Vous êtes sur la page 1sur 6

NOTIONS DE THEORIE DES ERREURS

GENERALITES
La topographie exige l’observation de nombreuses mesures. Si on répète la même mesure d’une
même quantité dans des conditions apparemment identiques, on obtient des valeurs
approximativement égales mais différentes. L’inexactitude de ces mesures est due à deux
causes différentes : « l’erreur » ou la « la faute ».

1. Les erreurs :
Une erreur est l’inexactitude due à l’imperfection des instruments de mesure et éventuellement
aux sens humains. Elles peuvent être minimisées en effectuant un bon choix des instruments
et des méthodes de mesure.
On distingue différents types d’erreurs :

1.1. Erreurs systématiques


Une erreur systématique, parfois appelées biais, est une erreur qui, lors de plusieurs mesurages
effectués dans les mêmes conditions de la même valeur d’une certaine grandeur, reste constante
en valeur absolue et en signe ou qui varie selon une loi définie quand les conditions changent.
Elles proviennent généralement du défaut de fabrication de l’instrument. Il est possible de les
corriger soit par calcul (Exemple : correction de l’étalonnage du ruban) soit par un mode
opératoire (Exemple : le double retournement).

1.2. Erreurs accidentelles


L’erreur accidentelle, appellation habituelle en topographie l’erreur aléatoire ou fortuite, est
celle qui varie de façon imprévisible en valeur absolue et en signe lorsqu’on effectue un grand
nombre de mesurages de la même valeur d’une grandeur, dans des conditions pratiquement
identiques.
Elles sont dues à la fois à l’utilisateur (variation physiologique de l’opérateur) et
l’environnement (température, humidité,…).
1.2.1. Erreurs accidentelles des mesures directes :
1.2.1.1. Erreur vraie (ev) :
C’est la différence algébrique entre le résultat du mesurage et la valeur vraie ou
conventionnellement vraie ; pour un nombre n de mesures de la même grandeur x, on a :
𝑒1 = 𝑥1 − 𝑥
𝑒2 = 𝑥2 − 𝑥
𝑒3 = 𝑥3 − 𝑥

𝑒𝑛 = 𝑥𝑛 − 𝑥

∑ 𝑒𝑖 ≈ 0
𝑖=1

La correction est alors égale à ci = x – xi ⟹ ci = - ei ,


1.2.1.2. Erreur apparente ( 𝑣 = 𝑒𝑎𝑝𝑝 )

1
Généralement appelé écart ou écart de la moyenne, est la différence algébrique entre le résultat
du mesurage et la moyenne arithmétique des résultats d’une série de mesurages.
La moyenne arithmétique d’une série (xi, ni) avec 1 ≤ 𝑖 ≤ 𝑝 est le nombre noté 𝑥 tel que :
𝑝
∑𝑖=1 𝑛𝑖 ∙𝑥𝑖
𝑥= 𝑝
∑𝑖=1 𝑛𝑖
; 𝑛 = ∑𝑝𝑖=1 𝑛𝑖 étant l’effectif total.

Les écarts à la moyenne : 𝑣1 = 𝑥1 − 𝑥


𝑣2 = 𝑥2 − 𝑥

𝑣𝑖 = 𝑥𝑖 − 𝑥

𝑣𝑛 = 𝑥𝑛 − 𝑥
On a donc : ∑𝑛𝑖=1 𝑣𝑖 = 0
1.2.1.3. Erreur moyenne quadratique ( 𝐸𝑚𝑞 ) ou Écart type :
La moyenne arithmétique satisfait aux principes des moindres carrés
1.2.1.3.1. Erreur moyenne quadratique sur une mesure :

∑ 𝑒𝑖2
𝑚 = ±√ en fonction des erreurs vraies
𝑛

∑ 𝑣2
𝑚 = ±√𝑛−1𝑖 en fonction des erreurs

1.2.1.3.2. Erreur moyenne quadratique sur la moyenne :


𝑚
𝑀=
√𝑛

∑ 𝑣𝑖2
𝑀 = ±√
𝑛(𝑛 − 1)

L’erreur moyenne quadratique caractérise chacune des observations.


1.2.2. Erreur probable
C’est l’écart dont la probabilité d’être dépassée en valeur absolue est : ½.
Le calcul des probabilités donne :
5
 en fonction de l’erreur moyenne arithmétique 𝑒𝑝 = 6 𝑡
2
 en fonction de l’erreur moyenne quadratique 𝑒𝑝 = 0,6745𝑀 = 3 𝑀
1.2.3. Erreur maximum ou tolérance
8
On définit souvent l’erreur maximum ou tolérance par : 𝑇 = 3 𝑀. Cette valeur conventionnelle
définit la limite à partir de laquelle il y’a présomption de faute.

2
2. Faute ou Erreur parasite
Incertitude incertaine provenant de l’inattention ou de l’oubli de l’opérateur ; pour déceler les
fautes, que l’on est susceptible de commettre, on pratique des contrôles.
Le contrôle est l’opération comportant des appréciations, des observations et /ou des calculs
destinés à déceler la présence de fautes.
On distingue :
 le contrôle direct, contrôle par répétition pure simple des observations et/ou des calculs
initiaux ;
 le contrôle indirect, contrôle au moyen d’observations et/ou de calculs différents de
ceux effectués initialement.
3. Application de la théorie des erreurs en topographie
3.1. Théorie des erreurs dans le chaînage
3.1.1. Erreurs systématiques dans le chaînage
3.1.1.1. Erreur d’étalonnage
Pour effectuer une mesure de précision avec le ruban, il faut procéder à l’étalonnage de ce
dernier. L’erreur est due au fait que des détériorations (cassures, pliures,…) subies par le ruban.
Il convient alors d’effectuer un étalonnage du ruban par rapport à une distance connue de façon
précise.
La valeur exacte (réelle) d’une mesure s’exprime par : 𝐿𝑒 = 𝐿𝑚 + 𝑘𝐸 𝐿𝑚
avec
𝑘𝐸 : le coefficient d’étalonnage déterminé en mesurant une bas d’étalonnage connue ;
𝐿𝑚 : la longueur mesurée.
La correction d’étalonnage 𝐶𝐸 est donnée par : 𝐶𝐸 = 𝑘𝐸 𝐿𝑚
𝐿𝑏𝑎𝑠𝑒 −𝐿𝑖𝑛𝑑𝑖𝑞𝑢é𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑟𝑢𝑏𝑎𝑛
Le coefficient d’étalonnage 𝑘𝐸 = 𝐿𝑖𝑛𝑑𝑖𝑞𝑢é𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑟𝑢𝑏𝑎𝑛

3.1.1.2. Erreur de dilatation


Elle est due à la variation de température entre le moment de la mesure et celui de l’étalonnage.
La longueur réelle mesurée 𝐿𝑒 = 𝐿𝑚 (1 + 𝑘𝑑 ∆𝑡)
avec :
𝑡𝑒 : température d’étalonnage (généralement à 20°C) ;
𝑘𝑑 : le coefficient de dilatation.
Le coefficient de dilatation de l’acier est 𝑘𝑑 = 1,25. 10−5 𝑚°𝐶 −1 .
3.1.1.3. Erreur d’élasticité
Elle est due à la différence de tension que l’on exerce sur un la ruban pour le tendre, entre
une mesure et l’étalonnage.
La longueur « exacte » est donnée par : 𝐿𝑒 = 𝐿𝑚 (1 + 𝑘𝑇 )
avec :

3
(𝑇 − 𝑇0 )
𝑘𝑇 =
𝐸𝑆
𝑇 : tension appliquée au moment des mesures (daN) ;
𝑇0 : tension d’étalonnage ;
𝑆 : section constante du ruban en 𝑚𝑚2 ;
𝐸 : module d’élasticité (acier : 𝐸 = 21 000 𝑑𝑎𝑁/𝑚𝑚2
3.1.1.4. Erreur de chainette
Cette erreur apparait lorsqu’on procède en mode suspendu. Le ruban prend alors la forme d’une
courbe appelée chaînette proche d’une parabole.

Figure 1 : Effet de chaînette sur une mesure en mode suspendu


La correction est dans ce cas toujours négative car l’effet de chaînette est identique à un
allongement de la chaîne.
𝑝2 𝐷3
𝑘𝐶 = −
24𝐿𝑇 2
Avec
𝑇 : tension de la tension (daN) ;
𝐷 : distance rectiligne entre les supports du ruban (m) ;
𝐿 : longueur suivant le ruban c’est-à-dire 𝐿𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟é𝑒 .
𝑝 : poids du ruban par mètre de longueur (daN/m).
3.1.1.5. Erreur d’alignement
Cette erreur provient du défaut d’alignement du ruban dans le plan horizontal, lors d’une mesure
de distance entre deux points éloignés de plus d’une portée.

Figure : défaut d’alignement


𝐵𝑏 2 = 𝐴𝐵 2 − 𝐴𝑏 2 = (𝐴𝐵 − 𝐴𝑏)(𝐴𝐵 + 𝐴𝑏)
La quantité AB+Ab est sensiblement égale à 2.AB car les deux valeurs AB et Ab sont très
proche et la quantité AB-Ab est très petite, d’où :

4
𝐵𝑏 2 = (𝐴𝐵 − 𝐴𝑏). 2. 𝐴𝐵
𝐵𝑏 2
𝑒 = 𝐴𝐵 − 𝐴𝑏 =
2. 𝐴𝐵
3.1.2. Erreurs accidentelles dans le chaînage
Parmi les erreurs accidentelles, on peut citer :
 erreur de lecture, par exemple dans un ruban gradué en centimètre une erreur de lecture
peut intervenir lors de l’estime du centimètre ;
 erreur d’appoint ;
 erreur de tension non uniforme ;
 erreur de matérialisation des extrémités de portées, elle est la résultante de plusieurs
petites erreurs (zéro du ruban sur l’origine de la distance, marquage de la portée, …).
3.1.3. Composition des erreurs dans le chaînage
Dans chaque opération de chaînage, intervient l’ensemble des erreurs systématiques dont la
somme est 𝑒𝑠 et l’ensemble des erreurs accidentelles caractérisées par l’erreur moyenne
quadratique 𝜎 (écart type). L’erreur résultante (moyenne) sur une longueur de n portées est :
𝐸𝑇 = 𝑛. 𝑒𝑠 + 𝜎√𝑛
3.2. Théorie des erreurs dans les mesures angulaires
3.2.1. Erreurs systématiques sur la mesure des angles
3.2.1.1. Erreur d’excentricité du centre de graduation du limbe horizontal par rapport à
l’axe principal
Le défaut de centrage de l’axe principal (respectivement de l’axe secondaire) du théodolite
entraine une erreur de lecture sur le limbe horizontal (ou vertical) appelée erreur d’excentricité.
Pour éliminer ce défaut d’excentricité, l’angle est mesuré en deux positions diamétralement
opposées de l’index du limbe.
3.2.1.2. Erreur d’excentricité de la lunette par rapport à l’axe principal
Pour éliminer cette erreur, on effectue la moyenne des angles en position directe (cercle à
gauche) et inverse (cercle à droite) de la lunette. La valeur de l’angle est donnée par :
𝛼(𝐶𝐺) + 𝛼(𝐶𝐺)
𝛼=
2
3.2.1.3. Erreur de graduation du limbe
De nos jours, la graduation des limbes se fait avec une très grande précision. Toutefois de
graduation peuvent subsister. Pour éliminer cette erreur on procède par répétition ou par
réitération combinée avec tours d’horizon.
3.2.1.4. Erreur de tourillonnement
Elle est due à un défaut de perpendicularité de l’axe secondaire et de l’axe principal. Pour
éliminer ce défaut, l’angle est mesuré en deux positions (CG et CD) puis faire la moyenne.
3.2.1.5. Erreur de collimation horizontale
Elle est due à un défaut de perpendicularité de l’axe secondaire et de l’axe optique. Pour
éliminer ce défaut, l’angle est mesuré en deux positions (CG et CD) puis faire la moyenne.

5
3.2.2. Erreurs accidentelles dans les mesures d’angles
Les mesures angulaires sont polluées par des erreurs accidentelles : erreur de pointé, erreur de
lecture des limbes, erreur de centrage, défaut de verticalité de l’axe principal.

Vous aimerez peut-être aussi