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Adrien MAIROT
Avocat
de représentation des dirigeants sociaux 150f3 Docteur en droit privé
8) V. C. civ., art. 1849 ; C. com., art. L. 221-5 ; C. com., art. L. 223-18 ; 11) Asencio S., « Le dirigeant de société, un mandataire “spécial”
C. com., art. L. 225-56 ; C. com., art. L. 225-64 ; C. com., d’intérêt commun », Rev. sociétés 2000, p. 686.
art. L. 225-66 ; C. com., art. L. 226-7 ; C. com., art. L. 227-6 ; 12) Asencio S., « Le dirigeant de société, un mandataire “spécial”
C. com., art. L. 251-11. d’intérêt commun », Rev. sociétés 2000, p. 687.
S’il est affirmé qu’un contrat de mandat 19) Pour ne citer que quelques exemples : agent commercial,
voyageur représentant placier (VRP), agent d’assurances…
fonde le pouvoir de représentation so-
20) Cornu G. cité par Huet J., Traité de droit civil, Les principaux
ciale, il n’est pas soutenu qu’il s’agit d’un contrats spéciaux, 2e éd., 2001, LGDJ, n° 31500, p. 1204.
21) V. les cas visés Pétel P., Le contrat de mandat, 1994, Dalloz, p. 19
13) L’origine conventionnelle de la représentation est incontes- et s.
table. « À l’origine de toute société de droit, il y a toujours un acte 22) V. parmi les nombreuses études, par ex. Daigre J.-J., « Le petit
volontariste, même si “la volonté individuelle s’efface ensuite”. Que air anglais du devoir de loyauté des dirigeants », in Mélanges
la loi intervienne pour réglementer la mise en œuvre du contrat en l’honneur de Pierre Bézard, 2002, Montchrestien, p. 79 et s. ;
importe peu. Ce qui compte au regard des qualifications quant Daille-Duclos B., « Le devoir de loyauté du dirigeant », JCP E
aux sources des situations juridiques, c’est la volonté qui en est 1998, p. 1486 ; Le Nabasque H., Le développement du devoir de
à l’origine (…). Concernant les sociétés de droit, la source est loyauté en droit des sociétés, RTD com. 1999, p. 273.
individuelle et non légale » (Asencio S., « Le dirigeant de socié-
té, un mandataire “spécial” d’intérêt commun », Rev. sociétés
23)
D’autres fondements ont été proposés. Par exemple,
2000, p. 697). M. Laurent Godon considère que le devoir de loyauté est
une conséquence pratique de la moralisation du droit des
14) Asencio S., « Le dirigeant de société, un mandataire “spécial” affaires voire une réception dans notre droit des obligations
d’intérêt commun », Rev. sociétés 2000, p. 690 et s. fiduciaires des dirigeants anglo-saxons (obs. sous Cass. com.,
15) Vatinet R., La réparation du préjudice causé par la faute des diri- 28 nov. 2006 : Rev. sociétés 2007, p. 524, n° 7).
geants sociaux devant les juridictions civiles, Rev. sociétés 2003, 24) Pétel P., Le contrat de mandat, 1994, Dalloz, p. 53.
p. 256.
25) Cass. com., 29 sept. 2009 : JCP E 2009, 2066, note crit.
16) Berr C., L’exercice du pouvoir dans les sociétés commerciales, Hovasse H. ; adde Hovasse H., « Un majeur en curatelle peut
1961, Sirey, n° 23, p. 32. être président du conseil d’administration d’une société
17) La révocation pour juste motif concerne : le directeur général anonyme ! », Dr. sociétés 2009, repère 11.
de SA (C. com., art. L. 225-55), les membres du directoire de 26) Asencio S., « Le dirigeant de société, un mandataire “spécial”
SA (C. com., art. L. 225-61), les gérants de SARL (C. com., art. d’intérêt commun », Rev. sociétés 2000, p. 689 ; également
L. 223-25), de SNC (C. com., art. L. 221-12), et de société civile en ce sens, Hasche-Dournaux M., Réflexion critique sur la
(C. civ., art. 1851). répression pénale en droit des sociétés, préf. Le Cannu P., 2005,
18) Pétel P., Le contrat de mandat, 1994, Dalloz, p. 17. LGDJ, Bibl. dr. privé, t. 439, n° 426, p. 298.
rer qu’entre deux types de personnes : qui lui est propre transcendant tous les
les associés ou la société. Seule la société intérêts catégoriels pris isolément, réunis
peut recueillir cette qualification (2) qui ou combinés 28.
ne saurait être recherchée dans les asso- Ainsi, la qualification de mandant attri-
ciés (1). buée aux associés ne peut être admise.
1) La qualité de mandant faussement Stéphane Asencio propose une identi-
recherchée dans les associés fication variable du mandataire. Le diri-
geant serait un mandataire particulier
Selon Jean-Christophe Pagnucco, les di- dont le mandant serait parfois les asso-
rigeants sont des mandataires de l’en- ciés, parfois la société 29. Théoriquement
semble des membres de la personne mo- concevable, ce dogme doit être rejeté car
rale 27. Sa thèse est fondée sur le fait que il n’existe qu’un mandant possible : la so-
l’acte sur lequel prend appui la nomina- ciété.
tion du dirigeant est l’œuvre des associés.
Cette approche doit être rejetée. Comme 2) La société, mandant naturel de son
le relève le professeur Michel Germain, représentant
l’idée selon laquelle les représentants de Dès lors qu’un contrat de mandat fonde
la société sont les mandataires des asso- le pouvoir de représentation du dirigeant
ciés est inexacte pour au moins deux rai- social, il ne peut s’agir que d’un mandat
sons. D’une part, ils sont souvent nom- conclu entre le représentant (le dirigeant)
més par la majorité des associés et non et le représenté (la société).
par tous. D’autre part, ils disposent de Cette proposition est traditionnellement
pouvoirs n’appartenant pas aux associés. rejetée au regard du droit des obligations.
En outre, il est certain que le rôle du di- Tout contrat nécessite la rencontre de
rigeant est de représenter la société et deux volontés propres. La société en étant
non les associés. Cette proposition nie, dépourvue, elle ne pourrait conclure un
par ailleurs, totalement la personnali- contrat de mandat 30. Cet argument n’est
té juridique de la société. Quel est l’inté- pas dirimant.
rêt de reconnaître la personnalité morale
d’une société, si son représentant est le S’agissant des personnes morales, la
mandataire de l’ensemble des associés construction idéaliste de l’autonomie de
ou actionnaires ? Dans ce cas, il ne repré- la volonté n’a pas de sens 31. Il faut ces-
sente non pas la personne morale mais ser de considérer que la représentation
ses membres. Dans ce système, la socié- donne lieu à une délégation de la volon-
té ne constitue plus une personne mais té du mandant au mandataire. En réalité,
une simple affectation du patrimoine. La la représentation consiste en la substitu-
société n’a alors aucune existence propre tion de la volonté du représenté par celle
et se confond entièrement avec ses du représentant 32.
membres. Le concept de personne mo- Ainsi, en désignant le dirigeant de la so-
rale n’a, dans ce cas, plus de sens. ciété, les associés représentent la société
De surcroît, il ressort de cette idée une elle-même. En usant de leurs pouvoirs de
appréciation particulière de la société. Si désignation, ils ne se choisissent pas un
l’on poursuit cette logique, au même titre représentant, ils nomment le représen-
que le dirigeant est le mandataire des as- tant de la société. D’ailleurs chaque com-
sociés, l’intérêt social n’est pas celui de la 28) Paillusseau J., La société anonyme. Technique d’organisation de
société mais l’addition des intérêts parti- l’entreprise, 1967, Sirey, p. 196 et s.
culiers de l’ensemble de ses membres. Or 29) Asencio S., « Le dirigeant de société, un mandataire “spécial”
d’intérêt commun », Rev. sociétés 2000, n° 22, p. 701.
la société s’est vu reconnaître un intérêt 30) Gibirila D., Le dirigeant de société, 1995, Litec, n° 11, p. 12.
31) Savatier R., « L’écran de la représentation devant l’autonomie
27) Pagnucco J.-C., L’action sociale ut singuli et ut universi en droit de la volonté des personnes », D. 1959, chron. p. 47, n° 2.
des groupements, préf. Deboissy F., 2006, LGDJ, nos 245 et s., 32) Savatier R., « L’écran de la représentation devant l’autonomie
p. 140 et s. de la volonté des personnes », D. 1959, chron. n° 4, p. 48