Vous êtes sur la page 1sur 12

52

Le Système Hématopoïétique

Cours N°5 – Docteur Cécile BORGET

Cours dispensés à la faculté de médecine Pierre et Marie CURIE

Site Saint Antoine

27 rue Chaligny – 75012 - Paris

FPESD – 92 rue de la Victoire – 75009 – Paris – Email : formation_fpesd@orange.fr


53

CELLULES SANGUINES ET HEMATOPOIESE

DEFINITION DE L’HEMATOPOIESE

C’est l’ensemble des mécanismes qui assurent le remplacement continu et régulé des
cellules sanguines :
Les polynucléaires : neutrophiles, basophiles, éosinophiles. Leur durée de vie est de 24
heures et le nombre total circulant est de 5 10 10 ; La production quotidienne est donc de
5 10 10 environ.
Les globules rouges : Leur durée de vie est de 120 jours et le nombre total circulant est
de 20 10 12 ; La production quotidienne est donc de 2 10 11 environ
Les plaquettes : Leur durée de vie est de 7 jours et le nombre total circulant est de 1 10
12 ; La production quotidienne est donc de 1 10 11 environ
Ces éléments sont hyperspécialisés et n’ont plus la capacité de se multiplier. Ils doivent
être remplacés en permanence.

Les monocytes et lymphocytes, qui circulent aussi dans les vaisseaux sanguins, conservent
la capacité de se multiplier dans le sang périphérique.

Nous allons donc dans un premier temps décrire le tissu sanguin mature, puis aborder les
mécanismes de son renouvellement (hématopoiese)

TISSU SANGUIN

Le sang est un « tissu » dit mésenchymateux formé des éléments figurés du sang et du
plasma.
L’ensemble est liquide, contenu dans les vaisseaux sanguins.
Le volume est de 5 litres et l’hématocrite (cellules) représente 45% du volume total.
Le plasma contient des protéines (albumine, globulones…) lipides glucides enzymes
vitamines gaz dissous eau….
Les cellules s’étudient par frottis et coloration des cellules

LES CELLULES SANGUINES ; DESCRIPTION ET RÔLE

Les globules rouges

5 millions/ mm3 de sang ; ils sont rouges en raison de leur fixation aux molécules d’O2 ;
ils sont déformables ; ils sont anuclées et ne peuvent se multiplier dans le sang
périphérique ; ils sont en forme de lentille biconcave et leur diamètre est de 8
micromètres ; leur épaisseur de 2 micromètres ; ils transportent l’oxygène qui se fixe sur
l’hémoglobine contenue dans la cellule, vers les tissus ; ils transportent également le CO2

Les globules blancs

Sont au nombre de 4 à 10000/ mm3


Sont de plusieurs types selon leur spécialisation mais participent tous à la défense de
l’organisme contre les agents pathogènes:
 les polynucléaires : agissent pour la lutte antibactérienne en passant par « diapédèse »
du sang au tissu lésé, entre les cellules endothéliales grâce à l’action de cytokines. Ils
54
« phagocytent » les bactéries ; leur demi vie est courte ; ils ne peuvent plus se
multiplier dans le sang.
- Les polynucléaires neutrophiles représentent le plus fort contingent de globules
blancs ; ils font 12 micromètres de diamètre et possèdent un noyau plurilobé ; leur demi-
vie est de 24 heures car ces cellules sont incapables de renouveler les lysosomes utilisés
dans la digestion des microbes et meurent après en avoir phagocyté quelques-uns.
- Les polynucléaires éosinophiles ; 10 à 14 micromètres ; noyau bilobé ;
volumineuses granulations du cytoplasme ; ils détruisent les parasites ; leur activité de
bactéricidie et phagocytose est faible.
- Les polynucléaires basophiles : font 10 à 14 micromètres ; leur noyau bilobé est
masqué par de volumineuses granulations ; leur membrane possède des récepteurs aux igE
spécifiques d’un allergène ; ainsi, lors d’un contact avec l’allergène, les Ig E se mettent
en ponts et provoque la libération des granules, d’ou les manifestations allergiques
 les monocytes : font 15 à 20 micromètres de diamètre et leur noyau est en fer à
cheval. Ils vivent 24 h dans le sang puis passent dans les tissus ou ils deviennent des
macrophages qui éliminent les déchets cellulaires et microbiens laissés sur le lieu d’une
infection. Ils gardent la capacité à se multiplier dans le sang
 les lymphocytes : Les lymphocytes sont des cellules qui, outre leur présence dans le
sang, peuplent aussi les tissus lymphoïdes et les organes de même que la lymphe circulant
dans les vaisseaux lymphatiques. On distingue morphologiquement des petits (comme des
GR) et des grands lymphocytes (comme un GB) , et fonctionnellement des lymphocytes B
des lymphocytes T des lymphocytes NK….ces distinctions se basant sur la nature de leurs
récepteurs de membrane et leur rôle exact dans la réponse immunitaire ; ils se
multiplient dans le sang lorsqu’il existe des signaux d’activation ; Ils sont les principaux
éléments du système immunitaire, et assurent la défense contre les attaques de micro-
organismes pathogènes comme les virus, bactéries, champignons et parasites. Les
mécanismes de défense sont complexes : lors d’une agression par un agent pathogène se
mettent en place des systèmes de défense non spécifiques (inflammation…) puis d’autres,
spécifiques dédiés par les lymphocytes : les B activés par une stimulation antigénique
deviennent plasmocytes sécréteurs d’immunoglobulines à activité anticorps dirigée vers
l’antigène du microorganisme infectant ; les T portent des Anticorps de surface, eux aussi
spécifiques de l’antigène et se lient à l’agent infestant par ce biais , puis le détruisent.
Des lymphocytes auxiliaires et suppréteurs participent à ces phénomènes de défense de
nature immune, humorale (lymphocytes B) ou cellulaire (lymphocytes T).
Les plaquettes :

T= 5 micromètres ; sans noyau


Leur fonction principale est de faire cesser l'écoulement du sang par les plaies
(hémostase). A cette fin, elles s'agglutinent et libèrent des facteurs favorisant la
coagulation du sang : sérotonine, qui réduit le diamètre des vaisseaux lésés et ralentit le
flux sanguin, fibrine qui capture les cellules et donne lieu à la coagulation. Elles forment
ainsi un bouchon, le thrombus.
55

L’HEMATOPOIESE : LIEU DE PRODUCTION DES CELLULES SANGUINES

La moelle osseuse est le lieu de renouvellement des cellules sanguines chez l’homme
adulte ; mais les cellules sanguines, d’origine mésodermique chez le jeune embryon, sont
d’abord produites par le sac vitellin (jusqu’au 16eme jour), puis dans le mésoblaste
jusqu’au 22ième jour ; ensuite, la production de cellules sanguines est hépatosplénique, du
3eme au 6ième mois, et la production par l’os devient prépondérante à compter du 6ième
mois, alors que la production hépatosplénique s’éteint progressivement, sauf dans
certaines conditions pathologiques particulières.

Après la naissance, la moelle osseuse est le site exclusif de production des cellules ;
jusqu’à 5 ans, c’est dans la moelle rouge qu’elles se développent (totalité des cavités
osseuses car moelle très active) puis ces sites s’involuent progressivement et la
production reste confinée aux os plats et courts.
56
La répartition quantitative de la production est la suivante :
lignée granuleuse : 60% ; érythroide : 25% ; mégacaryocytaire : 0,5% ; lymphocytaire :
10% ;

HISTOLOGIE DE LA MOELLE OSSEUSE

L’hématopoïèse médullaire est localisée dans des logettes extravasculaires, situées en


dehors et à proximité des vaisseaux, partiellement délimitées par les adipocytes et les
travées de l’os spongieux, et irriguées par un réseau de capillaires sinusoïdes et
structurées par un réseau de cellules fibroblastiques.
Dans chacune de ces logettes, l’hématopoïèse est un processus dynamique avec des
interactions complexes entre les cellules hématopoïétiques et les cellules du tissu
conjonctif.

Réseau vasculaire médullaire :

La vascularisation est l’élément central de la microstructure médullaire, permettant le


passage des substances stimulantes et de cellules souches, et la libération des cellules
matures.
Les artères nourricières de l’os donnent des ramifications puis des artérioles prolongées
par des capillaires le plus souvent situés dans la corticale osseuse et qui se transforment
en sinusoïdes lorsqu’ils pénètrent dans la moelle.
Ainsi, une partie du sang artériel irriguant la moelle a préalablement irrigué l’os.
Les sinusoïdes qui prolongent les capillaires sont d’abord contournés et présentent de
multiples divisions et anastomoses.
57
Ils sont collectés dans les sinusoïdes droits, puis dans les sinus centraux et dans les
veines émergeant de l’os.
Chaque bouquet de sinusoïdes contournés se jetant dans le même segment de sinusoïde
droit est le lieu privilégié des migrations cellulaires à travers la paroi du vaisseau.
Le réseau vasculaire médullaire est doublé d’un réseau nerveux périvasculaire avec des
fibres myélinisées et non myélinisées vasomotrices, capables de transmettre la sensation
de douleur lors de l’aspiration du myélogramme.

Unité structurelle médullaire :

La moelle hématopoïétique peut être interprétée comme la juxtaposition d’unités


élémentaires, centrées sur un groupe de sinusoïdes

Stroma ou tissu de soutien médullaire :

Les cellules stromales délimitant et structurant les logettes hématopoïétiques sont de


plusieurs types : cellules réticulaires fibroblastiques, adipocytes, cellules endothéliales,
ostéoblastes.
Il s’y associe des molécules de la matrice extracellulaire (collagène, laminine,
fibronectine, protéoglycanes, etc), et des cytokines ancrées sur les membranes cellulaires
et la matrice extracellulaire.
Les processus de multiplication et de différenciation cellulaires exigés par l’hématopoïèse
nécessitent un contact étroit entre les cellules du tissu de soutien et les cellules souches
hématopoïétiques.

Endothélium et barrière médullosanguine :

Les cellules endothéliales des capillaires sinusoïdes médullaires régulent le trafic des
cellules souches et progénitrices hématopoïétiques et la sortie des cellules sanguines
matures.
La paroi des sinusoides est traversée par les cellules souches hématopoïétiques passant du
sang dans les niches d’hématopoïèse extravasculaire (homing) et par les cellules
sanguines matures passant sélectivement de la moelle dans le sang (diabase) par des
orifices transendothéliaux faisant communiquer les territoires extravasculaires et la
lumière du vaisseau.
Pour traverser les vaisseaux, les cellules qui migrent doivent ainsi présenter une
déformabilité suffisante.
Dans le cas des globules rouges, l’expulsion préalable du noyau trop rigide est
indispensable : celle-ci se ferait en moyenne 12 heures avant la migration, cependant
l’expulsion du noyau en cours de traversée du sinus est parfois possible.
Les noyaux des polynucléaires, monocytes et lymphocytes sont suffisamment déformables
pour permettre leur migration transendothéliale.
Le cas des mégacaryocytes est particulier : la région du cytoplasme située à proximité des
sinus émet des pseudopodes traversant la paroi des sinus
58
Matrice extracellulaire médullaire :

 composants fibrillaires
La matrice extracellulaire est formée par un réseau complexe de molécules synthétisées
par les cellules stromales.

- Les fibres de collagène de type I et de type IV


- Le réseau de fibres dites de réticuline, un réseau de fibres grillagées renfermant dans
ses mailles les cellules hématopoïétiques, bordant les sinus et cerclant les adipocytes.

 Composants non fibrillaires de la matrice extracellulaire


De nombreux composants matriciels non fibrillaires ont été identifiés:
glycosaminoglycanes, héparanes sulfates, etc.

Ces macromolécules jouent un rôle dans les mouvements de l’eau, régulent les
phénomènes de diffusion interstitielle, stabilisent les fibres de collagène, interviennent
dans l’adhérence des précurseurs hématopoïétiques au tissu de soutien et peuvent se lier
aux facteurs de croissance pour faciliter leur action in situ.
De nombreuses autres molécules participent à la constitution des niches adhésives
médullaires, intégrines en particulier.
La fibronectine est un autre composant majeur de la matrice extracellulaire, procurant
des sites d’adhésion pour les cellules hématopoïétiques.
59
LES CELLULES SOUCHES HEMATOPOIETIQUES

Toutes les cellules sanguines (hématies, polynucléaires, monocytes, lymphocytes et


plaquettes) sont produites à partir d'une même cellule indifférenciée dite cellule souche
multipotente ou cellule souche primitive.
Sous l'influence de facteurs stimulants une cellule souche multipotente va s'engager dans
la différenciation d'une lignée cellulaire. Elle devient alors un progéniteur
(= cellule souche différenciée ou " engagée ").
Après plusieurs divisions qui aboutissent à des cellules souches engagées et à la
potentialisation de différenciation de plus en plus limitée, les progéniteurs deviennent
spécifiques d'une seule lignée. On aboutit alors aux précurseurs, cellules identifiables
morphologiquement sur un prélèvement de moelle osseuse. Ces précurseurs se divisent et
maturent. Ils correspondent à la majorité des cellules vues sur un étalement de
myélogramme ou sur une biopsie ostéomédullaire (BOM). La maturation terminale aboutit
aux cellules matures fonctionnelles qui passent dans le sang.
L'hématopoïèse comporte donc 4 compartiments cellulaires:
o Les cellules souches multipotentes
o Les progéniteurs
o Les précurseurs
o Les cellules matures

Les cellules souches primitives :

Les cellules souches ont deux propriétés essentielles: la capacité d'auto-renouvellement


et la capacité de différenciation

o Auto renouvellement = multiplication sans différenciation permettant de maintenir


intact un pool de cellules souches primitives et donc le potentiel de l'hématopoïèse.

o Différenciation = possibilité, sous l'influence de facteurs de croissance, de se diviser en


s'engageant de façon irréversible vers plusieurs ou une lignée. La cellule perd alors sa
multipotence pour devenir une cellule souche engagée.

Lors d'une hématopoïèse normale il existe un équilibre entre la production des cellules
souches par division cellulaire (auto renouvellement) et la perte des cellules souches par
engagement vers les lignées cellulaires (différenciation).

Ces cellules:
• Sont localisées dans la moelle osseuse mais certaines peuvent passer de façon
temporaire dans le sang.
• Ne représentent qu'un faible pourcentage des cellules médullaires (0,01 à 0,05%).
• Ne sont pas identifiables morphologiquement (elles ressemblent à des petits
lymphocytes).
• Possèdent certains marqueurs immunologiques spécifiques:

En pathologie : Les cellules souches peuvent être prélevées, concentrées puis congelées
dans l'azote liquide. Lorsqu'une chimiothérapie très myélotoxique est nécessaire la
reconstitution de l'hématopoïèse peut être réalisée par décongélation et réinjection de
ces cellules souches au patient: c'est le principe de l'autogreffe de moelle osseuse.
60
Les progéniteurs :

La première différenciation d'une cellule souche multipotente après sa mise en cycle se


fait vers la lignée lymphoïde ou vers la lignée myéloïde.

La cellule souche lymphoïde possède la potentialité de différenciation vers les deux types
de lymphocytes (T et B).

La cellule souche myéloïde est appelée CFU-GEMM. Chaque nom de progéniteur est
définie par l'association du préfixe CFU ("Colony Forming Unit") suivi de(s) lettre(s) qui
caractérisent les lignées dont elle garde le potentiel de différenciation (GEMM =
Granuleuse, Erythrocytaire, Macrophage et Mégacaryocytaire). Cette cellule va poursuivre
son programme de différenciation et donner naissance à des progéniteurs encore plus
engagés:

Les progéniteurs perdent progressivement leur capacité d'auto renouvellement au fur et à


mesure de leur avancement dans la différenciation. Ils restent peu nombreux et non
identifiables morphologiquement. Ils acquièrent les marqueurs immunologiques CD 33 et
HLA-DR en plus du CD 34 déjà présent au stade de cellule souche multipotente. Ces
déterminants antigéniques peuvent être reconnus par des anticorps monoclonaux.

Les précurseurs :

Les précurseurs hématopoïétiques sont les premières cellules morphologiquement


identifiables de chaque lignée. Ce ne sont plus des cellules souches car elles ont perdus
toute capacité d'auto renouvellement. Le compartiment des précurseurs a pour buts la
multiplication et la maturation cellulaire. Les précurseurs les plus immatures sont les
myéloblastes (--> polynucléaires), les proérythroblastes (--> hématies), les
mégacaryoblastes (--> plaquettes), les lymphoblastes (--> lymphocytes) et les
monoblastes (--> monocytes). Ils sont localisés dans la moelle osseuse et explorés par les
techniques de ponction-aspiration (myélogramme) et de biopsie (BOM = biopsie
ostéomédullaire) de la moelle.

o La maturation:

Divers stades cytologiques sont observés dans chaque lignée pour aboutir aux cellules
terminales fonctionnelles.

Les modifications morphologiques communes et générales liées à la maturation sont:


- la diminution de la taille cellulaire,
- la diminution du rapport nucléo-cytoplasmique,
- la disparition des nucléoles,
- la condensation de la chromatine.

La maturation de chaque lignée induit également des modifications spécifiques:


- du noyau (par ex: polylobulation dans la lignée granuleuse),
- du cytoplasme (par ex: granulations spécifiques de la lignée granuleuse),
- de la membrane (apparition de protéines membranaires spécifiques reconnaissables par
anticorps monoclonaux).
61
o La multiplication:

L'efficacité et le rendement de l'hématopoïèse seraient très faibles si à chaque précurseur


ne correspondait qu'un seul élément mature. Aussi, parallèlement à la maturation,
chaque stade cytologique correspond à une division cellulaire. Selon les lignées il se
produit ainsi entre 3 et 5 mitoses de sorte qu'un précurseur peut donner naissance à 32
cellules filles.

Dans les précurseurs mégacaryocytaires la situation est très particulière: il n'y pas de
division cellulaire mais une endomitose à l'intérieur des mégacaryocytes, la cellule
doublant chaque fois son ADN. Les plaquettes sont des fragments de cytoplasme du
mégacaryocyte qui seront libérées au moment de la mort de ce précurseur.

Les cellules matures :

L'ensemble de l'hématopoïèse a lieu dans la moelle osseuse. Seules les cellules


terminales, matures et fonctionnelles, vont passer dans le sang : polynucléaires
neutrophiles, éosinophiles et basophiles, hématies, plaquettes, lymphocytes et
monocytes. Pour la plupart de ces cellules le sang ne représente qu'un lieu de passage et
de transport entre leur lieu de production (la moelle) et le lieu de leurs fonctions (les
tissus). Les lymphocytes et les monocytes seront de plus capables de nouvelles
différenciations après leur séjour sanguin.
62
REGULATION DE L ‘HEMATOPOÏESE

Les cellules souches de la moelle constituent la base indispensable à une hématopoïèse


efficace. Trois éléments jouent également un rôle important pour obtenir une
hématopoïèse correcte et régulée: le microenvironnement médullaire, certaines
vitamines et oligoéléments, les facteurs de croissance.

Le microenvironnement médullaire participe à l'organisation générale de la moelle. Il


donne aux cellules souches les conditions anatomiques et intercellulaires satisfaisantes
pour assurer l'hématopoïèse.
Le stroma médullaire est formé de différent types de cellules: fibroblastes, cellules
endothéliales, macrophages, cellules épithéliales et adipocytes. Ces cellules du stroma
sont organisées au sein des logettes hématopoïétiques. Elles sécrètent des matrices
extracellulaires et des facteurs de croissance. Les matrices extracellulaires permettent
l'adhésion des cellules souches en particulier grâce au collagène.
Des vitamines et oligoéléments sont indispensables à l'hématopoïèse: Certains agissent sur
l'ensemble des lignées cellulaires. C'est le cas de la vitamine B12 et de l'acide folique qui
sont nécessaires à la synthèse de l'ADN et donc à la division cellulaire. Ces vitamines sont
dites antimégaloblastiques. Leur déficit entraînera des anomalies de formation dans
toutes les lignées.
D'autres sont nécessaires à la fabrication de protéines spécifiques de lignées. C'est le cas
du fer, indispensable à l'érythropoïèse pour la synthèse de l'hémoglobine.
Les facteurs de croissance : L'étude des cellules souches par culture de moelle in vitro a
montré la nécessité de "facteurs de croissance hématopoïétiques" pour la survie, la
différenciation, la multiplication et la maturation des cellules de l'hématopoïèse. Le
premier facteur connu a été l'érythropoïétine (EPO). Depuis quelques années de nombreux
autres facteurs ont été découverts, clonés et synthétisés. Leur rôle exact dans
l'hématopoïèse est de mieux en mieux défini. Ils permettent de grands espoirs dans le
traitement des maladies de l'hématopoïèse et certains sont déjà utilisés en
thérapeutique.
Les facteurs de croissance hématopoïétiques sont des glycoprotéines agissant comme des
"hormones hématopoïétiques". Cependant, à l'exception de l'EPO, elles sont synthétisées
par un grand nombre de cellules présentes dans divers organes: cellules endothéliales,
fibroblastes, monocytes / macrophages, lymphocytes. Elles ont aussi le nom de cytokines
et pour celles synthétisées par les lymphocytes, de lymphokines et interleukines (IL). Ces
cytokines reconnaissent leurs cellules cibles par l'intermédiaire de récepteurs
membranaires spécifiques. On distingue schématiquement 3 types de facteurs de
croissance selon leur lieu d'action au cours de l'hématopoïèse:
o Les facteurs de promotion:
- Ce sont principalement l’ IL 6 et le SCF (Stem Cell Factor), le Flt3-ligand, le LIF
(Leukemia Inhibitoring Factor).
- Ils augmentent le nombre de cellules souches en cycle cellulaire,
- Ils sensibilisent les cellules souches multipotentes à l'action des autres facteurs de
croissance.
o Les facteurs multipotents:
- Ce sont principalement l' IL 3 et le GM-CSF (CSF = Colony Stimulating Factor).
- Ils agissent sur les cellules souches les plus immatures après sensibilisation par les
facteurs de promotion et ils permettent la survie et la différenciation des cellules
souches.
o Les facteurs restreints:
- Ils agissent sur les cellules souches engagées et favorisent la multiplication cellulaire et
la maturation des précurseurs.
- Ce sont principalement : le G-CSF (lignée granuleuse neutrophile),
63
le M-CSF (lignée monocytaire),
l'IL 5 (lignée granuleuse éosinophile),
l'IL 4 (lignée granuleuse basophile),
l'IL 6 (lignée mégacaryocytaire),
l'EPO (lignée érythroïde)
la TPO (thrombopoïétine, mégacaryocytaire)

Régulation négative :
Il existe aussi de facteurs inhibant la multiplication des cellules normales et
leucémiques : interferons TGF TNF…

INTRODUCTION A LA CLINIQUE : EXPLORATION DE L’HEMATOPOIËSE

Le myélogramme

Un myélogramme consiste en la confection d'un étalement de suc médullaire sur lame de


verre, puis à sa coloration. Les cellules médullaires ainsi fixées et colorées sont observées
au microscope.
Le but de ce prélèvement est l'étude cytologique quantitative et qualitative des frottis
médullaires réalisés après ponction aspiration de moelle osseuse par ponction sternale.
L'indication de cet examen de diagnostic hématologique, se pose toujours au vue des
résultats d'un hémogramme préalable anormal, d'une suspicion d'hémopathie maligne ou
pour faire le diagnostic de certaines parasitoses (leishmanioses viscérales).

La biopsie osteomédullaire

Prélèvement sous anesthésie locale d’un fragment d’os à la crête iliaque.


Ce fragment d'os médullaire (carotte) est généralement inclus dans de la paraffine grâce
à des techniques histologiques (immersion dans du formol, décalcification à l'acide,
déshydratation puis inclusion dans la paraffine) puis découpé en fines lamelles
(déparaffinées) qui seront colorées puis fixées sur une lame puis envoyé au laboratoire
d'anatomopathologie dans du liquide de Bouin.

Vous aimerez peut-être aussi