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D’INFORMATION
DE LA FPGL
Fédération des Professeurs
de Grec et de Latin a.s.b.l.
Périodique bimestriel n° 159 – mars-avr 2007 (ne paraît pas en juillet-août) – Bureau de dépôt : Bruxelles X
Sommaire
Assemblée générale 3
Présentation par Ghislaine VIRE
Interventions de la FPGL auprès de la Ministre 5-6
Editorial 7-8
In memoriam J.-P. VERNANT 9
Hommage à André Deisser 10-12
Pierre SOMVILLE
Euroclassica 13-17
Hubert MARAITE, Paul IEVEN
Chronique des livres et publications 18-23
Daniel GUILLAUME
Des pirates en Méditerranée 24-26
Robert HARRIS
ESOPE, Le renard et le chien 27
Colette GOEDERT
Agenda culturel 28-31
Jean-Louis BRISMEE
Publications de la FPGL 32
La question de la souffrance
dans la pensée grecque antique
12h30 : Verre de l’amitié
13h15 : Buffet convivial (réservation indispensable)
Réservation du repas (20 €) auprès de Chantal Leitz, Trésorière
Rue des Combattants 4 à 6870 SAINT HUBERT – chantalleitz@hotmail.com
Madame la Ministre,
Madame la Ministre,
In memoriam
Jean-Pierre Vernant, grand résistant et helléniste, est mort1
Jean-Pierre Vernant est mort mardi 9 janvier, à l’âge de 93 ans.
Rappelons qu’il avait donné une conférence pour la FPGL en
1995, à Mariemont sur le thème "Ulysse en personne".
Celui dont les travaux ont bouleversé le regard sur l'homme et
le monde de la Grèce antique, du CNRS (1948) à l'Ecole
pratique des hautes études (1958), puis au Collège de France
(1975).
En marge de cette aventure collective, Vernant, dont la
renommée internationale s'impose bien avant la distinction
suprême – la médaille d'or du CNRS en 1984 –, fut aussi un défenseur acharné du grec.
Toujours mobilisé par la défense des langues anciennes, dont il s'alarmait de la mort
programmée par les options scolaires, le philosophe y voit plus qu'un enjeu d'érudition,
le problème de la dette envers les origines. "Notre monde n'est compréhensible que si
on cherche comment ça a été fabriqué." Relayée par les mondes romain et arabe, la
civilisation grecque participe d'un creuset méditerranéen, matrice humaine, où Vernant
tente de "comprendre ce qui aujourd'hui est précieux". Ce qui mérite d'être passé au fil
des générations. Comme le témoin d'un relais entre égaux. C'est cette mission que Jean-
Pierre Vernant s'est choisie, et qu'il a impeccablement remplie, avec l'ardeur d'un esprit
libre en résistance.
Bibliographie sélective
Chez Maspero : Mythe et pensée chez les Grecs (1965) ; Mythe et société en Grèce
ancienne (1974) ; Religion grecque, religions antiques (1976) ; Religion, histoires,
raisons (1979).
Chez d'autres éditeurs : Les Origines de la pensée grecque (PUF, 1962) ; La Mort
dans les yeux (Hachette, 1985) ; L'Individu, la mort, l'amour (Gallimard, 1989) ; Mythe
et religion en Grèce ancienne (Seuil, 1990) ; L'Univers, les dieux, les hommes. Récits
grecs des origines (Seuil, 1999).
Les Mémoires : Entre mythe et politique (Seuil, 1996) et La Traversée des frontières
(Seuil, 2004).
Avec Pierre Vidal-Naquet : Mythe et tragédie en Grèce ancienne (tome 1 : éd.
Maspero, 1972 ; tome 2 : La Découverte, 1986) ; Travail et esclavage en Grèce
ancienne (Complexe, 1988).
Avec Marcel Détienne : Les Ruses de l'intelligence (Flammarion, 1974) ; La Cuisine
du sacrifice en pays grec (Gallimard, 1979).
Sous la direction de Jean-Pierre Vernant : L'Homme grec (Seuil, 1993) ; Mythes
grecs au figuré, de l'Antiquité au baroque (Gallimard, 1996).
1
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde, 10.01.07
2. Lettera amorosa
(Pline le Jeune, VII, 5)
Qu’il se souvienne de l’éruption du Vésuve ou de la mort de son oncle, nous
évoque le barreau ou les lectures publiques, se confie à son ami Tacite ou décrive
complaisamment ses somptueuses villas, l’intérêt documentaire et le charme des lettres
de Pline ne sont plus à prouver, même si, souvent, il n’a pas grand-chose à dire et,
presque toujours, pousse la coquetterie littéraire au-delà du tolérable. Le sénateur nanti,
richissime avocat d’affaires et bientôt ami de l’empereur, ne laisse pas, à terme, de nous
fatiguer par son aimable contentement de soi et cet art qu’il a, dans ses lettres soi-disant
privées mais accuratissime scriptae, d’outrer sans cesse la pointe et de poser face à la
postérité en littérateur. Tout le monde sait cela et s’y résigne : on le lit et relit, quand
même…
Pourtant, lorsqu’il s’adresse, à trois reprises, à Calpurnia, l’épouse aimée, le ton
change. On a l’impression qu’il a subitement quelque chose à dire, chose importante
venue du cœur et, comme par miracle, l’afféterie décroît en proportion inverse de la
charge émotive dont est lesté le message. L’effet de style alors se justifie, car il cesse
d’être une expression de surface.
Dans la première de ces trois lettres (VI, 4) il s’enquiert du voyage et de l’état de
santé de Calpurnia, partie se faire soigner en Campanie. Elle lui manque, il imagine sans
cesse le pire et lui réclame une ou deux lettres quotidiennes afin d’être rassuré.
L’épouse s’exécute, lui écrit, sans doute des choses tendres, mais irrémédiablement
perdues (quel dommage !). Toutefois, grâce à la réponse de Pline (VI, 7), nous pouvons
nous faire une idée du contenu de ces missives : Calpurnia s’ennuie, se réjouit de ses
lettres et faute de mieux, se replonge dans ses ouvrages, qui lui assurent, en quelque
sorte, une présence symbolique de l’absent. Pline fait de même, lit et relit les lettres de
sa femme, pour conclure :
Tu tamen frequentissime scribe, licet hoc ita me delectet ut torqueat
« mais toi, écris-moi le plus souvent possible, même si me fait souffrir ce plaisir que j’y
éprouve ».
Comme on peut le voir, dans ces deux textes, Pline met encore en évidence ses
propres inquiétudes, son propre manque, son petit plaisir narcissique à se savoir lu
(grands dieux !) et cette injonction renouvelée, afin de recevoir, lui, le courrier tant
attendu. Enfin, touchante, la pointe finale en oxymore fait se confondre la peine et le
plaisir. Décidément, l’homme éprouve une immense difficulté à sortir de lui-même.
Dans la troisième et dernière lettre, pourtant, (VII, 5) s' il continue à se plaindre
et à évoquer son manque de l’autre (c’est toujours lui qui reste l’épicentre du propos),
cette missive semble bien meilleure que les deux précédentes en ce qu’on y perçoit un
ton d’une telle sincérité, d’une telle simplicité expressive qu’elle emporte l’adhésion la
plus totale.
Il n’en revient pas lui-même. Il est hors de lui : Incredibile est quanto desiderio
tui tenear.
« Je ne parviens pas à croire à quel point je suis possédé du désir que tu sois là ».
Le génitif objectif y a toute sa force, mais c’est ainsi qu’on parle à Rome, et
qu’on écrit. Le desiderium aussi est un mot fort : il évoque le manque, le creux de
l’absence. On croirait presque lire un vers de Catulle ! C’est l’amour, ponctue-t-il (in
Vers 355-357, Julien, jeune César, est en Gaule : Lutèce et environs… Loin de
tout, au milieu d’un peuple barbare qui risque, nous dira-t-il, de lui faire oublier le grec
(id, 8, [ep. 55], 441, b-c).
Il repense alors – comme le fera Rimbaud – au soleil (son Dieu) et à la mer.
Comme on le comprend ! Il pense aussi aux rivages de sa jeunesse, sur la rive droite de
l’Hellespont, et à ce petit domaine « de quatre terres » dont il vient d’hériter de sa
grand-mère. Et s’il y pense, c’est pour en faire don à l’un de ses anciens maîtres,
Evagre, nécessiteux comme tous les professeurs qui ne sont pas devenus des stars de la
sophistique. Voilà qui ne manque pas de grandeur. A cette occasion, il nous décrit le
lieu de son souvenir et l’objet même du cadeau qu’il fait à son correspondant.
Mis à part le trope souvent artificiel du locus amoenus (grotte, ruisseau, prairie,
Nymphes et Naïades…), il est peu de vraies descriptions de paysage dans les lettres
antiques. Elles sont d’autant plus évocatrices : la halte du Phèdre chez Platon ou la
route de Cnossos au Diktè au début des Lois, tel ex-cursus flamboyant chez Tacite
1
Ed. J. BIDEZ, L’Empereur Julien, Lettres, Paris, CUF, Les Belles Lettres, 1924 (rééd. 1972).
Toutefois, tout «marin » soit-il, ce lieu béni est loin d’être un cimetière. Ce dont
se souvient le prince, c’est que dans sa prime adolescence, alors qu’il n’était encore
qu’un µειράκιον (le fanciullo de l’italien) il y passait de merveilleux étés. Une fois
mûr, dit-il, il y revint souvent, y lire et réfléchir, toujours avec un égal bonheur. Voilà ce
qu’il offre au « pauvre » Evagre. Et le souvenir attendri se mue en cadeau.
Il y a là beaucoup de délicatesse, on en conviendra, et de générosité. Enfin, cette
lettre, sans doute entièrement autographe, se termine sur une mention existentielle que
je trouve si précise et si précieuse : « Je t’ai écrit ceci en toute hâte à la lumière de ma
lampe » (τὴν ἐπιστολὴν ἐπισύρων πρὸς λύχνον γέγραφα).
C’est donc la nuit. Toutes les affaires du jour sont réglées et Julien peut enfin,
selon une habitude qui lui restera, s’adonner aux joies du souvenir et de l’amitié. C’est
la nuit, d’ailleurs, qu’il écrira le plus souvent ses « grands » textes, qu’ils soient dédiés à
Hélios, à la Mère des dieux ou au panégyrique de tel ou tel. Mais ce « petit écrit » que
nous venons d’évoquer me semble empreint de bien plus de magnificence et de vérité
que n’importe quel discours à l’apparat souvent trompeur.
Nous conclurons avec Gaston Boissier, qui nous livre dans les premières pages
de son Cicéron et ses amis (Paris, Hachette, 1884, 7e éd., p.8) un bel éloge du genre
épistolaire. Certes, il pense entre autres et avant tout à Atticus, destinataire de quelques
missives, archétypales par leur spontanéité, leur bilinguisme abrupt et leur tremblé
émotionnel. Toutefois, et puisqu’il n’est de science que du général, ce qu’il nous dit
convient parfaitement à notre propos. Ecoutons-le :
« Pour être agréable à toute heure et sur tous les sujets, ainsi que
le demande une correspondance suivie, il faut avoir surtout une
imagination vive et mobile, qui se laisse saisir par les
impressions du moment et change brusquement avec elles. C’est
la première qualité de ceux qui écrivent bien les lettres ; j’y
Pierre SOMVILLE ULg
joindrai, si l’on veut, un peu de coquetterie ».
LIVRES
Jackie PIGEAUD, La Maladie de l'âme. Etude sur la relation de
l'âme et du corps dans la tradition médico-philosophique antique.
Les Belles Lettres, Collection Etudes Anciennes (Série grecque),
Paris, 2006, 592p.
REVUES
Christophe VENDRIES, Le combat de coqs, une passion grecque,
dans l'Histoire n°317, février 2007, pp. 65-67.
Le WEB
http://www.ancientgreece.co.uk
British Museum: un professeur en ligne! Site destiné aux élèves de 7 à
14 ans.
http://www.exploratorium.edu/archimedes/index.html
Un palimpseste d'Archimède livre ses secrets
RECENTIORA
France : Déplacement par la route d'un tronçon de 30 tonnes prélevé
sur un aqueduc romain conduisant à Lyon (à Chaponost dans le
Rhône).
LE RENARD ET LE CHIEN.
Publications de la FPGL
Opération de déstockage : tarif complètement revu ! Profitez de notre offre !
Certaines publications sont en voie d'épuisement et ne seront pas rééditées.
1. Langues anciennes, civilisation contemporaine par Georges THINES 3,00 €
2. A vous qui enseignez encore les langues anciennes par Jean LECLERCQ 3,00 €
3. Le MEMOSCOPE, jeu de racines grecques 5,00 €
4. Langues anciennes, langues essentielles 5,00 €
5. Nous, les philologues par Jean PREAUX 3,00 €
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Le Philoctète de Sophocle par Jacqueline de ROMILLY (en voie d’épuisement) 3,00 €
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10. La Colonne Trajane par Salvatore SETTIS 5,00 €
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avril au plus tard
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