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INSTITUTIONS INTERNATIONALES
FDD SEMESTRE II
INTRODUCTION GENERALE
1- Définition
Pour définir la notion d’institutions nous allons nous inspirer des travaux
du doyen Maurice Hauriou. Il conçoit les institutions comme le produit d’une
lente évolution sociale, passant d’abord par une idée d’œuvre ou d’entreprise,
qui nait dans un milieu social, ensuite la mise sur pied d’organes destinés à la
réaliser, enfin l’assentiment de ceux qu’elle englobe. Dès lors, l’organisation
devient durable c'est-à-dire instituée.
D’après l’auteur, une institution est une idée d’œuvre ou d’entreprise qui
se réalise et dure juridiquement dans un milieu social. Il apparait ainsi deux
phénomènes.
D’une part, pour la réalisation de cette idée, un pouvoir s’organise et lui
procure des organes, d’autre part, entre les membres du groupe social intéressé à
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la réalisation de l’idée, il se produit des manifestations de communion dirigées
par les organes du pouvoir et réglées par des procédures.
2- Les différentes sortes d’institutions et leurs caractères
a- Les différentes sortes d’institutions
Les institutions sont une pure création humaine et on rencontre généralement
deux sortes qui sont les institutions vivantes et les institutions inertes.
Les institutions vivantes sont encore appelées les institutions groupes. Elles sont
de nature corporative et tendent à la personnification morale. Elles constituent
une sorte d’organisation personnifiée c’est à dire dotée de la personnalité
juridique. Il s’agit d’un attribut qui leur permet d’agir comme des personnes
physiques d’ou le terme institution personnes – institution corps ou encore
institution groupe. Exemples : Etat – Commune – Association ou Syndicat –
Etablissement public.
Tandis que les institutions inertes appelées encore institutions choses sont
dépourvues d’autonomie. Elles sont des institutions qui ont une existence
indépendante des personnes qui les établissent ou qui ne sont pas personnifiées.
Exemples : la loi – l’élection – le vote ou le droit.
b- Les caractères des institutions
Phénomène social, les institutions possèdent trois principaux caractères.
Le caractère fonctionnel
Le terme fonctionnel doit être considéré ici dans uns sens dynamique. Les
hommes vivent et évoluent au sein d’une société. Il est donc évident que les
hommes qui ont établi une institution assignent en même temps à celle-ci la
fonction d’assurer la réalisation concrète des idées et des valeurs, auxquelles elle
est liée. A cet effet, l’institution possède donc un caractère fonctionnel. Exemple
: l’Université ou les établissements scolaires ont pour fonction l’enseignement.
Le caractère durable
Les croyances, les convictions, les idées qui sont parvenues au niveau des
valeurs sociales parce qu’elles sont acceptées par la collectivité sont
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évidemment des phénomènes durables. Aussi les institutions qui les représentent
qui ont pour fonction de les maintenir, ou de les réaliser sont dès lors elles aussi
des phénomènes durables. Comme le mentionne si bien le Larousse du XXe
siècle, Instituer signifie établir et fonder de manière durable.
Le caractère fondamental
A ce niveau de l’explication, on peut faire un lien avec le caractère précédent
dans la mesure où ; ne dure que ce qui est important et fondamental.
C’est ainsi qu’il est admis que les institutions d’un pays désignent les lois
fondamentales (constitution) qui les régissent. Les institutions jouent à ce titre
un rôle capital ou primordial et leur vitalité dépend en grande partie de
l’adhésion populaire qu’elles suscitent au sein des sociétés humaines.
3- Les rapports entre le droit et les institutions
L’institution et le droit sont deux phénomènes sociaux aussi existe – il un lien
étroit entre eux. Non seulement parce que le droit est déjà par lui-même une
institution relevant de la catégorie des institutions inertes, mais aussi parce que
les institutions vivantes ont besoin du droit pour exister.
Les institutions naissent, vivent et meurent juridiquement ; elles naissent par des
opérations de fondation qui leur fournissent leur fondement juridique ; elles
vivent d’une vie à la fois objective et subjective, grâce à des opérations
juridiques de gouvernement et d’administration répétées et liées par des
procédures. Enfin elles meurent par des opérations juridiques de dissolution ou
d’abrogation.
Les institutions sont conçues comme des foyers de droit. Toute institution
secrète un droit qui lui est propre et qui est indispensable pour assurer la
réalisation de l’idée d’œuvre autour de laquelle elle a été érigée.
4 L’institution internationale et la société internationale
A la différence des institutions qu’on rencontre dans l’ordre interne des Etats,
les institutions internationales sont de purs produits de la société internationale
autrement dit une pure création des Etats souverains.
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Une institution internationale est un organisme qui dispose du statut d'institution
lui permettant d'exercer des activités au niveau international. Par exemple
l’ONU, CEDEAO ; UA, BAD.
II- Droit international et diversité des relations internationales
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Cette distinction entre société et communauté vient de la théorie sociologique
allemande. La communauté gemeinschaft est basée sur le sentiment (parent,
voisinage, amitié, …). La société gesellschaft est basée sur la nécessité des
échanges, des intérêts. Pourtant, les différences entre les états n’empêchent pas
l'existence d'une inspiration commune (à la paix, un sentiment commun de
justice, l'interdépendance économique, …).
L’appel à la communauté international est réservé à des questions
particulièrement grave qui appel à l'expression d'un sentiment de solidarité et de
cohésion des membres de la société internationale.
Unité et diversité :
Le droit international n’est pas homogène. Il est composé de règles générales et
particulières qui faudra combiner. La notion de normes générales fait référence
en droit international public à une norme qui est géographiquement applicable à
toute la société internationale. L'existence de ce droit international générale est
reconnue par le statut de la Cour internationale de Justice qui récapitule les
sources formelles du droit international public, mais aussi de la jurisprudence
internationale.
Ces normes générales sont d'origines coutumières, elles sont portées par une
source formelle du droit international public : la coutume internationale. Ces
règles générales coexistent avec des règles particulières qui seront propres à
certains États ou à un groupe d’États. Ces normes spéciales sont généralement
adoptées par les États au moyen d'une autre source formelle du droit
international : les traités internationaux. Ces traités peuvent être bilatéraux et lier
deux États, ou multilatéraux et lier plusieurs États. Ils peuvent aussi permettre de
créer des organisations internationales qui seront à leur tour dotées de la
personnalité et de la capacité juridique.
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III- De l'inter étatisme stricte à l'institutionnalisation du droit
international
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IV- ARRIMAGE DU COURS
Il ressort de ce qui précède que ce cours a pour objet l’étude des normes, des
mécanismes, des organisations qui existent dans la société internationale et qui
par leur importance et leur caractère fondamental y ont acquis une valeur
institutionnelle. Il s’agira véritablement d’une introduction à l’étude de la
société internationale et du droit international. Il est à souligner qu’à la
différence de la société nationale relativement stable, la société internationale est
une société mouvante, soumise à une évolution incessante. Le seul nombre des
organisations intergouvernementales dépasse celui des Etats existant dans le
monde.
En effet, le développement de la mondialisation, la perception croissante de la
dimension internationale des problèmes, la multiplication des conflits et des
menaces contribuent à alimenter l’intérêt des institutions internationales et
surtout à les créer. Ce cours offre donc les possibilités pour mieux comprendre
les nouveaux enjeux du monde contemporain et se présente également comme la
clé de la compréhension du fonctionnement des organisations internationales.
Son enseignement répond au souci classique de former les étudiants et
contribue à la compréhension du fonctionnement des institutions internationales
ou des organisations internationales.
Les activités internationales des Etats sont nombreuses et concernent de
nombreux domaines diversifiés. Par conséquent, les institutions qui
accompagnent ces activités sont également nombreuses.
Dès lors, une première partie de ce cours sera consacrée aux institutions
internationales régissant les rapports entre les Etats et une seconde partie aux
institutions internationales reposant sur une organisation spécifique des Etats :
les organisations internationales.
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De tout temps, les Etats ont entretenu entre eux des relations dans plusieurs
domaines. Celles-ci toutefois présentent deux caractéristiques essentielles : elles
peuvent être soit pacifiques ou soit conflictuelles c’est-à-dire belliqueuses. Par
conséquent, les Etats se sont dotés d’institutions qui vont régir les rapports
pacifiques ou les rapports conflictuels.
Chapitre I : Les institutions internationales régissant les rapports
pacifiques entre Etats
Dans ce cadre très général, les Etats apparaissent comme les principales
institutions (section I), à côté des institutions diplomatiques et consulaires
(section II).
Section I : L’Etat, une institution internationale
Les juristes admettent sans l’ombre d’un doute que l’Etat est la première
institution internationale. Il est une personne morale juridique et souveraine.
Cela veut dire que chaque Etat ou tout Etat est souverain. La souveraineté
signifie que l’Etat n’a d’injonction ou de contrainte à recevoir de qui que ce soit
ou de son semblable. C’est donc l’attribut qui permet à l’Etat de paraître comme
supérieur sur le plan interne et d’être égal aux autres Etats sur le plan
international. Ce dernier est le cadre à travers lequel l’Etat apparait comme une
véritable institution qui intervient pour créer avec ses semblables des institutions
appelées institutions internationales. Ceci a été possible grâce à la souveraineté
qui se présente comme exclusive à l’Etat (section I) et qui doit par conséquent
être protégée (section II).
Paragraphe I -L’exclusivité de la souveraineté internationale de l’Etat
L’Etat possède l’exclusivité de la souveraineté. L'État est la seule personne de
droit international à laquelle puisse être associée l'idée de souveraineté en ce
qu'elle implique juridiquement la disposition d'une libre puissance politique
générale, la libre détermination en toute matière dans les rapports avec les autres
sujets du droit international. Par opposition à l'État, les organisations
internationales ne sont pas souveraines parce que, précisément, elles sont
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limitées dans leur libre détermination politique par leur spécialité statutaire, par
leur charte constitutive. Elles n'ont pas ce libre champ général d'activités dont
disposent les États. Ayant par ailleurs des puissances souveraines comme
membres, une superposition de souverainetés en leur sein ne saurait se
concevoir.
A- La souveraineté de l’Etat comme fondement de ses compétences
internationales
La souveraineté permet à l’État d’exercer des compétences sur le plan interne et
sur le plan international. Ces compétences peuvent être exclusives et connaitre
néanmoins certaines limites.
I–Le champ juridique lié à l’exercice de la souveraineté : les compétences
exclusives
Le concept de souveraineté n’a de sens que dans le champ juridique dans la
mesure où il s’agit d’un concept juridique qui ne saurait être transposé dans le
champ de l’analyse politique. Dans cette dernière, souveraineté signifie
puissance et exprime une situation de fait.
Ainsi dans le champ juridique, la souveraineté de l’Etat signifie que l’Etat
possède l’intégralité de ses compétences sur son territoire. Il en est le maître
incontesté et toutes les activités qui lui incombent en tant que structure puissante
lui appartiennent. Le droit international continue de lui reconnaître l’exercice
d’un domaine de compétences afférent à ce qui « relève essentiellement de la
compétence nationale» de l’État (art. 2 par. 7 de la Charte des Nations unies).
Mais ces compétences exclusives ne sont pas illimitées.
II- Les limites des compétences exclusives : la menace contre la paix et la
sécurité internationale
Rappel du principe : On est souverain par le jeu de deux éléments conjugués et
indissociables :
1) le fait que dans un champ juridique déterminé, on se situe au sommet des
sujets qui en sont les acteurs,
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2) le fait qu’aucune autorité supérieure, n’interfère et ne vienne brider le libre
exercice de ces compétences.
Cela ne signifie en rien que le territoire de l’État puisse être un sanctuaire à
l’abri de tout droit de regard du reste du monde.
Par exemple dans le cas où l’Etat n’a plus la maîtrise de la définition de la
finalité de l’action politique. Cela signifie qu’il n’a plus la libre détermination de
ce qui est fondamentalement bénéfique pour son peuple. Cette finalité
supérieure de l’action politique interne est définie par le droit international
contemporain :
Ce doit être d’une part le respect des droits de l’homme et des libertés
fondamentales (art. 1, par. 3 et art. 55-a et c de la Charte des Nations unies). A
cet égard, les systèmes universels et régionaux de protection des droits de
l’homme tissent de nos jours un réseau de plus en plus serré de contraintes
externes sur les États, avec la possibilité de recours direct des individus contre
un Etat sur le fondement de la convention relative à la sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales.
B - La maîtrise des limitations de la souveraineté par l’Etat
Il n’y a pas de théorie de la souveraineté limitée de l’Etat. Ce dernier a bien la
plénitude de la souveraineté. Cela signifie qu’il a une totale maîtrise, et lui seul,
des limitations à apporter à sa souveraineté.
Il s’agit d’un principe qui n’est pas en contradiction avec la possibilité d’une
intervention extérieure sur son territoire, décidée dans un cadre institutionnel
approprié et dans les conditions de la licéité internationale, sur le fondement de
traités universels ou régionaux ou de la coutume internationale.
Ces interventions, que ce soit à titre humanitaire (obligation internationale de
protéger une population en péril) ou à titre de maintien de la paix et de la
sécurité internationales (chapitre VII de la Charte des Nations unies) sont
toujours ponctuelles, c’est-à-dire à échéance fixée, même si la durée peut en être
renouvelée par des résolutions successives.
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L’Etat peut donc limiter l’exercice de sa souveraineté par la voie d’engagements
internationaux auxquels il a consenti librement par la voie de traités ou bien
d’actes unilatéraux constitutifs eux-mêmes d’un engagement, donc d’une
obligation internationale auto-créée, lorsqu’ils sont annoncés comme tels.
Paragraphe II- La protection de la souveraineté de l’Etat
La souveraineté de l’Etat est sacrée d’où l’idée de sa protection et au moins deux
principes se trouvent en connexion étroite pour là protéger. D’abord le principe
de l’exclusivité de juridiction de l’Etat sur son territoire. Ensuite la possibilité de
compétences de l’Etat au-delà de ses frontières.
A - L’exclusivité de juridiction de l’Etat sur son territoire : les principes de
non-ingérence et de non-intervention étrangères
L’exclusivité de juridiction que possède l’Etat sur son territoire signifie la
compétence dont dispose ce dernier pour organiser en toute indépendance, sa vie
même en tant qu’Etat. Cette exclusivité est aussi consacrée par les principes de
l’article 2 de l’ONU
I -Le principe de compétence exclusive de l’Etat sur son territoire comme
socle de sa souveraineté
La souveraineté est considérée par certains juristes comme la compétence des
compétences pour exprimer cette supériorité de l’Etat dans l’ordre interne.
L’Etat détermine librement son organisation interne. Il se dote d’une
constitution qui détermine les compétences des différents organes, institutions
ou des pouvoirs. Grâce à sa souveraineté, l’Etat détermine son système politique
ou économique. Toute activité qui se déroule dans le cadre interne et sur son
territoire est donc de la souveraineté de l’Etat.
II– Les principes de l’article 2, par.1 de la Charte de l’ONU
Les principes consacrés par l’article 2 reposent sur la non intervention et la non-
ingérence. Cependant avec l’évolution de la société internationale on assiste à
l’émergence d’une « obligation de protéger » ou la responsabilité de protéger
avec des cas particuliers d’interventions.
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A- Le contenu de l’article 2 par.1 et ses implications : non-ingérence et
non-intervention
L'article 2, paragraphe 7 de la Charte des Nations unies est l'affirmation
contemporaine des principes de non-ingérence et de non intervention: « Aucune
disposition de la présente charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans
des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat ».
Ce qui est interdit à l’organisation, l’est a fortiori aux États entre eux. Pour
traduire cette obligation de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre
État, certains auteurs utilisent la notion de « domaine réservé » de l’État. Mais il
y a lieu de s’interroger sur les notions mêmes de non-ingérence ou de non-
intervention.
L’ingérence consiste pour un État - ou une organisation internationale - en une
implication dans les affaires politiques intérieures d’un État, qui peut être
indépendante de toute incursion sur le territoire. L’ingérence porte atteinte à la
libre détermination politique de l’État visé et réside généralement en une simple
déclaration d’une autorité publique étrangère.. Mais il peut également s’agir
d’actes à caractère non militaire commis sur le territoire de l’Etat visé par des
agents d’un autre Etat et tendant par exemple à susciter des émeutes, à créer de
l’agitation, à déstabiliser le régime politique, etc. L’ingérence n’a pas le
caractère d’une incursion militaire ou d’une action, même limitée qui pourrait
être assimilée à une action de nature militaire, sur un territoire.
L’intervention réside en une implication territoriale. Elle prend donc une forme
physique, matérielle : elle concerne la présence effective d’autorités et de forces
étrangères sur le territoire d’un État. A ce titre, l’intervention peut avoir été
sollicitée. L’intervention porte ainsi directement atteinte à deux principes du
droit international: l'intégrité territoriale et la compétence territoriale exclusive
d'un Etat. L'intervention, par sa matérialité, est strictement proscrite par le droit
international, d’autant qu’elle peut prendre, lorsqu’elle revêt une certaine
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ampleur, la forme d’une agression, celle-ci est considérée comme le summum de
l’illicite par le droit international.
b- L’émergence d’une « obligation de protéger » ou la responsabilité de
protéger
Cette nouvelle notion élaborée par une récente convention signée sous l’égide
des nations unies permet de sortir de l’ambiguïté conceptuelle des notions
doctrinales françaises de droit d’ingérence et de devoir d’ingérence. La notion
de droit d’ingérence paraît être la plus discutable des deux, car elle peut être
contestée à la fois dans son principe et dans sa formulation. En effet, la formule
est pour le moins ambiguë. Qui dit ingérence, dit en effet, au sens du droit
international, la volonté manifeste de modifier le régime politique intérieur de
l’État visé. Or, comme on l’a vu, ne serait-ce qu’en vertu de l’article 2,
paragraphe 7 de la Charte des Nations unies, le droit international public
l’interdit.
Le « devoir d’ingérence » apparaît comme constitutif d’une obligation
internationale. Celle de se mêler des affaires intérieures d’un État dès lors que
celui-ci ne paraît pas à même de faire face à une situation d’urgence humanitaire
qui frappe sa population. Néanmoins, l’idée d’ingérence est toujours présente.
C’est au demeurant la raison pour laquelle l’ONU ne parle jusqu’à présent dans
ses résolutions que d’ « assistance humanitaire ».
Toutefois, il fallait trouver un fondement théorique et juridique à la nécessité qui
se présente parfois pour la communauté internationale d’intervenir dans les
affaires d’un Etat lorsque la population de celui-ci se trouve dans une situation
d’urgence humanitaire. Dans certaines circonstances en effet, il peut y avoir une
nécessité absolue de transcender, pour le bien de la communauté nationale
concernée, et au-delà, pour celui de l’ensemble de la communauté
internationale, l’exclusivité de compétence que possède un État sur son
territoire. C’est ce que l’on a appelé un « droit d’intervention humanitaire »
avant de recourir à la formule « obligation de protéger ». Cette dernière ne
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constitue pas une avancée du droit international contemporain dans la mesure où
la finalité en est strictement la même que celle que tend à traiter le concept de «
droit d’ingérence ». Mais un point essentiel est à prendre en compte : une
intervention à vocation humanitaire, qui nécessite dans tous les cas un appui
militaire important, ne peut être licite au regard du droit international que si elle
est décidée par le Conseil de sécurité des Nations unies.
L’histoire des Nations unies révèle d’exemples d’opérations d’assistance
humanitaire.
Exemple 1 : ONU, Rés. 43/131, du 8 décembre 1988 « relative à l’assistance
humanitaire aux victimes de catastrophes naturelles ou victimes de situations
d’urgence du même ordre » : nécessité pour les ONG de disposer d’un libre
accès aux victimes.
Exemple 2 : ONU, rés. 688 du 5 avril 1991 relative à l’Irak : « un accès
immédiat des organisations internationales humanitaires à tous ceux qui ont
besoin d’assistance dans toutes les parties de l’Irak ».
Exemple 3 : ONU, Rés. 794 du 3 décembre 1992 relative à la Somalie va encore
plus loin en affirmant comme principe que : « les obstacles à l’acheminement de
l’aide humanitaire, constituent une menace à la paix et à la sécurité
internationales ». Cette dernière permet l’application du chapitre VII de la
Charte, donc c'est-à-dire opération militaire, aux fins de sécuriser un territoire en
vue d’y acheminer un « secours humanitaire ».
c-Les cas particuliers d’interventions
Il existe des situations dans lesquelles le droit international admet la licéité d'une
intervention sur un territoire étranger. Elle peut prendre la forme d’une
intervention qui peut être soit unilatérale de la part d’un État, soit multinationale
de la part d’une coalition d’États, soit multilatérale sur le fondement de la
décision d’une organisation intergouvernementale disposant des compétences
statutaires pour cela.
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Il s'agit en premier lieu du cas d'appel à l'aide de l'Etat faible auprès d'un Etat
avec lequel peuvent avoir préalablement été passés des accords d'assistance
civile ou militaire, voire éventuellement aucun accord, si ce n'est celui qui
découle tacitement de l'acceptation réciproque de l'intervention. Il s'agit en
second lieu du cas où des ressortissants d'un Etat se trouvent en péril grave
imminent sur le territoire d'un autre Etat, ce que l’on a parfois appelé «
l’intervention d’humanité » ou encore « opérations de sauvegarde de
ressortissants en péril ». Il peut s’agir enfin d’une intervention humanitaire
décidée par l’instance compétente d’une organisation internationale comme le
Conseil de sécurité de l’ONU.
B - La possibilité de compétences de l’Etat au-delà de ses frontières : le
principe d'extraterritorialité
Le principe d’extraterritorialité signifie que l’Etat peut, exercer l'intégralité de
ses compétences territoriales au-delà de la zone territoriale dans laquelle elles
sont normalement circonscrites. Cela peut également être la conséquence de la
compétence personnelle que tout Etat a vocation à exercer sur ses ressortissants
séjournant à l’étranger. Une telle compétence est possible grâce au lien de
nationalité d’où une interrogation d’abord sur le fondement du lien de
nationalité et ensuite sur les effets du lien de nationalité.
I- Le fondement : le lien de nationalité
La nationalité est le lien juridique et politique qui rattache une personne
physique ou morale à un Etat. En fonction de leur souveraineté, les Etats
peuvent déterminer librement le lien de nationalité. Il s’agit de la compétence
exclusive. Cela veut dire que chaque Etat détermine librement sa nationalité.
Cette dernière s’acquiert et se perd par la survenance de certains évènements :
naissance, mariage, par une norme juridique posée par l’Etat (naturalisation).
Dans l’arrêt rendu dans l’affaire Nottebohm, CIJ 6 avril 1955 Rec 1955,
Liechtenstein c/ Guatemala, la cour écrit « il appartient … à tout Etat souverain
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de régler par sa propre législation l’acquisition de sa nationalité ainsi que de
conférer celle-ci par la naturalisation… ».
II- Les effets du lien de nationalité
Le monopole de la souveraineté de l’Etat dans le domaine de la nationalité lui
permet à la fois d’exercer certaines prérogatives et de protéger ses nationaux.
Dans le premier cas, la compétence personnelle permet à l’Etat de légiférer sur
les actes de ses nationaux qu’ils se trouvent sur le territoire national ou à
l’étranger.
Ainsi, s’il décide de nationaliser les biens de certains de ses nationaux, il ne se
posera pas de problèmes si ces nationaux se trouvent sur le territoire national.
Mais s’ils sont à l’étranger, le problème des effets extraterritoriaux des lois se
pose. Comment l’Etat étranger va-t-il accepter qu’une loi étrangère s’applique
sur son territoire ? Le problème est néanmoins réglé par le droit international qui
considère que dès que la loi étrangère n’est pas en contradiction avec le droit
interne, elle peut s’appliquer.
Dans le second cas, il s’agit de la protection diplomatique. La protection
diplomatique, c’est le droit pour tout Etat d’agir en faveur de ses ressortissants
auprès des autorités d’un Etat tiers sur le territoire duquel ces ressortissants ont
été victimes d’un dommage quelconque.
Pour que la protection diplomatique s’exerce, il y a trois conditions :
- L’existence d’un lien de nationalité entre la victime du dommage et l’Etat
protecteur au moment où le dommage a eu lieu et au moment où l’Etat endosse
la réclamation de son national.
- La règle de l’épuisement des voies de recours internes c’est-à-dire
qu’avant de s’adresser à son Etat, le particulier doit avoir usé de tous les recours
que l’Etat dans lequel il se trouve lui offre.
- La règle des mains propres ou “clean Hands” conduite correcte. Elle
équivaut à la règle nemo auditur.
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Si ces conditions sont remplies, l’Etat peut accorder sa protection diplomatique
car en la matière, il a un pouvoir discrétionnaire.
Section II : Les traités internationaux comme institutions internationales
D’après la doctrine, le traité désigne tout accord conclu entre deux ou plusieurs
sujets du droit international destiné à produire des effets de droit et régi par le
droit international.
Selon la Convention de Vienne de 1969, l’expression traité s’entend d’un accord
international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit international, qu’il
soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments
connexes et quelle que soit sa dénomination particulière.
On peut encore le désigner par accord, convention ou autre instrument qui crée
des obligations vis-à-vis des sujets de droit international ou des Etats. Il convient
de voir l’élaboration des traités et l’application des traités.
Paragraphe I – L’élaboration des traités
Par élaboration on entend l’ensemble des phases procédurales par lesquelles
passe le futur traité c’est-à-dire de la négociation initiale jusqu’aux ultimes
formalités par lesquelles est parachevée son entrée en vigueur.
L’élaboration des traités est une opération souvent longue, parce qu’il est
difficile de lier les sujets de droit international par des règles communes et de
faire s’accorder des volontés ou des intérêts généralement divergents. Les
compromis indispensables demandent du temps et il arrive que la procédure
s’interrompe et que faute d’accord, des traités conclus voire négociés ne
parviennent pas à entrer en vigueur.
Il y a donc lieu de noter que la procédure d’élaboration peut être donc plus ou
moins complexe. L’élaboration suppose plusieurs étapes et d’après la
convention de Vienne de 1969, on peut distinguer trois grandes phases : il s’agit
de la conclusion - des réserves et l’entrée en vigueur.
A – La conclusion des traités
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La conclusion au sens de la Convention de Vienne comporte deux éléments :
d’une part la rédaction et l’adoption du texte et d’autre part l’engagement des
intéressés ou des parties à l’égard du traité.
I – La rédaction et l’adoption du texte de traité
Cette phase est également appelée l’élaboration du texte. Cette première étape
comporte elle-même trois phases : premier l’échange des pleins pouvoirs –
deuxième les pourparlers ou négociations troisième l’authentification du texte.
a- Les pleins pouvoirs
Désignés en anglais par le terme "Traty Making Power", les pleins pouvoirs sont
des instruments solennels revêtus du sceau de l’Etat et qui permettent à une
personnalité dûment mandatée de mener les discussions ou d’adopter le texte au
nom de l’Etat qu’il représente. Cette personnalité dûment mandatée s’appelle le
plénipotentiaire. Il faut noter que les chefs d’Etat et le chef de gouvernement, les
ministres des relations extérieures et dans certains cas les chefs de mission
diplomatique ou les représentants accrédités auprès d’un organisme international
ou d’une conférence internationale sont dispensés de la formalité d’échange des
pleins pouvoirs.
Les pleins – pouvoirs permettent donc aux représentants ou aux plénipotentiaires
de mener les pourparlers ou les négociations.
b- Les pourparlers ou négociations
C’est la phase des propositions de texte et de contre - propositions et des
amendements. Durant les négociations, les plénipotentiaires souvent assistés
d’experts doivent se mettre d’accord non seulement sur les problèmes de fond,
mais aussi sur des questions de procédure. Les points souvent discutés et qui
sont considérées comme des dispositions préliminaires et finales portent sur : –
le lieu – la date de la conclusion du traité, l’entrée en vigueur du traité c’est-à-
dire à partir de quelle date (entrée en vigueur) – à l’égard de qui il produit ses
effets – modalités des réserves – modalités de modification – durée du traité et la
langue faisant foi.
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c- L’authentification du texte
Une fois le texte du traité adopté, il faut l’authentifier c’est-à-dire témoigner
solennellement de l’accord auquel les négociations sont arrivées. C’est la
procédure qui consiste à déclarer que le texte rédigé correspond à l’intention des
négociateurs et qu’ils le tiennent pour définitif. L’authentification s’effectue par
l’apposition de la signature. Cette dernière authentifie ainsi le texte du traité.
Celui-ci une fois signé ou paraphé, devient définitif. En principe, un texte
authentifié n’est plus susceptible de modification.
Telle est donc l’objet premier de la signature. Mais celle-ci, en principe
n’engage pas l’Etat. Elle signifie seulement qu’il convient de considérer que les
négociations sont achevées et que le texte peut être soumis aux organes
nationaux compétents pour exprimer le consentement définitif de l’Etat à être
lié.
II – L’engagement des intéressés à l’égard des traités
C’est également le consentement de l’Etat à être lié et il convient de distinguer
entre la procédure solennelle et la procédure simplifiée.
a- La procédure solennelle
Après la signature, la procédure traditionnelle de conclusion des traités
comporte un nouvel examen à l’issue duquel l’Etat exprimera son consentement
définitif à être lié. Ce consentement s’exprime par la ratification ou l’acceptation
ou l’approbation. Il s’agit de procédures solennelles qui ont une portée
significative au regard du Droit International. Dans tous les cas il s’agit d’actes
discrétionnaires accomplis selon des modalités propres au droit constitutionnel
de chaque Etat dont la signification est l’adhésion.
Cependant, la différence entre la ratification d’une part et l’adhésion d’autre part
est que dans le premier cas, le consentement à être lié suit la signature, alors que
l’adhésion émane d’un Etat qui n’a pas signé le texte au moment de la
négociation et qui signifie par un acte unique, son accord sur le texte adopté et
son désir d’être lié.
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Le traité entre en vigueur lorsque les Etats ont procédé à l’échange des
instruments établissant leur consentement à être lié ou lorsqu’ils ont déposé ces
instruments auprès du dépositaire qui peut être une personne ou un Etat. En droit
international positif, le Secrétaire général des Nations –Unies qui a la charge de
conserver le texte du traité et d’accomplir certaines formalités relatives à la vie
du traité est considérée comme dépositaire par excellence.
b- La procédure simplifiée
Pendant longtemps on a considéré que la ratification était indispensable pour
que le traité acquière une valeur obligatoire. On admet couramment aujourd’hui
que l’on peut faire l’économie de cette phase interne, ou intermédiaire et que le
consentement de l’Etat peut s’exprimer simplement par la signature ou par
l’échange des instruments constituant le traité si celui-ci le prévoit ou si les Etats
contractants expressément ou implicitement en conviennent ainsi.
A la différence des traités en forme solennelle, les accords en forme simplifiée
entrent donc en vigueur sans autres formalités que celles nécessaires à leur
élaboration et la signature joue ici un double rôle d’authentification du texte et
d’expression du consentement à être lié qu’il s’agisse des traités bilatéraux ou
multilatéraux. Il faut noter qu’au moment où il exprime son consentement, l’Etat
peut fréquemment émettre des réserves dans le cadre des conventions
multilatérales.
B – Les réserves et l’entrée en vigueur
Pour qu’un traité ou les traités trouvent toute leur signification, certaines
dispositions sont acceptées. Il s’agit souvent des facultés appelées réserves
reconnues aux parties ou aux futures parties au traité ainsi que les conditions
d’entrée en vigueur du ou des traités.
I – Les réserves
La réserve est une disposition unilatérale prise par un Etat partie au traité pour se
soustraire de l’application de certaines dispositions des traités. Il importe de
parler de sa signification et des conditions de son admission ou de son refus.
21
a – La signification des réserves
Aux termes de la convention de Vienne, "l’expression réserve" s’entend d’une
déclaration unilatérale, quel que soit son libellé ou sa désignation, faite par un
Etat (quand il exprime son consentement) par laquelle il vise à exclure ou à
modifier l’effet juridique de certaines dispositions du traité dans leur application
à cet Etat.
L’institution des réserves correspond au souci d’ouvrir les traités au plus grand
nombre possible d’Etats, tout en préservant la liberté de leur consentement.
Cette liberté serait menacée, si les Etats se trouvaient devant la seule alternative
d’accepter ou de rejeter le traité en bloc.
Les réserves expriment simplement la position formelle d’un Etat à l’égard de la
résolution en cause de sorte que son silence ne pourra pas ultérieurement lui être
opposé comme valant acquiescement. L’évolution des règles générales,
essentiellement applicables aux traités multilatéraux, a été marquée par un large
assouplissement de l’admission des réserves. La convention de Vienne fixe
cependant quelques conditions pour que les réserves émises par un Etat soient
opposables aux autres Etats contractants ou signataires.
b – Conditions d’admission ou de refus des réserves
En théorie, les réserves placent le traité devant un dilemme. Si l’on refuse de les
admettre, en court le risque de limiter le nombre des Etats qui s’engageront, car
peu accepteront l’ensemble des dispositions. En revanche, on sauvegarde l’unité
du traité et l’intégrité des règles qu’il pose. Si à l’inverse on admet les réserves
trop libéralement on assure une extension fallacieuse dans la mesure où chaque
Etat aura tendance à récrire le traité pour son compte démantelant ainsi son unité
juridique.
Par conséquent, il faut noter que les réserves peuvent être prévues par le traité
lui-même, ou qu’elles peuvent également faire l’objet des objections des autres
Etats parties au traité ou à l’accord. L’absence d’objection vaut acceptation de la
22
réserve une fois écoulé un délai d’un an. Réserves et objections peuvent
néanmoins être retirés à tout moment.
Il faut cependant remarquer qu’une réserve est impossible dans trois
hypothèses :
- Si elle est interdite par le traité,
- Si le traité énumère limitativement certaines réserves parmi lesquelles ne
figure pas la réserve en question,
- Si la réserve est incompatible avec l’objet ou le but du traité.
II – Entrée en vigueur du traité
Avec l’entrée en vigueur, le traité acquiert sa pleine force obligatoire à l’égard
des Etats contractants qui deviennent Etats parties et sont alors liés en vertu du
principe "Pacta Sunt Servanda".
Ce principe a été formulé par l’article 26 de la convention de Vienne qui stipule
"tout traité en vigueur lie les Parties et doit être exécuté par elles de bonne foi".
L’entrée en vigueur du traité est subordonnée à trois conditions – le dépôt – la
date d’entrée en vigueur et l’enregistrement.
a– Le dépôt
Sans être une formalité juridiquement obligatoire, le dépôt des conventions
multilatérales et des actes qui les concernent est fréquent. L’entrée en vigueur
d’un traité peut ainsi dépendre du dépôt d’un certain nombre d’instruments
exprimant le consentement auprès d’un dépositaire.
Le dépositaire peut être le principal fonctionnaire d’une organisation
Internationale comme le Secrétaire général de l’ONU, un organe d’une
Organisation Internationale, un ou plusieurs Etats.
Ses fonctions comportent un travail de secrétariat comprenant l’établissement
des copies certifiées conformes dans d’autres langues que le texte original, la
réception et la communication de tous les instruments relatifs au traité.
b – La date d’entrée en vigueur
23
La plus grande liberté est laissée aux Etats et aux traités qui déterminent
librement la date d’entrée en vigueur. La règle supplétive retenue par la
convention de Vienne (art 24) est que l’entrée vigueur est liée à l’expression du
consentement de tous les Etats ayant participé à la négociation. D’après la
convention de Vienne, l’entrée en vigueur des conventions ou traités
multilatéraux "est le trentième jour qui suivra la date du dépôt du trente
cinquième instrument de ratification ou d’adhésion".
c – Enregistrement et publication
L’obligation d’enregistrement et de publication est prévue par l’art 102 de la
Charte des Nations - Unies et l’art 80 de la convention de Vienne. Le Dépôt est
suivi donc d’un enregistrement effectué par le dépositaire sans aune condition de
délai.
L’article 102 dispose "Tout traité où accord international conclu par un membre
des Nation Unies après l’entrée en vigueur de la présente charte sera, le plutôt
possible, enregistré au Secrétariat et publié par lui". D’après le même article un
traité non enregistré ne peut être invoqué devant un organe de l’ONU surtout
devant la Cour Internationale de Justice.
Paragraphe II – La portée ou l’application des traités
Une fois entrée en vigueur, les traités lient les parties et doivent être exécutés
par elles de bonne foi. Ce sont les parties qui sont liées, c’est – à – dire que c’est
dans le cercle des Etats parties que le traité produit sa force obligatoire (A).
Mais en revanche les traités ne créent d’effets à l’égard des Etats tiers qu’avec
leur consentement (B).
A – Les effets des traités entre les parties
L’entrée en vigueur du traité déclenche son application. Le traité s’applique sur
une aire géographique donnée (I) et durant une période qui peut rester
indéterminée mais durant laquelle il peut être profondément modifié (II).
I – L’application du traité dans l’espace
24
L’application dans l’espace suppose l’application sur le territoire des Etats
parties prenantes. Et à ce propos il faut noter deux choses.
D’abord, il faut remarquer que l’article 26 de la convention de vienne de 1969
dispose "tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de
bonne foi". C’est dire à la fois qu’il est obligatoire pour les parties (ce que l’on
traduit par l’adage latin pacta sunt servanda :( il faut respecter la parole
donnée) et qu’il n’est obligatoire que pour elles.
La conséquence en est qu’un traité ne crée ni droits ni obligations pour un Etat
tiers à moins que celui-ci y consente.
Ensuite l’application du traité dans l’espace soulève le problème des rapports
entre le droit international et le droit interne. Il faut noter à cet effet qu’il ait un
principe généralement admis qui veut que le traité étant une création volontaire
de l’Etat constitue une norme supérieure par rapport à la règle constitutionnelle
interne c’est – à – dire la reconnaissance de la supériorité du droit international
par rapport au droit interne..
II – L’application du traité dans le temps
L’application normale du traité durant la période prévue peut être contrariée par
la survenance de certains incidents.
A moins d’intentions contraires des parties, un traité ne lie celles-ci qu’à
compter de la date d’entrée en vigueur et n’a pas d’effet rétro actif. C’est le
principe de la non - rétro activité des traités formulé par l’article 28 de la
convention de Vienne de 1969.
D’autre part, la durée d’application de l’accord est décidée dans le traité lui-
même par les parties soit qu’elles en autorisent la dénonciation (qui met fin au
traité pour la partie qui se retire) soit qu’elles en fixent le terme.
B – Les effets des traités à l’égard des tiers
En principe, un traité ne crée ni de droits ni d’obligations pour un Etat tiers.
C’est le principe de l’effet relatif des traités qui connait des assouplissements
justifiés par la pratique internationale et rendus nécessaires par les fonctions
25
internationales. Les effets d’un traité peuvent être étendus à des tiers suivant
plusieurs mécanismes juridiques. On distingue les mécanismes généraux et les
cas particuliers.
I – Les mécanismes généraux
Ils permettent de rendre compte de l’extension de certains traités à de nombreux
Etats d’une manière comptable avec leur souveraineté sur la base d’un accord
collatéral. Cela veut dire qu’il est admis que les tiers sans devenir parties au
traité peuvent consentir à certaines de ses dispositions, en vertu d’un accord
collatéral.
II – Les cas particuliers : la clause de la nation la plus favorisée
La CNF est une technique qui permet d’étendre à certains Etats les avantages
consentis à d’autres en vertu d’un traité. Elle est fréquemment utilisée dans les
traités de commerce, bilatéraux ou multilatéraux.
Elle répond au souci d’éliminer au maximum les discriminations et les inégalités
dans les Relations Internationales. C’est donc un mécanisme par lequel deux ou
plusieurs Etats, lors de la signature d’un accord introduisent dans cet accord une
disposition qui leur permet au moment venu de bénéficier des avantages liés à
un éventuel traité qu’il aurait ou qu’ils auront signé avec un tiers Etat non partie
au premier traité et surtout si celui-ci présente le même objet.
39
conséquence nécessaire conférées à l'organisation en tant qu'essentiel à
l'exercice des fonctions de celle-ci ».
À propos de la question de savoir si l'ONU pouvait prendre parti pour les ayants
droits du comte Bernadotte, la cour continua « à considérer le caractère des
fonctions confiées à l'organisation et la nature des missions de ses agents, il
devient évident que la qualité de l'organisation pour exercer dans une certaine
mesure une protection fonctionnelle de ses agents est nécessairement appliquée
par la charte ».
Depuis, la théorie des compétences implicites a fait l'objet d'une jurisprudence
constante de la cour internationale de justice, et a été appliqué par d'autres cours
internationales comme la cour de justice des communautés européennes dans
l'affaire AETR de 1971 ou par la CEDH dans l'affaire Lawless de 1960.
La théorie des pouvoirs implicites peut être considérée comme une directive
d'interprétation des chartes constitutives des organisations internationales. Mais
cette théorie n'a pas pour objet d'inventer ni de modifier les compétences des
organisations internationales mais de permettre de donner effet aux pouvoirs
explicites qui leurs ont été confié.
Fonctions et compétences : Les fonctions font référence aux finalités des
activités des organisations : une coopération technique, une coordination
politique. Les compétences de chaque organisation sont des pouvoirs juridiques
qui sont reconnus aux organisations et dont le choix est déterminé à leur
adaptation aux fonctions prioritaires de chaque organisation. Ainsi, la typologie
utilisée différencie les fonctions de coopération qui ont pour objectif de
rapprocher des politiques qui restent de la responsabilité des États, et les
fonctions d'intégration qui ont pour objet de développer des politiques
communes définies et gérées par l'organisation. Ainsi, le risque d'atteinte à la
souveraineté étatique est plus faible dans les organisations de coopération que
dans les organisations d'intégration.
40
Compétences normatives et opérationnelles : Les compétences normatives sont
celles qui autorisent l'adoption de normes, c'est-à-dire de règles juridiques de
portée générale ou individuelle. Les compétences opérationnelles consistent en
des activités de gestion ou de conseil dans le domaine administratif,
économique, technique ou financier.
Les compétences normatives des organisations internationales sont presque
considérées de droit commun car presque toutes les organisations les exercent au
moins pour assurer leur propre fonctionnement. Ces compétences normatives
sont plus développées lorsque l'organisation développe des compétences
opérationnelles car l'organisation doit aussi définir le cadre juridique de ses
opérations. La compétence normative des organisations consiste aussi dans le
droit de participer à des conventions internationales.
Les compétences opérationnelles des organisations internationales regroupent
tous leurs pouvoirs d'action qui sont autre que celui d'édicter des normes. Il peut
s'agir du pouvoir de participer à des procédures de règlement des différends,
d'apporter une assistance administrative ou technique à ses membres, de
contrôler la régularité d'opérations électorales ou de pouvoir avoir une
représentation diplomatique et d'exercer la protection fonctionnelle de
l'organisation à l'égard de ses agents. Ces compétences opérationnelles
impliquent l'exercice d'une activité sur un territoire étatique et à l'égard de
personnes physiques. Contrairement aux compétences des États, les
compétences des organisations internationales ne sont pas systématiques et
doivent avoir un fondement express.
Le contrôle de l'exercice des compétences :
Pour le contrôle de l'exercice des compétences par les organisations
internationales, il importe de vérifier l'utilisation correcte du pouvoir qui leur a
été confié dans un but précis, et inversement, de protéger les compétences qui
ont créés l'organisation. En premier lieu, c'est à chaque organisation qu'il revient
d'interpréter sa charte constitutive et donc de déterminer les cadres dans
41
lesquelles doivent s'exercer leur compétence. Généralement, cette tache revient à
l'organe suprême de l'organisation, cet organe peut aussi vérifier l'interprétation
du traité constitutif par d'autres organes qui lui seraient subordonnés. Par
exemple, au sein de l'organisation des nations-unies, l'assemblée générale agit
aussi pour certains organes principaux comme le conseil économique et social,
le secrétariat et pour ses organes subsidiaires. Pourtant, la charte des nations-
unies prévoient l'égalité statutaire entre l'assemblée générale et le conseil de
sécurité de l'ONU pour qu'en cas de différend d'interprétation de la charte entre
ces deux organes relève de la détermination d'un tiers, soit la cour internationale
de justice dans sa fonction consultative.
Les États ont aussi compétence pour interpréter la charte constitutive de
l'organisation car ils détiennent le droit d'interpréter leurs propres engagements
conventionnels. En cas de désaccord entre les organes statutaires et les membres
de l'organisation, on peut rencontrer deux cas de figure : - D’une part, le traité
constitutif peut prévoir que l'interprétation de l'un prévaudra sur celle des autres.
C'est le cas au sein du fonds monétaire international où le conseil du gouverneur
a l'autorité finale en matière d'interprétation. - D'autre part, en l'absence d'une
solution conventionnelle, c'est un mécanisme juridictionnel qui devra résoudre
l'opposition mais il faudra que la saisine d'une juridiction internationale soit
possible.
Les organisations internationales peuvent saisir la cour internationale de justice
selon la procédure consultative pour lui demander un avis qui n'est pas pourvu
de force obligatoire. C'est le cas de l'avis sur la licéité de l'utilisation des armes
nucléaires, dit avis OMS, car il a été sollicité par cette dernière organisation.
Seuls les États membres de l'ONU peuvent solliciter une décision obligatoire de
la cour par le biais de la procédure contentieuse comme le montre la décision de
la cour permanente de justice internationale du 10 septembre 1929 relative à la
commission international de l'Oder. Autre exemple d'organisation internationale
d'intégration, la cour de justice de l'Union Européenne peut être saisit pas les
42
États membres ou les organes de l'organisation de manière plus restrictive que
par les personnes privées directement affectées par les décisions de
l'organisation.
49
qu’on rencontre les institutions internationales qui encadrent ou régissent les
relations conflictuelles.
- les modes pacifiques ;
- Les modes non pacifiques.
Section I – Les modes pacifiques
Les modes pacifiques s’insèrent dans le cadre très général du règlement
pacifique des différends internationaux et selon le droit international, «Les
parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le
maintien de la paix et de la sécurité internationale doivent en rechercher la
solution avant tout par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de
conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organisations
ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix».
Aussi dans le règlement pacifique des différends, il faut distinguer d’une part les
institutions relatives au règlement non juridictionnel et d’autre part les
institutions relatives au règlement juridictionnel.
Paragraphe I – Des institutions relatives au règlement non juridictionnel
des différends
Le règlement non juridictionnel des conflits internationaux est consacré par deux
sortes de procédés : d’abord dans le cadre interétatique et ensuite dans le cadre
des organisations internationales.
A – Les procédés interétatiques
La technique la plus ancienne repose sur la négociation. En règle générale, elle
ne met en présence que les Etats directement en litige. Les tiers peuvent
cependant y intervenir en vue d’en faciliter l’aboutissement. Il y a donc la
négociation diplomatique et l’intervention d’un tiers.
I – La négociation diplomatique
Pour ce qui concerne la négociation diplomatique, elle est considérée comme
une obligation qui a un fondement et qui exerce certaines fonctions.
a) Le fondement
50
L’obligation de négocier a un fondement coutumier. C’est le degré minimum de
l’obligation de régler pacifiquement les différends internationaux et la condition
de mise en œuvre de procédés plus techniques. Son usage ou sa pratique a fait
l’apanage des rapports interétatiques classiques. C’est pour cette raison
d’ailleurs que la plupart des organisations internationales en font un rappel dans
leurs statuts. Aussi de nombreuses conventions en font référence.
b) Les fonctions de la négociation diplomatique
L’obligation de négocier s’impose d’abord en soi dès que deux sujets du droit
international sont en litige, et aussi, parce qu’elle constitue le minimum de ce
qui est attendu d’eux pour régler pacifiquement tout différend. A ce titre, la
négociation directe entre Etats en conflit constitue la technique de droit commun
c’est-à-dire qu’elle trouve à s’appliquer en toutes circonstances même sans
texte.
II – L’intervention du tiers
Il est toujours possible aux parties à un litige de faire appel, dès le départ de la
négociation ou au cours de celle-ci, à d’autres Etats ou aux organes
d’organisations internationales. Il s’agit de tiers. Le recours à des tiers ne vise
pas seulement à faciliter la négociation elle-même. Il peut également avoir pour
objet d’apaiser la tension ou de préparer les conditions d’ouverture de cette
négociation, ou encore de garantir le respect de la solution négociée.
Dans l’intervention du tiers on rencontre trois techniques qui sont :
- les bons offices et la médiation ;
- l’enquête internationale ;
- la conciliation internationale.
a) Les bons offices et la médiation
Les bons offices désignent l’intervention d’une tierce puissance qui juge « bon
d’offrir» son entremise pour faire cesser un litige entre deux Etats, ou qui est
invitée à le faire par l’un ou les deux Etats en conflit.
51
C’est le degré le plus modeste de l’intervention. L’Etat tiers utilise son influence
morale ou politique pour établir le contact – ou rétablir le contact entre les
parties et facilite l’organisation matérielle de la négociation. En principe, l’Etat
tiers ne prend pas une part directe aux conversations, qui restent l’œuvre
exclusive des parties au différend. Sa tâche est terminée dès que les adversaires
acceptent de se rencontrer et entament la négociation.
La médiation quant à elle, offerte ou demandée consiste en premier lieu, comme
les bons offices à mettre en présence les protagonistes d’un conflit. Mais elle ne
s’en tient pas là. Le médiateur propose des bases de négociation et intervient
dans le déroulement de la négociation pour favoriser un rapprochement des
points de vue des intéressés, sans chercher cependant à imposer une solution. Le
médiateur est autorisé à suivre et même à guider la négociation jusqu’à son
aboutissement.
Il faut signaler que les deux modes d’intervention du tiers présentent des
caractères communs au point qu’ils sont parfois confondus.
b) L’enquête internationale
Elle est considérée comme un moyen interétatique de règlement non
juridictionnel des conflits internationaux. L’enquête consiste dans une recherche
portant sur des faits présentés comme à l’origine d’un litige en vue de constater
leur matérialité, leur nature, les circonstances qui les accompagnent et dans la
fourniture d’un rapport aux parties. C’est une tâche qui est le plus souvent
confiée à un organe collégial dit commission d’enquête. Une commission
d’enquête est constituée en vertu d’un accord spécial entre les parties en litige,
qui précisera la mission qui lui est confiée. L’accord indique les faits à
examiner, les modalités de composition et le délai de constitution, l’étendue des
pouvoirs de la commission.
Il faut signaler que le rapport de la commission d’enquête n’a aucun caractère
obligatoire dans la mesure où les parties restent entièrement libres des suites à
lui donner.
52
c) La conciliation internationale
La conciliation consiste à faire examiner un différend par un organe,
préconstitué ou accepté par les parties à l’occasion d’un litige, qui fera à celle-ci
des propositions en vue d’un arrangement. Elle est dérivée de l’enquête et sa
portée n’est pas limitée. Les commissions de conciliation procèdent à un examen
des faits mais surtout étudient le litige dans tous ses aspects pour pouvoir
élaborer une solution.
B – Le règlement non juridictionnel dans le cadre des organisations
Internationales
Selon la Charte des Nations - Unies, trois organes interviennent dans le
règlement pacifique des conflits sur le principe d’un différend suffisamment
grave pour être jugé comme une menace pour la paix ou pour constituer une
rupture de la paix. Il s’agit de :
- Conseil de sécurité ;
- Assemblée générale ;
- Secrétariat général.
I – Le Conseil de sécurité
Aux termes des dispositions de l’article 24 p.1 de la Chartes « Afin d’assurer
l’action rapide et efficace de l’organisation, ses membres confèrent au conseil de
sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité
internationales et reconnaissent qu’en s’acquittant des devoirs que leur impose
cette responsabilité, le Conseil de sécurité agit en leur nom ».
Sur le plan de saisine du conseil, il faut noter que « tout Etat membre, partie ou
non à un différend, impliqué ou non dans une situation peut attirer l’attention du
Conseil sur ce différend ou cette situation ». Cela veut dire que la saisine peut
donc s’effectuer par les Etats membres parties au différend de façon unilatérale
ou non et aussi par un Etat tiers au différend. Pour ce qui concerne un Etat non
membre de l’ONU, il peut saisir le Conseil de sécurité mais dans les conditions
plus strictes. Il doit s’agir d’un différend, l’Etat doit être partie à ce différend et
53
il doit accepter préalablement les obligations de règlement pacifique prévues par
la Charte.
II– L’Assemblée générale
L’Assemblée générale des Nations - Unies est une instance considérée à juste
titre comme un forum ou une tribune politique. C’est donc pour cette raison
qu’il s’installe un doute sur son efficacité en tant qu’organe de règlement des
conflits interétatiques.
Cependant à y voir de près, la Charte lui reconnaît d’importantes compétences.
En effet, aux termes des dispositions de l’article 10 de la charte : « L’Assemblée
générale peut discuter toute questions ou affaires rentrant dans le cadre de la
présente Charte ou se rapportant aux pouvoirs et fonctions de l’un quelconque
des organes prévus par la présente Charte et formuler sur ces questions ou
affaires des recommandations aux membres de l’Organisation des Nations
Unies, et au Conseil de sécurité.
III– Le Secrétaire de l’ONU
C’est le Chef de l’administration centrale de l’ONU qui exerce des fonctions
diplomatiques dans le cadre du règlement des différends. Selon l’article 99 de la
Charte, «le Secrétaire général peut attirer l’attention du Conseil de sécurité sur
toute affaire qui à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de
la sécurité internationale».
En vertu donc de cette disposition, le Secrétaire général peut déclencher
l’intervention du Conseil de sécurité dans le cas où aucun Etat ne prend
l’initiative de le saisir. Il est en mesure de donner l’alarme et de jouer le rôle
d’une autorité internationale permanente.
Il exerce parfois ses fonctions diplomatiques non pas de son propre chef, mais
sur la base d’un mandat qui lui est confié par l’Assemblée ou le Conseil de
sécurité. Le Secrétaire général est donc dans une position stratégique dans
l’ONU qui l’autorise à jouer souvent, de manière discrète sinon même
confidentielle, un rôle important pour le règlement de certains différends.
54
Par ailleurs, qu’il s’agisse du Conseil de Sécurité, de l’Assemblée générale ou
du Secrétaire Général, ces organes mettent en mouvement tous les modes de
règlement pacifique tels que les négociations, les bons offices, la médiation, la
conciliation.
Paragraphe II –Des institutions relatives au règlement juridictionnel des
différends interétatiques
Contrairement aux modes de règlement étudiés plus haut, les procédés
juridictionnels, conduisent à une solution imposée aux Etats en litige.
Il y a lieu de distinguer entre le règlement arbitral et le règlement par une
juridiction permanente comme la Cour Internationale de Justice et la Cour
Pénale Internationale.
A – Le règlement arbitral
D’après l’article 37 de la Convention de la Haye, «l’arbitrage international a
pour objet le règlement des litiges entre les Etats par des juges de leur choix et
sur la base du respect du droit. Le recours à l’arbitrage implique l’engagement
de se soumettre de bonne foi à la sentence».
I – Le recours à l’arbitrage
Le recours à l’arbitrage repose sur la volonté manifestée par les Etats de recourir
à un procédé pacifique pour apaiser leurs différends. L’engagement d’arbitrage
peut être facultatif ou obligatoire.
Dans le premier cas, l’arbitrage facultatif repose sur le compromis d’arbitrage.
L’accord des parties sur le recours à l’arbitrage, à l’occasion d’un litige donné,
s’exprime par voie de traité et les conventions ayant cet objet sont dénommées "
compromis d'arbitrage ". Ce dernier reçoit l'application des principes de droit
des traités avec surtout la validité du consentement.
Les parties fixent librement le contenu du compromis qui se présente comme
"la loi de l'arbitrage". On y trouvera la définition de l'objet du litige, les
conditions de désignation des arbitres, les pouvoirs de ces derniers, les règles de
procédure et éventuellement le droit applicable par les arbitres.
55
Dans le second cas, l'engagement d'arbitrage obligatoire peut être contenu dans
une clause d'un traité dont l'objet est autre que le règlement des différends. Cette
clause c'est la clause compromissoire qui appartient en général au groupe des
clauses finales du traité.
II – L'organe arbitral
C'est par accord entre les parties en litige que se constitue l'organe arbitral
chargé du règlement du litige.
L'organe arbitral peut épouser trois formes différentes :
La première, c’est la structure de l'arbitre unique c'est-à-dire un seul arbitre.
C’est le choix d'un arbitre unique parmi des experts comme le jurisconsulte – le
diplomate et le magistrat.
La seconde forme, c’est la commission mixte : Elle revêt une forme paritaire et
ne comprend que des membres désignés par les parties parmi leurs
ressortissants. Pour départager les commissaires nationaux en cas de blocage, un
surarbitre a été institué. Il est ressortissant d'un Etat tiers et ne siège ou ne
participe à la délibération qu'en cas de désaccord entre les deux groupes de
commissaires nationaux.
La troisième forme c’est le tribunal collégial :
Le plus souvent, les parties en conflit établissent un organe comprenant trois à
cinq membres selon diverses pondérations : c'est-à-dire soit trois neutres
constituant la majorité et chaque partie désignant un membre ; soit deux arbitres
nationaux et un neutre ; soit uniquement que des neutres. La structure collégiale
est considérée comme la solution la meilleure au point de vue technique en
raison des garanties d'impartialité fournies par la présence majoritaire d'arbitres
neutres et par la présence d'un arbitre neutre à la présidence de l'organe.
III La sentence arbitrale
La procédure arbitrale se clôture par la décision finale des arbitres, c'est-à-dire
par le prononcé de la sentence. Si elle est le fait d'un organe collégial, il suffit
qu'elle ait obtenu l'approbation d'une majorité de ses membres.
56
Comme tout acte juridictionnel, la sentence arbitrale est dotée de l'autorité de la
chose jugée. La sentence est obligatoire pour les parties dès qu'elle est rendue.
En conséquence, les parties au procès sont dans l'obligation de prendre toutes les
mesures législatives, administratives, financières et juridictionnelles nécessaires
pour se conformer à la sentence.
B – le règlement par une juridiction permanente : la CIJ et la CPI
La CIJ et la CPI sont toutes deux des juridictions d’envergure internationale
chargées d’appliquer le droit. Si la première est ancienne et est réputée pour le
règlement des conflits interétatiques, la seconde c'est-à-dire la CPI en revanche
est chargée de juger les criminels de guerre ou les génocidaires.
I – La Cour Internationale de Justice C.I.J.
Le principe de la création d’une juridiction permanente à compétence générale
(la C.I.J) avait été accepté des août 1944 lors de la conférence de Dumbarton
Oaks aux Etats - Unis par les experts chargés de rédiger un avant projet de la
charte des Nations - Unies.
Il convient d’étudier d’abord la composition ensuite ses deux principales
fonctions.
a°) La composition de la Cour Internationale de la Justice
La Cour Internationale de la Justice est composée des juges élus par les
membres de la Cour et les juges ad hoc.
*Les juges élus sont encore appelés les juges permanents et selon l’article 2 du
statut 2 de la Cour Internationale de la Justice "La Cour est un corps de
magistrats indépendants élus sans égard à leur nationalité, parmi les personnes
jouissant de la plus haute considération morale et qui réunissent les conditions
requises pour leur exercice, dans leurs pays respectifs, des plus hautes fonctions
judiciaires ou qui sont des jurisconsultes possédant une compétence notoire en
matière de droit international".
La Cour se compose de 15 membres. Elle ne peut comprendre plus d’un
ressortissant d’un même Etat.
57
Ils sont élus pour neuf ans (09 ans). Leur élection est assurée séparément par
l’Assemblée générale et par le Conseil de Sécurité des Nations - Unies.
*Les juges ad hoc
A la différence des membres de la Cour International de la Justice qui sont des
juges permanents, les juges ad hoc sont des juges occasionnels spécialement
désignés pour un litige déterminé et dont la mission prend fin en même temps
que le procès qui a motivé leur nomination.
L’intervention des juges ad hoc se produit lorsque la Cour est saisie d’un
différend dans lequel soit l’un des plaideurs seulement a un juge national comme
juge permanent soit aucun des Etats intéressés n’a un juge national.
2°) Les deux principales fonctions de la CIJ
Il faut distinguer entre la fonction contentieuse et la fonction consultative.
61
Ainsi le Droit international régissant ces relations diplomatiques et consulaires a
pour objectif de permettre le renforcement de la coopération tout en limitant les
pressions que les états peuvent s’imposer entre eux.
Cette question, fort traditionnelle, doit également être présentée dans le contexte
de la diversification des sujets du droit international (Cf. Partie 1 du Cours) plus
particulièrement dans la perspectives de la multiplication d’Organisations
Internationales comme nous l’avons vu au Chapitre 3. L’état du siège de
l’Organisation Internationale doit ainsi par exemple accepter la présence de
l’organisation sur son territoire mais aussi l’existence de multiples missions
diplomatiques qui seront accréditées auprès de l’organisation par d’autres états
ou encore par des entités non étatiques comme des mouvements de libération
Nationale ou d’autres organisations internationales. On comprend mieux la
difficulté qui peut se poser dans le cas où l’état du siège de l’organisation
internationale n’aurait pas reconnu les entités accréditantes. En tout état de
cause, l’objet des règles régissant les règles diplomatiques et consulaires est de
concilier la souveraineté étatique avec les exigences pratiques de la conduite des
relations internationales.
On examinera ainsi d’abord les relations diplomatiques puis les relations
consulaires.
62
Section 1 - Les relations diplomatiques
Dans le cadre de cet examen, il conviendra de distinguer plus avant entre les
relations étatiques entre états souverains et les relations diplomatiques avec les
relations internationales.
§ 1. Les relations diplomatiques entre états
63
conférence sur la codification au motif qu’un accord universel lui paraissait mal
aisé.
L’ONU, successeur de la SDN, dû prendre une direction différente suite aux
incidents de la guerre froide. C’est la délégation Yougoslave, qui en alléguant de
violations graves et répétées des règles applicables, obtint en 1952 l’adoption
d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies demandant à la
Commission du Droit International d’étudié en priorité la codification du sujet
des relations diplomatiques et consulaires.
Dès 1959, la Conférence de codification se réunit à Vienne en souvenir du
Congrès de 1815 et adopta la Convention qui fut ouverte à la signature des états
en 1961. Aujourd’hui la Convention de Vienne de 1961 sur les relations
diplomatiques et consulaires entre états lie la quasi-totalité des états de la
Société International. Elle est entrée en vigueur le 24 Avril 1964.
La Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques et consulaires
entre états, ne modifie pas drastiquement la coutume en la matière mais dégage
des solutions nouvelles qui prennent en considération la naissance de nouveaux
états et leurs attentes ainsi que certaines évolutions techniques. Le droit des
relations diplomatiques est aujourd’hui une des branches les plus abouties et
cohérentes du droit international public.
A. Etablissement et Rupture des relations diplomatiques
64
Ainsi puisqu’il n’existe aucune obligation de reconnaitre un état tiers, il n’existe
aucune obligation de légation passive.
En revanche, dès lors qu’un état a décidé d’entretenir des relations
diplomatiques ou consulaires avec un autre état, il ne serait manquer de
reconnaitre les obligations impératives quelles comportent et qui sont
maintenant codifiées dans les Conventions de Vienne de 1961 et 1963, comme
nous le confirme la Cour Internationale de Justice dans son ordonnance de 1979
sur le personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à Téhéran.
Le cas particulier des relations extérieures des états membres d’un état
fédéral :
L’existence d’un droit de légation des états membres d’un état fédéral est régit
par le droit interne de l’état. Comme en matière de conclusion des traités, le
droit international ne propose pas de solutions à cette question. L’état ne dispose
donc pas automatiquement d’un droit de légation active ou passive mais rien ne
lui interdit d’entretenir des relations avec des états ou des organisations
internationales si le droit fédéral le lui permet. Ces relations sont appelés
relations externes ou relations extérieurs et il ne s’agit pas stricto sensu de
relations diplomatiques, les privilèges et immunités étant reconnus par accords
spéciaux et s’apparentant en réalité plutôt à des relations consulaires.
65
La rupture des relations diplomatiques :
De même que leur établissement la fin des relations diplomatiques est un acte
discrétionnaire de l’état. Elle dépend de la décision unilatérale de l’état de
fermer sa mission diplomatique imposant à l’autre état la même fermeture en
raison du principe de réciprocité.
La rupture des relations diplomatiques est un acte grave auquel les états n’ont
recours qu’en dernier ressort. D’autres mesures moins radicales sont en effet
généralement préférées en cas de désaccords avec l’état accréditaire. Il peut par
exemple s’agir de mesures d’expulsion de diplomates ou de rappel du chef de
mission qui ont une portée significative sans pour autant porter atteinte à
l’existence même des relations diplomatiques. La rupture est en revanche
automatique en cas de guerre entre les deux états.
De manière exceptionnelle, la rupture des relations diplomatiques peut être
utilisée comme sanction politique internationale lorsqu’un état manque à ses
obligations. Ce fut par exemple le cas de l’organisation des états américains qui
demanda à ces membres de rompre ses relations avec Cuba en 1964.
Sur un autre fondement le Conseil de Sécurité des Nations Unies imposa des
sanctions à la Rhodésie du Sud en vertu du système de sécurité collective de
l’ONU, mesure qui prévoyait la rupture des relations diplomatiques en réaction à
l’imposition d’un régime d’apartheid.
Concrètement en cas de mesure, l’ex-état accréditant confie généralement la
protection de ses intérêts au sein de l’ex-état accréditaire à la mission
diplomatique d’un état tiers.
B. Modalité des relations diplomatiques
68
C. Privilèges et immunités
Définition et fondements :
Les privilèges et immunités sont motivés par la situation particulière dans
laquelle se trouvent le personnel et la mission diplomatique. Ils constituent en
effet le moyen par lequel l’état accréditant exerce une mission de service
publique sur le territoire de l’état accréditaire. Des garanties spéciales doivent
donc faciliter l’accomplissement de cette mission.
Il faut dans un premier temps distinguer la notion de privilège et celle
d’immunité. On a d’abord considéré que les immunités juridictionnelles était
uniquement fondée sur le droit international car elles seules constitueraient des
atteintes à la souveraineté de l’état accréditant. Par opposition, on considérait
que les privilèges dépendaient exclusivement du Droit interne de l’état
accréditaire qui les octroie librement à l’état accréditant. Pour d’autres en
revanche, les privilèges et immunités sont deux termes équivalents et reposent
sur le droit international ce qui a pour conséquence de favoriser l’état
accréditant. La convention de Vienne de 1961 adopte une solution de
compromis. Elle consacre le caractère international des immunités et accepte
que certains privilèges comme les exemptions fiscales sont d’origine
internationale tandis que d’autre comme les franchises douanières sont des
mesures de courtoisie accordées par l’état accréditaire.
Les privilèges et immunités sont justifiés par 3 théories majeures qu’il s’agira ici
de présenter. La première repose sur l’argument de l’extra-territorialité, on
considère que l’agent diplomatique n’a pas quitté le territoire de l’état
accréditant, les locaux sont traités de la même façon. La deuxième théorie
repose sur le caractère représentatif de l’agent diplomatique et de la mission qui
représente l’état accréditant et le chef de l’état. Ainsi en respectant ainsi leurs
dignités et leurs indépendances, l’état accréditaire respecte en même temps la
69
dignité et l’indépendance de l’état accréditant. La troisième théorie rejoint les
théories fonctionnelles modernes relatives aux institutions juridiques. Ceci
implique que les privilèges et les immunités soient fondés sur les nécessités de
l’exercice indépendant de la fonction diplomatique. A contrario elle ouvre une
voie à une possible limitation des privilèges et immunités.
La pratique combine souvent la seconde et la troisième théorie, ce que confirme
la convention de Vienne de 1961 qui rappelle dans son préambule que le but des
immunités n’est pas d’assurer un avantage individuel mais de permettre
l’accomplissement efficace des missions diplomatiques en tant que représentant
des états. Cette vision a par ailleurs été confirmée par la Cour internationale de
Justice dans l’affaire du personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à
Téhéran dans l’ordonnance rendue en 1979 et l’arrêt de 1980.
Privilèges et immunités de la mission diplomatique :
Les privilèges et les immunités dont jouissent la mission diplomatique
s’organise autour du principe de la liberté des communications officielles et de
l’inviolabilité. Quant à la liberté des communications, elle implique que l’état
accréditaire à l’obligation de protéger les communications de la mission
diplomatique sur son territoire. Elle se traduit d’abord par l’immunité de la
valise diplomatique qui ne peut être ni ouverte ni retenue en vertu de
l’inviolabilité de la correspondance officielle de la mission. La valise
diplomatique doit toutefois porter des marques extérieures de son caractère et ne
peut contenir que des documents ou des objets à usage officiel. En pratique, la
mission diplomatique est autorisée à employer tous les autres moyens de
communications appropriés. Par exemple l’utilisation par la mission
diplomatique d’un poste émetteur de radio doit obtenir l’assentiment de l’état
accréditaire. Quant à l’inviolabilité, c’est une règle fondamentale par laquelle
l’état accréditaire à l’interdiction de porter atteinte aux locaux de la mission et
aux biens s’y trouvant. Il doit en outre prendre toute les mesures nécessaires
pour les protéger et prévenir les atteintes qui pourraient y être porté. Cette
70
obligation a par ailleurs été rappelée clairement par la Cour internationale de
Justice dans l’affaire du personnel diplomatique et consulaire des Etats Unis à
Téhéran en 1980. Il découle d’abord de ce principe que les locaux, les biens
meubles, les archives et documents de la mission sont inviolables, c’est-à-dire
qu’ils ne peuvent faire l’objet d’aucune perquisition ni d’aucun contrôle à moins
que le chef de mission ne consentes à laisser rentrer des agents de l’état
accréditaire dans la mission. L’état accréditaire doit également prendre toutes les
mesures nécessaires pour éviter que les locaux ne soient envahis ou
endommagés notamment par la population ou des groupes privés.
Les privilèges et immunités des agents diplomatiques :
L’inviolabilité personnelle des agents diplomatiques implique tout d’abord que
sur le territoire de l’état accréditaire sa sécurité doit être totale. Par exemple,
l’état accréditaire ne peut soumettre les membres du personnel diplomatique à
aucune forme d’arrestation ou de détention. De plus, il doit prendre toutes
mesures nécessaires pour empêcher toute atteinte à sa personne, sa liberté et sa
dignité. Dans son arrêt de 2008 relatif à certaines questions relatives à l’entraide
judiciaire, la Cour Internationale de Justice a considéré que l’état d’accueil a
l’obligation de protéger l’honneur et la dignité des chefs d’états en relation avec
leur inviolabilité. Cette inviolabilité, dont jouissent également les diplomates
comme le rappel la CIJ en 1980 dans l’affaire du personnel diplomatique et
consulaire puis en 2005 dans l’affaire relative aux activités armées sur le
territoire du Congo. La liberté de circulation du personnel diplomatique sur le
territoire de l’état accréditaire ne peut être limitée que pour des raisons de
sécurité Nationales suivant les dispositions du Droit interne. Les agents
diplomatiques sont ensuite protégés par une immunité juridictionnelle. Cette
immunité de juridiction est tout d’abord valable en matière pénale. Cette
immunité est absolue que l’agent soit ou non dans l’exercice de ses fonctions.
Seule la mise en compte de crimes internationaux fait échec à cette immunité (cf
Chapitre 4). Le personnel diplomatique est également protéger par une immunité
71
de juridiction civile et administrative à moins que le litige ne touche
exclusivement sa situation personnelle par exemple en matière de succession ou
d’immobilier. Lorsque l’immunité juridictionnelle est applicable elle s’étend
également aux actes d’exécutions des décisions de
72
justice. En tout état de cause l’état accréditant peut décider de lever l’immunité
diplomatique d’un de ses personnels. Il conserve en tout état de cause la
compétence pour juger son propre personnel diplomatique. Troisièmement le
personnel diplomatique bénéficie généralement d’exemptions fiscales et de
franchises douanières. Le payement de l’impôt étant un acte de sujétion et
d’allégeance à l’état, le personnel diplomatique ne saurait y être soumis par
l’état accréditaire mais par son état accréditant. Toutefois certaines exceptions
sont admises comme le payement de l’impôt foncier frappant les immeubles
privés si dans l’état accréditaire. Quant aux membres de la famille des
diplomates, ils bénéficient des mêmes privilèges et immunités lorsqu’ils ne sont
pas ressortissant de l’état accréditaire.
Privilèges et immunités du Personnel de la mission :
Les membres du personnel administratif, technique et de service, c’est-à-dire
qu’ils non pas le statut de diplomate, peuvent bénéficier des privilèges et
immunités s’ils ne sont pas ressortissant de l’état accréditaire ou si ils n’y ont
pas leur résidence permanente. Les membres du personnel administratif et
technique jouissent à un moindre degré des mêmes immunités que les agents
diplomatiques. Les membres du personnel de service de la mission ne
bénéficient de l’immunité que pour les actes accomplis dans le cadre de leurs
fonctions. Les membres de leur famille en sont donc totalement exclus.
§ 2. Les relations diplomatiques entre états et organisations internationales
A. Organisation Internationale et droit de légation
75
Section 2 - Les relations inter consulaires
Contrairement à ce que l’on vient de voir à propos des relations diplomatiques,
les règles applicables à la relation ont été établit non pas par voie coutumière
mais par le truchement de multiples conventions bilatérales. Pour les compléter
chaque état à adopter, en son droit interne, un certain nombre de loi et de
règlement qui sont appliqués par les juges internes. C’est de cet entre la,
bilatéral et interne, que sont nés les normes coutumières applicables aux
relations consulaires. La commission du Droit international a ainsi été invitée
par l'assemblée générale de L’ONU à entamer un travail de codification en la
matière qui a débouché sur la Convention de Vienne de 1963 sur les relations
Consulaires, cette convention étant entré en vigueur en 1967.
§ 1. L’institution consulaire
A. Établissement et rupture des relations consulaires
Comme les missions diplomatiques, les postes consulaires sont des services
publics relevant de leur état National et installé de manière exceptionnelle sur
leur territoire d’un autre état. L’établissement et la rupture des relations
consulaires sont par conséquent également soumise à la règle du consentement
mutuel. Les relations consulaires ont un caractère essentiellement administratif.
Il s’agit de gérer la population des ressortissants de l’état d’envoi sur le territoire
de l’état de résidence impliquant par exemple la fourniture de papier d’identités,
de permis de conduire, d’organisation d’élections, etc. Par conséquent
l’ouverture d’un poste consulaire est indépendante de l’établissement de
relations diplomatiques. Inversement la rupture de relations diplomatiques
n’entraine pas obligatoirement la rupture des relations consulaires. Comme c’est
souvent le cas, l’état d’envoi peut ouvrir plusieurs postes consulaires dans le
territoire d’un même état de résidence si ce dernier y consent. Le territoire de
l’état de résidence sera alors divisé en plusieurs circonscriptions consulaires.
B. Exequatur
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Chaque chef de postes consulaires est muni d’une lettre de provision par son état
d’envoi. Il exerce ses fonctions après avoir reçu l’autorisation de l’état de
résidence qui prend la forme de l’exequatur. En France, l’exequatur est délivré
par décret du président de la République. Il est par ailleurs possible pour un état
de nommer comme consul un ressortissant de l’état de résidence, en général, un
marchand. Il sera appelé consul-marchand ou consul-honoraire. En tant que
ressortissants de l’état de résidence, cependant, il ne bénéficie pas de privilèges
et d’immunités.
C. Fonctions
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§ 2. Les privilèges et immunités consulaires