Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
D epuis plusieurs dizaines d’années, les spécialistes de l’aménagement des
villes (praticiens ou chercheurs) réfléchissent aux moyens de réduire les
conséquences néfastes du processus d’étalement urbain, responsable notam-
ment de l’augmentation du nombre et de la longueur des déplacements en
automobile. Dans cet objectif, de nombreux auteurs ont fait (ou font encore)
la promotion du modèle de la ville compacte, mettant en avant le fait qu’il
favorise l’utilisation des transports publics, permet une bonne accessibilité
aux commerces et services et réduit la ségrégation sociale, par exemple
(Dantzig et Saaty, 1973 ; Newman et Kenworthy, 1989). Inversement, les
limites du modèle de la ville compacte, notamment la congestion des axes
routiers, une réduction de l’accès aux espaces verts et naturels, la hausse des
prix des logements, la réduction de l’espace de vie, ont été largement discu-
tées (Breheny, 1997 ; Burton, 2000). Le développement d’une ville compacte
Cécile Tannier, chargée de recherche CNRS, ThéMA UMR 6049 CNRS–université de Franche-
Comté.
cecile.tannier@univ-fcomte.fr
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 154
peut en effet générer des flux de trafic et une congestion importants car une
grande partie des résidents est obligée de parcourir de grandes distances pour
atteindre les espaces situés en périphérie. Il est aussi évident qu’une tache
urbaine compacte de grande taille ne permet pas une ventilation suffisante du
cœur de l’agglomération. Certains auteurs ont ainsi pu observer un glisse-
ment du modèle de la ville compacte vers un modèle de ville polycentrique
(Guérois, 2003), dont relève le modèle de la ville fractale.
Le présent article développe une série de réflexions théoriques sur la
ville fractale et ses propriétés en termes d’optimisation de l’occupation de
l’espace urbain par le bâti. La ville fractale est-elle optimale (ou plus opti-
male qu’une autre, par exemple la ville euclidienne, compacte ou étalée) ? La
ville fractale est-elle durable (ou plus durable qu’une autre) ? On ira jusqu’à
se poser la question de savoir si une forme urbaine fractale est une forme
urbaine résiliente.
L’objet « ville » est considéré comme étant un système ouvert, au sein
duquel jouent deux types d’interactions : d’une part, des interactions entre les
acteurs économiques, sociaux et politiques ; d’autre part, des interactions
entre les acteurs et l’espace dans lequel ils évoluent (Le Berre, 1987). Dans
ce système, la forme et la structure spatiale des villes contraignent leur fonc-
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
tionnement (pratiques spatiales des individus, choix politiques d’aménage-
ment…) et, rétroactivement, leur fonctionnement a pour effet une
modification de leur morphologie et de leur structure. Deux voies, complé-
mentaires et interdépendantes, permettent d’aborder l’objet « ville » : celle de
l’architecture de la ville, des formes urbaines, des configurations spatiales, et
celle des formes sociales, des pratiques spatiales, des déplacements
(Pellegrino, 2005). Du côté de l’architecture, des formes et des configura-
tions spatiales, nous distinguons la structure spatiale, qui est l’arrangement
des différents éléments qui composent la ville les uns par rapport aux autres,
et la morphologie, qui caractérise le fait que le tissu urbain soit compact ou
étalé, hiérarchisé ou non, symétrique ou asymétrique…
S’inscrivant dans cette logique dialectique de la forme et du fonctionne-
ment urbain, on peut distinguer deux entrées pour aborder la question de l’op-
timalité de l’espace urbain : celle des localisations optimales, qui est une
entrée spatiale, et celle de l’optimisation des comportements, qui est une
entrée comportementale. Par l’entrée comportementale, on cherchera à savoir
si les configurations spatiales observées résultent de comportements « opti-
misateurs ». Si oui, lesquels ? Et sur quelles configurations spatiales débou-
chent des comportements « optimisateurs » ? Par l’entrée spatiale, l’objectif
sera de déterminer si les configurations spatiales observées sont optimales et
comment optimiser une ou plusieurs configurations spatiales. Cette deuxième
entrée est privilégiée dans l’article.
Pour définir l’espace urbain, nous retiendrons trois familles d’éléments :
les lieux où les individus habitent (leurs localisations résidentielles) ; les
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 155
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
pliquent au cas des moyennes et grandes villes européennes (à partir de
100 000 habitants).
1. « Nous tentons de trouver des lois pour l’urbanisme. Ce qui est clair jusqu’à maintenant est
que les voies, les espaces et le dessin des bâtiments dépendent tous d’une certaine connecti-
vité. Ces connexions essentielles sont très difficiles à décrire » (traduction faite par l’auteur de
l’article).
2. Une loi de puissance est une relation mathématique entre deux quantités (x et y) qui peut
s’écrire sous la forme : y = axk, a étant une constante de proportionnalité et k étant une autre
constante appelée « exposant scalant ». Pour une loi de puissance, un changement d’échelle
(par exemple, une multiplication de l’échelle des longueurs par un facteur commun) ne modi-
fie pas la relation entre x et y.
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 156
taille des éléments et à leur nombre, mais également à la distance qui les
sépare les uns des autres. Les fractales, dans leur acception géométrique,
dépassent ainsi une simple hiérarchie statistique dans le nombre et la taille
des éléments (de type loi rang-taille) pour une approche « scalante » de la
connectivité. Une telle approche s’intéresse explicitement à la localisation
des éléments les uns par rapport aux autres.
Si on prend par exemple le cas de la délimitation ville-campagne, la réa-
lité morphologique d’une ville est implicitement assimilée à la continuité du
tissu bâti urbain. D’un point de vue fractal, cela n’est pas remis en question,
mais on considère une continuité multi-échelle du tissu bâti. La discontinuité
multi-échelle entre deux tissus bâtis (l’un pouvant être rural et l’autre urbain)
ne peut alors pas être déterminée à partir d’un seuil de distance fixé a priori :
si un seuil de distance émerge, il n’est pas absolu, mais relatif au tissu urbain
considéré (Tannier et al., 2008a).
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
(Batty et Longley, 1986 ; Fotheringham et al., 1989 ; Frankhauser, 1988 ;
Mandelbrot, 1982). Il a été montré que le processus de croissance urbaine a
pour résultat une organisation spatiale de nature multi-échelle, décrite notam-
ment par une hiérarchie dans la taille des agrégats bâtis (un grand nombre de
petits agrégats bâtis et de moins en moins de gros agrégats) et une hiérarchie
dans la taille des espaces non bâtis. Les courbes bi-logarithmiques représen-
tant le nombre d’agrégats bâtis en fonction de leur taille sont caractéristiques
des lois de puissance (White et al., 2001). En outre, le rapport périmètre-sur-
face des tissus bâtis des agglomérations correspond à celui de formes frac-
tales (Frankhauser, 1994). Depuis lors, de nombreuses publications ont
contribué à asseoir l’hypothèse de la fractalité des espaces urbains, par
exemple (Batty et Xie, 1996 ; Benguigui et al., 2000 ; De Keersmaecker et
al., 2003 ; François et al., 1995 ; Shen, 2002 ; Tannier et Pumain, 2005 ;
Thomas et al., 2007).
La fractalité d’une ville implique l’existence d’une relation entre formes
locales et formes globales. Les formes locales correspondent à l’organisation
spatiale urbaine à un niveau microscopique (le bâtiment, l’îlot), tandis que les
formes globales sont celles de l’organisation spatiale de la ville dans son
ensemble. La relation fractale entre formes locales et formes globales peut
être plus ou moins forte et trois types d’auto-similarité peuvent être distin-
gués : l’auto-similarité stricte, la quasi-auto-similarité et l’auto-similarité sta-
tistique. L’auto-similarité stricte se rapporte aux formes fractales strictement
identiques quelle que soit l’échelle considérée. La quasi-auto-similarité est
une forme affaiblie d’auto-similarité, la fractale étant approximativement
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 157
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
tialisé. En dépit de limites largement discutées dans la communauté scienti-
fique, il constitue une bonne base de réflexion pour travailler sur des
systèmes spatiaux interurbains (systèmes de villes). Cependant, l’application
de cette théorie à des systèmes spatiaux intra-urbains n’est pas évidente. Une
première question se pose : existe-t-il une hiérarchie intra-urbaine des lieux
centraux ? H. Reymond a tenté d’y répondre pour modéliser la répartition des
commerces et services en milieu intra-urbain (Reymond, 1981 et 1989). En
effet, rien ne permet de dire, à première vue, que l’organisation spatiale des
commerces et services en ville ressemble à une organisation christallérienne.
Pour H. Reymond, démontrer la pertinence ou le caractère opératoire de la
théorie des places centrales en intra-urbain revient à vérifier deux hypo-
thèses : il existe en milieu intra-urbain une hiérarchie fonctionnelle des com-
merces et services ; il existe en milieu intra-urbain une hiérarchie spatiale de
3. Les systèmes d’intelligence artificielle distribuée sont des applications informatiques com-
posées d’agents se comportant de manière autonome. Dans de tels systèmes, il n’existe pas de
mécanisme de commande global (par exemple, une entité qui donnerait aux agents l’autorisa-
tion d’effectuer telle ou telle action).
4. Le modèle de hiérarchie des lieux centraux, ou théorie des places centrales, proposé par
Christaller définit un principe de distribution spatiale hiérarchique de villes et de villages, à
une échelle régionale. Chaque ville ou village comporte des habitants et des services. Selon le
principe de la hiérarchie christallérienne, les services qui sont rarement sollicités par la popu-
lation ont des aires de chalandise plus vastes que les autres et sont concentrés dans les plus
grandes villes. En effet, comme la population est prête à parcourir de plus grandes distances
pour y accéder, ils peuvent être plus éloignés les uns des autres que les services sollicités fré-
quemment, tout en se rassemblant en un même lieu.
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 159
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
des achats, mais ils se déplacent aussi pour aller au travail, accompagner les
enfants (école, crèche, loisirs…), avoir des activités de loisirs, visiter des
proches… Tout cela donne une organisation complexe des flux en intra-
urbain qui peut expliquer la difficulté à transposer le modèle de Christaller
sur une agglomération. Finalement, on pourrait chercher à vérifier une autre
hypothèse qui est celle de l’existence d’une hiérarchie des places centrales en
intra-urbain différente de celle de Christaller : elle est un peu plus complexe
sur le plan géométrique ; elle serait alors fractale.
Que la fractalité des formes urbaines réponde à certains comportements
« optimisateurs » n’est pas prouvé. C. Webster a ainsi pu énoncer que l’ap-
proche fractale des villes, bien que débouchant sur des résultats empiriques
intéressants, souffrait d’une mise en relation peu concluante avec les théories
économiques urbaines de localisation ou de rente foncière (Webster, 1995).
Depuis lors, cependant, des progrès ont été faits et des éléments de compré-
hension des relations entre formes fractales et fonctionnement urbain ont pu
être mis en avant. En particulier, le fait que les individus souhaitent vivre à
proximité d’un espace vert ou naturel, comme en témoigne notamment l’étude
de Garcia et Riera (2003), peut expliquer la sinuosité de la bordure urbaine,
donc son allongement. Mais la fractalité de la bordure urbaine peut aussi pro-
venir du fait que les individus tendent à la préserver en évitant que d’autres
individus ne viennent s’installer à côté d’eux et donc amputer leur accès direct
à l’espace ouvert (Frankhauser, 1994). Cela rejoint l’idée que la ville fractale
émerge des interactions entre aménagement urbain top-down et processus
d’auto-organisation bottom-up (Frankhauser, 2004 ; Salingaros, 2003).
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 160
Bien sûr, il n’existe pas un seul et unique type de ville fractale. On peut
imaginer une infinité de modèles qui n’auront pas tous les mêmes propriétés.
Ici, nous avons choisi d’en analyser trois, mieux connus que les autres car
leurs propriétés en termes de fonctionnement urbain ont déjà été étudiées.
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
(Source : d’après Mandelbrot, 1982)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
Le premier exemple est illustré par la figure 3 qui présente deux modèles
de villes dans lesquels sont localisés des centres de services de différents
niveaux. Ces modèles supposent une hiérarchie stricte des services offerts :
le centre ancien, au cœur de l’agglomération, offre tous les services de haut
de gamme, mais aussi tous les services des niveaux inférieurs ; les centres
secondaires d’ordre 1 réunissent tous les services exceptés les niveaux les
plus élevés, etc. Les deux modèles comportent le même nombre de centres de
chaque niveau hiérarchique.
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
ville. La consommation des aménités urbaines, dans des centres de niveau
hiérarchique variable, représente 22 % du budget des ménages. Les ménages
consomment également des aménités rurales (dans les espaces non bâtis) à
hauteur de 11 % de leur budget, tandis que la consommation de biens cou-
rants représente 67 % de leur budget. Des calculs d’accessibilité ont été réa-
lisés sur la base de ce modèle 6. La cartographie des résultats obtenus montre
une répartition spatiale classique des accessibilités aux aménités urbaines : la
meilleure accessibilité est obtenue pour le centre-ville et la plus mauvaise
pour les périphéries (coins externes du tapis de Sierpinski) (figure 4). En
revanche, l’accessibilité aux aménités rurales s’avère moins classique : si les
sites urbains centraux sont mal situés au regard des espaces non bâtis, les
centres périphériques ne le sont pas forcément mieux.
Sur le plan économique, les simulations effectuées montrent que le gra-
dient de rente foncière n’est pas monotone dans le cas d’une ville fractale.
Plus précisément, le tapis de Sierpinski produit un gradient de rente proche
de celui obtenu avec le modèle de Thünen, c’est-à-dire une rente décroissante
du centre vers la périphérie, quand : 1) les forces centripètes surpassent les
trajets pour les loisirs extérieurs (davantage de flux vers le centre que vers les
espaces non bâtis) ; 2) les aménités sont facilement substituables (les indivi-
dus acceptent facilement de remplacer une aménité par une autre) ; 3) les
aménités rurales ont moins d’importance que les aménités urbaines. À l’in-
verse, le tapis produit un gradient de rente très différent de la ville de Thünen
quand : 1) les coûts de déplacement domicile-travail sont faibles ; 2) les amé-
nités ne sont pas particulièrement substituables ; 3) les ménages ont une nette
préférence pour les aménités rurales.
accessibilité
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
accessibilité
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
Fig. 5 – Réseau hexagonal fractal de lieux centraux
(Source : Frankhauser et al., 2007)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
Fig. 6 – Décomposition fractale d’un tissu bâti
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
Fig. 7 – Versions multi-échelle et mono-échelle d’un même scénario
de développement urbain résidentiel
les agglomérations, ce qui permet une bonne ventilation des zones urbaines
centrales denses, ainsi qu’une bonne accessibilité aux espaces libres de
récréation et de loisirs (espaces verts et naturels, forêts péri-urbaines…).
Nombreuses sont les propositions méthodologiques pour évaluer la
durabilité d’un territoire, d’une ville, d’une agglomération. Celles-ci font
largement appel à une série de critères tels que le nombre et la longueur des
déplacements en automobile, les émissions de diverses natures (CO2, cha-
leur…), le niveau sonore d’exposition aux bruits… Ces critères témoignent
du fonctionnement urbain ou le reflètent. Cependant, on constate la pau-
vreté des critères servant à évaluer la durabilité de la forme urbaine elle-
même 7, le critère le plus couramment utilisé étant la densité (résidentielle,
bâtie, brute, nette…). De fait, il existe actuellement encore peu de critères
d’évaluation des formes urbaines et la quête de la (ou des) métrique(s)
urbaine(s) est encore largement ouverte. Les entreprises les plus avancées
dans cette direction sont notamment issues du domaine de l’écologie du
paysage 8. Cependant, une métrique paysagère ne peut pas être simplement
transposée pour en faire une métrique urbaine : les déterminants des formes
spatiales, qui les rendent propices ou néfastes à la vie et au développement
d’espèces floristiques et faunistiques, ne sont pas a priori les mêmes que
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
ceux relatifs aux choix de localisation et aux pratiques spatiales des indivi-
dus en ville.
Analyser les aspects fractals des formes urbaines peut fournir des cri-
tères d’évaluation de leur durabilité qui représentent une alternative, ou qui
complètent les grilles d’évaluation existantes. Ainsi, pour répondre aux
quatre objectifs du développement durable urbain cités précédemment, neuf
critères d’évaluation ont été sélectionnés qui apportent chacun un éclairage
différent sur l’objectif en regard (figure 8). Par exemple, une organisation
hiérarchique des agrégats bâtis est intéressante à prendre en compte notam-
ment car elle est favorable à l’émergence de centralités de différents niveaux
hiérarchiques. Autre exemple, la diversité multi-échelle du tissu bâti permet
de mettre en évidence le contraste du bâti à travers les échelles. Cette pro-
priété est l’une des voies possibles pour développer une offre en logements
diversifiée. On remarquera que chaque critère proposé peut être mesuré ou
quantifié au moyen de traitements géomatiques assez simples et à partir de
données d’accès courant (BD topo© de IGN et fichier SIRENE© de l’INSEE par
exemple).
7. Ici, la forme urbaine est vue dans le sens, évoqué dans l’introduction de l’article, d’une arti-
culation entre espace bâti, espace non bâti et réseau.
8. Publiées notamment dans la revue Landscape and Urban Planning.
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 168
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
de la durabilité d’une forme urbaine
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
résiliente permettant d’accueillir efficacement une grande variété de modes
de fonctionnement urbains correspondant à des contextes sociaux, politiques,
économiques et technologiques très différents… Dans les faits, des villes et
des quartiers existent depuis des siècles. La forme urbaine a été conservée.
Dans certains cas, les gens vivent bien dedans, moins bien dans d’autres.
Certaines formes urbaines ont ainsi permis d’accueillir différentes généra-
tions d’êtres humains, avec plus ou moins de bonheur ; des quartiers sont tou-
jours là et occupés. La ville fractale serait-elle plus résiliente que la ville
euclidienne, compacte ou étalée ? La question reste ouverte, et les éléments
de réponse qui pourront être apportés intéresseront sans doute chercheurs et
praticiens de l’aménagement urbain.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BATTY, M. 2006. « Hierarchy in Cities and City Systems », dans D. Pumain (sous la
dir. de), Hierarchy in Natural and Social Sciences, Methodos Series, vol. 3,
Springer, p. 43-168.
BATTY, M. ; LONGLEY, P. 1986. « The Fractal Simulation of Urban Structure »,
Environment and Planning A, vol. 18, p. 1143-1179.
BATTY, M. ; XIE, Y. 1996. « Preleminary Evidence for a Theory of the Fractal City »,
Environment and Planning A, 28, p. 1745-1762.
BENGUIGUI, L. ; CZAMANSKI, D. ; MARINOV, M. ; PORTUGALI, Y. 2000. « When and
Where is a City Fractal? », Environment and Planning B, 27(4), p. 507-519.
BREHENY, M.J. 1997. « Urban Compaction: Feasible and Acceptable? », Cities,
vol. 14, p. 209-217.
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 170
BURTON, E. 2000. « The compact City: Just or Just Compact? », Urban Studies,
vol. 37, n° 11, p. 1969-2001.
CARUSO, G. ; PEETERS, D. ; CAVAILHÈS, J. ; ROUNSEVELL, M. 2007. « Spatial
Configurations in a Periurban City. A Cellular Automata-based Microeconomic
Model », Regional Science and Urban Economics, vol. 37, p. 542-567.
CAVAILHÈS, J. ; FRANKHAUSER, P. ; PEETERS, D. ; THOMAS, I. 2004. « Where Alonso
Meets Sierpinski: an Urban Economic Model of Fractal Metropolitan Area »,
Environment and Planning A, vol. 36, p. 1471-1498.
CHRISTALLER, W. 1933. « Die zentralen orte in süddeutschland », dans G. Fischer
(1980) Reproduction par la Wissenschaftliche Buchgesellschaft.
DANTZIG, G. ; SAATY, T. 1973. Compact City: a Plan for a Liveable Urban
Environment. San Francisco: Freeman.
DE KEERSMAECKER, M. ; FRANKHAUSER, P. ; THOMAS, I. 2003. « Using Fractal
Dimensions for Characterizing Intra-urban Diversity. The Example of
Brussels ». Geographical Analysis, vol. 35, p. 310-328.
FOTHERINGHAM, A.S. ; BATTY, M. ; LONGLEY, P.A. 1989. « Diffusion-Limited
Aggregation and the Fractal Nature of Urban Growth », Papers of the Regional
Science Association, vol. 67, p. 55-69.
FRANÇOIS, N. ; FRANKHAUSER, P. ; PUMAIN, D. 1995. « Villes, densités et fractalité »,
Les Annales de la recherche urbaine, n° 7, p. 55-64.
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
FRANKHAUSER, P. 1988. « Fractal Aspects of Urban Systems », dans
Sonderforschungsbereich 230 « Natürliche Konstruktionen », vol. 1, p. 67-76.
FRANKHAUSER, P. 1994. La fractalité des structures urbaines, Paris, Anthropos.
FRANKHAUSER, P. 2000. « La fragmentation des espaces urbains et périurbains : une
approche fractale », dans P.-H. Derycke (sous la dir. de), Structure des villes,
entreprises et marchés urbains (p. 25-50), Harmattan.
FRANKHAUSER, P. 2004. « Comparing the Morphology of Urban Patterns in Europe:
a Fractal Approach », dans A. Borsdorf et P. Zembri (sous la dir. de), European
Cities – Insights on Outskirts, Brussels, p. 79-105.
FRANKHAUSER, P. ; GENRE-GRANDPIERRE, C. 1998. « La géométrie fractale : un
nouvel outil pour évaluer le rôle de la morphologie des réseaux de transport
public dans l’organisation spatiale des agglomérations », Les Cahiers scienti-
fiques du transport, vol. 33, p. 41-78.
FRANKHAUSER, P. (sous la dir. de) ; HOUOT, H. ; TANNIER, C. ; VUIDEL, G. 2007. Vers
des déplacements péri-urbains plus durables : proposition de modèles fractals
opérationnels d’urbanisation, Rapport final, PREDIT (Programme français de
recherche et d’innovation dans les transports terrestres).
GARCIA, D. ; RIERA, P. 2003, « Expansion Versus Density in Barcelona: a Valuation
Exercise », Urban Studies, vol. 40, n° 10, p. 1925-1936.
GUÉROIS, M. 2003. Les formes des villes européennes vues du ciel – une contribution
de l’image corine land cover à la comparaison morphologique des grandes
villes d’Europe occidentale. Université Paris 1, thèse de doctorat en géographie,
sous la direction de D. Pumain.
LE BERRE, M. 1987. « Itinéraire géographique, 20 ans après », Brouillons Dupont,
vol. 17.
Espace&Sté 138 26/08/09 10:51 Page 171
© Érès | Téléchargé le 24/07/2023 sur www.cairn.info via Université Paris 1 - Sorbonne (IP: 193.55.96.20)
TANNIER, C. ; PUMAIN, D. 2005. « Fractals in Urban Geography: a Theoretical
Outline and an Empirical Example », Cybergeo : European Journal of
Geography, n° 307.
TANNIER, C. ; VUIDEL, G. ; FRANKHAUSER, P. 2008a. « Délimitation d’ensembles
morphologiques par une approche multi-échelle. Application à la délimitation
morphologique des agglomérations », dans Actes des huitièmes rencontres de
Théo Quant – Besançon, 10-12 janvier 2007. Besançon, France.
TANNIER, C. ; VUIDEL, G. ; FRANKHAUSER, P. ; HOUOT, H. 2008b. « An Urban Multi-
Scale Simulation Tool Using Fuzzy Evaluation of Accessibility and morpholo-
gical Constraints », dans 48th Congress of the European Regional Science
Association. Liverpool, UK.
THOMAS, I. ; FRANKHAUSER, P. ; DE KEERSMAECKER, M. 2007. « Fractal Dimension
Versus Density of the Built-up Surfaces in the Periphery of Brussels », Papers
in Regional Science, vol. 86, n° 2, p. 287-307.
WEBSTER, C. 1995. « Urban Morphological Fingerprints », Environment and
Planning B: Planning and design, vol. 22, p. 279–297.
WHITE, R. ; LUO, W. ; HATNA, E. 2001. « Fractal Structures in Land Use Patterns of
European Cities: Form and Process », In 12th European Colloquium on
Quantitative and Theoretical Geography. Saint-Valéry-en-Caux, France.