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© Dunod, Paris, 2014


Illustration de couverture : © alexandre zveiger - Fotolia.com

ISBN 978-2-10-070770-6
PRÉFACE

Les entreprises actuelles ont besoin de nouveaux leaders-entrepreneurs.


Or, depuis l’entrée dans le nouveau millénaire, les managers voient peser
sur leurs épaules de nouvelles attentes plus ambitieuses et plus écrasantes.
Ils doivent être plus performants, plus responsables, remplir des objectifs
sur le court terme tout en développant une vision à long terme. La société
change, les contours physiques de l’entreprise s’effacent petit à petit pour
de nouveaux périmètres de collaboration plus ouverts. Les compétences
pour accompagner ces changements changent de la même manière. Nous
sommes entrés dès lors dans l’ère du nouveau leadership. Avec la
mondialisation et l’augmentation constante de la population mondiale, il est
impératif de créer de la valeur durable, de développer des idées créatives au
service de cette création de valeur partagée.
Cet ouvrage se présente comme un discours stimulant destiné à insuffler
un nouveau souffle sur la question des compétences professionnelles
nécessaires à ces nouveaux leaders-entrepreneurs.
Pour nous stimuler plutôt que nous rassurer – après tout il est interdit de
ne rien faire quand on parle de l’avenir d’un manager –, les auteurs
s’attaquent à un certain nombre d’idées reçues sur ce qui fait un leader-
entrepreneur idéal. Les temps changent. La mondialisation et les nouvelles
technologies sont en train de rebattre les cartes des métiers, fonctions et
compétences. Les carrières prometteuses ne sont pas réservées à une élite
bien née, bien éduquée et bien vêtue. Les talents sont multiples et leur
richesse est sans limite dès lors que se conjuguent aux mieux les
compétences techniques – hard skills – avec des compétences personnelles
qui sont au service du savoir-être et du savoir-faire : les soft skills.
On peut lire ce livre de plusieurs façons. De la manière la plus simple, cet
ouvrage est une source de découverte pour un nouveau domaine du
management qui traverse une fois encore l’Atlantique en provenance des
prestigieuses universités américaines. Mais il serait réducteur d’en réduire
sa portée à un seul effet de mode managérial, car les soft skills sont plus
qu’un phénomène de mode.
Les leaders-entrepreneurs ont des profils très variés. Mais ils partagent
tous : une soif d’entreprendre, une énergie quotidienne qui se retrouve dans
leur conscience des enjeux et des hommes et femmes, une incroyable
confiance en eux et dans leurs équipes et une bonne gestion du stress au
quotidien.
Vous ne serez pas un leader-entrepreneur en vous satisfaisant de vos
seules compétences techniques. Vous aurez besoin de faire évoluer en
permanence vos compétences comportementales. Ce sont celles qui
distinguent un cadre d’un manager ; un manager d’un leader-entrepreneur.
Alors travaillez vos soft skills et déployez celles qui sauront vous
permettre de donner à votre talent son plein potentiel. Les possibilités sont
immenses et l’avenir sera passionnant pour les leaders-entrepreneurs de
demain.

Patrick Molle
Directeur de France Business School
INTRODUCTION

Les mondes professionnel et académique se sont longtemps penchés sur


les questions relatives aux compétences techniques et les savoir-faire. Dans
un contexte d’inflation de l’information et de développement exponentiel de
la technologie, les entreprises sont devenues de plus en plus exigeantes en
termes de niveau de qualification de la main-d’œuvre. C’est ainsi qu’une
course aux diplômes s’est amplifiée, les étudiants cherchant à être en
meilleure posture pour trouver un emploi ; le diplôme faisant foi du niveau
de qualification.
Cependant, l’augmentation de la complexité dans le monde professionnel
ne peut être appréhendée par les seules compétences techniques : les
entreprises ont de plus en plus besoin de compétences plus humaines, de
savoir-être. Ces compétences permettent de mieux gérer les relations
humaines, de mieux appréhender l’environnement et d’intégrer le bien-être
des salariés, trois besoins fondamentaux de l’entreprise du XXIe siècle. Les
soft skills, « compétences douces », sont une réponse concrète à ces
besoins.
Les soft skills (par exemple : empathie, adaptabilité, pédagogie, créativité,
etc.) existent déjà chez les individus, au moins de manière inconsciente.
Mais s’en rappeler grâce au « réflexe soft skills » permet de les développer
et de les déployer dans son environnement professionnel. Le manager
cultivant et déployant ce réflexe soft skills n’est pas uniquement un vecteur
de performances pour l’entreprise, il devient un catalyseur autour de lui,
développant par la même occasion le potentiel de ses collègues. C’est le cas
de Bernard.
Bernard est très enthousiaste aujourd’hui, il est en pleine discussion avec
une potentielle partenaire commerciale, Sonia. Cette collaboration serait
bienvenue pour ce manager dont le service connaît une nouvelle dynamique
depuis quelques semaines. Bernard laisse toujours la porte de son bureau
ouverte, car pour lui, un bon manager est toujours accessible.
Alors que Sonia s’apprête à répondre à une des questions de son
interlocuteur, un jeune collaborateur pénètre dans le bureau avec
affolement. En s’excusant de perturber la réunion commerciale, le
collaborateur exprime son inquiétude : « Nous avons un collègue vraiment
hystérique au téléphone. Il n’a toujours pas de nouvelle de la livraison qui
devait arriver hier en magasin. ». En l’observant calmement, Bernard
réplique avec confiance : « Rappelle-toi, la règle n° 4… ». Après une
seconde de silence, l’employé retrouve sa sérénité, et quitte le bureau en
remerciant son manager. L’air de rien, Bernard reprend la discussion là où il
l’avait laissée avec Sonia.
Quinze minutes plus tard, l’assistante de Bernard arrive essoufflée dans
son bureau. Totalement paniquée, elle avoue avoir envoyé un mail
important au mauvais destinataire. En souriant, le manager empathique lui
murmure « La règle n° 4, la règle n° 4… ». Levant les yeux au plafond,
l’assistante se calma, le remercia, et repartit toute motivée.
Sonia, interloquée par ces deux situations managériales menées avec brio,
demande à Bernard : « Sans vouloir être indiscrète, puis-je vous demander
quelle est cette fameuse règle n° 4 ? ». Comme s’il s’attendait à cette
question, il lui dévoile le secret de ce management efficace : « La règle
n° 4 ? Elle est très simple, c’est le réflexe soft skills. » En le regardant,
pleine de curiosité, elle lui répondit « Ça m’intéresse, pouvez-vous m’en
dire plus ? ».
C’est alors que Bernard changea le sujet de la discussion commerciale
pour lui introduire le réflexe soft skills et sa raison d’être.
Partie I
LES COMPÉTENCES DE
DEMAIN
1
UN NOUVEL ENVIRONNEMENT
DE TRAVAIL

L’avenir m’intéresse car je compte y passer les prochaines années de ma


vie.
Woody Allen

Notre société est en transition, à cheval entre un monde du travail où


l’organisation de référence était « l’entreprise » traditionnelle, pyramidale et
structurée autour du lien de subordination avec ses compétences techniques,
et un nouvel écosystème agile, responsable, en perpétuelle adaptation aux
grands changements du monde moderne.
Ce chapitre a pour objectif de faire prendre la mesure de la plasticité
actuelle du monde du travail. Plus précisément, faire prendre conscience
qu’une fracture est en train d’apparaître entre ceux, d’une part, vivant déjà
cette mutation sociale et professionnelle, vivant l’avenir dans des lieux
d’échanges et de collaboration, se formant par eux-mêmes à de nouvelles
compétences clés ; et ceux, d’autre part, restant aveugles à cette révolution.
Un nouvel environnement de travail est en train de se dessiner et déjà
deux signaux forts sont observables : le marché du travail est en pleine
mutation et les critères de recrutement sont en train de changer.

Un marché du travail en pleine mutation


À quoi ressemblera le monde du travail dans les prochaines années ?
Quels seront les emplois d’avenir ? Quelles seront les compétences offrant,
faute d’un emploi stable et garanti, les meilleures chances de succès pour
progresser dans sa vie professionnelle ou tout au moins être toujours parmi
ceux privilégiés dans la gestion des ressources humaines de l’entreprise ?
Il n’y a pas de réponses claires et sûres à ces questions. Nul prophète ne
peut voir aussi loin et de manière assez précise pour garantir la voie royale
aux jeunes diplômés ou aux baby-boomers dans leur cinquantaine.
En 2007, Jacques Attali se prêtait pourtant à l’exercice. Il annonçait alors
que la distinction entre travail, consommation, transport, distraction et
formation serait de plus en plus difficile à faire ; que les robots prendraient
à l’avenir une place croissante et qu’ils bouleverseraient le travail
domestique et l’environnement bureautique de bien des ménages et
entreprises. L’avenir du travail donnerait une place de plus en plus
importante au virtuel et favorisera la multiplication des travailleurs et des
entreprises nomades. Pour consolider leur compétitivité, les États pourraient
favoriser un nouvel équilibre des entreprises : les petites, organisées comme
des troupes de théâtre rassembleraient des compétences sur des projets
précis ; et les grandes, orchestreraient le travail des petites autour de la
notoriété de leurs marques. Le tout dans une précarité généralisée de tous
les travailleurs, avec des contrats de travail d’intermittents pour tous. En
d’autres termes, il annonce en visionnaire, et avant la crise économique, que
le monde du travail est en train de muter.
Le constat n’est pas nouveau et, bien des années avant, un autre
futurologue avait prédit une autre révolution s’opérant sous nos yeux. Peter
Drucker, un des principaux papes du management de ces dernières
décennies, annonça combien et comment les « travailleurs du savoir » –
ingénieurs, médecins, avocats et managers – « donneront à la société
émergente du savoir son caractère, sa ligne de conduite, son profil
social[1] ». Cette prédiction ancienne est aujourd’hui vérifiée et la trajectoire
toute particulière de ces professionnels nous permet de décrypter l’avenir
du travail.

Le déclin annoncé des travailleurs du savoir


Pour bien comprendre l’importance du réflexe soft skills, il faut s’arrêter
quelques instants sur la notion de « travailleurs du savoir », terme employé
pour désigner les professions faisant la richesse de notre économie depuis
ces dernières années. C’est à la fois leur apogée et leur futur déclin qui
justifient ce réflexe d’évolution des compétences.
La naissance de la notion de travailleur du savoir remonte à la fin des
années 1950 et la première utilisation du terme se trouve dans un texte
annonciateur d’un des thèmes privilégiés de Peter Drucker[2]. Pour Drucker,
les travailleurs du savoir sont d’une importance particulière car ce sont « les
personnes possédant un savoir et des connaissances théoriques
considérables : médecins, avocats, comptables, ingénieurs en génie
chimique[3] ». Ces professionnels sont ainsi des personnes ayant acquis un
certain savoir théorique lors de leurs études et l’exploitant dans leur vie
professionnelle sans que leur travail ne soit lié à un exercice purement
physique ou manuel.
Depuis Drucker, le travailleur du savoir est devenu un sujet d’étude à part
entière et les définitions pour le décrire ne manquent pas.
Thomas H. Davenport, professeur au Babson College et spécialiste du
Knowledge Management, les définit parfois comme des « personnes avec
un haut degré d’éducation ou d’expertise, dont le premier objectif de leur
activité consiste à créer, distribuer ou appliquer la connaissance […]. Il y a
différents types de travailleurs du savoir, l’un applique la connaissance et
l’autre la crée. » tout en ajoutant : « Je pense clairement qu’il y a beaucoup
de flou, d’ambiguïté et d’imprécisions à propos de ce qu’est un travailleur
du savoir, et ce n’est pas un terme que beaucoup de managers utilisent
facilement.[4] »
Une autre définition simple et suffisamment large pour être consensuelle
est précisée dans le dictionnaire en ligne spécialisé Whatis Techtarget : « les
travailleurs du savoir pourraient être des personnes qui effectuent des tâches
consistant à planifier, acquérir, rechercher, analyser, organiser, classer,
programmer, distribuer, marketer ou encore contribuer à transformer et à
vendre de l’information, mais aussi ceux (souvent les mêmes) qui utilisent
la connaissance ainsi produite[5] ».
Cette nouvelle catégorie de professionnels a clairement façonné, ces
dernières années, le caractère et le profil social de l’ère économique
contemporaine conformément aux prévisions du célèbre chercheur
américain. Ce sont eux qui font et défont les fortunes du capitalisme
financier au cours de ces dernières décennies. Ils sont aux manettes de
l’économie du savoir. Pourtant, ce sujet d’étude est aussi au cœur de
perspectives plus alarmantes quant à la survie de ces professions si elles ne
développent pas de nouvelles compétences.
Daniel Pink, ancien conseiller du vice-président Al Gore, s’est spécialisé
dans l’analyse des transformations de l’économie mondiale, des nouvelles
technologies et des tendances sociétales. Dans son ouvrage L’homme aux
deux cerveaux[6], il résume très clairement la mutation s’opérant face à
l’omnipotence des travailleurs du savoir.
Il décrit la période économique actuelle comme une ère de transition entre
« l’âge de l’information » qui a vu la valorisation des qualités analytiques
attribuées au cerveau gauche ; et une « ère plus conceptuelle » qui verra
prospérer, au contraire, ceux qui savent cultiver d’autres qualités et
compétences complémentaires telles que les soft skills.

Un homme pour deux cerveaux


Le cerveau d’un homme normalement constitué pèse
généralement 2 % du poids total de son corps – soit environ
1,5 kg – mais consomme 20 % des calories qu’il absorbe. Il est
composé d’environ 80 % d’eau, de 10 % de graisses et de 8 % de
protéines.
Mais il est surtout composé de deux hémisphères – dans le cortex
cérébral – qui à elles deux pèsent 80 % du poids du cerveau. Ces
deux moitiés, gauche et droite, se ressemblent mais sont en réalité
très différentes quant à leurs fonctions.
Si depuis très longtemps – depuis Hippocrate – les scientifiques
connaissaient l’importance de l’hémisphère gauche, ce côté est
progressivement apparu comme primordial pour le
développement d’une pensée relationnelle, analytique et logique.
La seconde partie du XIXe siècle a consacré cette prédominance
sous les coups successifs des travaux du français Paul Broca et de
l’allemand Carl Wernicke. Le premier découvre le « centre de la
parole » dans l’hémisphère gauche et plus précisément dans la
troisième circonvolution du lobe frontal. Le second confirme ces
découvertes et ouvre la voie à un raccourci fort utile : si cette
zone du cerveau est le siège de la parole alors le coté gauche du
cerveau est souverain dans la qualification de la nature humaine.
Ce courant de pensée cognitive dominera une grande partie du
XXe siècle jusqu’aux découvertes révolutionnaires du professeur
Roger Wolcott Sperry. Le neurophysiologiste américain obtiendra
le prix Nobel de médecine en 1981 pour ses travaux sur les
connexions entre les deux hémisphères du cerveau. Il mettra en
évidence le rôle singulier de chaque partie du cerveau mais
surtout formulera l’hypothèse que chacune dispose de fonctions
propres, voire d’une conscience propre. La mise en évidence de
cette « asymétrie cérébrale » est une révolution. Puisque chaque
hémisphère est indépendant de l’autre, on peut alors imaginer que
bien des trésors se cachent dans le développement du cerveau
droit : « Le soi-disant hémisphère mineur ou subalterne, que nous
pensions illettré et mentalement retardé, voire dénué de
conscience selon certaines autorités, étant en fait le membre
cérébral supérieur dès qu’il s’agissait d’effectuer certaines tâches
mentales. »
L’homme moderne n’est donc plus doté d’un seul cerveau avec
un hémisphère utile et une partie secondaire mais bien d’un
cerveau double méritant une double attention.

Daniel Pink introduit son best-seller avec les termes prophétiques


suivants :

« Ces dernières décennies ont vu l’essor d’une catégorie de


personnes possédant une certaine tournure d’esprit – programmeurs
capables de produire des codes, avocats de parachever des actes ou
comptables de jongler avec des chiffres. Peu à peu, les clés du
royaume ont changé de main. L’avenir appartient désormais à une
autre catégorie de personnes avec un état d’esprit différent –
concepteurs et empathiques, spécialistes de la reconnaissance des
formes et créateurs de sens. Ces artistes, inventeurs, designers,
conteurs, travailleurs sociaux, consolateurs ou penseurs ayant une
vision d’ensemble récolteront bientôt les plus beaux fruits de notre
société et partageront les plus grandes joies ».

Pour cet auteur, trois raisons annoncent ce besoin de venir compléter les
facultés analytiques – issue du cerveau droit de l’être humain – chères aux
travailleurs du savoir, avec des compétences plus « souples ».

Les compétences des travailleurs du savoir


Daniel Pink introduit la notion de compétences liées aux deux cerveaux :
1. un cerveau gauche plus analytique ;
2. un cerveau droit plus intuitif.
Les compétences techniques seraient ainsi principalement liées au cerveau
analytique. Cependant, les tâches effectuées dans la société occidentale
actuelle impliquent l’autre cerveau également, le cerveau droit, intuitif.
Les compétences douces sont reliées à ce cerveau de plus en plus sollicité.
Selon Le Larousse, une compétence est un « ensemble des dispositions,
capacités, aptitudes spécifiques permettant à tout sujet parlant une langue de
la maîtriser, et qu’il met en œuvre à l’occasion de ses actes de parole
effectifs dans des situations concrètes (ce qui constitue la performance). »
Les soft skills, compétences douces, sont celles permettant d’améliorer la
performance d’un individu sur des tâches différentes et variées,
contrairement aux compétences techniques rattachées à des tâches
spécifiques : elles sont transversales. Ce sont également des compétences
humaines, venant de la personne plutôt que d’un savoir-faire transmis par
d’autres individus.
La créativité et la capacité à prendre des décisions sont par exemple des
compétences humaines, transversales et permettant à la personne à mieux se
sentir.
Suite à cette réflexion, voici une définition des soft skills pouvant être
proposée : une compétence transversale (utile en plusieurs situations
différentes), que nous possédons en chacun de nous et qui aide au
développement durable de l’individu dans son environnement.
La définition proposée ci-dessus se rapproche de la vision anglo-saxonne
à laquelle est apportée une dimension de développement personnel durable.

Qu’en pensent les Anglo-Saxons ?

Voici la définition de soft skill par le dictionnaire d’Oxford (un


des dictionnaires de référence dans le monde) : « Caractéristiques
personnelles qui permettent à chacun d’interagir de manière
efficace et harmonieuse avec d’autres personnes ».
Nous pensons que cette vision des soft skills pourrait aller encore
plus loin, en y ajoutant une dimension de transversalité et de
développement personnel durable. Clive Muir en 2004, dans sa
publication Learning Soft Skills at work, nous propose cette
définition des soft skills : « Le terme décrivant la dimension
interpersonnelle de la vie en entreprise est “compétences douces”.
Les compétences douces sont des attitudes et des comportements
illustrés pendant des interactions avec d’autres individus qui
affectent les résultats de ces rencontres. Elles se différencient des
compétences dures telles que les connaissances techniques et les
aptitudes nécessitant des performances spécifiques pour des
tâches relatives à son métier et plus établies formellement dans
les descriptifs de mission. Dans le passé, il était communément
accepté que les managers et les collaborateurs n’avaient pas
besoin de compétences douces à partir du moment où ils
pouvaient effectuer leur travail. Cependant, même les missions
reposant sur des tâches impliquant des compétences dures
nécessitent des compétences douces également, autant que des
compétences techniques. »

Même si les soft skills peinent à entrer dans le quotidien des entreprises
françaises, les cadres, dirigeants et entrepreneurs sont de plus en plus
nombreux à les intégrer dans leur quotidien managérial. Franck Oniga (voir
témoignage ci-dessous) les utilise afin de stimuler la dynamique de ses
équipes.

Témoignage
Franck Oniga, directeur du marché des professionnels, entreprises et
institutionnels Banques Populaires, BPCE

« Les soft skills sont des compétences que les personnes


n’apprennent pas dans un parcours académique, mais en
travaillant et en appréhendant le rapport aux autres. C’est ce qui
va faire émerger la dynamique collective ou la dynamique
d’équipe. Ce sont beaucoup de petits détails du quotidien que les
managers négligent parfois malheureusement. Comme par
exemple clôturer un projet et réussir à mettre en valeur tous ceux
qui ont contribué à la réussite du projet. Cela passe par de la
convivialité qui permet de souder l’équipe autour d’une
réalisation, ce qui fait émerger les dynamiques d’équipe.
Les soft skills sont aussi le rapport aux autres, la manière dont on
gère la demande, la délégation et le suivi d’un projet. Les résultats
peuvent être meilleurs en étant plus à l’écoute, plus pédagogue et
plus en inflexion qu’en direction. Pour résumer, les soft skills sont
les petits détails du quotidien qui permettent aux équipes de
fonctionner de manière harmonieuse. »

Ces compétences sont d’ailleurs complémentaires avec celles que nous


« apprenons dans notre parcours académique », à savoir les « hard skills »,
comme en témoigne Ruby Braithwaite, manager d’un service international
d’une entreprise française.

Témoignage
Ruby Braithwaite, international marketing manager, groupe Soregor

« Les soft skills sont pour moi un mélange de :


connaissance de soi ;
comportement ;
manière d’interagir avec les autres ;
une vision objective de son professionnalisme ;
capacité à être objectif par rapport à une situation.
Ce sont des compétences qui ne sont pas standardisées par un
système comme une entreprise, une université… contrairement à
des hard skills. Ce sont des aptitudes personnelles que l’on
développe et qui se complètent les unes les autres. Lorsque je me
dis que pour un projet comme réaliser une présentation, j’ai un
niveau de soft skills de 9 sur 10 en visualisation et 4 sur 10 en
prestation orale, alors mon niveau de soft skills général pour cette
tâche est de 7,5 sur 10, ce qui est une bonne moyenne. Vous êtes
toujours à un bon niveau pour cette tâche même si vous avez une
défaillance sur une des soft skills. En revanche, cela ne fonctionne
pas de cette manière pour les hard skills : soit vous les avez, soit
vous ne les avez pas.[7]
Les hard skills sont des compétences standardisées validées par
une institution comme une entreprise ou une université. En
entreprise, vous êtes évalué selon vos hard skills : si vous
remplissez un certain standard, vous atteignez le niveau concerné.
Par exemple mon entreprise a créé des standards en matière de
maîtrise de l’outil Excel. Si vous remplissez les exigences de
niveau 2, alors vous passez au niveau 2, etc. On attend de vous
que vous sachiez faire des choses en particulier. »

Les soft skills sont aussi plus flexibles : certaines personnes ont plus
d’appétences pour certaines soft skills. Chacun peut donc se créer ses
propres standards de soft skills qui lui sont adaptés, plutôt que d’avoir un
standard général comme pour les hard skills.
Les soft skills permettent aussi de gérer sa carrière et son évolution
professionnelle avec harmonie comme en témoigne Pierre-Édouard Sabary
(voir témoignage ci-dessous).

Témoignage
Pierre-Édouard Sabary, responsable CRM, Volkswagen France

« Quand je pense aux soft skills, cela me rappelle ce que me disait


un ancien professeur de mon école de commerce à l’époque :
“Plus vous montez dans la hiérarchie, moins vous travaillez.” Cela
ne voulait pas dire que c’était plus facile, mais que plus une
personne évolue dans la hiérarchie d’une entreprise, plus elle va
manager plutôt qu’effectuer des tâches opérationnelles. Or cela est
difficile car le management repose sur des compétences humaines,
des soft skills qui n’ont pas été enseignées durant un parcours
scolaire et académique. »

Le réflexe soft skills permet de développer et de déployer ses


compétences dans son environnement professionnel.

Une ère d’abondance


Si, pendant des siècles, les existences humaines ont plutôt été marquées
par une logique de pénurie matérielle, l’avènement actuel des travailleurs
du savoir et le développement du capitalisme, dans une économie de
l’information, a plutôt enrichi les populations des pays de l’hémisphère
nord. Le chômage est, aujourd’hui, en développement et la période
économique actuelle plutôt en décroissance. Malgré tout, la société
occidentale baigne chaque jour dans une société de consommation et
d’abondance.
Le niveau d’équipement ménager, électronique, informatique, etc. des
foyers est bien supérieur à celui des générations précédentes. Ces richesses
matérielles inondent aujourd’hui les marchés développés du monde entier.
De plus en plus de personnes guettent la sortie du dernier iPhone ou la
dernière série sur les écrans plats. Pour l’économiste Robert William Fogel,
cette ère d’abondance « a permis d’étendre la quête de l’épanouissement
personnel d’une infime partie de la population à sa quasi-totalité[8] ».
Mais cette période marquée par un fort matérialisme et une satiété de
consommation, a déclenché une seconde conséquence pour laquelle la
pensée rationnelle de l’hémisphère gauche n’a que peu d’incidences : la
recherche de beauté, de spiritualité et d’émotion chez un grand nombre de
consommateurs lors de leur acte d’achat. Une fois le besoin réel et primaire
assouvi, les critères de choix entre deux biens de consommation ont évolué.
Un produit ne doit plus être simplement fonctionnel et à bas prix, il doit
aussi être beau et porteur de sens.
Voici l’exemple d’une marque connue de tous et dont les nouveaux
produits font la une de tous les journaux lors de leur sortie. Les
consommateurs de ces dernières années sont « fous » des produits Apple.
Pas simplement en raison de leur potentiel d’innovation : les produits
concurrents sont aujourd’hui tout aussi innovants. Pas non plus en raison de
leur productivité : les spécialistes avouent même qu’à performance
équivalente les produits Apple sont plus chers de presque 20 %.
Pourquoi des millions de consommateurs aiment les produits Apple au
point d’accepter de payer plus cher pour un produit aux performances
équivalentes à un autre ? Parce que ces produits sont :
Esthétiques : de manière quasi objective, tous les produits de la
marque possèdent un beau design. Quitte à passer 12 heures par jour
devant un ordinateur autant que cet objet donne une certaine joie et
soit agréable à regarder.
Simples : il n’est pas nécessaire de pousser ses compétences
analytiques devant un iPad ou un iPhone. La simplicité gouverne le
fonctionnement des logiciels et du système d’exploitation. L’utilisation
devient alors intuitive plutôt que raisonnée.
Les fruits du travail d’un homme de génie : le charisme de Steve
Jobs était un facteur clairement attractif au moment de l’acte d’achat
de ses produits. L’homme était sympathique – des étudiants ont créé un
site pour lui souhaiter son anniversaire de son vivant –, charismatique.
La perspective d’utiliser le même produit que lui flatte la quête de
singularité et le refus du conformisme.
Les produits Apple parlent à la partie la moins rationnelle du cerveau, à
l’hémisphère le plus « mystique » de la conscience. La preuve en est faite
dans un extrait du documentaire La tyrannie du cool[9] : la parole est donnée
à Martin Lindstrom, spécialiste américain du neuromarketing suggérant que
l’utilisation de l’iPhone active la même région du cerveau que lorsque l’on
est amoureux de quelqu’un. Il conclut : « La marque a dépassé le produit en
générant une émotion particulière. J’appelle cela une religion. »
Dans cette ère d’abondance, les entreprises doivent développer des
stratégies plus élaborées que le simple fait de satisfaire les besoins
fonctionnels, rationnels et logiques de leurs consommateurs. Et pour
travailler pour ces entreprises, il faut de la même manière être en capacité à
intégrer ses nouvelles compétences « soft » à côté de ses propres
connaissances techniques.

L’impact de l’Asie
Depuis quelques années, le spectre de la concurrence asiatique n’est plus
exclusivement braqué sur les problématiques de copie et de propriété
intellectuelle. Les angoisses se cristallisent sur l’externalisation des tâches
dans les pays d’Asie.
Aujourd’hui les travailleurs du savoir occidentaux se trouvent en
concurrence avec les travailleurs du savoir asiatiques. L’Asie est ici prise
comme exemple ; mais il est certain que cette réflexion serait assez
similaire vis-à-vis des différents pays des BRICS : Brésil, Russie, Inde,
Chine et Afrique du Sud. De jeunes diplômés indiens ou chinois sont aussi
compétents qu’un homologue américain ou européen tout en recevant un
salaire de serveur de fast-food. Et pourtant, ils ne se plaignent pas de leur
salaire qui, s’il est dérisoire aux yeux d’un Occidental, représente à peu près
20 fois le salaire moyen d’un jeune actif national et leur permet d’intégrer
une catégorie socioprofessionnelle locale plutôt favorisée. Tous les ans, plus
de 350 000 diplômés en ingénierie sortent des universités indiennes. Plus
encore sont diplômés annuellement en Chine. Et autant au Brésil, en Russie,
etc. Cela concerne de manière générale l’ensemble des travailleurs du
savoir.

Quelques chiffres
Salaire moyen d’un ingénieur américain : 70 000 US $
Salaire moyen d’un ingénieur indien : 8 000 US $
Nombre de diplômés indiens anglophones de haut niveau par an :
250 000
Nombre d’ingénieurs diplômés chaque année : 290 000
Rendement de 1 $ investi en Inde : 1,46 US $, soit 1,13 US $ aux
États-Unis, et 0,33 US $ en Inde (source : McKinsey Global
Institute)
Source : Dossier spécial Radio Canada, 2013 http://www.radio-
canada.ca/nouvelles/dossiers/Inde/1.html

Cette nouvelle migration est de plus encouragée par les gouvernements


manquant de diplômés qualifiés. En juillet 2003, paraissait l’édition
annuelle du Livre blanc sur le commerce extérieur réalisé par le ministère
de l’Économie et de l’Industrie japonais. Il soulignait que « l’ouverture à la
main-d’œuvre étrangère scientifique qualifiée est à la base de la qualité de
l’activité économique ». C’est la première fois qu’un argument en faveur de
l’introduction de travailleurs étrangers hautement qualifiés était développé
dans un livre blanc de gouvernement.
Dans les prochaines années, il y a fort à parier qu’une compétition
acharnée se renforcera, engagée entre les différents États et entreprises
mondiales pour recruter les meilleurs travailleurs du savoir. Surtout lorsque,
à compétences égales mais salaire 10 fois inférieur, le choix se portera plus
facilement vers les travailleurs asiatiques.
L’ouvrage de Pink fait état d’ores et déjà de ce phénomène de migration
avec quelques chiffres significatifs :
Un emploi sur 10 dans l’industrie américaine des ordinateurs, des
logiciels et des technologies de l’information changera de continent
dans les deux prochaines années.
Au moins 3,3 millions de postes d’employés de bureau et des salaires
équivalant à 136 milliards de $ passeront des États-Unis aux pays à bas
coût, tels que la Chine, l’Inde ou la Russie, d’ici 2015.
À lui seul, le Royaume-Uni perdra environ 25 000 postes dans
l’informatique. Plus de 30 000 postes dans la finance partiront vers
l’Inde et d’autres nations en voie de développement dans les
prochaines années. L’Europe aura perdu 1,2 million d’emplois au
profit des régions délocalisées.
La thèse soutenue par l’auteur américain est ainsi très intéressante pour
notre propos. Dans le cadre de son plaidoyer en faveur du cerveau droit, il
soutient que pour tous les métiers du savoir – que ce soit l’analyse
financière, la radiologie ou la programmation informatique, etc. – les
travaux standardisés et routiniers de type « cerveau gauche » pourront être
effectués pour beaucoup moins cher à l’étranger et délivrés instantanément
aux clients via Internet.
L’avenir appartiendra donc à ceux en capacité de développer et de donner
du relief à leurs compétences techniques actuelles à travers leurs soft skills
qui « boosteront » leurs compétences plus « dures ». Les travailleurs du
savoir ne disparaîtront pas comme des « dinosaures de l’entreprise ». Cette
espèce est plutôt un maillon assez moderne de la chaîne alimentaire
capitaliste. Mais sa surpopulation se traduira par une concurrence accrue de
ses membres. Ceux qui voudront « survivre » devront muter avec leur
environnement et se poser la question des compétences qu’ils doivent
acquérir pour rester compétitifs ; et sur le comment se mettre en disposition
pour favoriser cette plasticité de compétences.

La place prise par l’automatisation


Le dernier motif faisant bouger les lignes de l’économie actuelle et de la
place des travailleurs traditionnels du savoir est technologique. Il se résume
en un syllogisme simple : depuis plus d’un siècle, les machines ont prouvé
qu’elles pouvaient remplacer la main de l’Homme. Au siècle actuel, les
nouvelles technologies sont en passe de remplacer la partie du cerveau de
l’homme qui traite des tâches routinières, découpées en liste de règles ou
séquencées en plusieurs étapes se répétant.
Il ne s’agit pas ici de relayer les thèses des techno-prophètes annonçant
l’avènement d’êtres hybrides, moitié hommes moitié machines. Cette
évolution est aussi une réalité. La science maîtrise, aujourd’hui,
l’introduction de différents implants dans le corps. Dans certains cas (par
exemple, dans le cas d’implants cochléaires reliés au cerveau pour soulager
certaines formes de surdité), il s’agit de techniques dont la finalité est de
réparer des dysfonctionnements organiques. Les tenants du « posthumain »
rêvent, quant à eux, plutôt d’un homme « augmenté » dont l’amélioration
générale sera rendue possible avec la convergence des technologies. Ces
futurs hommes et femmes, améliorés technologiquement, pourront peut-être
augmenter leur mémoire à l’aide de microprocesseurs greffés dans leur
cerveau, se doter de télécommande mentale pour piloter divers appareils
électroniques à l’aide de leur pensée ou encore porter des lentilles ou
lunettes de réalité augmentée, etc. Mais les constats de Daniel Pink sont
d’ores et déjà illustrés, dans une première mesure, dans les dénonciations de
l’arrivée des caisses automatiques, mises en place par plusieurs
supermarchés. En permettant aux clients d’enregistrer eux-mêmes leurs
achats, ces caisses menaceraient, en France, 80 000 à 200 000 emplois de
caissières, selon les organisations syndicales.
La tendance est double et profonde :
Tout d’abord, les métiers traditionnels évoluent dans le sens de
l’automatisation : les métiers les plus mécaniques sont appelés à être
remplacés par des machines en raison de l’efficacité du service ainsi
offert – quand vous avez besoin de prendre un billet 15 minutes avant
le départ du train, il est beaucoup plus sûr de passer par un guichet
automatique que par un service manuel – et de l’intérêt économique
plus avantageux à long terme que le coût classique de la main-d’œuvre
qualifiée dans les services.
Ensuite, les métiers plus qualifiés sont aussi concernés. Les travailleurs
du savoir sont aussi petit à petit touchés par cette automatisation des
tâches répétitives. Avocats, médecins, ingénieurs sont assistés par des
machines pour des tâches demandant plus d’analyse et de formation
originelle ; mais qui sont au bout du compte assez analytiques et
linéaires, c’est-à-dire, automatisables et donc remplaçables par un
ordinateur. Pour Daniel Pink, l’« avenir appartient aux personnes qui
sauront exploiter les ressources de l’hémisphère droit de leur cerveau »
et donc leurs soft skills. L’économie et la société donneront encore une
place importante aux formes de pensée privilégiant les capacités
logiques, linéaires et analytiques.
Mais, en attendant l’arrivée dans nos entreprises françaises de robots
susceptibles de faire vite et bien une partie de nos tâches quotidiennes, ou
tout au moins pour faire encore la différence et prospérer dans cette
nouvelle ère, il est aujourd’hui nécessaire de s’aventurer vers d’autres
réflexes et compétences telles que les compétences douces et le réflexe soft
skills. Certaines organisations, entreprises et écoles, ont commencé
l’aventure de cette mutation en adaptant leur logique de recrutement et de
formation.

De nouveaux critères de recrutement


Les méthodes de recrutement sont en train d’évoluer. Les raisons de cette
évolution sont multiples. Mais deux éléments sont significatifs au regard du
réflexe soft skills.
En premier lieu, les entreprises ont, dans un souci de compétitivité, besoin
de restaurer la confiance entre le monde de l’entreprise et celui des
hommes.
En second lieu, les jeunes diplômés sont à la recherche d’un équilibre de
vie que nulle génération n’a encore manifesté avec autant de précisions.
Dans un contexte aussi particulier que le monde mondialisé d’aujourd’hui,
l’équilibre entre vie personnelle, vie professionnelle et vie sociale est un
enjeu fondamental.

Combattre la méfiance des citoyens à l’égard des entreprises


Dans un contexte de défiance, les entreprises découvrent qu’une partie de
leur salut passe dorénavant par une nouvelle forme de séduction de leurs
candidats. Elles doivent se montrer plus transparentes et plus soucieuses du
quotidien de leurs salariés si elles veulent pouvoir attirer des collaborateurs
compétents et motivés.
Une partie du courant de management, relatif aux questions de
responsabilité sociale de l’entreprise, se fait actuellement l’écho de ces
efforts réalisés depuis plus de 10 ans par les entreprises dans le monde
entier. De plus en plus questionnées à propos de leur responsabilité vis-à-vis
de leurs parties prenantes – et en particulier leurs collaborateurs –, les
entreprises déploient des efforts importants pour offrir comme réponse à ce
questionnement social des conditions de travail agréables pour leurs
collaborateurs.
Elles ont des indicateurs probants à fournir lorsqu’elles sont
questionnées ; mais de plus, elles n’hésitent pas à mettre en avant ces
éléments de preuve pour tenter de se distinguer de leurs concurrents pour
attirer les cadres les plus prometteurs. Elles rivalisent, pour les plus grosses,
d’innovations et de confort pour apparaître bien positionnées dans les
différents classements des « entreprises où il fait bon vivre ».
La raison de ce déploiement de délicates attentions managériales est à
trouver dans la transition de l’ère industrielle à la nouvelle ère dont ce
chapitre tente de dessiner les contours. Le constat est affolant pour les
entreprises : le salarié n’est plus un subordonné stricto sensu, simple
exécutant relié à son employeur par un lien de subordination.
L’« Individu », au sens plein du terme, émerge dans l’entreprise
traditionnelle avec ses envies et ses attentes ; en mélangeant, parfois
maladroitement, vie privée, vie professionnelle et vie publique. Or, les
employeurs auraient tort d’imaginer que ce phénomène peut être régulé et
qu’il ne concerne que la fameuse Génération Y dont tout le monde parle.
L’évolution est générale et tous les citoyens subissent ce besoin
d’individualisation et d’autonomie. C’est une véritable quête d’équilibre
personnel que l’employeur doit aujourd’hui gérer avec ses équipes. Or, cette
tâche est complexe car il y autant de quêtes du bonheur qu’il y a d’individus
au sein de l’organisation.

L’économie du bonheur

« L’économie du bonheur, discipline à la mode, soutient de manière


assez convaincante qu’une fois atteint un certain niveau de confort, les
gens acceptent – et ont même envie – d’échanger ce qui pourrait leur
rapporter un emploi lucratif mais ennuyeux contre une rémunération
inférieure (mais confortable) dans un emploi plus satisfaisant. Selon
une étude d’Erik Hurst, économiste à Chicago, la moitié des créateurs
d’entreprise sont motivés autant par la recherche du bonheur que par le
désir de gagner de l’argent. »
Adam Davidson[10]

Dans cette nouvelle ère, où la recherche d’innovation est le maître mot de


la performance, le potentiel créatif de chacun et sa relation au collectif sont
déterminants. Il faut donc prendre en compte l’individu dans toute sa
complexité, intime comme sociale pour se donner une chance de redonner
confiance à ses collaborateurs. Les soft skills ou compétences humaines
permettent de mieux comprendre l’individu dans sa totalité et à travers sa
personnalité. Elles constituent alors un levier intéressant pour trouver un
équilibre entre performance et bonheur en entreprise.

Un « bon recrutement » sur le partage de valeurs communes


Les politiques ont aujourd’hui le souci de tenter de contrer le chômage
par tous les moyens : initiatives diverses de Pôle Emploi, contrats d’avenir
ou de générations, etc. Toutes ces tentatives, pour fluidifier le marché de
l’emploi, sont éminemment complexes car elles requièrent un préliminaire
faisant souvent défaut : un climat de confiance et d’attraction mutuelle.
Dans son manifeste pour l’entrepreneuriat L’Art de se lancer, le célèbre
gourou du management Guy Kawasaki, dédie un long développement à cet
« art de recruter ». Hervé Solus, cofondateur de JOBaProximite, reprend
des éléments d’une anecdote, contenu de ce chapitre, dans un plaidoyer en
faveur de « remettre l’humain au centre du recrutement pour dynamiser
l’emploi[11]. »

« Il y fait part d’une expérience qu’il a vécu au Stanford Shopping


Center à Palo Alto, en Californie, alors qu’il était responsable
marketing chez Apple, et dont il fait une règle pour le recrutement. La
voici.
Imaginez que vous êtes sur le point de recruter un collaborateur et
que vous le retrouviez par hasard dans un supermarché. Il ne vous a
pas encore vu. Vous avez alors trois possibilités :
vous vous précipitez pour aller lui parler ;
vous vous dites que, s’il vous voit cela ira, mais que, s’il ne vous voit
pas, cela ira aussi ;
vous faites demi-tour pour l’éviter.
Bien sûr, seule la première attitude valide l’embauche. C’est la
richesse du collaborateur qui vous pousse à aller le saluer dans un
supermarché ; en aucun cas, son diplôme ou son expérience. Et c’est
probablement votre attitude à ce moment qui le poussera à vous
rejoindre parce que vous lui aurez montré que vos valeurs, celles de
votre entreprise et les siennes sont en parfaite adéquation. Un bon
recrutement est avant tout caractérisé par le partage de valeurs
communes entre le candidat et l’entreprise. »[12]
Concrètement, le fait de choisir un futur collaborateur sur des critères de
richesses personnelles (comme ses soft skills) et de confiance n’est pas une
anecdote de directeur des ressources humaines ; mais une tendance de fond
qui commence à se dessiner.
Xavier Niel a défrayé la chronique au printemps 2013 en lançant
l’ouverture d’une nouvelle école du codage et de l’informatique comme un
pavé dans la mare de l’éducation supérieure française :

« Je travaille dans l’Internet depuis 20 ans. Et depuis 20 ans le


principal problème de mon métier est toujours le même : comment
recruter des talents, comment trouver les développeurs dont nous
avons besoin pour concevoir les logiciels qui vont nous permettre
de créer des produits innovants.
Aujourd’hui, le système français ne marche pas. Il est coincé entre
d’une part l’université, qui propose une formation pas toujours adaptée
aux besoins des entreprises mais qui est gratuite et accessible au plus
grand nombre, et d’autre part les écoles privées, chères, dont la
formation est assez qualitative mais laisse sur le côté de la route le plus
grand nombre de talents, voire de génies, que nous pourrions trouver
en France[13]. »

En visant l’éducation, Niel pointe du doigt les compétences et le


recrutement. Le concept est original car il repose sur l’idée que les futures
stars de l’Internet ne sont pas nécessairement les personnes avec des
diplômes. Son école a annoncé des règles de fonctionnement inédites : une
formation gratuite mais surtout pas de prérequis scolaires ou universitaires.
L’ambition annoncée haut et fort est de répondre à la pénurie de talents dans
le monde de l’informatique. Mais aussi de prendre le mal à la racine et de
donner un coup de pouce à l’évolution des compétences.
Là où l’innovation la plus forte est indéniable, c’est que cette formation
donne la priorité aux intérêts et aux capacités des étudiants, mais ne donne
pas au final l’objet d’un diplôme reconnu par l’Éducation Nationale. Le
modèle classique de l’université est déboulonné et le monopole de l’État, à
délivrer le seul et unique sésame pour l’emploi, est mis à mal.
Les lignes commencent à bouger dans le secteur de l’enseignement
pourtant solidement ancré dans ses usages ancestraux. Les employeurs
s’intéressent de près à cette révolution qui se mène aussi sur le « front
amont » du marché du travail. Car cette mutation n’est pas l’apanage des
seuls acteurs de l’informatique.
Quelques mois avant l’offensive de Xavier Niel, c’est le monde des
grandes écoles de management qui a connu semblable bouleversement. La
création de l’école France Business School (fBS) en France avait lancé
l’offensive de la recherche des talents de toutes sortes et pas seulement les
étudiants ayant réussi leurs concours académiques.
Patrick Molle, directeur de cette nouvelle institution, s’est fait aussi
l’avocat de cette rupture dans la sélection des futurs talents :

« En l’occurrence, nous souhaitons élargir sensiblement les entrées à


cette nouvelle école afin de recruter de nouveaux profils, différents de
ceux que l’on trouve avec les cursus classiques des prépas, la sélection
par les maths, etc. Il faut introduire de la diversité dans les promotions
et ne pas se laisser enfermer par les seuls critères académiques. Il y a
beaucoup de talents qui passent, pour une raison ou une autre, à travers
les mailles si convenues de ces filets traditionnels. Sauf à changer
brutalement les critères au gré de ses humeurs. […]
Il est bien connu que les grandes écoles laissent en jachère des
talents originaux qui auraient fait des merveilles dans les salles de
classe par leur personnalité, leur originalité. Las, le modèle favorise
davantage les clones que des profils contrastés. Au détriment des
écartés, mais aussi des entreprises et des écoles. »[14]

Les entreprises applaudissent des deux mains : « Audace, responsabilité et


innovation résument bien ma pensée. fBS représente l’audace car l’école va
réellement à l’encontre des standards français du recrutement, standards
dont on connaît l’élitisme et le caractère historique. fBS est responsable car
l’institution a fait le choix de se projeter d’abord dans l’avenir en préparant
la relève managériale. Compte tenu des enjeux actuels et à venir il faut
préparer les jeunes à y répondre et c’est ce que propose fBS en s’attachant
aux qualités personnelles et à la diversité. Enfin, fBS innove dans son mode
de sélection et de formation[15]. » commente Laurence Raison, directrice du
recrutement pour le groupe Société Générale.
La mutation du marché du travail est en marche. L’injonction est sérieuse
et double : ceux qui, d’une part, étaient aux manettes des postes clés, les
travailleurs du savoir, vont devoir renforcer leur profil et aménager du
temps pour développer d’autres compétences moins techniques et plus
souples, les soft skills. Les signaux sont forts et ne supportent pas le doute :
il faudra trouver des solutions pour répondre au besoin croissant de sens
dans ce contexte mondialisé et technologique. D’autre part, certains
décideurs commencent à observer cette évolution et ne prennent plus à la
légère l’aspiration individuelle de leurs collaborateurs et la diversité des
talents dans le recrutement.

En Bref
Un nouvel environnement de travail est en train de prendre forme :

Le marché du travail est en pleine mutation. Des forces internes et


globales sont en train de bouger les lignes de ce qu’attendent les
salariés en entreprise.
Le marché du recrutement est aussi en train d’évoluer. Les
managers cherchent à refonder un nouveau contrat social basé sur
la confiance dans l’entreprise. De nouvelles écoles se positionnent
sur cette vision renouvelée du management et de l’entreprise à
travers la recherche dorénavant de talents.

[1]
Peter Drucker, “The Age of Social Transformation”, Atlantic Monthly, novembre 1994.
[2]
“The Next Decade in Management”, Dun’s Review and Modern Industry, n° 74, décembre
1959.
[3]
Peter Drucker, The Next Society, The Economist, 1er novembre 2003.
[4]
T.H. Davenport Interviewé dans la revue Ubiquity :
http://www.acm.org/ubiquity/interviews/v6i34_davenport.html
[5]
http://whatis.techtarget.com
[6]
Daniel Pink, L’Homme aux deux cerveaux, Laffont, 2007.
[7]
Vous apprendrez au chapitre 4 comment évaluer vos soft skills.
[8]
Fogel R., The Fourth Great Awakening and the future Egalitarianism, University of Chicago
Press, 2000.
[9]
Réalisé par Dimitri Kourtchine et Sylvain Bergère pour Arte en 2011.
[10]
“Don’t Mock the Artisanal-Pickle Makers”, New York Times, 2012.
[11]
Hervé Solus, « Remettre l’humain au centre du recrutement pour dynamiser l’emploi », Les
Echos, 9-10 août 2013.
[12]
Guy Kawasaki, L’Art de se lancer, Diateino, 2006.
[13]
« Le plus français des boss français », Challenge, 11 juillet 2013.
[14]
« Patrick Arnoux, France Business School représente une rupture », Le Nouvel Economiste, 26
septembre 2012
[15]
Studyrama Grandes Ecoles, 3 juin 2013 :
http://www.studyramagrandesecoles.com/home_news.php?Id=8362
2
LES SOFT SKILLS DANS
L’ENTREPRISE DE DEMAIN

Le futur appartient à ceux qui voient les possibilités avant qu’elles ne


deviennent évidentes.
Théodore Levitt

Dans les éléments ci-dessous vous trouverez un peu de prospective et de


futurologie, disciplines dont le but avoué est le difficile exercice de saisir
l’avenir et de sentir les futures tendances sociales : « Le futurologue se
propose de projeter dans l’avenir l’état actuel du monde, c’est-à-dire d’en
drainer l’évolution, en distinguant ce qui est d’ores et déjà inéluctable et ce
sur quoi on peut agir[1] ».
Ces nouveaux prophètes ont parfois mauvaise réputation car ils sont
susceptibles de se tromper. C’est pourquoi les prédictions ci-dessous sont,
aussi, le fruit de l’étude et du croisement de tendances profondes que l’on
observe d’ores et déjà dans le monde. Les experts, chacun de leur côté,
publient les mêmes résultats et font le même constat : celui d’un
changement de peau de l’entreprise. La mue est en train de s’opérer tant en
termes de lieu physique que de besoins en nouvelles compétences.

Le bureau du futur ne sera plus sur mon lieu de


travail
Un homme d’affaires a besoin de trois parapluies – un à laisser au
bureau, un à laisser chez lui et un à oublier dans le train.
Paul Dickson

Mauvaise nouvelle pour les fabricants de parapluies : nous risquons à


l’avenir de moins en oublier dans le train. Les frontières du bureau sont en
train de bouger et bien malin celui qui sait à quoi ressemblera le bureau
idéal de demain. Ce qui est certain, c’est que la désespérante trilogie
« métro, boulot, dodo » est en train de connaître une révolution : contre la
tyrannie du métro, et des transports toujours plus longs et encombrés,
certains ont trouvé des moyens pour optimiser leur temps professionnel, et
donc personnel, en supprimant le métro de la formule. Le monde de demain
pourra donc épouser une nouvelle maxime : « boulot, dodo » dans l’espoir
de voir s’y glisser un troisième pilier plus réjouissant afin de reformer une
équation plus équilibrée : « boulot, perso, dodo ». Le travail se pratiquera
de plus en plus à la maison ou dans des tiers lieux collaboratifs.

De nouveaux lieux pour travailler ensemble


Le télétravail, au sens large, est une méthode d’organisation permettant
d’exercer une activité salariée ou non depuis son domicile ou un site distant
des bureaux de l’employeur ou du client.
Cette nouvelle réalité avait été imaginée il y a bien des années avec la
première construction d’un bâtiment supervisée à distance par Norbert
Wienner en 1950, en passant par l’invention et le déploiement du Minitel en
France dans les années 1980 ou l’intégration du télétravail salarié dans le
code du travail plus récemment en 2012.
Toutes les conditions sont réunies pour que l’on participe à une révolution
majeure dans notre manière de travailler à l’avenir. La technologie fournit
chaque jour des occasions de travailler à distance pour simplement
échanger des données qu’elles soient sous forme de textes, de sons ou
d’images. Le nomade professionnel, sans bureau, prend progressivement sa
place dans le monde du travail. Ce « nomadisme » n’est pas un
microphénomène. Il est en plein essor pour différentes raisons.
En premier lieu, cette révolution est macroéconomique et elle doit aussi
son essor au développement de la mondialisation. Les frontières de
l’entreprise sont plus floues et les collaborateurs amenés de plus en plus à
collaborer avec des collègues situés à l’autre bout de la planète.
Aujourd’hui, pour de nombreux métiers techniques, et demain pour les
fonctions plus intellectuelles et managériales, les collaborateurs sont
recrutés en Chine, en Inde ou en Afrique du Nord. Ce qui compte alors c’est
la capacité à échanger de l’information quel que soit le lieu ou le fuseau
horaire.
En second lieu, cette nouvelle perspective est la conséquence d’un certain
retard pris par les entreprises dans les offres de services et de matériels
offerts à leurs salariés managers. Quels avantages professionnels
l’employeur met-il à disposition pour faciliter un meilleur rendement et de
bonnes conditions de travail outre le fait de pouvoir prendre un café
physiquement avec les collègues que l’on apprécie ? Le mobilier fourni par
l’entreprise est-il meilleur que celui chez soi ? L’imprimante de la maison
ne fait-elle pas d’aussi bonnes impressions que celles du bureau ?
Un jeune diplômé, qui est fraîchement embauché dans une nouvelle
entreprise aujourd’hui, rencontre une triple désillusion numérique qui
pourrait être plutôt humoristique si elle n’était pas trop souvent vérifiée :
l’ordinateur professionnel que lui met à disposition son entreprise est très
souvent moins puissant que son équipement personnel ; le réseau Internet
pour travailler est très souvent moins rapide que l’installation personnelle
qu’il a sur son lieu de vie personnel ; et enfin, alors qu’il est connecté en
personne avec son réseau via les outils de web 2.0, de nombreuses
entreprises actuelles refusent encore l’idée que leurs collaborateurs puissent
échanger sur Facebook ou Twitter sur le lieu de travail et pendant les heures
de travail.
Un collaborateur contemporain constate cette « fracture numérique
professionnelle » qui se cumule avec le fait qu’il utilise de plus en plus son
téléphone personnel pour pouvoir être contacté quand il est au bureau ou en
déplacement professionnel. Sa voiture personnelle lui permet de se rendre et
de revenir de ses rendez-vous professionnels. Sa table de travail n’est pas
meilleure que celle dont il dispose chez lui au calme et lui permet de ne pas
être dérangé à tout bout de champ et, en même temps, d’être proche de sa
machine à café… Il n’est pas loin de rêver aux avantages multiples qu’offre
aujourd’hui le travail à distance, pouvant également se réaliser dans des
espaces de « co-working » fleurissant dans toutes les grandes métropoles du
monde, grâce aux ordinateurs portables légers et puissants.
Or, ces nouvelles manières de travailler impliquent de nouvelles
compétences. C’est ainsi que le télétravail met en jeu des compétences
douces telles que la concentration, la capacité à travailler en autonomie et
l’organisation. L’avènement du télétravail implique donc un avènement de
nouvelles compétences douces.

Travailler en co-working

« Des organisations de travail innovantes sont nées de la rencontre


entre la transformation technologique et les travailleurs de la
connaissance. C’est l’histoire de notre génération. Sorti de l’école de
commerce il y a deux ans, j’ai vécu mon stage en entreprise comme un
ovni. Aujourd’hui, je profite largement de la pluridisciplinarité, de la
convivialité et de la flexibilité du travail qu’offre le co-working. »
Stanislas Jourdan, adepte du co-working[2]

Les formules sont variables – gratuites ou payantes, à la journée ou à


l’année – mais toutes favorisent une logique de travail partagé. Parce qu’il
est de moins en moins nécessaire d’avoir son bureau à soi et de plus en plus
difficile de louer ou d’acheter des locaux ; mais qu’en même temps à
travailler constamment chez soi, on risque de souffrir d’isolement, les
espaces de co-working se multiplient aussi en France.
« Le co-working est un type d’organisation du travail regroupant deux
notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs
encourageant l’échange et l’ouverture. »[3]

L’origine des espaces de co-working

Les origines du co-working sont plus anciennes que la


consécration de l’expression qui désigne ces nouveaux lieux de
collaboration du XXIe siècle.
Les artistes ont eu, les premiers au XIXe siècle, l’intuition qu’il y
avait des vertus à partager un même espace de vie et de création.
En premier lieu, pour partager le loyer mais aussi et surtout pour
mettre en commun des ressources et se nourrir respectivement
des inspirations et des idées des autres.
Mais le mouvement du co-working a pris sa forme et ses
caractéristiques actuelles dans différentes initiatives lancées aux
États-Unis : en 2005, Brad Neuberg ouvre dans son loft The Hat
Factory à San Francisco. Depuis, ce tiers-lieu d’intelligence
collective a fermé. Mais son fondateur a poursuivi l’aventure en
ouvrant Citizen Space qui est devenu un espace incontournable de
l’innovation. À San Francisco, les espaces se sont depuis
multipliés : Parisoma, NextSpace, WeWork, RocketSpace…
Le mouvement ne cesse de grandir à travers le monde. Il tire son
moteur principal dans le développement des technologies de
l’information et de la communication (TIC) qui favorise ce
partage de talents et ce nouveau mode d’organisation.
Ces nouveaux espaces sont aussi la traduction d’une volonté de
partage de ces nouvelles générations d’entrepreneurs : ils sont
heureux de travailler chez eux ou dans un état de nomadisme.
Mais il leur manque quelque chose : la dimension
« camaraderie », brainstorming et les échanges constructifs sans
les lourdeurs administratives du bureau traditionnel.

Un nouveau maillage d’innovation et de créativité à très fort potentiel


entrepreneurial et d’emplois est en train d’éclore dans l’hexagone. Pour
faciliter la circulation de l’information et des idées par les échanges, et
stimuler la créativité par l’interaction, les espaces de co-working constituent
un cadre de travail approprié à la nouvelle génération de travailleurs en
mobilité. Voici quelques-uns de ces espaces présents dans l’Hexagone :
1. la Cantine ;
2. Ici Montreuil ;
3. le Camping ;
4. La Manufacture ;
5. la Ruche ;
6. Start Way ;
7. le Tank ;
8. les Satellites ;
9. Dojocrea.
Les mots-clés des nouveaux lieux de travail sont partout les mêmes :
réseau, communauté, échange, connexion. Ils forment la base d’une
nouvelle utopie qui gagne chaque jour du terrain et donne à penser que
l’entrepreneuriat peut aussi se développer selon un système économique
basé sur la coopération et la communauté.
Ces nouveaux espaces de co-working sont à l’origine de nouvelles
communautés partageant une langue commune, des valeurs communes et
des méthodes de travail collaboratives. L’objectif déclaré est celui de
fédérer et d’organiser plus efficacement un certain nombre de travailleurs
souhaitant désormais travailler autrement et pensant que l’avenir du travail
est en dehors de l’entreprise.
Les travailleurs indépendants continuent de constituer la base des co-
workers. Mais ils sont désormais rejoints par une seconde génération de
travailleurs nomades. Ils représentent déjà près d’un quart des co-workers
dans le monde entier et un tiers aux États-Unis.
Le reste est occupé par une population progressant rapidement : les
entrepreneurs. Environ un membre sur neuf est un dirigeant créateur de
start-up, développant son activité seul ou avec des salariés.

De nouveaux ateliers pour créer ensemble


Si les bureaux traditionnels laissent place progressivement à des espaces
ouverts de travail collaboratif, ils ne sont pas les seuls à préfigurer la
révolution du travail de demain. Les lieux de conception, d’industrie et de
production sont aussi en train de se réinventer. Il est un autre type de lieux
attirant les étudiants, entrepreneurs, designers, artistes, innovateurs autant
que les espaces de co-working : les Fab Labs.
Le Fab Lab est avant tout un objet hybride d’invention et de travail : un
peu laboratoire – l’abréviation vient des mots Fabrication et Laboratory –
un peu atelier et un peu plateforme de prototypage rapide. Il s’adresse là
aussi à une nouvelle génération d’entrepreneurs et d’étudiants qui veulent
concrétiser très rapidement leur vision entrepreneuriale.
Le premier Fab Lab a vu le jour à Boston dans les locaux du MIT
(Massachusetts Institute of Technology). Ce « Lab » expérimental est alors
développé au sein même d’un autre laboratoire : le Center for Bits and
Atoms (CBA) spécialisé dans l’étude en général du numérique et en
particulier de la fabrication numérique. Internet et le numérique ont
bouleversé les logiques de distribution traditionnelle. Ils font subir
actuellement le même sort au processus d’industrie.
Pour le père des Fab Labs Neil Gershenfeld[4], ces nouveaux ateliers
s’inscrivent dans la suite de la révolution d’Internet.

« Tout comme le web collaboratif “2.0” a démocratisé les outils de


partage, d’édition et de création et a permis à des millions
d’utilisateurs de se rendre «acteurs», la fabrication numérique et
personnelle doit offrir la possibilité au plus grand nombre de devenir
«auteur» des technologies. Selon lui, les Fab Labs répondent à
plusieurs enjeux :

1. être des vecteurs d’empowerment, de mise en capacité, être acteur


plutôt que consommateur ;
2. remettre au cœur de l’apprentissage des technologies, la pratique (le
« faire »), en créant des prototypes, en se laissant le droit à l’erreur, de
façon incrémentale et en privilégiant les approches collaboratives et
transdisciplinaires ;
3. répondre à des problèmes et enjeux locaux, en particulier dans les pays
du Sud, en s’appuyant sur le réseau international ;
4. valoriser et mettre en pratique l’innovation ascendante ;
5. aider à incuber des entreprises par la facilitation des prototypages[5] ».
Les Fab Labs sont les lieux apparents d’un mouvement plus important
annonçant une nouvelle révolution industrielle. D’autres lieux existent et
abritent les futurs innovateurs de demain.
De la même manière, les hackerspaces sont une seconde hybridation de
ces nouveaux espaces de travail du futur. Moins usine que lieu de bidouille
et de fabrication, ces ruches protéiformes offrent la possibilité à tous leurs
membres de travailler sur des projets personnels ou collectifs dans une
philosophie du partage. Véritable kibboutz numérique, ces nouveaux lieux
alternatifs de création sont surtout très influencés par la culture du
« hacking ». C’est un « hacking positif » qui est pratiqué puisque les valeurs
affichées sont celles de la communauté et de l’échange.
Les espaces de co-working, les Fab Labs et autres ateliers numériques de
collaboration donnent tous à penser qu’un nouvel environnement de travail
est en train d’émerger. Un lieu d’utopies peut être pour certains mais très
certainement d’ores et déjà un réseau intelligent d’innovation et de
créativité à travers le monde pour bien d’autres. Ce nouveau paradigme
d’innovation est impossible à ignorer car il n’existe plus seulement en
dehors des modèles d’entreprises traditionnelles : certains grands groupes se
sont déjà intéressés au phénomène au point d’intégrer la culture de ces
nouveaux tiers lieux en leur sein[6]. Ces nouveaux lieux permettent de créer
de nouvelles interactions humaines, faisant émerger de nouvelles
compétences collectives et favorisant la créativité, soft skill fondamentale
du cerveau droit.
Le numérique en particulier bouleverse les fondements historiques de
« l’entreprise ». Le travail demain se fera-t-il en dehors de l’entreprise ?
Après tout, la notion même d’entreprise, comme structure d’organisation du
travail, est un concept relativement moderne qui n’a pas toujours existé à
travers l’histoire. Il n’est donc pas déraisonnable d’imaginer qu’il puisse
laisser la place à un nouveau mode de production et distribution.
Ces nouveaux leviers de transformations sociales sont les clés pour
comprendre la question des compétences de demain. Si la puissance de
cette révolution naissante nous conduit à repenser en profondeur les notions
de « travail » et de « salaire », il nous faut finalement terminer notre
exercice de prospective en regardant de près cette question des compétences
de demain.

Les compétences du futur seront celles intégrant


les grands changements du monde
Le type qui a inventé la roue était un idiot. Celui qui a inventé les trois
autres était un génie.
Sid Caesar[7]

Les magazines économiques ont leurs marronniers : prix de l’immobilier


ville par ville, place des réseaux dans les affaires, etc. Mais il est un autre
thème classique : le classement des « fortunes » nationales.
Or, en 2013, la première fortune de France – plus de 24 milliards d’euros
– est encore une fois attribuée à Bernard Arnault. En trente ans, le patron de
LVMH a fait, comme nul autre, fructifier sa fortune en investissant de
manière éclairée sur l’image, la croissance externe et le développement
international de ses marques.
Son secret ? Le patron actuel de LVMH a développé à la fois les
compétences du cerveau gauche et du cerveau droit. Ce diplômé de l’École
Polytechnique excelle dans les chiffres, les montages stratégiques et les
autres matières « techniques » courantes pour assurer le bon
fonctionnement d’une entreprise. Mais il a également le pouvoir de
comprendre la sensibilité d’un artiste ou d’un designer à qui il confie les
rênes de certaines de ses marques de luxe. Cette dualité pour des
compétences « hard » mais aussi « soft » est à la fois la clé de sa réussite et
de sa future succession. Son successeur devra être doté de cette double
approche des compétences, compatible avec ces nouveaux lieux de travail
et les grands changements du monde.

De nouvelles compétences pour de nouveaux lieux de travail


Dès lors, pourquoi ces professionnels d’horizons différents sont-ils de
plus en plus à venir grossir les rangs de ces nouveaux tiers lieux ?
En premier lieu, les co-workers viennent y augmenter leurs réseaux, aussi
bien sociaux que professionnels. Ils y rencontrent des personnes nouvelles :
plus que s’ils restaient chez eux mais aussi plus que s’ils croisaient toujours
les mêmes collègues d’entreprise. Ils font connaissance avec des personnes
pouvant leur être utile.
En second lieu, ces néo-nomades du travail viennent augmenter leur
confiance entrepreneuriale : ils apprécient la rupture avec l’isolement et
échangent constamment entre eux, quels que soient les secteurs d’activité,
et maintiennent ainsi leurs connaissances à jour dans bien des domaines.
En résumé, ces nouveaux espaces préfigurent une alternative majeure de
lieu de travail par rapport à ce que nous connaissons actuellement. Ces
nouveaux lieux de collaboration cumulent des avantages intéressants par
rapport aux enjeux de l’avenir du travail. Ils offrent :
1. la conscience d’appartenir à une communauté ;
2. les joies de la synergie et de l’interaction sans les contraintes du lien de
subordination ;
3. une confiance en soi ;
4. un minimum d’équipement de base suffisant pour développer sa
pensée entrepreneuriale.

De nouvelles compétences pour intégrer les changements du


monde moderne
La vision du travail (et les lieux dans lesquels celui-ci va trouver à se
réaliser) est en train d’être doucement mais sûrement bouleversée. Les
changements impulsés, sous les effets cumulés, d’une part, des nouvelles
capacités à être connectés partout et à n’importe quel moment, à disposer
dans ses poches de machines intelligentes de plus en plus rapides et
ergonomiquement faciles à transporter et, d’autre part, l’interconnexion
favorisée par les réseaux sociaux, remodèlent aussi les compétences
nécessaires à l’avenir pour être suffisamment productifs.
Quelles sont ces compétences qui feront les professionnels susceptibles de
se mouvoir avec agilité dans ce monde du travail en mutation ?
L’Institute for the Future[8], associé avec l’University of Phoenix Research
Institute[9], a publié, en 2012, une étude sur les 10 compétences clés pour
l’avenir. Cette étude mérite d’être utilisée comme pierre angulaire car elle
se différencie de nombreuses autres tentant seulement de pronostiquer quels
seront les métiers futurs. Or, il est bien difficile d’y voir clair en la matière
tant les déterminants sur la question des métiers sont nombreux et variables.
Mais il est un peu plus simple de pressentir quelles seront les compétences
transverses qui offriront plus de résilience professionnelle, quels que soient
les métiers.
Sense-making ou la capacité à déterminer le sens profond de ce qui est
communiqué.
Social intelligence ou la capacité à se connecter aux autres d’une façon
profonde et directe de manière à favoriser une réelle empathie et à
créer de véritables interactions.
Novel & adaptative thinking ou la capacité à penser out of the box, de
façon originale et innovante.
Cross-cultural competency ou la capacité à travailler avec des cultures
diverses et variées.
Computational thinking ou la capacité à absorber une grande quantité
de données pour la transformer en informations claires et
compréhensibles.
New-media literacy ou la capacité à être habile avec les nouveaux
médias sociaux afin de mieux influencer sa cible.
Transdisciplinarity ou la capacité à développer une pensée systémique
nourrie de matières diverses.
Design mindset ou la capacité à traduire en schémas simples et concis
des travaux complexes.
Cognitive load management ou la capacité à développer ses facultés
cognitives afin d’augmenter sa productivité.
Virtual collaboration ou la capacité à travailler à distance dans des
univers virtuels.
Ces compétences questionnent à deux niveaux : sur le pourquoi de ces
nouvelles compétences ; et sur le comment. Ces deux interrogations sont
intimement liées avec le réflexe soft skills.
Si ces compétences nouvelles sont essentielles pour survivre dans l’avenir
aux mutations du monde du travail, elles ne se trouvent pas présentes dans
les corpus traditionnels des compétences enseignées dans les écoles et
universités. Celles-ci se concentrent essentiellement sur les compétences
techniques composant le bagage minimum d’un bon technicien. Nous
sommes avant tout formés sur des modèles passés correspondant à ce que
nous connaissions du monde du travail de ces dernières décennies.
Or, si chaque spécialiste y va de son pronostic en matière économique,
tous s’entendent sur une chose : le monde professionnel de demain sera
différent et nécessitera une maîtrise de compétences plus globales et
transverses.

Les facteurs du changement des compétences


Cet ouvrage plaide pour un changement, avec une thèse simple et forte :
nous sommes trop habitués à nous concentrer sur nos compétences
techniques et nous en oublions de développer ces compétences plus intimes
et relationnelles qui feront pourtant de nous des acteurs de notre
changement. Les sportifs ont compris depuis longtemps la part
fondamentale de l’esprit dans leur préparation. Les travailleurs en
entreprise, managers ou salariés, ignorent encore cette posture. Pourtant, il
y a urgence à agir.
Cette révolution ne peut trouver sa légitimité que si on accepte qu’il y a
urgence à travailler autrement ; urgence à développer de nouvelles
compétences beaucoup plus centrées sur l’esprit et pas seulement sur la
technique pure liée au métier.
L’étude de l’Institute for the Future, précédemment citée, s’est attachée à
mettre en évidence les facteurs clés qui remodèleront le paysage de travail.
C’est à partir de cette étape préalable qu’ils ont identifié les compétences
professionnelles clés nécessaires au cours des 10 prochaines années.
6 facteurs clés sont ressortis de leur étude reposant sur une méthodologie
quantitative et qualitative nourrie de nombreuses auditions, réunions et
croisement de données issues de l’étude de l’évolution des grandes
multinationales. Ces facteurs clés sont perçus comme des leviers majeurs de
changement susceptibles de remodeler le paysage professionnel futur.
Chaque facteur est un levier puissant à lui seul. Mais pour percevoir la
portée de ces études sur l’avenir du travail, il faut mesurer l’impact réel de
la combinaison de tous ces facteurs les uns avec les autres.
Les facteurs de changement des compétences futures sont les suivants.
L’allongement de la durée de vie
L’augmentation globale de l’espérance de vie est en train de modifier la
nature des carrières et l’apprentissage des différents métiers.
L’étude annonce que, d’ici 2025, aux États-Unis, le nombre de citoyens
de plus 60 ans augmentera de plus de 70 %. Le règne d’une société de
seniors est annoncé depuis longtemps. Des opportunités fortes, en termes de
nouveaux biens et services, existent pour ceux ayant identifié ce marché
comme un fort levier d’opportunités. Mais en termes de compétences, ce
facteur se traduit aussi pour de nouvelles perceptions de ce que signifie
l’âge, l’expérience, l’éloignement de la retraite.
Les travailleurs devront réorganiser la gestion de leur carrière et accepter
de travailler après 60 ans. Cet allongement de la vie professionnelle induit
des cycles d’apprentissage continus pour accompagner les changements du
travail. Les directeurs de ressources humaines devront, d’un côté, repenser
les cheminements de carrière traditionnels dans leurs organisations, en
favorisant diversité et flexibilité. D’un autre côté, les jeunes diplômés
devront patienter pour prendre des places qui tarderont à se libérer. Dans
tous les cas, des collaborateurs, avec un écart d’âge de plus en plus
importants, devront apprendre à cohabiter ensemble tout en évitant
l’incompréhension pouvant venir de ce grand écart générationnel.
L’avènement des smart products ou machines/systèmes intelligents
Les travailleurs devront trouver leur place à côté du potentiel
d’automatisation du travail offert pour de nombreuses nouvelles machines
intelligentes.
Nous avons déjà eu l’occasion de développer l’impact de l’automatisation
dans nos propos précédents. Daniel Pink en a fait un des trois piliers de la
transformation future de la société dans son ouvrage L’Homme aux deux
cerveaux.
L’introduction de l’ordinateur a bouleversé de nombreuses tâches dans les
bureaux comme l’arrivée du fax avait déjà fait bouger les lignes de la
communication interentreprises. Le mail supplante dorénavant bon nombre
de discussions formelles ou informelles que l’on pouvait avoir entre
collègues. Toutes ces innovations sont en passe d’être éclipsées par une
génération de nouveaux outils. Au cours de la prochaine décennie, de
nouvelles machines intelligentes entreront dans les bureaux, les usines et les
maisons. Elles deviendront parties intégrantes de la production, la
distribution, l’enseignement, la médecine, le commerce et pratiquement
tous les domaines de nos vies. Certaines de ces machines remplaceront
l’homme dans certains espaces de travail. Elles créeront aussi, très
certainement, de nouvelles fonctions et de nouvelles opportunités pour ceux
sachant maîtriser les premiers les usages induits pour ces nouvelles
machines.
Nos méthodes de travail seront, sans aucun doute, toutes bouleversées par
ces machines dont la puissance de calcul double tous les dix-huit mois selon
la célèbre application de la loi de Moore.

La loi de Moore et l’accélération tous les 18 mois


Gordon Moore, cofondateur de la société Intel, avait annoncé, dès
1965 dans Electronics Magazine pour promouvoir de manière
prophétique la toute-puissance de ses produits, que le nombre de
puces électroniques allait doubler, à prix et à taille constants, tous
les ans. Le chiffre fut ensuite réduit à la baisse et ce doublement
technologique réduit à 18 mois.
Les années semblent lui donner raison. Entre 1971 et 2001, la
densité des transistors a doublé chaque 1,96 année[10]. En
conséquence, les machines électroniques sont devenues de moins
en moins coûteuses et de plus en plus puissantes. Cette
augmentation exponentielle fut rapidement nommée Loi de
Moore.
L’ordinateur que nous utilisons actuellement est clairement x fois
moins cher, x fois moins lourd, x fois plus puissant et beaucoup
plus ergonomique que notre première machine. Nul ne peut le
contester.
Pour la mission Apollo 11, qui le 20 juillet 1969 a permis à un
être humain de marcher sur la Lune, ce sont deux ordinateurs
embarqués qui ont assuré les puissances de calcul. Chaque
ordinateur pesait alors 32 kg et leur puissance CPU était de
1 MHz.
Les ordinateurs d’Apollo 11 ont favorisé la recherche et le
développement en termes d’innovation, de réduction des coûts, de
développement des circuits intégrés, de mémoire informatique,
etc. Toutes ces recherches profiteront, par la suite, à toute
l’industrie.
Les perspectives d’utilisation à venir de nos futures machines
sont donc clairement infinies.

Dans des domaines de plus en plus nombreux, ces nouveaux cerveaux


électroniques seront présents pour se substituer à nos collaborateurs, en
augmentant nos propres compétences et capacités, nous permettant de
déléguer certaines tâches, non pas à un collègue, mais à une machine. Le
pouvoir réel de la robotique réside dans sa capacité à augmenter et
prolonger nos propres capacités. Nous entrerons dans une nouvelle relation
homme-machine.
L’omniprésence de l’informatique et des données
Les capteurs relayés par des ordinateurs traitant en temps réel les données
fournies par les utilisateurs feront partie du quotidien.
Un monde de données est en marche. Les capteurs, les communications
qu’ils transmettent et le traitement quotidien de ces données fournies en
flux continu nourriront un torrent sans précédent de données.
Lifelogging, quantified self, body hacking… autant de nouvelles
tendances volontaires de modification de son corps ou de mesure volontaire
de son activité quotidienne, voire de son sommeil. Chacun de ces nouveaux
objets, de ces nouvelles interactions avec la machine transforme la vie en
collecte de données. C’est le début d’une ère du tout programmable où
l’ordinateur prendra une place encore plus importante qu’aujourd’hui.
Cette émergence d’une société de « quantifiés » n’est pas que négative.
Le traitement des données fait la promesse de la détection de nouvelles
tendances et les relations qui étaient auparavant invisibles. Des phénomènes
macroéconomiques tels que les pandémies se dessineront. Au niveau
microéconomique, le meilleur trajet pour se rendre le matin au bureau
pourra être choisi.
La conséquence en termes de compétences se traduit dans le besoin, non
pas de s’extraire de ce monde quantifié, mais de savoir prendre des
décisions fondées sur ces données : une prise de recul salutaire à l’avenir.
C’est ainsi que le besoin en soft skills se fait sentir.
Un nouvel écosystème des médias
De nouveaux outils de communication exigent de nouvelles
alphabétisations des médias au-delà du texte.
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) réalisent
le même tour de force que le téléphone à son époque. Tout l’écosystème de
communication est transformé que ce soit dans les domaines de la
production vidéo, de l’animation numérique, de la réalité augmentée, du jeu
et de l’édition des médias. Internet dans la poche accessible sur son
téléphone portable, les réseaux virtuels grâce aux futures lunettes Google,
toutes ces machines intégrées sont de plus en plus présentes dans notre
environnement.
De nouvelles formes d’organisation
Le déploiement des technologies 2.0 entraîne de nouvelles formes de
création de la production et de valeur.
Les TIC et plateformes sociales sont à l’origine d’une réorganisation sans
précédent de la façon de produire et créer de la valeur. Il est possible
aujourd’hui de bénéficier de la contribution d’une forme d’intelligence
collective générée par l’association de nombreuses personnes reliées entre
elles par les TIC. Alors, que cette puissance de production était jusque-là
réservée aux grandes multinationales, tout type d’organisations
contemporaines peut profiter de la richesse de la foule. Le crowdsourcing
permet, par exemple, d’associer le consommateur final au design initial de
nouveaux produits en facilitant les levées de fonds auprès de l’utilisateur
final et non plus exclusivement auprès d’investisseurs. Ces changements
impliquent encore une fois un besoin de nouvelles compétences, comme les
soft skills.
Les avancées majeures à venir sont à imaginer en dehors des frontières
organisationnelles classiques : les futures innovations seront demain, peut-
être, fournies par des organisations hybrides et plus seulement par de
nouveaux Apple, Nokia ou Microsoft.
Les travailleurs du futur devront apprendre à utiliser ces nouveaux outils
sociaux et avoir cette souplesse intellectuelle de travailler, inventer et
gouverner des projets collectifs et collaboratifs.
Ce levier de transformation est déjà à l’œuvre. Il redessine les contours de
nombreux business models.
L’éducation supérieure est, par exemple, en train de frémir face à l’arrivée
des MOOC (massive open online courses), ces cours délivrés, gratuitement
à tous et en ligne, par les grandes institutions d’éducation mondiales :
Harvard, MIT, Stanford, etc. Comment exister demain localement alors que
n’importe quel étudiant peut suivre le meilleur de l’enseignement mondial à
distance ?
Les enjeux personnels pour maîtriser ce levier d’évolution sont nouveaux.
De nouvelles compétences professionnelles se développeront à partir de
domaines jusque-là ignorés des organisations traditionnelles : la conception
de jeu, les neurosciences ou la psychologie du bonheur.
Un monde globalement connecté
L’inflation de l’inter-connectivité mondiale met la diversité et
l’adaptabilité au centre du quotidien des organisations et des hommes la
faisant vivre.
Thomas Friedman explique comment « Le monde est plat »[11]. Sous le
double effet de la globalisation et de la révolution numérique, le monde
n’est plus un nouveau siècle de conflits et d’affrontements. D’un point de
vue individuel, l’explosion des technologies permet désormais à chacun de
se connecter avec le partenaire de son choix pour une aventure commune.
D’un point de vue macroéconomique, la mondialisation a fait aussi
basculer les centres économiques et fait perdre aux États-Unis et à l’Europe
leur monopole sur la création d’emplois, l’innovation et le pouvoir
politique.
Une des clés de la compétitivité des entreprises sera dans la capacité à
recruter des travailleurs trouvant leur place dans ce nouvel écosystème à
géométrie variable qu’est l’entreprise mondialisée. Ces derniers seront
d’autant plus agiles qu’ils apprendront à développer une véritable pensée
entrepreneuriale personnelle : à penser l’entreprise, non pas comme un lieu
physique aux équipes identifiées et aux périmètres d’activité figés ; mais
comme un véritable projet d’entreprise. Ceci est également une facette des
soft skills illustrée dans cet ouvrage.
Philippe Hayat (voir témoignage ci-dessous) confirme l’importance de
cette pensée entrepreneuriale pour les entreprises.

Témoignage
Philippe Hayat, président de 100 000 entrepreneurs, expert en
entrepreneuriat

« Les soft skills composent tout ce qui n’est pas quantifiable dans
un savoir-faire précis, mais qui peut s’apprendre. Par exemple en
entrepreneuriat il existe deux soft skills majeures :
savoir convaincre : une équipe, un client, un partenaire
financier… ;
l’état d’esprit d’aller de l’avant : l’endurance envers les échecs et
continuer d’avancer vers son objectif long terme.
Être entrepreneur c’est porter son projet à travers des envies. Il
peut le faire en créant son entreprise, à travers une association,
une activité artistique ou dans une organisation déjà existante (il
s’agit alors d’intrapreneuriat). L’entrepreneur se crée des objectifs
et sait mesurer s’il les a atteints. »

Qu’est-ce que signifient ces six facteurs de changement de


compétences pour les prochaines décennies ? Les moyens d’intégrer, en
douceur, ce changement passent par le réflexe soft skills : une nouvelle
manière d’absorber en douceur tous ces leviers de transformations
sociétales.

En Bref
L’entreprise de demain n’occupera sûrement plus les mêmes lieux
physiques qu’aujourd’hui. Les compétences, pour se mouvoir dans
ces nouveaux espaces de co-working, en seront modifiées.
Les nouvelles compétences professionnelles seront celles qui
permettront aux différents collaborateurs de s’adapter aux grandes
mutations du mondedu travail.

[1]
Revue internationale des sciences sociales, Unesco, vol. XXI, 1969, « La Futurologie » ds Vie
Lang. 1970, no220, p. 391.
[2]
Le Monde Campus, 18 mars 2013.
[3]
Wikipedia.
[4]
Voir la vidéo TED « Neil Gershenfeld on Fab Lab » sur le site www.ted.com/talks
[5]
Eychenne F., Fab Lab, FYP, 2013, p.13.
[6]
Voir en particulier « Pour des Fab Labs en entreprise »,
http://www.internetactu.net/2013/07/11/que-refaire-pour-des-fab-labs-en-entreprise/
[7]
Acteur, scénariste et producteur américain.
[8]
http://www.iftf.org/home/
[9]
http://www.phoenix.edu/
[10]
Gordon Moore a eu la sagesse, en 1997, d’annoncer la fin de vie de sa théorie en pronostiquant
que cette croissance des performances des semi-conducteurs se heurterait aux environs de 2017 à
une limite physique : celle de la taille des atomes.
[11]
Thomas Friedman, La Terre est plate, 2006, Saint Simon.
3
LES QUATRE SOFT SKILLS
ESSENTIELLES

Tous les jours, quelle que soit la situation, nous utilisons 4 soft skills
essentielles, même de manière inconsciente :
1. conscience ;
2. esprit d’entreprendre ;
3. confiance ;
4. synergie.
S’approprier ces soft skills consciemment à travers une méthode permet
au manager de fluidifier son quotidien et celui de ses collaborateurs.

La conscience
La conscience est un instrument de précision d’une sensibilité extrême.
Victor Hugo

Imaginez toutes les compétences que vous mettez en œuvre sans


nécessairement en avoir conscience. Créativité, écoute, pédagogie,
observation, analyse, sont des exemples d’aptitudes que vous mobilisez
chaque jour et le plus souvent inconsciemment. Mais que se passerait-il si
vous mobilisiez ces aptitudes consciemment ?

Prendre conscience
En prenant conscience de ces soft skills, il est plus facile de les utiliser et
d’en acquérir une certaine maîtrise. Que faut-il entendre par conscience et
pourquoi celle-ci est-elle une soft skill à part entière ?
Ralph Cudworth en 1648 utilise pour la première fois le terme de
consciousness (que l’on traduit par conscience en français). Ce terme est
repris plus tard par Locke dans son Essai sur l’entendement humain où il le
définit comme « la façon dont un homme perçoit ce qui se passe dans son
propre esprit[1] ». C’est notamment cette façon de percevoir ce qui se passe
dans notre esprit que nous allons pouvoir travailler et améliorer.
William James, docteur en médecine est l’un des fondateurs de la
psychologie moderne aux États-Unis. Dans les propriétés qu’il attribue à la
conscience, il précise qu’elle est « personnelle (elle appartient à l’individu,
au moi), qu’elle est changeante mais continue[2] ».
La conscience, comme une soft skill, est propre à l’individu. D’après
Gerald M. Edelman, il est impossible pour un individu d’avoir une idée
précise de la conscience d’autrui. Il en va de même des soft skills d’une
personne. Si vous êtes en face d’elle, il vous sera impossible de les détecter
avec précision étant donné qu’elle seule peut en avoir conscience.
Prendre conscience est une étape clé dans le développement des soft skills
Effectuer un travail sur ses soft skills nécessite d’en prendre conscience.
De quoi êtes-vous conscient lorsque vous faites face à une situation
déstabilisante ?
Êtes-vous conscient de la difficulté d’y faire face ou plutôt des solutions
que vous allez pouvoir déployer pour faire évoluer cette situation ?
Une partie du travail des soft skills va être axée sur un travail introspectif
qui consiste à prendre conscience des soft skills que vous cherchez à
développer.
Exemple
Bernard, manager dans l’électroménager
Bernard est manager d’un service de département développement
durable d’un grand groupe commercialisant des appareils
électroménagers. Il est en charge d’impulser et de mener à bien des
projets qui répondent aux enjeux de responsabilité sociale de
l’entreprise. L’été dernier, lui et son équipe planchaient sur une
meilleure transparence envers les clients de l’entreprise concernant la
provenance des matières premières utilisées pour la fabrication des
produits. Durant cette période, Bernard est entré en contact avec un
certain nombre de décideurs de l’entreprise pour tenter de les
convaincre d’aller dans le sens de cette politique de transparence. Au
bout de quelques mois et avec l’aide précieuse de son équipe, Bernard
est parvenu à rassembler suffisamment d’acteurs en interne pour
enrichir et préciser les informations délivrées au client. De cette
réussite, il tira le constat suivant qu’il fit partager à l’ensemble de son
équipe au cours d’une réunion de débriefing.
« J’ai constaté, à l’issue de ce projet, à quel point sa réussite a été
soutenue par nos efforts en matière de pédagogie à l’égard des diverses
parties prenantes avec lesquelles nous avons traité. Si je n’avais qu’un
regret à avoir sur le déroulement de cette mission, c’est d’ailleurs de ne
pas avoir pris conscience plus tôt de l’importance de cette pédagogie
dans l’efficience de nos actions. C’est pour cette raison que j’invite
ceux qui le souhaitent à suivre une formation sur la pédagogie dans la
transmission des messages, dans le but de renforcer le succès de nos
actions, mais aussi l’aisance et la sérénité avec laquelle nous évoluons
dans l’entreprise. »
Cet exemple permet de distinguer clairement deux phases concernant
l’utilisation de la pédagogie, une aptitude clé dans le management
d’aujourd’hui. La première phase correspond à une utilisation plutôt
inconsciente de la pédagogie. Bernard ne s’était pas rendu compte que
l’éducation est un vrai moteur de la réussite de son équipe. Sa prise de
conscience a donc introduit naturellement une phase correspondant à une
utilisation consciente de la pédagogie, où celui-ci invite son équipe à suivre
une formation sur cette aptitude.
C’est à partir de la deuxième phase que l’on peut véritablement parler de
la soft skill pédagogie, étant donné que celle-ci était ignorée durant la
première phase. La prise de conscience dynamise les ressources de
l’individu. L’utilisation consciente des soft skills permet de les
perfectionner consciemment et intelligemment.
Prenons un autre exemple, la soft skill « gestion du stress ». Avant de
vouloir vous perfectionner dans la gestion du stress, il peut être nécessaire
de prendre conscience que vous pouvez gérer votre stress. Cette prise de
conscience peut se faire par la compréhension du processus d’apparition du
stress. Le stress n’est alors plus une fatalité, mais un phénomène que vous
vous êtes approprié.
D’après l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail de
Bilbao, « un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la
perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son
environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y
faire face.[3] »
C’est lorsqu’une personne prend conscience qu’elle ne se sent pas à
même de faire face à ce que lui impose son environnement, qu’elle ressent
du stress. L’opportunité de gérer ce stress peut alors naître à partir de cette
prise de conscience.
Dans l’exemple précédent, Bernard a été capable d’établir un diagnostic
précis, il a véritablement pris conscience des solutions à envisager.
Comment développer cette soft skill conscience ainsi que les aptitudes qui
en découlent.
Travailler sa conscience grâce à la méditation et aux techniques méditatives
Les techniques méditatives qui seront introduites ici visent à devenir plus
conscient des situations managériales et des soft skills à optimiser.
Le terme « techniques méditatives » se réfère directement au terme
« méditation » dont il existe de nombreux courants. L’utilisation du terme
« techniques méditatives » permet de ne pas se référer à un courant en
particulier, et d’utiliser les leviers pratiques que propose la méditation pour
une application dans le monde managérial.
Par ailleurs, seront détaillés un certain nombre d’exercices inspirés des
principes de la méditation, mais qui ne correspondent pas véritablement à
de la méditation en tant que telle.
Il est cependant nécessaire de poser un cadre correspondant à ce que l’on
entend par la notion de méditation. Bien entendu, cette définition n’engage
que les auteurs et libre à vous de vous y référer, ou non.
La méditation est l’attitude consistant à prendre conscience de ce qui se
passe maintenant sans émettre de jugement. Cela peut être :
1. ce qui se passe en vous (vos pensées, vos émotions, votre rythme
cardiaque, etc.) ;
2. ce qui se passe dans votre environnement (la personne qui se trouve en
face de vous, le bruit environnant…) ;
3. les deux simultanément.
Dit autrement, méditer consiste à apprendre à vivre consciemment dans la
totalité de votre présent. Votre présent pouvant s’étendre de la plus intime
pensée que vous entretenez actuellement, à la personne que vous apercevez
par exemple à quelques centaines de mètres de vous.
La méditation apprend à prendre conscience

« L’unique différence entre la méditation et le processus ordinaire


quotidien des pensées, des émotions et des sensations est la
présence ou non de la conscience simple et nue, celle qui survient
lorsque vous laissez votre esprit se détendre tout bonnement tel
qu’il est, sans donner suite aux pensées, ni être distrait par des
sentiments ou des sensations. » Yongey Mingyour Rinpotché[4]

Pour qu’une méditation soit efficace, elle doit consister à être attentif sans
jugement de votre part. Pourquoi ? Parce que lorsque vous jugez une
situation par exemple, vous entretenez une certaine pensée à propos de
celle-ci. Et lorsque vous êtes occupés à penser, vous ne pouvez être
pleinement attentifs à ce qu’il se passe. Comme l’explique Thierry Janssen,
psychothérapeute, « Pratiquer la méditation revient à apprendre à rester
dans l’instant présent, en témoin de ce que nous sommes en train de penser
ou de ressentir, mais sans nous laisser entraîner dans l’action de penser. »[5]
Pour bien comprendre cela, imaginez que vous êtes en train de parler à
votre supérieur hiérarchique. Pour capter pleinement ce qu’il vous dit, il
vous faut naturellement être attentif à ce qu’il vous dit. Mais si pendant que
votre supérieur vous parle, vous êtes en train de préparer mentalement la
réponse que vous voulez lui faire, vous ne pouvez recevoir la totalité de son
message. Autrement dit, vous ne pouvez pas à la fois être concentré sur le
message qu’il vous délivre, et sur celui que vous voulez lui délivrer. Cela
peut apparaître évident, mais il arrive souvent que l’impatience ou l’anxiété
d’une personne l’empêche de recevoir pleinement les informations dont elle
a besoin pour construire la meilleure réponse possible à la situation qu’elle
traverse.
La méditation vous permet d’apprendre à diriger consciemment votre
attention sur ce à quoi vous souhaitez être attentif. Matthieu Ricard parle de
la méditation comme un « entraînement de l’esprit ».

Exercice
Initiation à la méditation
Prenez deux minutes de pause durant votre travail pour prendre
conscience des émotions que vous vivez actuellement. Soyez juste
attentifs à ce que vous ressentez pendant ces deux minutes. S’il vous
arrivait pendant ces deux minutes de repenser par exemple au dossier
que vous devez traiter en urgence, recentrer vous sur l’unique objectif
de ces deux minutes : la prise de conscience de ce que vous ressentez
actuellement.
Vous pouvez effectuer le même exercice avec vos pensées. Pendant
deux minutes, prenez conscience des pensées qui vous traversent
l’esprit, sans les juger, ni les commenter ou les entretenir.
En effectuant ces deux exercices l’un après l’autre, dans l’ordre que
vous choisirez vous découvrirez petit à petit l’intime relation entre vos
pensées et vos émotions du moment. Plus vous serez familiarisé à la
prise de conscience de vos pensées et de vos émotions, plus il vous sera
facile de gérer vos émotions, en gérant vos pensées. Vous pourrez par
exemple choisir de ne plus entretenir de pensées anxiogènes, telles que
l’appréhension de la semaine à venir, par votre conscience du caractère
« stressant » de ce type de pensée.

Comment utiliser les techniques méditatives pour développer vos soft


skills et plus particulièrement ici l’aspect « conscience de vos soft skills » ?

Exercice
Développer la conscience de vos soft skills
Durant votre journée, adoptez le réflexe de penser à une soft skill que
vous aimeriez développer, telle que votre capacité à vous motiver par
exemple. Gardez en tête cette compétence : « Ma capacité à me
motiver ».
Lorsque vous rencontrerez une tâche « démotivante » durant votre
journée, prenez quelques minutes pour prendre conscience d’un
maximum d’éléments qui peuvent entrer en jeu dans votre capacité à
vous motiver. En prenant du recul, y a-t-il des éléments qui pourraient
vous motiver à effectuer cette tâche ? Si vous devez par exemple
terminer un dossier particulier qui ne vous enchante pas, voyez-vous,
au-delà de la réalisation même de ce dossier, des avantages à le
terminer dans les plus brefs délais ?
Si vous parvenez à trouver des raisons motivantes de terminer une
tâche, vous entretiendrez des pensées motivantes, qui impacteront
directement votre dynamique du moment. Même si vous ne trouvez pas
de raisons motivantes d’effectuer la dite tâche, prendre l’habitude de
rechercher des facteurs de motivation développera votre capacité à
vous motiver.
Quelles pensées entretenez-vous actuellement ?
Observez-vous des pensées qui freinent votre motivation ?
Si oui, vous êtes sur la bonne voie pour améliorer votre motivation. Si
vous pouvez créer des pensées qui vous démotivent, rassurez-vous, il
est possible aussi de créer des pensées motivantes.
Vous pouvez peut-être d’ailleurs constater que sans l’attitude qui
consiste à être attentif aux pensées « démotivantes » (comme par
exemple « j’ai une dure semaine de travail qui m’attend, cela ne
m’enchante pas »), il vous est difficile d’émettre l’intention d’entretenir
des pensées « plus motivantes » (telles que « Je peux créer une attitude
positive dès maintenant, et cette possibilité me motive »).
Il peut être tentant de penser qu’une tâche particulière n’est pas
motivante. En réalité ça n’est pas la tâche en elle-même qui n’est pas
motivante, mais l’idée que vous vous en faites.
Pour résumer ce petit exercice, lorsque vous n’êtes pas motivé pour
effectuer un travail en particulier, ne pensez pas à ce travail, mais plus
précisément à la pensée que vous entretenez à propos de ce travail.

Il peut paraître étrange de « penser à vos pensées », mais c’est pourtant


une attitude puissante pour changer votre dynamique du moment. Le
principe de méditation décrit dans l’encadré précédent vous entraînera à
être vigilant aux pensées que vous entretenez, et indirectement à développer
votre capacité à vous motiver.
Antonio Damasio, neuroscientifique, explique que « Le travail principal
de l’esprit de tout être vivant consiste à cartographier sans arrêt ses
moindres sensations et à en tirer un modèle interne de soi-même, mais aussi
un modèle de soi par rapport au monde, et donc un modèle du monde. »[6]
Ce travail naturel de l’esprit, dont parle Antonio Damasio, peut être effectué
consciemment et efficacement grâce à la méditation.
Méditer pour améliorer sa capacité d’anticipation et être plus réactif
Quelqu’un d’observateur est plus au fait de ce qu’il vit que quelqu’un qui
ne l’est pas. Si vous faites un effort particulier d’observation en marchant
dans la rue, vous risquez moins de glisser sur une peau de banane que
quelqu’un qui n’aura pas fait d’effort. La méditation, qui consiste à
observer sans jugement, permet d’obtenir plus d’informations sur son
environnement et d’accroître sa vigilance.
La vigilance de votre esprit sur ce qui se passe maintenant permet d’être
moins distrait par vos préoccupations diverses. Si votre esprit est distrait par
une pensée particulière, comme la dernière remarque désagréable de votre
supérieur hiérarchique, vous êtes moins réactif, et encore moins disponible
pour anticiper une situation quelconque.
La méditation entraîne votre esprit à être moins distrait, plus attentif et
plus conscient, pour répondre à un éventuel besoin de réaction.
Pour travailler votre clarté d’esprit, votre capacité à anticiper et à réagir
efficacement aux situations, voici un exercice méditatif que vous pouvez
effectuer lorsque vous avez un moment dans votre journée, tel que le matin
dans les transports en commun par exemple.

Exercice
Imaginez-vous au cinéma
Pendant cinq minutes par exemple, imaginez que tout ce à quoi vous
assistez correspond à un film en trois dimensions que vous regardez
assis confortablement dans une salle de cinéma. Vous êtes durant ces
cinq minutes, le spectateur attentif de tout ce qu’il se passe autour de
vous. L’objectif est d’être capable, si on vous le demandait, de décrire
précisément tout ce à quoi vous avez assisté.
En plus de vous faire travailler votre capacité d’attention et
d’observation, cet exercice entraîne d’autres soft skills telles que votre
capacité de concentration, d’écoute et de mémorisation. Pour améliorer
l’efficacité de cet exercice, veillez à ne pas commenter dans votre tête
la scène que vous vivez. Contentez-vous de recevoir les informations,
les images et les sons, tels qu’ils vous parviennent sans les commenter
à votre façon. Ici vous n’avez pas le temps d’interpréter quoi que ce
soit, mais juste le temps de capter un maximum de perceptions pour
pouvoir être capable de les retranscrire par la suite à une tierce
personne.
Cet exercice entraîne votre esprit à être pleinement réceptif des éléments
qui caractérisent une situation pour mieux évoluer au sein de celle-ci.
Ne pensez pas à la couleur rouge
En lisant ce titre, êtes-vous parvenu à ne pas penser à la couleur rouge ?
Cette question est une question « piège » car même si vous pensez avoir
réussi à ne pas penser au rouge, ce n’est peut-être pas tout à fait vrai.
Votre esprit risque de penser à la couleur rouge, ne serait-ce que pour
comprendre la phrase « Ne pensez pas à la couleur rouge ». Pour
comprendre un message, vous devez le reformuler dans votre esprit,
entretenir une pensée à propos de ce message. Vous n’en avez pas le choix.
Cependant, vous avez le choix de créer la pensée que vous souhaitez créer,
comme par exemple, « en ce moment quoi que l’on me dise, je pense à la
couleur bleue ». Si vous êtes fermement conscient de cette pensée, il sera
difficile de vous faire penser à la couleur rouge.
En effet, votre état d’esprit est constamment sous influence.
Dans ce test de la couleur rouge, l’influence exercée sur vous est
relativement basique, et vous pouvez en prendre conscience.
Maintenant, imaginez dans votre management, le nombre d’influences
diverses qui suscitent en vous des quantités de pensées. Que ce soit
quelques mécontentements dans votre équipe, un rétroplanning très chargé
et difficile à tenir, ou encore votre supérieur hiérarchique qui vous sollicite
régulièrement pour l’appuyer sur certains travaux, ces problématiques sont
source d’influence sur votre mental.
Concrètement, lorsque vous travaillez sur un projet particulier, veillez à
ce que vos pensées soient en rapport avec ce projet. Si ça n’est pas le cas, et
que vous êtes par exemple distrait par d’autres dossiers en cours, prenez
l’initiative de créer de nouvelles pensées en rapport avec ce que vous
cherchez à réaliser.
Pour ce faire, concentrez-vous quelques instants sur cette affirmation « Je
crée à présent les pensées que je souhaite créer » ; ou encore, « Je pense à la
tâche que je souhaite réaliser maintenant » Pour Luc de Brabandère,
« penser consiste à relier entre eux des données et des faits observés au
moyen de structures mentales qui leur donnent du sens. Une idée se forme
alors, qui est acceptée comme hypothèse de travail. »[7]
Cette capacité à relier des données et des faits semble importante dans la
construction de la pensée, nécessaire pour effectuer un travail particulier.
Mais cette capacité peut être largement entravée par les influences dont
nous avons parlé plus haut.
En effectuant la gymnastique de l’esprit qui correspond à « méditer »,
vous vous habituez à ne pas attacher systématiquement de l’importance aux
influences extérieures. Ce faisant, vous vous rendez plus disponible pour
entretenir les pensées qui vous sont les plus utiles. Cette disponibilité
d’esprit favorise aussi votre créativité, ainsi que votre bien-être au travail.

Exercice
Développer sa concentration
Lorsque vous aurez besoin de vous concentrer pour effectuer une tâche
particulière, posez-vous les questions suivantes :
1) Quelle sera ma prochaine pensée ? (tentez de garder cette question à
l’esprit pendant une vingtaine de secondes).
En vous concentrant sur cette question, vous devriez comprendre
qu’aucune pensée ne peut véritablement apparaître. Pourquoi ?
Si vous parvenez à rester concentré sur cette question « Quelle sera ma
prochaine pensée ? », votre seule pensée devrait être cette même
question. Cet exercice vous prouve que vous pouvez créer la pensée
que vous souhaitez au moment où vous le souhaitez. Ici, la pensée que
vous venez de susciter est « Quelle sera ma prochaine pensée ? ».
Lorsque vous comprenez votre capacité à impulser les pensées que
vous choisissez, vous pouvez à tout moment choisir de créer une
pensée en rapport avec ce que vous êtes en train de faire. C’est cela la
concentration, parvenir à focaliser votre pensée sur ce que vous
souhaitez.
Si ça n’est pas le cas, si vous ne parvenez pas à rester « bloqué » sur
cette question « Quelle sera ma prochaine pensée ? » et que d’autres
pensées apparaissent dans votre esprit, alors vous allez devoir encore
affiner votre capacité de concentration. En effet, vous n’êtes pas
parfaitement concentré sur ce que vous devez effectuer actuellement, à
savoir, vous poser cette fameuse question « Quelle sera ma prochaine
pensée ? ». Vous pouvez donc passer aux questions (2), (3) et (4).
2) « À quoi suis-je en train de penser actuellement ? » (Réfléchissez à
cette question pendant environ 20 secondes.) Si vous avez des pensées
qui vous traversent l’esprit actuellement, tentez de les garder en
mémoire.
3) « Ai-je pu durant ces 20 secondes identifier une ou plusieurs pensées
qui m’ont traversé l’esprit ? »
4) « Si oui, est-ce que la ou les pensées identifiées sont en rapport avec
la tâche pour laquelle j’ai besoin d’être concentré ? » (Si non, posez-
vous à nouveau la question 1 jusqu’à parvenir à identifier au moins une
de vos pensées.)
Si la réponse à la question 3 est « oui » : bravo, vous êtes concentré !
Si la réponse à la question 3 est « non » : prenez conscience que vous
n’êtes pas concentré et tentez de centrer votre pensée sur la tâche que
vous voulez effectuer.
Lorsque vous serez suffisamment à l’aise avec cet exercice, tentez de le
refaire dans des contextes différents, où vous serez moins au calme.
(Dans une situation de travail en open space par exemple.)

Remarquez ici que dans le cas où vous n’êtes pas concentrés sur la tâche
que vous voulez effectuer, vous devez prendre conscience de cela pour
éventuellement se concentrer à nouveau.

Exercices
Développer sa gestion du stress
Exercice 1
Lorsque vous ressentez du stress, (de nombreux indicateurs peuvent
vous aider à savoir que vous êtes stressés tels que des maux de ventre,
votre pouls qui s’accélère, une tension de vos muscles, une respiration
plus rapide qu’à la normale), posez-vous les questions suivantes :
1) À quoi pensez-vous actuellement ?
2) Parmi vos pensées, identifiez celles qui semblent vous causer du
stress. (Cela peut par exemple être des pensées en rapport avec un
événement important qui va arriver, et que vous appréhendez. Ou
encore, des pensées dues au fait de vous remémorer une situation
déstabilisante que vous avez vécue)
3) À présent, vous n’êtes plus simplement en train de penser, vous êtes
en train de penser à ce que vous pensez. Vous prenez conscience que
vous êtes le donneur d’ordre de vos pensées.
4) Créez à présent d’autres pensées (Je crée à présent la pensée que je
choisis), moins pesantes, telles que « Je suis en train de gérer mon
stres » ou « Je suis en train de créer des pensées plus agréables ».
Comme évoqué plus haut, la façon dont vous vous sentez actuellement
est intimement liée à ce que vous pensez actuellement. Lorsque vous
êtes stressé, rappelez-vous que la majeure partie de votre stress
provient de ce à quoi vous êtes en train de penser.
Constatez à quel point la prise de conscience de vos pensées permet de
les relativiser afin d’en créer d’autres consciemment.
Exercice 2
Quand vous ressentez du stress, donnez-vous comme unique consigne
de prendre conscience de votre respiration, dans ses moindres détails.
Écoutez par exemple le bruit de l’air qui remplit lentement vos
poumons, ainsi que le bruit de votre expiration. Soyez attentif à
l’apaisement que vous procure le simple fait de respirer. Effectuer cet
exercice, même pendant une minute, peut vous permettre d’apaiser
votre stress.

L’esprit d’entreprendre
Entreprendre consiste à changer un ordre existant.
Joseph Schumpeter

Vous rappelez-vous de Bernard, le manager en développement durable vu


dans la section précédente ? Cadre dans une société commercialisant des
appareils électroménagers, il se lève tous les jours pour mener ses équipes
vers des objectifs précis. Le côté humain de son poste le motive au
quotidien. Il aime conseiller ses collègues, les former et les voir mûrir dans
leur travail. Proposer des idées innovantes l’anime : il se rappelle très bien
de sa nouvelle méthode créative de réunion d’équipe que la direction a
généralisée dans les autres départements. Mais malgré cet épanouissement,
il rêve de liberté. « Et pourquoi ne pas me lancer à mon propre compte,
pourquoi ne pas devenir entrepreneur ? ».
Ce sont des témoignages qui reviennent régulièrement lors de discussions
liées à l’entrepreneuriat. Cependant, est-ce que l’entrepreneuriat est
uniquement le fait de créer son entreprise ?[8]
Un entrepreneur dans ce cas n’est pas rattaché à un statut de créateur
d’entreprise, cela va au-delà de la fonction.
Selon le CNRTL (Centre National de Recherche Textuelles et Lexicales),
le terme entreprendre tient sa source du Moyen Âge (XIIe siècle). Il
signifiait « s’attaquer à » ou « commencer à mettre en œuvre quelque
chose ». Il serait issu d’une altération du verbe « emprendre » qui signifiait
« commencer, mettre en œuvre », du latin impredhendere.
« Entreprendre » dans le contexte économique et commercial (comme
créer un commerce par exemple) ne sera utilisé que bien plus tard, à partir
du début du XVIIIe siècle. La source du verbe entreprendre n’est donc pas
économique mais bien humaine, l’acte de mettre en œuvre.
Mais depuis l’âge industriel, le terme « entrepreneur » a évolué dans la
réalité actuelle pour être compris comme créateur d’une initiative
économique. Une typologie des entrepreneurs est ainsi née. Selon Sophie
Boutillier et Claude Fournier, auteurs de l’ouvrage Artisanat – La
modernité réinventée, il n’y a pas un entrepreneur, mais des entrepreneurs :
1. typologie selon la technicité : l’entrepreneur-innovateur (technique) ou
l’entrepreneur organisateur (administratif), par Collins et Moore en
1964 ;
2. typologie selon le niveau d’éducation et de formation : entrepreneur
artisan (technique et peu social) ou l’entrepreneur opportuniste (vision
et fort relationnel) par Smith (1967) ;
3. typologie selon l’intention : l’indépendant-entrepreneur (désir de
liberté) et l’entrepreneur créateur d’organisation (forte ambition) par
Ettinger (1983)[9].

Qu’est ce qu’un entrepreneur ?


Quels sont les points communs entre ces différents entrepreneurs ?
Après plus de 100 entretiens avec des entrepreneurs de « tous types » (que
vous pouvez retrouver sur www.pourquoi-entreprendre.fr), une définition
générale de l’entrepreneur peut être dégagée : une personne engagée dans
un projet avec l’intention d’apporter des solutions à des bénéficiaires.
Cette définition se rapproche du sens originel de ce terme
« entrepreneur », à savoir une personne qui met en œuvre. L’engagement
n’est pas uniquement une volonté mentale, il s’agit aussi d’une participation
active, par une option conforme à ses convictions profondes[10] : être engagé
c’est agir en restant en accord avec soi.
Voici l’exemple d’un restaurateur pour illustrer cette définition :
1. une personne engagée : le restaurateur est passionné par la cuisine des
îles ;
2. dans un projet : il souhaite vivre de cette passion en ouvrant un
restaurant proposant des spécialités réunionnaises ;
3. avec l’intention d’apporter des solutions : ce restaurant lui permettra
de répondre aux envies de « manger exotique » ;
4. à des bénéficiaires : une envie que partagent de nombreuses personnes
de sa localité.

Témoignage
Philippe Hayat, président de 100 000 entrepreneurs, expert en
entrepreneuriat

« Chacun a ce potentiel d’entreprendre. Mais ce potentiel est


décuplé lorsque la personne entreprend à partir d’une envie. La
première démarche est alors de savoir sur quel projet elle aimerait
travailler. Ce n’est pas une étape facile car l’individu doit
échanger avec beaucoup de personnes et faire de l’introspection
pour prendre conscience de ses envies. C’est une démarche de
questionnement à commencer dès l’école et à perpétuer tout au
long de sa vie car les goûts et les projets évoluent. Cette démarche
de réflexion est fondamentale.
La deuxième démarche est le courage de se lancer. C’est
également une étape complexe car elle implique de prendre
certains risques pour mener le projet de ses rêves. Après avoir
fondé une famille, une stabilité sociale et financière, il faut oser
prendre le risque de perdre cela. D’où l’importance de commencer
l’introspection de ses envies le plus tôt possible.
Si l’envie existe alors elle est présente dans ce que l’on aime faire.
La personne peut se poser la question «qu’est ce que j’aime faire
spontanément lorsque j’ai un moment de libre ?» pour amorcer sa
réflexion sur ses envies. Les envies se sont forcément exprimées
un jour ou l’autre, il faut savoir les écouter. Ce sont comme des
vibrations qu’on cherche à ressentir mais qui sont généralement
étouffées par les études. »

Exemple
Pourquoi Bernard serait-il entrepreneur en tant que manager ?
En reprenant la définition précédente, voici pourquoi Bernard est lui
aussi un entrepreneur :
une personne engagée : Bernard est porté par des valeurs qu’il vit dans
son quotidien professionnel. Cette dynamique lui donne
l’enthousiasme et l’énergie nécessaire pour avancer dans la durée.
dans un projet : son entreprise lui a confié une mission l’amenant à
gérer une équipe. En ayant défini un but à atteindre et des étapes à
franchir, la démarche de Bernard est structurée sous forme de projet.
avec l’intention d’apporter des solutions : Bernard et son équipe ont
pour mission d’apporter des solutions à d’autres services de son
entreprise.
à des bénéficiaires : les autres services bénéficient du travail de
Bernard et de son équipe
Bernard correspond alors à la définition de l’entrepreneur proposée
plus tôt.

Pour Bernard, qu’implique le fait d’être entrepreneur ?


En étant engagé et porté par une intention, Bernard a adopté un certain
état d’esprit qui guidera ses actions. En étant créatif, en motivant ses
collaborateurs, en étant curieux, il développe des attitudes et des
aptitudes partagées par la majorité des entrepreneurs que vous
découvrirez plus tard dans l’ouvrage.

Pour aller plus loin avec la notion d’entreprendre

Pour des raisons lexicales nous avons choisi de nommer la soft


skill esprit d’entreprendre. Cet état d’esprit partagé par les
entrepreneurs est un préalable à la mise en œuvre, à l’action.
L’esprit d’entreprendre implique un engagement et une intention
qui faciliteront ce passage à l’action.
Voici le champ lexical autour de la soft skill esprit
d’entreprendre :
1. entrepreneur : une personne engagée dans un projet avec l’intention d’apporter des
solutions à des bénéficiaires.
2. esprit d’entreprendre : l’état d’esprit des entrepreneurs.
3. entrepreneuriat : l’acte d’entreprendre.

Témoignage
Michel Meunier, ancien président du Centre des Jeunes Dirigeants

« Toute personne peut devenir entrepreneur, au moins


entrepreneur de sa vie : maîtriser son destin, faire ce que l’on a
envie de faire avec ceux avec qui on a envie de le faire. […] Il n’y
a pas plus beau qu’entreprendre car cela vous donne une liberté
qui est magique. »[11]
Entreprendre est un état d’esprit. Selon Michel Meunier, l’esprit
d’entreprendre est à la disposition de tous et n’est pas nécessairement inné.

Est-ce que nous naissons entrepreneur ?


« Il n’y a pas “un” caractère d’entrepreneur. Mais il faut “du”
caractère pour l’être. » Peter Drucker
Peter Drucker essaierait-il d’expliquer qu’être entrepreneur ne
repose pas sur une personnalité précise ? Que voulait-il dire par
avoir « du » caractère ? Peut-être fait-il référence à une
singularité affirmée pour devenir entrepreneur. Quoi qu’il en soit,
il ne croit pas à une prédisposition pour devenir entrepreneur.
Une étude menée par Projet Génome Humain en 2001 montre que
c’est l’environnement qui détermine les choix et les actes, pas les
prédispositions génétiques. Comme le dit le biologiste et homme
d’affaires américain, Craig Venter : « Nos actes, produits de notre
environnement et pas de nos gènes. »
L’environnement est fortement lié à la manière dont il est perçu.
Arnold Schwarzenegger n’est qu’un acteur américain pour
certains, un ancien gouverneur pour d’autres. Pourtant il s’agit de
la même personne.
Et que dit l’adage ? « C’est en naissant forgeron que l’on devient
forgeron ? » le pauvre bébé, avec son tablier de cuir et son
enclume… Heureusement, l’adage veut que « c’est en forgeant
que l’on devient forgeron ! ».
Que vous inspirent les personnes suivantes : Xavier Niel, Oprah
Winfrey et Omar Sy ? Le succès ? La chance ? Le talent ?
Et si ces personnes inspirent la ténacité, le travail, le courage ?
Essayez d’imaginer vos idoles non pas comme des personnes
ayant eu beaucoup de chance, mais plutôt comme des personnes
comme vous, qui ont travaillé sans relâche pour atteindre leurs
rêves.
Tout le monde n’a pas de la chance (il faut y croire pour cela) ou
des prédispositions génétiques. En revanche, tout le monde peut
travailler, persévérer, affronter ses peurs et réaliser ses projets.
Pour cela, il convient de se mettre dans le bon état d’esprit. Mais
qu’est-ce que le bon état d’esprit ?
L’esprit d’entreprendre n’est finalement peut-être pas un talent,
mais une compétence.

En quoi l’esprit d’entreprendre est-il une soft skill ?


L’esprit d’entreprendre est une aptitude que tout le monde a la capacité de
développer : il s’agit d’un état d’esprit orienté vers la prise d’initiative et la
construction de solutions. De plus, cette aptitude peut-être « musclée » à
travers l’expérience : c’est en entreprenant que l’on devient entrepreneur.
Pihilippe Hayat, fondateur de l’association 100 000 entrepreneurs en est
convaincu :

Témoignage
Philippe Hayat, président de 100 000 entrepreneurs, expert en
entrepreneuriat

« L’esprit d’entreprendre est à la fois une capacité innée et une


attitude que l’on peut développer. Cette attitude peut se
développer au cours de la vie : on peut avoir des difficultés à
définir ses envies et un certain manque de confiance en soi pour
porter son projet. Ce seront alors les petites victoires de la vie qui
rapprocheront la personne de l’esprit d’entreprendre. C’est
souvent par les rencontres et à travers le regard des autres que l’on
se rend compte que c’est possible de le faire. Cette prise de
conscience de ses capacités est quelque chose qui se construit petit
à petit. Cet esprit d’entreprendre peut aussi être inné lorsque la
personne a grandi dans un environnement entrepreneurial.
L’individu est moins inhibé pour prendre sa vie en main. »

Pourquoi avons-nous appelé cette soft skill esprit d’entreprendre ?


Si le développement des soft skills requiert une prise de conscience, il est
également nécessaire d’agir pour que ce développement soit efficace et
durable. Imaginez que vous venez de prendre conscience que vous pouvez
dessiner, mais que vous restez sur ce constat « Je sais dessiner » sans
cultiver cette compétence par l’action. Serez-vous vraiment sûr de savoir
dessiner si vous ne l’avez pas fait ? Et pensez-vous que cette compétence
soit immuable sans pratique ? La phase « expérimentation » de la soft skill
est une étape nécessaire dans le processus de développement des soft skills.
Et entreprendre est un des leviers les plus efficaces pour cela.
D’après nos recherches et nos études sur l’entrepreneuriat voici une liste
de 4 aptitudes concernant cette soft skill esprit d’entreprendre :
1. la visualisation ;
2. l’engagement ;
3. l’optimisme ;
4. la créativité.
Visualisation : capacité à avoir une vision, à mettre des images sur des
idées, des concepts.
Optimisme : homéostasie (capacité d’un système à rester stable
malgré les contraintes extérieures) mentale face aux difficultés. Il
permet de rester concentré sur les solutions à apporter pour résoudre
une situation problématique plutôt que de rester sur le constat des
problèmes.
Engagement : capacité à décider et à faire preuve de volonté et de
conviction pour aller au bout de ses choix.
Créativité : capacité à générer des idées nouvelles pour résoudre des
problèmes avec originalité.
Travailler votre esprit d’entreprendre vous fera utiliser ces 4 aptitudes.
Cette expérience pratique de la visualisation, de l’optimisme, de
l’engagement et de la créativité développera ces aptitudes.
D’autres auteurs anglo-saxons ont analysé cet esprit d’entreprendre utile
pour l’innovation dans le monde de l’entreprise. Voici notamment une
synthèse de ce que propose l’ouvrage Le Gène de l’innovateur, qui analyse
les compétences douces des collaborateurs les plus innovants.

Les soft skills de l’innovateur

Il existe 4 types d’innovateurs en entreprise :


1. le start-upper ;
2. l’intrapreneur ;
3. l’innovateur de produits ;
4. l’innovateur de process.
Chaque collaborateur a le potentiel d’apporter de l’innovation
dans une entreprise et d’être un entrepreneur.
Pour cela il doit développer ses soft skills « d’exploration » :
1. le questionnement ;
2. l’observation ;
3. le réseautage ;
4. l’expérimentation.
Il doit également développer ses soft skills « d’exécution » :
1. l’analyse ;
2. la planification ;
3. le sens du détail ;
4. la discipline.
Ces soft skills sont interdépendantes et nécessaires dans le
processus d’innovation en entreprise.
Source : Jeff Dyer, Hal Gregersen, Clayton M. Christensen, Le Gène
de l’innovateur, Pearson, 2013

Témoignage
Philippe Hayat, président de 100 000 entrepreneurs, expert en
entrepreneuriat

« Pour développer son esprit d’entreprendre, il est nécessaire de


savoir dépasser le cadre de ses études. Par exemple pendant le
lycée ou les études supérieures, savoir porter des initiatives
comme une association, un événement, un voyage, tout ce qui
pourrait permettre d’entreprendre un projet aussi minime ou
restreint soit-il. C’est le même principe lorsque l’on est dans le
monde du travail, mais la question est alors plus profonde : « suis-
je heureux d’aller travailler lorsque je me lève le matin ». Vous
pouvez ne pas être heureux pendant un cycle, ce n’est pas
dramatique. Mais attention si cela devient chronique, il se peut
qu’il y ait un problème de casting. Et vous ne pouvez pas être
malheureux de 9 heures à 18 heures et heureux après.
Globalement, soit vous êtes heureux, soit vous ne l’êtes pas. Dans
le cas où vous n’êtes pas heureux, une rupture peut s’imposer.
Vous pouvez vous faire accompagner par un coach qualifié pour
cela, car vous n’avez qu’une vie et il ne faut pas la rater. Cette
rupture peut aussi se faire au sein de la même structure en
changeant de projet. »

Exercice
Exercez votre visualisation et créativité
Avez-vous un rêve ?
Dessinez sur une feuille votre rêve. Vous pouvez aussi l’écrire sous
forme d’histoire aussi si vous le souhaitez.
1) Préparez des étapes pour atteindre le rêve
Dessinez par la suite les étapes intermédiaires vous permettant
d’approcher petit à petit votre rêve.
2) Vous avez votre parcours qui va vous permettre de vous rapprocher
petit à petit de votre rêve.
Cet exercice peut être appelé back casting car vous commencez par la
fin (le rêve, ou l’objectif) et ensuite vous construisez le chemin étape
par étape pour y arriver.
Il vous permettra de travailler les aptitudes suivantes :
visualisation ;
créativité ;
optimisme.

Exercice
Entraînez votre esprit d’entreprendre grâce au storytelling
Si votre produit ou votre service était un personnage, lequel serait-il ?
Quelle serait son histoire ? Essayez de répondre à cette question en
racontant une histoire (qui pourrait être réelle ou fantastique). Et si
vous voulez aller plus loin, vous pouvez vous amuser à illustrer cette
histoire telle une bande dessinée.
Faites la même chose avec vos « clients » (ceux qui bénéficient de
votre travail comme vos clients ou même d’autres collaborateurs dans
votre entreprise). Si l’un de vos clients était un personnage, lequel
serait-il ? Quelle serait son histoire ? Illustrer cette histoire donnera
plus de substance à votre « création » et développera votre
compétence créativité.
Une fois que vous avez ces deux histoires, essayez de les fusionner
pour en faire l’histoire de votre entreprise (ou de votre projet en
équipe).
Enfin, racontez cette histoire autour de vous et voyez les réactions
qu’elle suscite. Vous pourrez être étonné des résultats.

Cet exercice vous permettra de travailler les 4 aptitudes rattachées au


pilier esprit d’entreprendre.

Développer son potentiel entrepreneurial


Claude Ananou, maître d’enseignement à HEC Montréal et multi-
entrepreneur, a créé un parcours de formation consistant à développer le
potentiel entrepreneurial des managers et futurs managers.
Voici le contenu de son programme que vous pouvez utiliser pour vous-
même ou pour animer et former votre équipe.
Témoignage
Claude Ananou, maître d’enseignement à HEC Montréal

Comment développer son esprit d’entreprendre en 4 étapes ?


« L’entrepreneur doit être capable d’expliquer le besoin encore
mieux que le client lui-même : il doit être pédagogue, c’est une
vraie compétence. Selon moi, l’entrepreneur est comme un
scientifique : il doit être capable de disséquer cette molécule
besoin pour en comprendre sa complexité et notamment
l’assemblage des différents besoins la composant. L’entrepreneur
doit avoir cette compétence car le client n’est pas un spécialiste de
son besoin, ce n’est pas sa préoccupation première. »
« Lorsque j’enseigne l’entrepreneuriat, une grande partie de mes
cours repose sur le développement de l’esprit d’entreprendre et
des compétences transversales suivantes : curiosité, créativité,
innovation, l’envie de changer le monde et la sensibilité à la perte.
Ainsi les 5 premières séances (sur 12) reposent principalement sur
le développement de ces soft skills car la base de l’entrepreneuriat
c’est l’entrepreneur, la personne qui porte son projet. Le vécu de
l’entrepreneur est la base de son projet.
Dans un premier temps, je les fais travailler leur curiosité :
certains l’ont déjà développée, d’autres moins. Voici un exercice
que je leur propose : rédiger deux pages sur un sujet dont ils n’ont
jamais entendu parler. Je les oblige à sortir de leur zone de confort
pour ouvrir leurs esprits. C’est la base nécessaire pour la
créativité. Les résultats de cet exercice sont les suivants :
Une plus grande humilité : plus la personne sort de sa zone de confort plus elle se rend
compte que son savoir est limité, elle ne voit plus le monde de la même manière.
Une ouverture du champ des possibles : en découvrant d’autres territoires, la personne
diversifie son « buffet » de possibilités.
Une capacité d’analyse plus grande : ce qui sera très favorable pour analyser la molécule
du besoin client par exemple.
Ensuite, je fais travailler les étudiants sur leur créativité à travers
la question suivante : quelle est la moitié de 8 ?
La plupart répondront 4. Les plus impertinents répondront 3, mais
le champ des possibles est vaste : cela peut-être aussi o, un e qui
ressemble à la moitié d’un 8, w, VI et II, hu et it… Cela dépend de
la manière dont nous voyons les choses. L’esprit d’entreprendre
repose notamment sur la capacité à voir les choses différemment.
Cet exercice permet aux étudiants de prendre conscience qu’ils
sont enfermés dans des paradigmes qui limitent leur créativité.
Voici un second exercice que je leur propose : dessinez une
maison en 30 secondes puis mettez le dessin au-dessus de votre
tête. Ils se rendent compte qu’ils ont presque tous dessiné la même
chose. Je leur demande de l’échanger avec un voisin et ce dernier
doit compléter le dessin en 15 secondes. Tous les voisins
complètent le dessin de la même manière en dessinant un arbre,
une cheminée, un chemin… Ils tombent dans les mêmes
paradigmes. C’est alors que je leur explique en quoi la curiosité
est un préalable à la créativité : cela leur permet de sortir plus
facilement de leur paradigme, de penser en dehors de la boîte pour
être créatif.
Après cette séance sur la créativité, je leur propose de travailler
leur capacité à innover. Contrairement à la créativité qui n’a pas
de finalité, l’innovation est un acte cérébral qui a une finalité
fonctionnelle, pour combler un besoin. Pour cela, je les pousse à
partir de l’impossible pour innover et réussir tout de même à
répondre au besoin.
Après avoir travaillé l’innovation, nous nous attardons sur une
particule très importante chez l’entrepreneur : la particule « je
veux changer le monde ». Car pour moi l’entrepreneur est une
personne qui arrive à changer son environnement, qui arrive à
contribuer à un monde meilleur, comme un demi-dieu. Il arrive à
apporter quelque chose en plus et différent dans le monde.
La dernière soft skill que je cherche à développer chez ces
entrepreneurs est leur sensibilité à la perte. Dans le monde de
l’entrepreneuriat, nous entendons souvent parler de risque :
l’entrepreneur aime prendre des risques. Mais selon moi, c’est
faux : le risque n’existe pas chez l’entrepreneur. Car le risque se
mesure de manière statistique, c’est un terme d’assurance. Quand
on entreprend, on est dans l’inconnu (même si on essaye de
contrôler certaines variables), alors comment mesurer l’inconnu,
quelle serait l’unité de mesure ?
Il s’agit de quelque chose de subjectif : un étudiant n’accordera
pas autant d’importance à la perte de son patrimoine qu’une mère
de famille avec une grande carrière professionnelle. J’essaie donc
de sensibiliser mes étudiants à leur degré de sensibilité à ce qu’ils
peuvent perdre en partant dans l’inconnu.
Voici la question que je leur pose : « Qui est prêt à gagner 10
millions de dollars avec 99 % de chance de gagner ? » Cela
dépend de ce qui peut arriver si l’on tombe sur le 1 % restant.
Qu’est ce que je peux perdre dans cette aventure ? Est-ce que je
peux perdre un bras, ma vie sociale… ?
Les deux critères permettant d’influencer la décision de
l’entrepreneur sont : soit faire baisser la perte, soit augmenter le
gain. En faisant varier ces deux curseurs, l’entrepreneur prend
conscience de ce qui a de la valeur pour lui. Voici les 6 éléments
qui ont le plus de valeur pour un entrepreneur et qu’il doit prendre
en compte dans son degré de sensibilité à la perte :
finance (argent, carrière, temps…) ;
famille (enfants, conjoint, parents…) ;
santé (physique, psychique…) ;
notoriété (regard des autres s’il y a un échec) ;
estime de soi (connaissance de soi, confiance en soi, résilience…).
Les différents exercices que je propose permettent aux étudiants
de mieux se connaître en prenant conscience de ce qui a de la
valeur pour eux. »

La confiance
Si vous avez confiance en vous-même, vous inspirerez confiance aux
autres.
Johann Wolfgang Von Goethe

Que ce soit la confiance en soi ou la confiance en son environnement, la


notion de confiance est essentielle pour émettre l’intention de développer
ses soft skills. Une des questions que l’on peut se poser dans l’approche soft
skills est « Suis-je capable de faire progresser mes soft skills ? ».
S’interroger sur ses capacités touche directement à la confiance.

Prendre confiance
L’étape de prise de confiance peut être facilement franchie. Entamer une
démarche d’utilisation de soft skills implique une avancée dans la confiance
en soi (ou dans la confiance en son environnement).
L’ouvrage Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner résume dix ans de
recherches cognitives et contient une révélation étonnante : la confiance est
un état d’esprit qui se communique. Les neurones miroirs permettent de
communiquer des émotions ou des états d’esprits d’une personne à l’autre.
C’est ainsi qu’il est possible de communiquer sa confiance aux autres.
Un manager qui n’a pas confiance en lui peut difficilement inspirer de la
confiance auprès de ses collaborateurs, car il doit avant tout « vivre » l’état
d’esprit de confiance pour le transmettre aux autres. Comme le disait
François de la Rochefoucauld, « Rien n’est plus contagieux que
l’exemple ».

Changer le climat d’une équipe


« Pour changer le climat de l’ensemble de l’organisation, il
convenait d’intervenir d’abord au niveau du groupe de direction,
directeur général inclus. Par son exemple, le groupe de direction
devait administrer la preuve aux échelons inférieurs de la
hiérarchie qu’il était possible de fonctionner de façon
participative. Il fallait avant tout, que la volonté du directeur de
changer le style de direction et le climat de l’organisation, soit
crédible aux yeux des membres du groupe de direction. » F. Petit,
M. Dubois[12].
Vous devez faire preuve d’un minimum de confiance en vous pour
développer vos soft skills, mais vous n’avez qu’un tout petit pas à faire car
une fois lancé, le développement des soft skills implique petit à petit une
meilleure confiance en vous et en votre environnement.
Dans Le Livre des décisions[13], Mikael Krogerus et Roman Tschappeler
présentent ce que Rita Mae Brown appelle le modèle de l’élastique, utilisé
lors de prises de décision importante, comme par exemple, changer
d’emploi.
Si en pesant le pour et le contre de cette décision engageante sur le long
terme, vous ne parvenez pas à faire votre choix, l’idée du modèle est de se
poser les deux questions suivantes : « Qu’est-ce qui m’attire ? Qu’est-ce qui
me retient ? »
À la différence de la réflexion classique qui consiste à peser « le pour et le
contre », ces deux questions sont formulées ici de façon positive. Avec ces
deux questions, vous pouvez avoir les configurations suivantes : « J’ai
identifié suffisamment d’éléments qui m’attirent dans ce projet pour me
décider à y impliquer d’autres acteurs » ; « J’ai identifié suffisamment
d’éléments qui me retiennent dans le déroulé du projet pour me décider à
conserver la composition de l’équipe actuelle ».
Vous pouvez trouver des avantages dans les deux situations. La prise de
décision est facilitée par le fait que quoi que vous choisissiez, votre décision
est guidée par une optique favorable et motivante pour vous.
La confiance en soi peut être impulsée par une nouvelle façon de voir les
choses, un état d’esprit positif concernant l’intention de faire un choix
réfléchi et optimisé. Ce n’est pas tellement le choix que vous faites ici qui
est important pour vous, et pour votre confiance en vous, mais le fait d’être
rassuré d’avoir agi en connaissance de cause. La connaissance de causes
correspond ici à avoir su identifier suffisamment d’éléments qui vous
retiennent ou suffisamment d’éléments qui vous attirent.
Cette intention volontaire de votre part d’adopter un nouvel état d’esprit
entraîne une meilleure confiance en vos choix. La confiance est ainsi une
véritable soft skill que chacun peut s’approprier et développer en adoptant
l’état d’esprit souhaité à tout moment.

En quoi la confiance est-elle une soft skill ?


Pour rappel, voici la définition de « compétence » proposée par le
Larousse : « Ensemble des dispositions, capacités, aptitudes spécifiques qui
permettent à tout sujet parlant une langue de la maîtriser, et qu’il met en
œuvre à l’occasion de ses actes de parole effectifs dans des situations
concrètes (ce qui constitue la performance). »
La confiance est un état d’esprit que vous pouvez enclencher quand vous
le voulez par la volonté. Il s’agit d’une aptitude, d’une capacité consciente
mise en œuvre lors de situations concrètes (prise de parole, négociation…).
Elle permet d’aboutir à de meilleures performances individuelles et
collectives.
De plus, la confiance est utilisable dans plusieurs situations différentes.
Elle contribue à une meilleure résilience intellectuelle, individuelle et
collective. La confiance contribue donc au « développement durable » de
l’individu.
Elle possède toutes les caractéristiques d’une compétence douce, d’une
soft skill :
1. ensemble d’aptitudes ;
2. permettant une meilleure performance ;
3. utilisable de manière transversale ;
4. et contribuant au développement durable de l’individu.
Dans son livre Nous sommes tous singuliers, Seth Godin s’intéresse aux
personnes faisant le choix conscient d’être singuliers. Il considère que
quelqu’un est singulier lorsqu’il insiste pour faire un choix. Vous retrouvez
donc ici la notion de prise de décision et de singularité. Permettre à chacun
d’affirmer sa singularité est un moyen d’améliorer la confiance nécessaire
au bon déroulement de son travail, mais aussi au développement de ses soft
skills. D’ailleurs, le travail sur les soft skills est un fabuleux moyen
d’illustrer cette singularité.

Le déclic positif

« En laissant s’exprimer les responsables des achats des grandes


surfaces, et plus largement tous les acteurs du développement de
notre activité, en écoutant et même en valorisant leurs opinions,
je pris conscience que cela enclenchait un déclic positif entre
nous et que dans la négociation, l’écoute est, paradoxalement,
bien souvent la manière idéale de faire entrer nos interlocuteurs
dans notre logique. » T. Lecomte[14]
Ce témoignage montre que le fait de laisser à vos collaborateurs
la liberté d’exprimer plus largement leurs idées et leur vision
enclenche une confiance générale pouvant susciter la créativité,
mais aussi confirmer le sens de votre démarche.
Créer la confiance optimise donc les interactions
interpersonnelles tout en développant les soft skills de chacun.

La confiance en soi pour établir des relations de confiance


Pour les auteurs du livre La communication non violente[15], « l’objectif
d’établir une relation d’égal à égal fondée sur le respect des besoins mutuels
qui permettent de trouver des solutions durables pour les deux parties. »
Il est important de savoir exprimer clairement ses propres besoins, tout en
étant au fait des besoins de vos interlocuteurs.
Pour parvenir à mieux identifier les besoins d’autrui, A. Basu et L. Faust
recommandent de pratiquer une meilleure observation. Vous pourrez
exercer votre capacité d’observation grâce aux techniques méditatives. Plus
votre observation sera affinée, plus vous serez à même d’établir des ponts
entre vos besoins et ceux de vos interlocuteurs. Par ailleurs, ils notent que
« les solutions trouvées ensemble renforcent la confiance »[16].
De la même manière, la synchronisation, technique utilisée en
programmation neuro-linguistique (PNL), consiste à accorder son
comportement corporel et verbal à celui de son interlocuteur. René De
Lassus[17] insiste sur le fait que cette technique n’est véritablement efficace
que si elle est effectuée avec une intention positive à l’égard de son
interlocuteur. Plus l’intention est positive et plus la relation de confiance
pourra s’instaurer.
Confiance et connaissance de soi

« La confiance en soi correspond à un fort sentiment de sa dignité et


de ses capacités personnelles. Elle permet de faire preuve d’assurance
dans les rapports humains et d’acquérir une certaine “présence” ; de
défendre des points de vue impopulaires et de savoir prendre des
risques ; de prendre des décisions saines malgré les incertitudes et les
pressions. » Daniel Goleman[18]

La connaissance de soi permet d’éliminer les zones d’ombres et les parts


d’inconnu. Ces parts d’inconnu peuvent générer des peurs atrophiant la
confiance en soi. C’est pourquoi la connaissance de soi participe à une
meilleure confiance en soi, permet de mieux affirmer votre singularité et de
prendre des décisions.
Confiance et prise de décision
Prendre des décisions n’est pas facile. Pourtant, il s’agit du quotidien du
manager. La prise de décision implique une prise de risque, une
responsabilité qui peut créer une peur ou du stress. Or la confiance est
nécessaire pour assumer ses choix, ses prises de décision :
1. la confiance en soi, le fait de se faire confiance pour effectuer les bons
choix ;
2. la confiance dans les événements futurs, ceux que l’on choisit en
prenant des décisions ;
3. la confiance aux autres, ceux impliqués dans cette prise de décision.
Entraîner sa soft skill confiance facilitera le travail de prise de
décision.
Confiance et pédagogie
Être pédagogue implique une capacité à atteindre un résultat : transmettre
un message à un ou plusieurs interlocuteurs de manière efficace.
Cette efficacité repose non seulement sur l’attention pour capter toutes les
informations sur son auditoire, mais aussi sur sa confiance en sa capacité à
délivrer ce message efficacement.
Confiance et adaptabilité
« Rien n’est permanent, sauf le changement. » disait Héraclite d’Éphèse.
En tant que manager, vous êtes amené à travailler sur des situations à faire
évoluer. Vous êtes un créateur de changement.
Être adaptable et flexible est important pour savoir répondre à des
événements imprévus que génère un changement. La confiance en soi
permet d’avoir une base solide pour faire preuve d’homéostasie et de
résilience face à un changement et permet de vous adapter sans perdre pied.

Exercice
Travailler sa confiance en soi
En réfléchissant à ses aptitudes et à sa personnalité, vous pouvez être
amené à vous poser une des questions les plus courantes en entretien de
recrutement : « Quels sont vos principales qualités et défauts ? »
Et si vos défauts étaient en réalité des qualités ?
Notez dans une colonne les principaux défauts que vous pensez
posséder.
Ajoutez une colonne dans laquelle vous notez la qualité inhérente au
défaut de la même ligne.
Vous pouvez illustrer votre propos par un exemple concret.
Par exemple, si vous vous considérez comme quelqu’un de naïf, cette
naïveté peut être considérée comme une certaine ouverture aux
opportunités. Si un prospect vous parle d’un de ses projets, vous lui
faites confiance là où d’autres ne l’ont pas fait. Le projet fonctionne et
vous en êtes l’un des protagonistes grâce à votre ouverture d’esprit,
votre « naïveté ».

La méditation et les techniques méditatives permettent elles aussi de


développer considérablement la confiance en soi, par un travail direct de
connaissance de soi.

La synergie
La synergie des actions permet une complémentarité efficace des
compétences et des connaissances.
F. Davy

Le mot synergie vient du grec sunergia, qui signifie coopération.


Quand l’objectif est de déployer des soft skills dans son environnement,
comment le manager peut-il optimiser la synergie avec ce même
environnement ? Par exemple, comment une simple conversation avec un
collègue peut-elle vous permettre de développer précisément certaines soft
skills ?
La créativité et la pédagogie mises en œuvre dans votre discours, pour
agencer les mots à votre façon et tenter de faire passer vos idées est un
exemple. Si vous pensez que vous n’êtes pas une personne créative, faites le
petit exercice suivant. La prochaine fois que vous discuterez avec une
personne, essayez de prêter attention à la façon dont vous construisez votre
message, l’agencement de vos mots, le ton que vous employez, les gestes
éventuels que vous effectuez lorsque vous parlez. Toutes ces observations
vous prouvent que consciemment ou non, vous êtes quelqu’un de créatif, ne
serait-ce que dans l’attitude générale que vous adoptez face à cette
personne. Le fait d’en devenir de plus en plus conscient (voir le chapitre
conscience) vous recentrera sur cette créativité et vous invitera à la
développer.
« Pensez-vous encore ne pas être une personne créative ? »
Essayez cette petite expérience :
1. observez votre environnement direct : les couleurs, les formes, les
objets… ;
2. choisissez deux objets parmi ceux que vous avez identifiés dans votre
environnement ;
3. imaginez plusieurs possibilités de combinaisons entre ces deux objets ;
4. notez ces combinaisons sur une feuille sous la forme d’idées
(description de l’objet, son usage, ses utilisateurs, sa valeur ajoutée…).
En combinant deux éléments distincts de votre environnement pour en
créer un nouveau, vous venez d’utiliser votre soft skill créativité. Mais est-
ce la seule soft skill mise en jeu ici ? Vous venez d’exploiter une synergie :
celle des deux éléments que vous venez de combiner. Or, l’exploitation de
cette synergie (ou création de synergie) est une véritable compétence que
vous pouvez utiliser dans une myriade d’autres situations, comme pour les
synergies de personnes ou de projets par exemple.
Dans votre travail, vous êtes amené à interagir avec d’autres personnes.
Mais avez-vous conscience des synergies qui existent autour de vous ?
Quelles sont celles que vous avez exploitées ou créées ?

La synergie améliore les relations interpersonnelles


Dans son ouvrage Le Développement de la personne, Carl R. Rogers,
célèbre psychologue humaniste, illustre la notion de synergie par
l’amélioration des relations interpersonnelles. Celui-ci introduit notamment
la notion de compréhension empathique qu’il définit comme la capacité à
« percevoir l’idée et l’attitude exprimée du point de vue de l’autre personne,
à sentir comment elles agissent sur sa sensibilité, à assimiler son cadre de
référence à l’égard des choses dont elle parle ». L’auteur précise que
compréhension empathique, bien connue et extrêmement efficace en
psychothérapie, est une attitude des plus puissantes pour améliorer ses
relations et ses communications avec autrui.
Dans votre travail, vous êtes amené à interagir avec d’autres personnes.
Mais avez-vous conscience des synergies qui existent autour de vous ?
Quelles sont celles que vous avez exploitées ou créées ?

L’empathie connecte les cerveaux

« Si je discute et que je m’entends bien avec quelqu’un, les


mêmes zones s’allumeront dans nos deux cerveaux. [...] Notre
cerveau est neuro-social. Nos neurones entrent sans arrêt en
résonance avec ceux d’autrui ; nos intériorités sont en
communication directe. Nos circuits neuronaux sont faits pour
être en phase avec ceux des autres. [...] Nos neurones ont
absolument besoin de la présence physique des autres et d’une
mise en résonance empathique avec eux. » B. Cyrulnic, P.
Bustany, J-M. Oughourlian, C. Andre, T. Janssen, P. Van Eersel[19]

Cette attitude « empathique » ne correspond pas à un réflexe inné, en tout


cas, pas pour tout le monde. Mais si elle n’est pas naturelle pour tous,
chacun peut la travailler en élargissant la perception de son environnement,
et plus particulièrement, la perception que vous avez de la personne qui se
trouve en face de vous.
Par ailleurs, chacun possède ces « neurones miroirs » permettant
d’interagir avec l’environnement et avec les autres. Tout le monde possède
ainsi ce potentiel empathique. Mais ce potentiel nécessite un amorçage pour
devenir effectif. Cet amorçage peut avoir lieu grâce à la pratique et à des
exercices recourant et développant cette soft skill synergie.

En quoi la synergie est-elle une soft skill ?


Comme vous venez de le lire, vous avez le potentiel neuronal de
l’empathie et de la synergie.
La capacité à exploiter ou à créer des synergies peut être un véritable
vecteur de performance pour vous et votre équipe. Plusieurs aptitudes sont
mises en jeu comme votre attention, votre analyse ou votre discours. De
plus, dans ces situations émerge une valeur ajoutée car d’autres soft skills
collectives naissent à l’issue de cette synergie.
Cette capacité à créer ou exploiter des synergies vous sera utile à bien des
occasions (dans votre équipe, avec d’autres collaborateurs…).
La synergie correspond donc à une compétence transversale qui permet
un développement durable de l’individu (par le développement d’autres soft
skills comme l’attention, le discours, etc.). Il s’agit donc d’une compétence
douce, une soft skill.

Exercice
Exercice inspiré du « Bâton de parole »
Voici un exercice pour travailler cette synergie. Il est préférable dans un
premier temps d’effectuer l’exercice lorsque vous démarrez une
conversation avec une personne. Cet exercice est inspiré du principe du
bâton de parole présenté par Stephen R. Covey dans son livre La 3 e
voie[20].
Lors d’une conversation avec quelqu’un, à chaque fois que votre
interlocuteur prendra la parole, vous imaginerez que celui-ci détient le
bâton de parole. Si vous finissez une phrase et qu’il rebondit sur cette
phrase, imaginez que vous lui transmettez le bâton de parole (libre à
vous d’imaginer l’apparence que peut avoir ce bâton). Pendant toute la
durée où votre interlocuteur détiendra ce bâton de parole, vous ne
pourrez pas intervenir, puisque vous l’aurez deviné, vous ne possédez
pas le bâton de parole. Vous ne pourrez reprendre le bâton de parole
uniquement si la personne vous interroge, ou vous laisse penser par son
silence ou sa fin de phrase que vous pouvez intervenir.
L’objectif principal de cet exercice est d’être attentif à la totalité du
discours de votre interlocuteur en vous plongeant dans sa réalité. Tentez
de percevoir les moindres détails de son attitude lorsqu’il vous parle,
ainsi que de comprendre l’essence de ce qu’elle vous dit. Un peu à la
façon d’un joueur de poker qui tente de décrypter les moindres faits et
gestes de ses adversaires, vous effectuerez de la même façon cette
analyse précise des « moments de parole » de la personne qui se trouve
en face de vous. Vous pourrez procéder ainsi car lorsque votre
adversaire possède le bâton de parole, vous n’avez pas à penser à ce
que vous allez dire, vous n’avez pas la parole. Vous pouvez même
considérer qu’à chaque fois que votre interlocuteur possède le bâton de
parole, il n’est pas garanti qu’il vous le redonne. Ne l’espérez même
pas et contentez-vous plutôt d’analyser sa prise de parole. Cet exercice
vous permet réellement de travailler et d’améliorer votre empathie car
vous entraînez votre esprit à ne pas se focaliser sur votre réalité et vos
attentes individuelles mais à élargir votre champ de perception et de
compréhension à la réalité d’autrui. Grâce à cet effort, vous pourrez
considérablement améliorer la synergie de vos échanges étant donné
que vous aurez plus d’éléments à votre disposition pour le faire.
Exercice
Combinaisons
Imaginez que vous fassiez l’exercice de combinaison que nous avons
vu plus haut, mais avec les membres de votre équipe cette fois-ci.
1) Définissez les membres de votre équipe d’un point de vue soft skills
uniquement : quelles sont les soft skills de chaque membre de votre
équipe ?
2) Essayez de créer des duos ou trios avec vos membres en analysant
les soft skills complémentaires de chacun.
3) Quelles sont les soft skills « synergiques » potentielles (nouvelles
soft skills collectives issues de la synergie ?)
4) Voyez-vous le potentiel synergique de votre équipe ?

Les exercices méditatifs que nous vous avons proposés plus haut peuvent
aussi contribuer à développer votre synergie.
La synergie avec votre environnement est un pilier de développement de
soft skills. La recherche de synergie peut aussi être un objectif à atteindre
pour l’amélioration de votre bien-être dans votre environnement. En effet,
l’amélioration de vos relations interpersonnelles par exemple, peut être une
finalité épanouissante à la fois sur le plan personnel que professionnel.

En Bref
La conscience peut être travaillée. Cette soft skill peut vous aider à
identifier et à développer d’autres soft skills. Si vous prenez par
exemple conscience que vous pouvez être quelqu’un de créatif, il vous
sera plus facile de travailler votre créativité pour l’améliorer.
Il est possible d’améliorer, notamment grâce aux techniques
méditatives, la conscience :
de vos pensées ;
de vos émotions (agréables ou désagréables) ;
de votre environnement ;
de vos soft skills.
Vous pouvez aussi développer votre esprit d’entreprendre.
Entreprendre n’est pas créer une entreprise, c’est un état d’esprit
(l’esprit d’entreprendre).
L’esprit d’entreprendre n’est pas inné. Tout le monde a le potentiel
d’adopter cet état d’esprit et de le développer s’il en a conscience.
L’esprit d’entreprendre est une soft skill reposant sur 4 aptitudes :
visualisation, optimisme, engagement et créativité.
La confiance augmente le potentiel de développement de soft skills.
La confiance en soi et dans les autres se travaille et s’améliore.
La confiance est une soft skill reposant sur 4 aptitudes : la
connaissance de soi, la prise de décision, la pédagogie et
l’adaptabilité.
Les soft skills telles que l’attention, l’analyse, le discours et l’empathie
permettent de développer au mieux votre quatrième soft skill principale
qu’est la synergie. Bien entendu, vous pouvez trouver d’autres leviers
pour développer la synergie avec votre environnement. Soyez par
exemple attentif à la manière dont vos autres collègues managers font
preuve de synergie. Ils peuvent être une belle source d’inspiration.

[1]
N. Depraz, La Conscience, Armand Colin, 2001
[2]
Gerald M. Edelman, Biologie de la conscience, Odile Jacob, 1992.
[3]
http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Les-RPS-c-est-quoi.html
[4]
Bonheur de la méditation, Le Livre de Poche, 2009.
[5]
Cyrulnic, P. Bustany, J-M. Oughourlian, C. André, T. Janssen, P. Van Eersel, Votre cerveau n’a
pas fini de vous étonner, Albin Michel, 2012.
[6]
A. Damasio, L’Autre Moi-Même, Odile Jacob, 2012.
[7]
L. de Brabandère, Les Mots et les choses de l’entreprise, Mols, 2012.
[8]
youtu.be/kU5y-MPBSdg)
[9]
Sophie Boutillier et Claude Fournier, Artisanat, L’harmattan, 2006
[10]
Définition du CNRTL (Centre National de Recherches Textuelles et Lexicales).
[11]
youtu.be/0nON_pzzL5Y
[12]
Introduction à la psychologie des organisations, Dunod, 1998.
[13]
M. Krogerus, R. Tschappeler, Le Livre des déisions, À Contre Courant, 2012.
[14]
Comment je suis devenu plus humain, Flammarion, 2011, p 125
[15]
A. Basu, L. Faust, La Communication non violente, Les Miniguides Ecolibris, 2011.
[16]
Ibid.
[17]
René de Lassus, Efficace et épanoui par la PNL, Marabout, 2004.
[18]
L’intelligence émotionnelle – 2, J’ai Lu, p 90.
[19]
Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner, Clés Albin Michel, 2011.
[20]
First Éditions, 2012.
Partie II
LA MÉTHODE CREAPREZENT
4
S’APPROPRIER LES SOFT
SKILLS

Le lien entre ces quatre soft skills essentielles


Lorsque vous prenez conscience de quelque chose, que ce soit un conflit
au sein de votre équipe, une urgence particulière, ou plus simplement,
lorsque vous prenez conscience de la scène qui se déroule devant vous,
vous établissez un lien plus ou moins étroit avec ce qui apparaît à votre
conscience. Au moment même où vous prenez conscience d’une situation
imprévue, vous commencez à vous faire votre propre point de vue sur la
situation. Ce point de vue est très important étant donné qu’il déterminera la
dynamique que vous allez entreprendre. On peut dire que les informations
dont vous aurez conscience sur la situation joueront un rôle sur votre esprit
d’entreprendre. La confiance avec laquelle vous œuvrerez au sein de la
situation reposera entre autres sur la précision des informations dont vous
aurez conscience, mais aussi sur votre volonté de garder un esprit
entreprenant. Adopter un esprit d’entreprendre au sein des situations
dynamise votre attitude et vous permet d’acquérir une assurance naturelle.
Être entreprenant rassurera votre équipe qui vous renverra des signaux de
confiance dans le fait que la situation est prise en charge. De ce fait, vous
entraînerez votre équipe et établirez une véritable synergie avec elle.

Des soft skills pour filtrer les problèmes


Pour mieux comprendre le lien entre ces quatre soft skills essentielles,
vous pouvez considérer chacune d’entre elles comme un filtre. Chaque
problème que vous rencontrerez dans votre quotidien professionnel peut
être résolu en le « filtrant » à l’aide du filtre conscience, du filtre esprit
d’entreprendre, du filtre confiance, du filtre synergie. Pour un même
problème, vous pourrez utiliser un, deux, trois ou 4 de ces « filtres ».
L’analogie du filtre vous permettra d’adopter le réflexe d’avoir une
perception différente des situations problématiques que vous traversez. À
l’aide de ces filtres, vous percevrez des pistes de solutions, plutôt que des
problèmes.
Pensez à un problème que vous avez rencontré dans votre travail
récemment, tel qu’un objectif que vous pensez ne pas pouvoir atteindre
dans les délais. Au premier abord, vous faites face à un problème. Que se
passe-t-il lorsque vous filtrez ce problème ?
Le « filtre conscience » permet de mieux définir les caractéristiques de
votre problème. Avez-vous bien conscience de tous les éléments qui vous
font penser que votre objectif ne sera pas atteint ? Êtes-vous par exemple le
seul acteur susceptible de contribuer à l’atteinte de cet objectif ? La
conscience vous permet de considérer votre problème en termes
d’informations. Toute expérience que vous traversez durant votre journée de
travail est composée d’informations dont vous prenez conscience. Vous
jugez ou non la situation présente comme un problème, mais ce que vous
percevez avant toute chose ce sont des informations. Votre esprit critique
analysera peut-être ces informations comme un problème. Cependant, et
afin de garder la tête froide, ayez conscience que vous êtes le seul maître
des informations dont vous disposez dans votre perception du problème. Dit
autrement, il se peut que lorsqu’un collaborateur vous fait part d’un
problème, les informations dont vous avez conscience à cet instant vous
permettent déjà de traiter ce « problème » sans difficultés. En vous
rappelant de placer le filtre conscience devant chaque problème rencontré,
vous ne résonnerez plus en termes de problèmes, mais en termes
d’informations à votre disposition. Ce filtre conscience vous permet
d’adopter le réflexe de rester vigilant sur les informations supplémentaires
dont vous pourriez prendre conscience à tout moment, et qui résoudraient
peut-être votre problème.
À l’aide du « filtre esprit d’entreprendre », vous pourrez immédiatement
considérer la situation problématique comme un champ des possibles.
Adoptez le réflexe de percevoir les actions immédiates que vous pouvez
entreprendre pour ne pas « figer la situation ». Si vous pensez que vous
n’atteindrez pas votre objectif, quelles actions immédiates pouvez-vous
entreprendre pour atténuer cette impression ? Placez ce filtre dans votre
esprit pour garder une dynamique proactive qui donnera confiance à vos
collaborateurs.
Le « filtre confiance » permet d’alléger le caractère complexe du
problème que vous rencontrez. Face à un problème, il peut être courant de
projeter de nombreux scénarios pour le résoudre. Mais ces projections
peuvent parfois vous faire hésiter sur ce qui selon vous correspond au
meilleur choix possible. Rappelez-vous que la confiance est l’inverse du
doute. Lorsque vous êtes dans un état d’esprit de confiance, vous excluez
naturellement les doutes. Cette affirmation pourrait vous paraître simpliste,
mais elle change considérablement votre dynamique présente. Le problème
constaté avec un regard confiant sur la situation ne bloquera pas votre
intention d’avancer et l’intuition éventuelle pour agir. Vous ne serez pas
gêné par le doute de ne pas y arriver. Même si vous deviez ne pas atteindre
votre objectif, penser à l’échec ne vous rendra jamais service durant vos
actions. Gardez la confiance de votre propre dynamique professionnelle.
Vous ferez quoi qu’il arrive de votre mieux, si toutefois vous gardez en tête
de rester confiant par votre esprit d’entreprendre.
Le « filtre synergie » permet de réfléchir en termes d’intelligence
collective. Penser à plusieurs est souvent plus puissant que de penser seul.
Un exemple type démontrant cela est l’exercice du brainstorming. Vous
avez certainement pu constater à quel point le fait d’être plusieurs
personnes à réfléchir sur un même problème délivre plus de pistes de
solutions que lorsque vous y réfléchissez seul. En passant votre problème
au filtre de la synergie, vous garderez en tête la possibilité de coopérer avec
d’autres acteurs pour la résolution de votre problème. Vous avez toujours le
choix d’œuvrer en solitaire ou de façon collective. L’idée n’est pas ici de
réaliser absolument votre tâche de façon collective, mais de garder en tête
cette possibilité. Garder en tête le filtre de la synergie, ouvrira votre champ
de perception, et votre capacité à saisir davantage d’opportunités de
résolution de votre problème.
En somme, la mémoire de ces filtres dans votre quotidien vous permet de
donner systématiquement un cap à votre management. Dès votre perception
du problème, l’utilisation des quatre soft skills essentielles vous permettra
d’envisager les solutions au problème de façon efficiente. Adopter le
réflexe de filtrer les difficultés que vous rencontrez au quotidien vous
permet de façon logique d’alléger le poids de ces difficultés sur votre travail
quotidien.
Rien ne vous empêche d’adopter plusieurs filtres en même temps : vous
pouvez faire face à une situation en prenant conscience des informations à
travers le filtre conscience et en gardant une grande confiance en vous pour
rester serein (vous adoptez ainsi les filtres conscience et confiance en
simultané).

Quel est votre filtre préféré ?


Il existe donc une interrelation entre ces quatre soft skills. De ce fait, il
vous est possible de choisir, si vous le souhaitez, une soft skill de
prédilection, comme la soft skill conscience par exemple, que vous placerez
au cœur de votre dynamique. (Voir figure 4.1.)
Figure 4.1

Votre conscience vous aide à entreprendre (esprit d’entreprendre) une


situation grâce aux informations récoltées à travers cette soft skill. Elle
permet aussi de créer plus de confiance car les informations recueillies sont
autant de zones d’ombre éclaircies (et donc moins de doutes ou de peurs
découlant de l’inconnu). Enfin, la conscience contribue à une meilleure
synergie suite aux informations facilitant la communication et l’échange
avec les autres et son environnement.
Ce raisonnement montre ainsi en quoi une soft skill contribue à une
meilleure utilisation de ses autres soft skills.

Il en va de même avec l’esprit d’entreprendre pouvant déclencher des


prises de conscience à travers l’expérience. L’expérience obtenue à travers
l’esprit d’entreprendre permet aussi d’améliorer sa confiance en soi. Enfin,
c’est en étant proactif et entreprenant que l’on arrive à créer de l’interaction
dans son environnement et donc de créer des synergies.

Figure 4.2
Peu importe la soft skill « forte » que vous choisirez, elle sera toujours un
moteur des trois autres soft skills essentielles.

Améliorer une situation grâce aux soft skills


L’attitude juste fait l’instant réussi.
J.-L. Servan Schreiber

Vous est-il déjà arrivé de ressentir un besoin de changer, d’améliorer vos


situations de travail ? Cela peut-être par exemple une volonté de résoudre
un conflit entre deux collègues.
En identifiant une situation à améliorer, vous avez effectué un premier pas
dans l’action. Comme le disait Pythagore « Le commencement est la moitié
de tout. ». Cette expression est imagée bien entendu, mais elle exprime le
fait que vous avez déjà accompli une bonne partie du chemin pour atteindre
votre objectif.
Mais en quoi cela a-t-il un rapport avec les soft skills ?
L’objectif de cette section est de montrer l’intérêt de visualiser vos
situations de travail au regard des soft skills que vous pourriez activer.

Exemple
Bernard doit gérer un conflit
Bernard, notre manager dans l’électro-ménager constate un conflit
entre deux de ses collaborateurs. L’un d’entre eux, Paul, est découragé
par le non-avancement de la campagne de communication pour le
lancement d’un nouveau mixer. Il ne parvient pas à réunir suffisamment
de commerciaux susceptibles de pouvoir présenter ce nouveau produit
en magasin. Paul reporte la faute sur sa collègue Christelle. C’est elle
qui est en charge de fédérer les commerciaux de l’entreprise pour le
lancement des nouveaux produits. D’après Paul, Christelle n’a pas
suffisamment priorisé ce lancement qui prend du retard.
Bernard décide de prendre les devants pour résoudre ce conflit dans les
plus brefs délais. Il entreprend de s’impliquer directement dans ce
lancement en s’engageant auprès de Paul pour appuyer Christelle sur le
rassemblement des équipes commerciales. Dès le début de cet
engagement, Bernard montre volontairement son optimiste à Paul sur le
fait que ce retard n’est pas important dans ce qui doit se passer
maintenant. En effet, Bernard précise à Paul que ce retard lui était peut-
être nécessaire pour peaufiner son discours de présentation du nouveau
produit. Quoiqu’il arrive, l’attente impatiente de Paul peut être
transformée dès maintenant en une formidable motivation pour ce
lancement.

L’attitude de Bernard dans cette situation a été caractérisée par la


mobilisation de trois soft skills principales : l’esprit d’entreprendre,
l’engagement et l’optimisme.
Nous pouvons synthétiser ce choix de mobilisation de soft skills par le
« mind map » ci-dessous :

Figure 4.3
Cette façon de cadrer une situation par les soft skills doit devenir un
réflexe pour vous. En visualisant bien la situation que vous cherchez à
améliorer, demandez-vous quelles sont les soft skills que vous allez pouvoir
utiliser pour atteindre votre objectif.
Bernard a choisi de privilégier le pilier esprit d’entreprendre et deux de
ses aptitudes, optimisme et engagement. Mais il aurait pu également opter
pour d’autres soft skills ou aptitudes qui sont à sa disposition. De chacune
des quatre soft skills essentielles (piliers), découlent des compétences
attachées (comme optimisme et engagement pour le pilier esprit
d’entreprendre). Ces « grappes » de soft skills représentent des ressources
que vous pouvez mobiliser au sein de la situation.
La figure 4.4 est un mind map global des soft skills que vous pouvez
mobiliser à tout moment :

Figure 4.4

Dans l’exemple illustré par le mind map ci-dessus, si vous étiez à la place
de Bernard pour chercher à résoudre ce conflit, vous pourriez choisir de
porter plus d’attention envers vos deux collègues afin de mieux cerner leurs
attentes et de favoriser une véritable synergie entre eux et vous.
Par ailleurs, avez-vous bien conscience de l’environnement et des soft
skills qui sont en jeu ? Cette première étape de prise de conscience est
primordiale. Comment améliorer une situation si vous n’en avez pas
conscience ? Comment allez-vous utiliser vos soft skills pour améliorer
cette situation si vous n’en avez pas conscience des soft skills utilisées ?
Vous pourriez aussi émettre l’intention de vous adapter à leur
problématique, tout en veillant à leur donner confiance, en défendant l’idée
qu’ils parviendront à s’entendre. Votre présence et votre écoute les
rassureront, et vous pourrez en profiter pour leur montrer votre optimisme
quant à l’évolution de cette situation.
Pour aller dans cette direction de résolution de conflit, il vous faudra
travailler sur les ressources (soft skills) que vous ciblerez.
Plus vous mémorisez ce mind map, plus il vous sera facile de mobiliser
les soft skills les plus pertinentes en temps voulu.
Gardez en tête que pour chacune de vos problématiques managériales,
il existe toujours pour vous la possibilité d’y apporter un changement par
votre attitude. Inspirez-vous de ce mind map pour réfléchir aux
compétences que vous pourriez mobiliser dans divers cas de figures.
Placer une situation que l’on souhaite améliorer au centre de ce mind map
invite à créer à présent une nouvelle attitude dans la situation. Chacune des
branches permet de composer cette attitude à votre façon, en fonction de
votre connaissance du contexte.
La poursuite de votre intention « J’ai l’intention d’améliorer le conflit
entre mes deux collègues » ou « J’ai la volonté d’améliorer ma
communication auprès de mon équipe » impliquera le recours à des soft
skills. Le développement de vos soft skills s’activera par le biais de cette
intention, puisque de cette intention découlera votre démarche et vos
actions.
Il est préférable de travailler sur une seule intention à la fois, pour
augmenter l’efficacité de la démarche que vous avez enclenchée. Cette
intention de cibler de nouvelles compétences, ou d’optimiser celles que
vous utilisez déjà, activera pour vous une nouvelle dynamique managériale.
La section suivante vous aidera à développer vos soft skills pour travailler
cette dynamique managériale sur le long terme.

Conseil
Amusez-vous à trouver des exemples de situations que vous pourriez
être amené à améliorer dans votre travail. Placez les au centre du mind
map ci-dessus en identifiant à quelles aptitudes vous pouvez faire appel
afin de vous habituer à adopter un regard « soft skills ».

Développer ses soft skills


Poser des questions fait éclater la carapace figée et durcie du présent, et
offre des options à étudier.
Fran Peavey

Améliorer des situations professionnelles avec vos soft skills vous


permettra d’être un manager plus efficace et efficient. Mais avez-vous
conscience qu’en effectuant ce travail, vous faites bien plus que les faire
évoluer ? Qu’en est-il de votre évolution personnelle, celle de vos soft
skills ?

Aller plus loin avec le mind map creapreZent


Même s’il vous semble naturel que vous développiez des compétences
par la pratique et l’expérience, parvenez-vous à mesurer ce
développement ? Le mind map creapreZent vous guidera dans cette
réflexion.
Le mind map que vous avez découvert dans la section précédente
constitue le socle de la méthode creapreZent. Il s’articule autour des quatre
soft skills essentielles. Chacune de ces soft skills regroupe plusieurs
aptitudes (autres soft skills) qui viennent soutenir les grands piliers. Par
exemple, la soft skill esprit d’entreprendre peut être travaillée grâce aux soft
skills visualisation, optimisme, engagement et créativité.
Chaque soft skill essentielle peut être travaillée par le biais des soft skills
qui y sont rattachées (voir mind map), mais inversement, ces soft skills
rattachées peuvent être elles-mêmes déployées en vous concentrant sur les
quatre soft skills essentielles.

Pourquoi ce mind map ?


Comme vous avez pu le constater, le domaine des soft skills peut paraître
assez conceptuel au premier abord. Un des enjeux principaux consiste à
structurer la démarche de déploiement de vos soft skills. Ce mind map
cadrant votre démarche et synthétisant la méthode creapreZent vous
permettra, petit à petit, d’adopter le réflexe soft skills. En bref, il vous
permettra de structurer votre réflexion sur vos soft skills tout en
représentant un véritable moyen pratique pour les développer et les
mobiliser.
Si vous parvenez à mémoriser ce mind map, alors vous gardez en tête une
base de ressources potentielles que vous pouvez mettre en œuvre si
nécessaire.
La façon de structurer votre réflexion sur vos soft skills a été présentée
dans la section précédente en plaçant des situations à améliorer au cœur du
mind map. Nous utiliserons maintenant ce mind map pour mesurer
l’évolution de vos soft skills.
Concrètement, le développement de vos soft skills sera favorisé par un
temps d’évaluation. Vous mesurerez chaque soft skill que vous souhaitez
améliorer sur une période de quatre semaines. Nous recommandons un
minimum de quatre semaines, mais ce temps peut être prolongé pour affiner
l’évaluation et aller plus loin dans le développement de vos compétences.
Imaginez que vous choisissiez d’évaluer votre prise de décision (voir
figure 4.5).

Figure 4.5

L’évaluation de votre soft skill se fera à l’aide de cette simple question :


Sur une échelle de 0 à 5, à quel point je crée ma prise de décision ?
Vous êtes peut-être en ce moment très préoccupé par les nombreux projets
en cours et vous peinez à prendre des décisions. Vous répondez alors à la
question par une note de 2 par exemple (voir figure 4.6).

Figure 4.6
Bien entendu, cette évaluation sera totalement subjective, mais vous
verrez que cela n’est pas dérangeant, bien au contraire, étant donné qu’il
s’agit de développer une compétence que vous seul allez mobiliser, à votre
façon.
Choisissez un ou plusieurs moments au cours de la semaine, pour
effectuer votre évaluation qui ne vous prendra qu’un instant.
Nous vous conseillons dans un premier temps de sélectionner 3 ou 4 soft
skills, et de vous poser quotidiennement cette question pour chacune d’entre
elles. Vous pouvez remplir un petit tableau de suivi de l’évolution de vos
soft skills sur un tableur (ou sur un carnet).

Figure 4.7

En vous interrogeant par exemple sur votre prise de décision, vous vous
intéressez à cette compétence. Cette affirmation pourrait paraître évidente
mais le questionnement sur vos soft skills vous permet d’être conscient de
celles-ci et de penser à les mobiliser au jour le jour. La question « Sur une
échelle de 0 à 5, à quel point je crée ma prise de décision ? », que vous vous
poserez au moment où vous le souhaitez, permet d’activer cette prise de
conscience.
En résumé, la question sur l’état de votre aptitude vous rend plus lucide
sur l’aptitude elle-même. C’est le réflexe de vous poser ces questions qui
vous entraînera à devenir plus conscient de vos soft skills et donc, en
référence au pilier conscience, à les améliorer.
En parallèle du remplissage journalier de votre tableau, vous pouvez
tracer l’évolution de vos soft skills.

Figure 4.8

L’intérêt pour vous de suivre l’évolution de vos soft skills est double.
D’abord cela permet de visualiser votre progression. Mais au-delà, vous
pourrez analyser les corrélations éventuelles entre vos soft skills et les
situations de travail que vous traversez.
En constatant par exemple que cette semaine votre optimisme a tendance
à se dégrader, vous prendrez peut-être conscience que cela est dû à une
semaine décevante en termes de réalisation de vos objectifs de vente. Avec
du recul, vous pourrez plus facilement choisir de garder votre optimisme
dans ce genre de situation, car vous savez que votre optimisme contribue à
votre capacité d’entreprendre (voir la section « entreprendre »). Rappelez-
vous que chacune des soft skills que vous travaillez impacte le
développement d’autres soft skills. Le travail sur votre optimisme par
exemple, vous aidera à améliorer votre adaptabilité aux situations délicates.

L’importance de l’auto-évaluation
« Connaître ses ressources, ses capacités, ses limites intérieures
permet à la fois : d’être conscient de ses forces et faiblesses, de
réfléchir à son expérience et d’être capable d’en tirer les leçons,
d’être ouvert aux conseils et nouvelles perspectives, d’être
capable d’apprendre et de s’enrichir sans cesse, d’être capable de
prendre du recul sur soi-même. » Daniel Goleman[1].

Créer à présent le réflexe soft skills


Tout le travail effectué consciemment dans les sections précédentes a pour
objectif de vous permettre d’adopter le réflexe soft skills, qui sera dans
l’idéal, une capacité inconsciente à mobiliser vos soft skills. Dit autrement,
vous serez capable avec de l’entraînement de ne plus réfléchir à vos soft
skills, mais de les déployer efficacement et naturellement dans votre
environnement.
Mais qu’entend-on précisément par réflexe soft skills ?

« Deux définitions du mot réflexe proposées par l’Académie


Française :
1. Physiologique : Qui résulte d’une activité nerveuse involontaire
répondant à une stimulation extérieure (ou réponse automatique,
involontaire et immédiate d’une structure ou d’un organisme vivant à
la stimulation d’un récepteur sensible déterminé).
2. Approche pavlovienne : Acte réflexe acquis à la suite de
l’association régulière d’un phénomène physiologique à un stimulus
extérieur n’ayant aucun rapport avec ce phénomène (conditionnement,
réflexes conditionnels) vs. Réflexe inconditionnel : Réaction
héréditaire de l’organisme se produisant d’une manière identique chez
les individus de la même espèce. »

Si une personne se trouve à quelques mètres de vous et vous lance un


stylo de façon à ce que vous puissiez le rattraper, il y a de fortes chances
que vous tentiez de le rattraper. Pourquoi ? Parce que vous avez développé
ce réflexe depuis votre plus jeune âge. Au fil de votre expérience de vie,
votre cerveau a enregistré qu’il vous était utile de bouger vos bras vers
l’avant afin que vos mains puissent saisir les objets qui vous parviennent à
une vitesse qui vous laisse le temps nécessaire à cette action.
Ce réflexe est bien ancré en vous car vous êtes conscient que si vous
n’attrapez pas l’objet qui se dirige vers vous, vous risquez de le recevoir en
plein visage. Si par ailleurs vous avez pratiqué un sport tel que le basket-
ball qui demande de réceptionner les ballons que l’on vous a « passés »,
vous aurez encore plus entraîné ce réflexe. C’est donc votre expérience qui
vous a permis d’adopter ce réflexe, de façon plus ou moins ancrée.

Le réflexe conditionnel de Pavlov

« Combien de liaisons conditionnelles diverses et temporaires sont


requises pour assurer à l’homme sa nourriture, et tout ceci n’est en fin
de compte qu’un réflexe conditionnel ! Des explications détaillées
sont-elles nécessaires ici ? Allons plus loin et arrêtons-nous sur ce qui
s’appelle le savoir-vivre, tact, qui nous assure une situation favorable
dans la société. Qu’est-ce sinon la qualité de se tenir avec chacun, et
dans toutes les circonstances de façon à ce que l’attitude des autres
envers nous soit toujours bienveillante ; cela revient à adapter son
comportement au caractère des gens, à leur humeur et aux
circonstances, c’est-à-dire à agir envers les autres en tenant compte du
résultat positif ou négatif de nos rencontres précédentes avec eux.
Naturellement, ce savoir-vivre peut s’accompagner ou non du
sentiment de la dignité personnelle, et respecter ou non l’amour-propre
des autres, mais du point de vue physiologique, ce sont, dans les deux
cas, des liaisons temporaires, des réflexes conditionnels. Ainsi la
liaison nerveuse temporaire est un phénomène physiologique universel
dans le monde animal et dans la vie humaine. » I. Pavlov[2]

Pavlov explique que chacun est naturellement enclin à adopter des


réflexes comportementaux dans ses relations à autrui. Vous adoptez le plus
souvent ces réflexes conditionnés de façon inconsciente. D’ailleurs, le fait
d’adopter ce réflexe plus ou moins inconsciemment implique que vous
mettez parfois beaucoup de temps à trouver l’attitude juste et efficace dans
vos échanges interpersonnels. L’objectif de la méthode creapreZent est de
parvenir à travailler consciemment l’ajustement de votre attitude mentale et
comportementale, de façon à adopter ce que nous appelons le réflexe soft
skills.

Le saviez-vous ?
Il existe 4 étapes clés pour l’apprentissage :
l’inconscience du manque de compétence ;
la conscience du manque de compétence ;
la conscience de la compétence ;
l’inconscience de la compétence.
Il s’agit d’une approche développée chez Gordon Training
International par Noel Burch dans les années 1970. Aujourd’hui
ce modèle est utilisé de par le monde par de nombreux formateurs
et coachs.
Pour l’illustrer, voici un exemple : rappelez-vous quand vous
étiez plus jeune et que vous regardiez vos parents conduire une
voiture. Cela avait l’air si simple… et pourtant ce n’était pas une
chose innée de conduire. Vous étiez encore inconscient du
manque de la compétence « conduire ».
Le jour où vous avez pris le volant pour la première fois, vous
avez pris conscience du manque de la compétence conduire. C’est
à partir de cette conscience du besoin de cette compétence que
vous l’avez travaillée en prenant des cours de conduite.
Vous venez maintenant de réussir votre permis de conduire ! Ca y
est, vous devenez un conducteur, vous avez conscience de votre
compétence conduire.
Et aujourd’hui, en avez-vous toujours conscience lorsque vous
conduisez ? Peut-être que cette compétence conduire est devenue
inconsciente, elle s’est inscrite en vous en faisant partie de votre
quotidien. Vous avez acquis la maîtrise par la pratique régulière,
ainsi que les réflexes nécessaires à la pratique de la conduite.
Maintenant, vous pouvez aller plus loin en cultivant la conscience de cette
compétence pour continuer de la développer. C’est cette phase de « prise de
conscience de l’inconscience de sa compétence » que nous illustrons dans
notre démarche soft skills par la méthode creapreZent.
Si à ce stade de l’ouvrage, vous avez été sensible à l’intérêt de développer
et de mobiliser vos soft skills en situation de travail, l’enjeu pour vous
consiste maintenant à adopter le réflexe soft skills. Pensez à un joueur de
basket utilisant ses entraînements pour développer ses compétences de
basketteur afin de mieux les mobiliser en compétition. Vous pouvez utiliser
dès maintenant la moindre de vos situations de travail pour vous entraîner à
mobiliser vos soft skills, celles qui vous seront utiles, voire nécessaires dans
votre management.
Dans l’exemple de la capacité d’attention, plus vous faites l’effort d’être
attentif à votre entourage (personnel ou professionnel), moins votre capacité
d’attention vous demandera d’effort. Vous deviendrez naturellement
quelqu’un de plus attentif, et en tirerez les bénéfices en situation de travail.
Entraînez-vous par exemple à déceler systématiquement le ton de voix de
votre interlocuteur. Ce ton de voix est un indicateur vous apportant de
nombreuses précisions sur la façon dont une personne est convaincue de ce
qu’elle vous dit, et de la confiance avec laquelle elle pourrait porter son
message à d’autres interlocuteurs de son service par exemple.
Le réflexe soft skills consiste notamment pour vous à adopter une attitude
active dans la moindre des situations que vous vivez. Vous ne serez alors
pas pris au dépourvu lorsque vous ferez face à une situation déstabilisante.

« Je crée à présent l’attitude qui m’est la plus utile dans la situation,


le plus souvent possible pour que cela devienne un réflexe ».

La méthode creapreZent peut se résumer en quatre mots « Je crée à


présent ». L’expression « Je crée à présent » vous rappelle que quoi qu’il
arrive, vous êtes déjà en train de créer la façon dont vous évoluez au sein
d’une situation, ainsi que la façon dont vous la faites évoluer.
Il s’agit maintenant pour vous d’en devenir conscient, afin de prendre en
charge la façon dont vous amènerez la situation.
Lorsque vous vous adressez à quelqu’un, vous le faites déjà avec une
certaine pédagogie, consciemment ou inconsciemment. « Je crée à présent »
vous rend conscient du fait qu’à chaque seconde, vous pouvez créer à
présent votre pédagogie par votre attitude.

En Bref
Voici les trois points qui résument le lien fort existant entre nos quatre
grandes soft skills dans l’amélioration d’une situation :
Les quatre soft skills essentielles peuvent être considérées comme
des filtres permettant d’alléger les problèmes que vous rencontrez
Filtrer une même situation avec un ou plusieurs filtres vous amène
à entrevoir une ou plusieurs pistes d’amélioration de la situation.
Chacune des soft skill conscience, esprit d’entreprendre, confiance
et synergie vous permet de porter un nouveau regard sur les
situations.
Voici quelques questions qui peuvent vous guider dans l’utilisation
de vos soft skills pour améliorer une situation :
Quelle est la situation à améliorer ?
Quelle serait la situation optimale ?
Quelles sont les soft skills à mieux utiliser pour cette situation ?
Comment déployer ces soft skills identifiées dans la situation ?
Quelle est votre intention vis-à-vis de la situation ? Qu’allez-vous
« créer à présent » ?
Le mind map invite à la vigilance et l’amélioration de ses soft
skills.
Le mind map creapreZent permet de structurer une phase
introspective nécessaire dans le développement des soft skills.
La notation de vos skills permet de rester vigilant sur les ressources que
vous êtes à même de mobiliser, tout en optimisant ces mêmes
ressources.
Vous pouvez faire correspondre à chaque problème, une piste de
solution construite autour des quatre piliers de soft skill : conscience,
esprit d’entreprendre, confiance, synergie. Chaque pilier pouvant être
renforcé, comme nous l’avons vu, par d’autres soft skills qui y sont
attachées.
Vos soft skills permettent à la fois d’améliorer les situations, mais aussi
de vous améliorer vous même dans ces situations. La méthode
creapreZent repose sur quatre « piliers » de soft skills qui vous invitent
à déployer les ressources optimales à votre management : conscience,
esprit d’entreprendre, confiance et synergie. Ces piliers sont reliés entre
eux. Le travail sur l’un des piliers permet de travailler indirectement les
autres.
Le mind map creapreZent résume la méthode. En le gardant en tête, il
vous est possible de penser n’importe quelle situation en termes de soft
skills.
Les soft skills venant consolider chacun de ces piliers, peuvent être
développées en les évaluant régulièrement. Le fait d’y prêter attention
vous permet d’affiner, de singulariser et d’adapter votre attitude aux
situations.
Plus vous travaillez ces piliers, plus l’attitude consistant à déployer vos
soft skills peut devenir un réflexe.

[1]
L’intelligence émotionnelle – 2, J’ai Lu, p 83
[2]
Œuvres choisies, Sous la direction de KH. Kochtoïantz, membre correspondant de l’académie
des sciences de l’U.R.S.S., Éditions en langues étrangères, Moscou, 1954.
5
MULTIPLIER LES SOFT SKILLS
DANS L’ENTREPRISE

Comment valoriser le capital humain d’une


entreprise ?
Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de
l’entreprise : sa réputation et ses hommes.
Henry Ford

La valeur d’une entreprise


N.B. : Est entendu par « hommes », « femmes et hommes », tous les
collaborateurs d’une entreprise.
Une valeur comptable et financière
Comment mesurer la valeur d’une entreprise ?
Il existe trois grandes familles de méthodes de valorisation d’entreprise
selon l’APCE :
1. les méthodes patrimoniales : « évaluer les actifs de l’entreprise (ce
qu’elle possède) et à en soustraire la valeur de ses dettes pour obtenir
l’actif net, appelé encore situation nette » ;
2. les méthodes comparatives : « mettre en perspective l’entreprise avec
d’autres, présentant un profil le plus proche possible, et dont la valeur
de transaction est connue » ;
3. les méthodes de rendement : « estimer la capacité future de l’entreprise
à dégager des bénéfices, puis à en déduire sa valeur, en tenant compte
du risque de non-réalisation de ces bénéfices »[1].
Comme vous pouvez le remarquer, seuls les critères économiques y sont
pris en compte : que ce soit les indicateurs commerciaux (bénéfices) ou
financiers (immobilisations, actif, valorisation monétaire…). Nous
associons par réflexe valeur d’entreprise à valeur monétaire. Or, comme le
remarque Henry Ford dans sa citation en exergue, les indicateurs les plus
importants ne sont pas pris en compte dans la valorisation financière de
l’entreprise : les indicateurs humains.
Même s’il n’existe pas encore de méthode de valorisation « humaine »
d’une entreprise (entendons par valorisation une valeur non monétaire), de
plus en plus de professionnels s’y intéressent comme Société française des
évaluateurs (SFEV).
Une valeur humaine

Témoignage
Romain Loupit, superviseur audit dans un groupe financier mondial

« Le capital humain dans une entreprise est très important.


L’entreprise aurait beaucoup à y gagner en valorisant les soft
skills. »

Pour illustrer l’importance de la valeur humaine en entreprise, voici un


exemple de situation de changement d’une organisation dans lequel la
dimension humaine a des conséquences en termes de performance pour
l’entreprise.

Exemple
Imaginez deux types d’entreprise
L’entreprise A est une entreprise de 50 salariés dans le domaine de
l’industrie. Les cadres dirigeants de cette entreprise ont à cœur
d’augmenter le chiffre d’affaires. Pour ce faire, ils ont identifié un
marché à fort potentiel commercial. Cependant, pour pouvoir profiter
de ce marché sur lequel ils sont pour le moment absents, ils vont
imposer une réorganisation interne de l’entreprise afin de créer un
département supplémentaire dédié à ce secteur.
Le « secteur de profits » est alors créé. Mais qui compose cette
nouvelle cellule ? Les managers ont choisi les salariés qui leur
semblaient les mieux correspondre à la mission, en se basant sur leur
formation professionnelle et leur poste actuel. C’est ainsi qu’Adel et
Guilhem se sont retrouvés dans ce secteur, alors qu’ils ne le
souhaitaient pas…
Pour se venger de cette décision jugée injuste, ils vont consacrer le
minimum d’énergie possible à ce nouveau projet. De toute manière, ils
n’ont pas la motivation nécessaire pour mobiliser encore plus d’énergie
car leurs supérieurs ne leur ont indiqué que des chiffres à atteindre, sans
leur expliquer le pourquoi de leur mission ou même les former.
Un an plus tard, l’entreprise A aura :
connu un échec sur ce secteur prometteur ;
réduit sa performance actuelle sur ses marchés historiques car deux de
ses meilleurs éléments, Adel et Guilhem, ont été affectés au nouveau
marché.

L’entreprise B : une entreprise industrielle dans le domaine du textile


de 50 salariés. Il s’agit du principal concurrent de l’entreprise A en
France. Elles ont sensiblement les mêmes caractéristiques.
L’entreprise B qui a réalisé le même travail de veille que son
concurrent, a également identifié le marché à fort potentiel. Elle va elle
aussi se lancer dans cette nouvelle aventure. Cependant, elle s’y prend
différemment.
Premièrement, elle rassemble tous ses collaborateurs pour leur
expliquer la situation et les nouveaux enjeux.
Ensuite, elle crée des ateliers de 7 personnes pour effectuer des
brainstormings et récolter le maximum d’idées de la part de tous pour
ce nouveau projet.
Un jury choisira ou assemblera les meilleures idées entre elles pour
peaufiner le projet.
Les collaborateurs ayant proposé les meilleures idées se verront
proposer d’intégrer l’équipe pour ce nouveau challenge.
C’est ainsi que Gabrielle et John ont été sélectionnés pour porter ce
projet. Ils sont très motivés car ils travaillent sur un projet qui leur parle
et auquel ils ont contribué.
Les managers les ont formés sur les nouveaux enjeux et ont laissé place
à leur créativité pour certaines opérations non stratégiques.
Un an plus tard, l’entreprise B aura :
connu un succès sur ce secteur prometteur ;
motivé ses salariés en les faisant participer à des ateliers valorisant
leur créativité.
Ce petit exemple très succinct et simplifié permet d’illustrer comment il
est possible de valoriser le capital humain (de le traduire en profit pour
l’entreprise) : en considérant les personnes pour ce qu’elles sont et non
pas les postes au sein de la société.
Une personne peut être performante dans un certain contexte et ne plus
l’être du tout dans un contexte totalement différent.
Mais ceci n’est pas une fatalité. Les personnes peuvent s’adapter. Cette
adaptabilité est une soft skill à part entière.
L’exemple ci-dessus permet d’illustrer un état d’esprit que peut adopter le
manager : au lieu de ne considérer que les indicateurs économiques pour
atteindre ses objectifs, il peut avoir l’intention ou le réflexe de considérer
les collaborateurs pour ce qu’ils sont, des êtres humains. Prendre en
considération la personne dans son ensemble aura pour effet d’améliorer le
bien-être dans l’entreprise ainsi que la meilleure synergie d’équipe.
Si miser sur l’humain permet d’améliorer le bien-être et la synergie des
équipes, cela permet également à l’entreprise de se différencier de la
concurrence et surtout d’améliorer sa « résilience » (capacité à résister aux
chocs et à rebondir[2]), comme l’indique François Geuze (voir témoignage
ci-dessous).

Témoignage
François Geuze, directeur de recherche, OpenToJob

« Il est important de miser sur l’Homme pour tout un ensemble de


raisons :
économiques (ce qui fait la compétitivité et la performance de sa
structure)
je suis capable d’acheter les mêmes machines que mon
concurrent, mais suis-je capable d’avoir les mêmes ressources
humaines ? Cela ne s’achète pas !
il est nécessaire d’investir dans l’homme pour avoir ses
compétences, ses savoirs et d’une certaine façon avoir un véritable
élément de différenciation. »[3]

Qu’est ce que le capital humain ?

« Ensemble des connaissances et des savoir-faire d’un individu


acquis par formation et/ou expérience qui lui permettent d’être plus
productif dans son travail. (Théorie développée par G. Becker.) »
Larousse

Le capital humain comprend à la fois les « hard skills » et les « soft


skills » des individus.

Exemple
Afin d’assurer la production technique de ces softwares, une entreprise
de développement de logiciels recrute des développeurs et des
designers. Ces collaborateurs possèdent des compétences techniques
nécessaires à la réalisation des projets, des hard skills. Cependant, la
création de logiciels repose sur une synergie d’équipe. Car un
développeur seul aura beaucoup de mal à répondre au besoin du client,
et un designer ne pourra pas développer le produit seul. C’est pourquoi
ces collaborateurs travaillent en équipe. Mais qu’est ce qui permet aux
équipes de travailler de façon harmonieuse ? Une capacité d’écoute, de
l’attention, de la confiance, en d’autres termes, des soft skills qui
permettent aux développeurs et designers de collaborer. D’où cette
« harmonie hard skill / soft skill » composant la valeur humaine d’une
entreprise.

Les soft skills contribuent ainsi au capital humain de l’entreprise. Mais


comment accorder de la valeur à des soft skills si l’organisation n’a pas
conscience de leur existence en tant que compétences ? Il semble naturel
pour une entreprise en France d’accorder de l’importance aux « hard
skills » comme les compétences techniques des développeurs et designers
par exemple. Un rapport ministériel décrit et mesure cette tendance (voir ci-
dessous). Une valorisation humaine est possible sur ces critères. Cependant,
une large part de la valeur humaine des organisations n’est pas prise en
compte, celle des soft skills. Or, ces soft skills existent déjà dans
l’entreprise.
En effet, même si l’individu a conscience de ses soft skills, il est
important que l’entreprise soit dans le même état d’esprit en ayant
l’intention de reconnaître la valeur de ces compétences douces, ce qui n’est
malheureusement pas encore la tendance majoritaire en France aujourd’hui.

Le capital humain a de plus en plus de valeur aux yeux des


dirigeants
« L’impact du développement des compétences sur la productivité
du personnel est clairement perçu par les entreprises, en termes
d’efficacité (57 %), puis de flexibilité (43 %). »
Mais encore 71 % des entreprises privilégient les formations
techniques. Loin derrière viennent les formations pour
enrichissement personnel (10 %) et les formations imposées par
un groupe (6 %).
Source : Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie,
Direction générale des entreprises, « Le développement du capital
humain dans les entreprises », 2005.

Comme nous l’avons exposé dans chapitre 3, tout le monde possède et


utilise des soft skills, même de manière inconsciente. C’est la prise de
conscience de ces compétences douces qui permet de leur reconnaître une
certaine réalité, une certaine valeur et de les développer. Il en va de même
pour les organisations : c’est en prenant conscience de leur existence et leur
valeur que l’entreprise pourra valoriser son capital humain.
Certains dirigeants développent ce réflexe de « l’humain » dans
l’entreprise. Ils arrivent à améliorer l’efficacité et l’engagement de leurs
collaborateurs, tout en remplissant leur rôle sociétal.
Les deux finalités de l’entreprise
Maximiser les profits
« Pour les économistes, l’entreprise a longtemps été assimilée à
une sorte de boite noire. Dans cette boîte noire rentrent des
facteurs de production (du personnel, des matières premières, des
machines) qui ressortent sous la forme de produits ou services.
Selon les économistes, l’objectif de l’entreprise se limitait alors
essentiellement à la maximisation du profit. »
Répondre aux attentes de la société
« L’entreprise aurait pour objectif de contribuer au bonheur de la
société. L’entreprise étant un acteur majeur de l’économie et de la
société, son comportement peut avoir des conséquences (positives
ou négatives) sur l’ensemble de la société. Les entreprises ont
donc une forme de responsabilité vis-à-vis de la société, on parle
d’ailleurs de « responsabilité sociale de l’entreprise »
Source : Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie
Direction générale des entreprises,
http://www.economie.gouv.fr/facileco/quels-sont-objectifs-lentreprise

Certains dirigeants n’hésitent pas à se reposer sur ces deux finalités en


ayant l’intention de contribuer au bonheur de ses collaborateurs. Voici le
témoignage d’Yves Dambach, dirigeant fondateur de KTM Advance.

Témoignage
Yves Dambach, fondateur dirigeant de KTM Advance

« J’ai déjà des cheveux blancs et donc vécu quelques entreprises.


Je trouve qu’il est important pour un dirigeant de vivre
sereinement une aventure. Et pour vivre sereinement, il faut
partager, partager les résultats, la vision… Mon premier conseil
est une vision écologique des ressources humaines : partage de la
richesse, partage du projet, du partage… C’est génial de partager
car cela vous permet de vivre votre aventure entrepreneuriale
sereinement (vous savez que l’autre n’est pas là pour prendre
votre place). Et c’est fantastique car ces personnes avec qui vous
partagez vous permettent d’être meilleur et d’aller encore plus
loin. »

Comment valoriser les soft skills de l’entreprise ?


Les soft skills de l’entreprise reposent sur celles de ses collaborateurs et
de la synergie qui en découle.
Des compétences synergiques
L’un des principes développés par la science des systèmes complexes
(Donella Meadows, Thinking in Systems, Chelsea Green, 2008), est celui de
l’émergence : quand un élément ou un événement apparaît sans que l’on
puisse comprendre pourquoi. Il en est de même pour les compétences quand
plusieurs personnes travaillent ensemble. Leur association peut émerger des
compétences nouvelles à l’image des sports collectifs. En d’autres termes,
l’association d’une personne possédant une compétence A avec une autre
personne possédant une compétence B fait émerger une compétence C de
cette synergie. Les praticiens de la pensée systémique parlent alors du
« 1+1>2 » ou autrement dit, « Le tout est plus grand que la somme des
parties ».
Reprenons l’exemple de l’entreprise de développement de logiciels. Ses
développeurs et ses designers travaillent de manière collaborative sur des
projets. Chaque collaborateur possède ses hard et soft skills : un
développeur aurait par exemple une capacité de concentration élevée et un
esprit analytique très développé, et un designer une grande empathie et une
forte créativité. Si nous associons ces personnes, nous relevons 4 soft
skills :
1. concentration ;
2. analyse ;
3. empathie ;
4. créativité.
Mais ces soft skills sont-elles les seules issues de cette collaboration ? De
cette synergie émergent d’autres soft skills :
1. optimisme ;
2. confiance ;
3. conscience.
Si la collaboration entre le développeur et le designer s’effectue de
manière harmonieuse, alors la confiance s’instaurera entre eux. De même,
ils apprendront à avoir une meilleure conscience de leurs soft skills grâce à
cette interaction sociale. Enfin, cette confiance mutuelle alimentera un
optimisme dans l’atteinte de l’objectif.
Ces soft skills peuvent exister de manière indépendante chez les
protagonistes. En revanche, elles ne seront pas aussi « réelles » ou
« développées » qu’avec la synergie d’équipe. D’où cette émergence de soft
skills synergiques.
C’est en considérant ce principe que nous pouvons parler de compétences
synergiques ou émergentes, participant au capital humain de l’entreprise.
Mais comment valoriser les soft skills en entreprise, aussi bien les soft
skills de l’individu que les soft skills synergiques ?
Voici la méthode de calcul du capital soft skills de votre entreprise.

• La prise de conscience individuelle des soft skills des collaborateurs


Les soft skills de l’entreprise résident chez ses collaborateurs. D’où
l’intérêt dans un premier lieu de s’intéresser aux individus.
Comme nous l’avons montré dans la méthode creapreZent, les soft skills
font partie d’un potentiel « humain » dont l’individu a plus ou moins
conscience. La démarche de prise de conscience des soft skills prend source
chez l’individu : une personne n’ayant pas l’envie de découvrir ses soft
skills aura plus de mal à en prendre conscience. C’est la raison pour
laquelle, si une entreprise veut valoriser les soft skills, il est nécessaire que
ses collaborateurs aient la même intention au niveau individuel.
Chaque individu peut dresser une liste de ses soft skills, ou se référer au
mind map creapreZent.

Exemple
Si nous reprenons notre exemple du développeur et du designer dans
une entreprise de développement de logiciels voici à quoi cette
démarche pourrait ressembler :
• Designer :

• Développeur :

• La prise de conscience collective des soft skills individuelles des


collaborateurs
Le capital soft skills des entreprises repose entre autre sur la totalité des
soft skills des collaborateurs. Comment l’entreprise peut-elle avoir une
vision globale des soft skills de ses collaborateurs ? Il existe deux
possibilités complémentaires :
1. partager les soft skills individuelles avec le reste du groupe (les autres
collaborateurs). Ce partage peut être répertorié dans une base de
données afin de garder une visibilité sur ce capital soft skills de ses
collaborateurs. L’entreprise peut aussi se référer au mind map
creapreZent afin de suivre l’évolution des soft skills individuelles de
ses collaborateurs ;
2. développer de l’empathie pour détecter les soft skills d’autrui.
Une fois la « collecte » de soft skills de tous les individus effectuée, vous
pouvez les compiler dans un tableau avec un système de pondération :
1. dans une première colonne, la liste des soft skills (sans redondance) ;
2. dans une seconde colonne, la somme totale des notes soft skills.
Vous aurez ainsi une vision globale des soft skills individuelles de votre
entreprise.

Exemple
Avec l’exemple de l’entreprise de développement de logiciels, nous
pouvons obtenir ceci :
• Soft skills individuelles du groupe :

Vous pouvez adopter ce raisonnement à l’échelle de toute une entreprise.

• La prise de conscience des soft skills synergiques


Selon le principe de l’émergence dans les systèmes complexes, des soft
skills synergiques émergent de l’interaction entre les différents
collaborateurs. Ces soft skills s’ajoutent aux soft skills individuelles déjà
répertoriées pour en constituer le capital soft skill de l’entreprise.
Mais comment identifier et répertorier ces soft skills synergiques ?
Tout d’abord, développez une vision claire des différentes synergies
existantes dans votre entreprise. Notez-les sur une feuille ou sur un
document de traitement informatique avec les informations suivantes :
1. collaborateurs (noms et postes dans l’entreprise) ;
2. raison d’être de la synergie (objectif, projet, mission, etc.) ;
3. soft skills individuelles (de chaque collaborateur) ;
4. soft skills synergiques.
Afin de remplir cette dernière colonne, utilisez votre concentration et
votre observation : quelles soft skills émergent de la synergie (s’ajoutant
ainsi aux soft skills individuelles déjà existantes) ?
Vous pourrez ensuite commencer à lister les soft skills synergiques, ou
émergentes par rapport à chaque groupe d’individus travaillant ensemble.
Une fois votre tableau rempli, vous pouvez le soumettre aux groupes
concernés pour obtenir leurs retours. Les collaborateurs donneront leurs
avis sur vos résultats et attribueront une note soft skill aux soft skills
synergiques sur lesquelles vous vous serez mis d’accord.
Ces informations vous permettront de dresser un nouveau
tableau reposant sur le même principe que celui des soft skills individuelles
expliqué lors du point précédent : celui des soft skills synergiques de
l’entreprise. Inscrivez-y les informations suivantes :
1. soft skills synergiques ;
2. note soft skills synergiques.
Vous aurez ainsi une vision globale des soft skills synergiques de votre
entreprise.

Exemple
• Soft skills individuelles du groupe :
Les soft skills synergiques listées dans le tableau ont été approuvées et
notées par les deux collaborateurs du groupe concernés :

Vous pouvez ensuite combiner les notes des différents groupes pour
remplir un tableau global des soft skills synergiques (en imaginant que
l’entreprise soit composée de trois groupes) :
• Soft skills synergiques de l’entreprise :

Le bilan soft skills de l’entreprise


Vous voici en possession de deux listes :
1. les soft skills individuelles (et leurs notes globales) ;
2. les soft skills synergiques (et leurs notes globales).
Si vous faites la somme des notes obtenues, vous aurez trois totaux
différents :
1. un total des soft skills individuelles ;
2. un total des soft skills synergiques ;
3. un total global.
Ce total global représente le « capital soft skills » de votre entreprise,
alimentant son capital humain.

Exemple
• Soft skills individuelles de l’entreprise :

• Soft skills synergiques de l’entreprise :

Le capital soft skills de l’entreprise est donc de 74 (=45+29).

Ce qui est intéressant avec cette valeur, ce n’est pas le chiffre absolu qui
en découle, mais l’évolution de ce dernier dans le temps. Cela vous permet
d’avoir une visibilité sur l’évolution des soft skills de votre entreprise, et
donc de la valorisation de l’invasion.
Comme vous l’avez remarqué, la démarche de calcul de ce capital soft
skills engage vos collaborateurs dans une démarche d’analyse de leur soft
skills. C’est en ce sens que cet exercice est utile également, en impulsant
une dynamique qui, si elle est répétée régulièrement dans le temps,
permettra de développer le réflexe soft skills dans votre entreprise (cf.
chapitre 4).
Cette méthode de calcul du capital soft skills de l’entreprise permet aussi
de donner du lien entre les collaborateurs à travers les soft skills
synergiques. Car pensaient-ils avant la valorisation des soft skills de
l’entreprise à ces soft skills émergentes ?
Vous verrez ci-après comment la dynamique soft skills peut devenir virale
dans votre entreprise pour augmenter le capital soft skills de votre
entreprise, et donc son capital humain.

Quel est le lien entre personnes et soft skills ?


En observant les hommes autour de nous, on s’aperçoit vite que le désir
mimétique, ou imitation désirante, domine aussi bien nos gestes les plus
infimes que l’essentiel de nos vies.
René Girard

Dans le moindre échange entre deux personnes, des soft skills sont
mobilisées. L’utilisation consciente des soft skills enrichit le lien qui peut
exister entre ces personnes. Lorsque vous mobilisez vos soft skills, vous
permettez plus facilement à votre entourage de déployer les leurs, et donc
d’optimiser vos échanges. En effet, quelle que soit l’attitude que vous
adoptez avec votre interlocuteur, celui-ci est forcé de recevoir un certain
nombre d’informations correspondant à votre attitude. Vos soft skills
permettent de préciser ces informations. Dit autrement, grâce à vos soft
skills, vous pouvez agencer intelligemment les signaux que vous envoyez à
votre entourage. Ces mêmes signaux sont précieux dans la façon dont vos
interlocuteurs pourront ajuster leur propre attitude.

Témoignage
Pierre-Édouard Sabary, analyste marketing CRM, groupe
Volkswagen France

« J’ai tendance à reproduire le comportement des autres pour


mieux m’adapter. Si je suis sous l’influence d’un manager leader,
avec des soft skills développées, il m’influencera beaucoup et me
donnera envie de me rapprocher de sa manière de travailler. »

Que vous fassiez un effort de pédagogie, parveniez à garder votre


optimisme ou encore affirmiez votre engagement, votre interlocuteur le
remarquera d’une façon ou d’une autre.
En ce sens, plus vous adopterez le réflexe soft skills, plus vous serez un
« facilitateur de soft skills » pour autrui. Aussi, cette section s’efforcera de
démontrer en quoi les soft skills peuvent se diffuser de façon « virale » au
sein de votre entreprise.
Dans quelle mesure pouvez-vous enrichir le tissu de soft skills de votre
entreprise ? Pourquoi vos soft skills peuvent-elles être efficaces dans
l’utilisation des soft skills de vos collègues ?
Les neurosciences apportent des réponses précises à ces questions. Elles
démontrent, notamment par la découverte des neurones miroirs, que chaque
personne est naturellement encline à entrer en empathie avec autrui. C’est
cette empathie naturelle dont chacun est doté qui implique que votre
entourage professionnel est susceptible de s’approprier une partie de votre
attitude dans la « création » de sa propre attitude. Pour bien comprendre
cela, il est nécessaire de faire un focus sur cette notion d’empathie.
Qu’entend-on par empathie, et qu’est-ce que cela implique dans vos
rapports professionnels ?

L’empathie
« Nos cerveaux et ceux des autres primates, semblent avoir
développé un mécanisme fonctionnel de base, la simulation intégrée,
qui nous donne un aperçu expérientiel des autres esprits. La possibilité
de partager le contenu phénoménal des relations intentionnelles des
autres, au moyen de bases neuronales partagées, produit une mise en
relation intentionnelle. Celle-ci, en retour, en fusionnant les intentions
des autres dans celles de l’observateur, produit cette qualité
particulière de familiarité que nous entretenons avec les autres
individus. C’est ce que signifie être en empathie. » Vittorio Gallese[4]

Vittorio Gallese explique que chaque individu est naturellement enclin à


percevoir les intentions d’autrui. L’intention est une notion déterminante
dans la mobilisation de vos soft skills. Si par exemple, vous n’avez pas
l’intention d’être attentif au discours de votre interlocuteur, il est évident
que vous mobiliserez peu d’attention. Votre interlocuteur percevra
rapidement que votre intention n’est pas de recevoir le message qu’il a à
vous faire passer.
Cette disposition naturelle à capter l’intention d’autrui est déterminante
dans la nature du lien entre les personnes car elle conditionne les bases de
l’échange interpersonnel. La découverte des neurones miroirs confirme
cela.
Les neurones miroirs ?

« Le système des neurones miroirs apparaît ainsi décisif pour


l’émergence comme objet d’étude de ce terrain d’expérience commune
où s’enracine notre capacité d’agir non seulement comme des sujets
individuels, mais aussi et surtout comme des sujets sociaux. Des
formes plus ou moins complexes d’imitation, d’apprentissage, de
communication gestuelle, voire verbale, trouvent, en effet une
correspondance ponctuelle dans l’activation de certains circuits miroirs
spécifiques. » Giacomo Rizzolatti, Corrado Sinigaglia[5]
L’existence des neurones miroirs permet de répondre en grande partie à
l’intérêt du déploiement de vos soft skills. Si vous vous demandez encore
pourquoi il serait pertinent pour vous de vous attarder au développement de
vos soft skills, comprenez que le moindre effort que vous ferez dans la mise
en avant de celles-ci aura indéniablement un impact chez la ou les
personne(s) qui percevront votre attitude. Cette perception se fera peut-être
chez elle(s) de façon inconsciente, mais aura une influence. Vous êtes en
mesure de façonner cette influence de manière à ce que celle-ci soit
bénéfique dans le déploiement des soft skills de vos interlocuteurs. Mais
pour mieux comprendre l’influence que vous exercez à chaque seconde
d’échange interpersonnel, il est nécessaire d’approfondir cette aptitude
naturelle à l’empathie.

Quel est le secret de l’empathie ?


« Sur le plan scientifique, le secret de l’empathie, c’est la forte
concentration de neurones miroirs dans notre cerveau. Ces
neurones spécifiques nous permettent de reproduire les attitudes,
les sentiments, les émotions des autres, ainsi que de simuler et de
construire des réponses, des réciprocités, un altruisme partagé,
une harmonie équilibrée. Le système miroir des émotions permet
donc de simuler dans son cerveau l’état émotionnel d’un
interlocuteur, et ainsi de mieux identifier les émotions ressenties
par les personnes de son environnement. Cela « fluidifie » la
compréhension de la relation avec l’autre et permet même une
meilleure connaissance de l’autre grâce à l’intersubjectivité, au
partage des désirs et des répulsions, base de l’empathie. » Joël de
Rosnay[6]

Sur le plan managérial, lorsque vous souhaitez que votre équipe aille dans
le même sens que vous, gardez à l’esprit qu’au-delà du message que vous
lui transmettez, votre équipe intègre aussi pleinement votre attitude dans
l’énoncé de votre message. Votre attitude est l’ingrédient principal dans la
façon dont votre équipe pourra évoluer suite à vos recommandations. En
tant que manager, vous êtes la personne que votre équipe écoute avec la
plus grande attention. Les neurosciences prouvent ici que la qualité de votre
management ne se situe pas seulement dans ce que vous faites auprès de
votre équipe, mais bien dans ce que vous êtes. La personne que vous êtes
lorsque vous transmettez un message impacte directement la
« consistance » de ce message.
Si vous souhaitez dynamiser votre équipe, n’oubliez donc pas de vous
dynamiser vous-même, notamment en faisant évoluer la palette de soft
skills que vous présentez à vos collaborateurs. Faire vivre votre discours
avec votre singularité enrichie à chaque instant par vos soft skills.

Témoignage
Franck Oniga, directeur du marché des professionnels, entreprises et
institutionnels Banques Populaires, BPCE

« Nous avons forcément un socle de valeurs et de caractère qui


influe sur notre manière d’interagir avec notre environnement. »

Le brainstorming de soft skills


Voici un exercice pour identifier et développer les soft skills de votre
équipe. Celui-ci peut être une première étape, avant de vous lancer dans le
« calcul du capital humain », évoqué dans le chapitre précédent.
Vous pouvez l’effectuer dans une salle de réunion autour d’une table, ou
même de façon plus informelle autour d’un café. Chaque participant doit
avoir avec lui de quoi prendre des notes. Prenons l’exemple d’une équipe de
quatre personnes A, B, C, D.
La première étape consiste pour chaque personne à lister, selon elle, les
soft skills que possède chaque participant, y compris les siennes. Par
exemple, la personne A, doit lister les soft skills qu’elle pense posséder,
ainsi que celles qui, d’après elle caractérisent les personnes B, C et D.
Sur la feuille de la personne A, peut donc figurer par exemple :
Moi : Empathie, créativité, adaptabilité.
B : Pédagogie, gestion du stress, attention.
C : Optimisme, esprit d’entreprendre, conscience de son environnement.
D : Prise de décision, discours analyse.
Les personnes B, C, D font de même.
Le nombre de soft skills qui doit caractériser chaque individu n’a pas
besoin d’être limité. Vous pouvez distribuer à tous les participants le mind
map creapreZent (voir chapitre 4, section « Améliorer une situation par les
soft skills ») pour poser un cadre des soft skills possibles. N’hésitez pas à
élargir ce cadre, en listant des soft skills ne figurant pas sur le mind map,
telle que la capacité de motivation par exemple.
Durant cette première étape, personne ne parle, seules l’observation et la
mémoire des comportements des uns et des autres peuvent être sollicitées.
À l’issue de cette première étape, lorsque chaque participant a listé
l’ensemble des soft skills de chacun, vous confronterez les soft skills listées.
Chaque personne lira à haute voix, les soft skills notées pour chacun. S’en
suit une discussion autour des soft skills évoquées.
Par exemple, si les personnes B et C n’ont pas mis les mêmes soft skills
pour la personne D, il peut y avoir tout d’abord une discussion entre B et C
sur les raisons de leur choix ; puis dans un second temps une discussion
entre A, B, C et D concernant les soft skills de la personne D, qui aura elle
aussi exposé les soft skills qu’elle pense posséder. Ainsi de suite avec les
soft skills des autres participants.
L’exercice est intéressant sur plusieurs aspects, et notamment sur la façon
dont les autres vous perçoivent. Utilisez-le avant de procéder aux entretiens
annuels d’évaluation par exemple. Cela peut être un moyen de rassurer vos
équipes sur votre désir de transparence et d’optimisation des relations
interpersonnelles. Chaque participant peut mettre en lumière chez autrui des
soft skills insoupçonnées. L’exercice en lui-même permet de développer
plusieurs soft skills dont l’attention. Il peut être répété ultérieurement pour
analyser les soft skills de chacun et leurs évolutions respectives.

La diffusion des soft skills


Une des raisons fortes pour laquelle la mobilisation de vos soft skills peut
avoir un effet « viral » au sein de votre organisation, est la tendance
naturelle de chaque individu à « imiter » autrui.
Jean Michel Oughourlian, neuropsychiatre, parle du cerveau mimétique[7]
en y expliquant que l’imitation est un point de départ dans les
comportements humains. Une des meilleures illustrations de cette idée peut
être observée dans le stade de l’enfance, où la plupart des apprentissages se
font en imitant les adultes. C’est aussi en ce sens qu’il est important de
garder en tête le fait que la valeur ajoutée « humaine » que vous apportez en
tant que manager par la mise en avant de vos soft skills, peut donner envie à
vos collaborateurs de faire de même.
Imaginez que vous ayez à prendre la parole devant l’ensemble de votre
équipe lors d’une réunion où vous devez exposer de nouvelles perspectives
pour l’année qui arrive. Pour donner le meilleur impact à votre discours et
pour motiver vos collaborateurs, vous choisissez de pratiquer le
storytelling[8]. L’histoire que vous racontez touche votre auditoire par
l’empreinte émotionnelle qu’elle lui laisse. Votre prise de parole porte sur
un remaniement total de la structure du service pour une meilleure
complémentarité des profils. C’est avec une certaine nostalgie que vous
parlez de votre véritable satisfaction pour le travail accompli jusqu’ici avec
la structure actuelle. Mais vous nuancez cette satisfaction en montrant votre
confiance et votre lucidité quant à la nécessité de procéder aujourd’hui à
des changements de postes, compte tenu de la dynamique qui est en train de
s’opérer pour l’année à venir. Vous-même êtes touché par ce
bouleversement. Mais parce que vous êtes le manager de cette équipe, vous
vous devez de contrebalancer ces émotions en montrant à vos
collaborateurs votre confiance dans la direction à prendre. Vous saviez lors
de cette intervention importante que votre équipe serait pleinement attentive
à vos paroles, mais aussi à votre façon d’exprimer ces paroles. Cet exemple
illustre le fait que lorsque vous intervenez dans des moments importants, où
des émotions peuvent émerger chez vous et votre entourage, votre façon
d’être est perçue avec plus d’attention. Une fois encore, il est important
d’avoir conscience du double intérêt des soft skills, une utilité pour ajuster
votre propre attitude, mais aussi pour contrôler l’impact que peut avoir
votre attitude sur autrui.
Pour bien comprendre cela, voici quelques conclusions réalisées par Hugo
Théôret, neuropsychologue de l’université de Montréal. Celui-ci a mené
avec son équipe divers travaux démontrant la fabuleuse perspective de la
découverte des neurones miroirs. Cette perspective permet de faire un
parallèle très intéressant avec les soft skills.
Hugo Théôret a réalisé une expérience où une personne volontaire
observe une série de photos de visages dont les expressions sont variées.
L’expérience consiste à analyser le comportement de l’observateur à la vue
de visages « souriant, en colère, inquiet, etc. ». Les chercheurs se sont
aperçus que lorsque vous observiez quelqu’un sourire par exemple, vos
propres « muscles du sourire » vont légèrement se contracter, comme si
vous vous apprêtiez à sourire. De même avec la vue d’une personne en
colère, celle-ci aura un léger effet sur la contraction des muscles qui sont
concernés lorsque vous vous mettez en colère. Ce constat montre
l’influence des informations transmises à autrui par les expressions du
visage, intimement liées à l’attitude adoptée.
Bien entendu, l’expérience ne signifie pas que lorsque quelqu’un vous
agresse verbalement, vous allez faire de même. Néanmoins, un observateur
peut difficilement rester totalement impassible à ce qu’il observe chez
autrui. L’expérience d’Hugo Théôret ne s’arrête pas à l’aspect « physique »
des conséquences d’une observation, telle que la contraction des muscles du
visage. Elle prouve que l’observation a aussi un effet immédiat sur les
émotions.

La diffusion de vos émotions au sein de votre entourage

« Les régions limbiques (régions du cerveau où se situent


l’activité émotionnelle) sont activées très fortement à la seule
observation passive d’une émotion chez quelqu’un d’autre.
L’observation d’une émotion active tout un réseau de régions
corticales. Ces régions corticales sont habituellement activées
lorsque la personne elle-même ressent ces émotions. » Hugo
Théoret, http://vimeo.com/37347869

À chaque moment où vous interagissez avec une personne qui vous


observe, vous laissez une « empreinte » chez elle, que vous et cette
personne le vouliez ou non. En mobilisant vos soft skills, vous pouvez
« affiner » l’empreinte que vous laissez chez la personne. Vous pouvez par
exemple laisser une empreinte d’empathie, d’optimisme, ou encore
d’attention, qui laissera à votre interlocuteur et de façon subliminale une
« invitation » à aller dans votre dynamique. Bien entendu, votre
interlocuteur aura toujours le choix d’aller ou non dans votre dynamique, et
peut-être même, de susciter une attitude contradictoire. Ce n’est pas
tellement l’attitude que votre interlocuteur adoptera qui importe, mais bien
la liberté pour lui d’adopter l’attitude optimale avec vous. Les managements
de type « autoritaires » ou « directifs », très répandus aujourd’hui,
empêchent cette liberté.

L’importance de la liberté
« Pourquoi des patrons font confiance à leurs salariés ? Parmi
ceux qui font confiance, on peut distinguer deux types de patrons,
soit les patrons qui aiment la liberté et qui ont créé leur entreprise
de toutes mains, soit des patrons qui étaient salariés avant et qui
n’ont pas supporté les contraintes, ou, étaient admiratifs des gens
qui fonctionnaient déjà sur ce mode-là. On peut citer Harley
Davidson, Vortex, Google qui sont des entreprises avec un style
de management où l’on fait vraiment confiance aux gens.
Pour moi, l’idée de la liberté et de la confiance que l’on laisse aux
personnes est vraiment très importante, mais cela nous renvoie à
une certaine conception de l’être humain qui n’est pas propagée
par les théories de l’homo œconomicus et du management par la
pression et par le stress. » Jacques Lecomte, expert en
psychologie positive

L’attitude que vous adoptez à chaque instant de votre vie a au moins une
légère influence sur les personnes avec qui vous êtes en interaction, mais
pas n’importe quelle influence. L’attitude d’autrui a tendance à aller dans
celle qu’il observe chez vous. C’est ce que la PNL (programmation neuro-
linguistique) expose avec le concept de la « synchronisation » qui peut être
définie comme une « reproduction fidèle et discrète de certains aspects de
l’expérience subjective de notre interlocuteur.[9] » En PNL, la
synchronisation est souvent présentée comme une technique que l’on peut
appliquer volontairement, afin de créer une synergie « voulue » avec
l’interlocuteur. Les études sur les neurones miroirs montrent que cette
synchronisation s’effectue en réalité en partie de manière inconsciente.
Témoignage
Laurène Castor, chargée de missions innovations pédagogiques

« Mon contexte familial m’a beaucoup aidé à développer mes soft


skills : c’est une forme de reproduction sociale. Penser et
développer ses soft skills est un état d’esprit qui peut se
transmettre aux autres. Je peux le voir dans mon quotidien dans
lequel j’arrive à communiquer les soft skills à travers l’éducation
et l’échange. Il y a une notion d’exemplarité et de mimétisme dans
les soft skills. »

Dans l’ouvrage Comment communiquer de façon efficace ?[10], Jacques


Piveteau et Didier Noyé, écrivent que pour améliorer l’efficacité d’une
communication il ne faut pas exprimer trop rapidement ses opinions, mais
tenter de décrire des faits en essayant de faire ressentir les sentiments que
l’on éprouve. On peut aller plus loin en affirmant qu’il est fondamental, en
tant que manager, d’avoir une certaine maîtrise des émotions que l’on
dégage, puisqu’elles sont reçues en partie par l’entourage. Les techniques
méditatives invitent à travailler cette maîtrise des émotions. Un des
objectifs que vous pouvez vous fixer en tant que manager, si cela n’est pas
déjà votre habitude, est, avant d’engager une conversation avec quelqu’un,
d’adopter un état d’esprit de confiance dans l’issue que prendra cette
conversation. Si vous êtes confiant votre interlocuteur ressentira le « feu
vert » pour que lui aussi puisse vous faire confiance, et contribuer à
optimiser votre échange. Pour travailler cet état d’esprit de confiance,
reportez-vous au pilier confiance (voir chapitre 3).

L’expérience de Mehrabian

L’expérience d’Albert Mehrabian en matière de communication


démontre que sur une échelle de 100 %, les mots ont seulement
une importance de 7 %, contre 38 % pour l’intonation de ces
mots et 55 % pour le non-verbal (la communication passant par le
langage corporel)[11]. Vous pourrez remarquer que les soft skills
que vous êtes susceptibles de mobiliser se retranscrivent
principalement dans l’intonation de votre voix et dans votre
langage non verbal. Or ces deux dimensions représentent d’après
Albert Mehrabian environ 94 % de l’importance de votre
communication. Les soft skills sont donc essentielles dans la
qualité de la communication au sein de votre entreprise ; la
communication étant, vous vous en doutez, une dimension
fondamentale dans la dynamique d’entreprise.

La mobilisation des soft skills permet d’inviter votre ou vos interlocuteurs


à ce que l’on pourrait appeler une « résonance constructive ». Plus
précisément, lorsque vous utilisez vos soft skills, vous créez une attitude
susceptible d’être un support d’imitation pour autrui.
Le réflexe soft skills consiste donc aussi à offrir à vos interlocuteurs la
possibilité d’utiliser leurs soft skills. Vous leur permettez d’utiliser leurs
soft skills si votre attitude le permet, et donc si vous les utilisez aussi.

Témoignage
Jacques Lecomte, expert en psychologie positive

– Peut-on, selon vous, par notre attitude, « multiplier » les soft


skills des autres collaborateurs au sein d’une entreprise ?
– « Je crois fondamentalement à la force de l’exemple. Il est clair
qu’un manager a un rôle de modèle pour ses collaborateurs, et que
le meilleur enseignement n’est pas un enseignement par la parole
mais par les actes. Le “faites ce que je dis, mais pas ce que je fais”
est évidemment à proscrire. La cohérence entre les paroles et les
actes du manager sont, à mon avis, le meilleur enseignement pour
ses collaborateurs.
Sur la notion d’exemple, on peut évoquer tout ce qui concerne le
“leadership serviteur” popularisé par Robert K. Greenleaf.
Beaucoup de théories du leadership ont été élaborées, mais à ma
connaissance, la plupart sont venues de la part de sociologues et
universitaires. Mais la théorie du “leadership serviteur” vient d’un
leader du “terrain”. Aujourd’hui cette théorie a été reprise, on a
créé des échelles de leadership et tout un travail scientifique a été
fait sur cette théorie. L’idée du leadership serviteur est qu’un bon
leader est d’abord un serviteur. À savoir que ce n’est pas
quelqu’un de charismatique qui impose sa vérité pour diriger ses
“troupes”, mais quelqu’un qui se met au service des autres. Ce qui
est intéressant c’est qu’à l’heure actuelle on a beaucoup d’études
qui ont montré que lorsque l’on a un leader serviteur soit en
direction d’équipe, soit de façon plus hiérarchique et plus
importante en direction d’une entreprise, alors les salariés sont
plus heureux, déterminés, motivés et ont envie d’avancer. Ce qui
est intéressant c’est qu’un leader serviteur est en lui-même un
modèle, et aura tendance à générer la même attitude chez ses
propres collaborateurs. »[12]

Cette notion de leadership serviteur qu’évoque Jacques Lecomte est


intéressante à plusieurs titres. Les soft skills rendent service, aussi bien à
vous-même, qu’à votre entourage. Elles vous permettent d’améliorer les
situations, mais aussi de vous améliorer vous-même au sein des situations.
D’une façon logique, il est possible de dire que lorsque vous déployez vos
soft skills vous devenez en quelque sorte « un serviteur » de la situation,
avec tous les bénéfices qui en découlent, dont la possibilité pour votre
entourage d’exprimer plus facilement leurs soft skills.
Un manager qui développe et utilise ses soft skills peut donc avoir une
influence positive de la même façon qu’un leader serviteur.

Témoignage
Pierre-Édouard Sabary, analyste marketing CRM, groupe
Volkswagen France

« Si le concept de leader serviteur est qu’un leader mène son


équipe en étant à son service, alors oui ce manager était un leader
serviteur. Il avait un côté humain très rassurant et cela crée de la
confiance. Il se bat pour un objectif et c’est vraiment la forme de
leadership la plus motivante pour une équipe : quand on voit
quelqu’un qui se bat pour soi, alors on a envie de se battre pour
lui. Car ce n’est pas avec une cravache qu’on fait avancer les
personnes. »

Illustrons cela avec la soft skills « attention ». En quoi le fait de


développer l’attention que vous portez auprès de vos collaborateurs peut
leur permettre de déployer considérablement leurs soft skills, et dans un
second temps, créer une véritable synergie constructive au sein des
situations de travail ?
Imaginez que vous choisissiez de porter attention à l’un de vos
collaborateurs lorsque celui-ci vous parle d’un projet particulier. Si vous
êtes en pleine phase d’attention, vous êtes en phase de « réceptivité » des
informations qu’il vous transmet. Plus vous adoptez cette attitude, plus
votre interlocuteur percevra, consciemment ou non, votre intention d’être
attentif. Ce signal perçu le mettra en confiance dans la transmission de ses
idées. Pourquoi ? Car lorsque vous êtes attentif au discours de quelqu’un,
vous attribuez automatiquement une certaine valeur à ce discours. Par
ailleurs, si vous êtes purement attentif, vous n’êtes pas en train de juger la
personne, qui le « sentira ».
Comme le dit Jacques Lecomte, « Les gens à qui nous faisons confiance
cherchent à être dignes de la confiance que nous leur faisons. »
Pour Daniel Goleman, « diriger, c’est distribuer de l’énergie ». Selon lui,
les personnes qui possèdent la compétence consistant à diriger, « savent
susciter et canaliser l’enthousiasme, et faire partager leur vision ; adaptent
leur style de direction aux circonstances ; guident le travail des autres tout
en les responsabilisant ; donnent l’exemple[13] ».
La personne qui ne se sent pas jugée mais écoutée attentivement peut
alors libérer plus facilement son propre potentiel, tel que sa créativité, sa
pédagogie, et afficher sa volonté de mener à bien un projet. À l’inverse, si
vous coupez constamment la parole à votre interlocuteur, celui-ci n’aura pas
le temps de trouver l’aisance nécessaire à un déploiement optimal de ses
soft skills.
En montrant que vous attachez de la valeur à ce que vous transmet un
collaborateur, celui-ci aura toute la liberté d’apporter lui-même encore plus
de valeur à l’exercice de son métier.

Une soft skill peut en cacher une autre


Je n’ ai pas de talent particulier. Je suis juste passionnément curieux.
Albert Einstein

L’identification, le développement et le déploiement de vos soft skills sont


intimement liés à votre état d’esprit. Plus précisément, l’adoption du réflexe
soft skills demande une attitude mentale particulière. Dans la vie trépidante
que vous menez, et dans une société où l’esprit est constamment sollicité,
vous pouvez vous dire qu’il est très compliqué de prendre le temps de
réfléchir à ce type d’attitude. Vous n’êtes pas forcément disposé à mobiliser
votre propre potentiel « humain » au sein des situations de travail. Il n’est
pas facile de prendre le temps d’adopter de nouvelles habitudes, même si
cela est bénéfique. L’idéal serait de ne pas avoir à penser à tout cela, mais
d’utiliser vos soft skills naturellement par votre réflexe soft skills.
Mais voilà, apprendre à mobiliser vos soft skills demande un minimum de
temps de pratique pour que cela devienne un réflexe. Cependant, il vous est
possible de « ruser ». Les soft skills ont cette formidable caractéristique de
pouvoir s’englober les unes dans les autres. En développant une soft skill en
particulier, vous en développez en réalité plusieurs. C’est ce que vous avez
pu découvrir par le biais du mind map creapreZent.
Vos soft skills sont en effet toutes inter-reliées, pour une raison simple,
elles viennent toutes de vous. L’astuce présentée ici, pour gagner du temps
dans l’acquisition de votre réflexe soft skills, consiste à travailler une soft
skill en particulier que vous mobilisez constamment au cours de votre
journée. En référence au pilier conscience, il vous suffira d’adopter une
attitude consciente envers cette soft skill omniprésente dans votre vie pour
l’optimiser. Parallèlement, vous pourrez constater l’amélioration d’autres
soft skills qui y sont liées.

L’attention, une soft skill insoupçonnée


Une soft skill essentielle que vous mobilisez à chaque seconde de votre
vie, et qui vous permet de vivre la vie telle que vous la vivez est votre
attention. Que vous en soyez conscient ou pas, votre attention est une
composante essentielle à la construction de votre réalité, celle que vous êtes
en train de vivre. Ce sur quoi vous fixez votre attention vous permet en effet
de créer votre perception du monde. Actuellement, vous êtes attentif à ces
lignes que vous lisez, et c’est pour cela que vous les percevez. Si vous
observez quelqu’un passer devant vous, c’est bien parce que vous y êtes
attentif à ce moment précis que vous pouvez remarquer cette personne.
Votre attention est déterminante dans l’acquisition des informations sur
vous-même, ainsi que sur votre environnement, comprenant les personnes
qui vous entourent.
Comme l’explique Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à
l’Inserm au sein du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, « les
déplacements de notre attention changent la façon dont nous percevons
consciemment – l’attention affecte notre expérience consciente du monde et
de nous-mêmes[14] ».
Le Larousse définit l’attention comme « capacité de concentrer
volontairement son esprit sur un objet déterminé ».
Il paraît cependant intéressant de préciser cette définition du Larousse en
citant la définition apportée par William James, célèbre psychologue et
philosophe américain expliquant que « l’attention est la prise de possession
par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de
pensées parmi plusieurs qui semblent possibles. La focalisation, la
concentration et la conscience en sont l’essence. Elle implique le retrait de
certains objets afin de traiter plus efficacement les autres, et elle s’oppose à
l’état d’esprit dispersé et confus que l’on nomme en français “distraction” et
en allemand Zerstrutheit. »[15]
Les techniques méditatives permettent de travailler cette aptitude naturelle
qu’est l’attention, elle-même un véritable levier de capacités cognitives.
Cette partie approfondira cette idée dans le but de vous faciliter le travail
d’adoption du réflexe soft skills.
Pour reprendre une métaphore de Rick Hanson, on peut utiliser l’image
d’un projecteur lumineux pour illustrer la notion d’attention puisque tout ce
sur quoi vous prêtez attention devient perceptible pour vous. L’astuce qui
pourrait vous permettre de gagner du temps dans l’adoption de votre réflexe
soft skills ne demande pas d’effort particulier, mais plutôt d’orienter le plus
souvent possible votre projecteur naturel (votre attention) de façon
consciente.

Qu’est ce que l’entraînement de l’esprit ?

« On entend de plus en plus parler de “pleine conscience”, mais


qu’est-ce que cela signifie exactement ? Être pleinement
conscient veut tout simplement dire maîtriser correctement son
attention là où l’on veut l’y maintenir ; la déplacer lorsqu’on le
souhaite. Quand l’attention est stable, l’esprit l’est également : ni
agité ni kidnappé par ce qui surgit dans la conscience, mais posé
dans la présence, ancré et inébranlable. L’attention est comme un
projecteur, et ce qu’elle illumine pénètre dans l’esprit et façonne
le cerveau. Par conséquent, travailler et contrôler davantage son
attention est peut-être le moyen le plus efficace de remodeler son
cerveau, donc son esprit. » Rick Hanson, Richard Mendius[16]

Entraîner son esprit semble nécessaire pour vous permettre d’évoluer avec
vos soft skills dans un monde du travail exigeant, qui sollicite justement
constamment votre attention. Le problème est que si ce sont les exigences
du monde du travail qui sollicitent votre attention, il vous est difficile de
choisir vous-même de la solliciter de façon intentionnelle. Pourtant, un
manager souhaitant améliorer les situations de travail doit se servir de son
attention de façon intelligente. Plus précisément, et pour reprendre l’image
du projecteur, celui-ci doit être en mesure d’orienter son « projecteur
naturel » avec agilité et rapidité. Car même si vous mobilisez votre attention
à chaque seconde où vous êtes éveillé, il n’est pas sûr que cette mobilisation
soit une aptitude que vous ayez cherché à optimiser.
Vous mobilisez par exemple chaque jour votre capacité naturelle à ingérer
des aliments, mais vous savez que cette capacité peut être optimisée, en
apprenant par exemple à manger d’une façon plus équilibrée. Il en va de
même avec votre attention qui peut être considérablement optimisée, et être
par la même occasion une merveilleuse façon de booster votre réflexe soft
skills.

Le saviez-vous ?

Avez-vous remarqué que le seul endroit que vous regardez


précisément, comme ce MOT que vous êtes en train de lire est le
seul point de votre champ visuel qui est net ? Pourtant, si vous
observez la phrase précédente, il vous sera très difficile de
distinguer simultanément et de façon nette les deux mots
« point » et « votre » qui se trouvent à quelques millimètres l’un
de l’autre. Autrement dit, ce qui est réel pour vous, au moins sur
le plan visuel, ne l’est que grâce à la façon dont vous orientez
votre attention.

Ce qui est expliqué dans cet encadré peut être vérifié à tout moment dans
votre environnement. Amusez-vous à observer « attentivement » n’importe
quel objet de votre environnement, et constatez à quel point la perception
nette de cet objet se situe uniquement à l’endroit précis que vous regardez.
Il en va de même avec la perception de vos interlocuteurs.
Travailler sur votre attention, permet d’affiner votre perception des
situations et de votre entourage. Si vous ne prêtez pas attention à votre
attention justement, vous avez moins de « contrôle » sur votre perception
des choses.
Lorsque vous discutez avec quelqu’un, vous avez une multitude de façons
d’orienter votre attention. Peut-être ne regardez-vous pas totalement la
personne dans les yeux par exemple. Vous pouvez d’ailleurs remarquer à
quel point le fait de maintenir votre regard dans les yeux de votre
interlocuteur permet de capter son attention, et d’intensifier le partage de
vos émotions respectives. Maintenir votre regard dans les yeux de votre
interlocuteur est aussi un moyen de s’assurer que celui-ci est bien en train
de recevoir pleinement votre message. Il est important pour vous de capter
l’attitude générale de la personne qui se trouve en face de vous. Plus vous
détiendrez d’informations sur l’attitude d’autrui, plus vous pourrez vous
adapter à cette attitude afin de faire passer votre message dans les
meilleures conditions.
Les micro-comportements sont l’expression de ce qui se passe dans
notre cerveau
« Bandler et Grinder ont observé l’importance que les thérapeutes
exceptionnels dont ils étudiaient le savoir-faire, donnaient à
certains micro-comportements. Un micro-comportement est une
manifestation neurologique relativement infime (d’où
l’appellation micro-), indiquant que “quelque chose” se passe
dans le cerveau de la personne qui le vit. […] Une des grandes
découvertes des fondateurs de la PNL, c’est, que nous le voulions
ou non, que les mouvements de nos yeux sont associés à ce qui se
passe dans notre cerveau, au moment où nous nous exprimons. Il
existe un lien, quasi incontrôlable, entre nos stratégies et les
mouvements de nos yeux. » René De Lassus[17]

Les micro-comportements sont un exemple des informations perceptibles


chez autrui que vous pouvez affiner grâce à votre attention.
Bien entendu, l’attention n’est pas uniquement visuelle, mais aussi
auditive, ou d’une façon plus générale, sensorielle. C’est en effet, par le
biais de l’ensemble des sens que vous pouvez bénéficier des informations
que procure l’attention. Ces informations sont essentielles dans l’ajustement
des soft skills que vous allez mobiliser en fonction de l’attitude de la
personne. Plus votre attention sera précise et entraînée, plus il vous sera
facile de mobiliser les soft skills adaptées à la situation à laquelle vous
devez faire face. Vous pourriez par exemple remarquer, avec un effort
d’attention, que votre interlocuteur semble septique à l’écoute de vos
propos, et choisir de faire preuve de plus de pédagogie suite à ce constat.

Dompter son attention


Mais comment travailler efficacement cette attention ? L’un des enjeux
principaux du travail de l’attention consiste à s’entraîner à être attentif.
C’est ce à quoi invitent la pratique de la méditation et des techniques
méditatives décrites plus haut dans l’ouvrage. Ces techniques développeront
aussi vos capacités cognitives, qui elles-mêmes, « boosteront » vos soft
skills. Voici quelques éléments qui vous permettront d’aller plus loin dans
l’intérêt et la mise en pratique de ces techniques.

Sculptez votre cerveau

« Ce qui traverse votre attention sculpte votre cerveau. Par


conséquent, contrôler votre attention pourrait être le moyen le
plus efficace de façonner votre cerveau, et donc votre esprit. Vous
pouvez exercer et renforcer votre attention comme n’importe
quelle autre capacité mentale. » Rick Hanson, Richard
Mendius[18]

Lorsque vous méditez, vous vous appliquez à diriger votre attention là où


vous le souhaitez, sans vous laisser distraire par ce qui pourrait perturber
votre attention, comme le jugement par exemple. L’efficacité de votre
attention est en effet beaucoup plus grande lorsque vous ne filtrez pas les
informations qui vous parviennent par vos schémas de pensées. Lorsque
vous n’avez pas d’a priori sur l’objet de votre attention, vous recevez alors
une information « authentique ». Entraînez-vous à recevoir les informations
que vous percevez sans les « dénaturer » par votre jugement. Par exemple,
si vous vous apercevez que vous avez tendance à être mal à l’aise lorsque
vous ne parvenez pas à vous faire comprendre, ne jugez pas ce constat,
contentez-vous d’en prendre connaissance en gardant la tête froide. Votre
capacité à analyser ce constat sera largement meilleure si vous n’êtes pas
sujet aux émotions suscitées par votre propre jugement.
Les connaissances « nouvelles » qu’apporte la méditation, sur vous-même
sur votre environnement, favorisent la plasticité neuronale, et donc,
améliorent vos compétences cognitives.
Quelles différences observez-vous par exemple chez votre chef de projet
depuis que vous faites preuve de plus d’empathie envers lui ? Est-ce que les
différences que vous observez vous encouragent à poursuivre dans cette
intention ?
Apprendre à être attentif améliore considérablement vos soft skills,
notamment parce que plus vous êtes attentifs, plus il vous est facile de
mesurer en temps réel l’impact de leur utilisation. Pour ce qui est de votre
collaborateur chef de projet, vous déciderez peut-être à l’avenir de faire
preuve de plus d’empathie en ayant pu constater que celle-ci a eu un effet
positif dans vos relations.
Plus vous êtes attentif à la façon dont vous évoluez dans vos relations
interpersonnelles, plus vous recevez d’informations quant à l’activation de
votre réflexe soft skills.
Dans le mind map creapreZent, l’attention est une soft skill « attachée » à
la synergie. Il est effectivement possible d’établir un lien logique entre les
deux notions. Dans l’exemple de votre relation avec votre chef de projet,
plus vous êtes attentif à ce qu’il fait, à ce qu’il dit, à son attitude d’une
façon générale, plus il vous est possible de comprendre sa réalité. S’il vous
est par exemple difficile de faire preuve d’empathie vis-à-vis de lui,
contentez-vous dans un premier temps d’être plus attentif à sa personne,
sans tenir compte de vos éventuels partis pris. Une synergie naturelle se
crée par l’idée plus précise que vous aurez de cette personne, et de la
manière dont elle évolue au sein de l’entreprise.
La puissance de l’attention sans jugement
Pour bien comprendre l’intérêt de pratiquer une attitude méditative de
non-jugement envers autrui, voici un exercice amusant et très simple que
vous pouvez pratiquer au quotidien. Choisissez, lors de votre prochaine
journée de travail par exemple, un collaborateur pour lequel vous
imaginerez que c’est la première fois que vous le voyez travailler. Imaginez
que vous ne connaissez rien de lui, et que vous êtes pleinement captif sur la
manière dont il évolue au sein de votre service, à commencer par la façon
dont il interagit avec vous. Cet exercice ne présente aucune difficulté en soi,
si ce n’est de faire abstraction de l’image que vous vous êtes construite de
cette personne. Adopter un regard totalement neuf sur autrui est une
expérience qui devrait vous être très enrichissante. En effet, lorsque vous
regardez une personne comme si vous la découvriez, vous l’invitez en
quelque sorte à mieux affirmer qui elle est auprès de vous. Votre
interlocuteur percevra, au moins inconsciemment, une curiosité nouvelle
envers lui qui le mettra suffisamment à l’aise pour créer une véritable
synergie avec vous. Essayez cet exercice et observez les résultats qui ne
manqueront pas de vous surprendre. N’hésitez pas à multiplier cet exercice
avec d’autres personnes de votre service. Vous pourrez même leur dévoiler
cette expérience et vous en amuser avec eux.
Cultiver votre attention sans émettre de jugements fondés sur vos
schémas de pensées antérieurs, c’est améliorer votre regard, que ce soit le
regard envers vous-même, ou le regard envers celui de vos collaborateurs.
« Avoir l’œil » permet d’avoir les bons réflexes. Plus vous aurez l’œil, plus
vous trouverez d’occasions naturelles d’adopter le réflexe soft skills, des
occasions que vous n’auriez pas « remarquées » avant. Cette attitude ne
vous fera pas perdre de temps sur votre journée de travail et vous apportera
rapidement de précieux enseignements.

Un centre important dans notre cerveau : le cortex cingulaire


antérieur
« Chaque fois que vous exercez consciemment votre volonté,
votre cortex cingulaire antérieur (CCA) intervient. Grâce à ses
connexions denses et réciproques avec l’amygdale, l’hippocampe
et l’hypothalamus, le CCA influe sur vos émotions, et
inversement. Par conséquent, c’est un site clé de l’intégration de
la pensée et du ressenti. Renforcer le CCA – par exemple en
méditant – permet de garder la tête froide lorsqu’on est contrarié
et d’insuffler de la chaleur et de l’intelligence émotionnelle dans
le raisonnement logique. » Rick Hanson, Richard Mendius[19]

Les techniques méditatives permettent véritablement d’augmenter ce que


l’on pourrait appeler votre « champ d’attention », et les soft skills qui en
découlent. On peut notamment citer les résultats observables grâce à la
technique dite de la « pleine conscience » popularisée par Jon Kabat-Zinn,
professeur de médecine, fondateur de la Stress Reduction Clinic et du
Centre for Mindfulness in Medicine, Health Care and Society. Comme le
souligne Nathalie Rapoport-Hubschman dans son ouvrage Apprivoiser
l’esprit, guérir le corps[20], « Une autre étude réalisée également par
l’équipe de Sara Lazar[21] sur un petit nombre de sujets n’ayant pas
d’expérience antérieure de la pratique de la méditation a montré que la
participation à huit sessions de MBSR (mindfulness based stress reduction)
était associée à des modifications de concentration de matière grise dans les
zones du cerveau impliquées dans l’apprentissage, la mémorisation, la
régulation des émotions, le concept de soi et la mise en perspective ». C’est
en ce sens que la méditation et les techniques méditatives « musclent »
véritablement votre cerveau, et activent votre réflexe soft skills.
Une autre utilité de la pratique de l’attention est que celle-ci vous permet
de rester centré sur l’attitude que vous créez à présent. Votre attention ne
peut se focaliser que sur ce qui se passe maintenant. En étant bien ancré
dans votre présent, vous pouvez naturellement être plus réactif à la situation
présente, ou aux situations qui se « présentent » à vous. Dit autrement, en
étant attentif à ce qui se passe maintenant, vous augmentez votre capacité
d’anticipation.
Une technique méditative applicable au quotidien
Voici une technique méditative que vous pourrez appliquer en conditions
de travail, et qui affûtera efficacement votre attention. La technique est
issue de la Méthode Présent[22] et se résume en quatre mots : Je suis mon
présent. Le mot suis désignant ici le verbe suivre[23]. Le principe de la
technique est simple, il consiste à divers moments de la journée à vous
rappeler de ces quatre mots, pour effectivement suivre avec assiduité votre
présent. Adoptez Je suis mon présent comme votre état d’esprit de la
journée.
Sur le plan visuel, il a été vu plus tôt que d’une façon naturelle, votre
rétine ne rendait net en termes de perception que ce que vous suiviez du
regard. En fait, vous êtes déjà en train de suivre votre présent. Tout ce qui
constitue votre présent sur le plan visuel, n’existe pour vous que parce que
vous êtes en train de suivre ce qui vous parvient. Les quatre mots Je suis
mon présent vous permettent d’effectuer le focus nécessaire sur cette
capacité d’attention que vous mobilisez déjà plus ou moins
inconsciemment, mais que vous pouvez optimiser.
En référence au pilier conscience, cet état d’esprit permet d’être
pleinement conscient de votre attention et de son impact sur votre situation
présente. Bien entendu, l’intérêt de cette technique n’est pas seulement de
suivre ce qui survient dans votre champ visuel, mais bien l’ensemble des
perceptions de vos cinq sens. En vous recentrant immédiatement sur votre
présent, vous augmenterez instantanément votre degré de vigilance et votre
réactivité « présente ». Entraînez-vous à appliquer la « consigne » de ces
quatre mots Je suis mon présent le plus souvent possible dans votre journée,
pour adopter le réflexe de cultiver votre attention.
Contentez-vous de suivre votre présent sans émettre de jugements sur ce
que vous percevez, mais en étant uniquement réceptif des informations
nouvelles qui vous parviennent. De ce fait, vous ne serez pas préoccupé par
ce que vous venez de vivre, ou par exemple, par une réunion importante qui
aura lieu demain. Vous serez centré sur le « maintenant » afin de consacrer
toute votre énergie sur ce que vous cherchez à réaliser, comme par exemple
la phase de préparation de cette réunion du lendemain. Lorsque vous êtes
pleinement attentif, et en référence à la définition de William James
présentée plus haut, vous vous rendez moins distrait par tout ce qui pourrait
perturber votre attention justement. Vous améliorez aussi votre capacité de
concentration.

Développer les soft skills par le questionnement


L’attention est une soft skill vous permettant d’entraîner votre cerveau et
de développer d’autres soft skills. Mais ce n’est pas le seul « levier » de
développement d’autres soft skills. Vous verrez que l’utilisation d’une soft
skill implique l’usage de différentes compétences douces également (et
donc leur développement).
Thierry Jansen (psychothérapeute), met en relief d’autres leviers pour
« entraîner » son cerveau comme le sport, la curiosité ou la discipline. Dans
l’ouvrage Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner[24], il explique que les
interrogations contribuent à la bonne santé du cerveau, voir de son
développement.
Le Larousse définit l’interrogation comme l’« action de poser des
questions ou de se poser des questions ».
Poser des questions est une forme d’analyse. En effet, l’objectif d’une
question est d’éclaircir et de comprendre un fait ou une situation. D’après
Le Larousse, l’analyse est une « étude minutieuse, précise faite pour
dégager les éléments qui constituent un ensemble, pour l’expliquer,
l’éclairer ». C’est en ce sens que les interrogations entrent dans le cadre de
la soft skill analyse (que vous pouvez retrouver dans le mind map
creapreZent).
Pour illustrer ce propos, voici un exemple détaillé d’analyse par le
questionnement.
Exemple
Si une personne vous pose la question « Comment développez-vous
votre confiance au quotidien ? », vous allez dans un premier temps
analyser les mots qui composent cette question pour en dégager le sens
afin de pouvoir y répondre. Cette analyse se portera sur chaque mot de
manière individuelle (« comment », « développez »…) et sur la
globalité de la phrase elle-même. Pendant cette phase d’analyse, vous
aurez travaillé votre soft skill analyse. C’est ainsi que le simple fait de
vous poser une question, quelle qu’elle soit, implique un
développement de votre soft skill analyse. Une fois l’analyse de la
question réalisée, vous pouvez commencer à rassembler les
informations à synthétiser pour construire votre réponse. Vous allez
ainsi visualiser les situations dans lesquelles vous avez fait preuve de
confiance en vous (ou envers les autres) dans la vie de tous les jours.
Dans cette deuxième phase, c’est votre soft skill visualisation qui a été
sollicitée. Il en est de même avec votre créativité. Une fois ces
informations rassemblées, un travail de synthèse est nécessaire pour
partager avec votre interlocuteur une réponse précise et
compréhensible. L’agencement des mots que vous formulerez sollicite
votre créativité. Quelle autre soft skill intervient à ce moment de
l’échange pour la formulation de la réponse ? Votre pédagogie. Pour
que votre message corresponde à la réalité de la personne attendant
votre réponse, il est nécessaire de bien la comprendre et de faire preuve
d’empathie, une nouvelle soft skill développée dans ce processus de
questionnement par deux personnes (mais qui n’intervient pas dans le
cas d’un « auto-questionnement »). Tentez-vous aussi cette expérience
de prise de conscience des soft skills que vous développez par le biais
du questionnement (que vous pouvez faire seul bien entendu).
Comme vous venez de l’expérimenter, le questionnement permet de
développer les soft skills suivantes :
1. analyse ;
2. visualisation ;
3. créativité ;
4. pédagogie ;
5. empathie (dans le cadre d’un échange).
Cette liste n’est pas exhaustive, car vous pouvez y ajouter d’autres soft
skills comme l’attention (afin de percevoir la question) ou la conscience des
soft skills. Vous pouvez vous référer au mind map creapreZent pour avoir
une vision globale des soft skills qui sont en vous.
Que montre cette expérience de l’analyse par le questionnement ? Que
solliciter une soft skill dans une situation implique le développement
d’autres soft skills. D’après l’exemple précédent, l’analyse de la question
nécessite votre attention en amont et votre visualisation en aval du
processus de réponse. Vos soft skills sont inter-reliées : en solliciter une
vous fera développer d’autres !
L’analyse par le questionnement permet d’aller plus loin dans le
développement de soft skills en apportant « un plus » important dans une
situation : un cadre.
Si nous reprenons l’exemple « Comment développez-vous votre
confiance au quotidien ? », la situation est mise en relief par une question.
Le questionnement cadre une situation avec :
1. un cadre temporel avec « quotidien » ;
2. un cadre thématique avec « confiance » ;
3. un cadre d’intention (ou d’objectif) avec « comment ».
Ce cadrage par le questionnement permet de faciliter le développement
des soft skills en orientant l’esprit, en guidant son attention.
Une question pertinente permet aussi d’améliorer des situations.
« Si je disposais d’une heure pour résoudre un problème et que ma
vie en dépende, je consacrerais les 55 premières minutes à définir la
question appropriée à poser, car une fois cela fait, je pourrais résoudre
le problème en moins de cinq minutes. » Albert Einstein

Les questions stimulent la créativité

« L’utilité des connaissances que nous acquérons et l’efficacité de


nos actions dépendent de la qualité des questions que nous
posons. Ces questions sont l’étape préliminaire du dialogue et de
la découverte. Elles sont une invitation à la créativité et à la
formulation d’idées originales. Elles peuvent déclencher le
mouvement et l’action face à des problèmes importants. En
stimulant la créativité, elles peuvent déclencher le changement. »
Eric E. Vogt, Juanita Brown et David Isaacs[25]

Imaginez que vous faites face à un enjeu de taille au travail : un


changement majeur dans la mission qui a été confiée à votre équipe. Vos
collaborateurs sont désorientés par ce bouleversement de leur quotidien.
Afin d’améliorer cette situation, vous allez dans un premier temps cadrer la
situation à travers une question :
« Comment allons-nous nous adapter à ce changement de mission
aujourd’hui ? »
En posant cette question aux membres de votre équipe, vous déclencherez
chez eux un processus de réflexion : ils chercheront une réponse à cette
question. C’est ainsi que chaque collaborateur entrera dans le processus de
questionnement décrit plus haut dans le cadre défini par la question.
Qu’impliquera ce questionnement collectif ?
Ce questionnement donnera l’opportunité aux collaborateurs de
développer leurs soft skills. Mais il permettra aussi de faire émerger des soft
skills synergiques comme le discours ou l’empathie.
Une question a donc le potentiel de développer de manière virale les soft
skills des collaborateurs d’une entreprise, surtout si cette question « voyage
bien » (selon les termes de Eric E. Vogt, Juanita Brown et David Isaacs dans
L’Art de poser des questions efficaces).
Qu’est ce qu’une question qui « voyage bien » ?
Il s’agit d’une question engageant un public très large. Cette capacité à
voyager (et donc à toucher le plus de personnes possibles) repose sur le
cadre que vous dessinez de la situation questionnée :
1. le cadre thématique ;
2. le cadre temporel ;
3. le cadre d’intention.
Plus votre cadre est large, plus le public potentiel sera large. Voici un
exemple :
1. Développez-vous votre confiance aujourd’hui ?
2. Comment développez-vous votre confiance au quotidien ?
3. Pourquoi développer sa confiance à partir de maintenant ?
Quelle est selon vous la question qui voyagera le mieux dans une
entreprise ?
D’après les études réalisées par Eric E. Vogt, Juanita Brown et David
Isaacs[26], les cadres thématiques des plus « viraux » aux moins « viraux »
sont :
1. Pourquoi ?
2. Comment ?
3. Quoi ?
4. Qui/quand/où ?
5. Question fermée (oui/non).
Le Pourquoi est porteur de sens. Poser des questions « pourquoi » permet
d’aider à trouver du sens à une tâche ou à une situation. C’est la raison pour
laquelle de nombreux coachs ont recours à ce type de questions pour aider
leurs clients.
Le questionnement : une soft skill à part entière
Le questionnement est un puissant outil pour des situations d’entreprise
telles que la résolution de problèmes ou l’innovation. Il s’agit d’une soft
skill qui peut se développer[27].
Selon les auteurs du livre Le gène de l’innovateur, il existe 5 soft skills
clés pour résoudre des problèmes et innover en entreprise :
1. l’observation ;
2. le questionnement ;
3. l’association ;
4. l’expérimentation ;
5. le réseautage.
Le questionnement est une compétence centrale pour l’innovateur.
Cependant il est important de garder à l’esprit que le processus de
questionnement peut avoir des effets négatifs s’il reste centré sur un
problème ou sur une pensée négative :
1. création de pensées négatives ;
2. blâme ;
3. limitations mentales ;
4. entretien d’un cercle vicieux centré sur le problème débouchant sur
d’autres problèmes.
Afin que le processus de questionnement soit le plus bénéfique possible,
il est important en amont d’être dans une intention constructive et positive.
Pour cela, aidez-vous du réflexe « Je crée à présent » pour vous fixer une
intention positive : par exemple, si vous faites face à un problème de
communication, pensez à « je crée à présent une communication plus saine
avec mon collègue » pour que le questionnement soit orienté solution plutôt
que source de problèmes.
Voici quelques conseils pour vous aider à développer cette compétence
questionnement :
Lorsque vous faites face à un problème ou à un objectif, ayez le
réflexe de le traduire en question constructive (« Comment faire
pour… », « Et si… », etc.).
Questionnez vos questions pour leur donner du sens et analyser votre
soft skill questionnement (vous pouvez réaliser cet exercice dans un
cahier dédié à vos questions).
Adoptez le Réflexe Pourquoi et l’approche Pourquoi Entreprendre
(voir chapitre 8).
L’impact des questions sur les soft skills de l’entreprise
Les questions du type « pourquoi » concernent le besoin le plus élevé
d’une personne, celui de l’accomplissement de soi, du sens (cf. la pyramide
des besoins de Maslow). C’est la raison pour laquelle elles « voyagent
bien ». Cependant ce type de questions demande une importante quantité
d’énergie et de concentration contrairement à une question fermée. D’où
l’impact plus important sur le développement intellectuel, car l’exercice
sera plus intense pour le cerveau.
Imaginez que certaines entreprises organisent des questionning days pour
stimuler la soft skill questionnement de leurs collaborateurs : une journée
par an est dédiée à la création de questions sur la vie de l’entreprise. Chaque
collaborateur doit y contribuer à travers des ateliers en groupes de 10
personnes, menés par un manager ayant pour mission d’enclencher une
dynamique de « tempête de questions ». Cette dynamique démarre grâce à
une première question partagée par la direction : une question de type
« quoi » n’aura pas autant d’impact sur l’exercice qu’une question de type
« pourquoi » (« qu’est ce qui ne fonctionne pas » donne moins de place à la
créativité que « pourquoi cela ne fonctionne pas »).
Le choix de la question posée à des collaborateurs aura un impact
important sur :
1. le développement de leurs soft skills et des soft skills synergiques ;
2. l’engagement des collaborateurs dans la nouvelle situation à créer.
Pourquoi est-il important qu’une question « voyage bien » ? Parce que
plus la question touchera un large public, plus elle développera les soft
skills de l’entreprise (individuelles et synergiques). Pour la suite de cet
exercice, le manager pourra orienter les questions de son groupe grâce à des
questions disruptives plutôt que par des questions fermées.
Un manager utilisant cette soft skill « analyse » par le questionnement
aura des influences sur :
1. le développement des soft skills de l’entreprise ;
2. l’engagement des collaborateurs dans le cadre défini par les questions ;
3. la confiance de ses collaborateurs qui se sentiront écoutés et impliqués.
Un management par le questionnement
Et pourquoi ne pas opter pour un management par le questionnement ?
Cela vous permettra de devenir un facilitateur de soft skills dans votre
entreprise. Pour ce faire, voici quelques réflexes à adopter au quotidien :
Lorsque vous vous adressez à vos collaborateurs, au lieu de leur
transmettre des missions de manière impérative ou affirmative, essayez
de les formuler par des questions à fort impact. Par exemple, dire
« Faites une nouvelle proposition de stratégie marketing pour ce
client », peut-être remplacé par une formulation du type « Pourquoi la
stratégie marketing de ce client peut-elle être améliorée ? » ou encore
« Comment pouvez-vous optimiser la stratégie marketing de ce
client ? ».
Pendant les entretiens d’évaluation, essayez d’amorcer un échange
avec votre collaborateur en lui posant des questions « pourquoi » et
« comment » plutôt que de lui donner une liste de « points à
améliorer ». Par exemple, préférez « Pourquoi avez-vous eu des
difficultés sur votre mission ? » ou « Comment pourriez-vous faire
pour atteindre votre objectif pour le prochain semestre ? » à « Vous
n’avez pas atteint votre objectif ».
Essayez de proposer des challenges « questionnement » réguliers à vos
collaborateurs (mensuels par exemple), sur des sujets globaux à votre
entreprise comme par exemple « Comment dynamiser l’atmosphère de
l’open space ? », « Pourquoi notre concurrent principal progresse plus
vite que nous ? »… En plus d’engager vos collaborateurs, vous
bénéficierez de réponses créatives pour vos challenges. Vous pouvez le
faire lors de sessions de « tempêtes de question » : votre équipe se
réunit pour lister des questions disruptives pour faire évoluer une
situation ou résoudre un problème.
Ces petits réflexes appliqués au quotidien auront un impact sur la
multiplication des soft skills dans votre entreprise.
Le questionnement pour son introspection soft skills
Si le questionnement a des vertus managériales, il a également une grande
utilité pour la prise de conscience de ses soft skills.
Pour cela, voici un réflexe très simple que vous pouvez appliquer dès
maintenant : « Quelle soft skill j’utilise en ce moment pour cette tâche ? »
Vous vous rendrez compte que lorsque vous utilisez une soft skill, vous en
utilisez d’autres : une soft skill peut en cacher une autre. Voici une question
qui peut vous aider à en prendre conscience « Quelles sont les autres soft
skills qui me sont utiles pour cette tâche ? ».
Vous pouvez adopter ce questionnement en amont de la tâche à réaliser en
précisant dans votre agenda les soft skills concernées. Ainsi la tâche
« création de la présentation client » peut solliciter les soft skills créativité,
discours et analyse. Une fois la tâche réalisée, vous saurez que vous aurez
amélioré ces soft skills.
Alors pourquoi ne pas tenir un tableau répertoriant l’évolution de vos
niveaux de soft skills par rapport aux tâches réalisées ?
Vous pouvez le faire à l’aide de deux tableaux Excel par exemple avec :
1. un tableau de tâches ;
2. un tableau d’évolution soft skills.

Exemple
Tableau de tâches pondérées par une « importance soft skills » que
vous pouvez fixer grâce à la question suivante : « À quel point je
développe cette soft skill à travers cette tâche ? »

Tableau soft skills avant la réalisation de la tâche

Tableau soft skills après la réalisation de la tâche (en ajoutant les soft
skills développées grâce à la tâche réalisée)

Comme vous pouvez le remarquer, ce suivi de soft skills est différent de


l’autodiagnostic proposé par l’outil creapreZent car il n’est pas limité sur
une échelle de 0 à 5. Il s’agit pour vous de visualiser une progression dans
le temps de vos soft skills grâce à cet exercice.

En Bref
Le capital humain est composé entre autres des soft skills de
l’entreprise.
L’entreprise est riche des soft skills individuelles et synergiques de
ses collaborateurs.
Cette valeur soft skills de l’entreprise peut être calculée grâce à
une méthode de calcul du capital soft skills.
L’utilisation de vos soft skills peut déclencher une utilisation des soft
skills de vos collaborateurs :
Chaque individu a une tendance à reproduire de façon mimétique
une partie de l’attitude qu’il observe.
Vos soft skills telles que l’empathie ou la confiance en l’autre vous
permettent d’être un exemple fédérateur qui inspirera vos
collaborateurs
Vous pouvez donner une dynamique positive aux relations
interpersonnelles en créant un cercle vertueux de soft skills avec
vos collaborateurs.
Développer une soft skill implique le développement d’autres soft
skills :
Travailler son attention aura des impacts positifs sur ses capacités
cognitives.
Le questionnement est une soft skill interdépendante avec d’autres
soft skills.
Développer des soft skills individuelles aura un impact positif sur
le développement des soft skills collectives (ou synergiques).

[1]
Agence pour la Création d’Entreprise) http://www.apce.com/pid10833/3-valoriser-l-
entreprise.html
[2]
Le Trésor de la Langue Française informatisé, CNRS.
[3]
http://www.youtube.com/watch?v=Si3MwgaZMP0
[4]
Jean-Michel Oughourlian, Notre troisième cerveau, Albin Michel, 2013.
[5]
Les neurones miroirs, Odile Jacob, 2011.
[6]
Surfer la vie, Les liens qui libèrent, 2012.
[7]
Jean-Michel Oughourlian, op. cit.
[8]
Pour Sébastien Durand, auteur de Storytelling, Dunod, 2011, le storytelling est une technique
qui consiste à utiliser la connexion émotionnelle forte que peuvent susciter les histoires (source :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=UOz2-iePSQc).
[9]
Bernard Hevin, Jane Turner, Dico PNL, Éditions d’Organisation, 1995.
[10]
Insep Consulting Éditions, 2004.
[11]
La règle des 3 % - 38 % - 55 % - Expérience d’Albert Mehrabian.
[12]
Interview réalisée le 16 avril 2013 pour creapreZent.
[13]
Daniel Goleman, L’Intelligence émotionnelle 2, J’ai lu, 2011.
[14]
Jean Philippe Lachaux, Le Cerveau attentif, Odile Jacob, 2013.
[15]
Ibid.
[16]
Le Cerveau de Bouddha, Pocket, 2013.
[17]
Efficace et épanoui par la PNL, Marabout, 2004.
[18]
Le cerveau de Bouddha, Pocket, 2013
[19]
Le Cerveau de Bouddha, Pocket, 2013.
[20]
Nathalie Rapoport-Hubschman, Apprivoiser l’esprit, guérir le corps, Odile Jacob, 2012.
[21]
Sara Lazar est une spécialiste en neuro-imagerie de la faculté de médecine d’Harvard.
[22]
http://www.methodepresent.fr/
[23]
La Méthode Présent va plus loin en présentant aussi l’intérêt de considérer le mot « suis »
comme le verbe « être ».
[24]
Albin Michel, 2012
[25]
L’art de poser des questions efficaces catalyser les idées, Whole Systems Associates Pegasus
Communications, Inc, 2003.
[26]
Eric E. Vogt, Juanita Brown et David Isaacs (2003), ibid.
[27]
Jeff Dyer, Hal Gregersen, Clayton M. Christensen, Le Gène de l’innovateur, Pearson, 2013.
6
CRÉEZ À PRÉSENT VOTRE
MÉTHODE

Votre singularité soft skills : « Je crée à présent


mon profil soft skills »
La liberté est une matière dont les phénomènes singuliers sont les
individus.
Novalis

Un besoin de singularité
La singularité et l’entreprise
Qu’est ce que la singularité ?
Voici la définition de « singularité » que propose le Larousse : « Caractère
de ce qui est unique en son genre ».
Seth Godin va plus loin dans cette définition dans son ouvrage Nous
sommes tous singuliers[1]. Selon lui, la singularité s’oppose à la norme, c’est
« ce qui n’est pas normal ». Les personnes singulières s’inscrivent par
ailleurs volontairement dans une ou plusieurs tribus (groupes de personnes
unies par des valeurs, un objectif ou un environnement). D’après Seth
Godin, les personnes partageant la même singularité (ce qui les différencie
de la « masse ») se regroupent sous forme de « tribus ».
La singularité est également un phénomène technologique émergent ayant
pour but d’améliorer l’homme par la technologie.

La singularité : un mouvement pour améliorer l’humain par la


technologie

Saviez-vous qu’il existe un mouvement scientifique ayant pour


but d’améliorer l’être humain par la technologie ? La singularité
est cette réunion entre technologie et humain.
Le futurologue américain Ray Kurzweil partage sa vision de ce
phénomène encore peu connu dans une interview pour Arte :
« Nous voyons le progrès de manière linéaire alors qu’il est
exponentiel. Lorsque nous pensons que nous aurons fait une
avancée technologique de 30, il s’agira en fait d’un bond de
plusieurs milliards. »
Ce spécialiste explique que dans quelques décennies, les
ordinateurs seront plus « intelligents » que les humains. En
fusionnant avec ces derniers, la technologie fera partie intégrante
des individus, les rendant ainsi plus performants. Aujourd’hui la
technologie constitue déjà une forme d’extension des êtres
humains avec les téléphones intelligents par exemple. Ce
mouvement prônant cette amélioration humaine par la
technologie s’appelle également transhumanisme.

Dans cet ouvrage, le terme singularité sera centré sur l’aspect « caractère
de ce qui est unique en son genre » et non sur cette tendance technologique.
Mais en quoi l’entreprise est-elle concernée par la singularité ?
L’une des richesses vitales de l’entreprise est ses collaborateurs. Or,
chaque collaborateur est unique. On peut penser que les personnes
partageant le même métier ou la même fonction ont le même profil. Mais
c’est très souvent faux : chaque personne est unique malgré des fonctions
communes.
Témoignage
Océane Brondel, consultante en recrutement, Birdeo

« Pour un profil commercial, nous évaluons sa maîtrise d’une base


de données ou d’une argumentation, soit ses hard skills, souvent
similaires d’un poste de commercial à l’autre (hormis la
dimension technique). Cependant, le contexte du poste peut nous
amener à rechercher des “soft skills” différents. Par exemple, le
commercial grand compte aura beaucoup d’assurance et adaptera
son discours à des DG ou des DSI. Soft skills : capacité
d’adaptation à différents niveaux d’interlocuteurs, respect de la
hiérarchie… Alors que le commercial terrain en BtoC sera plutôt
un fonceur, qui va s’intéresser à l’humain. Softs skills : capacité à
créer un lien immédiat, empathie. Cet exemple permet d’exprimer
le fait que pour un même métier, les soft skills recherchés peuvent
être différents ! »

L’entreprise est composée de personnes singulières, de singularités. Si une


entreprise comme Microsoft par exemple possède plusieurs commerciaux,
ces derniers n’auront pas la même manière de prospecter, ou d’échanger
avec les clients. Ils n’auront pas non plus la même manière d’agir au sein de
l’entreprise. Cela peut s’expliquer par leurs multiples expériences, aussi
bien professionnelles que personnelles, mais aussi par leurs soft skills. Ces
différents profils enrichissent la diversité au sein de l’entreprise.

Témoignage
Ruby Braithwaite, international marketing manager, groupe Soregor

« Les entreprises ont besoin de soft skills, de personnes qui en


ont. Par exemple, la secrétaire de notre bureau a des soft skills
développées : elle est rigoureuse, professionnelle et avec un bon
relationnel. C’est très important pour l’entreprise d’avoir une telle
personne à ce poste. »

Mais pourquoi considérer cette singularité ?


D’après Seth Godin, considérer la singularité des individus augmente leur
sentiment d’appartenance et leur estime de soi, deux strates élevées de la
pyramide des besoins de Maslow. Reprenons l’exemple de l’entreprise
Microsoft. Cet exemple n’a pas été choisi de manière anodine : il s’agit de
la première entreprise où il fait bon travailler en France selon A Great Place
To Work. D’après cet organisme, c’est notamment par le « respect » et la
« considération » que les collaborateurs trouvent une source
d’épanouissement élevé au travail. Si le style de management de cette
entreprise considère la singularité de ses collaborateurs, cela contribue au
bonheur de ses salariés. Cela peut s’exprimer par l’affectation des missions
en fonction du profil soft skills et hard skills du collaborateur, ou bien par
l’instauration d’une flexibilité d’horaires de travail qui s’adapte aux
rythmes de chaque collaborateur par exemple.
Par conséquent, considérer la singularité des individus contribue
directement à leur épanouissement dans leur vie professionnelle. De plus,
cela augmente leur motivation et donc leur performance. Par ailleurs,
cultiver la singularité dans une entreprise est important pour cultiver la
singularité de l’entreprise (indispensable pour se démarquer des
concurrents).
Comment considérer cette singularité ?
Comme vu dans le précédent chapitre, chaque individu possède des soft
skills « individuelles ». Ces soft skills lui sont propres, et contribuent à le
rendre unique. C’est en ce sens que les soft skills des individus participent à
leur singularité. Tenir compte des soft skills propres à chaque collaborateur
contribue à développer cette richesse, ce capital humain. Par conséquent,
considérer la singularité soft skills des individus aura un effet positif direct
sur l’entreprise, sur son capital humain.
L’importance de la singularité des entreprises
Dans un contexte de concurrence de plus en plus violent, les entreprises
sont dans une course à la différentiation. Dans son ouvrage Nous sommes
tous singuliers : halte au marketing de masse ![2], Seth Godin explique qu’il
est de plus en plus difficile pour une entreprise de vendre sur un marché de
masse qui tend à disparaître. Les consommateurs ont des besoins de plus en
plus clairs et différenciés et ont surtout beaucoup plus de choix qu’il y a
20 ans. Si nous revenons aux années 1990, vendre du café était une activité
de « masse », car l’offre était assez restreinte et les besoins des
consommateurs encore peu définis. Aujourd’hui, les consommateurs
peuvent choisir du café équitable, du café bio… autant de choix mettant les
entreprises en compétition entre elles.
Il en va de même pour le recrutement et pour la gestion des
collaborateurs : trouver des talents et les conserver dans son entreprise est
un véritable challenge. Contrairement à la période des Trente Glorieuses,
les travailleurs du XXIe siècle restent moins longtemps dans la même
entreprise. Alors qu’il était courant de faire carrière dans la même
entreprise il y a quarante ans, aujourd’hui la tendance est à la mobilité et à
l’évolution professionnelle. Les travailleurs sont en quête de progression, ce
qui implique une mise en concurrence des entreprises : laquelle offrira les
meilleures possibilités d’évolution et d’épanouissement ? Imaginez un
commercial spécialisé dans les produits technologiques. Il travaille depuis 5
ans dans un grand groupe industriel et a connu une belle progression dans
sa carrière depuis. Cependant il ne se sent pas considéré et a l’impression
d’être « un pion » parmi tant d’autres. Il aimerait que son travail et que sa
personnalité soient plus valorisés. Il en parle à ses supérieurs hiérarchiques,
mais ces derniers ne voient pas comment aller plus loin dans sa demande.
Que va-t-il faire selon vous ? Rechercher une nouvelle entreprise dans
laquelle il pourra ressentir de nouvelles sensations positives : nouveaux
challenges, nouveaux collègues, nouvel environnement… Il préférera
choisir plutôt que subir. Il recherchera une entreprise qui correspondra à ses
attentes en tant que personne singulière, celle qui le fait le plus rêver. Les
entreprises dans cette dynamique seront beaucoup plus attractives pour ces
travailleurs en quête de reconnaissance et attireront donc les talents. Elles
les conserveront plus longtemps également. L’entreprise qui connaît un fort
« turnover » (rotation de l’emploi) doit passer beaucoup de temps (et
consacrer beaucoup d’argent) à recruter et former les nouveaux talents pour
remplacer ceux qui sont partis.
L’entreprise peut donc se singulariser et se démarquer pour « séduire » les
talents.
Google est-elle une entreprise très attractive selon vous ? Pourquoi ?
Parce qu’elle offre une grande liberté à ses employés, une considération et
une culture d’entreprise très forte. C’est une entreprise « pas comme les
autres ». Et c’est grâce à cette singularité que Google inspirera et donnera
l’exemple. Depuis les entreprises suivant ce management « à la Google »
sont de plus en plus nombreuses.
Mais comment peuvent-elles faire pour se démarquer ?
Il existe plusieurs éléments alimentant la singularité de l’entreprise. Selon
Patrick Mathieu, spécialiste en singularité des entreprises, chaque
organisme a une histoire sur laquelle est basée sa singularité. C’est cette
histoire qui alimente en grande partie la singularité de l’entreprise. Mais pas
uniquement : la culture technique et le capital humain également. Odilon
Cabat, philosophe, historien des sciences, sémiologue, conseil en
communication explique :

« La singularité des entreprises s‘exprime de différentes manières.


Les entreprises ont toutes en premier lieu, une culture technique :
toutes ont des savoir-faire, des technicités sur lesquelles elles fondent
leurs métiers et qui leur permettent de fabriquer des produits ou de
fournir des services. Mais les entreprises ne sont pas seulement des
machines : au-delà de ce premier degré fonctionnel, elles intègrent
également une culture de l’humain, une manière de gérer les rapports
entre les gens, qui s’exprime notamment en interne ; et une vision du
monde qui lui est propre. »[3]

Pour se singulariser, l’entreprise peut chercher à travailler son identité


visuelle, son style de communication ou son processus de vente. Cependant,
comme l’expose Odilon Cabat, une des parts les plus importantes de la
singularité des entreprises est celle des ses collaborateurs. D’où
l’importance de cultiver la singularité des collaborateurs pour se
différencier de ses concurrents et faire la différence.
La singularité des entreprises par la singularité des collaborateurs
L’entreprise est riche de ses collaborateurs (capital humain), et de leurs
soft skills. Ce capital soft skills (les soft skills individuelles et les soft skills
synergiques) participe grandement à la singularité de l’entreprise. En effet,
si une entreprise possède une très forte concentration de soft skills
« créativité » alors elle aura une singularité de type « créativité » comme
pour Vente-Privée.com MakeSense par exemple.

Exemple
MakeSense est un jeune mouvement pour aider les entrepreneurs
sociaux du monde entier basé autour du brainstorming. Ce mouvement
fait preuve d’une grande créativité visuelle, organisationnelle et
opérationnelle. La singularité de ce mouvement repose donc sur cette
créativité et attire les personnes créatives. Mais pour qu’une telle
créativité puisse s’exprimer, il est important qu’il y ait beaucoup de
liberté : un élément faisant partie de l’ADN de cette organisation. Les
fondateurs ont ainsi adapté leur management à la singularité des
membres de MakeSense.

Témoignage
Laurène Castor, chargée de missions innovations pédagogiques

« L’optimisme, la prise de recul… ce sont des soft skills qui me


sont très utiles pour mon activité professionnelle : ce sont des
aptitudes que j’ai envie de conserver car c’est ce qui me
différencie des autres. »

Un management singulier
La singularité doit être gérée de manière singulière : un management
singulier doit être adapté. Mais pour pouvoir s’adapter à la singularité des
personnes, il est primordial de les écouter et de faire preuve d’empathie.
C’est alors que vous pouvez adopter la facette de leader serviteur afin d’être
le plus à l’écoute et disponible pour vos collaborateurs. Pour ce faire, voici
quelques questions que vous pouvez-vous poser afin de mieux comprendre
la singularité de vos collaborateurs :
1. Quelles sont leurs soft skills individuelles ?
2. Quelles sont les soft skills synergiques dans les groupes ?
3. Quelles sont leurs motivations ?
4. Comment préfèrent-ils communiquer ?
5. Qu’est ce qui les rend heureux ?
Si vous avez du mal à répondre à ces questions, vous pouvez les poser
directement aux intéressés : ils se sentiront considérés et respectés. Vous
aurez alors des informations plus fiables pour adapter votre style de
management.
Bien entendu vous n’allez pas vous aliéner pour vous adapter aux autres.
En revanche, vous pouvez adopter une certaine flexibilité sur votre propre
style de management. Mais connaissez-vous votre « propre style » ? Pour
mieux le connaître, rien de mieux que de réaliser votre portrait soft skills.
Certains managers ont adopté cette démarche pour un management plus
efficace.

Témoignage
Ruby Braithwaite, International Marketing Manager, groupe Soregor

« Mon métier implique l’utilisation de plusieurs soft skills afin de


convaincre mes collègues de suivre une idée et d’y adhérer.
Lorsque je délègue des tâches à mes collègues, je réfléchis avant
tout à leurs soft skills. Si deux personnes ont le même poste mais
pas les mêmes aptitudes, je vais m’adapter à leur profil. Par
exemple si j’ai besoin de deux commerciaux pour deux tâches
différentes :
prospection téléphonique ;
rendez-vous en face-à-face
Je choisis ma collègue ayant le plus de rigueur et d’aise pour les
communications à distance pour la prospection téléphonique, et
mon collègue ayant des facilités à convaincre en face-à-face pour
les rendez-vous physiques. J’adapte aussi ma manière de
communiquer avec eux : certaines personnes ont besoin de
diplomatie pour communiquer, d’autres ont besoin d’un message
clair et précis. »

Quel est votre profil soft skills ?


La singularité soft skills des managers et des collaborateurs est à prendre
en compte pour le style de management à adopter en entreprise. Mais,
comment bien identifier les soft skills individuelles et collectives ?
Identifier ses soft skills individuelles par ses expériences
La méthode creapreZent vous permet de développer la conscience de vos
soft skills grâce à la question « À quel point je crée à présent [ma soft
skill] ? ». Vous avez pu l’expérimenter une première fois en découvrant la
méthode creapreZent (voir chapitre 3) à travers les 4 piliers conscience,
esprit d’entreprendre, confiance et synergie, et lors des diagnostics des soft
skills individuelles et synergiques de l’entreprise (voir chapitre 3).
Cette fois-ci, vous vous reposerez sur vos expériences pour dresser votre
profil soft skills. Vous créerez vos propres piliers soft skills à travers
l’exercice suivant.
Pour ce faire, vous pouvez réfléchir à cette question « À quel point je crée
à présent [ma soft skill] ? » lorsque vous effectuez une tâche. Par exemple,
lorsque vous rédigez un e-mail, essayez de visualiser les soft skills que vous
utilisez :
1. créativité ;
2. concentration ;
3. attention,
Ensuite posez-vous les questions suivantes :
1. « À quel point je crée à présent ma créativité ? »
2. « À quel point je crée à présent ma concentration ? »
3. « À quel point je crée à présent mon attention ? »
Attribuez une « note » entre 0 et 5 selon ce que vous ressentez.

Exercice
Mes expériences et mes soft skills
Cet exercice vous permet dans un premier temps d’entraîner votre
conscience de vos soft skills. Une fois que vous serez à l’aise, essayez
d’appliquer l’exercice suivant :

1. sur une feuille A4, listez tous les projets, expériences personnelles,
expériences professionnelles, voyages… qui vous ont permis
d’évoluer, de progresser (cette feuille sera votre « liste
d’expériences ») ;
2. ensuite, prenez une seconde feuille et dressez 3 colonnes thématiques
dans l’ordre suivant : expérience, soft skills utilisées et soft skills à
améliorer ;
3. listez les soft skills utilisées et les soft skills à améliorer correspondant
à chaque expérience notée dans la première feuille.

Voici un exemple pour illustrer l’exercice « mes expériences et mes soft


skills ».

Exemple
Liste d’expériences :
échange universitaire au Japon (2010 – 6 mois) ;
stage en création et gestion de base de données (2011 – 1 an) ;
randonnées à l’Île de La Réunion (2011 – 2 mois)…

Vous pouvez donc commencer à construire votre liste de soft skills qui
servira de base à votre portrait soft skills.
Si nous reprenons l’exemple ci-dessus, voici la liste des soft skills
obtenue :
1. écoute ;
2. analyse ;
3. créativité ;
4. adaptabilité ;
5. curiosité ;
6. enthousiasme ;
7. persévérance.
Ensuite pouvez-vous répondre à la question : aujourd’hui quelles sont les
soft skills que j’utilise le plus souvent ? Quelles sont les soft skills que je
préfère utiliser ou avec lesquelles je suis le plus à l’aise ?
Vous pourrez alors prioriser ou sélectionner vos soft skills les plus
importantes, puis, organiser ces soft skills dans votre mind map soft skills.
Construire son mind map soft skills
Si vous reprenez l’exemple précédent, vous aurez alors peut-être
sélectionné vos principales soft skills. Imaginons qu’elles soient les
suivantes :
1. écoute ;
2. créativité ;
3. curiosité ;
4. enthousiasme.
Vous obtenez alors vos 4 piliers soft skills. Vous voici avec votre profil
soft skill. Ces 4 soft skills sont les piliers de votre singularité, cultivez-les et
vous enrichirez votre singularité.
Vous pouvez aller encore plus loin en développant l’arborescence de ce
mind map. Vous pouvez par exemple rattacher d’autres soft skills à ces
piliers.
Par exemple, quelles soft skills développez-vous quand vous utilisez
votre :
1. écoute ? Peut-être votre attention et votre analyse ;
2. créativité ? Peut-être votre capacité à visualiser et votre imagination ;
3. curiosité ? Peut-être votre capacité à apprendre ;
4. enthousiasme ? Peut-être votre optimisme et votre adaptabilité.
Dans ce cas vous obtiendrez le mind map suivant :

Figure 6.1

Vous voici en possession de votre profil soft skills complet.


Amusez-vous à le dessiner ou à l’imprimer sur quelques cartes de visite
que vous pourrez transmettre à vos collaborateurs et leur demander leur avis
(avec votre nom pour qu’ils se rappellent qu’il s’agit de vous).
L’exercice I.D.E.E. pour vous approprier votre profil soft skills
Précédemment, vous avez pu vous exercer à questionner vos
collaborateurs sur leurs soft skills. Vous avez ainsi développé votre
pédagogie et votre leadership, tout en apprenant à mieux connaître vos
collaborateurs pour mieux vous adapter et créer des synergies.
Vous réalisez maintenant un exercice en 4 phases pour vous approprier
votre profil soft skills :
1. Interview ;
2. Discours ;
3. Évaluation ;
4. Évolution.

• Interview
Dans cette première phase, vous vous interviewerez vous-même : en
adoptant la casquette de journaliste, vous vous poserez des questions
pertinentes pour prendre conscience de vos soft skills, à travers vos
expériences.
Accordez-vous 20 minutes d’entretien. Procédez dans une pièce calme.
Voici quelques questions pour guider votre interview :
Comment présenter mon profil soft skills ?
Pourquoi ce profil soft skills m’est-il utile au quotidien ?
Combien de fois par jour ai-je le réflexe soft skills ? 1 fois ? 5 fois ?
Encore plus souvent ?
Quelle est la manière la plus agréable pour moi de travailler ?
Pourquoi ?
Comment puis-je créer à présent les conditions pour que mon travail
soit le plus agréable possible ?
Une fois l’entretien terminé, amusez-vous à travailler un discours sur
votre profil soft skills.

• Discours
Imaginez maintenant que vous êtes un conférencier et que vous partagiez
une anecdote personnelle avec votre auditoire pour illustrer vos soft skills :
Sélectionnez une anecdote personnelle ou professionnelle pour illustrer
les différentes soft skills de votre profil.
Préparez votre discours en vous reposant sur votre mind map soft skills
et cette anecdote.
Réalisez votre discours en vous filmant (cela peut se faire avec un
smartphone, une webcam ou une petite caméra sur pied).
Afin de travailler votre capacité à être pédagogique, simple et
percutant, essayez de délivrer votre discours en 5 minutes.

• Évaluation
Votre discours est terminé et votre public est ravi d’en savoir plus sur
vous. Maintenant, vous changez de casquette pour porter celle de
l’évaluateur : vous analysez et « évaluez » le discours que vous venez de
partager. L’idée de l’exercice n’est pas de vous punir à travers une
évaluation très dure, mais au contraire, d’essayer de synthétiser ce que vous
avez pu retenir de votre propre discours et de partager les points qui vous
ont marqué ou touché. Voici les étapes à suivre :
Visionnez la vidéo que vous venez de réaliser en prenant des notes
pour votre évaluation.
Structurez une « évaluation » que vous délivrerez sous la forme d’un
second discours de 5 minutes.
Réalisez votre discours en vous filmant de nouveau.
Visionnez la vidéo de votre évaluation.
Cette phase de l’exercice I.D.E.E. est très importante pour travailler votre
capacité à prendre du recul envers vous-même et vos soft skills. Elle vous
entraîne également dans votre pédagogie et votre leadership (pour savoir
« évaluer » avec bienveillance vos collègues).

• Évolution
Une fois que l’évaluation est terminée, vous pouvez commencer à poser
les bases de l’évolution de votre profil soft skills. Pour ce faire, cette phase
consistera à visualiser les soft skills que vous souhaitez développer : vous
visualiserez votre propre évolution.
Maintenant que vous avez une vision claire de votre profil soft skills
actuel, fermez les yeux et visualisez cette fois-ci les soft skills que vous
souhaitez développer. Elles peuvent déjà faire partie de votre profil soft
skills (améliorer les soft skills existantes), ou pas encore (« je crée à présent
de nouvelles soft skills »). Voici quelques questions pour guider votre phase
de visualisation :
Quelle est la situation que vous entreprenez ?
Quelles sont les tâches que vous réalisez ?
Quelles sont les soft skills utilisées ?
À quel point êtes-vous à l’aise avec ces soft skills ?
À quoi ressemble votre nouveau profil soft skills ?
Cet exercice I.D.E.E. vous permet de :
1. questionner le profil soft skills que vous venez de dresser afin de le
peaufiner et de le valider ;
2. assimiler votre profil soft skills par l’expérience du discours ;
3. prendre du recul par rapport à vous-même (et développer une certaine
humilité) par l’expérience de l’évaluation ;
4. préparer l’évolution de votre profil soft skills par l’exercice de
visualisation.
Cette démarche de connaissance de soi par la construction de son profil
soft skills est intéressante, mais elle le devient encore plus si elle entre dans
une dynamique évolutive.

Faites évoluer votre profil soft skills


Faites évoluer votre arbre soft skills
À chaque instant de votre vie, vous créez vos soft skills. Votre profil soft
skills évolue donc aussi, mais en avez-vous conscience ? Essayez de faire
un « diagnostic » régulièrement pour sonder les évolutions de votre profil
soft skills.
Pour cela, posez-vous la question suivante : « Quel profil soft skills je me
crée à présent ? »
Vous pourrez alors lister les soft skills qui vous semblent les plus
naturelles dans ce moment présent. Peut-être que vous obtiendrez le même
mind map qu’auparavant, ou peut-être qu’il évoluera. Dans les deux cas,
essayez de comprendre « pourquoi » et « comment » votre profil a évolué.
Est-ce suite à des expériences ou à des prises de conscience ?
Notez ces éléments qui ont influencé cette évolution sous votre nouveau
mind map. Le mieux serait que vous teniez un cahier que vous mettez à jour
tous les mois. Vous aurez alors une trace de votre évolution de votre profil
mind map tout en visualisant les expériences qui ont contribué à cette
évolution.
Imaginez qu’après 2 mois vous décidiez de refaire votre profil soft skills.
Quelles sont les soft skills que je crée à présent ?
1. Écoute ;
2. Créativité ;
3. Curiosité ;
4. Efficacité.
Quel profil soft skills je me crée à présent ?
Pourquoi ai-je remplacé la précédente soft skill « enthousiasme » par
efficacité ?
1. Parce que je suis dans une période de simplification et de
concentration dans mon activité.
2. Parce que je travaille actuellement sur une tâche qui crée moins
d’enthousiasme qu’il y a 2 mois.
Comment vais-je faire évoluer ce profil soft skills ?
1. Ma tâche actuelle demande moins de créativité qu’auparavant.
J’ai aussi besoin de plus d’enthousiasme pour mon bien-être. J’ai
donc l’intention de faire évoluer mon profil soft skills pour créer
plus d’enthousiasme plutôt que de créativité pour cette période
actuelle.
2. Je vais entreprendre des exercices méditatifs afin de créer cet
enthousiasme.
Pourquoi cet exercice est-il utile ?
Parce que ces questions vous permettent de prendre conscience des
éléments qui influent sur votre profil soft skills. Ce questionnement permet
également d’avoir confiance dans le fait que vous êtes l’entrepreneur de
votre profil soft skills et que vous avez le pouvoir de le faire évoluer si vous
en avez l’intention. Bien entendu si votre profil évolue cela ne veut pas dire
que votre singularité se perd : elle évolue elle aussi.
Maintenant que vous avez eu conscience de votre profil soft skills, que
vous avez entrepris son évolution et avez développé une confiance dans
votre potentiel, vous pouvez mettre votre casquette de leader-serviteur et
créer des synergies avec vos collègues.
L’exercice I.D.E.E. de manière récurrente
L’exercice I.D.E.E. peut être un excellent moyen de diagnostiquer
l’évolution de vos soft skills. Vous pouvez le faire de manière récurrente,
une fois par mois ou tous les deux mois si vous le souhaitez. Cependant, les
questions et les étapes de l’exercice peuvent évoluer pour être mieux
adaptées au contexte évolutif de la situation.

• Interview
De la même manière que précédemment, adoptez l’attitude du journaliste
pour cette auto-interview. Voici les questions que vous pourrez vous poser :
Quel est mon profil soft skills à présent ?
A-t-il évolué par rapport à la dernière interview ? Pourquoi ?
Ai-je amélioré mon réflexe soft skills ?
Est-ce que j’éprouve plus de plaisir à travailler depuis ? Pourquoi ?
Comment faire encore mieux ?
Après avoir répondu à l’interview, vous pouvez alors passer à l’étape
suivante

• Discours
Remettez-vous dans la peau d’un conférencier :
Choisissez une anecdote différente de la dernière fois que vous avez
effectué l’exercice I.D.E.E., de préférence une anecdote que vous avez
vécue récemment.
Préparez votre discours en vous reposant sur votre nouveau mind map
soft skills et cette anecdote.
Réalisez votre discours en vous filmant en insistant sur les évolutions
de votre profil.
Essayez toujours de tenir en 5 minutes pour cette prise de parole.

• Évaluation
Procédez à votre auto-évaluation avec bienveillance de manière filmée en
suivant la même démarche que pour l’exercice I.D.E.E. d’origine :
Visionnez la vidéo que vous venez de réaliser en prenant des notes
pour votre évaluation.
Structurez une « évaluation » que vous délivrerez sous la forme d’un
second discours de 5 minutes.
Réalisez votre discours en vous filmant de nouveau.
Visionnez la vidéo de votre évaluation.

• Évolution
De même que pour l’étape précédente, suivez la même démarche déjà
décrite plus tôt :
Quelle est la situation que vous entreprenez ?
Quelles sont les tâches que vous réalisez ?
Quelles sont les soft skills utilisées ?
À quel point êtes-vous à l’aise avec ces soft skills ?
À quoi ressemble votre nouveau profil soft skills ?
L’exercice I.D.E.E. sera alors un outil de diagnostic complémentaire pour
aller plus en profondeur dans votre démarche d’évolution de votre profil
soft skills.

Vos soft skills en toute situation


L’attitude est le pinceau de l’esprit. Elle colore toutes les situations.
Alexander Lockart

Pour véritablement activer le réflexe soft skills au sein des situations,


vous pouvez utiliser la moindre de vos situations de travail pour
« conditionner ce réflexe ». Amusez-vous à cibler les situations qui seront à
vos yeux une base de référence pour activer votre réflexe soft skills. Il peut
vous être très facile de repérer ces situations de référence, grâce aux
sensations que vous éprouverez au moment où vous y serez confronté. La
sensation de stress par exemple, peut être un indicateur pour choisir vos
« situations de référence ».
Vous pouvez garder en tête que, lorsque vous vous sentez stressé, c’est
une belle opportunité pour vous de déployer vos soft skills.

Chaque difficulté est une opportunité de devenir meilleur

Jean pratique le tennis à haut niveau. Il joue environ 200 matchs


en compétition dans l’année. Quand il ne joue pas en tournoi,
c’est à l’entraînement qu’il donne le meilleur de lui-même pour
perfectionner ses coups, son jeu de jambes et ses « schémas de
jeu ». La plupart de ses phases d’entraînement ont pour objectif
de simuler les conditions de match.
Paul, son entraîneur, lui fait reproduire de nombreuses fois les
mêmes mises en situation pour que, lors de ses matchs, Jean
retrouve les sensations idéales pour appliquer à la lettre ce qu’il a
pu perfectionner à l’entraînement.
Les séances d’entraînement de Jean sont donc un moyen pour lui
d’acquérir les bons « réflexes tennistiques » qu’il pourra activer
en conditions de match. Par exemple, dès que la balle qu’envoie
l’adversaire de Jean est un peu courte, Jean doit adopter le réflexe
de monter à la volée après avoir frappé cette balle.
Malgré la nécessité pour Jean d’effectuer ses entraînements
quotidiens, Paul lui rappelle souvent que ses meilleurs
entraînements sont en réalité les matchs qu’il effectue. Au-delà de
l’aspect technique, Paul invite donc Jean à travailler son état
d’esprit. Le conseil qu’il lui donne souvent est de se rappeler que
chaque difficulté qu’il rencontre en match est en réalité une
opportunité d’améliorer son tennis et d’effectuer le meilleur
entraînement qu’il soit.

À la différence d’un joueur de tennis, vous ne pouvez pas réellement


bénéficier « d’entraînement aux conditions de travail ». Au travail, vous
êtes chaque jour en « conditions de match ». Il vous faut donc utiliser
intelligemment ces « conditions de match » pour vous améliorer dans la
gestion des difficultés auxquelles vous faites face.

À chaque difficulté rencontrée, l’« entraînement soft skills »


débute
Profitez des situations de travail déstabilisantes pour jouer avec vos soft
skills. Rappelez-vous qu’à chaque fois qu’un événement imprévu fait
surface et vous déstabilise, c’est une occasion pour vous d’entrer dans votre
phase d’entraînement de vos soft skills. Ces phases déstabilisantes sont
nécessaires pour que vous puissiez « pratiquer » vos soft skills et mesurer
leur évolution. Prenez l’habitude de changer vos habitudes. Accordez-vous
plusieurs « temps d’entraînement » dans votre journée. Ces temps
d’entraînement ne vous demanderont aucun effort si ce n’est que de vous
rappeler que vous êtes dans votre « temps d’entraînement ».
Le matin, de 10 heures à 11 heures par exemple, dites-vous que, quoi
qu’il vous arrive dans votre travail, vous pouvez mettre en exercice votre
potentiel « soft skills ». (Voir le chapitre 6 sur votre profil soft skills, et les
soft skills que vous aurez priorisés.)
Une des principales difficultés rencontrée dans l’activation de votre
réflexe soft skills est le fait d’être conditionné à ne pas l’activer. Dans le
monde du travail d’aujourd’hui, il est difficile de mobiliser des aptitudes
que vous n’avez pas été invité à développer depuis votre plus jeune âge.
Tous les facteurs qui conditionnent les comportements individualistes par
exemple empêchent le déploiement de votre potentiel humain dans les
relations à autrui.
Actuellement vous êtes en train de lire ces lignes, et pour ce faire, vous
mobilisez plusieurs soft skills telles que votre attention et votre adaptabilité.
En effet, vous êtes attentifs aux caractères imprimés sur ce livre et vous
tentez de vous adapter à ce que vous êtes en train de lire afin de le
comprendre à votre façon. Bien entendu, vous n’êtes pas en train de vous
dire que vous devez mobiliser votre attention ainsi que votre adaptabilité
pour parvenir à lire. Vous faites cela naturellement, sans y penser. Vous
avez le réflexe d’utiliser ces soft skills pour lire. Ce réflexe a été acquis par
de nombreux exercices de lecture depuis votre plus jeune âge.
Malheureusement, il n’en va pas de même avec l’exercice consistant par
exemple à créer des synergies d’idées avec autrui.
À l’école, vous avez été invités à être en compétition avec vos camarades,
notamment par les classements mettant en avant la hiérarchie du premier de
la classe jusqu’au dernier. Or c’est pendant cette même période que vous
avez construit vos schémas de pensées fondamentaux, et notamment l’un
d’entre eux consistant à dire qu’il faut être le meilleur pour réussir dans la
vie. Ce type de conditionnement ne sera généralement aucunement remis en
question plus tard dans votre scolarité, avec les concours, ou la sélection sur
dossiers, mettant constamment les étudiants en situation de compétition.
Sans porter de jugement moral sur la compétition en elle-même, celle-ci
pose un problème de cohérence dans les rapports humains. Au lieu de s’être
efforcé d’apprendre à travailler de façon synergique, en coopération avec
autrui, vous avez appris à travailler dans l’individualisme. Bien entendu cet
individualisme est relatif, mais celui-ci a fait partie des influences avec
lesquelles chaque personne a appris à évoluer pendant sa scolarité, et a
fortiori, dans sa vie professionnelle. L’individualisme se retranscrit souvent
dans les rapports hiérarchiques. Combien de managers agissent et donnent
des directives sans sortir de leur propre « sphère » ? La peur de ne pas
satisfaire aux attentes de votre supérieur hiérarchique peut relever en partie
de cette difficulté à faire coïncider la sphère de votre supérieur avec la
vôtre.
Pour reprendre une expression de Scot Peck, célèbre psychiatre
américain, chacun possède sa propre carte du monde[4] correspondant à sa
façon d’appréhender la réalité. Dans les interactions professionnelles, une
des difficultés majeures consiste, pour chaque acteur, à faire coïncider sa
carte du monde avec celles des autres acteurs. Les soft skills telles que
l’empathie, l’attention, la pédagogie peuvent faciliter la correspondance
entre votre carte du monde et celle de votre supérieur hiérarchique. Mais si
aucune correspondance n’est véritablement établie entre vos cartes, par
vous ou votre supérieur, vous subirez généralement l’influence de votre
supérieur qui imposera sa carte du monde, sans forcément chercher à
comprendre la vôtre. C’est un schéma que l’on retrouve couramment dans
le management de style « directif » de nombreuses entreprises. En termes
d’influence, il est intéressant de mentionner ici la notion d’influence
normative.
« L’influence “normative” renvoie au fait que la conformité peut découler
de la motivation à gagner l’approbation d’autrui et à éviter un rejet de sa
part. Cette modalité d’emprise fonde certaines formes de pouvoir social.
Les formes les plus banales en sont, d’abord, le pouvoir de coercition, où la
source est en mesure de punir la cible : B se conforme aux attentes de A
pour éviter d’être puni (on peut ainsi observer que les gens sont prêts à
affirmer l’inverse de l’évidence simplement pour ne pas contredire une
source qu’ils perçoivent comme contraignante). C’est, ensuite, le pouvoir
de « récompense » qui se fonde sur le désir de la cible d’obtenir une
gratification : B se conforme aux attentes de A pour obtenir une
récompense (par exemple se faire bien voir auprès de son supérieur
hiérarchique). Dans ces cas de figure, la forme d’influence que l’on observe
relève le plus souvent de la complaisance : l’individu B se conforme à A de
manière uniquement manifeste et dans un but purement fonctionnel,
l’influence disparaissant dès que se relâche l’emprise de la source. »[5]
Que ce soit l’influence que vous avez « subie » durant votre scolarité, ou
l’influence de votre supérieur hiérarchique, il est important de rester maître
de cette influence. Est-ce que ce sont les influences extérieures qui
déterminent votre attitude, ou est-ce que vous parvenez à créer votre propre
attitude au travers de tout ce qui pourrait vous influencer ? Dit autrement,
parvenez-vous à créer votre propre influence sur vous-même ?
Posez-vous régulièrement ces questions pour « muscler » votre réflexe
soft skills en toute situation. Un manager souhaitant guider une équipe doit
être en mesure de se guider lui-même, et de créer sa propre attitude, en
dépit des conditions extérieures. C’est ce à quoi correspond le réflexe soft
skills.
Votre capacité à créer votre attitude singulière facilitera considérablement
votre coopération avec autrui. S’être conformé à un certain modèle durant
votre enfance ne vous a pas réellement laissé l’entière liberté de créer le
vôtre. Or une dimension importante des soft skills relève de votre capacité à
affirmer votre singularité pouvant être largement soutenue par votre
ouverture aux autres. Le côté « viral » des soft skills ainsi que leur cercle
vertueux (expliqué dans le chapitre 5) ne peut être activé sans une volonté
de coopération avec autrui. Rappelons que le terme de « synergie » vient du
grec « synergia » qui signifie « coopération ». Le système éducatif ne vous
ayant pas forcément appris à « coopérer », il vous faut en quelque sorte
vous « conditionner » dans l’intention de coopérer pour faciliter l’utilisation
de vos soft skills. Les synergies créées avec autrui représentent de véritables
valeurs ajoutées à l’activité de l’entreprise. Elles permettent de gagner du
temps, des ressources, et de l’argent.

Exercice
Points de coopération
L’exercice peut être effectué avec n’importe quel interlocuteur. Lors
d’un échange avec autrui, fixez-vous comme objectif de mettre en
lumière des « points de coopération ». Pour identifier ces points, posez-
vous régulièrement les questions suivantes durant vos échanges :
pourquoi m’est-il possible de coopérer avec cette personne ? Comment
pourrais-je coopérer ? Qu’est-ce qui relie ma réalité à la sienne ?
Identifiez un maximum de « points de coopération » avec votre
interlocuteur. Adoptez une attitude de coopération.
Durant toute la durée de l’exercice, n’ayez que cela en tête, la volonté
d’identifier des points de coopération. Vous développerez par ailleurs,
plus d’attention et d’empathie envers votre interlocuteur. De votre point
de vue, en respectant cette « consigne », vous serez dans une
dynamique constructive durant l’échange. En référence aux chapitres
précédents, votre intention de coopérer sera perçue par votre
interlocuteur qui sera mieux disposé à avoir un échange constructif
avec vous.
Cet exercice muscle directement votre réflexe soft skills en adoptant
une intention simple mais puissante, la synergie.

Colorez votre attitude par vos pensées


À quel point allez-vous colorer votre attitude par vos pensées ? Comme
évoqué dans les chapitres précédents, vos pensées sont déterminantes dans
votre attitude.

Figure 6.3
Vous utilisez vos soft skills à chaque instant. Mais de quelle façon le
faites-vous ? En entreprise, vous êtes souvent en interaction avec autrui et
utilisez vos aptitudes humaines, sans forcément en maîtriser la manière.
Pensez à une situation déstabilisante que vous avez vécue récemment.
Tentez de vous replonger dans cette situation comme si vous y étiez encore.
Imaginez que vous avez la possibilité de revivre cette situation une seconde
fois, d’une façon différente. Observez maintenant le mind map ci-dessous :

Figure 6.4

Choisissez une soft skill que vous auriez aimé mobiliser lors de cette
situation.
Pour cet exemple, il sera supposé que vous avez choisi l’« optimisme ».
Au moment où vous choisissez cette soft skill, vous créez une pensée. Cette
pensée est « teintée » par le mot « optimisme ». Prenez l’habitude à l’aide
du mind map ci-dessous de « teinter » vos pensées par des soft skills
précises.
La création de cette pensée vous est nécessaire pour enclencher votre
attitude. Si vous souhaitez faire preuve d’optimisme durant votre journée, il
vous faut penser à votre optimisme de façon marquée. L’efficacité de votre
réflexe soft skills dépend de votre aptitude à créer la pensée que vous
souhaitez créer, et à garder cette pensée en tête.
Vous vous voyez peut-être difficilement conserver votre optimisme durant
une journée qui ne vous apparaît pas comme étant satisfaisante sur le plan
professionnel, voire personnel.
C’est alors ici tout l’intérêt d’activer votre réflexe soft skills, vous n’avez
pas besoin de raison particulière d’être optimiste. Dans tous les cas, votre
optimisme vient de vous, et vous pouvez l’enclencher à tout moment. C’est
d’ailleurs souvent votre attitude optimiste, qui ouvrira des pistes de
solutions. N’oubliez pas que votre attitude détermine votre propre
dynamique dans votre environnement de travail, et que cette même attitude
influence aussi la dynamique des personnes qui vous entourent. Si vous ne
percevez aucun « bon signe » pour débloquer une situation, contentez-vous
dans un premier temps de conserver votre optimisme. Même si votre
optimisme peut vous paraître exagéré, celui-ci ne sera absolument pas
inutile puisqu’il mettra vos collaborateurs dans les meilleures conditions
pour poursuivre leur dynamique.
L’intérêt de « jouer » avec vos pensées est justement que vous êtes déjà en
train de jouer avec elles. Vous pensez actuellement ce que vous voulez à
propos de ce que vous êtes en train de lire. Et ce que vous pensez de ce livre
déterminera ce que vous en ferez. Il en va de même avec vos soft skills.
Quelle facette de vous-même voulez-vous mobiliser maintenant ?
Le mind map creapreZent peut être considéré comme un « arbre de
choix ». En vous rappelant qu’à chaque instant, vous pouvez choisir votre
pensée, vous facilitez le développement de votre réflexe soft skills.
Vos pensées alimentent toujours votre attitude de façon plus ou moins
prononcée.
Prenez l’habitude de créer votre propre pensée par rapport à ce que vous
vivez. En réalité c’est déjà ce que vous faites, mais vous n’en êtes pas
toujours conscient. De ce fait, la pensée que vous entretenez à propos des
situations que vous traversez est souvent teintée par les influences
extérieures, telles que les exigences de votre supérieur hiérarchique, vos
appréhensions futures, les attitudes des personnes qui vous entourent. La
stabilité de la pensée que vous souhaitez entretenir, comme l’idée de
l’optimisme que vous gardez en tête durant votre journée, renforcera votre
réflexe soft skills.

Quelle(s) pensée (s) choisissez-vous d’entretenir maintenant ?


Pourquoi l’idée que vous vous faites de la situation est-elle si importante
dans la mobilisation de votre réflexe soft skills ? En quoi ce que vous
pensez à présent détermine votre attitude ? L’Agence européenne pour la
santé et la sécurité au travail explique que le stress apparaît lorsque la
balance entre la perception de vos ressources n’est pas équilibrée avec la
perception des contraintes de votre environnement. L’image d’une balance
peut représenter cette idée.

Figure 6.5

Que ce soit la perception de vos ressources, ou celle des contraintes qui


s’imposent à vous, vos perceptions sont subjectives Il est difficile d’avoir
une connaissance précise de vos ressources, et des contraintes de votre
environnement.
Adopter le réflexe soft skills représente un fort intérêt dans la gestion de
votre stress, car vos soft skills correspondent à des ressources qui
permettront de rééquilibrer la balance. En ayant conscience des soft skills
que vous aurez travaillées préalablement, vous aurez naturellement une
perception plus rassurante de vos ressources. De plus, comme évoqué plus
haut dans l’ouvrage, en ajustant votre attention avec plus de recul, il vous
est possible de percevoir la demande de votre environnement d’une façon
nouvelle.
Concrètement, à chaque fois que vous percevez des contraintes au sein de
vos situations de travail, considérez la contrainte comme une simple
information que vous percevez. Il a été expliqué que l’attitude méditative
consiste à recevoir pleinement les informations qui nous parviennent sans
les interpréter ni les juger.
Dans l’exemple d’une surcharge de travail en temps limité, considérez
l’élément « surcharge de travail en temps limité » comme une information
du type : « je constate que j’ai peu de temps pour accomplir ce travail ». Ce
constat, s’il est considéré comme une simple information n’a pas le pouvoir
de déséquilibrer la balance. Une information en soi n’est pas une contrainte.
C’est votre façon d’interpréter cette information qui créera éventuellement
une contrainte de votre point de vue.
Chacune des situations de travail que vous traversez est vécue de votre
point de vue. À chaque seconde, vous pouvez faire évoluer votre point de
vue et changer de référentiel. En transformant le référentiel Vos ressources /
La (les) contrainte(s) de votre environnement, en référentiel Vos soft skills /
Les informations de mon environnement que je perçois vous transformerez
votre perception de la situation. Vous créerez une nouvelle balance,
équilibrée.

Figure 6.6
Voici dans la colonne de droite du tableau ci-dessous plusieurs situations
potentiellement « stressantes [6] ». Ce sont des situations classiques
auxquelles vous pouvez régulièrement être confrontées. Dans la colonne de
gauche figurent des exemples sur ce qu’il est possible de faire avec chacune
des situations en « termes de soft skills ». Il s’agit, pour chacune des
situations suivantes, de définir l’attitude que l’on choisit d’adopter pour un
impact direct sur la situation.
Prenez l’habitude de retranscrire chaque situation délicate en termes de
perspectives de déploiement de soft skills. Les soft skills sont des
ressources pouvant immédiatement être identifiées comme étant des pistes
de solution. En écartant tout ce qui pourrait parasiter la dynamique de votre
(vos) équipe(s), vous prendrez l’habitude de donner un cap positif à votre
management. Votre regard détermine la façon dont vous vivez les situations.
Ce même regard fera évoluer l’image de vous-même au sein des situations.
Imaginez une situation managériale déstabilisante vécue récemment. Par
exemple, la semaine dernière, vous avez dû faire face à une demande
imprévue venant de votre supérieur hiérarchique. Cette demande vous a
forcé à laisser de côté le suivi d’un dossier important. La situation se
résume par l’idée suivante « Gestion d’une demande imprévue ». Êtes-vous
conscient que c’est actuellement vous qui façonnez votre idée de cette
situation ?
Vous considérez cette situation comme « imprévue ». Mais pourquoi ne
pas la considérer comme un événement faisant partie intégrante de votre
travail ? Si cette situation fait partie intégrante de votre travail, alors elle
n’est pas imprévue. Au premier abord, cette situation pourrait vous paraître
déstabilisante puisqu’elle remet en question votre planning, et plus
précisément la gestion de vos dossiers en cours. En transformant votre
perception de la situation, à vos yeux plus « équilibrée », vous adopterez
une attitude plus lucide au sein de celle-ci, et prendrez des décisions plus
rationnelles sur le long terme.
Savoir que vous possédez des soft skills que vous avez travaillées, vous
permet immédiatement de rééquilibrer la balance du stress. Peu importe si
vous allez être en mesure de les déployer ou non. L’essentiel est de posséder
ces soft skills au moins sur le plan « psychologique ». Créez mentalement
une nouvelle balance équilibrée. Une balance où les contraintes de
l’environnement ont été transformées en supports d’amélioration de la
situation. Vous adopterez l’habitude d’observer les situations avec
confiance.

La gestion des émotions dans la prise de décision

« Le déclenchement du processus, la “prise de décision”, par le


cortex orbito-frontal est un phénomène relativement lent. De ce fait, ce
système cortical “réflexif” se trouve en compétition, lorsqu’une
décision doit être prise dans l’urgence, avec un système sous-cortical
plus rapide (“impulsif”) qui inclut essentiellement l’amygdale. Les
décisions prises à ce niveau, sous l’emprise de l’émotion, concernent
des objectifs à court terme. Un équilibre s’établit entre les deux
systèmes, en faveur toutefois du cortex orbito-frontal qui garde la
direction de l’ensemble. La rupture de cet équilibre pourrait conduire à
une situation qui favoriserait systématiquement les décisions
impulsives en vue d’une récompense immédiate au détriment de
décisions plus rationnelles. » Marc Jeannerod[7]
Les propos de Marc Jeannerod confirment que votre capacité à contrôler
vos émotions est déterminante dans le type de décision que vous prenez. En
équilibrant mentalement la balance de la situation, vous pouvez rester calme
et prendre des décisions plus rationnelles, moins « court-termistes ».

L’harmonisation de vos soft skills et de vos hard


skills dans votre travail
Coordonner ses actes avec ceux d’un groupe, que ce soient une équipe
dans un cadre professionnel ou une horde nomade d’hommes
préhistoriques, demande une grande intelligence sociale, une aptitude à
décoder et à maîtriser les rapports humains.
Daniel Goleman

Les soft skills représentent une part importante de votre quotidien


professionnel. Elles sont utilisées au même titre que vos hard skills. Mais
dans quelle mesure utilisez-vous vos hard skills et vos soft skills au travail ?
Quelle harmonie existe-t-il entre vos soft skills et vos hard skills ?

Témoignage
Pierre-Édouard Sabary, analyste marketing CRM, groupe
Volkswagen France

« Je dois faire preuve d’empathie pour comprendre le vrai besoin


de mes interlocuteurs : se mettre à leur place pour bien
comprendre pourquoi ils font appel à moi. Mes soft skills sont un
vrai support à mes compétences techniques. Les soft skills seules
ne fonctionnent pas, les hard skills seules non plus. C’est leur
harmonie qui fait que cela fonctionne. »
Le quotidien professionnel est rythmé par différentes activités pouvant
mettre en relief différentes fonctions pour un même métier. Il se peut que
vous soyez par exemple un marketeur dans un service, mais aussi un
facilitateur dans le quotidien de l’entreprise (animer des réunions, organiser
des ateliers…). Ces différentes fonctions permettent d’utiliser et donc de
développer différentes compétences : des soft skills et des hard skills.
Voici un exercice permettant de prendre conscience de cette harmonie
hard skills/soft skills selon vos différentes fonctions.

Vos profils « fonctions »


Lors des précédents exercices de cet ouvrage, il a été souvent question du
profil soft skills de l’individu. Maintenant vous allez travailler sur la
construction de vos « profils fonctions » qui consistera à harmoniser vos
soft skills et vos hard skills à travers les différentes facettes de votre métier.

Témoignage
Romain Loupit, superviseur audit dans un groupe financier mondial

« Au quotidien, je dois appliquer :


mes compétences techniques apprises à l’école et sur le terrain
(mes hard skills) ;
mes compétences humaines développées sur le terrain (comme la
gestion du stress, l’écoute, le relationnel…) »

L’exercice se déroulera en 3 phases :


1. identifier vos fonctions ;
2. analyser les hard skills associées ;
3. analyser les soft skills supports.
Identifier vos fonctions
Votre métier comprend au moins une fonction : l’essence de votre poste.
Mais peut-être qu’il ne s’agit pas de l’unique fonction que vous ayez dans
cette entreprise. Voici quelques questions afin de vous guider dans l’analyse
des différentes fonctions de votre métier :
1. Quelle est l’essence de mon métier (quelle est ma fonction
essentielle) ?
2. Quelles sont les différentes tâches que j’effectue ?
3. Correspondent-elles à ma fonction essentielle ? Si non, à quelles autres
fonctions potentielles correspondent-elles ?
4. Parmi ces autres fonctions, lesquelles sont les plus prépondérantes
dans ma carrière ? Lesquelles apportent-elles le plus de valeur ajoutée
à l’entreprise, aux autres et à moi-même ?
Vous avez maintenant pu sélectionner quelques fonctions classées par
priorité.

Exemple
Pauline est responsable marketing pour une entreprise de
divertissement. Elle est en charge de la planification stratégique et des
partenariats pour une gamme de jeux vidéo proposée par sa société.
Après avoir réalisé son profil soft skills, elle décide de réfléchir à son
harmonie hard skills / soft skills : elle commence l’exercice « vos
profils fonctions ». Voici le début de sa démarche.
Ses fonctions :
Quelle est l’essence de mon métier (quelle est ma fonction
essentielle) ?
1. Je construis la stratégie marketing des jeux vidéo produits et
distribués par mon entreprise. La fonction essentielle de mon
métier est « marketeuse ».
Quelles sont les différentes tâches que j’effectue ?
1. Benchmark de la concurrence ;
2. Community management (gestion d’une communauté) ;
3. Reportings de performance des campagnes ;
4. Planification stratégique ;
5. Organisation d’ateliers de créativité pour le service ;
6. Animation de workshops de « team building » ;
7. Gestion du suivi de l’avancement d’un projet ;
8. Communication par mail, intranet et réseaux sociaux.
Correspondent-elles à ma fonction essentielle ? Si non, à quelles
autres fonctions potentielles correspondent-elles ?
1. Les 4 premières activités correspondent parfaitement à ma
fonction de « marketeuse » ;
2. Cependant les autres activités n’entrent pas directement dans
cette fonction ; elles se rapprochent plus de celle de
« facilitatrice » dans une entreprise.
Parmi ces autres fonctions, lesquelles sont les plus prépondérantes
dans ma carrière ? Lesquelles apportent-elles le plus de valeur ajoutée
à l’entreprise, aux autres et à moi-même ?
1. Cette fonction de « facilitatrice » permet d’améliorer les rapports
interpersonnels au sein de mon service, ce qui plaît beaucoup à
mes collègues et à mes supérieurs hiérarchiques ;
2. J’aime beaucoup cette fonction parce qu’elle me permet de créer
des liens forts avec mes collègues et de me sentir vraiment utile
dans l’entreprise.
Après avoir répondu à ces questions, Pauline conclut de la manière
suivante :
Son métier de responsable marketing dans sa société de jeux vidéo
implique deux fonctions majeures : « marketeuse » et « facilitatrice ».

Analyser les hard skills associées


Chaque fonction est rythmée par un certain nombre de tâches. Ces tâches
sont réalisées grâce à des hard skills et des soft skills. Dans cette phase de
l’exercice « vos profils fonctions », vous vous concentrerez sur les hard
skills piliers de vos fonctions. Pour cela répondez à la question « Quelle est
la compétence qui se cache derrière la tâche ? », en vous reposant sur les
tâches relevées lors de la première phase de l’exercice (identifier vos
fonctions).
En reprenant l’exemple précédent, celui de Pauline, responsable
marketing d’une société de production de jeux vidéo, voici comment
illustrer cette démarche.

Exemple
Fonction « marketeuse » :
1. Tâche « Benchmark de la concurrence » : la compétence pilier
est « Veille concurrentielle » ;
2. Tâche « Community management » : la compétence pilier est
« Animation de communauté » ;
3. Tâche « Reportings de performance des campagnes » : la
compétence pilier est « Analyse des performances » ;
4. Tâche « Planification stratégique » : la compétence pilier est
« stratégie ».
Fonction « facilitatrice » :
1. Tâche « Organisation d’ateliers de créativité pour le service » : la
compétence pilier est « Organisation d’événements » ;
2. Tâche « Animation de workshops de team building » : la
compétence pilier est « Team building » ;
3. Tâche « Gestion du suivi de l’avancement d’un projet » : la
compétence pilier est « Gestion de projet » ;
4. Tâches « Communication par mail, intranet et réseaux sociaux » :
la compétence pilier est « Communication 2.0 ».
Pauline a une vision des hard skills associées à ses deux fonctions.

Analyser les soft skills supports


Les soft skills sont des compétences transversales utiles en plusieurs
situations différentes. C’est en ce sens qu’elles peuvent être utiles pour les
tâches professionnelles, « en soutien » des hard skills utilisées. Par
exemple, Pauline recourt à son attention et à sa curiosité pour faire de la
veille concurrentielle. Elle recourt à sa capacité de visualisation et à sa
créativité pour sa stratégie…
En se posant la question « Quelles sont les soft skills que j’utilise pour
chaque hard skill ? » Elle arrive alors à avoir une vision globale de son
harmonie hard skills / soft skills.
Elle peut alors dresser ses profils fonctions en se reposant sur cette
harmonie. Voici les profils fonctions créés par Pauline suite à cette
réflexion.

Exemple
Figure 6.7

Figure 6.8

Par cet exercice « mes profils fonctions », Pauline a réussi à harmoniser


ses hard skills et ses soft skills à travers ses différentes fonctions. Elle arrive
ainsi à rendre plus concrète l’utilisation de ses soft skills au quotidien. Elle
acquiert aussi une meilleure connaissance de soi et plus de confiance quant
à son rapport avec son métier.
En identifiant ses différentes fonctions, elle développe une vision plus
concrète et pratique de son poste. Ensuite, en analysant ses hard skills à
travers ses différentes tâches, elle arrive à valoriser ses compétences à
travers son activité professionnelle. Enfin, en reliant ses soft skills à ses
hard skills, elle crée une véritable harmonie de toutes ses compétences, de
son savoir-faire et de son savoir-être.
Son réflexe soft skills « je crée à présent » a alors plus de sens, car il est
contextualisé dans une réalité concrète, celle de son quotidien
professionnel. Lorsqu’elle sera en atelier de team building par exemple, son
réflexe « je crée à présent ma créativité » ou « je crée à présent mon
discours » seront des automatismes plus faciles à déclencher.
Cet exercice permet également de cultiver sa singularité soft skills, car ces
profils fonctions sont uniques et propres à chaque individu. Les profils de
Pauline auront peu de chance d’être semblables à ceux d’un autre
responsable marketing car ce sont ses compétences et son harmonie hard
skills/soft skills.

Témoignage
Laurène Castor, chargée de missions innovations pédagogiques

« Ce sont mes soft skills qui m’ont permis de développer mes


hard skills : j’ai appris par moi-même en autodidacte. C’est ce qui
me permet d’être apprenante et autonome. »

L’état de flow, une illustration de l’harmonisation de vos soft


skills et hard skills
Peut-être vous est-il déjà arrivé de ressentir de très bonnes sensations
lorsque vous effectuez certaines tâches, de telle sorte que vous soyez
pleinement inspiré et concerné par celles-ci. Cette impression d’harmonie
avec le travail que vous êtes en train d’accomplir est appelée flow et a été
théorisée par Mihaly Csikszentmihalyi. Le concept du flow, qui peut être
vécu par n’importe quelle personne, permet de mieux comprendre l’intérêt
d’harmoniser ses soft skills avec ses hard skills. Il est en quelque sorte une
illustration de cette harmonisation.

« Pour le dire simplement, le flow est une profonde absorption dans


une activité considérée par l’individu comme extrêmement
intéressante, comme peuvent l’être un jeu vidéo ou un problème de
mathématiques pour un joueur ou un mathématicien (Csikszentmihalyi
et al. 2005 ). L’implication dans l’activité est telle que l’individu en
oublie le temps, la fatigue et tout ce qui l’entoure sauf l’activité elle-
même. Dans cet état l’individu fonctionne au maximum de ses
capacités et pour l’expérience de flow. La théorie du flow est basée sur
une expérience symbiotique entre des challenges et des compétences
qu’il faut mettre en œuvre pour relever ses derniers. Pour
Csikszentmihalyi et al. (2005), dans l’expérience de flow, trois
phénomènes sont particulièrement saillants : la fusion de l’action et de
la conscience, la perception de contrôle, l’altération de la perception
du temps. L’expérience du flow surgit quand les compétences ne sont
ni dépassées ni sous-utilisées et peut donc, à ce titre, être vue comme
liée à un optimum d’activation (Hebb, 1955). Si les compétences
n’atteignent pas cet optimum, l’individu va ressentir par exemple, de
l’apathie (challenge peu stimulant associé à de faibles compétences) ou
être trop détendu (challenge peu stimulant associé avec des
compétences fortes). »[8]

Lorsqu’un individu fonctionne de la sorte, au maximum des capacités, il


n’est pas uniquement dans une utilisation de ses hard skills, mais mobilise
alors toute sa personne dans la tâche qu’il entreprend. Il mobilise donc aussi
ses soft skills. Le flow est une sorte d’optimum d’utilisation de ses hard
skills et de ses soft skills.
D’après Mihaly Csikszentmihalyi, un des éléments remarquables dans le
phénomène de flow est la fusion de l’action et de la conscience. Cet
élément est clairement un agencement entre la notion de soft skill, que
représente « la conscience », et la notion de hard skill illustrée par
« l’action ». Dans le cas précis du flow, il y a une harmonie parfaite entre
soft skill et hard skill qui permet l’atteinte d’une sensation optimale dans le
travail. Par ailleurs, Mihaly Csikszentmihalyi précise que L’expérience
optimale est donc quelque chose que l’on peut provoquer[9]. En référence à
la soft skill essentielle conscience développée dans la le chapitre 3, cette
capacité à provoquer le flow peut être facilitée par une conscience plus
accrue de ce que vous êtes en train de réaliser. En vous habituant par
exemple à être plus conscient de vos émotions ou des pensées qui vous
viennent durant votre travail, vous pourrez vous approcher cette sensation
de flow.
Une conscience plus accrue permet d’ailleurs de mieux cibler ces
moments de flow, et plus précisément, les caractéristiques de votre
environnement de travail ou de votre attitude qui peuvent faciliter cette
sensation de flow. Par ailleurs, il est toujours possible d’établir une
meilleure proximité entre vous, et la tâche que vous êtes en train
d’accomplir. Par exemple, lorsque vous réalisez un tableau Excel, même si
la tâche peut vous sembler contraignante, s’atteler à être pleinement
conscient des différentes manœuvres pour réaliser ce tableau vous procurera
de meilleures sensations. Dit autrement, la fluidité et la précision avec
lesquelles vous réaliserez ce tableau Excel, peuvent être améliorées par une
conscience plus accrue des actions nécessaires à sa réalisation.
Si vous tenez un stylo dans votre main, plus vous prendrez conscience de
tenir ce stylo entre vos mains, plus la sensation que vous aurez en tenant ce
stylo sera précise. La conscience de vos actions améliore la précision de vos
sensations durant l’action.
Voici l’avis de Jacques Lecomte sur l’importance de la conscience au
travail.

Témoignage
Jacques Lecomte, expert en psychologie positive

« Je pense que dans le travail, il faut être à la fois spontané en


exprimant ce que l’on est, et en même temps avoir un “petit
ordinateur de bord” qui pilote cette spontanéité. L’ordinateur de
bord pouvant se déclencher au moment de l’action et de
l’interaction, ou se déclencher plus tard. Mais il est quoiqu’il
arrive important de réfléchir à ce qu’on a fait, en analysant ses
émotions, ses pensées. On parle parfois de métacognition, qui
consiste à “penser sur la pensée” ».

Apprenez à détecter durant votre journée de travail, les moments où vous


n’êtes pas dans le flow. Pour cela il existe un baromètre très simple qui sera
détaillé plus longuement dans le chapitre 7, votre bien-être. Lorsque vous
vous sentez bien dans ce que vous faites, au point d’être totalement
absorbés par la tâche que vous êtes en train d’effectuer, vous êtes très
certainement dans le flow. En revanche, le sentiment de ne pas être
« serein » dans la réalisation de vos tâches peut être un signe de « sortie de
flow ».
D’après Fabien Fenouillet, une bonne connaissance de ses compétences
semble nécessaire dans le but d’atteindre un état de flow, où « les
compétences ne sont ni dépassées ni sous-utilisées. » La bonne
connaissance de vos compétences peut être acquise par cette recherche
d’harmonie entre vos soft skills et hard skills, comme détaillé plus haut. En
effet, pour que vos compétences ne soient ni dépassées, ni sous-utilisées, il
vous faut une certaine maîtrise de ces compétences.

Boostez vos hard skills et ancrez votre réflexe soft skills grâce à
la visualisation
Pour aller plus loin dans la maîtrise et l’optimisation de vos soft skills et
hard skills, et donc, dans l’harmonisation de vos compétences, voici
l’exemple d’une soft skill pouvant véritablement optimiser votre
performance « hard », la visualisation. Vous avez certainement tous déjà
utilisé de près ou de loin cette compétence souvent assimilée à
l’imagination. Lorsque vous vous apprêtez à commencer une nouvelle
mission, il vous est peut-être arrivé de vous visualiser dans ce poste, avec le
type de tâches que vous pourriez être amené à effectuer, les collègues avec
qui vous pourriez travailler, votre lieu de travail… Lorsqu’il faut se rendre à
une destination précise pour la première fois, la plupart des individus ont
tendance à visualiser leur trajet, à l’aide d’une carte. Le réflexe, plus ou
moins ancré, pour une personne de visualiser l’action future qu’elle
s’apprête à accomplir n’est pas dû au hasard et peut s’avérer très utile. La
visualisation d’une tâche particulière est une façon de la réaliser « au
brouillon », sans risquer de se tromper sur le bon déroulé de ce que l’on
souhaite réaliser. Dit autrement, visualiser consiste à effectuer une
simulation.
L’intérêt de cette simulation est qu’elle permet de travailler sur deux types
de sensations. Tout d’abord, les sensations éprouvées durant la visualisation
elle-même, puisque le fait d’effectuer une simulation de l’action permet de
se sentir en sécurité pour faire face à l’action future. C’est une façon de se
rassurer. Viennent ensuite les sensations perçues lors de la réalisation
effective de la tâche, qui seront la plupart du temps, plus agréables que si la
tâche n’avait pas été visualisée avant. Les sensations durant la tâche sont
généralement plus agréables car la personne effectuant une visualisation se
sent sécurisée par le schéma mental de la tâche.

« Jack Nicklaus, l’un des meilleurs golfeurs de tous les temps, avait
ainsi l’habitude d’attribuer 10 % de sa réussite à sa forme physique,
40 % à sa technique et 50 % à la visualisation mentale de ses coups
(trajectoire, réception, rebond de la balle…). Si cette technique s’avère
tellement efficace, c’est parce qu’elle leurre le cerveau. “Que
l’individu visualise un geste ou qu’il l’exécute réellement, pour notre
cortex, c’est pareil : les connexions neurologiques sont les mêmes”,
explique Nicolas Duguay. »[10]

Dans votre travail, vous arrive-t-il de visualiser des tâches particulières


que vous devez accomplir ? La visualisation est un véritable moyen
d’harmoniser vos hard skills par la nature même du processus de
visualisation. En effet, en supposant que vous visualisiez votre intervention
pour la réunion importante de la semaine prochaine, vous avez justement la
possibilité d’harmoniser votre attitude, vos faits et gestes, la façon
d’effectuer votre discours, tout cela dans votre tête. Vous pouvez
notamment ajuster mentalement vos réponses par rapport à plusieurs
scénarios d’interventions éventuelles de vos collègues durant votre
prestation. Ce faisant, c’est comme si vous élargissiez un champ d’action,
« prêt à l’emploi », dans votre tête.

« Les recherches effectuées grâce à l’électroencéphalographie ont


démontré que l’activité électrique engendrée par le cerveau est
identique, que l’on se contente de penser à faire quelque chose ou
qu’on le fasse réellement. Dans le cas des haltérophiles, par exemple,
les tracés électroencéphalographiques produits par l’activité cérébrale
nécessaire pour effectuer une tâche motrice sont les mêmes que ceux
obtenus quand elle est simplement simulée normalement. La pensée
est à elle seule suffisante pour engendrer les instructions neurologiques
requises pour un quelconque geste. »[11]
Visualiser ce que vous vous apprêtez à accomplir, comme votre prestation
lors d’une réunion importante vous offre la possibilité de créer ce que l’on
pourrait appeler des « réflexes d’anticipation ». Vous pourriez par exemple
imaginer que si vous ne savez pas quoi répondre à la question d’un de vos
collaborateurs, vous demanderez par exemple à votre interlocuteur de
préciser sa question. Visualiser une action vous permet de vous mettre dans
la dynamique même de l’action, prêt à vous adapter aux éventualités.
Vous remarquerez que la visualisation figure dans les soft skills du mind
map creapreZent. Ce qu’il y a d’intéressant avec celle-ci est qu’elle peut
être à la fois un levier de hard skills, mais aussi de soft skills. Il vous est en
effet possible de vous visualiser en train de déployer une ou plusieurs soft
skills particulières, comme la pédagogie que vous tâcherez d’utiliser pour
votre intervention de la semaine prochaine, ou bien l’optimisme que vous
montrerez durant votre discours. Visualiser les soft skills qui seraient
adaptées à la situation à venir est un excellent moyen d’activer son réflexe
soft skills. Pour une réunion importante, visualisez-vous par exemple en
train de prononcer votre discours avec un fort optimiste, plusieurs fois de
suite. Ce faisant, vous teinterez vos pensées de cet optimiste durant votre
intervention.

La visualisation inhibe le stress


Lorsque vous avez véritablement l’intention de visualiser une situation
future, et la manière dont vous évoluerez au sein de celle-ci, vous empêchez
le phénomène du stress d’apparaître. Le fait de visualiser vous permet de
lever les incertitudes concernant vos capacités à faire face à la situation à
venir et vous laisse la possibilité de corriger ce que vous souhaitez. Vous
n’êtes plus en train de déséquilibrer la balance de vos ressources et des
contraintes de votre environnement, mais vous êtes en train de dessiner
mentalement une « balance équilibrée ». L’objectif est de visualiser la
situation optimale que vous désirez, celle qui sera satisfaisante d’un point
de vue professionnel et personnel.

« Bien que l’activité mentale soit communément réduite à la pensée


verbale, l’essentiel du cerveau est en réalité dédié aux activités non
verbales, tel le traitement d’images mentales. La visualisation active
l’hémisphère cérébral droit et apaise le bavardage intérieur, qui peut
être stressant. » [12]

Visualiser vous permet d’anticiper l’appréhension pouvant naître de


l’incertitude de la situation. Car même si la situation s’avère incertaine,
vous n’entretenez pas cette pensée d’incertitude, et vous n’êtes pas en train
de créer du stress. Vous créez un ou plusieurs scénarios de réponse à la
situation que vous allez vivre, des scénarios qui représentent des pistes de
solutions.

L’art de mémoire, une méthode de visualisation efficace pour vos


discours et présentations

Cette méthode qui aurait été créée par Simonide de Céos durant
l’Antiquité vous permettra de fluidifier vos discours tout en
gardant en mémoire les idées importantes que vous voudrez faire
passer. Elle fut décrite de nombreuses manières et vous pourrez
l’agrémenter à votre façon.
Après avoir listé les mots clés correspondant aux idées
principales à évoquer durant votre discours, organisez ces mots
clés par ordre chronologique d’apparition dans votre discours.
Ensuite, associez à chaque mot-clé une image mentale, de
préférence « exagérée » et de grosse taille. Par exemple, si vous
voulez faire passer des idées simplifiées pour les mots-clés
« économies » et « projet », vous pouvez visualiser suffisamment
longtemps respectivement une grosse pièce de monnaie et un gros
projecteur. Vous saurez que le temps de visualisation de chaque
grosse image pour chaque mot-clé est suffisant lorsque vous serez
capable, en lisant vos mots-clés de penser à l’image qu’ils
représentent pour vous.
Une fois ce travail de correspondance effectué, vous pouvez
imaginer un lieu que vous connaissez bien, tel que votre lieu
d’habitation. Au sein de ce lieu, vous allez disposer à divers
endroits mentalement les « grosses images exagérées » choisies.
Vous placerez par exemple la grosse pièce de monnaie dans votre
entrée, et le gros projecteur dans votre cuisine, et ainsi de suite
avec les autres images. Une fois toutes vos images mentales
disposées dans votre lieu favori, vous parcourerez mentalement
ce lieu, dans l’ordre d’apparition des images, correspondant à
l’ordre de l’énoncé des idées que vous voudrez faire passer dans
votre discours. Imaginons que vous souhaitez commencer votre
discours en énonçant par exemple les « économies » que devra
effectuer votre service si celui-ci veut mener à bien le « projet »
visé. Vous pourrez alors commencer votre « parcours mental »
dans votre entrée, puis, vous rendre dans votre cuisine, et ainsi de
suite jusqu’à avoir pu visualiser, pour chaque étape de votre
parcours, chacune des grosses images associées à vos mots clés.
En bref, vous realiserez un petit film mental se déroulant dans un
lieu que vous connaissez bien, et avec des étapes symbolisées par
des images très caricaturales et faciles à retenir.
Cette technique est relativement connue et enseignée depuis
plusieurs siècles dans les universités de par son efficacité
prouvée. En effet, il s’avère que, pour la majeure partie des gens,
il est plus facile de retenir des images que de retenir du texte.[13]

Créez mentalement votre présent


Avant d’ouvrir ce livre pour le lire, vous avez émis l’intention de lire ce
livre. Vous avez projeté mentalement l’action consistant maintenant pour
vous à découvrir par votre capacité à lire, le contenu de ces pages. Le
présent que vous êtes en train de vivre a été imaginé par vous. D’ailleurs si
vous vous détournez légèrement de l’intention de lecture que vous avez
créée, il se peut que vous soyez moins efficace dans cette lecture, en
entretenant par exemple des pensées n’étant pas en rapport avec celle-ci. Il
vous est certainement arrivé, lorsque vous lisiez un journal, un magazine,
un livre, ou autre, de penser à d’autres choses en même temps que votre
lecture, et de devoir relire ce que vous veniez de lire, pour mieux en
assimiler le contenu. Lorsque cela vous arrive, vous n’êtes alors pas
pleinement dans le présent que vous aviez « projeté », à savoir lire ce que
vous vouliez lire.
En fait, lorsque vous visualisez mentalement le présent que vous
souhaitez vivre, comme la lecture d’un livre, ou votre intervention
empreinte de pédagogie et d’optimisme pour une réunion importante par
exemple, vous créez une intention à laquelle vous pouvez vous identifier.
Cette intention devient alors un support sur lequel vous pouvez vous
reposer pour guider au mieux le déroulé de votre action. Lorsque vous vous
rendez compte que vous avez perdu le fil de votre lecture et que votre
intention première est de bien assimiler le contenu que vous souhaitez lire,
il peut vous arriver de dire « allez, je me remets dedans ». « Se remettre
dedans » équivaut en réalité à se remettre « dans le présent » que vous avez
créé mentalement, ou dit autrement, à rester fidèle à votre intention de
départ.
À tout moment, il vous est possible de vous écarter de votre intention,
mais plus cette intention sera ancrée dans votre mémoire, grâce à la
visualisation notamment, plus il vous sera facile de vous y reporter. Créez
mentalement votre présent, celui que vous souhaitez vivre, permet
véritablement de fluidifier vos actions.
Il est à ce propos intéressant de rappeler que, même lorsque vous êtes en
train d’effectuer une action, vous êtes en train de visualiser cette action. Le
fait de l’avoir visualisée auparavant vous donne un temps d’avance.
Ancrer vos intentions grâce à vos émotions optimisera vos hard
skills
Il peut paraître évident que l’environnement professionnel, la recherche
d’efficacité, mais aussi de qualité du travail fourni fait partie des défis
quotidiens du manager. Si la visualisation de ce que l’on souhaite accomplir
présente un véritable intérêt dans l’accomplissement même de vos tâches, il
convient de prêter attention à la manière dont vous procéderez à la
visualisation. Il est important de comprendre que lorsque vous êtes en cours
de visualisation, vous êtes déjà en quelque sorte en train d’accomplir une
action, à savoir, la visualisation elle-même. C’est pour cette raison qu’il est
intéressant pour vous de veiller à effectuer votre visualisation avec rigueur,
car comme expliqué plus haut, celle-ci sera déterminante dans la suite de
votre dynamique.
Un excellent moyen d’effectuer une visualisation efficace pour votre
action future est de veiller à visualiser votre action avec de bonnes
sensations.
Essayez de vous sentir bien en visualisant par exemple le prochain
entretien avec votre supérieur hiérarchique. De ce fait, vous « ancrerez »
cette sensation de bien-être pour votre action future. En référence à la
notion d’ancrage utilisée en PNL, lors de votre entretien vous vous
rappellerez de la sensation de bien-être possible pour ce type de rendez-
vous.
Votre capacité à ressentir du bien-être lors de cette visualisation pourra
être travaillée en vous reportant au chapitre dédié à la soft skill « bien-
être ». Mais sachez que même si la situation future que vous vous apprêtez
à vivre ne vous enchante pas, n’importe quelle personne est susceptible
d’imaginer une sensation de bien-être lors d’un contexte particulier. Pour
faciliter cette sensation de bien-être, vous pouvez par exemple imaginer le
bureau de votre supérieur hiérarchique au milieu d’une plage avec des
cocotiers, et que c’est sur cette même plage avec le bruit de la mer que vous
réaliserez cet entretien. Même si cette visualisation est « fictive » cela n’a
pas d’importance, elle aura un impact positif sur le déroulé de l’action.

« Alice Isen est une pionnière de l’étude de l’influence de l’affect


positif (induit extérieurement) sur la cognition et le comportement
social. .[…] Elle a trouvé une relation positive entre l’affect positif et
les éléments suivants : la prise de décision, la négociation, une
résolution plus créative des problèmes, la coopérativité, la
bienveillance et l’aide à autrui […]. Elle a trouvé que l’affect positif
favorise la flexibilité cognitive, permettant aux individus de faire des
liens plus inusuels entre les informations, une meilleure performance
dans les tâches de résolution de problème, une meilleure recherche
d’informations et une meilleure évaluation des alternatives à
disposition avant de prendre une décision. Plus récemment, Isen a
aussi souligné les avantages que cela pouvait avoir dans le domaine
organisationnel […]. » [14]

Ressentir de bonnes sensations en situation, même mentalement,


décuplera votre potentiel en situation. C’est d’ailleurs ce que font la plupart
des sportifs de haut niveau, tels que les skieurs de slalom géant avant une
compétition[15].

Visualisez-vous en situation de flow


Comme évoqué plus haut, le phénomène de flow est une sensation
permettant de répondre à cet enjeu. L’application pratique qui vous sera
présentée ici consiste à « mixer » l’intérêt de la visualisation avec le
phénomène de flow. En vous visualisant en état de flow pour la réalisation
de la tâche que vous cherchez à accomplir, vous vous donnerez les
meilleures chances pour atteindre ce fameux état de flow ou du moins vous
en approcher. Entraînez-vous avant de vous coucher, à imaginer la journée
du lendemain, et vos rendez-vous avec une excellente motivation dans votre
travail et une pleine réussite de vos objectifs. Faites cet exercice
sincèrement et régulièrement, en vous visualisant réellement au meilleur de
votre forme, en pleine efficience, vous ne manquerez pas d’observer
rapidement de meilleures sensations dans vos journées de travail.

En Bref
Les entreprises ont besoin de singularités pour se différencier.
Les soft skills permettent de mieux comprendre sa singularité et de
mieux la faire évoluer.
Créer son profil soft skills et le faire évoluer permet de mieux se
connaître, de mieux comprendre les autres et d’optimiser son style
de management.
L’exercice I.D.E.E. (Interview, Discours, Évaluation, Évolution)
est un outil permettant d’aller plus en profondeur dans la démarche
de développement des soft skills individuelles.
Rappelez-vous que chaque situation délicate est une opportunité de
vous entraîner à déployer vos soft skills.
Prenez l’habitude de créer votre propre pensée, non influencée par
l’extérieur.
Adoptez l’habitude de créer une balance équilibrée de la situation,
grâce à vos soft skills ainsi qu’à votre attitude méditative.
Identifiez les fonctions de votre métier et les hard skills que vous
devez mobiliser. Analysez les soft skills pouvant servir de support
à ces hard skills.
Suscitez les soft skills utiles à votre métier pour viser l’état de flow.
Prenez l’habitude de visualiser ce que vous devez accomplir.
La visualisation de vos tâches et interactions futures vous
procurera de meilleures sensations dans votre travail.

[1]
Diateino, 2011.
[2]
S. Godin, Nous sommes tous singuliers, Diateino, 2011.
[3]
Guével M., Bô D., Lellouche R., Brand Culture, Dunod, 2013.
[4]
Scott Peck, Le Chemin le moins fréquenté, J’ai Lu, 1990.
[5]
Gabriel Mugny, « L’influence sociale », extrait de Les influences psychologiques – Approches
scientifiques et prospectives, Centre d’Etudes en Sciences Sociales de la Défense, Colloques,
1999.
[6]
Ces situations sont extraites ou inspirées des « stresseurs professionnels » selon J.P. Legeron et
F. Lelord, C. Selva, G. Missoum, Savoir définir et gérer ses objectifs, ESF éditeur, 1997.
[7]
Le Cerveau volontaire, Odile Jacob, 2009.
[8]
Fabien Fenouillet, Les Théories de la motivation, Dunod, 2012.
[9]
Csikszentmihalyi, 2004, p17
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Mih%C3%A1ly_Cs%C3%ADkszentmih%C3%A1lyi)
[10]
Marie-Madeleine Sève, Management, p. 51, n°204, janvier 2013.
[11]
Lynne McTaggart, Science et Conscience, N°1, p. 70.
[12]
Rick Hanson, Dr Richard Mendius, Le Cerveau de Bouddha, Pocket, 2013.
[13]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_de_m%C3%A9moire
[14]
Véronique Tran, in David Sander, Klaus R. Scherer, Traité de psychologie des émotions,
Dunod, 2009.
[15]
B. Cyrulnic, P. Bustany, J-M. Oughourlian, C. André, T. Janssen, P. Van Eersel, Votre cerveau
n’a pas fini de vous étonner, Albin Michel, 2012
Partie III
DE MANAGER À LEADER-
ENTREPRENEUR
7
LA SOFT SKILL « BIEN-ÊTRE »

La capacité à se sentir bien


Soyez en permanence le vigilant gardien de votre espace intérieur.
Eckhart Tolle

Les soft skills permettent au manager de se sentir mieux au travail. La


capacité à mobiliser ses soft skills revient à disposer de ressources
supplémentaires, dans les situations délicates notamment. Le manager ayant
travaillé par exemple ses capacités de concentration et d’observation aura
conscience d’avoir plus de cordes à son arc pour composer avec les
situations complexes.
Se sentir mieux dans des situations professionnelles est donc une
conséquence positive du travail effectué grâce aux premières parties de
l’ouvrage. Ce mieux-être au travail acquis grâce aux soft skills délivre
encore plus d’envie et d’aisance à développer d’autres soft skills. Il est plus
facile de développer votre empathie lorsque vous vous sentez bien, que
lorsque cela n’est pas le cas ; il vous sera plus facile de faire preuve de
pédagogie pour présenter vos objectifs en réunion si vous êtes à l’aise et
non stressé.
Autrement dit, la capacité à se sentir bien (qui peut être considérée
comme une soft skill à part entière) est un véritable levier pour votre réflexe
soft skills. Ce chapitre vous invite à travailler spécifiquement cette capacité
à se sentir bien, qui sera appelée la soft skill « bien-être ». Comme il a été
vu dans le chapitre 5 de l’ouvrage avec les découvertes sur des neurones
miroirs, l’objectif professionnel du travail de cette soft skill est double.
Apprendre à vous sentir bien au travail sera à la fois bénéfique pour vous
dans votre dynamique professionnelle, mais aussi pour vos collaborateurs
qui pourront « capter » une certaine part de ce bien-être.

Comme l’explique Véronique Tran, « Staw et Barsade (1993) ont


démontré que les individus dotés d’une affectivité positive sont plus
performants dans un contexte de prise de décision, mais ont aussi plus
de succès interpersonnel dans l’entreprise et dans leur carrière en
général. Staw, Sutton et Pelled (1994) se sont concentrés sur les
émotions positives, conçues plutôt au sens large du terme
“contentement”. Les employés montrant des émotions positives
expérimenteraient des effets positifs au niveau du produit de leur
travail, c’est-à-dire de meilleures évaluations de performance (et donc
une augmentation de salaire), un travail plus riche et un support social
plus important de la part des supérieurs et des collègues. »[1]

Se sentir bien et vivre des émotions positives n’est donc pas seulement un
enjeu personnel, mais aussi un enjeu professionnel.
Alors pourquoi et comment est-il possible de développer cette soft skills
« bien-être » en entreprise ?
Rappelons qu’une majeure partie du mal-être en entreprise est causée par
le stress, et plus précisément par le déséquilibre de la balance.

Parole d’expert
Olivier Saint-Lot, ostéopathe DO à Paris

« Depuis ma première consultation en cabinet, je n’ai pu cesser


d’observer ce mal-être qu’est le stress présent chez grand nombre
de mes patients.
À la question “vous sentez-vous stressés ?”, au moins 80 % des
patients répondent par l’affirmation. Les causes en sont multiples,
pression professionnelle, problèmes familiaux… Mais j’ai
également pu remarquer une corrélation au niveau des douleurs
chez toutes ces personnes, toutes souffrant de cervicalgies ou de
lombalgies.
Après un premier traitement ostéopathique sur les douleurs
précédemment citées, j’ai pu remarquer un mieux-être chez ces
personnes au niveau physique bien sûr mais également au niveau
psychologique.
Au final, j’ai pu en conclure que certes leur stress primaire venait
de leur vie (famille, travail…), mais que celui-ci était exacerbé par
les douleurs qu’il provoque. Les patients ne vivent alors plus dans
et avec leur corps mais subissent les douleurs de celui-ci jusqu’à
ce qu’elles prennent toute la place dans leur esprit. Cette
omniprésence de la douleur altère ainsi leur libre arbitre et leurs
capacités à faire face à la situation stressante. »

Comment changer votre perception de vos ressources et des contraintes


de votre environnement, variable clé de votre bien-être ?
Dans ce chapitre, vous découvrirez une nouvelle façon de percevoir vos
situations de travail, mais aussi la façon dont vous pouvez évoluer au sein
de ces situations. Ce nouveau regard équilibrera naturellement la balance
entre vos ressources et la demande de votre environnement. Reposant sur
les dernières découvertes en neurosciences, cette façon de percevoir votre
environnement vous permettra d’établir un rapport serein et totalement
lucide avec celui-ci. En vous exerçant à appliquer sincèrement les principes
suivants vous découvrirez que le bien-être au travail peut être accessible à
tous, « immédiatement ». Comme pour toutes les autres soft skills, la
recommandation principale pour véritablement développer cette soft skill
bien-être est de vouloir réellement la développer, mais surtout, de vous
exercer régulièrement à cette soft skill. Toutes les situations
professionnelles désagréables que vous traverserez vous donneront
l’opportunité de la travailler. Par ailleurs, votre motivation à travailler cette
soft skill « bien-être » augmentera naturellement en découvrant qu’il peut
être très agréable de s’entraîner à se sentir bien.

L’importance de suivre son bien-être

Comment allez-vous ?

Vous avez certainement dû entendre de nombreuses fois cette


question « de politesse », mais combien de fois y avez-vous
répondu avec précision ?
Pour répondre sincèrement à cette question, il convient de
prendre un minimum de recul afin de déterminer votre « niveau »
de bien-être.
Par exemple, vous pourriez répondre à cette question sur une
échelle de 0 à 10. Sur une échelle de 0 à 10, comment allez-vous
actuellement ? Il est évident que la réponse ne peut être donnée
précisément que par vous, étant donné qu’il n’y a que vous pour
ressentir avec précision votre état de bien-être. En fait, cette
question relativement courante « Comment allez-vous ? » est un
premier pas pour améliorer sa capacité à se sentir bien.
Plus vous vous exercerez à répondre avec précision à cette
question, plus vous gagnerez en rapidité pour évaluer votre
niveau de bien-être. Votre capacité à vous sentir bien dépend de
votre capacité à savoir précisément comment vous vous sentez.
En effet, comme les autres soft skills, la soft skill « bien-être »
peut être déployée dans les situations où vous en avez besoin, à
condition justement de bien identifier ces moments clés.
Afin d’améliorer votre réflexe soft skills, prenez l’habitude de
vous questionner sur votre bien-être. Notez par exemple une ou
plusieurs fois par jour sur un carnet, votre niveau de bien-être de
0 à 10. Cette habitude peut être un premier pas dans le
développement de votre soft skill « bien-être » en vous
permettant petit-à-petit d’entraîner votre vigilance à vos ressentis.
Vous pourrez alors tracer la courbe de votre bien-être au fil des
semaines. Elle vous permettra d’étudier les « tendances » et de
mieux cibler les périodes sur lesquelles vous pourrez entraîner
votre soft skill bien-être.
Rappelez-vous, chaque fois que vous détectez une sensation de
mal-être en vous, c’est une occasion de vous entraîner à votre
bien-être. Cet état d’esprit suscitera une motivation pour
améliorer cette soft skill.

Suivre son niveau de bien-être au travail est fondamental pour être


satisfait au travail. Véronique Tran écrit de la satisfaction au travail : « En
1969, Locke est le premier théoricien de la satisfaction à la considérer
comme une émotion. Il pose l’hypothèse que les émotions telles que la
satisfaction résultent d’évaluations, ce qui s’avère similaire au concept
actuel d’évaluation cognitive […]. Locke […] avance la définition
suivante : “Un état émotionnel plaisant ou positif résulte de l’évaluation que
l’on se fait de son travail ou des expériences vécues au travail”. »[2]
Locke confirme l’importance d’être attentif à l’expérience vécue au
travail pour éprouver de la satisfaction au travail. Suivre son bien-être de
près est une condition nécessaire pour le faire évoluer. L’entraînement de
l’esprit par la méditation et les techniques méditatives, détaillées plus haut
dans l’ouvrage, consiste à développer ce réflexe de suivre l’expérience
vécue pour mieux l’ajuster.
Se rapprocher au plus près de ce que vous ressentez « maintenant », le
plus souvent possible durant votre journée de travail touche à une notion
dont on entend largement parler de nos jours, l’instant présent. Loin d’être
un simple phénomène de mode, se focaliser sur l’instant présent est un
puissant moyen pour créer du bien-être. Il y a environ 1 600 ans déjà, celui
que l’on surnomme le « codificateur du yoga », Patanjali, auteur des
célèbres Yoga Sutras[3] défendait déjà l’idée suivante : « Ce qui nous
tourmente, c’est tout ce qui nous encombre, ce qui étouffe en nous la joie
qui naît de l’adhésion au moment présent »[4]. Une des recommandations de
celui-ci pour éviter la tourmente et accéder à plus de bien-être consiste à
« remplacer notre dispersion, notre inattention par cette conscience de tout à
chaque instant »[5]. Ces idées rejoignent le principe même de la notion de
méditation.
Cependant, pour les personnes ne souhaitant pas pratiquer la méditation
en tant que telle, voici une méthode qui couple à la fois les « principes de
bien-être » vieux de plusieurs siècles ainsi que les dernières découvertes en
neurosciences : la Méthode Présent[6]. Il s’agit d’une méthode de bien-être
au travail reposant sur une notion fondamentale : votre perception. La
méthode invite à un changement immédiat dans la façon de percevoir votre
présent, afin de le vivre différemment, immédiatement. Si vous intégrez
sincèrement les principes suivants dans votre quotidien, il vous sera
possible par exemple de gommer un stress pratiquement[7] de façon
instantanée. Pour bien comprendre ce changement immédiat qu’il est
possible d’enclencher, et les raisons de son impact positif sur votre bien-
être, voici les principes neuroscientifiques qui vous permettront de « jouer »
avec votre présent.

Vos perceptions font partie de vous


Le Larousse définit la perception comme un « Événement cognitif dans
lequel un stimulus ou un objet, présent dans l’environnement immédiat d’un
individu, lui est représenté dans son activité psychologique interne, en
principe de façon consciente. »
Du point de vue des neurosciences, l’acte de perception n’est possible que
par la présence de trois éléments principaux. Le stimulus, comme par
exemple une lumière qui s’allume devant vous, plusieurs organes des sens,
tels que l’œil qui perçoit la lumière, et un ensemble de circuits neuronaux
présents dans le cerveau qui vous permettent de construire votre perception
de cette lumière. C’est à l’issue de ce processus qu’il vous est possible de
percevoir la lumière.

Cette phrase est actuellement dans votre cerveau


Il faut un temps d’environ 0,5 seconde[8] pour prendre conscience de
chaque mot que vous êtes en train de lire, comme ce MOT en lettres
majuscules. Ce temps correspond à la durée moyenne pour que l’image de
ce MOT reçue par votre rétine soit en quelque sorte « reconditionnée » par
votre cerveau via vos voies neuronales, pour prendre connaissance
consciemment de ce MOT.
Comme le dit Benjamin Libet, « la perception consciente que nous avons
de notre monde sensoriel est significativement différée. ».[9]
Le présent dont vous avez conscience ne correspond pas exactement à la
réalité, il est quelque peu « en retard » par rapport à ce qui se passe
« maintenant ». Disons que vous vivez votre réalité, votre présent,
entièrement construit par vous-même. Denis Le Bihan explique que
« L’image qui arrive dans le cortex visuel primaire est en fait
immédiatement disséquée, décomposée, analysée (par exemple pour son
contenu en couleur, l’orientation dans l’espace de ses éléments constitutifs,
son mouvement, etc.) avant d’être renvoyée, complètement déformée, et en
quelque sorte prédigérée, vers l’avant du cerveau. »[10]
Tout ce à quoi vous assistez dans votre vie, n’est en réalité qu’une
« adaptation » retranscrite par votre cerveau, une « copie imparfaite » de ce
qui se passe réellement. En ce sens, vous vous trouvez en permanence dans
un espace qui vous appartient, celui des perceptions créées par votre
cerveau. Concrètement, si vous faites face à une réaction agressive de l’un
de vos collègues, ce que vous vivez réellement n’est que l’interprétation
« imparfaite » de la « mise en scène » de votre cerveau. Cette interprétation
est imparfaite puisqu’elle n’a pas lieu en « temps réel », mais dans « votre
temps » à vous, dans votre présent. Dans ce que vous vivez, l’agression
éventuelle ne vient donc pas de votre collègue, mais de « vous-même », de
la perception que vous avez fabriquée de A à Z par le processus de la
perception. Par ailleurs, même si le cerveau retranscrit relativement
fidèlement ce qui se produit « à l’origine », celui-ci peut parfois faire des
erreurs, comme nous le prouve l’illusion d’optique cognitive ci-dessous de
Gaetano Kanizsa[11].

Figure 7.1

Chacun verra ce qu’il souhaite voir dans cette figure géométrique, mais
beaucoup de personnes percevront un triangle blanc renversé au centre de la
figure. Le cerveau peut donner l’impression que les lignes de ce triangle
blanc sont correctement tracées. En réalité, il n’en est rien, le triangle blanc,
que la majeure partie des lecteurs percevra, n’est qu’une construction
mentale du cerveau.

« Au-delà de la curiosité qu’elles suscitent, les illusions ont été


utilisées depuis les débuts de la psychologie expérimentale, voir ceux
de la philosophie. Pour quelles raisons ? Sans doute parce qu’elles
révèlent de façon intuitive certains mécanismes essentiels de la
perception. […] l’illusion révèle que le cerveau interprète
l’information qui arrive aux yeux. […] la perception est une
construction active, semblable à une suite de “paris” faits sur l’état du
monde. »[12]
L’illusion d’optique est un exemple révélateur du fait que ce que vous
percevez n’est qu’une partie de vous-mêmes. La perception est une partie
de vous-mêmes parce que, à l’image du triangle blanc renversé, elle existe
dans votre cerveau, mais pas obligatoirement dans la réalité. C’est l’élément
essentiel dans la compréhension de votre soft skill bien-être. Tout ce que
vous percevez dans votre environnement qui pourrait potentiellement vous
affecter est seulement une partie de vous-même, de ce que votre cerveau est
en train de fabriquer.

« Je suis mon présent »


Il n’existe jamais de menace venant de « l’extérieur » étant donné que
tout ce que vous vivez, se produit à l’intérieur de vous, dans votre cerveau.
« Nous voyons, nous entendons, nous agissons, nous parlons dans ce monde
virtuel comme s’il était réel »[13] affirme Jean-Philippe Lachaux, directeur
de recherche à l’Inserm au Centre de recherche en neurosciences. La
Méthode Présent intègre ce principe en quatre mots à retenir au quotidien :
Je suis mon présent [14].
Comme le démontrent les travaux de Chris Frith, neuropsychologue, notre
cerveau crée notre univers mental, ce dont nous sommes conscients. Cet
univers mental est souvent responsable de ce qui vous tourmente, puisqu’il
représente ce qui apparaît dans votre vie.

« Tout ce que nous savons du monde physique, y compris ce que


nous savons de nos propre corps vient de notre cerveau. » Chris
Frith[15]

En soi, le principe de la Méthode Présent est relativement simple, il


consiste à garder à l’esprit que tout ce à quoi vous assistez dans votre vie est
en quelque sorte un film projeté par vous-même. Et c’est véritablement le
cas, comme le souligne Francisco Varela, directeur de recherche
scientifique au CNRS à Paris, « C’est comme si le cerveau faisait surgir le
monde à travers nos perceptions »[16]. En référence à l’« exercice du
cinéma » présenté au chapitre 3, la Méthode Présent vous propose de vous
considérer comme le « projectionniste » de votre vie. Si ce que vous
traversez professionnellement n’est qu’un « film » que vous recréez
constamment dans votre lobe frontal, alors vous n’avez plus de raison de
vous laisser affecter par ce que vous-même êtes en train de créer.
Vous remarquerez peut-être que le mot suis de cette phrase Je suis mon
présent, peut correspondre à deux verbes : Le verbe suivre et le verbe être.
Je suis (verbe suivre) mon présent, vous permet de suivre votre présent,
tel que votre niveau de bien-être actuel. Vous serez alors plus réactif pour
ajuster vos ressentis et votre propre dynamique présente. Vous pouvez aussi
considérer le mot « suis » comme le verbe être. En gardant en mémoire Je
suis (verbe être) mon présent, vous vous rappelez que non seulement vous
êtes la (ou le) « projectionniste » de votre présent, mais aussi que vos
perceptions présentes sont en quelque sorte une partie de vous-même. Il n’y
a pas de « menace » potentielle dans votre présent, si ce n’est peut-être
votre façon de vous l’approprier. C’est en ce sens que vous pouvez exercer
et développer votre soft skill bien-être, en entretenant un rapport plus
proche et plus serein avec vos perceptions, avec votre présent. Je suis mon
présent, du verbe être, vous rappelle que tout ce que vous vivez maintenant
dépend de vous et vous seul. Du processus même de fabrication de vos
perceptions grâce à votre « suivi », à l’interprétation que vous en faites,
vous créez à présent votre présent.
L’utilisation de l’expression « mon présent » permet d’englober tous vos
ressentis du moment. Si vous ressentez actuellement du stress, de la colère,
de l’inquiétude, de la douleur, et bien vous ressentez cela dans votre
présent, celui que vous êtes en train de construire par votre propre
interprétation des événements qui vous parviennent. « Mon présent »
représente aussi tout ce à quoi vous assistez maintenant. Si votre patron
vous appelle en urgence pour un dossier important, cet appel est votre
présent, mais ce présent n’a lieu pour vous que « dans votre tête ». En vous
rappelant, le plus souvent possible durant votre journée, que tout se passe
avant tout dans votre tête, vous ne « risquez » rien.
Votre bien-être naîtra ici de la sensation de liberté dans la possibilité de
créer une réalité plus agréable, mais surtout, dans la compréhension qu’il
est possible de relativiser « votre propre film ». Si lors d’un rapport tendu
avec votre supérieur hiérarchique, ce dernier avait la possibilité de créer du
stress ou de la colère en vous, alors il en serait autrement. Il vous serait en
effet difficile de prendre du recul par rapport à la situation. Mais ça n’est
pas le cas. La seule chose que peut faire n’importe quelle personne qui vous
entoure est de vous transmettre des informations que vous capterez et
traiterez dans votre physiologie interne. En fonction du rapport que vous
entretiendrez avec ces informations, vous déclencherez peut-être de la
colère ou du stress, mais il n’en tient qu’à vous. Luce Janin-Devillars parle
de « notre cinéma intime » et dit « La projection, un mécanisme de défense
révélé par la psychanalyse, est aussi à l’œuvre dans l’apparition du stress. A
priori, la projection est un phénomène inconscient normal. Elle consiste à
émettre une idée sur quelqu’un ou sur quelque chose à partir de sa propre
histoire et de ses propres sensations. Si, enfant, vous avez été mordu par un
chien, vous pouvez penser aujourd’hui que tous les chiens sont dangereux.
[…] En situation de travail, le stress survient quand on exagère la difficulté
d’une tâche. Vous vous dites “Je ne vais pas y arriver”, “Je risque de faire
une erreur”, “Je ne suis pas à la hauteur”, “J’aurais dû”…Vous sous-estimez
votre valeur et surestimez le pouvoir des autres[…] ».[17]

Pratique de la Méthode Présent


Choisissez un objet qui se trouve proche de vous, n’importe
lequel, pourvu que vous puissiez l’observer.
Supposons que vous ayez choisi un stylo qui se trouve à côté de
vous. Suivez ce stylo du regard. Appréciez sa forme, ses reflets,
sa (ses) couleur(s).Tentez de percevoir ce stylo aussi précisément
que vous pouvez. Petit à petit, plus vous suivez ce stylo du
regard, plus vous établissez une proximité et un lien avec celui-ci.
Vous le percevez de mieux en mieux à mesure que vous
l’observez. Ce stylo que vous êtes en train de suivre du regard est
votre propre perception, celle que vous êtes en train de créer
grâce à votre attitude attentive. En d’autres termes, ce stylo
n’existe pour vous maintenant que grâce à vous.
Maintenant vous pouvez cesser de vous focaliser sur cet objet, et
constater qu’en réalité, tout ce que vous pouvez percevoir autour
de vous, ne peut exister sans votre attention. En d’autres termes,
vos perceptions n’existent pas sans vous. Vous pouvez
immédiatement travailler votre soft skill bien-être en prenant
l’habitude de garder en tête l’idée que vos perceptions dépendent
de vous. (Rapellez-vous de « Je suis mon présent ».) Elles ne
peuvent alors pas vous affecter sans « votre autorisation ».
Exercez-vous à apprécier les perceptions que vous êtes en train de
fabriquer.
Maintenant que vous avez en tête le fait que vos perceptions sont
créées à présent par vous-même, vous pouvez essayer le petit
exercice suivant. Il peut être effectué n’importe quand, et devrait
vous permettre de comprendre qu’il vous est possible de créer du
bien-être facilement et rapidement.
Imaginez (pendant 1 à 5 minutes) que tout ce que vous percevez
autour de vous est votre propre bulle, celle que vous fabriquez
actuellement par votre attention, celle que vous projetez dans
votre tête. Dans cette bulle, vous êtes en totale sécurité. Vous
créez les perceptions qui composent cette bulle. Visualisez cette
bulle tout autour de vous. Celle-ci est créée uniquement par vous,
par votre façon de fabriquer vos perceptions. En jouant à ce jeu
vous devriez ressentir un certain apaisement.
La sensation de bien-être naît naturellement d’un rapport
« serein » avec vos perceptions du moment (vis-à-vis de votre
bulle). Il est conseillé la première fois d’effectuer cet exercice
seul dans un endroit calme, afin de vous familiariser plus
facilement avec votre bulle, mais avec un peu d’entraînement
vous pourrez le pratiquer partout, où et quand vous voulez, y
compris au travail. Avec l’habitude, vous pourrez visualiser cette
« bulle de protection » dès que vous en ressentirez le besoin.
Celle-ci accompagnera votre quotidien et vous permettra de
relativiser toute mauvaise sensation. « Je suis mon présent » vous
rappelle que toute votre réalité est votre propre bulle, celle dans
laquelle vous vous sentez pleinement serein(e).

Ce que les neurosciences démontrent aujourd’hui et ce qu’il est important


pour vous de bien garder en mémoire est le fait que vous ne vivez pas vos
situations de travail en tant que telles. Ce que vous vivez véritablement,
c’est votre perception des situations, ce que vous reconstruisez dans votre
tête. Vous créez toujours de A à Z les « sources » potentielles de mal-être
qui prennent naissance uniquement grâce à vos sens et vos voies
neuronales. Si vous parvenez à intégrer cela consciemment dans votre
quotidien, alors vous deviendrez autonome dans la création de votre bien-
être, et ne pourrez plus être perturbé par les situations que vous traversez.

Comme le souligne Steven Pinker, « Que signifie voir le monde ? On


peut le décrire avec des mots, bien sûr, mais on peut aussi le
manœuvrer, le manipuler physiquement et mentalement, ou le stocker
dans sa mémoire pour s’en servir plus tard. À la base de tous ces tours
de forces, on interprète le monde comme des objets et de la matière
réels, et pas comme des délires de l’image rétinienne. Nous disons
d’un livre qu’il est rectangulaire et non « trapézoïdal » même s’il
projette un trapézoïde sur la rétine. […] Nous sommes si habitués aux
photographies, aux dessins, à la télévision et au cinéma que nous
oublions qu’il s’agit d’une banale illusion. Des barbouillages d’encre
ou des points de phosphore vacillants peuvent nous faire rire ou
pleurer […]. »[18]
Quelle que soit la situation managériale à laquelle vous devez faire face,
le fait de vous sentir mal dans cette situation ne vous permettra pas d’y faire
face dans les meilleures dispositions. Pour assurer votre rôle de leader au
sein des situations, il vous faut nécessairement être leader de vous-même
sans vous laisser malmener par des ressentis négatifs. Suivre son « présent »
et « l’incarner » est en réalité une priorité pour un manager qui souhaite
traverser les situations de façon lucide.

Je suis mon présent pour être dans le flow


Pour Mihaly Csikszentmihalyi et al. (2005), « dans l’expérience de flow,
trois phénomènes sont particulièrement saillants : la fusion de l’action et de
la conscience, la perception de contrôle, l’altération de la perception du
temps. » [19]
Ces trois phénomènes évoqués par Fabien Fenouillet peuvent être
« intégrés » dans les quatre mots Je suis mon présent.
En effet, si vous suivez votre présent (Je suis (verbe suivre) mon présent),
vous pouvez être pleinement conscient de l’action que vous êtes en train de
réaliser à présent. Il y a donc bien une fusion de la conscience et de l’action.
Le fait d’incarner votre présent (Je suis (verbe être) mon présent), vous
permet d’être en contact direct avec les sensations que vous éprouvez
durant l’action.
Lorsque vous suivez votre présent et que vous êtes votre présent, vous
reprenez le contrôle de vous-même, le contrôle de votre présent. La
perception de contrôle dont parle Fabien Fenouillet peut alors être trouvée.
Enfin, Je suis mon présent vous permet d’altérer la perception du temps
puisque vous vous placez pleinement dans votre instant présent., Vous ne
vivez pas les choses « en temps réel », mais avec un léger décalage
permettant de vous recentrer totalement sur votre réalité présente (en vous
rappelant de Je suis mon présent).
L’état d’esprit Je suis mon présent réunit les trois caractéristiques
observables en état de flow. L’exercice de la bulle vous permettra de trouver
le flow et de créer à présent de façon optimale le travail que vous souhaitez
réaliser.

Témoignage
Olivier Saint-Lot, ostéopathe DO à Paris

« “Je suis mon présent.” Une phrase simple mais qui veut en dire
beaucoup. Être son présent et suivre son présent signifie avant
tout être acteur principal de son bien-être et de sa santé. Par
exemple, au niveau physique, le concept d’être son présent va se
rapporter au fait d’être présent dans son corps, encore une fois,
d’être acteur de sa santé et non un simple observateur.
Nous avons aujourd’hui trop tendance à vouloir faire taire la
douleur, la considérant de ce fait comme une perception
désagréable, alors que la douleur doit être perçue comme un signe
d’alerte. Être présent dans son corps implique ainsi d’identifier
cette alerte, et de la comprendre afin de pouvoir agir dessus de
façon bénéfique.
Le fait d’être attentif aux autres messages du corps nous aidera à
trouver une solution pour gérer ce problème. En adoptant peut-
être une nouvelle posture au travail, en changeant son
alimentation, en étant attentif à sa respiration… »

« Je suis mon présent » et « Je crée à présent »


Lorsque vous mobilisez votre soft skill « bien-être », vous parvenez à
établir un rapport serein avec la situation. Il vous est alors beaucoup plus
facile d’évoluer au sein de celle-ci, et de déployer vos autres soft skills,
telles que votre créativité, votre pédagogie, votre empathie. Vous serez plus
à même de créer à présent l’attitude que vous pensez la mieux adaptée au
besoin managérial du moment, étant donné que vous aurez de « bonnes
sensations » pour le faire. La combinaison des deux états d’esprit Je suis
mon présent et Je crée à présent vous permettra de mobiliser rapidement et
efficacement vos soft skills. Je suis mon présent vous permet de vous
centrer sereinement dans l’instant présent. Je crée à présent vous permet
d’activer votre propre dynamique en toute sérénité.
Je suis mon présent et Je crée à présent sont des pensées que vous pouvez
créer maintenant, dès à présent. Je suis mon présent vous permet de
reprendre contact avec tout ce que vous créez à présent.

En Bref
Pour développer votre soft skill bien-être :

Comprenez que vous fabriquez vos perceptions, vos pensées, vos


ressentis à chaque instant.
Adoptez le réflexe de suivre votre présent, afin de garder un œil
sur ce que vous êtes en train de projeter en vous et dans votre
environnement. « Je suis mon présent » (verbe suivre).
Gardez à l’esprit que rien de ce que vous projetez dans votre
présent grâce à votre cerveau ne peut perturber ce présent que vous
vivez, sauf si vous le choisissez. « Je suis mon présent » (verbe
être).
Combinez les deux états d’esprit « Je suis mon présent » et « Je
crée à présent » pour faire évoluer sereinement votre attitude au
sein de vos situations de travail.

[1]
Sous la direction de David Sander et Klaus R. Scherer, Traité de psychologie des émotions,
Dunod, 2009
[2]
Ibid.
[3]
Voir par exemple Yoga Sutras, Traduction du sanscrit par Françoise Mazet, Albin Michel, 1991
[4]
Ibid.
[5]
Ibid.
[6]
Julien Bouret, La Méthode Présent, www.methodepresent.fr
[7]
Éprouver une sensation de bien-être instantanément ne dépendra que de votre volonté.
[8]
Benjamin Libet, L’Esprit au-delà des neurones, Dervy, 2012.
[9]
ibid.
[10]
Denis Le Bihan, Le Cerveau de cristal, Odile Jacob, 2012.
[11]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Motif_de_Kanizsa
[12]
L’essentiel – Cerveau & Psycho, n° 12, novembre 2012-janvier 2013.
[13]
Jean-Philippe Lachaux, Le Cerveau attentif, Odile Jacob, 2012.
[14]
Julien Bouret (2011), La Méthode Présent – www.methodepresent.fr
[15]
Chris Frith, Comment notre cerveau crée notre univers mental, Odile Jacob, 2010.
[16]
Daniel Goleman, Quand l’esprit dialogue avec le corps, Trédaniel Poche, 2009.
[17]
Luce Janin-Devillars, Être mieux au travail, Michel Lafon, 2011.
[18]
Steven Pinker, Comment fonctionne l’esprit, Odile Jacob, 2005.
[19]
Fabien Fenouillet (2012), op. cit.
8
LA SOFT SKILL « DONNER DU
SENS »

La vie n’a pas de sens. Mais nous lui donnons un sens pendant que nous
existons.
Francis Bacon

Lorsque vous effectuez une tâche, il vous arrive probablement de vous


sentir démotivé avec peu d’entrain à la réaliser. D’ailleurs comment vous
sentez-vous dans ces situations ? Agir sans comprendre le sens de ses
actions ne permet pas de créer les conditions de bien-être, de motivation et
d’efficacité au travail. D’où l’importance de savoir donner du sens à des
projets et à des tâches en entreprise.

Qu’est ce que le « sens » ?


« Sens : Raison d’être, valeur, finalité de quelque chose, ce qui le
justifie et l’explique », Définition du Larousse

Le sens permettrait d’expliquer et de donner une raison d’être à quelque


chose. Jacques Lecomte[1] va encore plus loin dans la définition de ce terme
en distinguant deux composantes fortes :
1. la finalité, le but, l’intention ;
2. l’ordre, la cohérence, l’harmonie[2].
Ainsi, un projet qui a du sens est un projet qui a :
1. une finalité claire, un but comme « améliorer les conditions de travail,
augmenter l’efficacité des équipes… » ;
2. une cohérence comme « améliorer les conditions de travail parce que
l’entreprise en a besoin pour continuer d’avancer… ».
De même, une tâche ayant du sens possède :
1. une finalité claire comme « contribuer à l’avancement du projet… » ;
2. une cohérence comme « correspondre aux valeurs de l’entreprise… ».
Le sens peut donc se résumer par le schéma suivant :

Figure 8.1

D’un point de vue psychologique (et notamment de la psychologie


positive), le sens a un rôle dans la construction du bonheur de l’individu. Le
sens est le deuxième élément indispensable pour le bonheur humain,
accompagné du bien-être, selon Jacques Lecomte et des chercheurs
américains Kent C. Berridge et Morten L. Kringelbach[3].
Cette corrélation entre sens et bonheur est confirmée par de nombreux
penseurs. La première corrélation a été réalisée en philosophie par Aristote,
Platon et Socrate, les initiateurs du courant eudémoniste. L’eudémonisme
s’oppose à l’hédonisme dans la définition du bonheur : les hédonistes tels
que Aristippe pensent que le bonheur vient uniquement du bien-être, alors
que les eudémonistes pensent que le bonheur vient du sens. D’autres
psychologues s’inscriront dans l’eudémonisme comme Carl Rogers par
exemple. Maslow quant à lui inscrira le sens au sommet de sa célèbre
pyramide, comme le besoin le plus élevé de l’être humain.
Dans le monde de l’entreprise, le sens a aussi un rôle en matière de
motivation et de productivité d’après Daniel Pink[4] et Dan Ariely[5].
Sens, motivation et productivité

Le sens est un élément essentiel pour construire le bonheur de


l’individu. Mais le sens est aussi un ingrédient capital pour sa
motivation et sa productivité au travail.
Selon Daniel Pink, une personne est guidée par deux types de
motivation :
1. la motivation extrinsèque (qui vient du dehors, ne dépend pas de la nature, de l’essence
de quelque chose) ;
2. la motivation intrinsèque (qui est inhérente à quelqu’un, à quelque chose, qui lui
appartient en propre).
La motivation extrinsèque n’est plus une motivation efficace :
plus d’argent, plus d’avantages… ces récompenses n’ont plus
autant d’efficacité dans la société actuelle. En revanche, la
motivation intrinsèque est celle offrant le plus de résultats en
entreprise : l’individu s’épanouit dans sa fonction ou son projet
sans « artifice » extérieur. Cette tendance est confirmée par Dan
Ariely (professeur de psychologie et d’économie
comportementale à l’Université Duke) à travers ses nombreuses
expériences.
Cette motivation intrinsèque repose sur trois piliers :
1. autonomie ;
2. maîtrise ;
3. sens.
En d’autres termes, un individu sera plus motivé et épanoui :
1. s’il est autonome dans sa fonction, s’il a la sensation de contrôle et de liberté ;
2. s’il développe du savoir-faire et du savoir-être à travers ses tâches (maîtrise et soft
skills) ;
3. s’il trouve du sens dans ce qu’il entreprend.
Le sens étant un des 3 piliers de cette motivation intrinsèque, il
contribue à l’épanouissement de l’individu.
Dan Ariely complète l’approche de Daniel Pink en ajoutant deux
éléments :
1. la corrélation entre la productivité d’une personne et le niveau de sens perçu pour une
tâche ;
2. le niveau d’effort nécessaire pour une tâche pour créer du sens.
Le professeur explique qu’un niveau d’effort élevé est nécessaire
pour que la tâche ait un sens important pour une personne, à
l’image des alpinistes lors d’une ascension d’un sommet. Le but à
atteindre doit être élevé, et l’effort à fournir conséquent.
Dan Ariely rejoint Mihaly Csikszentmihalyi sur la théorie du
« flow » impliquant un niveau de sollicitation des compétences
élevé pour atteindre un niveau de concentration, de productivité
et d’épanouissement optimal pour une tâche.
Pour résumer cet encart, la personne :
1. ayant une vision du but à atteindre ;
2. fournissant un niveau d’effort conséquent pour l’atteindre ;
3. étant autonome sur sa tâche ;
4. déployant un maximum de compétences au meilleur niveau.
sera une personne qui :
1. arrivera à créer du sens ;
2. sera plus productive ;
3. sera plus heureuse.

Dans le domaine de la psychothérapie, Viktor Frankl développe une


méthode psychothérapeutique basée sur le sens appelée logothérapie (la
thérapie du sens). Elle a pour but d’aider les personnes à sortir de leur
dépression en redonnant un sens à leur vie.
Aujourd’hui, il existe des pratiques de management basées sur la création
de sens dans les organisations, comme le sense-making développé par Karl
Weick et Brenda Dervin.

Le sense-making[6]

Le sense-making est une notion développée par Karl Weick


(professeur de psychologie et de science de l’organisation à
l’Université du Michigan) et par Brenda Dervin (professeur de
communication à l’Université de l’Ohia). Brenda Dervin y
développe une approche individuelle de questionnement et de
recherche de sens dans une organisation, alors que Karl Weick se
centre sur le collectif et le groupe.
Dervin attache beaucoup d’importance au sens des mots utilisés
dans la quête de solution que propose sa démarche de
questionnement, d’où le terme « sense-making ».
Karl Weick quant à lui construit son approche autour d’une
question centrale : « Comment pouvons-nous savoir ce que nous
pensons (ou voulons) avant d’avoir vu (ou compris) ce que nous
disons (ou faisons) ? ». Cette démarche consiste à comprendre
comment l’organisation construit sa vision en fonction de son
contexte, de ses collaborateurs en construisant des cartes
cognitives servant de support à la construction du sens en
entreprise.

Donner du sens pour soi


Donner du sens est « un besoin essentiel de l’être humain ». Jacques
Lecomte considère que le bonheur est une combinaison de plaisirs du
quotidien (approche hédoniste) et de sens que l’on donne à sa vie (approche
eudémonique). Une personne doit savoir donner du sens à son quotidien
pour qu’elle puisse vivre dans le bonheur, comme le confirme Maslow avec
sa pyramide des besoins.
Or, ce quotidien repose en grande partie sur l’activité professionnelle.
Avez-vous essayé de calculer le ratio entre le temps que vous passez à
travailler, celui pour « profiter » et celui pour dormir ? C’est dire
l’importance de la question du sens dans le monde professionnel.
C’est en grande partie ce « sens » qui déterminera le niveau
d’engagement, de motivation et de bonheur pour l’accomplissement d’une
tâche. Le sens déterminera la valeur perçue de la tâche ou du projet et donc
la productivité de la personne, comme le démontre Dan Ariely.

Témoignage
Pierre-Édouard Sabary, analyste marketing CRM, groupe
Volkswagen France
« Travailler pour l’atteinte d’un idéal, d’un objectif, me motive, en
particulier sur un projet qui a du sens et avec un esprit d’intérêt
général. Le fait de comprendre le sens de ma fonction me permet
d’aimer mon travail. »

Si donner du sens est important, alors comment faire pour donner du


sens ?
Donner du sens est une véritable capacité, une soft skill. Chacun a la
capacité de définir une finalité, de créer de la cohérence et de trouver une
raison d’être d’un projet, d’une action ou d’une idée. Cette capacité à
donner du sens peut se travailler grâce à des techniques et des outils.
Dans cet ouvrage, vous découvrirez deux outils basés sur le
questionnement et la visualisation pour développer votre capacité à donner
du sens : le « Réflexe Pourquoi » et l’approche « Pourquoi Entreprendre ».
Le questionnement et la visualisation permettent d’augmenter la
stimulation cérébrale pendant un processus de réflexion. Ces deux pratiques
permettent de « créer de l’information » à l’intérieur de votre cerveau plutôt
que de la recevoir de manière extérieure. C’est le principe de la
« maïeutique » de Socrate pour le questionnement et le principe de la
pensée visuelle (ou visual thinking) pour la visualisation.

Le Réflexe Pourquoi
Il s’agit d’un réflexe ancré en soi depuis l’enfance, mais malheureusement
atrophié au fil du temps. Lorsque l’enfant apprend à parler et comprend le
principe du questionnement, les premières questions qu’il pose aux adultes
sont « Pourquoi ? ». Par exemple : « Pourquoi le ciel est bleu ? » ;
« Pourquoi les poules pondent des œufs ? »…
Le principe du Réflexe Pourquoi est de refaire émerger cette habitude que
vous aviez lorsque vous étiez enfant, à savoir poser la question
« Pourquoi ? ».
Mais pourquoi poser la question pourquoi ?
Imaginez que votre supérieur hiérarchique vous demande d’effectuer la
tâche suivante : préparer une présentation sur PowerPoint pour une réunion
avec un client. Cette tâche n’était pas prévue et coupe votre rythme de
travail déjà enclenché. Vous êtes alors démotivé et peu enthousiaste pour la
réaliser.
Voici deux scénarios pouvant être réalisés :
Vous ne cherchez pas à comprendre l’intérêt de la tâche, pour vous-
même ou pour l’entreprise, mais cherchez à comprendre comment la
réaliser. Vous vous posez la question « Comment vais-je créer cette
présentation PowerPoint ? ». En vous posant cette question, vous
réfléchirez à des manières de réaliser la tâche, sans en comprendre
l’intérêt, le sens de cette tâche. Vous resterez alors peu motivé et
enthousiaste.
Plutôt que de rester démotivé, vous cherchez à comprendre l’intérêt de
la tâche pour vous et pour l’entreprise avant de penser à sa réalisation.
Vous vous posez la question « Pourquoi vais-je créer cette présentation
PowerPoint ? ». Vous venez d’utiliser le Réflexe Pourquoi.
Voici la réflexion qui en découlera :
1. « Parce que le client a besoin d’un support visuel pour comprendre
l’enjeu » ;
2. « Parce que j’ai envie d’être considéré comme professionnel par la
hiérarchie de mon entreprise et par mon client » ;
3. « Parce que… ».
Vous l’aurez compris, la réflexion suivant le Réflexe Pourquoi permet
d’identifier des motivations et des besoins liés à la tâche. Et pour aller plus
loin, vous vous posez la question « Pour quoi vais-je créer cette
présentation PowerPoint ? ». Cette fois-ci les réponses ressembleront à :
1. « Pour que l’équipe se dynamise d’ici 1 mois » ;
2. « Pour que je puisse développer mes compétences en design » ;
3. « Pour… ».
Cette fois-ci, les réponses à la question « Pour quoi » permettent
d’identifier la finalité de la tâche, le but.

Figure 8.2

C’est la raison pour laquelle le Réflexe Pourquoi permet de manière


simple de donner du sens à une tâche ou à un projet. Grâce à ce réflexe, en
comprenant le sens de la tâche et votre intérêt à le faire, vous serez plus
enthousiaste et motivé. Il sera plus facile de commencer à réaliser la tâche
en posant cette fois-ci la question « Comment ».
Simon Sinek, auteur du livre Start With Why[7] explique à travers
l’approche du « cercle d’or » que la question « Pourquoi » a beaucoup plus
d’impacts motivationnels que les questions « Comment » et « Quoi ». C’est
la raison pour laquelle il préconise pour tout type de démarche de
questionnement l’ordre des questions suivantes :
1. Pourquoi ?
2. Comment ?
3. Quoi ?
Cela permet de donner du sens avant d’agir afin de décupler sa motivation
et son engagement avant l’action.
L’objectif du Réflexe Pourquoi est de se poser la question « Pourquoi »
avant d’effectuer une tâche, avant de prendre une décision ou avant de se
lancer dans un projet. Cet outil peut-être d’une grande aide pour prioriser
des tâches ou des choix.
Pour cela, vous pouvez utiliser le tableau ci-dessous :
Grâce à ce tableau, vous pourrez effectuer des choix et prioriser vos
tâches à travers une réflexion simple et efficace.
Cette démarche permet également de lister des éléments de motivation
personnels (besoins, envies et objectifs). Le Réflexe Pourquoi permet de
mieux se connaître soi-même grâce aux différents besoins, envies et
objectifs, mais aussi « l’autre » en réfléchissant à ses motivations.
Pour aller plus loin, vous pouvez dessiner le sens de votre choix ou de
votre tâche (ou utiliser une photo). Le sens créé sera d’autant plus fort,
comme l’explique Tom Wujec, spécialiste en design et information, auteur
de plusieurs ouvrages, dans une conférence mondiale[8] :
« Nous créons du sens lorsque nous voyons grâce à l’interrogation
visuelle ». L’interrogation visuelle repose sur 3 étapes, reposant chacune sur
une partie spécifique du cerveau :
1. voir l’objet (à travers la voie ventrale du cerveau) ;
2. questionner l’objet vu (à travers la voie dorsale du cerveau) ;
3. ressentir le sens suite au questionnement (à travers le cerveau
limbique).
Si vous reprenez le tableau du Réflexe Pourquoi, vous pouvez par la suite
tenter de transformer les mots représentants vos motivations et vos objectifs
en croquis et dessins. Vous rendrez ainsi plus concrète votre visualisation et
la création du sens. Liez les éléments entre eux par des flèches, associant
ainsi vos motivations à l’objectif concerné.
Après avoir dessiné, observez votre travail et prenez conscience du
ressenti que ces schémas provoquent chez vous afin d’opter pour un choix
ou de commencer votre tâche.

Exemple
Myriam est chef de projet dans une entreprise automobile. Elle est en
charge d’une équipe de 3 personnes sur un projet d’innovation depuis 2
ans. Un vendredi d’hiver, autour d’un café, elle discute avec un
collègue d’un autre service :
« Je viens d’obtenir une promotion pour un poste de responsable à la
maison mère en Allemagne. Mon poste se libère bientôt et les
responsables recherchent une nouvelle personne. C’est le type de projet
que tu aimes bien et les perspectives sont vraiment intéressantes : une
équipe de 7 personnes, des voyages d’affaires à l’étranger… J’ai pensé
à toi pour cette opportunité car cela correspond à ton profil. Je peux en
parler à mes supérieurs si cela t’intéresse ».
Myriam est à la fois surprise et enchantée d’entendre une telle nouvelle.
Mais plutôt que de prendre une décision hâtive, elle préfère prendre du
recul et donner à son collègue une réponse le lendemain. « Suis-je prête
à avoir plus de responsabilités et à devoir voyager régulièrement à
l’étranger ? ».
Pour effectuer son choix « Vais-je dire oui à cette opportunité ? », elle
opte dans un premier temps pour le Réflexe Pourquoi :
Suite à sa réflexion sur le Pourquoi, elle décide de saisir cette
opportunité car ces motivations de dire oui sont plus grandes que celles
de dire non.
Le Réflexe Pourquoi a aidé Myriam à prendre sa décision en lui
donnant du sens. De plus, cette démarche lui a permis de prendre
conscience qu’elle a un fort désir de voyager et qu’elle a du travail à
effectuer sur sa soft skill « confiance en soi ».

Le Réflexe Pourquoi permet alors d’améliorer sa soft skill « capacité à


donner du sens », mais aussi les soft skills suivantes :
1. prise de décision ;
2. connaissance de soi ;
3. empathie ;
4. analyse.
Ces soft skills sont essentielles pour manager des équipes et pour
développer son leadership.

Devenir leader-entrepreneur
L’un des enjeux futurs de l’entreprise sera d’avoir la capacité à générer de
la motivation et du bonheur au travail[9]. L’entreprise heureuse est plus
résiliente, génère plus de motivation (et donc de productivité) et est plus
durable.
Améliorer le bien-être en entreprise est nécessaire, mais pas suffisant pour
le bonheur au travail : il faut aussi du sens. Si la création de sens passe en
grande partie par la mission de l’entreprise, elle passe surtout par le
management des équipes. Le manager a ainsi un rôle clé pour créer du sens
dans l’entreprise. L’entreprise McKinsley&Company qualifie ces managers
de meaning makers : ils ont la capacité de créer du sens et d’augmenter la
productivité des équipes[10]. Ces « meaning makers » augmentent le MQ
(Meaning Quotient, le quotient de sens), en entreprise.
Selon l’étude menée par ce grand cabinet de conseil, les managers
travaillant dans un contexte de MQ élevé sont en moyenne 5 fois plus
productifs. Le sens a donc des effets directs sur la productivité des
managers et des collaborateurs, ce qui est en corrélation avec les travaux de
Dan Ariely précisés précédemment. C’est pourquoi des penseurs tels que
Gary Hamel appellent les managers à devenir des « entrepreneurs du sens »
(des « entrepreneurs of meaning »).
Le sens en entreprise a pour conséquence, en plus de générer de la
productivité, de créer de la motivation. Pour rappel, le sens serait selon
Daniel Pink un des trois piliers de la motivation intrinsèque, la motivation
efficace[11].
Créer du sens devient un enjeu essentiel du management en entreprise.
La capacité à donner du sens n’est plus uniquement une soft skill utile
pour soi, mais utile aussi pour les autres et pour l’entreprise. Le manager
peut utiliser cette soft skill au service de ses équipes et de ses collègues.
Le poste de manager est composé de plusieurs facettes ou fonctions dont
voici les deux principales :
1. gestionnaire d’équipe ;
2. leader entrepreneur.
Ce dernier terme est particulièrement développé par France Business
School affichant pour mission de former les leaders entrepreneurs de
demain, plutôt que des cadres d’entreprise.

« Leadership : aider chacun à réussir ce qu’il est capable de faire,


établir une vision pour l’avenir, encourager, guider, établir et entretenir
des relations réussies. » Dale Carnegie[12]

Un leader entrepreneur est à la fois un entrepreneur (une personne


engagée dans un projet avec l’intention d’apporter des solutions à des
bénéficiaires) et un leader (une personne aidant les autres à avancer avec
harmonie). Le leader entrepreneur a à la fois un rôle d’influenceur et
d’exemplarité auprès de ses équipes.

Chaque individu a le potentiel d’être un leader entrepreneur, il ne s’agit


pas d’un talent inné mais bien d’un potentiel humain :
« Le leadership n’a jamais été facile. Mais il est heureusement vrai aussi
que, chaque jour, chacun d’entre nous est un leader potentiel »[13].
La fonction de leader entrepreneur devient de plus en plus importante en
entreprise, d’où l’intérêt des managers à s’y pencher d’avantage :
« Le poste de manager pourrait bien ne plus exister longtemps et le
concept de leader est à redéfinir. Les entreprises connaissent cette bataille.
Elles constatent avec la réduction des effectifs et la recherche de
productivité, que des compétences de facilitateurs deviennent primordiales.
Les qualités de contact, les compétences interpersonnelles, la capacité à
guider, à entraîner, à donner l’exemple, tout cela nécessite plus de leaders et
de meilleurs leaders. Vous ne pouvez plus réussir à coups de directives.
Vous devez le faire par influence. Cela demande de véritables compétences
humaines. »[14]
Comment développer cette facette de « leader entrepreneur » ?
L’approche Pourquoi Entreprendre
L’approche Pourquoi Entreprendre vous permettra de créer de
l’engagement et de l’harmonie dans un projet. Ces trois notions,
engagement, projet et harmonie, contribuent à la définition de sens[15] : cette
approche crée du sens en entreprise.
L’approche Pourquoi Entreprendre repose sur deux grandes étapes :
1. la réflexion entrepreneuriale ;
2. le déploiement du leadership.
La réflexion entrepreneuriale
Avant de partager le sens d’un projet avec les autres, il est essentiel de
bien se l’approprier soi-même. Pour ce faire, vous pouvez vous reposer sur
les mots-clés de la définition d’entrepreneur proposée dans cet ouvrage :
« Une personne engagée dans un projet avec l’intention d’apporter des
solutions à des bénéficiaires ».
Voici la démarche de questionnement pour cette première étape de
l’approche Pourquoi Entreprendre :
1. Quel est le projet que j’entreprends ?
2. Quelle est mon intention ?
3. À quel point suis-je engagé dans ce projet ?
4. Qui sont les bénéficiaires de ce projet ?
5. Quelle est la solution apportée ?
Les réponses à ces questions constituent la vision entrepreneuriale du
projet. Cette vision donne le sens du projet en définissant une finalité
(l’intention), une cohérence et des motivations (engagement et besoins des
bénéficiaires).
Comme le conseille Tom Wujec, n’hésitez pas à transformer vos phrases
ou mots en schémas et photos. Cela rendra plus concret votre réflexion et
renforcera le sens que vous donnerez à votre projet. C’est ce que conseille
et enseigne Dan Roam dans son ouvrage The Back of the Napkin[16]. Comme
le dit l’adage, un schéma vaut 1 000 mots. Voici à quoi pourraient
ressembler ces croquis ou schémas dans un cadre managérial :

Figure 8.2

Adapté de : The Back of the Napkin, Dan Roam, Penguin Group, 2008

Le déploiement du leadership
Une fois la vision entrepreneuriale bien établie, l’heure est à son partage
avec les collaborateurs concernés.
L’enjeu de cette étape est de faire comprendre avec pédagogie que les
collaborateurs ne sont pas de simples collaborateurs, mais de vrais
entrepreneurs dans ce projet. Si vous arrivez à créer une dynamique
d’équipe dans laquelle les collaborateurs peuvent entreprendre à travers leur
projet, ils pourront alors y trouver du sens, être autonome et développer de
la maîtrise. Ils seront alors plus motivés et plus heureux.
Afin de procéder de manière subtile et efficace, vous pouvez suivre le
conseil de Dale Carnegie en créant un environnement favorable à la
communication dans un cadre informel[17]. Plutôt que d’organiser une
réunion d’équipe classique, préférez l’option « pique-nique soft skills »
(une réunion informelle ayant pour but d’améliorer des situations
professionnelles grâce aux soft skills).
Voici la démarche à suivre pour cette étape :
1. partager la vision entrepreneuriale à l’équipe grâce au storytelling ;
2. récolter les motivations et les objectifs de chaque membre de l’équipe
à travers le Réflexe Pourquoi ;
3. réaliser un brainstorming visuel et créatif (faire dessiner les membres
de l’équipe) ;
4. relever les objections et les réticences éventuelles.

Astuce
Pour partager la vision entrepreneuriale, vous pouvez faire du
« storytelling » en racontant 5 courtes histoires différentes :
d’un point de vue de l’entreprise ;
d’un point de vue de la société en général ;
d’un point de vue du client ;
d’un point de vue de l’équipe ;
de leur point de vue.
Ces histoires pourront leur permettre de visualiser le « pourquoi » du
projet de différents points de vue.

Suite à cet atelier, essayez de discuter avec chaque membre de votre


équipe, à commencer par les sceptiques. Intéressez-vous à leurs enjeux et
leurs motivations pour les encourager à entreprendre dans le projet
concerné. Ils se sentiront impliqués, écoutés et valorisés.
Utilisez le questionnement « Pourquoi Entreprendre à travers ce projet ? »
afin de faire émerger chez vos interlocuteurs l’envie et l’enthousiasme
d’entreprendre.
Cette manière de procéder « soft » sera plus efficace que d’imposer un
changement non désiré à votre équipe et fera de vous un entrepreneur
leader.
Voici comment pourrait se concrétiser l’utilisation de l’approche Pourquoi
Entreprendre en entreprise à travers l’exemple de Myriam utilisé
précédemment :
Après avoir accepté sa nouvelle opportunité professionnelle, Myriam se
voit affecter un nouveau projet et une nouvelle équipe. Elle décide d’utiliser
l’approche Pourquoi Entreprendre afin de s’approprier la vision
entrepreneuriale du projet et de stimuler l’esprit d’entreprendre de son
équipe.
S’approprier la vision entrepreneuriale
1. Quel est le projet que j’entreprends ?
1. Le projet « NewGreenFuel » de mon entreprise a pour but de
coordonner la recherche internationale des énergies alternatives
dans l’industrie automobile. Objectif : créer un système
d’information pour le service R&D ;
2. Quelle est mon intention ?
1. Mener mon équipe avec enthousiasme vers l’atteinte de cet
objectif.
3. À quel point suis-je engagée dans ce projet ?
1. 100 % : j’ai choisi de saisir cette opportunité, cette mission a
beaucoup de sens pour moi.
4. Qui sont les bénéficiaires de ce projet ?
1. Ce projet est nécessaire pour mes collègues de la R&D. Ils en
sont les bénéficiaires directs.
5. Quelle est la solution apportée ?
1. Un logiciel interne pour la R&D.
À travers ce questionnement, Myriam arrive à visualiser simplement en
quoi consiste son projet entrepreneurial : elle arrive à faire tenir sa vision
sur une page A4 grâce à des croquis.
Déployer le leadership
Pour déployer son leadership entrepreneurial, Myriam prépare les
éléments suivants en amont :
1. le storytelling de la vision ;
2. la réunion informelle avec l’équipe.
Raconter une histoire est très important en communication car elle permet
d’activer les neurones miroirs de son auditoire et donc de transmettre plus
efficacement des messages, comme le confirme le World Transhumanist
Association Board of Directors[18]. C’est la raison pour laquelle les grands
orateurs et les grands leaders racontent des anecdotes lors de leurs prises de
parole. De plus, de nombreuses études neuroscientifiques partagées par le
New York Times[19] démontrent l’impact des histoires sur nos cerveaux qui
sont plus stimulés à travers une narration. Pour construire son discours,
Myriam se repose sur 5 petites histoires :
Du point de vue de l’entreprise : « Alors que je prenais un café avec un
collègue, le directeur de la R&D de l’entreprise vint à la machine à
café accompagné de son homologue du marketing. Ils racontaient que
l’entreprise avait de grandes difficultés commerciales en ce moment et
qu’il fallait à tout prix innover pour faire la différence. Mais ils
restaient optimistes car la direction a décidé de se concentrer sur les
solutions d’avenir, sur l’innovation… »
Du point de vue de la société en général : « Ce discours m’a fait penser
à un reportage que j’ai vu sur Arte il y a quelques mois. Les
journalistes racontaient que la mobilité allait changer, que c’était
inévitable. Les citoyens de notre société ne peuvent plus continuer de
se déplacer en voitures alimentées en pétrole alors que cette matière
première devient de plus en plus difficilement accessible. Mais il n’y a
pas de fatalité, des alternatives existent… comme celles sur lesquelles
nous travaillons »
Du point de vue du client : « Un de nos collègues du département de la
R&D m’a affirmé il y a plusieurs jours que les problèmes de
communication dans le département faisaient baisser l’efficacité des
équipes de plus de 30 %. Difficile de faire aboutir les projets à temps
dans ces conditions, sans parler des problèmes de stress que cela
engendre… Mais les collaborateurs sont très enthousiastes à l’idée
qu’on pense à eux et qu’on travaille sur une solution pour leur
besoin. »
Du point de vue de l’équipe : « Cette aventure me fait penser à ces
jeunes entreprises qui veulent changer le monde. Nous avons la chance
de pouvoir mener notre projet comme un projet Facebook, de créer
notre manière de travailler… »
De leur point de vue : « Tout est à construire, c’est le moment ou
jamais d’en profiter pour entreprendre et de montrer ce que vous savez
faire. »
La réunion informelle avec l’équipe
Myriam choisit de réserver une grande salle avec des tableaux blancs pour
8 personnes. Mais plutôt que de faire une réunion « classique », elle décide
de ne garder qu’une seule table pour y disposer les boissons et les amuse-
bouches, et des chaises. Cela permettra d’échanger dans un cadre plus
détendu tout en créant de l’engagement. Elle a également demandé aux
services généraux de lui fournir plusieurs feutres et des post-it de toutes les
couleurs. Elle a prévu de partager ces 5 petites « histoires » en guise
d’ouverture de ce mini-atelier de créativité. Elle a préparé un mini bloc-
notes pour noter les retours de ses collègues de la manière suivante :

De cette manière elle pourra appliquer le Réflexe Pourquoi et noter les


motivations de chacun pour ce projet (besoins, envies, objectifs…). Elle
pourra aussi noter les objections, s’il y en a.
Le déroulé de l’atelier de brainstorming visuel et créatif.
Myriam est très enthousiaste pour cet atelier. Ses collègues sont encore
perplexes car ce sera une première pour eux. Elle attribue une couleur de
post-it à chaque membre afin d’avoir une meilleure vision de ce qui se
déroulera.
Voici les étapes de cet atelier pour chaque participant :
1. écrire ses motivations personnelles pour ce projet ;
2. transformer ses mots en un petit croquis ;
3. coller ses croquis sur la partie gauche du tableau ;
4. écrire son objectif personnel ;
5. transformer ses mots en un petit croquis ;
6. coller ses croquis sur la partie droite du tableau ;
7. organiser de manière cohérente les post-it en les regroupant par
famille ;
8. échanger et débattre sur leur ressenti suite à cet exercice.
La réunion se déroule comme prévu et Myriam a réussi à obtenir les
informations suivantes :
Elle se rend compte qu’elle aura besoin de discuter avec Thomas, Amine,
Lucie et Jane pour les rassurer. Elle prendra un café en tête à tête avec eux
dans les prochains jours pour cela. De même, elle fera attention à ce que
Sophie puisse se consacrer à la partie « créative » du projet et qu’Erwan
puisse être affecté à la partie expérience utilisateur de l’opération.
D’ailleurs, elle cherchera des formations en créativité pour Sophie et en
design pour Erwan, car elle sait que l’entreprise en propose régulièrement.
C’est ainsi que Myriam a adopté l’attitude du leader entrepreneur pour
son nouveau projet grâce à l’approche Pourquoi Entreprendre, ce qui a eu
pour résultat l’implication et la motivation de son équipe.

Transmettre le sens à son équipe


CreapreZent du sens
Donner du sens peut-être un réflexe soft skills à déployer en entreprise :
« je crée à présent du sens ».
Ce réflexe vous sera utile à la fois personnellement (pour vous motiver
pour une tâche ou un projet) et collectivement (pour devenir un leader
entrepreneur dans votre entreprise).
Comment adopter ce réflexe soft skills ?
Comme l’expliquent de nombreuses études neuroscientifiques[20] suite à la
découverte de « l’effet Tetris »[21], le cerveau et les neurones évoluent en
fonction des activités de la personne : ils se conforment aux habitudes de la
personne.
Une activité répétée quotidiennement (pendant environ 21 jours)
deviendra une habitude car le cerveau se sera adapté afin « d’économiser »
de l’énergie pour effectuer ce réflexe plus efficacement et avec moins de
ressources.
Afin d’adopter le réflexe « je crée à présent du sens », vous pouvez
recourir au Réflexe Pourquoi à chaque occasion de prise de décision.
Ce Réflexe Pourquoi peut aussi être utilisé au quotidien dans votre
agenda, pour donner du sens dans vos tâches. Vous pouvez « questionner »
cette tâche :
1. Pourquoi dois-je réaliser cette tâche ?
2. Pour quoi cela m’est utile ?
En répondant à ces questions pour vos tâches quotidiennes, vous donnez
du sens à votre activité professionnelle tout en « musclant » votre soft skill
capacité à donner du sens, jusqu’à ce qu’elle devienne un réflexe.
Aussi, essayez de transformer ces mots en dessins ou croquis, afin de
rendre plus concret le sens que vous donnez et le rendre plus fort et durable.
Vous pouvez le faire sur des post-it avec 1 post-it = 1 idée. Cela vous
permettra par la même occasion de travailler votre efficacité (avoir le
maximum d’impact avec le minimum de moyens).

En Bref
Donner du sens est important pour soi ou pour son équipe afin
d’être motivé par ce que l’on entreprend.
Cette capacité à donner du sens se développe grâce à des outils
comme le Réflexe Pourquoi et l’approche Pourquoi Entreprendre.
Donner du sens peut-être un véritable réflexe en entreprise.

[1]
Jacques Lecomte, Donner un sens à sa vie, Odile Jacob, 2007.
[2]
Ibid.
[3]
Kent C Berridge, Morten L Kringelbach, Building a neuroscience of pleasure and well-being,
Psychol Well Being, 2012.
[4]
Daniel Pink, La Vérité sur ce qui nous motive, Leduc.s, 2011.
[5]
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9
FAITES ÉVOLUER VOTRE
RÉFLEXE SOFT SKILLS

Ce que vous êtes capables d’élaborer par la pensée et de percevoir définit


les limites de ce que vous êtes en mesure de réaliser.
Richard Bartlett

Le réflexe soft skills est le réflexe de créer à présent son attitude, celle qui
déterminera la dynamique que vous adopterez maintenant. Se rappeler qu’il
est possible à chaque instant de créer une attitude qui a vocation à améliorer
la situation est un défi motivant. En réalité, vous êtes en permanence déjà
en train de créer votre attitude, quoi qu’il arrive et pour n’importe quelle
situation que vous traversez. Une façon simple de sculpter consciemment
votre attitude et de déployer votre réflexe soft skills est de veiller à la façon
dont votre attitude impacte la situation.

Emportez votre réflexe soft skills partout où vous


allez
Au fil de cet ouvrage, vous avez certainement pu constater que l’un des
moyens d’acquérir le réflexe soft skills consiste à porter un nouveau regard
sur les situations de travail, mais aussi sur vous-même. Cela est possible
notamment par la fixation de nouveaux objectifs, tels par exemple, que
l’intention d’afficher sa confiance envers ses collaborateurs, ou encore de
faire preuve de plus d’optimisme dans les situations démotivantes. Pour
aller plus loin dans l’acquisition de votre réflexe soft skills, voici une façon
visuelle de vous le représenter.
L’illustration utilisée ici est celle d’un appareil photo que l’on qualifie
d’appareil photo reflex. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ce type
d’appareil photo doté d’un objectif interchangeable qui permet d’obtenir
une photo qui sera la restitution exacte de l’image visée et cadrée. Bien
entendu, l’idée n’est absolument pas de rentrer dans des considérations
techniques, mais plutôt d’utiliser un objet relativement courant pour vous
rappeler « visuellement » que vous possédez le réflexe soft skills et qu’il
vous est possible de l’activer à tout moment. Très simplement, vous partirez
du principe qu’à n’importe quel moment de votre journée de travail et où
que vous vous trouviez, vous possédez avec vous votre appareil photo
reflex, qui représentera de façon « matérialisée », votre réflexe soft skills.
Aussi, lorsque vous lirez l’expression réflexe soft skills au sein de ce
chapitre, imaginez mentalement que vous disposez de cet appareil photo
reflex en toute condition.

Pourquoi cette métaphore visuelle ?


Une idée à laquelle vous faites correspondre une représentation visuelle
est souvent plus facile à retenir et à utiliser que l’idée seule. Visualiser votre
réflexe soft skills à l’aide d’un objet est donc pour vous un bon moyen pour
vous habituer à l’utiliser. L’image de l’appareil photo vous invite à vous
rappeler que vous avez la possibilité de « prendre en photo » n’importe
quelle situation que vous vivez, afin de prendre du recul sur celle-ci et
d’analyser la dynamique à adopter. Lorsque vous photographiez
mentalement votre attitude dans une situation particulière, vous l’inscrivez
dans votre cerveau. En référence à ce qui a été décrit plus haut concernant
l’importance de la visualisation, vous deviendrez alors meilleur dans
l’exécution du même type de tâches dans le futur. Comme l’explique
Thierry Janssen, « les grands maîtres du tir à l’arc ont à ce point inscrit
leurs gestes dans leur matière grise qu’ils peuvent envoyer leur flèche dans
le mille même les yeux fermés.[1] ».
Avec votre réflexe soft skills, vous pouvez « immortaliser » les situations
qui vous ont été utiles et dont vous souhaitez vous rappeler. Par exemple, si
vous êtes parvenu à gérer votre stress lors d’une entrevue avec votre
supérieur hiérarchique, « prenez en photo », de façon symbolique bien
entendu, cette situation grâce à votre appareil réflexe. Plus vous vous
rappellerez qu’il vous est possible de gérer votre stress dans telle ou telle
situation, plus il vous sera aisé de gérer votre stress dans une situation
similaire. C’est en ce sens qu’il est important pour vous de garder des
« photos » des situations où vous avez su mobiliser vos soft skills. En
référence aux travaux de Pavlov évoqués plus tôt dans l’ouvrage, vous
renforcerez votre réflexe soft skills en l’ancrant dans votre mémoire. En
gardant en tête que vous possédez, partout où vous allez, votre réflexe soft
skills, vous serez de ce fait plus rapide pour ajuster votre (vos) objectif(s)
pour vos situations professionnelles. Rappelez-vous en effet qu’il vous est
possible de changer l’objectif de votre appareil photo.

Changez l’objectif de votre appareil reflex


En prenant du recul sur les situations déstabilisantes par exemple, vous
pouvez plus facilement fixer un objectif de confiance dans votre attitude
managériale. Il vous est possible, en capturant les situations que vous
traversez grâce à votre réflexe soft skills, d’ajuster la façon dont vous
évoluerez grâce à des objectifs que vous pouvez constamment actualiser.
S’il vous est possible de décortiquer une situation à l’instant T, vous êtes
alors en capacité de choisir de jouer la situation d’une façon différente.
Quel est votre objectif au sein de la situation ? Dans une situation
délicate, si cela n’a pas encore été fait, il n’est jamais trop tard pour fixer un
nouvel objectif et adopter une dynamique précise. Prenez l’habitude
d’imaginer différentes sortes d’objectifs correspondant aux soft skills que
vous voudrez mobiliser, et que vous pourrez fixer à votre reflex. Lors d’une
prochaine réunion importante où vous devrez prendre la parole, allez-y en
vous rappelant que vous possédez un appareil photo reflex auquel vous
aurez pris soin de fixer un objectif pédagogique. Votre réflexe soft skills
vous permet aussi bien de prendre du recul que d’adopter un regard précis
soutenu par un objectif soft skill particulier.

L’appareil photo, une image pour nous rappeler l’importance


de la prise de recul
S’il vous est arrivé de prendre des photos, vous avez pu constater la
nécessité de prendre un minimum de recul pour que tout ce que vous
souhaitiez capturer soit sur votre photo. Prendre du recul vous permet de
fixer la situation pour l’analyser avec un maximum de détails, tel un
photographe, mais surtout avec une plus grande lucidité. Il a été démontré
dans l’ouvrage que votre capacité à retrouver consciemment votre point de
vue personnel favorisait vos capacités cognitives, et diminuait le stress. Il
est intéressant de citer ici quelques propos de Jacques Fradin, médecin et
chercheur en neurosciences cognitives.

« Tandis que le stress “animal et défensif” est d’origine externe,


contextuelle, environnementale, ce stress “humain et cognitif” est donc
toujours d’origine interne. […] L’approche neuroscientifique est en
train d’expliquer aujourd’hui le pourquoi et comment de ce conflit
interne. Elle élargit le champ des observations et des applications
pratiques. Nos propres travaux ont montré que ce n’est pas seulement
l’incohérence cognitive qui se cache derrière le stress, mais
l’obstruction des activités de la partie la plus intelligente du cerveau :
le néocortex préfrontal. »[2]
« Nous avons décrit six paramètres de son fonctionnement :
curiosité, adaptation, nuance, relativité, rationalité et opinion
personnelle. »[3]
Les paramètres de fonctionnement de la partie la plus intelligente de notre
cerveau dont parle Jacques Fradin peuvent être représentés par des soft
skills telles que la nuance, la relativité et l’opinion personnelle, assimilables
à la capacité à prendre du recul. D’après l’auteur de L’Intelligence du stress,
c’est en « bloquant » ces paramètres que l’on diminue ses capacités
cognitives, et favorise l’émergence du stress. Se rappeler qu’à chaque
instant, il vous est possible de prendre le recul nécessaire pour nuancer la
situation, la relativiser et adopter votre point de vue personnel est donc un
moyen de booster vos capacités cognitives et de diminuer votre stress. Les
techniques méditatives décrites dans cet ouvrage permettent de travailler
directement cette prise de recul. Vous pouvez aussi durant votre journée,
garder en mémoire l’image de votre appareil photo reflex, pour vous
rappeler de pratiquer le plus souvent possible cette prise de recul. Une des
façons de faire évoluer votre réflexe soft skills consistera pour vous à
élargir de plus en plus votre angle de vue sur les situations que vous
traversez.
Prendre du recul, élargir son point de vue sur vos situations de travail est
aussi un moyen puissant pour fluidifier vos relations interpersonnelles, et
les rendre plus efficientes dans les projets que vous menez avec vos
équipes. En effet, plus vous êtes à même d’élargir votre champ de vision,
plus vous serez aptes à saisir les différentes réalités de vos interlocuteurs.

Acquérir le réflexe soft skills est bon pour votre


cerveau
En vous créant des habitudes, vous pouvez « façonner » votre cerveau
pour qu’il soit plus adapté à votre contexte professionnel. Les études
neuroscientifiques de l’université de Cornell aux États-Unis[4] démontrent
que votre cerveau s’adapte à vos nouvelles habitudes ou compétences
nouvellement développées. Créer un réflexe soft skills tel que « je crée à
présent » fera évoluer votre cerveau afin qu’il soit plus rapide et efficace
pour déployer vos soft skills. Les neurones développent de nouvelles
connexions dans le cerveau afin de faciliter le déploiement de la nouvelle
compétence acquise à travers la pratique répétée et prolongée dans le temps.
Par exemple, plus vous entraînez votre empathie grâce au réflexe soft skills
« je crée à présent mon empathie » pendant chaque discussion amorcée,
plus votre cerveau développera les neurones nécessaires pour le
déploiement de cette soft skill. La pratique d’une soft skill « muscle » votre
cerveau et crée un cercle vertueux sur cette même soft skill.
Si le réflexe soft skills se démocratise dans le monde professionnel, les
collaborateurs deviendront plus performants grâce à leurs nouvelles
connexions neuronales. (C’est l’une des raisons pour lesquelles les soft
skills sont devenues un enjeu capital aujourd’hui pour les entreprises.)

Le côté zen de creapreZent


Chaque soft skill que vous mobilisez est une facette de vous-même que
vous utilisez. Par exemple, si vous êtes en mesure de choisir d’être
optimiste, attentif, créatif, ou attentif, vous êtes plus à même de varier votre
façon d’être et d’adapter celle-ci au contexte que vous vivez. Vous êtes
alors capable véritablement de « bien » être. Le « bien » être signifie ici que
vous pouvez aisément et rapidement être qui vous souhaitez être, en
fonction de vos besoins, et de ceux de votre environnement. Lorsque vous
avez développé votre réflexe soft skills, vous pouvez très bien être qui vous
souhaitez être. Être capable d’ajuster sa façon d’être au regard des
situations permet de ne pas se laisser perturber par le contexte en lui-même,
mais de trouver l’attitude la plus adéquate au contexte. Adopter le réflexe
soft skills c’est considérer chaque difficulté professionnelle comme une
piste immédiate de solutions. Vous pouvez instantanément entrevoir cette
piste de solutions en vous rappelant que votre attitude est déjà en elle-même
une partie de la solution.
Lorsque vous êtes en difficulté dans votre travail, qu’il vous faut
améliorer une situation, imaginez un espace qui s’ouvre devant vous. Cet
espace sera votre espace, votre présent au sein duquel vous pouvez créer
une nouvelle attitude. Le simple fait d’entretenir cette idée vous permettra
de dégager la confiance nécessaire pour évoluer sereinement au sein de la
situation.

Créez à présent votre espace personnel


Vous rencontrez une difficulté managériale ? Une situation imprévue ?
Vous ne vous sentez pas à l’aise dans votre travail actuellement ? Essayez
l’exercice suivant.
Prenez un papier et un crayon, tracez un grand cercle sur la moitié de
votre feuille et inscrivez-y « Mon présent » à l’intérieur. Ce grand cercle
représente votre espace personnel et tout ce qui caractérise actuellement
votre présent. En plus de « Mon présent », inscrivez dans le cercle la ou les
pensées qui vous préoccupent actuellement, tel un problème que vous
rencontrez, une personne avec qui vous avez des difficultés relationnelles,
un doute. Représentez une « photo » de votre présent actuel à l’intérieur de
ce cercle. Il se peut que votre cercle soit rapidement encombré, mais cela
n’a pas d’importance. Une fois que vous avez terminé de « photographier »
votre présent, tracez un deuxième cercle de la même taille que le premier
sur la seconde moitié de votre feuille. Inscrivez à l’intérieur de ce deuxième
cercle « Mon nouveau présent ». Ce cercle représente le présent que vous
souhaitez créer maintenant. Vous pouvez y inscrire un nouvel objectif, une
attitude nouvelle à adopter, votre souhait du moment. L’important n’est pas
ce que vous inscrirez dans les deux cercles, mais plutôt, de bien visualiser
ces deux idées « Mon présent » et « Mon nouveau présent ».
Une fois ces deux cercles complétés, observez-les pendant une petite
minute.
Toutes les soft skills que vous pouvez mobiliser maintenant concernent le
deuxième cercle « Mon nouveau présent. » Concentrez-vous sur ce
deuxième cercle pour la suite de votre journée de travail. Ce cercle est le
plus intéressant pour vous, celui vers lequel vous souhaitez tendre.
Remarquez ce que l’observation de ce deuxième cercle vous fait ressentir.
Est-ce agréable pour vous d’être dans ce « nouveau présent » ?
Vous pouvez composer votre nouveau présent à chaque seconde, sauf
lorsque vous restez « bloqué » sur votre présent actuel, le premier cercle. Il
ne tient qu’à vous de garder en tête uniquement le deuxième cercle, pour
entretenir une dynamique positive. Faites évoluer ce nouveau présent en y
inscrivant de nouvelles idées, de nouvelles intentions, des soft skills, telles
l’optimisme, la confiance, la ténacité.
Tout ce que vous inscrivez dans votre deuxième cercle représente votre
nouvelle pensée, celle qui déterminera votre dynamique du moment. C’est
aussi ça le réflexe soft skills, penser à créer un nouveau présent.
Créer à présent l’intention d’être « zen » dans ce que vous faites par
exemple ne tient qu’à vous. C’est un choix que vous pouvez faire
maintenant et qui teintera toujours votre attitude. Garder cela à l’esprit avec
la méthode creapreZent. Créer votre attitude le plus souvent possible vous
fera véritablement vous sentir mieux. En effet, mieux se sentir, c’est mieux
sentir qui vous êtes, là où vous êtes. Les soft skills vous permettent cela.
Elles sont des « représentations » de qui vous êtes dans la situation. Certes,
il est possible que vous soyez inquiet, en colère, dans le doute sur la
semaine à venir. Tout cela peut être votre présent actuel. Mais libre à vous
de transformer dans la seconde ce présent actuel en un nouveau présent,
celui ou vous choisissez par exemple de garder une attitude zen dans votre
travail. Vous pouvez impacter positivement la dynamique de vos
collaborateurs par cette attitude.

Vous êtes le moteur de votre métier


Même s’il est tentant de penser que votre attitude est en partie dépendante
du contexte professionnel dans lequel vous évoluez, vous avez pu constater
au fil de cet ouvrage qu’il peut en être autrement. En tant que manager,
vous êtes un des moteurs de la dynamique humaine à l’œuvre dans votre
entreprise. Vous alimentez ce moteur à chaque instant.
Rappelez-vous que vous envoyez constamment des informations dans
votre environnement, et que vous en recevez aussi. Par vos pensées, vos
émotions, vos paroles, votre attitude, vous diffusez constamment un flux
d’informations reçu d’une façon ou d’une autre par votre entourage. Le
réflexe soft skills vous permet d’agencer intelligemment et avec calme les
informations que vous transmettez à vos collaborateurs. Optimisme,
confiance, écoute, attention, empathie sont des façons d’affiner les
informations que vous « envoyez » dans le but de consolider votre tissu
relationnel professionnel. Le réflexe soft skills vous permet aussi de
recevoir et de traiter les informations qui vous parviennent d’une façon utile
pour vous.

Le Réflexe Soft Skills de l’entreprise


Le réflexe soft skills peut-être adopté à titre individuel, à l’image d’un
appareil photo « reflex » et de sa panoplie d’objectifs adaptés aux
situations. Mais ce réflexe est également de plus en plus présent au niveau
organisationnel.
Prenons l’exemple du 1er réseau social professionnel au monde,
LinkedIn. En renseignant votre parcours professionnel, vous pouvez aussi
montrer vos « skills et expertises ». LinkedIn permet de mettre en avant vos
soft skills et vos hard skills. Vos contacts peuvent recommander vos
compétences, ce qui ajoute une preuve sociale supplémentaire à votre
profil.

Témoignage
Ruby Braithwaite, international marketing manager, groupe Soregor

« J’ai pu remarquer que les soft skills ne sont pas vraiment


enseignées en France, alors qu’en Angleterre nous avons des
cours de pensée critique et de développement personnel. Or, c’est
dommage car ce sont ces soft skills qui permettent aux personnes
de mieux se connaître et de leur donner envie de progresser et
d’évoluer. »

LinkedIn n’est pas la seule entreprise à impulser la dynamique soft skills


dans le monde du recrutement et de la gestion des carrières. Manpower,
géant international des solutions innovantes pour l’emploi, met au centre de
ces innovations les soft skills en partageant les 10 soft skills les plus
recherchées par les employeurs américains :
1. compétences en communication écrite et orale ;
2. honnêteté et intégrité ;
3. compétences interpersonnelles ;
4. facilités en travail d’équipe ;
5. grande éthique professionnelle ;
6. motivation et prise d’initiatives ;
7. flexibilité et adaptabilité ;
8. compétences informatiques ;
9. compétences analytiques ;
10. compétences organisationnelles[5].
Les entreprises se basent de plus en plus sur les soft skills en matière de
recrutement, et donc de gestion de leurs ressources humaines.
Pour Adecco,[6] société mondiale du secteur de l’emploi, trois soft skills
sont essentielles pour convaincre les recruteurs :
1. communication efficace (écrite et orale) ;
2. leadership ;
3. résolution de problèmes.
En sensibilisant les membres de son réseau, Manpower et Adecco
encouragent aussi à adopter le réflexe soft skills : « ai-je ces soft skills que
recherchent mes potentiels employeurs ? ». Le réflexe soft skills deviendra
de plus en plus courant dans le monde du recrutement.

Témoignage
Ruby Braithwaite, international marketing manager, groupe Soregor

« Je me base beaucoup sur les soft skills lorsque je recrute : c’est


essentiel, surtout selon le type de mission. Si la mission requiert
du travail d’équipe, je fais attention à ce que la personne soit à
l’écoute. »

Si les entreprises, les médias, les institutions de formation et les business


schools parlent de soft skills, ce ne sont pas les seuls acteurs à le faire : le
gouvernement des États-Unis le fait également dans son document « Skills
to pay the bill »[7]. Pour le Département du Travail américain, il est
nécessaire de travailler 6 soft skills clés :
1. sa communication (écrite et orale) ;
2. son enthousiasme et son attitude ;
3. sa manière de travailler en équipe ;
4. sa capacité à créer et entretenir un réseau ;
5. la résolution de problème et la pensée critique ;
6. son professionnalisme.
Les soft skills contribuent à la performance d’un collaborateur en
entreprise : grâce au réflexe soft skills, une dynamique positive et
constructive peut se créer dans n’importe quelle situation professionnelle
(choix de son « objectif » à mettre sur l’appareil réflex). Des collaborateurs
performants amélioreront la performance de l’entreprise : les personnes sont
un des piliers principaux de l’entreprise[8]. En effet, selon les auteurs du
Gène de l’innovateur, l’entreprise innovante possède trois piliers
essentiels :
1. son capital humain (ses collaborateurs et ses dirigeants) ;
2. son organisation (ses process) ;
3. sa philosophie.
Les auteurs ont analysé les entreprises les plus innovantes pour en déduire
qu’elles sont elles-mêmes composées d’innovateurs (voir section la « Une
soft skill peut en cacher une autre » du chapitre 5). Une personne innovante
est une personne possédant les soft skills suivantes :
1. des soft skills de découverte (observation, questionnement,
expérimentation, association, réseautage) ;
2. des soft skills d’exécution (analyse, planification, implémentation,
discipline).
Certains dirigeants innovants privilégieront un recrutement basé sur ces
soft skills.
Si les soft skills deviennent un besoin pour les entreprises, les institutions
de formation orienteront de plus en plus leurs programmes vers le
développement de ces compétences. Nous assisterons alors à une ère de
plus en plus « soft » dans le monde du management et de l’entreprise.

En Bref
Faites évoluer votre réflexe soft skills :

Vous pouvez utiliser l’image d’un appareil photo reflex pour


penser à prendre du recul sur les situations, ajuster l’objectif que
vous vous fixez au sein de celle-ci, effectuer des zooms particuliers
sur les situations.
La métaphore de l’appareil photo reflex vous rappelle que vous
pouvez « capturer l’instant » pour mieux choisir la façon dont vous
allez le faire évoluer.
Choisissez le plus souvent possible votre nouveau présent, celui
que vous créez à présent. Créez-vous par exemple une attitude
« zen » en vous rappelant de la méthode creapreZent.
Pensez aux soft skills que vous pouvez mettre en avant auprès des
recruteurs.

[1]
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[2]
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2004.
[3]
Jacques Fradin (2008), L’Intelligence du stress, Eyrolles.
[4]
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[5]
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39677.pdf
[6]
http://www.adecco-
asia.com/singapore/asset/pdf/candidates_personaldev/The%20Importance%20of%20Soft%20Ski
lls.pdf
[7]
http://www.dol.gov/odep/topics/youth/softskills/
[8]
Jeff Dyer, Hal Gregersen, Clayton M. Christensen, Le Gène de l’innovateur, Pearson, 2013
CONCLUSION

Dans un monde professionnel de plus en plus complexe et en constante


mutation, le manager est un acteur incontournable de l’entreprise. Les
nouvelles manières de travailler impliquent l’acquisition de nouvelles
compétences. C’est pourquoi le manager doit être équipé pour surfer
sereinement sur la vague du changement.
Le réflexe soft skills est une clé pour tout manager souhaitant booster son
potentiel et celui de ses équipes. Le manager détenant le réflexe soft skills,
est un magicien des situations. Il a la capacité de créer à présent les
conditions optimales pour mener à bien ses projets d’entreprise avec ceux
de ses collaborateurs.
Le réflexe soft skills lui permet d’adoucir les difficultés rencontrées en
situation professionnelle. Grâce à ce réflexe, le manager peut à tout moment
assouplir les tensions interpersonnelles, en redynamisant ses équipes par
son attitude. En effet, les relations humaines nécessitent des compétences
humaines à chaque instant. Ce sont les soft skills.

La magie des soft skills est qu’elles permettent de faire apparaître un


espace où tout le monde peut créer son présent, c’est-à-dire un moment
d’équilibre personnel et professionnel. Cet espace donne la possibilité de
maîtriser l’utilisation de ces quatre soft skills essentielles : conscience,
esprit d’entreprendre, confiance, synergie. C’est un espace de bien-être au
travail favorisant la motivation et l’efficience des collaborateurs.
Pour percevoir cet « espace magique » que chacun peut créer, il faut être
en mesure d’adopter un nouveau regard. Ce nouveau regard définit les
contours de chaque situation de travail avec une perspective nouvelle,
optimiste. Une perspective s’assurant d’utiliser le meilleur de l’humain pour
faire avancer l’entreprise, qui est avant tout, une aventure humaine.
En regardant ses propres soft skills, ainsi que celles de ses collaborateurs,
chaque personne peut devenir un « facilitateur » faisant évoluer
intelligemment et efficacement les relations interpersonnelles.

Les managers de demain seront des leaders-entrepreneurs s’ils activent


leur réflexe soft skills. Leaders d’eux-mêmes et entrepreneurs de leurs
aventures professionnelles, ils auront acquis la capacité de laisser à chacun
la possibilité d’être aussi un leader entrepreneur.
« Chacun apporte son présent dans le présent. »
Et vous, qu’allez-vous créer à présent ?
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