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Le Figaro - mardi 5 juillet 2022

économie

Ces « job hoppers » qui jouent avec le marché


du travail
De plus en plus de jeunes diplômés de moins de 30 ans naviguent d’une
entreprise à une autre.

William Plummer

Lors du dernier baromètre de l’Apec, 47 % des jeunes de moins de 35 ans exprimaient une volonté de mobilité dans les
douze mois. - master1305 - stock.adobe.com

EMPLOI « Entre la fin du deuxième confinement fin 2020 et aujourd’hui, j’ai quitté mon poste en
cabinet de conseil pour rejoindre une start-up spécialisée dans l’agro-alimentaire, avant d’être
débauché par une autre dans les paiements dématérialisés en septembre dernier. Je me laisse
encore quelques mois pour savoir si je m’épanouis. » Comme Thibault, de nombreux jeunes
trentenaires surfent sur un marché du travail tendu et vecteur de nombreuses opportunités.
Conscients d’être parfois dans une situation avantageuse du fait de la pénurie de talents qui ne
s’est pas réduite avec la reprise, certains se plaisent à avoir la bougeotte et changent ainsi
d’entreprise au maximum tous les 18 mois. Une pratique de plus en plus usitée que la littérature
économique a baptisée le « job hopping », et ses adeptes les « job hoppers ».

Si ce concept n’est pas l’apanage des moins de 30 ans, il s’inscrit toutefois majoritairement
dans les usages de cette catégorie d’âge. « On observe depuis toujours une appétence au
changement bien plus forte chez les jeunes. Ils ont bien compris le fonctionnement du marché

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du travail et savent que c’est à ce moment de leur carrière qu’ils sont en position favorable »,
analyse Pierre Lamblin, directeur données, études et analyses de l’Association pour l’emploi
des cadres (Apec).

Lors du dernier baromètre réalisé en mai par l’organisme, 47 % des jeunes de moins de 35 ans
exprimaient d’ailleurs une volonté de mobilité dans les douze mois, contre 39 % pour les 35-
54 ans, et 22 % pour les 55 ans et plus. Autre chiffre parlant : une étude réalisée en 2015 pour
la Vlerick Business School, une école de commerce belge, montrait que les nouvelles
générations changeraient en moyenne 3 fois d’emploi en cinq ans et que 22 % des jeunes
désireraient changer régulièrement d’employeur. Loin est l’archaïque archétype d’une carrière
toute tracée dans une unique ­entreprise…

Pour le sociologue Olivier Galland, cette tendance n’a rien d’un hasard. « La flexibilité du
marché du travail s’opère via les jeunes. Les moins de 30 ans occupent pour la plupart des
emplois à durée déterminée. Cette flexibilité peut générer à terme une instabilité chez cette
population, qui s’habitue à ce cadre puis compose avec », explique-t-il. Tous les observateurs
s’accordent à dire que les plus jeunes générations développent beaucoup moins les notions de
loyauté et de fidélité à l’égard de leur entreprise que leurs aînés. Et les dernières années de
crise ont accentué le phénomène. « Avec l’essor du télétravail, les actifs sont moins au bureau,
créent moins de liens avec leurs collègues et sont de moins en moins attachés à la culture
d’entreprise. De fait, ils ont plus de facilités à partir vers une autre », avance Adrien Scemama,
responsable en France de talent.com, un moteur de recherche d’emploi.

Hausse de salaire et évolution de carrière 

Les motivations à naviguer d’une entreprise à une autre sont nombreuses. Et l’aspect financier
explique en grande partie ces aspirations. D’après les différentes études sur le sujet, le fait de
changer d’employeur permet en moyenne d’augmenter sa rémunération de l’ordre de 15 à
20 %. Des chiffres à mettre au regard des 2 % à 5 % d’augmentation annuelle en interne…
S’ajoutent à cela des considérations d’évolution de carrière, d’adéquation avec ses propres
valeurs et une certaine quête de sens en emploi. « La grande majorité des consultants qui nous
quittent ne vont pas dans des entreprises du CAC 40 comme c’était le cas avant, mais dans la
French Tech, diverses start-up, ou s’engagent dans l’entrepreneuriat », confie Clarisse Magnin-
Mallez, la directrice générale de McKinsey en France.

Si la pratique était mal vue hier, elle semble aujourd’hui entrer dans les mœurs. « Les DRH
voient dans ces profils une grande source d’expérience qui peut profiter à leur entreprise mais
qui présentent aussi une capacité à la flexibilité et à l’adaptation », estime Adrien Scemama.
Reste que si le « job hopping » n’est plus un frein au recrutement, il peut en revanche le devenir
quand il s’agit de faire évoluer en interne un profil ­pareil.

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