kerry. ww14 mai 2011 > Le scandale de ce qui
ww6 juillet 2005 > New York perd la course deviendra « l’affaire Strauss Kahn » éclate au
aux Jeux olympiques de 2012. Sofitel de New York.
wwHiver 2005 > Révélations sur l’existence ww25 juin 2011 > New York devient le sixième
de camps de détention de la CIA en Europe, État à reconnaître le mariage homosexuel.
menaces d’interventions militaires en Iran et wwAoût 2011 > Crise de la dette dans le monde.
en Syrie alors que l’Irak continue de brûler. ww11 septembre 2011 > Commémoration des
La stratégie internationale de l’administration 10 ans des attentats à New York en présence
Bush ressemble de plus en plus à une fuite des familles des victimes. Inauguration
en avant. temporaire des bassins du futur Memorial.
wwMars 2008 > Le gouverneur démocrate de ww29 octobre 2012 > L’ouragan Sandy frappe
New York, Eliot Spitzer, surnommé le « shériff la côte est des Etats-Unis. Le bilan est lourd
de Wall Street » pour son combat contre la pour la ville de New York.
délinquance financière, démissionne après wwNovembre 2012 > Barack Obama est réélu
avoir été mis en cause dans une retentissante président des Etats-Unis avec 51,1 % des voix
affaire de mœurs. Le nouveau gouverneur, (332 grands électeurs) face à Mitt Romney
David Paterson, est le premier afro-américain 47,2 % (206 grands électeurs). New York vote
non-voyant à occuper le poste. pour Obama à 81%.
wwJuin 2008 > Le 7 juin, après quelques jours de ww14 décembre 2012 > Vingt enfants et
suspense, Hillary Clinton reconnaît officiellement six adultes sont abattus lors d’une fusillade
sa défaite aux primaires démocrates et par dans une école de Newtown (Connecticut) qui
là, la victoire de son rival, Barack Obama. provoque une grande émotion aux Etats-Unis
Après 17 longs mois de campagne, la sénatrice et un énième débat sur la libre-circulation des
abandonne la compétition. Le sénateur de armes dans le pays.
l’Illinois (47 ans) reste donc dans la course face
au républicain John McCain (72 ans). Les rues
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Quatre Blancs sont exécutés, quatorze Noirs sont ainsi que le Congrès continental qui se déroule
brûlés sur le bûcher, vingt sont pendus, soixante en janvier 1775. Mais les événements vont
et onze autres sont déportés. Il y a quelques évoluer très vite : en mai 1775, à l’ouverture
années, la recherche historique sur les Noirs de la guerre entre l’Angleterre et ses colonies,
(African Americans) de New York a connu un il devient évident que New York va jouer un
regain d’intérêt suite à l’exhumation de plusieurs rôle pivot.
cimetières dans Lower Manhattan.Premier
journal de New York, pro gouvernemental et
pro anglais, The Gazette est fondé en 1725.
Anglais et Américains
En 1733 paraît l’antigouvernemental Weekly Mais la ville est doublement vulnérable : la
Journal. Les deux journaux ne vont pas tarder à flotte britannique menace par le sud, et une
diviser l’opinion entre un parti de la Cour (Court invasion de l’armée anglaise est possible
Party) et un parti populaire. depuis le Canada par le nord. Les Anglais ont
En novembre 1734, John Peter Zengler, prévu de s’emparer de New York et de diviser
propriétaire du Weekly Journal, s’en prend les colonies. Ils débarquent à Long Island et
violemment au gouvernement anglais. Arrêté, il attaquent l’armée de Washington dans la plaine
DÉCOUVERTE
est conduit devant la justice en août 1735 pour qui s’appelle aujourd’hui Brooklyn.
répondre de l’accusation de diffamation. Son La bataille de Long Island, en août 1776, sera la
défenseur est Andrew Hamilton, speaker de plus importante et la plus sanglante de toutes
l’assemblée de Pennsylvanie et père d’Alexander celles livrées lors de la révolution américaine
Hamilton. Zenger est acquitté, et, à travers pour l’indépendance du pays. Washington doit
lui, l’idée de la liberté de la presse prend se retirer à Manhattan et se réfugier derrière
forme et s’impose. Ce procès est à l’origine les fortifications de Harlem Heights (aujourd’hui
de l’expression « Philadelphia Lawyer » (ce qui Morningside Heights). D’importants travaux
désigne un avocat particulièrement habile et de défense sont entrepris. Fort Washington
procédurier). (Washington Heights) est relié à Fort Lee, sur
l’autre rive de l’Hudson (à la hauteur de l’actuel
George Washington Bridge), par une barrière
Loyalistes et indépendantistes de vaisseaux destinée à bloquer l’accès de
Après le succès des Anglais dans leur guerre l’Hudson à la flotte anglaise. Grand Street est
contre les Français et leurs alliés indiens fortifiée. Fort Independance et Fort George
(French and Indian War), le Parlement anglais sont bâtis à la hâte, l’un dans le Bronx et
décide de faire payer le coût de la guerre à l’autre à l’emplacement actuel des Cloisters, à
ses colonies américaines en leur imposant un l’extrémité nord de Manhattan. Un instituteur,
timbre de taxe (stamp tax). En 1765, le Congrès Nathan Hale, qui épie les mouvements
se réunit spécialement à New York pour en de l’armée britannique pour le compte des
débattre (Stamp Act Congress). Au cours de révolutionnaires, est capturé.
la séance, deux partis se forment : derrière Au moment d’être pendu (à l’emplacement du
Delancey s’aligne le parti de la Cour ; derrière Bowling Green), il clame – la phrase est restée
Livingstone se met en place le parti des Fils de célèbre en Amérique – qu’il « regrette de n’avoir
la Liberté (Sons of Liberty), dont les membres qu’une vie à offrir à sa patrie ». Craignant une
sont recrutés parmi les artisans et les artisans attaque par l’arrière, Washington abandonne
ouvriers privés du droit de représentation. Harlem, à l’exception de Fort Washington, et
La majorité de l’assemblée de New York se se cantonne sur une ligne délimitée par la
déclare hostile au timbre de taxe. rive nord de la Bronx River. Puis, il engage
Les dés sont jetés. Alors que le Stamp Act a la bataille de White Plains, qu’il va perdre,
été rejeté par les colonies anglaises d’Amé- comme la plupart de ses autres batailles.
rique, une nouvelle loi, le Townsend Act, est Après la retraite du général américain et de
voté à Londres en 1766 : elle stipule un impôt ses troupes dans le New Jersey, les Anglais
sur le verre, le papier, le plomb, la peinture s’emparent de New York : ils vont occuper la
et le thé. Par ailleurs, la couronne exige des ville pendant le reste de la guerre, utilisant
colonies qu’elles prennent en charge le ravitail- de vieux navires vermoulus comme prisons.
lement des troupes d’occupation. Finalement, Bien que New York soit un fief des loyalistes,
toutes les taxes (à l’exception de la taxe sur le les soldats britanniques pillent et maltraitent
thé) seront annulées en 1760. A cette même ses habitants.
période, la majorité des marchands conser- Les Anglais ont brûlé un quart de la ville.
vateurs de New York se rangent du côté du En 1778, un incendie achève de dévaster la cité
parti loyaliste (Loyalist Party), nouvelle appel- et, au moment du retrait définitif des troupes
lation du Court Party, tandis qu’une minorité anglaises, en novembre 1783, l’économie de
de New-Yorkais appuie les Sons of Liberty, New York s’effondre.
48 HISTOIRE
DÉCOUVERTE
toute urgence. Pour que le calme revienne,
l’armée tue 500 émeutiers. En 1871, une à Manhattan en 1883, le Brooklyn Bridge sera
nouvelle émeute éclate. Les Orangistes (protes- le premier pont jeté au-dessus de l’East River.
tants) manifestent leur intention de parader Rapidement, d’autres ponts vont enjamber la
dans les rues pour fêter la bataille de la Boyne. Harlem River et relier Manhattan au Bronx, seule
Les catholiques s’opposent à ce rassemblement. partie de la ville de New York située sur la terre
La milice intervient pour protéger les marcheurs. ferme. Pendant les cinquante années qui ont suivi
la fin de la guerre civile, le pays a connu une rapide
Une seule salve abat 51 catholiques.
et intense industrialisation. A la fin du XIXe siècle,
la frontière des Etats-Unis est officiellement tracée.
Les ânes, les éléphants La nation est constituée d’un océan à l’autre, et
et Santa Claus le pays se dit prêt à devenir un empire. Quant à
Après la guerre de Sécession, Tweed Ring prend New York, la ville a toujours su capitaliser ses dons
naturels en se tenant à l’avant-garde du dévelop-
le contrôle de Tammany, du Parti démocrate et
pement technologique. D’abord est venu le bateau
du gouvernement de la cité en généralisant les
à vapeur, et plus tard le canal Erié. Maintenant, les
pots-de-vin. Tweed perd le pouvoir à la suite
inventions se multiplient : le télégraphe, le chemin
d’une campagne de presse prolongée et en
de fer, la rotogravure, l’éclairage électrique, le
particulier en raison des dessins satiriques de
téléphone, l’ascenseur, le gratte-ciel à armature
Thomas Nast. Ce dernier est l’un des person-
d’acier, la machine à écrire, le grand magasin
nages les plus influents de cette époque. On lui
(department store), l’imprimerie, le vaudeville,
doit les caricatures des démocrates et des
le cinéma, l’automobile, l’aviation… New York
républicains sous la forme d’ânes et d’élé-
devient le centre des banques et de la finance
phants (durant la guerre civile, les démocrates
internationale, du commerce, des affaires, des
du Nord avaient l’apparence de serpents à
communications, des transports, de l’industrie de
sonnettes). Autant d’images saisissantes : elles
pointe… Les immigrants russes juifs seront les
sont toujours actuelles. Nast crée également
instigateurs d’une industrie de la mode.
l’image moderne et définitive du Père Noël
(Santa Claus). Elle a été apportée à New York
par les Hollandais, mais c’est le New-Yorkais M. Otis et lUrban Boom
Clement Moore (dont la famille était propriétaire Pour mener à bien toutes ces activités, il faut du
d’une grande partie de l’actuel Chelsea, entre monde. Bientôt, la densité de la population new-
19th et 24th Street et 8th Avenue à l’Hudson yorkaise atteint des proportions alarmantes ; le
River) qui l’a immortalisée dans son A Visit from crime est omniprésent et les maladies latentes.
Saint Nickolas (1822). La situation ne va guère Même selon les standards de ce début de siècle,
s’améliorer après l’emprisonnement de Tweed. les conditions de vie sont extrêmement précaires.
On découvre que le contrat du tramway de Autre problème : la population doit vivre à une
Broadway, qui aurait dû rapporter des millions distance raisonnable du lieu de travail, ce qui
de dollars aux finances de la ville, a été conclu limite sévèrement l’espace. La solution se trouve
aux dépens de la municipalité par les politiciens donc dans la création de transports publics. Tout
de Tammany qui ont été achetés (les tramways, d’abord sont mis en place les trams tirés par
actionnés par des câbles souterrains, fonc- des chevaux, puis par des câbles ; ensuite sont
tionnaient dans le bas de Manhattan, à partir construites des voies de chemin de fer aériennes
du Cable Building, à l’angle de Broadway et de et des locomotives actionnées par la vapeur, puis
Houston Street). par l’électricité.
50 HISTOIRE
Enfin, ces voies aériennes sont enterrées. Ainsi que les régimes de bananes soient déchargés
naît le subway. Dès lors, New York croît et sur les quais de Brooklyn. Quand, fuyant les
peut atteindre sa taille actuelle. Les quartiers pogroms de la fin du siècle dernier, les juifs
résidentiels ne sont plus qu’à 1 heure du centre- russes arrivèrent à New York en apportant
ville, quand il aurait fallu une demi-journée avec eux l’idée d’une industrie de la mode,
de voyage à l’époque coloniale. Un certain ils ne savaient pas que cette industrie allait
M. Otis, inventeur de l’ascenseur, s’installe à devenir la plus importante de la ville et procurer
Yonkers (Etat de New York) pour construire sa du travail à la quasi-totalité des nouveaux
machine magique qui va révolutionner la ville immigrants.
et le monde. Il n’en faut pas davantage pour Ils arrivèrent par centaines de milliers, pour
que New York se mette à bâtir des immeubles la plupart d’entre eux analphabètes et leurs
dépassant facilement les six étages et à gagner conditions de travail étaient aussi brutales
en hauteur l’espace qui lui fait tant défaut. que leurs gains étaient bas. Les ateliers de
Les premiers modèles d’ascenseurs sont confection étaient alors connus sous le nom
actionnés par de bizarres systèmes hydrauliques de sweat shops (de sweat, la sueur) et les
(il en existe toujours dans certains immeubles employés étaient payés à la pièce.
du Lower Broadway, à SoHo), puis par
l’électricité.
Et quand les Etats-Unis veulent se constituer
Les Unions et la force
un empire, New York devient tout naturellement Inévitablement, des syndicats (unions ) se
le moteur de cette entreprise. On a dit, par forment pour protéger les travailleurs. Depuis,
exemple, que la création de la république de et aujourd’hui encore, New York est une ville
Panama (jusqu’alors partie légitime de la répu- où le syndicalisme est puissant et, parfois,
blique de Colombie) avait été conçue dans une teinté d’idées politiques de gauche. New York
chambre de l’hôtel Waldorf Astoria sur le site est désormais le plus gros port d’entrée aux
(à propos !) de l’Empire State Building. Et cela Etats-Unis. Les immigrants qui y débarquent
parce que l’Amérique avait besoin d’un canal passent d’abord par Castle Clinton, près de
entre l’Atlantique et le Pacifique. Battery Park, puis par Ellis Island, qui mettra
en place des structures plus adaptées à la
tâche. Un atelier de confection situé près de
Le Commodore, la banane et la mode Washington Square, la Triangle Shirt Waist
Auparavant, la traversée de la côte Est vers la Company, a la déplorable habitude de fermer
côte Ouest empruntait une voie de chemin de à clef les portes des escaliers d’incendie pour
fer passant à travers l’isthme de Panama et empêcher ses employés, surtout des femmes, de
celui du Nicaragua. Le Nicaragua était le chemin sortir pour se reposer ou échapper au rythme du
préféré entre la côte Est et les mines d’or de travail. On est en 1913. Un brutal incendie trans-
Californie avant l’achèvement du chemin de fer forme le sweat shop en brasier. Des dizaines de
transcontinental en 1869. Cette route continua femmes meurent dans les flammes ou sautent
à être populaire jusqu’à la construction du canal des fenêtres pour venir s’écraser dans la rue.
de Panama. Toutes ces voies, utilisées à la fois Ce désastre fait partie de l’épopée de la ville
par les bateaux à vapeur et le chemin de fer, autant que le blizzard de 1888 ou les pots-de-
étaient contrôlées par Cornelius Vanderbilt, dont vin de Tweed Ring.
la statue orne Grand Central Station encore Le canal de Panama est achevé en 1914,
aujourd’hui. Surnommé The Commodore, l’année même où la guerre éclate en Europe.
Vanderbilt était le patriarche d’une des plus L’Amérique sera le financier des Alliés par le
puissantes familles d’Amérique du Nord, l’une biais de la formidable maison Morgan, à Wall
des plus fantasques aussi. Une famille qui Street. Cependant, et quelles que soient les
aimait le luxe ostentatoire au point de construire sympathies des Américains, il a été avancé que
la plus grande maison privée des Etats-Unis. les Etats-Unis étaient entrés en guerre pour
Les relations familiales étaient parfois agitées : couvrir les énormes pertes qu’auraient essuyées
l’une des enfants, négligée du clan, fut forcée la Morgan et Wall Street si les Alliés avaient été
de vendre son nom à un fabricant de jeans pour battus. La majeure partie du matériel de guerre
continuer à mener le train de vie auquel elle et des soldats transitait par New York, la Jew
était habituée. Vanderbilt, qui était un pionnier Town (ville juive) comme allait la surnommer le
dans l’organisation des révolutions en Amérique futur président Harry Truman. New York était
centrale, appuyait inconditionnellement aussi le quartier général du show-business et la
des flibustiers du genre de William Walker. première base du septième art. La compagnie
Ainsi, l’United Fruit Company dirigeait-elle Edison, installée à Brooklyn, fonde l’industrie
de nombreux pays latino-américains (d’où du cinéma en utilisant la pellicule dont George
l’expression de république bananière) pour Eastman a inventé le procédé dans le nord
HISTOIRE 51
de l’Etat. C’est tout dernièrement, durant les terrains appartenant à la Columbia University et
années 1980, que les ultimes vestiges des contrôlent une large part de Midtown Manhattan,
grandes compagnies de distribution (les bureaux vont profiter de l’élimination du métro aérien
directoriaux) ont émigré vers la côte Ouest, sur la 6th Avenue pour accroître la valeur de
suivant et achevant un mouvement commencé leurs terrains. Ils font bâtir Radio City sur un
60 ans plus tôt. Quand la radio et, plus tard, la site compris entre la 6th et la 5th Avenue, site
télévision voient le jour, leurs quartiers généraux désormais célèbre sous le nom de Rockefeller
sont installés à New York. Aujourd’hui encore, Center. En l’honneur des vastes possessions des
les grandes chaînes, ABC, NBC et CBS y ont Rockefeller en Amérique du Sud (en particulier
leur siège. La ville accueille également les les champs pétrolifères du Venezuela), la 6th
plus grandes agences de publicité mondiales. Avenue est rebaptisée Avenue of the Americas,
Les maisons d’édition se sont depuis toujours mais les vrais New-Yorkais mettent un point
installées à New York, mais il y en a eu aussi d’honneur à ne jamais la nommer autrement
à Boston, à Indianapolis et à Chicago : elles que Sixth Avenue. Nelson Rockefeller (le futur
sont désormais quasiment toutes concentrées gouverneur de l’Etat de New York) fera construire
à Manhattan. à Albany, avec l’argent de l’Etat, un Rockefeller
DÉCOUVERTE
Center aussi futuriste qu’inutile (imaginez La
La Guardia nous garde ! Défense dans le Jura). Le même homme était
chargé des relations inter-américaines durant
Pendant la dure période des années la Seconde Guerre mondiale et fut le premier
1920 commence le processus de dépopula- à promouvoir le nom de l’avenue. Rockefeller,
tion des zones rurales : le nombre de paysans qui deviendra brièvement vice-président des
et d’employés agricoles diminue, l’Amérique Etats-Unis dans les années 1970, fera don du
s’urbanise vraiment ; bientôt, la majorité des morceau de terrain sur lequel a été élevé le
travailleurs œuvre dans l’industrie. New York quartier général de l’ONU, assurant ainsi aux
grandit toujours. Bien que les survivants de Etats-Unis une prédominance mondiale.
la Dépression puissent en douter, la ville est
moins affectée par le naufrage économique que
le reste du pays. L’administration de Tammany Un monde pour demain
est provisoirement écartée par un nouveau De nombreux projets gouvernementaux
maire, de petite taille, Fiorello La Guardia. voient le jour, comme la East River Drive, le
La Guardia, dont le programme consiste à Triborough Bridge, les tunnels Lincoln, Midtown
combattre à la fois la corruption et les effets et Brooklyn-Battery. Cette phase d’expan-
de la dépression économique, se présente – sion culmine avec la Foire mondiale de New
contre les démocrates – comme un candidat York en 1939, baptisée « World of Tomorrow »
de la Fusion, une alliance des républicains, (Monde de demain), où sont déjà annoncées la
des libéraux et des démocrates progressistes télévision, les super-autoroutes, les voitures
anti-machine (anti-Tammany). Bien que Harlem contrôlées par radio, les cuisines automatiques
soit considéré comme la capitale des Noirs et les villes sous dômes. La foire est largement
Américains, la nouvelle administration n’éprouve promue par Moses. Celui-ci fait drainer un
aucune sympathie pour la pauvreté qui y règne, étang et construit des parkways destinés à
et rien ne sera fait jusqu’à ce qu’une émeute canaliser le flot des millions de voitures. La foire
majeure éclate dans le quartier. est inaugurée par le président Roosevelt, qui
L’allié de La Guardia est le président Roosevelt. apparaît sur les quelque 2 000 postes de télé-
Grâce à un soutien financier fédéral, La Guardia vision déjà en fonctionnement dans la zone
entame une série de travaux publics pour de New York.
créer à la fois des emplois et doter la ville Mais la réalité de demain sera celle de la
d’infrastructures efficaces. L’entrepreneur Seconde Guerre mondiale. Une guerre très
entreprenant Robert Moses dresse un plan bénéfique pour New York, qui apporte à ses
de bataille : des super-autoroutes (déguisées habitants du travail et de l’argent. Dans une
sous le nom de p arkways ), des banlieues ville bourdonnante comme une ruche, le jazz
pour la classe moyenne et de fortes hausses moderne naît chez Minton’s à Harlem et connaît
des loyers immobiliers pour les bas salaires. une consécration mondiale dans les clubs de
La primauté de l’automobile est absolue, 52nd Street, rebaptisée Swing Street. Avec ce
celle qui est accordée aux transports publics que la guerre a épargné d’énergies, New York
est minimale. Une équipe précédente avait remplace Paris en tant que capitale mondiale
lancé le métro, propriété de la municipalité, de l’art. Conséquence du civisme de La Guardia
l’Indépendant (IND). Ce qui avait conduit à la et de la prospérité apportée par le conflit, New
fermeture du réseau aérien sur 6th Avenue et York, dans les années 1950, est à l’apogée de
9th Avenue. Les Rockefeller, qui utilisent des la civilisation occidentale.
52 HISTOIRE
sociale symbolisée par des groupes comme sont exilés loin du centre-ville où les affaires
Public Enemy ou Eric B. & Rakim. Loin de prêcher battent leur plein. New York devient une ville
la violence (mais plutôt l’éveil des consciences), plus lisse, plus normale.
ils stigmatisent la faillite d’une société et d’une La police se modernise : elle travaille avec le
ville. Ils prêchent le poing fermé et tendu vers programme CompStat, composé de logiciels
le ciel sur un champ de ruines. En 1992, un performants qui permettent de croiser des
New-Yorkais sur sept vit du welfare (allocations fichiers et des statistiques. Cette politique
chômage et familiales). Certaines projects (HLM) obtient des résultats spectaculaires, même
vivent plus proches du tiers-monde ou de Mad si elle a pour conséquence de nombreuses
Max que du rêve américain : immeubles brûlés bavures dramatiques et qu’elle instaure un climat
et laissés en plan avec leurs habitants pendant policier. En 8 ans de mandat, la criminalité a
des années, rues meurtrières où errent comme baissé de 57 % et le nombre d’homicides de
des fantômes, drogués, clochards, alcooliques, 65 %. La cote de Giuliani est au plus haut,
chômeurs et mères célibataires avec famille et il est réélu triomphalement en 1997 avec
nombreuse à charge. Dans ces no man’s land plus de 58 % des voix. Un bémol de taille à ce
où la police n’ose même plus pénétrer, les gangs triomphe électoral : les communautés noires
DÉCOUVERTE
tiennent leurs territoires et édictent leurs lois. et hispaniques (41 % des votants), pour qui la
Les banlieues habitées par la classe moyenne politique du maire génère de la discrimination
sont hantées par la peur des crimes violents raciale (ils en pâtissent socialement), votent
que pourraient perpétrer les jeunes des ghettos. en masse pour Messinger, son adversaire
Des jeunes armés de calibres 9 mm, bourrés démocrate. Les blancs, eux, ont voté à 76 %
de crack, traînent dans la nature pour prendre pour le sortant. Giuliani, tenace, traque aussi
tout ce qu’il y a à prendre. les membres du crime organisé, et procède
à des arrestations massives. A son palmarès
Lère Giuliani : résurrection officiel, les cerveaux de trois clans : les parrains
de Cosa Nostra, John Gotti (coincé par un autre
dans un gant de fer procureur, mais Giuliani s’est accaparé son
Petit-fils d’immigrants italiens, né à Brooklyn arrestation) et Vincent Gigante. Le numéro 3 est
dans un milieu ouvrier, Giuliani est le symbole King Tone, le chef du gang mafieux des Latin
du self made man qui s’est hissé jusqu’aux plus King (hispaniques). La sécurité recouvrée et la
hautes sphères par son intelligence, sa force de mise en place de nombreuses mesures fiscales
travail et sa croyance absolue dans les valeurs (réductions d’impôts, incitations à la création
fondatrices des Etats-Unis, pays qui donne sa d’entreprise, etc.) redonnent confiance aux
chance à tous si on sait la saisir. Ce procureur New-Yorkais. Au total, ce sont 450 000 emplois
du district sud de New York avait manqué de qui sont créés pendant ses deux mandats.
peu d’être élu en 1989. En 1993, il est élu haut Attirée par la résurgence de New York, une
la main le 107e maire de New York après une marée de visiteurs se répand dans la ville,
campagne axée sur le retour à la sécurité, les Américains puis étrangers. Ils injectent des
aides à l’activité économique, la qualité de vie sommes d’argent considérables dans l’économie
et l’éducation (New York, ville plutôt de gauche locale et alimentent la croissance.
élit souvent des maires républicains, donc de
droite). Plus que son programme, c’est son
charisme, sa volonté inébranlable et sa poigne 11 septembre 2001 : la déchirure
de fer (réputation qu’il s’est faite en tant que Le 9 septembre 2001, le commandant Massoud
procureur où il a traqué sans relâche aussi bien est tué par l’explosion de la caméra de deux
les dealers de rue que les criminels en col blanc faux journalistes appartenant à l’organisation
ou la corruption de l’administration). Dans une terroriste Al-Qaida. C’est la première étape d’un
situation de détresse, c’est vers un « homme plan machiavéliquement orchestré depuis les
providence » que se tournent les New-Yorkais. montagnes afghanes. Le 11 septembre 2001, à
Stratège hors pair et grand communiquant, il 8h46, un Boeing 767 de la compagnie American
s’attaque en priorité à la préoccupation prin- Airlines en provenance de Boston (vol 11 en
cipale de ses électeurs, la sécurité, et met en direction de Los Angeles) vient s’écraser sur
place son credo : zéro tolérance. Les crimes et la tour nord du World Trade Center. La chaîne
les délits sont combattus sans relâche à grand d’information CNN diffuse en premier la
renfort de patrouilles de police à toute heure nouvelle, suivie par les rédactions du monde
du jour et de la nuit, comparutions immédiates, entier. 18 minutes après le premier impact, un
sentences « exemplaires ». Cela a forcément un deuxième Boeing de la compagnie United Airlines
prix : la police est omniprésente et verbalise à en provenance de Boston (vol 175 en direction
tout va, Manhattan s’embourgeoise et devient de Los Angeles) percute le sommet de la tour
hors de prix, les nombreux pauvres et marginaux sud. Le 33e étage s’embrase.
54 HISTOIRE
Les Twin Towers sont en feu, le monde retient 3 points d’avance sur Green, son adversaire
son souffle. Cette fois-ci, pas de doute, les Etats- démocrate. Mais Bloomberg, qui a quitté la
Unis sont la cible d’une monstrueuse attaque sur direction de sa société pour se lancer pleinement
le symbole le plus éclatant de leur puissance. dans sa nouvelle carrière politique, doit faire
Pendant ce temps, des milliers de victimes encore face à de multiples problèmes. Les attentats
en vie sont prisonnières des tours brinqueba- du 11 septembre ont plus que bouleversé la
lantes. Certaines sautent des tours meurtries, donne. En effet, l’économie mondiale est en
sous les yeux du monde entier. D’autres appellent phase de récession depuis la tragédie : des
leurs proches pour leur dire au revoir. Un peu milliers de sociétés ont perdu des millions
avant 10h, on apprend qu’un troisième avion de dollars, la ville a vidé ses caisses dans les
(vol 77 d’American Airlines) s’est crashé contre opérations de sauvetage et ses prévisions de
le Pentagone (le département de la Défense reconstruction (c’est tout un quartier de New
américaine) et qu’un autre (United 93 en direction York qui est en ruine), le moral des New-Yorkais
de San Francisco) s’est écrasé en Pennsylvanie. est au plus bas, ce qui sclérose les initiatives
La Maison-Blanche et de nombreux bâtiments et l’investissement. La période est donc à
officiels dans tout le pays sont évacués. Entre 10h la reconstruction et à la rigueur budgétaire,
et 11h, les deux tours s’écroulent successivement. toujours mal vues. Les taxes locales augmen-
Dans la ville, c’est l’abattement, la peur, la fuite, tent considérablement, du coup le coût de
le chaos et l’apocalypse. A Brooklyn, la population la vie augmente encore (loyers, produits de
rassemblée sur les berges assiste à l’exode de consommation). Les services publics sont mis
plusieurs milliers de personnes sur l’autoroute à contribution. Bloomberg pâtit d’une image de
qui borde Manhattan et ceinture la zone du World brillant financier, intelligent certes, mais peu en
Trade Center. Une gigantesque montagne de phase avec la population et maladroit dans sa
fumée s’est élevée et s’étend sur tout Downtown. communication. Au printemps 2003, il commet
Elle traverse aussi l’East River pour plonger un crime de lèse-majesté : il prévoit de fermer
le nord de Brooklyn dans la pénombre et la 10 casernes de pompiers dans des quartiers
confusion. Giuliani, qui est à ce moment-là en populaires de Brooklyn, du Bronx et de Queens,
partance de son mandat (la campagne municipale car elles coûtent trop cher à la mairie. Dans une
à sa succession bat son plein), se jette corps et ville où les pompiers sont passés au statut de
âme dans la bataille. Le maire fait preuve de héros depuis les attentats du 11 septembre, on
beaucoup de courage et de dignité. Il intervient ne comprend pas du tout cette décision. Mais
à la télévision, encourage les pompiers in situ, Bloomberg continue à gérer la ville selon ses
fait des appels au calme et à la solidarité dans convictions, certain que la rigueur permettra
tous les médias, visite les blessés et les familles à une ville dévastée de renaître rapidement.
de victimes. Le 11 septembre 2001, près de
3 000 personnes trouvent la mort et des centaines
d’autres sont blessées dans les attentats du World
George W. Bush, suite et fin
Trade Center, symbole du capitalisme américain. Le 3 novembre 2004, l’Amérique réélit George
Plus de 70 nationalités sont présentes dans le W. Bush pour un nouveau mandat présidentiel
feu et sous les décombres. Il faudra presque de 4 ans. Après une campagne pendant laquelle
un an pour déblayer la zone aujourd’hui connue il a convaincu le peuple américain qu’il était
sous le nom de Ground Zero, devenue un endroit un vrai chef de guerre défenseur des valeurs
de pèlerinage pour les Américains comme pour conservatrices, il a remporté les élections
les visiteurs du monde entier. New York ne sera avec 51 % des voix, contre 48 % pour John
plus jamais la même, le monde non plus d’ail- Kerry, son adversaire démocrate. Echaudés
leurs. La riposte de l’Etat américain ne se fit pas par leur expérience de l’an 2000, les médias
attendre. D’abord en Afghanistan, avec le soutien ont pris leurs précautions quant à l’annonce du
de la communauté internationale, puis en Irak, de vainqueur. Selon les sondages, la progression
manière beaucoup plus contestable et solitaire. du Parti républicain est attribuée à la peur du
terrorisme, à la guerre en Irak et à la préser-
vation des valeurs morales. La Grosse Pomme,
À la recherche du second souffle terre démocrate bien que dirigée par un maire
La campagne à la succession de Giuliani à républicain (Bloomberg et son prédécesseur,
la mairie de New York passe complètement le toujours très populaire Giuliani, ont d’ail-
au second plan dans un contexte d’urgence leurs soutenu très activement la campagne de
post 11-septembre. Michael R. Bloomberg, le George W.), a massivement voté pour John Kerry.
fondateur de l’empire d’information financière La carte électorale des Etats-Unis montre très
qui porte son nom, est présenté de longue nettement que les côtes Atlantique et Pacifique
date par Giuliani comme son successeur. sont majoritairement démocrates, à l’inverse de
Il remporte les élections du 7 novembre avec nombreux Etats à l’intérieur des terres. Malgré le
HISTOIRE 55
DÉCOUVERTE
mondiale, les menaces nucléaires de l’Iran et nouvelles suppressions d’emplois à la clef.
l’embourbement en Irak rendaient le président En septembre 2009, Barack Obama est mis en
de plus en plus impopulaire.
difficulté sur son projet de réforme du système
de santé aux Etats-Unis, l’une de ses princi-
Obama, entre espoir et immobilisme pales promesses de campagne. Le projet est
En juin 2008, Hillary Clinton reconnaît officiel- ambitieux, et de nombreux présidents avant
lement sa défaite aux primaires démocrates et, lui s’y sont cassé les dents. Obama souhaite
par là, la victoire de son rival, Barack Obama. rendre le système plus accessible, qu’il prenne
Après 17 longs mois de campagne, la sénatrice en charge les exclus et qu’il encadre plus étroi-
abandonne la compétition. Le sénateur de tement les assureurs privés, dont les tarifs
l’Illinois (47 ans) reste donc dans la course explosent. Les lobbies des assurances et des
face au républicain John McCain (72 ans). compagnies pharmaceutiques réfutent ce
Les rues de New York se montrent alors principe avec force. Avec sa loi sur l’assurance
largement favorables à l’élection de Barack santé, l’avenir même de sa présidence est mis à
Obama. Le 4 novembre 2008, Barack Obama mal. Côté chiffres, 14 000 Américains, frappés
fait date dans l’histoire du pays. Il remporte les quotidiennement par le chômage, perdent,
élections avec 52 % des suffrages et devient chaque jour, le droit d’être soignés, et 15 %
ainsi le premier président noir des Etats-Unis. de la population n’a pas d’assurance santé.
En 2010, Obama en est à mi-mandat et sa cote par de très nombreuses fusillades, dont deux
de popularité est en berne dans les sondages. qui ont ému la planète entière. La première a
L’économie, le chômage et la marée noire lieu à Aurora dans le Colorado. James Holmes,
provoquée par la British Petroleum dans le 25 ans, tire à vue dans une salle de cinéma et
golfe du Mexique ne jouent pas en sa faveur. tue 12 personnes, en blessant 70 autres. Plus
En novembre 2010, les midterm elections marquante encore, la fusillade dans une école
(élections de mi-mandat), renouvelant les de Newtown, Connecticut ; vingt enfants et six
435 élus de la Chambre des représentants du adultes trouvent la mort. Suite à cette fusillade,
Congrès américain ainsi qu’un tiers des sièges Barack Obama tente de faire passer une loi
au Sénat, ont été un véritable camouflet pour au sénat et à la chambre des représentants
Obama, redonnant au pouvoir législatif une imposant un meilleur contrôle des possesseurs
majorité républicaine. La marge de manœuvre d’armes. Mais l’opposition de tous les républi-
du président se réduit alors considérablement cains et de certains démocrates empêche toute
et peu de mesures sont adoptées pendant ces loi d’être votée.
deux années de cohabitation. L’impossibilité de compromis sur toute loi au
En 2011, les leviers de la croissance améri- Congrès entraîne le 1er octobre un Shutdown,
caine se grippent. Barack Obama demande c’est-à-dire l’arrêt de nombreuses adminis-
de prendre des mesures urgentes et annonce trations fédérales. 800 000 fonctionnaires se
toute une batterie de mesures pour soutenir la sont ainsi retrouvés en congés sans solde,
consommation et encourager l’embauche en les pensions pour les vétérans n’ont plus été
2012. Avec en tête, un plan pour l’emploi de payées et les aides aux plus démunis arrêtées.
447 milliards de dollars. Mais encore une fois, La Chambres des représentants républicaine
le président américain se heurte à l’opposition et le sénat démocrate n’ont en effet pas réussi
des républicains, majoritaires à la Chambre à s’entendre sur le budget 2014, provoquant
des représentants. Si Barack Obama incarne le gel des fonds destinés au fonctionnement
l’espoir pour une moitié de la population, il des programmes publics et aux employés de
incarne aussi l’ennemi de l’intérieur pour l’autre l’État. Le dernier Shutdown remontait à janvier
moitié. Tous les analystes s’accordent pour dire 1996 sous la présidence de Bill Clinton.
que l’Amérique n’a jamais été aussi divisée Cette fois, le GOP (Grand Old Party, le parti
d’un point de vue de politique que lors de la républicain) s’est opposé à tout budget qui
présidence d’Obama. prendrait en compte la fameuse réforme de
C’est pourquoi la décision de la Cour suprême, la santé de Barack Obama. C’est d’ailleurs
la plus haute juridiction aux Etats-Unis, sur la le jour du Shutdown qu’est entré en vigueur
réforme de la santé est très attendue à l’été « Obamacare ». Victime de son succès, le
2012. Et c’est à 5 voix contre 4 que les juges de site internet gouvernemental qui permet de
la Cour suprême approuvent le 28 juin la réforme souscrire une assurance maladie a rencontré
phare du président démocrate. Immense victoire de nombreux bugs. Les républicains en ont alors
pour Barack Obama qui réussit là un vieux rêve profité pour remettre à nouveau en cause la
de JFK : donner à toute la nation une couverture réforme, la jugeant inapplicable et dangereuse,
maladie. Une décision qui donne un boost à sa et mettre la pression sur Barack Obama. Mais
campagne à quelques mois de l’élection. Face les Républicains, accusés d’être « jusqu’au-
à lui, le multimilliardaire Mitt Romney, qui pâtit boutistes » par les médias, y compris ceux
d’un faible capital sympathie, mise sur le rejet leur étant généralement favorables comme Fox
tenace des républicains et du Tea Party envers News, ont finalement voté un budget en accord
Barack Obama, accusé notamment d’être un avec les démocrates le 17 octobre 2013. Le parti
communiste. de l’opposition est sorti grand perdant de ce
combat, n’empêchant pas la mise en place de la
loi de la santé d’Obama et s’attirant les foudres
Réélection, port darmes et santé de l’opinion. Entre temps, plus de 30 milliards
Le 6 novembre 2012, Barack Obama est de dollars auront été perdus…
réélu président des Etats-Unis en rempor- 2014 est une année difficile pour Barack Obama.
tant 332 grands électeurs contre 206 pour Incapable de réformer avec une Chambre des
le candidat républicain. Mais le président Représentants pro-républicaine et refusant
démocrate ne remporte pas la chambres des systématiquement les propositions de lois
représentants et doit encore cohabiter pendant démocrates, Barack Obama a l’occasion de
au moins deux ans avec un Congrès qui lui redorer son image sur la scène internationale.
est opposé. Une cohabitation qui empêche Mais le président se montre incapable de régler
Barack Obama de mettre en œuvre toutes ses les conflits en Ukraine, en Syrie, en Irak et
grandes réformes. La première année du second celui (interminable) entre Israël et la Palestine.
mandat du président américain est marquée Il doit également faire face à des scandales à
HISTOIRE 57
DÉCOUVERTE
réformes sur le port d’arme, le coût de l’uni- d’autres, le candidat démocrate ne laisse personne
versité ou encore le droit du travail. indifférent. Bill de Blasio a, entre autres choses,
Pourtant, 2015 est une année qui marquera promis la fin de la hausse vertigineuse des prix
l’histoire des Etats-Unis suite à deux décisions des loyers et la construction massive de logements
majeures de la Cour suprême, la plus haute sociaux. Malgré de multiples rencontres avec
juridiction américaine. Le 25 juin, elle a en des associations de propriétaires, Bill de Blasio
effet validé l’une des principales réglementa- n’a depuis le début de son mandat pas réussi
tions de l’Affordable Act, dite Obamacare. Deux à enrayer la crise du logement et symbolise la
juges conservateurs se sont alliés aux quatre puissance des fonds immobiliers et l’incapacité
progressistes pour affirmer que la loi visait à d’action de la mairie sur ce sujet. Autres promesses
« améliorer le marché de l’assurance santé, de campagne, tenues cette fois-ci : une taxe à
pas à le détruire ». Il s’agissait là de la dernière la charge des New-Yorkais les plus riches, dont
cartouche des Républicains pour mettre à mal l’argent est utilisé pour investir dans le système
la réforme. Le lendemain, le 26 juin, marqua éducatif de la ville, et l’arrêt du très controversé
également un grand tournant social et une Stop-and-Frisk, une loi permettant à la police
cuisante défaite pour le parti républicain. Cinq d’arrêter n’importe quel individu et de le fouiller
des neuf juges ont confirmé que la constitution sans raison. Depuis l’arrêt de cette mesure, les
américaine garantissait le droit au mariage études semblent prouver que la discrimination
homosexuel – au nom de l’égalité devant la policière a drastiquement baissé et aucune
loi – alors qu’une trentaine d’Etats américains une hausse de la criminalité n’est à constater.
refusaient de reconnaître ces unions jusqu’alors. Une victoire pour le maire et pour les opposants
Pour célébrer la décision, la Maison-Blanche fut du Stop-and-Frisk. Pour autant, une succes-
éclairée aux couleurs de l’arc-en-ciel. sion de meurtres d’Afro-américains non-armés
L’année 2016 est une année de contraste pour par des policiers blancs provoque un climat de
Barack Obama et les Etats-Unis. Financièrement, tension raciale qui culmine à l’été 2014. Les plus
le pays est en bonne santé avec un taux de importants affrontements entre communautés
chômage qui tombe sous les 5 %. Dans le locales et forces de l’ordre ont lieu à Ferguson
même temps, le président américain jour un (Missouri), après le meurtre de Michael Brown en
rôle majeur dans l’accord trouvé avec l’Iran sur août 2014. Les heurts redoublent d’intensité fin
son programme nucléaire. Mais 2016 est aussi novembre après la décision du grand jury de ne
une année de violence. Dans la nuit du douze retenir aucune charge contre le policier qui a tiré
juin, 49 personnes sont tuées à Orlando dans un sur le jeune adolescent noir. Très vite, les mani-
attentat revendiqué par l’Etat Islamique. Dans festations, avec comme mot d’ordre Black lives
le même temps, de nouvelles vidéos montrant matters (« les vies noires comptent »), se répandent
l’assassinat d’hommes noirs non-armés par dans toutes les grandes villes des États-Unis.
des policiers blancs rythment l’année média- New York est le théâtre de nombreuses mani-
tique. Tandis que le mouvement Black Lives festations qui bloquent les ponts et les grandes
Matter divisent républicains et démocrates, avenues. Plus encore que le meurtre de Ferguson,
cinq policiers sont abattus à Dallas lors d’une c’est le décès le 17 juillet à Staten Island d’un
manifestation contre les bavures policières. père de famille noir, Eric Garner, mort asphyxié
Ce tragique événement se déroule en pleine lors d’une interpellation musclée, qui mobilise
campagne pour la présidentielle américaine qui les New-Yorkais. Soupçonné de vente illégale de
laisse apparaître deux clans qui n’ont jamais cigarettes, l’homme a été plaqué au sol et pris au
été aussi éloignés l’un de l’autre. cou par les forces de l’ordre.
58 HISTOIRE
L’arrestation, filmée par un téléphone portable, candidats, Hillary Clinton semble bien plus à l’aise
a provoqué une vague d’indignation à New York. et prend facilement le dessus sur Donald Trump,
Les manifestations, pacifiques, se sont intensifiées totalement incapable de défendre des propositions
après la décision du grand jury de ne pas poursuivre concrètes, et se contentant de répéter qu’il rendra
pour homicide le policier incriminé. Bill de Blasio à l’Amérique sa grandeur. La très grande majorité
concentre aujourd’hui son action sur l’éducation de la presse, et même de nombreux médias à
pour permettre une meilleure égalité entre les tendance républicaine, apportent leur soutien
écoles publiques de la ville, au niveau encore à Hillary Clinton, qu’ils jugent plus apte pour un
très disparates. Plutôt discret dans les médias poste qui nécessite une grande expérience et
comparé à ses prédécesseurs – ce qui fait dire à des connaissances approfondies en diplomatie
ses adversaires qu’il est inactif – il se retrouve sur et en politique étrangère. Pourtant derrière dans
le devant la scène à la fin de l’été 2016 lorsqu’un les sondages, Donald Trump, homme de télé et
attentat terroriste dans le quartier de Chelsea magnat de l’immobilier sans aucune expérience de
blesse une trentaine de personnes. Rebelote le la politique, sort vainqueur de ce duel, provoquant
31 octobre 2017, avec un nouvel attentat. Lors une onde de choc dans le monde. Si Hillary Clinton
des élections présidentielles de 2016, il a su obtient plus d’un million de votes de plus que son
faire de New York un ville-sanctuaire largement adversaire, c’est bien le candidat républicain qui
opposée à Donald Trump et il axe sa campagne remporte l’élection à la faveur du scrutin indirect.
de 2017 en vue d’un second mandat au poste Donald Trump remporte 30 Etats et 306 grands
de maire de New York sur la justice sociale : plus électeurs contre 20 Etats et 232 grands électeurs
d’écoles publiques, plus de logements sociaux, pour Hillary Clinton. A New York, on vote pour Hillary
des taxes plus importantes sur les revenus des Clinton à 79 %, mais il est à noter que le borough
millionnaires. Ces promesses, ajoutées à son plus « middle class » de Staten Island a voté à
bilan de premier mandat plutôt positif (baisse 57 % pour Donald Trump alors que dans le même
de la criminalité, augmentation du nombre de temps le Bronx a voté à 88 % pour la candidate
diplômés, baisse du chômage) et à l’absence d’un démocrate. L’élection du New-Yorkais Trump
réel rival lui permettent, le 7 novembre 2017, d’être symbolise la fracture entre les zones urbaines et
réélu sans surprise au poste de maire New York. rurales, entre les côtes et le centre des Etats-Unis,
entre les grands médias et une grande partie des
Américains. Donald Trump, intronisé le 20 janvier
Trump, le milliardaire président 2017, a désormais tous les pouvoirs pendant deux
Hillary Clinton et Donald Trump s’opposent dans les ans, jusqu’aux élections de mi-mandat, puisque le
urnes le 8 novembre 2016, après une campagne parti républicain a également conservé le Sénat
d’une rare violence, marquée par de multiples et le Chambre des représentants. Reste à savoir
scandales suite aux propos xénophobes, sexistes si le président suivra la ligne très droitière de
et racistes du candidat républicain. Désenchantée, sa campagne – notamment sur l’avortement, le
l’Amérique doit choisir parmi les deux candidats réchauffement climatique, l’immigration – ou s’il se
les plus impopulaires de l’histoire aux Etats-Unis. montrera plus modéré. Début novembre 2017, après
Car de l’autre côté, Hillary Clinton est attaquée un an à la présidence du pays, Donald Trump, en
de toutes parts pour sa proximité avec les lobbys chute dans les sondages et empêtré dans l’affaire
financiers suite aux nombreuses conférences d’intrusion russe dans la campagne électorale lui
très bien rémunérés qu’elle a données devant ayant permis d’accéder à la présidence, n’avait
les grandes sociétés de Wall Street. Alors que rien mis en place de significatif. L’abrogation de
l’Amérique a envie de renouveau, elle incarne, l’Obamacare a été rejetée par les sénateurs, le
avec son mari Bill, le passé. Enfin, elle n’arrive Travel Ban (interdisant l’entrée sur le sol américain
pas à se défaire des scandales qui l’ont touchée de ressortissants d’une liste réduite de pays
alors qu’elle était Secretary of State sous Barack musulmans) n’a pas été adopté, la construction
Obama, l’équivalent de ministre des Affaires du mur frontalier entre le Mexique et les Etats-Unis
étrangères. Un, en particulier, jette une ombre n’avait pas commencé. Au nombre de ses réussites
sur sa candidature à tout juste une semaine du personnelles, citons tout de même l’entrée à la
vote, celui des e-mails classés « secret défense » Cour Suprême d’un juge conservateur, faisant
qu’elle a ouverts sur sa boite mail personnelle basculer la majorité de cette éminente institution
et donc non-protégée. Si le FBI n’a finalement dans son camp politique (5 juges conservateurs
rien trouvé à redire et n’a retenu aucun chef pour 4 juges progressistes), et également la
d’accusation pour trahison, ce scandale a pourri bonne santé économique de la bourse de New
la candidature d’Hillary Clinton pendant toute la York qui battait en 2017 des records historiques.
campagne, accusée par les Républicains d’avoir Le président a beau fièrement s’attribuer les
supprimé ses e-mails et détruit les preuves qui mérites de ce désirable état de fait pour le pays,
auraient pu amener à une condamnation du il n’en demeure pas moins difficile d’établir un lien
FBI. Lors des trois débats qui opposent les deux direct entre ses choix politiques et cette situation.
Politique et économie
Politique
État de New York Ville de New York
Aux Etats-Unis, chaque Etat a son propre Bien que dépendant de l’Etat de New York, la
système exécutif, législatif et judiciaire. L’Etat Grosse Pomme est une ville très autonome.
de New York (dont la capitale est Albany) a Le maire de New York et ses adjoints s’occupent
donc, comme les 49 autres Etats, trois pouvoirs de la politique générale de la ville, de l’admi-
distincts du gouvernement fédéral : nistration, et du développement économique.
DÉCOUVERTE
wwL’exécutif, dont le chef est le gouverneur La mairie est aussi chargée de veiller à la
de l’Etat de New York, qui est actuellement le sécurité de la ville, que ce soit dans le contrôle
démocrate Andrew Cuomo, depuis 2010. de la NYPD (New York Police Department) ou
wwLe législatif, avec les deux chambres, le dans la protection des habitants en cas de
Senate, composé de 61 membres, et l’Assembly, catastrophe naturelle. Durant l’ouragan Sandy,
qui a 150 membres. Chacun des membres des Michael Bloomberg, prédécesseur du maire
2 chambres est élu pour 2 ans. Depuis janvier 2009, actuel Bill de Blasio, avait ainsi requis l’évacua-
Kirsten Gillibrand est sénatrice de l’Etat de New tion de plusieurs quartiers de la ville.
York, succédant ainsi à Hillary Clinton. Charles wwLe conseil municipal, composé de
Schumer est également sénateur depuis 1999 et 51 personnes, il s’occupe de voter les lois.
a été largement réélu en novembre 2016. Historiquement, il a presque toujours été à
wwLe judiciaire (The Court of Appeals). Au sein majorité démocrate et il l’est actuellement. Pour
du gouvernement fédéral, l’Etat de New York qu’une loi soit votée, elle doit être approuvée
compte 2 sénateurs et 29 représentants, et par 50 % du conseil municipal et promulguée
33 voix pour l’élection présidentielle. par le maire.
Économie
Principales ressources le nom de New York Stock & Exchange Board,
pour prendre son nom actuel en 1882 : le New
Si New York joue indéniablement un rôle
York Stock Exchange (NYSE). Il s’y effectue
essentiel sur le plan politique (notamment
quotidiennement plus de 1 trillion de dollars
avec la présence de l’ONU) et intellectuel, elle
joue aussi un grand rôle économique. L’Etat de de transactions.
New York est un des Etats les plus puissants C’est dans ce Financial District si symbolique du
des Etats-Unis et du monde entier. Il va sans capitalisme financier qu’ont commencé les mani-
dire que ce rayonnement économique est dû en festations du mouvement Occupy Wall Street
majeure partie à la ville même de New York : à l’automne 2011, en pleine crise financière
finance, commerce, industrie, communication mondiale, variante du mouvement des Indignés
et tourisme en sont les principales activités madrilènes. Si le mouvement a perdu de son
économiques. ampleur depuis sa création, une manifestation
a rassemblé quelques centaines de personnes
Une capitale financière et commerciale en septembre 2012 pour le premier anniversaire
La finance a toujours occupé une place du mouvement. La police new-yorkaise n’étant
prépondérante dans l’économie new-yorkaise. pas connue pour sa diplomatie, évitez de rester
Une situation qui remonte à 1792, année où des aux alentours des manifestations ou sit-in.
courtiers s’entendent pour fonder le premier Outre le NYSE, le Financial District du Lower East
marché de valeurs organisé (prédestination, il Side de Manhattan abrite l’United States Federal
se trouvait dans ce qui deviendra Wall Street). Reserve Bank, et, sur la rive ouest, s’érige un
Vingt-cinq ans plus tard, devenu la Bourse des plus gros centres financiers et commerciaux
américaine la plus importante, ce marché perd du monde : le World Financial Center.
60 POLITIQUE ET ÉCONOMIE
© MACIEJ NOSKOWSKI
DÉCOUVERTE
Les fameux taxis jaunes sur la 7e Avenue à Times Square.
maisons d’édition à New York parmi lesquelles avantages fiscaux votés par la ville en faveur
les célèbres HarperCollins, Condé Nast et du secteur audiovisuel. Cependant, les grands
Penguin Random House. studios de cinéma restent encore et toujours
wwLa mode joue également un rôle d’importance installés à Los Angeles.
dans l’économie de la ville et est l’une des
principales industries qui emploient à New Place du tourisme
York. On trouve notamment à Manhattan les Générateur d’emplois et source importante de
headquarters de Calvin Klein, J. Crew, Marc revenus, le tourisme est un atout économique
Jacobs ou encore Ralph Lauren. C’est aussi à majeur pour la ville. New York était en 2015 la
New York que se trouve le siège nord-américain deuxième destination touristique des Etats-
des grandes marques européennes comme Unis (Américains et étrangers confondus) avec
Gucci, Dior et Hermès. 58,3 millions de visiteurs, derrière Orlando
wwLe marché de l’art a aussi élu domicile, et son parc DisneyWorld. Les visiteurs de le
que ce soit Sotheby’s, le leader des ventes aux Grosse Pomme ont injecté 62 milliards de
enchères, pourtant créé à Londres, ou Artsy, le dollars dans l’économie de la ville et participé
site de référence pour le marché de l’art destiné à l’emploi de plus de 320 000 personnes. Parmi
aux professionnels et particuliers. les nationalités les plus représentées chez
wwL’industrie du cinéma, autrefois réservée à les 12,75 millions de touristes étrangers en
Los Angeles, rapporte à la ville de New York une 2016, on trouve les Canadiens, les Brésiliens,
somme d’argent considérable. Là où seulement les Anglais, les Allemands, les Australiens, et les
six séries se tournaient à New York en 2006, Français. New York City est d’ailleurs la desti-
une trentaine l’était en 2013, et plus encore nation numéro 1 aux Etats-Unis des habitants
en 2017. Une situation qui s’explique par les de l’Hexagone, devant San Francisco et Miami.
Population et langues
New York (les cinq boroughs) compte officiellement D’ailleurs, 36 % de la population qui y vit est née à
8 550 405 habitants, selon les derniers chiffres l’étranger. Le monde entier y est représenté sous
du bureau du rencensement. La population de toutes les formes : langues, religions, restaurants
l’Etat de New York (New York City comprise) est ethniques… New York a toujours revendiqué
de plus de 19,8 millions d’habitants. Selon le la diversité de l’origine de sa population, et ce
recensement de 2015, les Etats-Unis comptent multiculturalisme en fait aujourd’hui sa force.
325 millions d’habitants et le melting-pot y est L’intégration de tous ces peuples ne s’est pas faite
important, il fait toute sa richesse. Les Américains sans heurts, et des tensions entre minorités ont
se réfèrent facilement aux communautés variées éclaté à plusieurs reprises. Le précédent maire
qui composent les Etats-Unis. de la ville, Michael Bloomberg, a même reconnu
wwLa catégorie « Blancs » comprend les qu’une bonne partie de l’économie de New York
Américains blancs et les résidents de nationalité reposait sur les épaules des travailleurs sans
canadienne et européenne. papiers (la plupart travaillent dans les restau-
wwLa catégorie « Noirs » comprend les Noirs rants) ! New York reste le symbole de la liberté
Américains et les Africains. et demeure encore aujourd’hui une terre d’asile
pour beaucoup de gens, même si récemment les
wwLa catégorie « Hispaniques » comprend les lois nationales sur l’immigration se sont durcies.
Américains et étrangers hispanophones originaires
d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des
Caraïbes, quelle que soit leur couleur. De New York à Nueva York
wwLa catégorie « Asiatiques » comprend les Si la communauté hispanique avait dépassé en
Américains et étrangers originaires d’Asie du nombre la communauté noire lors du recensement
Sud-Est et du Pacifique. de 2000, les chiffres se sont rééquilibrés depuis, à
en croire le dernier, daté de 2010. La communauté
wwLa catégorie « Autres » comprend les hispanique, très disparate dans sa composi-
Caribéens non hispanophones, Arabes, Indiens tion, n’en représente pas moins aujourd’hui la
et Pakistanais, Brésiliens et les personnes deuxième grande communauté de New York
originaires d’Asie centrale. (28,6 %), derrière la communauté blanche 44 %
qui baisse depuis 2000, et devant la communauté
Immigration noire (25,5 %). Une tendance qui indique que, dans
Composée d’immigrés, d’enfants d’immigrés, de 20-30 ans, les Hispaniques formeront la première
petits-enfants d’immigrés, d’arrière-petits-enfants communauté de New York. A noter également que
d’immigrés, etc., la population de New York est la communauté asiatique (12,7 %) s’est fortement
synonyme d’un impressionnant brassage ethnique. développée ces dix dernières années.
© TOM PEPEIRA - ICONOTEC
DÉCOUVERTE
qualité, sont à l’origine de la formation de quartiers
des études au junior high school (collège français) français. En effet, comme en France, les enfants
est de 3 ans et au high school (lycée) de 4 ans. vivant à proximité de l’établissement scolaire sont
Les cours sont dispensés par niveaux dans chacune prioritaires. On trouve ainsi une forte communauté
des disciplines enseignées et réparties pendant les française à Carroll Gardens, autour de l’école PS 58,
cinq jours de la semaine selon le même emploi du la première école à avoir accueilli un programme
temps. L’année est divisée en deux terms : on ne bilingue français-anglais à New York, en 2008.
passe au niveau supérieur que dans les matières Les programmes bilingues dans les écoles publiques
dans lesquelles on a eu la moyenne (65 sur 100). new-yorkaises sont pour l’instant limités au primaire
Des cours d’été (summer school), facultatifs et et au collège, mais un lycée public bilingue a ouvert
gratuits, permettent aux élèves de rattraper leur ses portes à la rentrée 2017, le Boerum Hill School
retard dans la ou les matières à problèmes. Pour for International Studies (BHSIS), permettant de suivre
obtenir leur graduation (bac américain), les élèves un cursus complet franco-anglais du 9e au 12e degré
doivent compter un certain nombre de crédits dans (l’équivalent de le 3e à la terminale) : une première
chaque discipline. Chaque bachelier figure dans le aux US ! Le programme étant tout nouveau et ne
year book, un trombinoscope de tous les élèves disposant que de places limitées, la majorité des
ayant réussi leur examen la même année. Le succès parents français continuent de placer leurs enfants
se fête par la prom (le bal des diplômés), élégante dans un des lycées français privés de la ville, aux
cérémonie au cours de laquelle les lauréats reçoivent prix exorbitants (entre 10 000 et 20 000 US$ l’année
leur diplôme en gown and cap (toge et chapeau). mais avec un système de bourse pour les familles
Comme dans les films ! Viennent ensuite le college qui ont peu de moyens).
ou l’university, pour deux, quatre ou six années
d’études supplémentaires. Comme en France, le
© AUTHOR’S IMAGE
Excellence Liberté
Il existe à New York un culte de l’excellence poussé Vus de notre Hexagone, les States incarnent le
à l’extrême qui se retrouve à tous les niveaux de lieu de la liberté par excellence. Les Etats-Unis
l’échelle sociale et dans tous les domaines. Quelle ne se définissent-ils pas eux-mêmes comme
que soit votre activité, il faut être numéro 1 dans « The Land of the Free » ? L’emblème de New
ce que vous faites. Que ce soit le gérant de York n’est-il pas Lady Liberty ? Une notion de
snacks qui clame sur son enseigne être celui à plus à nuancer. Pays libre, oui, mais dont la
New York qui met le plus de pepperoni dans ses société est loin d’être permissive. Dans la culture
parts de pizza, ou l’avocat d’affaires spécialiste anglo-saxonne, on ne badine pas avec la loi.
des fusions acquisitions, tout le monde se doit de A New York plus qu’ailleurs, tout est soumis
posséder un savoir-faire unique qui lui permettra à des règles très strictes, à commencer par
de faire son trou dans une ville aussi compéti- la réglementation draconienne sur le tabac ou
tive que New York, qui réunit tant de monde et l’alcool. L’âge minimum pour en acheter ou en
d’ambitions. Cet état d’esprit imprègne tellement consommer est de 21 ans révolus. Amis lecteurs
les habitants de la ville que, professionnellement de 20 ans, vous n’entrerez pas dans les bars,
parlant, si vous n’adoptez pas le discours de la même accompagnés d’un adulte responsable.
confiance et de la compétence absolue, vous Dans l’Etat de New York, si on est majeur à 18 ans
aurez du mal à être pris au sérieux. Même dans et donc suffisamment responsable pour voter, on
le métro, un musicien posté sur une bonne place ne l’est cependant pas assez pour se désaltérer
(la station Times Square par exemple) se verrait d’une bière un jour de canicule… Depuis février
vite concurrencé et remplacé par un autre plus 2011, fumer est interdit presque partout, même
performant s’il ne se montrait pas à la hauteur. sur les plages et lieux publics (Central Park, Times
Bref, dans le monde du travail à New York, il faut Square, etc.) ! Quant au droit de manifester, s’il
montrer les dents et assurer ensuite. existe, la municipalité a cependant les moyens de
contourner la loi lorsque les revendications vont
Dont stop, wont stop ! à son encontre ou à contresens du courant : on
Le rythme de vie local est effréné à New York ! ne compte plus les cas où l’ancien maire Rudolph
On vit et l’on s’active 24h/24. Une ville élec- Giuliani s’est fait semoncer pour non-respect de
trique, individualiste où tout le monde court ce droit fondamental de la Constitution américaine
partout et pour tout. Beaucoup de ceux qui s’y qu’est la liberté d’expression. Les Etats-Unis
installent pour travailler débarquent avec de sont néanmoins un pays où l’on se sent libre.
l’ambition et l’envie de réussir. Les Américains La communauté Amish, en Pennsylvanie, en est
travaillent beaucoup, les New-Yorkais encore le reflet le plus révélateur : séparés du monde,
plus. Avec deux à trois semaines de congés les Amish mènent une existence selon leurs
payés par an, des heures extensibles, et propres traditions, leurs propres règles, parlent
beaucoup de New-Yorkais qui cumulent deux leur propre langue et ont leurs propres écoles,
boulots, on est loin des 35 heures qui, vues de sans que rien ni personne ne vienne interférer
là-bas, paraissent comme une aberration non dans leur communauté ni entraver leur champ
seulement économique, mais aussi de vie. d’action ou leur bonheur de vivre la vie comme ils
Comment peut-on avoir aussi peu d’ambition et l’entendent. Bien avant tout autre pays non arabe,
vouloir aussi peu travailler et se réaliser ? Les des écoles musulmanes ont ouvert à New York,
New-Yorkais débutent souvent la journée vers avec enseignement en deux langues et appren-
9h-10h et quitte rarement le travail avant 18h30. tissage religieux. Malgré le 11 septembre et la
Et quels que soient leurs horaires de travail, les tension entre les Etats-Unis et le monde arabe,
New-Yorkais aiment sortir le soir en semaine. ces écoles n’ont jamais été menacées. Le voile
Avec leurs collègues de bureaux ou entre amis n’est pas interdit et il serait impensable pour un
dans un bar à cocktail ou devant un match de Américain de voter une quelconque loi qui serait
sport. Quant aux habitants des quartiers riches, restrictive envers des signes religieux. La notion
ils sont nombreux à se rendre dans une salle de de laïcité est absurde pour un Américain. Ainsi,
musculation. Il n’est pas rare de voir au travers servir au restaurant avec un voile ou une kippa
de la baie vitrée d’un bassement (sous-sol d’un ne sera jamais un problème aux Etats-Unis.
bâtiment accessible de la rue par un escalier Afficher son appartenance à une religion ou à une
en fer) un homme pousser de la fonte ou une communauté n’est pas mal vu. On parle souvent
femme courir sur un tapis roulant à 1h du matin du melting-pot new-yorkais, mais contrairement
alors qu’on rentre se coucher, exténué par une à ce que l’on peut penser, les communautés ne
journée de visite, repu par un bon repas et un se mélangent que peu et préfèrent cohabiter.
verre dans un bar… Les New-Yorkais les moins C’est pourquoi, dans certains quartiers, on ne
fortunés préfèreront eux le yoga, moins cher que parle que l’hébreu, que l’espagnol, ou que le
l’abonnement dans les salles de gym à New York. mandarin, et toutes les publicités, et parfois
MODE DE VIE 65
mêmes les panneaux de signalisation, sont dans plans privés d’assurance médicale à des prix
ces langues-là et non en anglais, sans que cela exorbitants. Obamacare est en application depuis
ne dérange. Là où la France recherche l’inté- le 1er janvier 2014. En 2017, Plus de 20 millions
gration à tout prix et condamne toute forme d’Américains souscrivaient à l’assurance, et 80 %
de communautarisme, les Etats-Unis préfèrent en étaient satisfaits. Les personnes âgés de
la cohabitation, conscients que le pays sera 19 à 34 ans et qui n’avaient jusqu’alors aucune
toujours une terre d’immigrés et qu’il n’est pas assurance ont souscrit en masse. Sans surprise,
nécessaire d’avoir un drapeau américain à sa la loi rencontre un plus grand succès dans les
fenêtre pour se sentir Américain. Si quelques Etats démocrates que dans les Etats républicains.
tensions existent parfois – par exemple entre les Des millions d’Américains restent encore sans
juifs hassidiques de Brooklyn et les populations assurance et il faudra encore attendre des années
blanches ou hispaniques voisines – de manière avant que la majorité d’entre eux soit assurée.
générale, ce modèle d’intégration par la coha- Les contrats d’assurance mis à disposition par la
bitation fonctionne parfaitement à New York. réforme de la santé sont encore trop chers pour la
lower middle-class, et de nombreux Américains
Protection sociale préfèrent payer une amende (une centaine de
DÉCOUVERTE
Le 28 juin 2012, Barack Obama est entré dans dollars pour les plus démunis en cas de non-
l’histoire de la protection sociale aux Etats- souscription à une assurance santé) plutôt que
Unis, après les présidents Truman et Roosevelt. de débourser 200 US$ par mois pour s’assurer.
Ce jour-là, la Cour suprême a en effet validé sa Il est à noter que le nouveau président des Etats-
réforme de la santé à cinq voix contre quatre. Unis, Donald Trump, s’est fait élire en promettant
Le projet a vocation à assurer au plus grand notamment de mettre fin à l’Obamacare, décrié
nombre une couverture sociale minimale, qui leur par les républicains. Depuis son élection, il est
évitera de risquer la faillite lors d’une éventuelle néanmoins revenu sur ses propos, affirmant qu’il
maladie. Quant aux assurances privées, elles ne jetterait peut-être pas à la poubelle le système
ne pourront plus lâcher leurs clients pour des de santé façonné par l’administration Obama mais
raisons financières ou médicales. Source de débats qu’il pourrait l’amender, conscient que construire
permanents entre républicains et démocrates, la un nouveau système de santé pour la deuxième fois
couverture sociale est du ressort du gouvernement en dix ans pourrait s’avérer périlleux. Finalement, la
fédéral. Très différente de celle que l’on connaît réforme de l’Obamacare a été rejetée par le Sénat
en France, la sécurité sociale existe néanmoins et demeure l’un des premiers échecs notables
aux Etats-Unis. Jusqu’au succès d’Obama, elle de l’administration Trump. Mais en faisant voter
ne concernait cependant que des catégories de en décembre 2017 une baisse d’impôts notable
population bien précises : Medicare, pour les et l’annulation de l’amende en cas de non sous-
personnes de plus de 65 ans et les handicapés ; cription à une assurance santé, Trump tient sa
Medicaid, pour la population la moins aisée. revanche en menaçant le bon fonctionnement du
Les autres Américains devaient souscrire à des fragile Obamacare
Quant aux Haïtiens et aux Afro-Américains, autant d’un vrai melting-pot, autrement dit,
c’est à Jamaica qu’ils descendront, prompts à dans la grande marmite, les ingrédients
passer chercher des beef paties ou des acras mijotent-ils tous en même temps à la manière
de morue pour le dîner, après des « adieu, d’un pot-au-feu, ou chaque ingrédient
à demain » formulés de temps à autre en bouillonne-t-il individuellement dans son propre
créole. Est-ce à dire qu’on ne se mélange récipient ?
pas ? Disons qu’on se mélange assez peu.
Toujours est-il que ces communautés étrangères
ont pour point commun un déracinement qui
Une ville dentrepreneurs
ne se vit, certes, pas sans mal, mais qui est Dans le monde du travail, la flexibilité sociale
adouci par la possibilité de retrouver les siens, est réelle et fondée sur une reconnaissance
tout en caressant le rêve de s’intégrer dans de l’individu davantage basée sur le talent
ce pays. personnel que sur des diplômes accumulés sur
un curriculum vitae. Il n’y a aucune ingérence
de l’Etat dans les affaires privées, ce qui se
Entre communautarisme vérifie principalement dans tout ce qui touche
et intégration au business. Pour caricaturer, croyez-vous
Qu’ils s’appellent Chinatown, Little Odessa, qu’une banque française suivrait dans ses
Astoria, Little Italy, El Barrio ou Williamsburg, projets et ses besoins de financement, un
les quartiers new-yorkais sont l’image jeune de 20 ans, étranger, n’ayant pas le bac,
vivante de ce grand brassage de population. arborant cheveux longs et jeans troués ? Cela
arrive rarement, voire jamais en France. C’est
Chacun occupe la place qu’il s’est choisie,
monnaie courante à New York où la vision
avec ses propres repères. New York sait
du risque n’est pas la même et où seuls les
préserver l’identité de ses ethnies, tant par la
résultats font foi. Une entreprise se monte en
multiplication des lieux de culte (synagogues,
quelques jours seulement. Il y a peu d’entraves
églises, mosquées, temples, etc.) que par la
administratives, tout va très vite, tout se défait
possibilité qu’elle laisse à chacun de conserver
et se refait en un rien de temps. Mais la liberté
sa langue – donc son identité – tout en lui
absolue ne va pas sans abus.
offrant la possibilité de s’intégrer et de réussir.
Pour faire de l’argent, on a tous les droits,
Plus de dix communautés émettent des
même de travailler 90 heures hebdomadaires
programmes sur les chaînes de télévision et
avec quatre jobs différents, même d’employer
éditent leur journal quotidien dans leur langue.
quelqu’un tous les jours de la semaine pour
Le but : comprendre ce qui se passe dans le
7,25 US$ de l’heure. Cela marche au swim or
monde. Un atout majeur pour une intégration
sink (marche ou crève, littéralement « nage ou
réussie. Les distributeurs bancaires ou
coule »). C’est aussi au nom de cette liberté
circulaires sont, pour la plupart, tri ou
que la législation dans tel ou tel secteur fait
quadrilingues. Ces machines s’adaptent
si souvent défaut. Un récent litige opposait
aux langages des diverses communautés.
l’Europe et les Etats-Unis au sujet de la
En matière de respect des différences, New York
protection des données personnelles des
est number one, ce qui permet une assimilation
individus : en effet, dans ce pays, n’importe
sans perte d’identité. Les choses ne s’arrêtent
quelle entreprise peut à tout moment mettre le
pas là. Rien n’est négligé, rien n’est laissé au
nez dans votre passé universitaire, judiciaire,
hasard, tout est pensé et structuré en matière
médical ou financier. Où sont les limites ?
d’intégration comme en témoigne l’institution
systématique des cours d’apprentissage
d’une langue commune, l’anglais, condition La drague à la new-yorkaise
élémentaire et indispensable pour une parfaite Très différents de l’Europe, les mœurs et les
immersion. Collèges (Junior High Schools) et codes de séduction demandent un véritable
lycées (High Schools ) organisent des cours apprentissage. Si un Européen va suivre son
spéciaux d’anglais appelés English Second instinct ou sa « méthode » habituelle pour
Language (ESL) dont bénéficient pendant deux conquérir sa belle, l’Américain, le New-Yorkais
ans les nouveaux étudiants, et qui s’ajoutent en particulier, va suivre une démarche bien
aux autres disciplines du cursus normal rodée. Ici, l’on fixe un date. C’est-à-dire que
partagées avec les lycéens américains. Quant l’on invite sa belle à prendre un verre ou à
aux Public Libraries (bibliothèques municipales), dîner, dans un premier temps. L’adresse a
elles offrent gratuitement plusieurs heures généralement été choisie par l’homme de la
hebdomadaires de cours d’ESL aux adultes situation pour montrer qu’il sait prendre des
récemment arrivés. New York tient ses initiatives. Pendant ce premier rendez-vous,
promesses par son organisation en matière qui peut ressembler à un entretien d’embauche
d’intégration et d’assimilation. S’agit-il pour pour un Européen non averti, il ne se passera
MODE DE VIE 67
DÉCOUVERTE
toutes circonstances… A noter : on peut avoir ponts, dans les sous-sols de Grand Central
plusieurs premiers dates en parallèle, puisque Station, dans le Bowery ou à l’Armée du Salut
ceux-ci n’engagent à rien dans un premier l’été. Certains se sont organisés, vendant leur
temps… Et oui, il y a du vrai dans la série propre presse, par exemple Street News. Achetez
Friends ! ce journal (1 US$) ; ça ne réglera pas le problème
de la misère en Amérique, mais ça permettra à
Le droit à la différence beaucoup de tenir le coup. Des homeless qui se
Le droit à la différence existe vraiment aux sont transformés en mendiants professionnels
Etats-Unis, à plus forte raison à New York, qui vous solliciteront régulièrement, surtout dans
abrite un nombre considérable de communautés le métro. Donner, ou pas, est une question
avec leurs particularités raciales, sociales, d’éthique personnelle. On est confronté au
culturelles et religieuses. Ce respect des autres même problème au Caire ou en Inde… Sous ses
se révèle dans des domaines collectifs comme la airs de capitale du monde occidental, New York
diversité des lieux de culte, l’affichage bilingue cache des bas-fonds dignes d’une mégalopole
des stations de métro (Chinatown), la traduction du tiers-monde.
systématique en deux ou trois langues des
circulaires scolaires destinées aux parents, Puritanisme et censure
des fiches de recensement de la population, Vous le constaterez rapidement, à la télé
des informations concernant les transports américaine, vous n’entendrez jamais le moindre
en commun, ou des distributeurs bancaires fuck, ni n’apercevrez le moindre sein à l’écran.
s’adaptant aux minorités environnantes. L’image et le son sont toujours brouillés dans
De même, on retrouve cette tolérance ces cas-là. Dans le même esprit, vous aurez
vis-à-vis de l’homosexualité, réalité quasi sans doute remarqué que les vitrines de prêt-
permanente vécue sans honte ni retenue (un à-porter sont périodiquement tapissées avec
quart de la population new-yorkaise est gay du papier kraft. La raison ? « Cachez ce sein
ou lesbien, estime-t-on) : outre leurs bars, que je ne saurais voir ! », autrement dit, une
leurs restaurants, leurs clubs ou autres lieux loi de 1997 qui interdit d’exhiber, le temps
de rencontre, ils ont leur bureau de tourisme, qu’on les rhabille, les mannequins dévêtus.
leur créneau horaire sur une chaîne télévisée Le puritanisme américain a la vie dure et rien
et leur station de radio. Plus individuellement, n’échappe au politically correct. A cette politique
dans le prêt-à-porter, quelles que soient de censure relative au sexe se sont greffées des
ses mensurations, chacun peut trouver une mesures d’assainissement et d’épuration de
coupe de vêtements adaptée à sa taille ou sa la ville. Résultat : une métamorphose plus ou
corpulence : les femmes s’habillent en Petites, moins appréciée de Big Apple. Premier touché :
Misses ou Women ; les hommes en Small, Times Square, devenu méconnaissable et très
Regular ou Tall, bref, chacun est reconnu tel policé aux yeux des personnes qui ont connu
que la nature l’a fait. Dans la vie quotidienne, ces lieux de débauche mais pleins de vie des
exempte de regards réprobateurs, tout est années 1980. Ou même le Meatpacking District
permis, tout est admis, de l’excès pondéral à devenu quartier bling-bling et presque huppé
l’extravagance vestimentaire… Une situation en dix ans, alors que la jeunesse des années
qui reflète peut-être aussi un redoutable 1990 n’osait pas s’y rendre autrement qu’en
anonymat : du droit à la différence au droit à taxi, et seulement si on la déposait devant le
l’indifférence, il n’y a qu’un pas. bar ou la boîte « secrète du moment ».
68 MODE DE VIE
Religion
Record mondial, on recense à New York beaucoup moins nombreux que dans le reste
6 000 lieux de culte : dans les synagogues, des Etats-Unis. Rien à voir avec les grandes
églises, temples, mosquées, se réunissent, villes de la Bible Belt – Nashville, Charlotte,
chaque semaine, les fidèles juifs, catholiques, New Orleans, Savannah, Memphis ou encore
protestants, musulmans, hindous, boud- Dallas – où la religion tient encore une place
dhistes… La tolérance religieuse existe importante dans la vie communautaire,
à New York. En témoigne ce projet de associative et politique. A l’inverse du centre
construction d’une mosquée et d’un des Etats-Unis, les côtes Est et Ouest abritent
complexe culturel islamique à deux pas de une population plus progressiste et moins
Ground Zero qui, bien qu’ayant provoqué de religieuse. Le week-end, les églises à New
forts remous dans l’opinion publique, avait York sont principalement fréquentées par les
autorisé par la ville et était très largement communautés afro-américaines et hispaniques,
accepté par la population de New York. ce qui explique que la plus grosse concentration
Plus qu’une mosquée à proprement dit, le d’édifices est à Harlem, dans le Bronx et dans
bâtiment devait abriter un centre culturel les quartiers hispaniques de Brooklyn et du
islamique, avec un musée et une salle de Queens. A Manhattan ou à Williamsburg,
prière. Le promoteur immobilier a finalement il n’est pas rare de voir d’anciennes
renoncé à ce projet, pas assez rentable, et églises transformées en appartements de
prévoit d’y construire des appartements luxe ou en boutiques et qui sont parfois
luxueux. Si les lieux de culte ne manquent méconnaissables si l’on ne connaissait pas
pas à New York, les pratiquants sont eux l’édifice original.
DÉCOUVERTE
sous la forme de bâtiments carrés de deux
modèle aux édifices publics (comme le Capitole
ou trois étages, avec des balustrades et des
par exemple). Au début du XXe siècle, une nette
éléments décoratifs soigneusement équilibrés.
rupture avec la tradition s’amorça : gratte-ciel
et maisons particulières de style colonial – dus wwLes brownstones. Au milieu du XIXe siècle
principalement à Frank Lloyd Wright – illustrèrent ont été créés de nombreux hôtels particuliers
les nouvelles tendances des constructions archi- (mansions) ressemblant à de petits châteaux
tecturales. Au moment des persécutions nazies inspirés par la Renaissance française, comme
en Europe, de nombreux architectes s’exilèrent en témoigne le bâtiment du Jewish Museum
aux Etats-Unis, et emportèrent avec eux les (1808). Abondante et peu onéreuse, trouvée sur
tendances de l’avant-garde occidentale, ce les rivages du Connecticut River, la sandstone
fut particulièrement le cas des architectes du (le grès) devint le matériau de construction le
Bauhaus de Munich, représentés, entre autres plus courant des années 1800. Dans tous les
talents, par Gropius, Breuer, Mies van der Rohe quartiers résidentiels de la ville, notamment
et dont l’influence fut considérable. Sur le plan à Chelsea et Gramercy Park, on peut voir ces
du renouvellement des formes, l’œuvre de Frank brownstones, petites maisons inspirées de la
Lloyd Wright connut le plus grand rayonnement : Renaissance italienne, de quelques étages,
inspiré par l’architecture japonaise classique, étroites et profondes, et qui se caractérisent
Wright s’employa à intégrer le bâtiment dans le par leur façade marron et leur volée de
paysage, en recourant à des matériaux naturels marches accédant aux étages ainsi que leur
comme le bois ou la pierre. D’autres architectes escalier menant au sous-sol, jadis réservé aux
ont laissé leur empreinte aux Etats-Unis, comme, employés de maison ; de nos jours, ces maisons
pour n’en citer qu’un, Eero Saarinen, auquel on particulières sont divisées en appartements.
doit l’aile TWA de l’aéroport de Kennedy. wwLes cast iron. Lorsque, vers 1850, la
fonte fit son apparition, les cast iron buildings
New York supplantèrent les brownstones, pour des raisons
Eclectisme et contraste définissent parfaitement économiques – la fonte était moins chère que
l’architecture new-yorkaise. Tous les styles, tous la pierre ou la brique – mais aussi pratiques :
les matériaux possibles, toutes les hauteurs et cela permettait de fabriquer les ornements de
toutes les formes cohabitent à Manhattan. Au fil fonderie à partir de moules pour les façades.
de son histoire et des innovations techniques, L’âge du fer avait remplacé l’âge de la pierre.
l’architecture de New York s’est inspirée de C’est à New York que se trouve concentrée la
l’Europe avant de prendre ses propres marques, plus grande collection de façades de ce style,
vers le milieu du XXe siècle. complètes ou partielles. Les plus représentatives
wwLes origines. Du style géorgien caractérisant sont rassemblées dans le SoHo cast iron historic
la période coloniale hollandaise et anglaise district (1869-1895) : à noter la superbe enfilade
au XVIIe siècle, presque rien ne subsiste en allant du 8 au 32 sur Greene Street, et les deux
raison d’incendies qui ravagèrent la ville, magnifiques spécimens, au 28 et 72 de cette
notamment en 1776, ce qui laissa place à de même rue.
nouvelles constructions. De ce style, il reste wwBeaux-Arts et Art déco. Durant les années
cependant un vestige : Saint Paul’s Chapel, dorées, de 1880 à 1920, l’influence de l’Ecole
dans le Lower Manhattan. Après l’indépendance, française d’architecture des Beaux-Arts a
une architecture de style fédéral s’imposa, plus dominé dans les bâtiments publics et les riches
simple que la précédente inspirée des arts résidences privées.
70 ARTS ET CULTURE
La Frick Mansion (Upper East Side, 1914) est les Américains appellent le glass box modernist
un témoin de cette période d’opulence archi- style. C’est aussi le style du nouveau One World
tecturale pendant laquelle ont été bâtis les plus Trade Center (546 m), construit en béton, en
célèbres édifices de la ville, dont le Carnegie Hall métal et en verre, et aujourd’hui plus haut
(1891) et le Metropolitan Museum (1895) – tous building de l’hémisphère nord.
deux construits sur les plans de Richard Morris wwLe postmodernisme. A l’heure du
Hunt, premier architecte à avoir étudié à Paris en postmodernisme, les formes sont très souvent
1845. L’exposition parisienne des Arts décora- incurvées et à géométrie variable, comme le World
tifs, en 1925, fut le point de départ d’une course Financial Center (1985), le Grace Building, près de
à la créativité pour les architectes, tant pour les l’hôtel Plaza, ou le Park Avenue Plaza, en forme
immeubles d’habitation – le Majestic (Upper East de prisme de verre. La production architecturale
Side), le San Remo (Central Park West) – que new-yorkaise recommence à faire preuve de
pour les gratte-ciel : General Electric Building créativité depuis quelques années. Quelques
(1931), Fred F. French Building (1927), New points de repère : à Midtown, la structure en
York Life Insurance Building (1928), Hemsley losange de la Hearst Tower (300 W 57th St./8th
Building (1929), American Radiator Building Ave) signée Norman Foster and Partners, emporte
(aujourd’hui appelé American Standard Building tous les suffrages. A quelques blocs de là, la tour
et qui abrite le Bryant Park Hotel – 1924), etc. LVMH du Français Christian de Portzamparc (19 E
wwL es sk yscr aper s . P ar allèlement 57th St./Madison Ave) est, à l’image des créations
apparaissaient les premiers skyscrapers (gratte- du groupe, un vrai petit bijou, en verre celui-ci.
ciel) et la course aux dimensions : aujourd’hui, Le Lower East Side connaît une gentryfication, à
plus de 40 édifices new-yorkais dépassent l’image du reste de la ville. Sur Cooper Square, le
les 200 m de hauteur. Le Flatiron Building vit Californien Thom Mayne a achevé la rénovation
le jour en 1902, sous l’œil sceptique de bon de l’université Cooper Union : l’audacieuse
nombre de New-Yorkais doutant de la solidité balafre de la façade dissimule un espace intérieur
d’un édifice de 91 m de hauteur, alors record spectaculaire. Et la forme irrégulière de la Blue
mondial. La structure ? Des piliers verticaux Tower, conçue par Bernard Tschumi, lui confère
en maçonnerie enrobant des colonnes de fer, une forme différente, comme pixelisée, selon le
associés à des poutrelles horizontales formant point de vue d’où on la regarde. Meatpacking
l’ossature portante, ce rôle n’étant plus dévolu à District, avec la construction de la Highline,
un mur porteur continu. Ces progrès, permettant est aujourd’hui le quartier qui bouge le plus
désormais de construire des bâtiments à sur le plan architectural. Les Américains Lindy
charpente de fer combinés avec l’expansion Roy et Neil Denari ont construit des immeubles
démographique (population toujours plus dense de logements d’un nouveau genre, bordant le
vivant de plus en plus à l’étroit) accélérèrent la parc urbain surélevé sur la 23th Street. À côté
multiplication de gratte-ciel. C’est ainsi qu’en du siège de l’entreprise IAC par Frank Gehry
1913 était érigé le Woolworth Building (241 m), (11th Avenue, entre la 18th et la 19th Street),
suivi par le Chrysler Building (1930), de 320 m, d’autres stars comme Jean Nouvel (100 11th
lui-même détrôné un an plus tard par les 60 m Avenue) et le Japonais Shigeru Ban (524 W
supplémentaires de l’Empire State Building. 19th Street) ont apposé leur marque. A ne pas
Déterminé à être le plus haut, le World Trade manquer, la rénovation du 440 W 14th Street, le
Center gagna le pari en 1973 en atteignant 411 m showroom de la styliste Diane von Furstenberg
de hauteur. On est loin des 16 étages du premier par la petite agence new-yorkaise Work AC (notez
gratte-ciel du monde, élevé à Chicago en 1885 ! le « diamant » sur le toit), et, touche d’humour
Devant cette prolifération, une réglementation dans un paysage urbain qui se prend parfois un
fut mise en place : entrèrent alors en vigueur peu trop au sérieux, le Palazzo Chupi conçu par
les mesures de protection contre les incendies, et pour l’artiste prolifique Julian Schnabel : un
ordonnant de construire des escaliers de secours palais vénitien tout rose… à l’angle de la 11th
extérieurs, et la zoning law, exigeant des set- Street et de Washington Street !
backs, autrement dit obligeant de construire les wwToujours plus haut, toujours plus cher.
étages supérieurs en décalé afin de permettre à Tel est le motto des agences immobilières et
la lumière d’atteindre le sol. Le style Art déco fut des architectes dans le New York d’aujourd’hui.
l’objet d’adaptations, comme en témoignent la Une course à la verticale illustrée par la tour
plupart des édifices construits à cette époque, controversée One 57. Ce building de 90 étages
notamment le Chrysler Building et l’Empire qui a coûté 1,4 milliard de dollars a été en partie
State Building. Le World Trade Center (1973), financé par des fonds des Émirats. Durant sa
construit en verre et en acier lesté de béton (il construction, le bâtiment a reçu 19 plaintes
comptait 21 800 fenêtres), représentait, avec d’associations de riverains et de politiciens locaux
l’ONU (1957) et le Citycorp Center (1977), ce que se plaignant de sa hauteur et de l’ombre que le
ARTS ET CULTURE 71
building projettera sur Central Park, qui attendra à Au 225 West 57th Street se construit la Central
son pic un kilomètre ! Il s’agit de la deuxième tour Park Tower, aussi appelée Nordstrom Tower, et
résidentielle la plus haute de New York. Le design, dont le chantier ne devrait pas se terminer avant
que l’on doit à l’architecte français Christian de 2019. À sa finition, le building deviendra le plus
Portzamparc, a été très décrié. L’édifice, dont la haut édifice résidentiel de l’hémisphère nord
façade est entièrement recouvertes de vitres aux (472,40 m). Cette folle course à la hauteur qui
différentes nuances de bleu, a même été élu « pire touche particulièrement Midtown ne semble pas
building de l’année 2014 » par le site Internet de prêt de s’arrêter. La Steinway Tower (438 m), qui
référence Curbed.com. C’est à cette adresse que sera achevée en 2019, et la One Vanderbilt Tower
se trouve l’appartement le plus cher de New York. (461 m), qui ne sera terminée qu’en 2020, deux
Une personne célèbre, qui n’a pas dévoilé son tours érigées à Midtown West, à quelques blocks
identité, a en effet acheté en mai 2012, avant de Central Park, sont elles aussi critiquées pour
même la fin de la construction du bâtiment, un leur ombre qui recouvrira une partie du parc.
duplex dans les deux derniers étages de la tour Parmi les autres projets de longue haleine, citons
pour 100,5 millions de dollars ! Piscine intérieure, la tour de 30 Hudson Yards qui devrait déployer
salle de cinéma IMAX privée, aquarium, salle ses 386,60 mètres de hauteur en 2019, ou
DÉCOUVERTE
de conférence… Les photos de l’appartement encore celle du 9 DeKalb Avenue dont la fin de
laissent rêveur. Depuis l’automne 2015, One57 a la construction est prévue pour 2020 et devrait
été dépassée dans les airs par 432 Park, un atteindre 324,90 mètres. Des projets titanesques
building de 420 mètres de haut, le deuxième plus qui provoquent le désarroi de nombreux New-
haut de la ville. Sans l’antenne posée sur le toit Yorkais qui craignent que ces nouvelles tours de
du One World Trade Center, il s’agirait du plus verre plus hautes que l’Empire State Building,
haut gratte-ciel de New York. Un titre honorifique le Chrysler Building ou le Rockefeller Center ne
qui ne sera plus d’actualité très prochainement ! défigurent l’emblématique skyline de Manhattan.
Cinéma
De New York à Hollywood pour qui le cinéma parlant était « une bêtise
à 100 % », ce progrès allait révolutionner le
L’histoire du cinéma américain débute à New cinéma. En 1930, le dernier film muet est tourné.
York, en 1909, quand Edison y fonde la première Il s’agit de The Poor Millionnaire, de George
compagnie cinématographique, la Motion Picture Melford. Joseph von Sternberg, Frank Capra
Patents Company. A partir de 1915, les studios et John Ford comptent parmi les directeurs
émigrent en Californie, à Hollywood, une petite les plus connus de cette époque. Les studios
ville placée sous le signe du soleil. Idéal pour deviennent des usines à stars : Katharine
tourner toute l’année, en intérieur comme en Hepburn, Henry Fonda, Gregory Peck, Gary
extérieur (l’éclairage artificiel n’était pas encore Cooper, Judy Garland, Gene Kelly, Fred Astaire,
très au point). In Old California, de David Griffith, Ingrid Bergman. Enfin, en 1927, la création du
est le premier film réalisé à Hollywood. C’est Motion Picture Academy of Arts and Sciences
l’époque du film muet et de la première géné- marque le point de départ des cérémonies de
ration d’acteurs nommés Charlie Chaplin, Buster récompenses et de remises d’oscars. Le star-
Keaton, Douglas Fairbanks, Greta Garbo, Rudolph system est à son apogée.
Valentino, Claudette Colbert, etc., dirigés par
de grands metteurs en scène comme Maurice
Tourneur, D.-W. Griffith ou Mack Sennett. Lâge dor du cinéma
De 1930 à 1950, la demande du public se
fait de plus en plus pressante. Les chiffres
Hollywood et le star-system rapportent que, pour la seule année 1938, le
Après la Première Guerre mondiale, c’est nombre d’entrées dans les salles représente
l’époque des premiers grands succès et des 65 % de la population américaine. La première
premiers gros budgets ; Hollywood devient vite superproduction hollywoodienne (1939), Gone
la capitale du cinéma. En 1927, le premier film with the Wind (Autant en emporte le vent), a
avec des scènes parlées sonores est projeté sur détenu le record du plus grand nombre de
les écrans – The Jazz Singer d’Alan Crosland, spectateurs, et ce pendant 60 ans. Quant au
comportant exactement 354 mots – et, en dessin animé, produit essentiellement par Walt
1928, le premier film entièrement parlant (Lights Disney, Blanche-Neige et les sept nains (1937),
of New York de Bryan Foy). Quoi qu’en ait dit il fut le premier à faire l’objet d’un long-métrage,
Eisenstein, l’auteur du Cuirassé Potemkine précédé par Les Trois Petits Cochons en 1933.
72 ARTS ET CULTURE
Le glamour, conférant aux films un certain Dunham, réalisatrice du très récompensé film
réalisme dont le public était friand, est très en Tiny Furniture est la nouvelle étoile du cinéma
vogue à cette époque-là. W est Side Story en indépendant américain. Sa série Girls, qui se
1961, et New York, New York en 1977 sont deux déroule dans le Brooklyn branché, rencontre
films musicaux marquants de cette période un grand succès critique et public aux Etats-
qui immortalisent à jamais le New York des Unis. Autre symbole du renouveau du cinéma
années 1960-70. indépendant à New York, Zach Braff. L’acteur,
connu pour son rôle principal dans la série
Effets spéciaux Scrubs, a rencontré un succès planétaire avec
Garden State. Moins connu en France, Daryl
Curieusement, c’est le succès inattendu du
Wein, étudiant en cinéma il y a encore 4 ans à
film Jaws (Les Dents de la mer) qui inspire les
NYU, s’est fait une place au soleil avec l’excellent
metteurs en scène de la génération suivante sur
film Breaking Upwards, qui n’a hélas jamais eu
le plan des effets spéciaux : pour la première
le droit à une sortie dans l’Hexagone.
fois, un film touche un public de tout âge,
Ces trois réalisateurs ont la particularité de
tout sexe, toute origine et toute catégorie
capter à merveille l’air du temps à New York.
DÉCOUVERTE
socioculturelle confondue. Pour la première fois
Ils filment et interprètent ces jeunes un peu
également, une recette se chiffre en milliards
perdus, légèrement excentriques et gauches
de dollars. En 1977 sort Star Wars de George
dans leurs relations, incapables de se situer
Lucas, et, en 1982, E.T. de Steven Spielberg,
dans le monde, pas plus que dans leur quartier
deux films où les effets spéciaux sont à leur
new-yorkais. La ville n’est plus plus filmée
paroxysme (pour l’époque). Avec l’avènement
comme un musée mais comme un no man’s
des effets spéciaux, les réalisateurs américains
land où les rencontres sont nombreuses mais les
prennent un malin plaisir à détruire Manhattan,
amitiés assez rares. Alors que les films français
de New York 1997 à The Avengers en passant
et certains longs métrages américains renvoient
par Independance Day, Armageddon, Deep
une image carte postale de la ville, une nouvelle
Impact, Godzilla, Le jour d’après ou encore
génération de réalisateurs s’attachent à filmer
Cloverfield.
leur New York, avec ses loyers exorbitants,
ses dates pas toujours réussis, sa solitude,
De nos jours ses petits boulots, etc. Frances Ha, de Noah
La production américaine se porte à merveille, Baumbach, succès critique en 2013, en est un
tant en ce qui concerne ses superproductions bon exemple.
(qu’on appelle blockbusters), qui inondent le
monde entier, que son cinéma d’auteur, fort
heureusement toujours présent. Cette résistance
New York menace Hollywood
Si Woody Allen délaisse de plus en plus souvent
est représentée notamment par l’irrésistible
sa ville natale – bien que Wonder Wheel (2018)
Woody Allen, dont le regard ironique pointe
et le suivant en préparation signent son grand
la société BCBG new-yorkaise ou non, et dont
retour – jamais autant de films n’ont été
les récents films tels Midnight in Paris et Blue
tournés à New York. Ce phénomène, la ville
Jasmine, ont rencontré un petit succès, même
le doit en particulier à l’ancien maire Michael
aux Etats-Unis (chose rare).
Bloomberg et à Andrew Cuomo, gouverneur de
Le réalisateur new-yorkais James Gray aime
l’Etat de New York. Conscients des nombreuses
lui-aussi prendre sa ville comme décor pour
créations d’emplois dans l’industrie du cinéma,
ses films : Little Odessa (1994), The Yards
les deux hommes ont mis en place des crédits
(2000), La nuit nous appartient (We Own
d’impôts très alléchants pour les productions
The Night, 2007), Two Lovers (2008). Son
qui décident de tourner dans la Grosse Pomme.
dernier opus, The Immigrant (2013), plonge
Les studios Steiner, situés dans le quartier de
Marion Cotillard dans les bas-fonds du New
Red Hook à Brooklyn ont notamment accueilli
York des vagues d’immigration du début
les tournages de Men in Black 3, Les noces
du XXe siècle.
rebelles, ou encore Burn After Reading. Si la
plupart des blockbusters sont encore tournés à
New York fait son cinéma Los Angeles (ou Toronto), le cinéma indépendant
Plus de 100 ans après la création de la première a posé ses valises à New York. La plupart des
compagnie cinématographique à New York, la distributeurs et réalisateurs de films indie sont
ville est toujours autant une terre de cinéma. installés à New York et plus particulièrement à
Outre les dinosaures new-yorkais du cinéma Brooklyn. C’est d’ailleurs dans le quartier de de
que sont Spike Lee, Woody Allen et Martin Dumbo que se tient le plus grand marché du
Scorsese, une nouvelle vague de jeunes réali- cinéma indépendant, l’IFP Week, qui se déroule
sateurs talentueux est en train de percer. Lena tous les ans au mois de septembre.
New York à travers quelques films
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Si tant de touristes du monde entier rêvent de son auteur a fini par avouer vingt ans plus tard qu’il
New York, c’est aussi grâce au cinéma qui a s’agissait d’une pure fiction et non d’un reportage.
toujours su rendre la ville belle, fascinante, wwManhattan (1979), de Woody Allen. Jamais
dangereuse, et avant tout animée ! Tour d’horizon un réalisateur n’a aussi bien filmé (ni autant) la
des films les plus emblématiques sur New York. Grosse Pomme que dans ce film au somptueux
wwKing Kong (1933). Les scènes sur l’Empire noir et blanc. Un plan est resté célèbre, celui de
State Building et à la patinoire de Central Park font Diane Keaton et Woody Allen, filmés de dos, au
aujourd’hui partie du patrimoine du cinéma. A voir petit matin devant le pont de Brooklyn. On aurait
également, le spectaculaire remake de 2005 signé pu aussi citer du même auteur Meurtre mystérieux
Peter Jackson. à Manhattan, Annie Hall, ou encore Melinda et
wwWest Side Story (1961). Cette adaptation de la Melinda, qui se passent aussi à New York.
comédie musicale du même nom est un document wwGhostbusters (1984), d’Ivan Reitman. Bill Murray
extraordinaire pour découvrir le New York de la chasse les fantômes à Central Park ou encore à
fin des années 1950 et ses gangs rivaux. A ne la New York Public Library dans ce film délirant.
pas manquer, la scène d’introduction du film, wwOnce Upon a Time in America (1984). Le dernier
un magnifique plan séquence aérien au-dessus film de Sergio Leone retrace l’histoire de jeunes
de Manhattan. voyous du ghetto juif – situé dans le Lower East
wwDiamants sur Canapé (Breakfast at Tiffany’s, Side – qui deviennent les rois du crime organisé.
1961), de Blake Edwards. Cette délicieuse wwWall Street (1987), d’Oliver Stone. Manhattan,
comédie romantique filme les beaux yeux sous le regard d’un trader avide de pouvoir et
d’Audrey Hepburn dans le New York glamour des d’argent. Les vues sur New York depuis les
années 1960, celui de son auteur, l’excentrique bureaux de Michael Douglas sont à couper le
Truman Capote. De très beaux plans à Central souffle. Tout autant que les scènes dans certains
Park sont à découvrir. bars du Financiel District, qui existent encore
wwThe French Connection (1971), de William aujourd’hui, tel le 21 Club.
Friedkin. Un chef-d’œuvre sur la lutte contre le wwDo the Right Thing (1989). Spike Lee se
trafic de drogue à New York. Une scène du film est révèle avec ce film aujourd’hui culte, entièrement
aujourd’hui célèbre : la course-poursuite haletante filmé dans le quartier de BedStuy à Brooklyn.
sous la ligne de métro aérienne D à Bensonhurst, Le long-métrage revient sur les conflits raciaux
à Brooklyn. qui touchaient la ville à la fin des années 1980.
wwLe Parrain (1972), de Francis Ford Coppola. wwLa 25e heure (2002), de Spike Lee. Un drame
Considéré comme l’un des meilleurs films de qui retranscript à merveille le New York post-
l’histoire du cinéma, ce long-métrage sur la mafia 11 septembre. Une lettre d’amour de Spike Lee à
new-yorkaise a été principalement tourné à New York. sa ville, touchée mais toujours vivante.
wwSerpico (1973), de Sidney Lumet. L’histoire vraie wwCloverfield (2008). Rarement la destruction de
d’un flic qui lutte de l’intérieur contre la corruption la ville aura été aussi belle que dans Cloverfield.
généralisée dans la police new-yorkaise. Loin de Le long-métrage montre un New York en ruine sous
montrer un beau visage de la ville, le long-métrage toutes ses coutures, du haut d’un building aux voies
est un formidable témoignage de l’insécurité qui du métro, pour finir à Central Park.
regnait à New York à la fin des années 1960. wwInside Llewyn Davis (2013). Les frères Cohen
wwTaxi Driver (1976), de Martin Scorsese. Ce film situent l’intrigue de leur dernier film dans le décor
ne se limite pas à l’interprétation exceptionnelle bohême du Greenwich Village des années 1960,
du chauffeur de taxi fou par Robert de Niro. C’est sur les pas d’un chanteur folk raté.
aussi un très bon aperçu du New York grunge et wwA most violent year (2014), de J.C. Chandor. Dans
dangereux des années 1970 où Times Square est le New York violent des années 1980, le jeune patron
un lieu infréquentable, pas du tout touristique. d’une société en pleine expansion faisant face aux
wwNew York, New York (1977), de Martin intimidations et vols de ses concurrents doit jouer les
Scorsese. Un hymne à l’amour du réalisateur à funambules pour ne pas basculer dans la criminalité
sa ville natale. Scorsese, originaire du Queens, et poursuivre son idéal d’honnêteté. Magnifiques
magnifie New York sous une musique désormais scènes dans les friches industrielles de New York.
associée éternellement à la ville : New York, New wwBrooklyn Village (2016), d’Ira Sachs. Grand prix
York de Franck Sinatra. du Festival du cinéma américain de Deauville, ce
wwLa Fièvre du samedi soir (1978), de John long-métrage illustre parfaitement la gentrification
Badham. L’histoire d’un jeune séducteur new-yorkais qui touche Brooklyn et l’embourgeoisement de
d’origine italienne dans le Brooklyn disco de la fin certains quartiers. Un film très loin du cinéma
des années 1970. Le film est adapté d’un article plus fictionnel de Woody Allen mais symbolique
de presse de New York Mag publié en 1975, dont du New York d’aujourd’hui.
ARTS ET CULTURE 75
Littérature
L’importante place de New York dans la kerouac, qui décrivit ainsi un mouvement under-
littérature américaine ne date pas de Jack ground et anti-conformiste. Son roman On the
Kerouac. L’un des premiers auteurs à écrire sur Road (Sur la route), aux côtés de Howl d’Allen
sa ville est Washington Irving. Sa description Ginsberg sont les deux plus célèbres livres
du New York du début des années 1800 de ce mouvement. Les deux auteurs, comme
et de la bourgeoisie amuse les Etats-Unis et tant d’autres de la Beat Generation, se sont
l’Europe où sa nouvelle Rip Van Winkle trouve rencontrés à la Columbia University. Leur amitié
un large public. Un des personnages du livre, s’est ensuite poursuivie à Times Square, le
Diedrich Knickerbocker, une descendante d’une quartier des drogues et du sexe libre à l’époque.
famille d’immigrés hollandais, est à l’origine du Et c’est bien sûr dans le quatier bohème de
nom de l’équipe de basket de la ville, les New Greenwich Village que tous les auteurs de la
York Knicks. A la suite de la parution du livre, Beat Generation vont s’installer à la fin des
tous les New-Yorkais aux origines hollandaises années 1950. Souvent, Kerouac et Ginsberg se
DÉCOUVERTE
ont été surnommés Knickerbocker, puis par retrouvaient à Washington Square pour discuter.
extension tous les New-Yorkais de naissance. C’est aussi dans Greenwich Village qu’ils font
la connaissance de leurs amis artistes parmi
La littérature noire lesquels Jackson Pollock et Marcel Duchamp.
Au-delà de la littérature, la Beat Generation a
C’est à New York plus que dans n’importe quelle rendu célèbre un style de vie bohémien, qui
autre ville des Etats-Unis que la littérature noire déboucha plus tard sur le mouvement hippie
a pu s’épanouir. Dès le début des années 1900, de San Francisco.
de nombreux écrivains américains s’installent
à Harlem et ainsi naît dans les années 1920 le
courant Harlem Renaissance, un mouvement Littérature Post 9-11
littéraire qui s’est battu pour les droits civiques Les auteurs contemporains tels Paul Auster,
des noirs. Parmi ces auteurs les plus célèbres, Norman Mailer, Thomas Pynchon vivent
Jessie Redmon Fauset, Wallace Thurman ou aujourd’hui ou vivaient à Brooklyn, dans le
encore Walter White. quartier de Park Slope. Les nombreux auteurs
américains installés à New York ont été
Lintelligentsia new-yorkaise frappé par le 11 septembre 2001 et l’on parle
aujourd’hui d’une littérature américaine post
Le milieu du XXe siècle voit l’émergence de 9-11.
nombreux écrivains new-yorkais. Aux côtés
de peintres et musiciens, ils forment un groupe
© AUTHOR’S IMAGE
On peut citer entre autres Claire Messud avec à New York et à ses habitants, le plus connu
The Emperor’s Children, l’histoire d’un groupe étant son roman Le bûcher des vanités. Publié
d’amis new-yorkais qui se retrouvent après les en 1987, ce best-seller mondial raconte de
attaques, Brooklyn Follies de Paul Auster pour manière satirique les angoisses et les vices des
sa description du New York en reconstruc- traders de Wall Street. Dans un style tout à fait
tion, The Good Life de Jay McInerney dont une différent, citons aussi la prolifique auteure Joyce
partie du livre se passe pendant les attentats. Carol Oates, née en 1938 dans l’Etat de New
Ce mouvement littéraire, analysé par Richard York, à qui l’on doit une centaine d’ouvrages.
Gray dans l’excellent After the Fall, est encore On retient notamment Masque de sang, une
aujourd’hui dominant parmi les auteurs résidant plongée troublante dans la scène underground
à New York. Un des plus célèbres romans de New-Yorkaise mais aussi dans la haute société
ces dernières années, Bleeding Edge de Thomas de la Grosse Pomme. Citons enfin l’auteur
Pynchon, publié en 2013, est une histoire contemporain originaire de Louisiane Garth
policière se déroulant pendant les attaques Risk Hallberg, ancien étudiant de NYU, dont
du 11-Septembre. Autre roman majeur de ces le premier roman fut un phénomène mondial.
dernières années, Le Chardonneret de Donna Pré-acheté 2 millions de dollars par la maison
Tartt, prix Pulitzer 2014, un thriller noir sur la d’édition Knopf, ce qui en fait le premier roman
solitude qui débute par un attentat dans un le plus cher au monde, City on Fire a été très
musée new-yorkais. largement comparé au Bûcher des vanités de
Tom Wolfe. Cette fresque urbaine se déroule
New York, plus beau décor dans le New York des années 1970 et suit une
enquête policière autour d’un meurtre à Central
des romans américains Park le soir du nouvel an. Sous la plume enlevée
De tout temps, New York a inspiré les auteurs et nerveuse de l’auteur, New York explose aux
pour sa décadence, sa violence, sa beauté, sa yeux du lecteur pour tout ce qu’elle avait de
laideur, sa folie. Né en Virginie mais New-Yorkais plus fou, anarchique, violent et terriblement
de cœur, Tom Wolfe a consacré bien des récits excitant à cette époque.
Médias locaux
Presse 93.9) la seule station gouvernementale, et
également plusieurs stations locales : WNYU
La presse s’achète partout. Non seulement chez
(89.1), la radio de l’université de New York
les marchands de journaux et dans les kiosques
avec musique et débats, WABC (770 AM),
(repérables en particulier le samedi, quand
que l’on peut comparer à Europe 1, New York
montent les piles du New York Times dominical
Weather (87.5) pour la météo, et ESPN NY
comme s’il allait y avoir un siège), mais aussi
(98.7) pour suivre en direct les matches des
dans les supermarchés, dans les drugstores,
différentes équipes de la ville.Pour la musique
dans les Starbucks… Grâce à la publicité et à il y a l’embarras du choix WBLS (107.5) pour le
des paginations impressionnantes, la presse R&B, WBEE (92.5) pour la country, Z100 (100.3)
quotidienne américaine est exemplairement pour les hits du moment, WQHT (87.1) pour le
bon marché. A cette presse, s’ajoute celle des hip-hop.
vingt et quelques communautés qui éditent
leur journal quotidien dans leur propre langue.
Comme en France, la presse gratuite a connu Télévision
un essor dans les années 2000. Deux quotidiens Il existe une chaîne locale à New York, NY1. On y
sont distribués dans les grandes stations de trouve des bulletins d’informations réguliers
métro chaque matin : Am New York et Metro. centrés sur l’actualité locale, la météo, des
Autres gratuits qui vous renseigneront sur les programmes sur l’art de vivre new-yorkais, et
événements culturels de la semaine et les de nombreux émissions sur les restaurants
séances de cinéma : Village Voice et Time Out. et bars de la ville. Sachez que, comme
France 3, les grandes chaînes américaines
ont toutes un décrochage local, notamment
Radio pour les informations. CBS, ABC, FOX, TBS
La radio n’a pas une place très importante proposent notamment un JT sur l’actualité
dans l’univers des médias à New York. Il y new-yorkaise à 23h. Faits-divers glauques
a bien sûr NPR, (appelé WNYC à New York, garantis !
ARTS ET CULTURE 77
DÉCOUVERTE
des surnoms de New York). Très pratique pour se
sur la scène de Broadway, avec des résumés
tenir au courant des événements culturels, des
de pièces de théâtre. C’est aussi ici que vous
potentiels problèmes sur les lignes de métro…
pourrez acheter des billets de dernière minute.
Et des faits-divers les plus sordides.
wCITY GUIDE NY
w GRUBHUB
www.cityguideny.com
grubhub.com
Un guide en anglais de la ville très exhaustif.
Un site très pratique pour se faire livrer à domicile.
w CRAIGSLIST Mis à part les établissements chics, presque
newyork.craigslist.org tous les restaurants sont présents sur le site.
LE site que tous les New-Yorkais consultent.
Offres d’emploi, de stage, annonces pour
wMENU PAGES
Un site très pratique en ce sens qu’il permet
des colocations, des appartements, objets
de consulter tous les menus des restaurants
en vente… Ce site de petites annonces très
complet est une référence à New York et aux de la ville en ligne.
Etats-Unis. Attention aux spams néanmoins ; et w NEW YORK MAG
ne payez rien par Internet ! Mieux vaut rencontrer nymag.com
en personne le vendeur à New York. Le bi-mensuel de référence à New York.
w DAILY NEWS Un mélange d’actualité et de reportages, de
www.nydailynews.com grave et de léger. Le site Internet de New York
Potins et gros titres à sensation. A aussi son Mag possède un listing très complet de tous
édition du dimanche, avec une très bonne les restaurants de la ville, avec des critiques
sélection sur les activités culturelles et autres. assez précises.
C’est le journal populaire de New York. w NEW YORK POST
w FIAF www.nypost.com
www.fiaf.org Le journal des scandales et des unes de mauvais
reception@fiaf.org goût. Le New York Post s’est fait remarquer en
Le site de l’Alliance française de New York, France pour s’être lâché lors de l’affaire DSK à
qui organise de nombreux événements fran- New York.
cophones à New York. w NEW YORK TIMES
w FRANCE-AMÉRIQUE www.nytimes.com
www.france-amerique.com customercare@nytimes.com
info@france-amerique.com Le concurrent du Washington Post, l’équivalent
Le seul magazine bilingue (français-anglais) du Monde et de Libération réunis, représente la
aux Etats-Unis. Le mensuel et le site Internet pensée libérale. Il publie chaque jour une section
contiennent des articles concernant l’actualité d’informations locales « Metropolitan News ».
française et américaine. Le vendredi, c’est un supplément « week-end » avec
des adresses et des renseignements sur les sorties,
w FRENCHFLICKS la programmation des spectacles, des concerts et
frenchflicks.com des divertissements et le dimanche également
FrenchFlicks est un site qui liste toutes les sous la rubrique « Arts & Leisure ». Comptez bien
projections de films français aux Etats-Unis. une journée pour lire l’intégralité du quotidien !
78 ARTS ET CULTURE
Musique
A l’image de la ville, la musique qu’on écoute retour au style New Orleans) et souhaitent le
à New York est résolument éclectique et réhabiliter en tant qu’art afin qu’il cesse d’être
cosmopolite. La grosse pomme ne compte-t- considéré comme simple divertissement. Par
elle pas parmi les meilleures programmations conséquent, on assiste à l’élaboration d’un jazz
de comédies musicales au monde ? Quand beaucoup plus savant, tant par la mélodie et
Broadway fait son show, le reste du monde l’harmonie que par le rythme, où l’improvisation
suit. Les festivals se suivent à la vitesse de la musicale prédomine sur le thème lui-même,
lumière, en été à Central Park, en hiver, dans des avec grande liberté du jeu et déplacement des
locaux plus ou moins underground. Sans aucun accents rythmiques : le rythme fait désormais
doute, la ville est un paradis pour mélomanes… partie intégrante de la partition et ne sert plus
seulement d’accompagnement. Cette réaction
donne naissance au be-bop, dont les grands
Musique classique et contemporaine virtuoses seront Charlie Parker, Dizzy Gillespie,
DÉCOUVERTE
La ville a attiré bon nombre de grands compo- Kenny Clarke, Thelonious Monk… A la même
siteurs et interprètes. Citons par exemple période, apparaît à New York un autre style : le
Anton Dvorak (qui y composa sa 9e Symphonie latin jazz, phénomène qui coïncide avec l’arrivée
dite « du Nouveau Monde »), Charles Ives, de nouveaux rythmes d’origine portoricains,
Aaron Copland, George Gershwin, Leonard brésiliens et cubains (Antonio Carlos Jobim,
Bernstein, Maria Callas, Elliott Carter ou Joao Gilberto, Stan Getz).
encore John Cage. Les salles de concert Une nouvelle réaction se dessine vers 1949,
comptent parmi les meilleures au monde : amorcée par des musiciens blancs (disciples
le Metropolitan Opera, le Lincoln Center, le de Charlie Parker) de la côte ouest du pays, qui
Carnegie Hall ou la Brooklyn Academy of Music jugent le be-bop musicalement trop expres-
ont vu défiler les artistes majeurs du XXe siècle. sionniste. C’est pourquoi on l’appelle Cool Jazz
Et l’orchestre philharmonique de New York, ou West Coast. Le mouvement gagne bien
dirigé par le new-yorkais Alan Gilbert, reste vite l’ensemble des musiciens jazz et durera
une référence absolue. jusqu’en 1955 (Lester Young, Lennie Tristano,
Lee Konitz, Chet Baker, Gerry Mulligan, Stan
Getz). De 1954 à 1960 s’opère le retour au jazz
Jazz noir. Par réaction au mouvement précédent,
Le jazz est né à la Nouvelle-Orléans avant des musiciens noirs new-yorkais, jugeant le
d’essaimer vers le nord, à Chicago d’abord, Cool trop artificiel et trop mou, privilégient des
puis à New York. A partir de 1930, New York sonorités plus dures, un rythme plus violent.
devient le centre d’une réaction contre le Désirant retrouver dans leur musique le jazz
swing. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des origines ainsi que le blues et le gospel, ils
la contestation gronde chez bon nombre inventent le hard bop, aussi appelé East Coast
d’artistes, qui revendiquent le jazz comme (Jazz Messengers, Charles Mingus, Thelonious
la musique des Noirs (on parle de revival, ou Monk, Sonny Rollins, Horse Silver, Miles Davis).
Vers 1957 apparaît un mouvement plus violent influence, mélangeant la violence et l’instrumen-
encore que le E ast Coast : le fun-funky (Jazz tation électrique du rock et du funk, et la subtilité
Messengers). Du mouvement noir des années harmonique et sonore du jazz (Leader Weather
1960 naît une expression musicale très spontanée, Report, Chick Corea, Herbie Hancock, John Mc
le free-jazz, qui se libère de plus en plus des Laughlin, Miles Davis), et à la fusion, expression
données traditionnelles et se débarrasse de toute très proche du jazz-rock, mais plus diversifiée
contrainte musicale. Le free connaîtra des heures par ses mélanges de musiques et de rythmes.
de gloire jusqu’au milieu des années 1970 et
au-delà (John Coltrane, Ornette Coleman). Mélange
de gospel et de blues, la soul music trouvera Rock
ses sources dans le désir qu’avaient les Noirs C’est sur la scène alternative de New York que
d’un retour aux origines. Elle sera très en vogue naissent dans les années 1960 des groupes de
dans les années 1970 (Otis Redding, Tina Turner, rock aussi mythiques que le Velvet Underground,
Marvin Gaye, Stevie Wonder). Ces années-là sont gravitant autour de la Factory de Warhol et dont
également marquées par l’apparition du rythm and le leader charismatique, Lou Reed, s’est éteint
blues (R&B), fondé sur les harmonies du blues – en octobre 2013. 10 ans plus tard, en 1974,
la forme la plus ancienne du jazz – et donnant débarquent les Ramones, pères fondateurs
priorité au rythme (Louis Jordan, Ray Charles, du mouvement punk-rock, aux cheveux longs,
James Brown, Ike et Tina Turner), et du rock and blousons de cuirs et jeans déchirés. Un style qui
roll, apparenté au R&B, influencé par la country s’imposa naturellement à toute une génération,
music et rythmé boogie-woogie (Chuck Berry, Little venue assister en masse aux concerts de leur
Richard, Fats Domino). De nos jours, la tendance groupe fétiche au CBGB, lieu de naissance
est au jazz-rock, expression musicale à double autoproclamé des groupes underground. Parmi
ARTS ET CULTURE 81
les groupes de cette époque, citons les New York oublié d’où il venait et a consacré en 2009 une
Dolls, Patti Smith, Television, Blondie ou encore chanson dédiée à New York et à son enfance,
Kiss. Bad Brains, groupe qui tient son nom d’une Empire State of Mind, devenue aujourd’hui un
chanson des Ramones, se reformera à l’occasion hymne de la ville, au même titre que New York,
de la fermeture de la salle de concert CBGB’s New York de Franck Sinatra.
pour trois concerts en octobre 2006. Suite à
cet âge d’or de l’underground new-yorkais, la
scène indé a toujours su garder sa vitalité à New
Electro
Depuis la fin des années 2000, New York ne jure
York, à Brooklyn notamment aujourd’hui, de
plus que par l’électro-pop. Chaque année, un
Sonic Youth à Antony and the Johnson, Interpol,
groupe, originaire le plus souvent de Brooklyn, se
Clap Your Hands Say Yeah, The Raptures, LCD
fait connaître sur la scène nationale et internationale.
Soundsystem, TV on the Radio ou encore The
On peut notamment citer MGMT, Dirty Projectors,
Strokes, groupe phare du renouveau post-punk
Gang Gang Dance, Grizzly Bear, Yeasayer. Des boîtes
des années 2000.
de nuit illégales passant les meilleures groupes
électro-pop de la ville ont ouvert par dizaines à
Hip-hop
DÉCOUVERTE
Brooklyn au début des années 2000. Des soirées
C’est à New York, dans le South Bronx plus précisé- dantesques et baroques organisées par le collectif
ment, que naît ce mouvement culturel et artistique, Danger Party ont marqué les beaux jours de l’électro.
au début des années 1970. Originaire des ghettos Symboles d’une certaine liberté dans un Brooklyn
noirs de la ville, il se répand rapidement dans qui n’avait pas encore subi la gentrification et
le monde, au point de devenir culture urbaine l’embourgeoisement. Si la plupart des salles de
à part entière, mélant danse, musique, dessins concerts illégales historiques ont été fermées par
(graffitis). Et c’est tout naturellement à New York la police pour vente d’alcool sans autorisation, il
que sont nés nombre de grands noms du hip-hop. en ouvre de nouvelles tous les mois, toujours plus
Parmi eux, RZA, né à Brownsville, un quartier très à l’est de Brooklyn dans les quartiers de Bushwick,
défavorisé de Brooklyn. Son groupe, le Wu-Tang Bedstuy et à Ridgewood dans le Queens. L’électro
Clan, s’est formé en 1992 à Staten Island et a devenu un style musique mainstream, New York
eu une influence considérable sur la scène rap tient encore une place importante dans la ville grâce
mondiale. Considéré par le magazine Rolling au festival Electric Zoo lancé en 2009 et réunissant
Stones comme le meilleur groupe de rap de tous les meilleurs DJs de la planète. On assiste même
les temps, le Wu-Tang Clan a aussi lancé de très depuis le début des années 2010 à un retour
nombreux rappeurs alors méconnus. Autre natif en force de la scène électro underground, plus
célèbre de Brooklyn, Biggie (ou The Notorious précisément du côté de Brooklyn.
B.I.G.), un rappeur qui connut la gloire dans les
années 1990 grâce à son flow très lourd et ses
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