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TRAVAUX PRATIQUES

INJECTION THERMOPLASTIQUE
Albin JOSSE
11 février 2022

Résumé
Le procédé de mise en forme de matières thermoplastiques est une technique de fabrication de pièces en grande série. En
effet, ce procédé permet une cadence de fabrication élevée (le temps pour produire une pièce est de l’ordre de la minute), et
ainsi permet un coût de production par pièce faible. Ce processus est donc très utilisé dans l’industrie.
Pour comprendre et gérer ce procédé des notions de thermique sont indispensables. C’est pourquoi, il est essentiel
d’acquérir en tant qu’ingénieur thermicien, la démarche d’analyse de ce procédé thermique.

1 Principe de fonctionnement
Une machine à injection plastique peut être décomposée en
deux parties : une partie injection où le matériau est traité ;
une seconde partie est consacrée à l’injection. Nous allons
donc dans un premier temps étudier l’unité de traitement de
matière, et dans un second temps l’unité où le thermoplas-
tique est injectés.

Figure 2 – Unité d’injection thermoplastique

Le vérin d’injection permet de déplacer et rapprocher tout


ce système (en particulier la buse d’injection) au moule (voir
section injection). Lorsque la buse d’injection est en contact
avec le moule la vis de plastification se déplace à son tour
pour pousser la matière hors de la buse d’injection.

Figure 1 – Machine à injection thermoplastique 1.2 Phase d’Injection


La seconde partie de la machine est composée d’un moule
avec un plateau mobile afin d’éjecter la pièce moulée (voir
1.1 Traitement Thermoplastique figure 7). Lorsque le matériau est près d’être injecté dans le
Dans un tel procédé le matériau est livré sous forme de moule le vérin de fermeture bloque le moule pour garder la
granule, et le but de ce premier traitement est de changer pression dans la cavité.
l’état de la matière qui est solide en un état liquide pour ainsi Dans un but pédagogique nous avons exercé ce TP sur
permettre une injection dans un moule. un moule instrumenté dans l’intention de s’approprier les
La figure 2 représente l’unité de traitement et d’injection différentes phases thermique d’un cycle d’injection complet :
des granulés thermoplastiques. Les granules sont disposés – Capteur de pression relevant la pression à l’intérieur du
dans une trémie puis sont convoyés jusque dans la vis de moule
plastification. Cette vis possède un pas variable allant du – Fluxmètre mesurant le flux thermique des deux faces de
plus grand au plus petit pas. Cette réduction de pas per- la pièce
met à la matière d’augmenter sa pression et ainsi d’augmen- – Débitmètre, il relève le débit du fluide de refroidissement
ter sa température, ce qui a pour conséquence de rendre la du moule
matière visqueuse. Des colliers de chauffe sont disposés au- – Thermocouples mesurant la température du fluide à
tour de cette vis pour maintenir la température du matériau l’entrée et à la sortie du moule
devenu liquide.

1
est connu pour être peu chère du fait de la cadence de pro-
duction très élevée. Cependant, cette cadence possède une li-
mite qui est physique, car si nous ne possédons pas un temps
de refroidissement assez long alors la pièce aura des imper-
fections ce qui engendrera des pièces moins solides. Ce pa-
ramètre est réglé visuellement par l’opérateur. Cette presse
instrumentée nous permet de décrire le cycle précisément et
ainsi de déterminer efficacement le temps de refroidissement
indispensable pour le type de matière injectée.

3 Analyse du cycle d’injection


Figure 3 – Unité Moule
3.1 Bilan Thermique
2 Mise en fonctionnement du TP Pour contrôler finement ce procédé il est important de me-
ner à bien un bilan thermique fidèle de cette installation.
Ce TP a permis de nous guider sur la méthodologie à Le système échange de la chaleur avec différents milieux. La
adopter pour régler et faire fonctionner une presse à injec- source primaire de chaleur provient de l’injection du ther-
ter. Cette machine est très couteuse et présente beaucoup de moplastique, celui-ci arrive chaud dans la cavité moulante
points dangereux qui peuvent l’endommager. C’est pourquoi afin de réduire sa viscosité et ainsi pouvoir remplir toute la
chaque réglage doit être réfléchi afin de protéger cet outil de cavité pour produire une bonne pièce. Aussi le changement
fabrication. de phase liquide/solide de certain thermoplastique tels que
les semi-cristallins apporte un second point chaleur prove-
nant de leur enthalpie de cristallisation. Il est aussi impor-
2.1 Fermeture Moule tant d’évacuer cette chaleur même si un outillage chaud per-
La fermeture du moule suscite beaucoup de points d’atten- met une bonne introduction du thermoplastique, mais il faut
tion vis-à-vis du système de fermeture ainsi que du moule. Le bien sûr refroidir cette pièce. Ainsi, l’outillage échange de la
système de fermeture est composé d’une genouillère, ce mo- chaleur avec l’extérieur et des canaux de refroidissement per-
dule est intéressant car il permet d’avoir une pression stable met aussi d’évacuer de la chaleur. Lors de la mise en route
dans le moule. Beaucoup de vigilance est apporté lors du de la presse les thermes de ce bilan thermique sont variables
réglage de pression de fermeture car il ne faut pas endom- jusqu’à une hase où le matériel se met à température de fonc-
mager le moule (prix d’un moule environ 5 000 ¿), il faut tionnement.
être assuré que les axes du moule coı̈ncident bien avant la
mise sous pression pour éviter la déformation du moule ou sa
casse.

2.2 Quantité de matière injectée


Les premières pièces injectées lorsque la machine est froide
ou en phase de réglage sont quasiment toutes du rebus.
Lorsque la machine est froide la matière refroidie plus vite au
contact de l’outillage froid et possède plus de mal à remplir la
cavité du moule. Et lorsque la machine est en phase de réglage
la matière injectée peut être insuffisante pour remplir la cavité
ou trop importante, dans ce dernier cas la machine perd de la
matière. Afin d’effectuer ce réglage nous injectons plusieurs Figure 4 – Schématisation des transferts de chaleur dans un
pièces avec différentes quantités de thermoplastiques, puis ces outillage
pièces sont pesées. Plus la quantité de matière est importante
plus la masse de la pièce est importante. Or, il arrive un point
Ainsi,
où de la matière ne peut plus être injecté dans le moule, dans
Q9p Q9 c Q9 e  0
ce cas la masse de la pièce sature. C’est donc à ce point de
(1)
saturation que la matière injectée est optimale.

3.2 Température Pression


2.3 Temps de refroidissement
Le capteur de pression nous permet d’avoir directement la
Le paramètre du temps de refroidissement est très impor- courbe de pression dans la cavité en fonction du temps. Ce-
tant pour la productivité de la machine. En effet, ce procédé pendant, la température moyenne de la pièce ne peut pas être
obtenue de façon directe, car il est impossible d’instrumenter

2
la pièce injectée d’un thermocouple. On obtient la valeur de est simulé sur Comsol à partir des valeurs de flux thermiques.
la température en utilisant les capteurs de flux présents dans Tous ces résultats sont tracés sur la figure 6.
le moule, les flux couplés à une simulation 1D sur Comsol cal-
cule la température de surface du thermoplastique en fonction 10−2 350
du temps. Ces résultats sont présentés sur la figure 5. RTC Pression

300
350
Pression Température
250
300 58

pression (en bar)


RTC (m².K/W)
200
250 56 10−3

Température (en °C)


150
Pression (en bar)

200
54
100
150
52 50
100
10−4 0
50 50 0.0 2.5 5.0 7.5 10.0 12.5 15.0 17.5 20.0
Temps (s)

0
0 5 10 15 20 25 30 35 Figure 6 – Pression & RTC
Temps (en s)
La réduction de la pression augmente la valeur de cette
Figure 5 – Courbe pression et température pièce résistance thermique dans un premier temps, puis lorsque la
pression redescend à un bar seul le retrait de la pièce induit
Ces courbes nous permettent de relever plusieurs informa- cette résistance thermique jusqu’à une valeur de RTC qui
tions sur le déroulement du procédé d’injection. Comme nous indique que le contact est rompu ( 102 ) entre l’outillage et
l’avons vu précédemment trois phases sont importantes et re- le thermoplastique. Il est donc théoriquement pas possible de
marquables sur ce graphique. La première phase est l’injection refroidir plus la pièce à l’aide des canaux de refroidissement, il
qui s’arrête après une pression de 300 bar et dure environ 2,5 est donc nécessaire d’évacuer la pièce lorsque la RTC devient
s , la seconde étape est le refroidissement de la pièce que l’on trop grande.
perçoit sur le saut de température après 30 s, puis la dernière
phase qui consiste à éjecter la pièce injectée.
4 TP Jule Vernes Factory Academy
3.3 Résistance thermique de contact En plus de ce TP nous avons eu la possibilité d’effectuer
Une résistance thermique de contact (RTC) peut forte- un second TP sur une seconde presse à injecter plus récente.
ment impacter les échanges thermiques ainsi que le temps La presse possède quelques options supplémentaires telles
de refroidissement nécessaire à la pièce. Une résistance ther- que le système hydraulique, qui permet le fonctionnement de
mique de contact apparaı̂t car le thermoplastique se rétracte certains actionneurs, ce système à été complètement changé
au cours de son refroidissement ce qui a pour effet de décoller par des actionneurs électriques. Ceci permet des économies
légèrement la pièce du moule et de créer une lame d’air entre d’énergie sur le fonctionnement de la presse car un système
la pièce et le moule ce qui induit une RTC. La RTC peut se hydraulique demande à toujours être en marche pour créer
définir à l’aide de l’équation suivante : une pression, ce qui demande beaucoup d’énergie. Aussi cette
machine est plus autonome quant à l’approvisionnement des
Tsp ptq  Tso ptq
ϕptq 
granules thermoplastiques. Tout un système de chauffe et
RT C ptq
(2)
d’aspirateur est présent pour permettre à la machine de ne
pas être en manque de matière à injecter. Aussi, un bras au-
Avec,
tomatisé est présent afin de retirer les pièces directement au
RT C, la résistance de contact
niveau du moule puis de les ranger dans des caisses.
ϕ, le flux thermique à l’interface outillage/pièce
La plus grande différence que nous pouvons noter par rap-
Tsp , la température de surface de la pièce
port à la précédente presse à injecter réside dans le moule
Tso , la température de surface de l’outillage
utilisé. En effet, ce moule contient deux cavités (voir figure
Le flux thermique est mesuré par un fluxmètre affleurant
7), la première cavité injecte le moyeu d’une roue de trotti-
à la pièce, puis la température de surface de l’outillage est
nette, puis la seconde effectue une sur-injection d’un autre
mesurée par un thermocouple instrumenté dans l’outillage.
thermoplastique sur le moyeu précédemment injecté.
Seule reste l’information de la température de surface de la
Ce système pose d’autres problèmes thermiques car les
pièce est inconnue. Pour ce faire l’évolution de la température

3
Figure 9 – Injection pneu

un palier de pression après l’injection du thermoplastique.


Cette augmentation de pression a pour effet d’assurer un bon
contact entre la pièce et l’outillage.

5 Conclusion
Les analyses thermiques nous permettent d’optimiser les
procédés d’injection thermoplastiques. En effet, les cycles
thermiques limitent les cadences de production. Il est même
important de respecter les critères thermiques pour concevoir
Figure 7 – Moule presse à injecter JVMA de bonnes pièces injectées.
Aussi, l’automatisation des presses a injecté d’aujourd’hui
nous permettent de faire d’énormes économies énergétiques
deux injections n’injectent pas le même matériau. Le moule
quant à l’utilisation de ces machines.
possède ainsi deux températures de fonctionnement qui
peuvent créer des flux thermiques dans l’outillage.
Nous avons pu observer le cycle d’injection des deux pièces
différentes (voir figure 8 et 9)

Figure 8 – Injection moyeu

Il est intéressant de noter que les deux cycles ne possèdent


pas les mêmes temps d’injection. Cela est dû aux ca-
ractéristiques rhéologiques des deux thermoplastiques, cela
se ressent au niveau de la vitesse d’injection qui est de 11
mm.s1 pour l’un et pour l’autre de 4 mm.s1 . De même,
la pression d’injection pour le moyeu est plus faible que pour
l’injection du pneu.
De plus, lors de l’injection pour les deux pièces nous avons

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